Mot-clefmanuscrits de la mer Morte

su­jet

«Oracles sibyllins. Livres VI, VII et VIII»

dans « Écrits apocryphes chrétiens. Tome II » (éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris), p. 1045-1083

dans «Écrits apo­cryphes chré­tiens. Tome II» (éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris), p. 1045-1083

Il s’agit des vers apo­cryphes qu’on ap­pelle «Oracles si­byl­lins» («Si­byl­lia­koi Chrês­moi» 1) et qui ne sont que le fruit de la pieuse ruse des juifs et des chré­tiens pour pas­ti­cher les «Livres si­byl­lins» des païens. La si­bylle était une femme ins­pi­rée, qui en­trait en ex­tase et qui an­non­çait aux hu­mains les se­crets de l’avenir. Elle écri­vait ses pro­phé­ties sur des feuilles vo­lantes qu’elle pla­çait à l’entrée de sa grotte. Ceux qui ve­naient la consul­ter, de­vaient être as­sez prompts pour s’emparer de ces feuilles dans le même ordre où elle les avait lais­sées, avant qu’elles fussent dis­per­sées par les quatre vents. Le pre­mier té­moi­gnage la concer­nant est ce­lui d’Hé­ra­clite qui dit : «La si­bylle, ni sou­riante, ni far­dée, ni par­fu­mée, de sa bouche dé­li­rante se fai­sant en­tendre, fran­chit mille ans par sa voix grâce au dieu». On lo­ca­li­sait de fa­çon va­riée cette de­vi­ne­resse idéale, cette in­car­na­tion sur­hu­maine, presque dé­ga­gée de l’espace et du temps, de sorte qu’on ar­riva à en comp­ter plu­sieurs : la si­bylle phry­gienne, la cu­méenne, celle d’Érythrées, etc. S’il faut en croire les his­to­riens, l’une d’entre elles vint à Rome et pro­posa à Tar­quin le Su­perbe de lui vendre neuf «Livres» de pro­phé­ties qu’elle lui as­sura être au­then­tiques; Tar­quin lui en de­manda le prix. La bonne femme mit un prix si haut, que le roi de Rome crut qu’elle ra­do­tait. Alors, elle jeta trois des vo­lumes dans le feu et pro­posa à Tar­quin les six autres pour le même prix. Tar­quin la crut en­core plus folle; mais lorsqu’elle en brûla en­core trois autres, sans bais­ser le prix, ce pro­cédé pa­rut si ex­tra­or­di­naire à Tar­quin, qu’il ac­cepta. Quel était le contenu de ces «Livres si­byl­lins»? On n’a ja­mais cessé à Rome de gar­der là-des­sus un se­cret ab­solu, en consi­dé­ra­tion du dan­ger qu’il au­rait pu y avoir à in­ter­pré­ter les oracles de fa­çon ar­bi­traire, et on a tou­jours ré­servé aux mo­ments d’urgence na­tio­nale la consul­ta­tion de ces «Livres». Deux ma­gis­trats ap­pe­lés «duum­viri sa­cris fa­ciun­dis» avaient pour charge d’en dé­ga­ger le sens et les consé­quences pour les af­faires de l’État si l’occasion s’en pré­sen­tait et à la condi­tion que le sé­nat l’ordonnât. Au­tre­ment, il ne leur était pas per­mis de les ou­vrir. Vers 400 apr. J.-C. ces vo­lumes sa­crés se trou­vaient en­core à Rome, et le cré­dit dont ils jouis­saient ne pa­rais­sait pas de­voir fai­blir de si­tôt, quand Sti­li­con, cé­dant à la pro­pa­gande chré­tienne, or­donna leur des­truc­tion. Il faut lais­ser par­ler le poète Ru­ti­lius Na­ma­tia­nus pour sa­voir à quel point les païens s’offusquèrent de ce crime : «Il n’en est que plus cruel, le for­fait du si­nistre Sti­li­con», dit Ru­ti­lius Na­ma­tia­nus 2, «car le traître a li­vré le cœur de l’Empire, [en] brû­lant les oracles se­cou­rables de la si­bylle [et en] dé­trui­sant le gage ir­ré­vo­cable de la do­mi­na­tion éter­nelle [de Rome]».

  1. En grec «Σιϐυλλιακοὶ Χρησμοί». Haut
  1. «Sur son re­tour», liv. II, v. 41-60. Haut

«Oracles sibyllins. Fragments • Livres III, IV et V»

dans « La Bible. Écrits intertestamentaires » (éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris), p. 1035-1140

dans «La Bible. Écrits in­ter­tes­ta­men­taires» (éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris), p. 1035-1140

