Il s’agit du « Dévoilement des mystères au sujet de la sagesse des oiseaux et des fleurs » (« Kashf al-asrâr ʻan ḥikam al-ṭuyûr wa’l-azhâr »1), allégories orientales, qui attribuent aux oiseaux et aux fleurs un langage semblable à celui des hommes (XIIIe siècle apr. J.-C.). L’auteur, ‘Izz al-Dîn al-Maqdisî2 (‘Izz al-Dîn de Jérusalem), commence par établir qu’il n’y a rien dans la nature qui ne soit doué de la faculté de se faire entendre d’une manière intelligible. À l’homme seul est réservé l’usage de la parole ; mais les autres créatures, ou animées ou inanimées, semblent aussi s’exprimer, par leur manière d’être, dans un langage muet. Bien plus, ce langage est « plus éloquent que la parole et plus essentiellement vrai »3. Ainsi, les roses répandent un parfum précieux qui pénètre jusqu’au fond du cœur et qui dit leurs secrets ; les rossignols, sur les rameaux qui les balancent, modulent leurs amours ; et les hautes cimes des arbres s’agitent comme pour célébrer la vision de Dieu. Partant de cette idée, l’auteur se suppose au milieu d’un jardin grandiose ; là, occupé à étudier les discours de tous les êtres que la nature offre à ses sens, il s’applique à les interpréter et y découvrir des leçons non seulement morales, mais également spirituelles et mystiques. « Crois », dit-il4, « que celui qui ne sait pas tirer un sens allégorique du cri aigre de la porte, du bourdonnement de la mouche, de l’aboiement du chien, du mouvement des insectes qui s’agitent dans la poussière ; que celui qui ne sait pas comprendre ce qu’indiquent la marche de la nue, la lueur du mirage, la teinte du brouillard, n’est pas du nombre des gens intelligents. » Pour éviter de tomber dans l’obscurité de la pensée où bien d’autres soufis sont tombés, al-Maqdisî suit une marche progressive. Aussi, ses premières allégories sont-elles plus terrestres que ses dernières, où il est question d’amour divin : « Le voile du mystère, d’abord épais, s’éclaircit peu à peu et se soulève même quelquefois ; enfin, il tombe entièrement, et le nom de Dieu vient, dans la dernière allégorie, expliquer toutes les énigmes »5.
Il n’existe pas moins de deux traductions françaises du « Dévoilement des mystères au sujet de la sagesse des oiseaux et des fleurs », mais s’il fallait n’en choisir qu’une seule, je choisirais celle de Garcin de Tassy.
« ثم سمعت مجاوبة الأزاهير بألوانها، والشحارير بأقنانها، فرأيت الورد يخبر عن طيب وروده، ويعترف بعرفه عند شهوده، ويقول : ”أنا الضيف، الوارد بين الشتاء، والصيف، أزور كما يزور الطيف، فاغتنموا وقتى فإن الوقت سيف“. »
— Passage dans la langue originale
« Après que j’eus compris les paroles que semblait proférer le zéphyr, tandis que je cherchais à interpréter le sifflement du merle et que je réfléchissais sur les couleurs variées des fleurs, la rose en exhalant son parfum m’annonça sa douce venue et s’exprima ainsi dans son langage muet : “Je suis l’hôte qui vient entre l’hiver et l’été, et ma visite est aussi courte que l’apparition du fantôme nocturne. Hâtez-vous de jouir du court espace de ma fleuraison et souvenez-vous que le temps est un glaive tranchant”. »
— Passage dans la traduction de Garcin de Tassy
« Encouragé par la compréhension du sens que le zéphyr semblait proférer, j’essayais d’interpréter le sifflement du merle et je m’émerveillais des couleurs variées des fleurs quand, dans une exhalation de parfum, la rose gentiment annonça sa venue et, dans son langage silencieux, confia ceci : “Je suis l’hôte qui vient pour appeler entre l’hiver et l’été ; ma visite est aussi courte que l’apparition du fantôme nocturne. Hâte-toi de jouir du temps de ma floraison et souviens-toi que le temps est un glaive tranchant”. »
— Passage dans la traduction indirecte de M. Daniel Beresniak (« Révélation des secrets des oiseaux et des fleurs », éd. Alphée-J.-P. Bertrand, Monaco)Cette traduction n’a pas été faite sur l’original.
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- Traduction de Garcin de Tassy (1876) [Source : Google Livres]
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- Traduction de Garcin de Tassy (1876) ; autre copie [Source : Google Livres].
- En arabe « كشف الأسرار عن حكم الطيور والأزهار ». Parfois transcrit « Caschf asrár an hokm althoiour u al azhár », « Kashf al-asrār ‘an ḥukm aṭ-ṭuyur wa’l-azhār » ou « Kachf al-asrâr ʻan ḥikm aṭ-ṭouyoûr oua l azhâr ». On rencontre aussi la graphie « كشف الأسرار في حكم الطيور والأزهار » (« Kashf al-asrâr fî ḥikam al-ṭuyûr wa’l-azhâr »). Parfois transcrit « Kichaf ul asrar fi hukmi-it-thouyour oua al azhar ».
- En arabe عز الدين المقدسي. Parfois transcrit ‘Izz ad-Dîn al-Maqdisy, ‘Izzaddīn Maqdisī, ‘Izz Eddin el Moqaddasi, Izzidin al-Muqaddasi, ’Yzz-Ed-dīni el-Moqaddesī, Azz-Eddin al Mocadeçi, Azeddin al Mocadassi, ‘Izz Eddin el Moqadessi, Azz-Eddin-el-Mokadessi ou Azz-Eddin Elmocaddessi.
- p. 4.