Il s’agit des « Rayons et les Ombres » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »
poètes français
sujet
Hugo, « Les Orientales • Les Feuilles d’automne »
Il s’agit des « Feuilles d’automne » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »
Hugo, « Odes et Ballades »
Il s’agit des « Odes et Ballades » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »
Leconte de Lisle, « Œuvres complètes. Tome V. Œuvres en prose (1852-1894) »
Il s’agit de « L’Inde française » et autres œuvres de Charles-Marie Leconte de Lisle, poète de l’école du Parnasse (XIXe siècle). On nomme parnassiens le groupe d’écrivains français qui se constitua autour de la revue « Le Parnasse contemporain », et qui se proposa comme but l’admiration de l’antique : « Que j’entende parler de l’Égypte ou de l’Inde, aussitôt mon esprit s’agite pour franchir l’horizon qui m’emprisonne ; que le nom de la Grèce soit prononcé, et voilà mon imagination partie : je vogue sur la mer Ionienne, je débarque au Pirée, et je revois l’un après l’autre ces sentiers si souvent parcourus sur le char des poètes en compagnie des héros ou des dieux » 1. L’impression que fit l’Antiquité sur ces écrivains fut très profonde. Mécontents du monde industriel où les poètes devenaient d’heure en heure plus inutiles, et où l’art restait présent par charité et comme un décor insignifiant, les parnassiens coururent en troupe vers les temples ruinés de l’Antiquité. Ils s’attachèrent à elle ; ils se firent ses serviteurs ; ils se montrèrent injustes pour tout ce qui ne la touchait pas : « Allons respectueusement demander des leçons à la muse ionienne ! C’est… une richesse si grande que d’avoir, à l’abri des… émotions fiévreuses de l’art mélancolique et tourmenté de nos époques modernes, un refuge dans le monde jeune et serein de la poésie antique. Plaignons ceux dont la pensée ne pénètre jamais dans cette région à la fois héroïque et paisible où se meuvent les poètes, les guerriers et les sages ! » 2 Heredia et Leconte de Lisle furent les derniers représentants de cette école ; ils en furent aussi les plus fidèles, car ils en appliquèrent la doctrine avec le plus de fermeté et d’imperturbable confiance, sans défaillance. C’est que pour ces deux créoles — natifs l’un de Cuba, l’autre de la Réunion — l’Antiquité se mêle et se confond avec l’île natale, immensément agrandie par leur imagination, augmentée de tout pays où la nature, belle et robuste, a déployé des énergies primitives, que ce soit au pied de l’Himalaya ou dans les vallons de la Grèce, dans les champs siciliens ou sous le soleil égyptien. « Il n’est pas besoin d’être un grand psychologue pour comprendre que [l’exotisme] souvent affiché par [Heredia et Leconte de Lisle] n’est en réalité qu’une espèce d’exorcisme, d’incantation, pour échapper [au souvenir] du départ, de l’exil, de la rupture avec la terre natale », dit avec raison M. Edgard Pich
Leconte de Lisle, « Œuvres complètes. Tome IV. Poèmes tragiques • Les Érinnyes • Derniers Poèmes • L’Apollonide »
Il s’agit de « Poèmes tragiques » et autres œuvres de Charles-Marie Leconte de Lisle, poète de l’école du Parnasse (XIXe siècle). On nomme parnassiens le groupe d’écrivains français qui se constitua autour de la revue « Le Parnasse contemporain », et qui se proposa comme but l’admiration de l’antique : « Que j’entende parler de l’Égypte ou de l’Inde, aussitôt mon esprit s’agite pour franchir l’horizon qui m’emprisonne ; que le nom de la Grèce soit prononcé, et voilà mon imagination partie : je vogue sur la mer Ionienne, je débarque au Pirée, et je revois l’un après l’autre ces sentiers si souvent parcourus sur le char des poètes en compagnie des héros ou des dieux » 1. L’impression que fit