Il s’agit des vers apo­cryphes qu’on ap­pelle «Oracles si­byl­lins» («Si­byl­lia­koi Chrês­moi» 1) et qui ne sont que le fruit de la pieuse ruse des juifs et des chré­tiens pour pas­ti­cher les «Livres si­byl­lins» des païens. La si­bylle était une femme ins­pi­rée, qui en­trait en ex­tase et qui an­non­çait aux hu­mains les se­crets de l’avenir. Elle écri­vait ses pro­phé­ties sur des feuilles vo­lantes qu’elle pla­çait à l’entrée de sa grotte. Ceux qui ve­naient la consul­ter, de­vaient être as­sez prompts pour s’emparer de ces feuilles dans le même ordre où elle les avait lais­sées, avant qu’elles fussent dis­per­sées par les quatre vents. Le pre­mier té­moi­gnage la concer­nant est ce­lui d’Hé­ra­clite qui dit : «La si­bylle, ni sou­riante, ni far­dée, ni par­fu­mée, de sa bouche dé­li­rante se fai­sant en­tendre, fran­chit mille ans par sa voix grâce au dieu». On lo­ca­li­sait de fa­çon va­riée cette de­vi­ne­resse idéale, cette in­car­na­tion sur­hu­maine, presque dé­ga­gée de l’espace et du temps, de sorte qu’on ar­riva à en comp­ter plu­sieurs : la si­bylle phry­gienne, la cu­méenne, celle d’Érythrées, etc. S’il faut en croire les his­to­riens, l’une d’entre elles vint à Rome et pro­posa à Tar­quin le Su­perbe de lui vendre neuf «Livres» de pro­phé­ties qu’elle lui as­sura être au­then­tiques; Tar­quin lui en de­manda le prix. La bonne femme mit un prix si haut, que le roi de Rome crut qu’elle ra­do­tait. Alors, elle jeta trois des vo­lumes dans le feu et pro­posa à Tar­quin les six autres pour le même prix. Tar­quin la crut en­core plus folle; mais lorsqu’elle en brûla en­core trois autres, sans bais­ser le prix, ce pro­cédé pa­rut si ex­tra­or­di­naire à Tar­quin, qu’il ac­cepta. Quel était le contenu de ces «Livres si­byl­lins»? On n’a ja­mais cessé à Rome de gar­der là-des­sus un se­cret ab­solu, en consi­dé­ra­tion du dan­ger qu’il au­rait pu y avoir à in­ter­pré­ter les oracles de fa­çon ar­bi­traire, et on a tou­jours ré­servé aux mo­ments d’urgence na­tio­nale la consul­ta­tion de ces «Livres». Deux ma­gis­trats ap­pe­lés «duum­viri sa­cris fa­ciun­dis» avaient pour charge d’en dé­ga­ger le sens et les consé­quences pour les af­faires de l’État si l’occasion s’en pré­sen­tait et à la condi­tion que le sé­nat l’ordonnât. Au­tre­ment, il ne leur était pas per­mis de les ou­vrir. Vers 400 apr. J.-C. ces vo­lumes sa­crés se trou­vaient en­core à Rome, et le cré­dit dont ils jouis­saient ne pa­rais­sait pas de­voir fai­blir de si­tôt, quand Sti­li­con, cé­dant à la pro­pa­gande chré­tienne, or­donna leur des­truc­tion. Il faut lais­ser par­ler le poète Ru­ti­lius Na­ma­tia­nus pour sa­voir à quel point les païens s’offusquèrent de ce crime : «Il n’en est que plus cruel, le for­fait du si­nistre Sti­li­con», dit Ru­ti­lius Na­ma­tia­nus 2, «car le traître a li­vré le cœur de l’Empire, [en] brû­lant les oracles se­cou­rables de la si­bylle [et en] dé­trui­sant le gage ir­ré­vo­cable de la do­mi­na­tion éter­nelle [de Rome]».

  1. En grec «Σιϐυλλιακοὶ Χρησμοί». Haut
  1. «Sur son re­tour», liv. II, v. 41-60. Haut

«L’Épopée de Gilgameš : le grand homme qui ne voulait pas mourir»

éd. Gallimard, coll. L’Aube des peuples, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. L’Aube des peuples, Pa­ris

Il s’agit de l’«Épo­pée de Gil­ga­mesh», connue dans l’Antiquité par ses mots li­mi­naires «Ce­lui qui a tout vu…», épo­pée qui par son am­pleur, par sa force, par l’éminent et l’universel de ses thèmes, par la vogue per­sis­tante dont elle a joui pen­dant plus d’un mil­lé­naire, mé­rite as­su­ré­ment d’être consi­dé­rée comme l’œuvre la plus re­pré­sen­ta­tive de la Mé­so­po­ta­mie an­cienne 1. Contrai­re­ment à «L’Iliade» et au «Râmâyaṇa», aux­quels elle est an­té­rieure de plu­sieurs siècles, cette épo­pée n’est pas le pro­duit d’une seule époque, ni même d’un seul peuple. Is­sue de chants su­mé­riens (IIIe mil­lé­naire av. J.-C.), elle prit corps, pour ainsi dire, dans une ré­dac­tion ak­ka­dienne et elle dé­borda lar­ge­ment les fron­tières de la Ba­by­lo­nie et de l’Assyrie, puisqu’elle fut co­piée et adap­tée de­puis la Pa­les­tine jusqu’au cœur de l’Anatolie, à la Cour des rois hit­tites. Sous sa forme la plus com­plète, celle sous la­quelle on l’a re­trou­vée à Ni­nive, dans les ves­tiges de la bi­blio­thèque du roi As­sour­ba­ni­pal 2 (VIIe siècle av. J.-C.), cette épo­pée com­pre­nait douze ta­blettes, de quelque trois cents vers cha­cune. «Il ne nous en est par­venu, à ce jour», dit M. Jean Bot­téro 3, «qu’un peu moins des deux tiers… Mais ces frag­ments, par pure chance, ont été si rai­son­na­ble­ment dis­tri­bués tout au long de sa trame que nous en dis­cer­nons en­core as­sez bien la sé­quence et la tra­jec­toire; et même ainsi en­tre­coupé, ce che­mi­ne­ment nous fas­cine.»

  1. Ce pays que les An­ciens nom­maient Mé­so­po­ta­mie («entre-fleuves») cor­res­pond à peu près à l’Irak ac­tuel. Haut
  2. Par­fois trans­crit As­sur­ba­ni­pal, Ashur­ba­ni­pal, Aschur­ba­ni­pal ou Achour-bani-pal. Haut
  1. p. 17. Haut