al-Maqdisî, « Les Oiseaux et les Fleurs : allégories morales »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du « Dé­voi­le­ment des mys­tères au su­jet de la sa­gesse des oi­seaux et des fleurs » (« Ka­shf al-as­râr ʻan ḥi­kam al-ṭuyûr wa’l-azhâr »1), al­lé­go­ries orien­tales, qui at­tri­buent aux oi­seaux et aux fleurs un lan­gage sem­blable à ce­lui des hommes (XIIIe siècle apr. J.-C.). L’auteur, ‘Izz al-Dîn al-Ma­q­disî2 (‘Izz al-Dîn de Jé­ru­sa­lem), com­mence par éta­blir qu’il n’y a rien dans la na­ture qui ne soit doué de la fa­culté de se faire en­tendre d’une ma­nière in­tel­li­gible. À l’homme seul est ré­servé l’usage de la pa­role ; mais les autres créa­tures, ou ani­mées ou in­ani­mées, semblent aussi s’exprimer, par leur ma­nière d’être, dans un lan­gage muet. Bien plus, ce lan­gage est « plus élo­quent que la pa­role et plus es­sen­tiel­le­ment vrai »3. Ainsi, les roses ré­pandent un par­fum pré­cieux qui pé­nètre jusqu’au fond du cœur et qui dit leurs se­crets ; les ros­si­gnols, sur les ra­meaux qui les ba­lancent, mo­dulent leurs amours ; et les hautes cimes des arbres s’agitent comme pour cé­lé­brer la vi­sion de Dieu. Par­tant de cette idée, l’auteur se sup­pose au mi­lieu d’un jar­din gran­diose ; là, oc­cupé à étu­dier les dis­cours de tous les êtres que la na­ture offre à ses sens, il s’applique à les in­ter­pré­ter et y dé­cou­vrir des le­çons non seule­ment mo­rales, mais éga­le­ment spi­ri­tuelles et mys­tiques. « Crois », dit-il4, « que ce­lui qui ne sait pas ti­rer un sens al­lé­go­rique du cri aigre de la porte, du bour­don­ne­ment de la mouche, de l’aboiement du chien, du mou­ve­ment des in­sectes qui s’agitent dans la pous­sière ; que ce­lui qui ne sait pas com­prendre ce qu’indiquent la marche de la nue, la lueur du mi­rage, la teinte du brouillard, n’est pas du nombre des gens in­tel­li­gents. » Pour évi­ter de tom­ber dans l’obscurité de la pen­sée où bien d’autres sou­fis sont tom­bés, al-Ma­q­disî suit une marche pro­gres­sive. Aussi, ses pre­mières al­lé­go­ries sont-elles plus ter­restres que ses der­nières, où il est ques­tion d’amour di­vin : « Le voile du mys­tère, d’abord épais, s’éclaircit peu à peu et se sou­lève même quel­que­fois ; en­fin, il tombe en­tiè­re­ment, et le nom de Dieu vient, dans la der­nière al­lé­go­rie, ex­pli­quer toutes les énigmes »5.

Il n’existe pas moins de deux tra­duc­tions fran­çaises du « Dé­voi­le­ment des mys­tères au su­jet de la sa­gesse des oi­seaux et des fleurs », mais s’il fal­lait n’en choi­sir qu’une seule, je choi­si­rais celle de Gar­cin de Tassy.

« ثم سمعت مجاوبة الأزاهير بألوانها، والشحارير بأقنانها، فرأيت الورد يخبر عن طيب وروده، ويعترف بعرفه عند شهوده، ويقول : ”أنا الضيف، الوارد بين الشتاء، والصيف، أزور كما يزور الطيف، فاغتنموا وقتى فإن الوقت سيف“. »
— Pas­sage dans la langue ori­gi­nale

« Après que j’eus com­pris les pa­roles que sem­blait pro­fé­rer le zé­phyr, tan­dis que je cher­chais à in­ter­pré­ter le sif­fle­ment du merle et que je ré­flé­chis­sais sur les cou­leurs va­riées des fleurs, la rose en ex­ha­lant son par­fum m’annonça sa douce ve­nue et s’exprima ainsi dans son lan­gage muet : “Je suis l’hôte qui vient entre l’hiver et l’été, et ma vi­site est aussi courte que l’apparition du fan­tôme noc­turne. Hâ­tez-vous de jouir du court es­pace de ma fleu­rai­son et sou­ve­nez-vous que le temps est un glaive tran­chant”. »
— Pas­sage dans la tra­duc­tion de Gar­cin de Tassy

« En­cou­ragé par la com­pré­hen­sion du sens que le zé­phyr sem­blait pro­fé­rer, j’essayais d’interpréter le sif­fle­ment du merle et je m’émerveillais des cou­leurs va­riées des fleurs quand, dans une ex­ha­la­tion de par­fum, la rose gen­ti­ment an­nonça sa ve­nue et, dans son lan­gage si­len­cieux, confia ceci : “Je suis l’hôte qui vient pour ap­pe­ler entre l’hiver et l’été ; ma vi­site est aussi courte que l’apparition du fan­tôme noc­turne. Hâte-toi de jouir du temps de ma flo­rai­son et sou­viens-toi que le temps est un glaive tran­chant”. »
— Pas­sage dans la tra­duc­tion in­di­recte de M. Da­niel Be­res­niak (« Ré­vé­la­tion des se­crets des oi­seaux et des fleurs », éd. Alphée-J.-P. Ber­trand, Mo­naco)

Avertissement Cette tra­duc­tion n’a pas été faite sur l’original.

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  1. En arabe « كشف الأسرار عن حكم الطيور والأزهار ». Par­fois trans­crit « Ca­schf asrár an hokm al­thoiour u al azhár », « Ka­shf al-asrār ‘an ḥukm aṭ-ṭuyur wa’l-azhār » ou « Ka­chf al-as­râr ʻan ḥikm aṭ-ṭouyoûr oua l az­hâr ». On ren­contre aussi la gra­phie « كشف الأسرار في حكم الطيور والأزهار » (« Ka­shf al-as­râr fî ḥi­kam al-ṭuyûr wa’l-azhâr »). Par­fois trans­crit « Ki­chaf ul as­rar fi hukmi-it-thouyour oua al az­har ». Haut
  2. En arabe عز الدين المقدسي. Par­fois trans­crit ‘Izz ad-Dîn al-Ma­q­disy, ‘Iz­zaddīn Ma­q­disī, ‘Izz Ed­din el Mo­qad­dasi, Iz­zi­din al-Mu­qad­dasi, ’Yzz-Ed-dīni el-Mo­qad­desī, Azz-Ed­din al Mo­ca­deçi, Azed­din al Mo­ca­dassi, ‘Izz Ed­din el Mo­qa­dessi, Azz-Ed­din-el-Mo­ka­dessi ou Azz-Ed­din El­mo­cad­dessi. Haut
  3. p. 4. Haut
  1. p. 97. Haut
  2. p. XII. Haut