l’Antiquité sur ces écrivains fut très profonde. Mécontents du monde industriel où les poètes devenaient d’heure en heure plus inutiles, et où l’art restait présent par charité et comme un décor insignifiant, les parnassiens coururent en troupe vers les temples ruinés de l’Antiquité. Ils s’attachèrent à elle ; ils se firent ses serviteurs ; ils se montrèrent injustes pour tout ce qui ne la touchait pas : « Allons respectueusement demander des leçons à la muse ionienne ! C’est… une richesse si grande que d’avoir, à l’abri des… émotions fiévreuses de l’art mélancolique et tourmenté de nos époques modernes, un refuge dans le monde jeune et serein de la poésie antique. Plaignons ceux dont la pensée ne pénètre jamais dans cette région à la fois héroïque et paisible où se meuvent les poètes, les guerriers et les sages ! » 2 Heredia et Leconte de Lisle furent les derniers représentants de cette école ; ils en furent aussi les plus fidèles, car ils en appliquèrent la doctrine avec le plus de fermeté et d’imperturbable confiance, sans défaillance. C’est que pour ces deux créoles — natifs l’un de Cuba, l’autre de la Réunion — l’Antiquité se mêle et se confond avec l’île natale, immensément agrandie par leur imagination, augmentée de tout pays où la nature, belle et robuste, a déployé des énergies primitives, que ce soit au pied de l’Himalaya ou dans les vallons de la Grèce, dans les champs siciliens ou sous le soleil égyptien. « Il n’est pas besoin d’être un grand psychologue pour comprendre que [l’exotisme] souvent affiché par [Heredia et Leconte de Lisle] n’est en réalité qu’une espèce d’exorcisme, d’incantation, pour échapper [au souvenir] du départ, de l’exil, de la rupture avec la terre natale », dit avec raison M. Edgard Pich
Heredia, « Correspondance. Tome II. Les Années parnassiennes (1866-1876) »
Il s’agit de la « Correspondance » de José-Maria de Heredia 1, poète de l’école du Parnasse (XIXe siècle). On nomme parnassiens le groupe d’écrivains français qui se constitua autour de la revue « Le Parnasse contemporain », et qui se proposa comme but l’admiration de l’antique : « Que j’entende parler de l’Égypte ou de l’Inde, aussitôt mon esprit s’agite pour franchir l’horizon qui m’emprisonne ; que le nom de la Grèce soit prononcé, et voilà mon imagination partie : je vogue sur la mer Ionienne, je débarque au Pirée, et je revois l’un après l’autre ces sentiers si souvent parcourus sur le char des poètes en compagnie des héros ou des dieux » 2. L’impression que fit l’Antiquité sur ces écrivains fut très profonde. Mécontents du monde industriel où les poètes devenaient d’heure en heure plus inutiles, et où l’art restait présent par charité et comme un décor insignifiant, les parnassiens coururent en troupe vers les temples ruinés de l’Antiquité. Ils s’attachèrent à elle ; ils se firent ses serviteurs ; ils se montrèrent injustes pour tout ce qui ne la touchait pas : « Allons respectueusement demander des leçons à la muse ionienne ! C’est… une richesse si grande que d’avoir, à l’abri des… émotions fiévreuses de l’art mélancolique et tourmenté de nos époques modernes, un refuge dans le monde jeune et serein de la poésie antique. Plaignons ceux dont la pensée ne pénètre jamais dans cette région à la fois héroïque et paisible où se meuvent les poètes, les guerriers et les sages ! » 3 Heredia et Leconte de Lisle furent les derniers représentants de cette école ; ils en furent aussi les plus fidèles, car ils en appliquèrent la doctrine avec le plus de fermeté et d’imperturbable confiance, sans défaillance. C’est que pour ces deux créoles — natifs l’un de Cuba, l’autre de la Réunion — l’Antiquité se mêle et se confond avec l’île natale, immensément agrandie par leur imagination, augmentée de tout pays où la nature, belle et robuste, a déployé des énergies primitives, que ce soit au pied de l’Himalaya ou dans les vallons de la Grèce, dans les champs siciliens ou sous le soleil égyptien. « Il n’est pas besoin d’être un grand psychologue pour comprendre que [l’exotisme] souvent affiché par [Heredia et Leconte de Lisle] n’est en réalité qu’une espèce d’exorcisme, d’incantation, pour échapper [au souvenir] du départ, de l’exil, de la rupture avec la terre natale », dit avec raison M. Edgard Pich
