Il s’agit d’une traduction partielle du « Kokin-waka-shû » 1 (« Recueil de poésies de jadis et naguère »), plus connu sous le titre abrégé de « Kokin-shû » 2 (« Recueil de jadis et naguère »), une des premières compilations de poèmes japonais. Alors que l’antique prose du Japon représente plus ou moins l’influence étrangère de la Chine, l’antique poésie, elle, a quelque chose de profondément indigène. De fait, le « Kokin-shû » et le « Man-yô-shû » peuvent être qualifiés d’anthologies nationales du Japon. Il faut reconnaître que la poésie a toujours tenu une très grande place dans l’âme japonaise, dont elle dévoile, pour ainsi dire, toute l’intimité. De règne en règne, les Empereurs japonais, aux premières fleurs de printemps comme aux dernières lunes d’automne, ont convoqué la suite de leurs courtisans, et sous l’inspiration des choses, se sont fait présenter des poèmes. Parmi ces courtisans, quelques-uns ont mis leur amour en parallèle avec la fumée du mont Fuji, d’autres se sont souvenus de la lointaine jeunesse du mont Otoko, d’autres, enfin, à voir la rosée sur l’herbe, l’écume sur l’eau, se sont lamentés sur leur propre impermanence. « La poésie du Yamato 3 a pour racine le cœur humain et pour feuilles des milliers de paroles », dit Ki no Tsurayuki dans sa sublime préface au « Kokin-shû », qui s’élève à des sommets jamais encore égalés dans la critique japonaise. « Le temps a beau aller ses étapes ; les choses passer ; les joies et les tristesses croiser leurs routes : quand le rythme est là, comment cette poésie pourrait-elle périr ? S’il est vrai que les aiguilles du pin durent sans choir ni périr ; que les empreintes des oiseaux pour longtemps se gravent 4 ; la poésie du Yamato [se maintiendra pour jamais] ».
zoologie
Lucrèce, « Œuvres complètes. De la Nature des choses »
Il s’agit du « De rerum Natura » (« De la Nature des choses ») de Lucrèce 1, poète latin qui avait l’ambition de pénétrer dans les secrets de l’univers et de nous y faire pénétrer avec lui ; de fouiller dans cet infini pour montrer que tout phénomène physique, tout ce qui s’accomplit autour de nous est la conséquence de lois simples, parfaitement immuables ; d’établir, enfin, d’une puissante façon les atomes comme premiers principes de la nature, en faisant table rase des fictions religieuses et des superstitions (Ier siècle av. J.-C.). Ni le titre ni le sujet du « De rerum Natura » ne sont de Lucrèce ; ils appartiennent proprement à Épicure. Lucrèce, tout charmé par les découvertes que ce savant grec avait faites dans son « Peri physeôs » 2 (« De la Nature »), a joint aux systèmes de ce penseur l’agrément et la force des expressions ; il a enduit, comme il dit, la vérité amère des connaissances avec « la jaune liqueur du doux miel » de la poésie : « Et certes, je ne me cache pas », ajoute-t-il 3, « qu’il est difficile de rendre claires, dans des vers latins, les obscures découvertes des Grecs — surtout maintenant qu’il va falloir créer tant de termes nouveaux, à cause de l’indigence de notre langue et de la nouveauté du sujet. Mais ton mérite et le plaisir que me promet une amitié si tendre, me persuadent d’entreprendre le plus pénible travail et m’engagent à veiller dans le calme des nuits, cherchant par quelles paroles, par quels vers enfin je pourrai faire luire à tes yeux une vive lumière qui t’aide à voir sous toutes leurs faces nos mystérieux problèmes ».