dans « Description géographique, historique, chronologique, politique de l’Empire de la Chine. Tome II » (XVIIIe siècle), p. 353-369
Il s’agit du « Shu Jing » 1 (« Canon des documents »), également connu sous le titre de « Shang Shu » 2 (« Documents des générations antérieures »). Nous ne connaissons la haute Antiquité des Chinois (XIe-VIIe siècle av. J.-C.) que par le « Shu Jing » ; c’est la première et la plus ancienne de leurs œuvres littéraires. Aussi, leurs Empereurs et leurs savants l’ont-ils appelée « La Source de la doctrine », « La Mer profonde de justice et de vérité », « Le Livre des Empereurs », « L’Art de régner », « Le Cri de l’Antiquité », « La Règle de tous les siècles », etc. Malgré ces titres élogieux et une infinité d’autres qui lui ont été donnés, nous ne devons pas y chercher une composition faite d’après les grands principes de l’art et de la méthode. « C’est [se tromper] et transporter ses idées dans le “Shu Jing” d’aujourd’hui que d’y vouloir trouver un plan suivi et analysé », explique le père Pierre-Martial Cibot 3. « Un chapitre ne tient point à un autre, et tous ensemble ne présentent qu’une suite d’extraits plus décousus encore et plus détachés les uns [que les autres]. Les faits que raconte le “Shu Jing”, la doctrine, la morale, la politique et la belle philosophie qu’il enseigne, en font tout le prix. » Quelle a pu être l’origine de ce monument décousu et détaché, il est vrai, mais irrécusable des traditions, des croyances et de la sagesse primitive de la Chine ancienne ? On raconte qu’autrefois, il y avait sans cesse à la Cour de l’Empereur, et presque à ses côtés, deux personnages distingués par leur mérite, par leurs bonnes mœurs et par leur gravité, et dont l’emploi consistait à être attentifs à la vie privée et aux actes publics du souverain, à ses déclarations de guerre, à ses ordonnances, à ses édits, à ses sentences, à ses discours. Ces deux témoins devaient mettre tout par écrit, l’un ne recueillant que les paroles, l’autre ne s’attachant qu’aux actions. Et comme ces paroles et ces actions n’étaient pas toutes de nature à devoir être transmises à la postérité, on en fit plus tard une anthologie. C’est là ce qu’on appelle le « Shu Jing ». « Les discours et faits rapportés fournissent comme des études de cas, des exemples connus par tous — ceux dont fera usage un Mencius par exemple pour distinguer la vraie piété filiale de ses contrefaçons, ou inculquer à ses disciples l’esprit qui doit guider l’observance rituelle. Jusqu’à un certain point, la pensée chinoise antique est une herméneutique du matériau [rassemblé] dans le “Shu Jing” », explique M. Benoît Vermander 4.
Il n’existe pas moins de trois traductions françaises du « Shu Jing », mais s’il fallait n’en choisir qu’une seule, je choisirais celle du père Joseph-Henri de Prémare.
「朝夕納誨,以輔臺德.若金,用汝作礪;若濟巨川,用汝作舟楫;若歲大旱,用汝作霖雨.啟乃心,沃朕心,若藥弗瞑眩,厥疾弗瘳.」
— Passage dans la langue originale
« Ne cessez point de m’avertir chaque jour, et de me reprendre très souvent, afin de m’aider à acquérir la vraie sagesse. Songez que je suis comme un morceau de fer brut : c’est vous qui devez me façonner et me polir. Songez que j’ai à passer un torrent large et dangereux : c’est vous qui devez me servir de barque et d’aviron. Songez que je suis comme une terre sèche et aride : il faut que vous soyez comme une douce pluie qui la rafraîchisse et qui la rende féconde. Ouvrez donc votre cœur et versez dans le mien toutes les richesses qu’il renferme, mais n’allez pas m’épargner ; car si la médecine n’est un peu forte, le malade ne guérit point 5. »
— Passage dans la traduction du père de Prémare
« Aidez-moi à me rendre vertueux ; soyez pour moi ce qu’est une pierre à aiguiser le fer, ce que sont une barque et des rames pour passer une rivière considérable, et ce qu’est une pluie abondante dans une année de sécheresse.
Ouvrez votre cœur et arrosez le mien.
Si après avoir pris une médecine, on ne sent aucun trouble dans les yeux et dans le cœur, on ne peut attendre de guérison »
— Passage dans la traduction du père Antoine Gaubil (XVIIIe siècle)
« Du matin au soir, présentez-moi des instructions pour m’aider à pratiquer la vertu. Vous serez pour moi ce que la pierre à aiguiser est à l’acier, ce que la barque et la rame sont au passager qui traverse un grand fleuve, ce qu’une pluie de trois jours est à la terre dans une année de grande sécheresse. Que votre cœur me soit entièrement ouvert et verse dans mon cœur comme une rosée bienfaisante. Un remède qui ne produit pas un trouble violent (dans le corps du malade), ne guérira pas la maladie. »
— Passage dans la traduction du père Séraphin Couvreur (XIXe siècle)
« A mane ad vesperam affer documenta, quibus adjuves meam virtutem. Similis metallo, utar te ut sis cos. Similis trajicienti magnum fluvium, utar te ut sis cumba et remus. Sicut anni magna siccitate, utar te ut sis trium dierum pluvia. Aperi tuum animum, irrora meum animum. Si medicina non acriter perturbet (ægrotum), ejus morbus non sanabitur. »
— Passage dans la traduction latine du père Séraphin Couvreur (XIXe siècle)
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- le père Pierre-Martial Cibot, « Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts, les mœurs, les usages, etc. des Chinois. Tome I » (XVIIIe siècle) [Source : Bibliothèque nationale de France]
- le père Pierre-Martial Cibot, « Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts, les mœurs, les usages, etc. des Chinois. Tome II » (XVIIIe siècle) [Source : Bibliothèque nationale de France]
- Benoît Vermander, « Comment lire les classiques chinois ? » (éd. Les Belles Lettres, coll. Essais, Paris).