Rimbaud, « Œuvres : des Ardennes au désert »
Il s’agit d’Arthur Rimbaud, poète français (XIXe siècle). Les bêtises se sont accumulées sur le compte de Rimbaud, mais peut-être qu’il est coupable de les avoir permises, et de ne pas avoir rendu impossibles certaines interprétations extravagantes, en se plaisant, dans la seconde partie de son œuvre, à faire des phrases sans suite, des phrases d’un esprit fou, détraqué, déréglé, des phrases dont il se réservait la traduction, et dont il disait : « Ça dit ce que ça dit, littéralement et dans tous les sens » 1 ; « Je notais l’inexprimable, je fixais des vertiges » 2 ; « J’ai seul la clef de cette parade sauvage » 3 ; etc. Mais nous n’avons pas envie de nous décourager d’avance. Nous avons envie, au contraire, de savoir, très décidément, à quoi nous en tenir sur cette seconde partie si controversée. La bonne méthode est d’aller pas à pas, commençant par le viol de Rimbaud. Et d’abord, qu’est-ce qui permet de parler de viol ? Un de ses poèmes le permet, qui porte le titre du « Cœur v[i]olé », et qui reproduit, avec des mots qui ne s’inventent pas, les scènes abominables auxquelles Rimbaud a été obligé de se soumettre sous la violence des ignobles individus au milieu desquels il s’est trouvé en pleine Commune de Paris (mai 1871), lui si jeune :
« Mon triste cœur bave à la poupe,
Mon cœur couvert de caporal :
Ils y lancent des jets de soupe,
Mon triste cœur bave à la poupe :
Sous les quolibets de la troupe
Qui pousse un rire général,
Mon triste cœur bave à la poupe,
Mon cœur couvert de caporal !
Ithyphalliques et pioupiesques,
Leurs quolibets l’ont dépravé ! », etc.
Leconte de Lisle, « Œuvres complètes. Tome III. Poèmes barbares »
Il s’agit de « Poèmes barbares » de Charles-Marie Leconte de Lisle, poète de l’école du Parnasse (XIXe siècle). On nomme parnassiens le groupe d’écrivains français qui se constitua autour de la revue « Le Parnasse contemporain », et qui se proposa comme but l’admiration de l’antique : « Que j’entende parler de l’Égypte ou de l’Inde, aussitôt mon esprit s’agite pour franchir l’horizon qui m’emprisonne ; que le nom de la Grèce soit prononcé, et voilà mon imagination partie : je vogue sur la mer Ionienne, je débarque au Pirée, et je revois l’un après l’autre ces sentiers si souvent parcourus sur le char des poètes en compagnie des héros ou des dieux » 1. L’impression que fit l’Antiquité sur ces écrivains fut très profonde. Mécontents du monde industriel où les poètes devenaient d’heure en heure plus inutiles, et où l’art restait présent par charité et comme un décor insignifiant, les parnassiens coururent en troupe vers les temples ruinés de l’Antiquité. Ils s’attachèrent à elle ; ils se firent ses serviteurs ; ils se montrèrent injustes pour tout ce qui ne la touchait pas : « Allons respectueusement demander des leçons à la muse ionienne ! C’est… une richesse si grande que d’avoir, à l’abri des… émotions fiévreuses de l’art mélancolique et tourmenté de nos époques modernes, un refuge dans le monde jeune et serein de la poésie antique. Plaignons ceux dont la pensée ne pénètre jamais dans cette région à la fois héroïque et paisible où se meuvent les