Il s’agit de sainte Golindouch 1, surnommée la « martyre vivante » (« martys zôsa » 2), une Persane qui se convertit au christianisme et qui fit des miracles et des prodiges après avoir subi de grands tourments de la part des siens (VIe siècle apr. J.-C.). La légende de sa passion a été exploitée par le clergé chrétien, qui rêvait de la conquête religieuse de la Perse, mais le fond de son histoire n’en est pas moins vrai. Golindouch appartenait à une noble famille persane et descendait même de sang royal. Élevée dans la religion ancestrale, elle pratiqua d’abord le culte du feu et les superstitions des mages. On la maria à l’un des membres du sénat, dont elle eut deux fils. Au bout de trois années de mariage, cette jeune femme tomba dans une extase (certains diraient une attaque d’hystérie). Quand elle en fut sortie, elle raconta que son âme avait été témoin des supplices terrifiants réservés aux coupables et des béatitudes qui attendent ceux qui adorent le Dieu des chrétiens. Son mari traita d’abord cette vision de fable ridicule, et il ne s’en préoccupa pas autrement ; mais quand il la vit fermement résolue à se faire chrétienne, il employa tous les moyens pour la faire renoncer à cette apostasie. Ce fut en vain. Elle eut une autre vision. Un ange lui apparut, vêtu de lumière, qui lui montra le spectacle qu’elle avait vu la première fois, et lui prédit la mort prochaine de son mari. La prédiction ne tarda pas à s’accomplir. Aussitôt, Golindouch se rendit à Nisibe et embrassa le christianisme. Les mages, furieux, lui ordonnèrent de revenir au culte national, et sur son refus, ils la soumirent aux cruautés et aux tortures dont est coutumière, entre toutes, la persécution asiatique : « D’abord la flagellation : un des seins de la patiente [est] amputé à demi par le fouet… Puis le supplice de la cendre brûlante : on en remplit un sac dans lequel on lui maintient la tête enfermée pour l’étouffer. C’est ensuite un séjour de trois mois, sans nourriture, dans une basse-fosse, avec un énorme serpent… [Enfin] les souillures du lupanar » 3. Elle serait morte si l’ange qui avait coutume de lui apparaître ne venait pas à chaque fois pour la sauver. Tant de résistance fit croire à ses bourreaux que Golindouch se servait de sortilèges. On finit par la condamner à l’exil. Conduite par son ange, elle se dirigea vers Jérusalem. Là, elle fit voir à tous les fidèles ses stigmates.
- En grec Γολινδούχ. Parfois transcrit Golinduh, Golinduch, Golindouche ou Golindouque. On rencontre aussi les graphies Γολανδούχ (Golandouch) et Γολιανδούχ (Goliandouch). Autrefois transcrit Golandouche. « Le dernier élément de ce mot doit être le persan “dokht” (دخت), “fille”, qui entre dans la composition des noms de princesses sassanides Azermidokht, Pourandokht. Le premier est plus difficile à expliquer », dit Ernest Blochet.
- En grec « μάρτυς ζῶσα ».