poètes, les guerriers et les sages ! » 2 Heredia et Leconte de Lisle furent les derniers représentants de cette école ; ils en furent aussi les plus fidèles, car ils en appliquèrent la doctrine avec le plus de fermeté et d’imperturbable confiance, sans défaillance. C’est que pour ces deux créoles — natifs l’un de Cuba, l’autre de la Réunion — l’Antiquité se mêle et se confond avec l’île natale, immensément agrandie par leur imagination, augmentée de tout pays où la nature, belle et robuste, a déployé des énergies primitives, que ce soit au pied de l’Himalaya ou dans les vallons de la Grèce, dans les champs siciliens ou sous le soleil égyptien. « Il n’est pas besoin d’être un grand psychologue pour comprendre que [l’exotisme] souvent affiché par [Heredia et Leconte de Lisle] n’est en réalité qu’une espèce d’exorcisme, d’incantation, pour échapper [au souvenir] du départ, de l’exil, de la rupture avec la terre natale », dit avec raison M. Edgard Pich
Leconte de Lisle, « Œuvres complètes. Tome II. Poèmes antiques »
Il s’agit de « Poèmes antiques » de Charles-Marie Leconte de Lisle, poète de l’école du Parnasse (XIXe siècle). On nomme parnassiens le groupe d’écrivains français qui se constitua autour de la revue « Le Parnasse contemporain », et qui se proposa comme but l’admiration de l’antique : « Que j’entende parler de l’Égypte ou de l’Inde, aussitôt mon esprit s’agite pour franchir l’horizon qui m’emprisonne ; que le nom de la Grèce soit prononcé, et voilà mon imagination partie : je vogue sur la mer Ionienne, je débarque au Pirée, et je revois l’un après l’autre ces sentiers si souvent parcourus sur le char des poètes en compagnie des héros ou des dieux » 1. L’impression que fit l’Antiquité sur ces écrivains fut très profonde. Mécontents du monde industriel où les poètes devenaient d’heure en heure plus inutiles, et où l’art restait présent par charité et comme un décor insignifiant, les parnassiens coururent en troupe vers les temples ruinés de l’Antiquité. Ils s’attachèrent à elle ; ils se firent ses serviteurs ; ils se montrèrent injustes pour tout ce qui ne la touchait pas : « Allons respectueusement demander des leçons à la muse ionienne ! C’est… une richesse si grande que d’avoir, à l’abri des… émotions fiévreuses de l’art mélancolique et tourmenté de nos époques modernes, un refuge dans le monde jeune et serein de la poésie antique. Plaignons ceux dont la pensée ne pénètre jamais dans cette région à la fois héroïque et paisible où se meuvent les poètes, les guerriers et les sages ! » 2 Heredia et Leconte de Lisle furent les derniers représentants de cette école ; ils en furent aussi les plus fidèles, car ils en appliquèrent la doctrine avec le plus de fermeté et d’imperturbable confiance, sans défaillance. C’est que pour ces deux créoles — natifs l’un de Cuba, l’autre de la Réunion — l’Antiquité se mêle et se confond avec l’île natale, immensément agrandie par leur imagination, augmentée de tout pays où la nature, belle et robuste, a déployé des énergies primitives, que ce soit au pied de l’Himalaya ou dans les vallons de la Grèce, dans les champs siciliens ou sous le soleil égyptien. « Il n’est pas besoin d’être un grand psychologue pour comprendre que [l’exotisme] souvent affiché par [Heredia et Leconte de Lisle] n’est en réalité qu’une espèce d’exorcisme, d’incantation, pour échapper [au souvenir] du départ, de l’exil, de la rupture avec la terre natale », dit avec raison M. Edgard Pich
Leconte de Lisle, « Œuvres complètes. Tome I. L’Œuvre romantique (1837-1847) »
Il s’agit de « Premières Poésies » et autres œuvres de Charles-Marie Leconte de Lisle, poète de l’école du Parnasse (XIXe siècle). On nomme parnassiens le groupe d’écrivains français qui se constitua autour de la revue « Le Parnasse contemporain », et qui se proposa comme but l’admiration de l’antique : « Que j’entende parler de l’Égypte ou de l’Inde, aussitôt mon esprit s’agite pour franchir l’horizon qui m’emprisonne ; que le nom de la Grèce soit prononcé, et voilà mon imagination partie : je vogue sur la mer Ionienne, je débarque au Pirée, et je revois l’un après l’autre ces sentiers si souvent parcourus sur le char des poètes en compagnie des héros ou des dieux » 1. L’impression que fit l’Antiquité sur ces écrivains fut très profonde. Mécontents du monde industriel où les poètes devenaient d’heure en heure plus inutiles, et où l’art restait présent par charité et comme un décor insignifiant, les parnassiens coururent en troupe vers les temples ruinés de l’Antiquité. Ils s’attachèrent à elle ; ils se firent ses serviteurs ; ils se montrèrent injustes pour tout ce qui ne la touchait pas : « Allons respectueusement demander des leçons à la muse ionienne ! C’est… une richesse si grande que d’avoir, à l’abri des… émotions fiévreuses de l’art mélancolique et tourmenté de nos époques modernes, un refuge dans le monde jeune et serein de la poésie antique. Plaignons ceux dont la pensée ne pénètre jamais dans cette région à la fois héroïque et paisible où se meuvent les poètes, les guerriers et les sages ! » 2 Heredia et Leconte de Lisle furent les derniers représentants de cette école ; ils en furent aussi les plus fidèles, car ils en appliquèrent la doctrine avec le plus de fermeté et d’imperturbable confiance, sans défaillance. C’est que pour ces deux créoles — natifs l’un de Cuba, l’autre de la Réunion — l’Antiquité se mêle et se confond avec l’île natale, immensément agrandie par leur imagination, augmentée de tout pays où la nature, belle et robuste, a déployé des énergies primitives, que ce soit au pied de l’Himalaya ou dans les vallons de la Grèce, dans les champs siciliens ou sous le soleil égyptien. « Il n’est pas besoin d’être un grand psychologue pour comprendre que [l’exotisme] souvent affiché par [Heredia et Leconte de Lisle] n’est en réalité qu’une espèce d’exorcisme, d’incantation, pour échapper [au souvenir] du départ, de l’exil, de la rupture avec la terre natale », dit avec raison M. Edgard Pich
Heredia, « Correspondance. Tome I. Les Années de formation (1846-1865) »
Il s’agit de la « Correspondance » de José-Maria de Heredia 1, poète de l’école du Parnasse (XIXe siècle). On nomme parnassiens le groupe d’écrivains français qui se constitua autour de la revue « Le Parnasse contemporain », et qui se proposa comme but l’admiration de l’antique : « Que j’entende parler de l’Égypte ou de l’Inde, aussitôt mon esprit s’agite pour franchir l’horizon qui m’emprisonne ; que le nom de la Grèce soit prononcé, et voilà mon imagination partie : je vogue sur la mer Ionienne, je débarque au Pirée, et je revois l’un après l’autre ces sentiers si souvent parcourus sur le char des poètes en compagnie des héros ou des dieux » 2. L’impression que fit l’Antiquité sur ces écrivains fut très profonde. Mécontents du monde industriel où les poètes devenaient d’heure en heure plus inutiles, et où l’art restait présent par charité et comme un décor insignifiant, les parnassiens coururent en troupe vers les temples ruinés de l’Antiquité. Ils s’attachèrent à elle ; ils se firent ses serviteurs ; ils se montrèrent injustes pour tout ce qui ne la touchait pas : « Allons respectueusement demander des leçons à la muse ionienne ! C’est… une richesse si grande que d’avoir, à l’abri des… émotions fiévreuses de l’art mélancolique et tourmenté de nos époques modernes, un refuge dans le monde jeune et serein de la poésie antique. Plaignons ceux dont la pensée ne pénètre jamais dans cette région à la fois héroïque et paisible où se meuvent les poètes, les guerriers et les sages ! » 3 Heredia et Leconte de Lisle furent les derniers représentants de cette école ; ils en furent aussi les plus fidèles, car ils en appliquèrent la doctrine avec le plus de fermeté et d’imperturbable confiance, sans défaillance. C’est que pour ces deux créoles — natifs l’un de Cuba, l’autre de la Réunion — l’Antiquité se mêle et se confond avec l’île natale, immensément agrandie par leur imagination, augmentée de tout pays où la nature, belle et robuste, a déployé des énergies primitives, que ce soit au pied de l’Himalaya ou dans les vallons de la Grèce, dans les champs siciliens ou sous le soleil égyptien. « Il n’est pas besoin d’être un grand psychologue pour comprendre que [l’exotisme] souvent affiché par [Heredia et Leconte de Lisle] n’est en réalité qu’une espèce d’exorcisme, d’incantation, pour échapper [au souvenir] du départ, de l’exil, de la rupture avec la terre natale », dit avec raison M. Edgard Pich
Heredia, « Œuvres poétiques complètes. Tome II. Autres Sonnets • Poésies diverses »
Il s’agit des « Fragments poétiques » de José-Maria de Heredia 1, poète de l’école du Parnasse (XIXe siècle). On nomme parnassiens le groupe d’écrivains français qui se constitua autour de la revue « Le Parnasse contemporain », et qui se proposa comme but l’admiration de l’antique : « Que j’entende parler de l’Égypte ou de l’Inde, aussitôt mon esprit s’agite pour franchir l’horizon qui m’emprisonne ; que le nom de la Grèce soit prononcé, et voilà mon imagination partie : je vogue sur la mer Ionienne, je débarque au Pirée, et je revois l’un après l’autre ces sentiers si souvent parcourus sur le char des poètes en compagnie des héros ou des dieux » 2. L’impression que fit l’Antiquité sur ces écrivains fut très profonde. Mécontents du monde industriel où les poètes devenaient d’heure en heure plus inutiles, et où l’art restait présent par charité et comme un décor insignifiant, les parnassiens coururent en troupe vers les temples ruinés de l’Antiquité. Ils s’attachèrent à elle ; ils se firent ses serviteurs ; ils se montrèrent injustes pour tout ce qui ne la touchait pas : « Allons respectueusement demander des leçons à la muse ionienne ! C’est… une richesse si grande que d’avoir, à l’abri des… émotions fiévreuses de l’art mélancolique et tourmenté de nos époques modernes, un refuge dans le monde jeune et serein de la poésie antique. Plaignons ceux dont la pensée ne pénètre jamais dans cette région à la fois héroïque et paisible où se meuvent les poètes, les guerriers et les sages ! » 3 Heredia et Leconte de Lisle furent les derniers représentants de cette école ; ils en furent aussi les plus fidèles, car ils en appliquèrent la doctrine avec le plus de fermeté et d’imperturbable confiance, sans défaillance. C’est que pour ces deux créoles — natifs l’un de Cuba, l’autre de la Réunion — l’Antiquité se mêle et se confond avec l’île natale, immensément agrandie par leur imagination, augmentée de tout pays où la nature, belle et robuste, a déployé des énergies primitives, que ce soit au pied de l’Himalaya ou dans les vallons de la Grèce, dans les champs siciliens ou sous le soleil égyptien. « Il n’est pas besoin d’être un grand psychologue pour comprendre que [l’exotisme] souvent affiché par [Heredia et Leconte de Lisle] n’est en réalité qu’une espèce d’exorcisme, d’incantation, pour échapper [au souvenir] du départ, de l’exil, de la rupture avec la terre natale », dit avec raison M. Edgard Pich
Hugo, « Notre-Dame de Paris. Tome II »
Il s’agit de « Notre-Dame de Paris » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »