«Le Livre de phrases de trois mots, “San-tseu-king”»

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Livre de phrases de trois mots» 1San zi jing» 2), ma­nuel d’enseignement élé­men­taire (XIIIe siècle apr. J.-C.) que les maîtres ou les pa­rents met­taient entre les mains des dé­bu­tants, pour qu’il fût ap­pris par cœur, re­tenu et ré­cité. Le texte, comme le titre l’indique, était dis­posé par phrases de trois mots ou de trois ca­rac­tères, de telle sorte qu’il of­frait le pré­cieux avan­tage de consti­tuer une in­tro­duc­tion idéale à la lec­ture du chi­nois clas­sique, en même temps que le ré­sumé des connais­sances qui for­maient la base de l’éducation confu­céenne. «À l’origine de l’homme, sa na­ture est ra­di­ca­le­ment bonne; la na­ture rap­proche les hommes, mais leur conduite les éloigne». Tel était le dé­but du «Livre de phrases de trois mots» 3. La suite trai­tait de l’importance des de­voirs, des trois grands pou­voirs, des quatre sai­sons, des cinq ver­tus constantes, des six es­pèces de grains, des sept pas­sions, des huit notes de mu­sique, des neuf de­grés de pa­renté, des dix de­voirs re­la­tifs, de l’histoire gé­né­rale et de la suc­ces­sion des dy­nas­ties im­pé­riales; le tout com­plété par des re­marques sur l’importance de l’étude. Pen­dant sept siècles et jusqu’à la Ré­vo­lu­tion cultu­relle, ce fut le livre le plus ré­pandu dans les écoles pri­maires de l’Asie orien­tale : «Ce fut en réa­lité», dit un com­men­ta­teur 4, «comme un ra­deau que, dans les com­men­ce­ments de leurs études, les jeunes gens qui cher­chaient à s’instruire pou­vaient em­ployer pour ar­ri­ver à at­teindre les sources pro­fondes de l’étude de l’Antiquité». Son in­fluence fut im­mense, et plu­sieurs de ses phrases de trois mots sont pas­sées en lo­cu­tions pro­ver­biales dans l’usage cou­rant : «C’est un livre d’une mo­rale ir­ré­pro­chable», dit Ma­rie-René Rous­sel, mar­quis de Courcy 5, «mais d’une par­faite ari­dité, pro­cé­dant par sen­tences brèves, af­fir­ma­tives, heur­tées… La plu­part de [ses] no­tions dé­passent de beau­coup l’intelligence de l’enfant. Aussi, ré­pète-t-il d’abord le “San zi jing” uni­que­ment comme il ré­pé­te­rait un syl­la­baire, sans com­prendre les signes qu’il lit, ni les sons qu’il émet. Quand, après deux an­nées d’un la­beur as­sidu, il énonce sans hé­si­ta­tion tous les ca­rac­tères du clas­sique tri­mé­trique, avec les in­to­na­tions vou­lues, et les re­trace élé­gam­ment à l’aide du pin­ceau, son maître com­mence à lui en ex­pli­quer la si­gni­fi­ca­tion; et dès que son in­tel­li­gence peut la sai­sir, il place sous ses yeux d’autres ou­vrages, comme “Le Livre des mille mots” où il re­trouve les mêmes mots et fait connais­sance avec de nou­veaux signes».

Il n’existe pas moins de quatre tra­duc­tions fran­çaises du «Livre de phrases de trois mots», mais s’il fal­lait n’en choi­sir qu’une seule, je choi­si­rais celle de Sta­nis­las Ju­lien.

「苟不學,
曷為人?
蠶吐絲,
蜂釀蜜;
人不學,
不如物.
幼而學,
壯而行……」

 Pas­sage dans la langue ori­gi­nale

«Si vous n’étudiez pas, com­ment pour­rez-vous mé­ri­ter le nom d’hommes?
Le bom­byx donne la soie, l’abeille pro­duit le miel; si l’homme n’étudie pas, il est in­fé­rieur à ces pe­tits ani­maux.
Quand vous au­rez étu­dié dans la jeu­nesse, vous se­rez ca­pables d’agir dans l’âge mûr.»
— Pas­sage dans la tra­duc­tion de Ju­lien

«S’il se trouve des in­di­vi­dus qui ne veuillent pas étu­dier, com­ment pour­rait-on les consi­dé­rer comme des hommes?
Le ver à soie vo­mit de son sein le fil de soie; l’abeille re­cueille le miel qu’elle pro­duit. L’homme qui n’a pas voulu étu­dier est resté in­fé­rieur aux ani­maux.
Jeunes gens, ap­pli­quez-vous à l’étude et, dans l’âge mûr, met­tez vos connais­sances en pra­tique.»
— Pas­sage dans la tra­duc­tion de Guillaume Pau­thier («Le Livre clas­sique des trois ca­rac­tères», XIXe siècle)

«Si vous n’étudiez pas, mé­ri­tez-vous d’être ap­pe­lés des hommes?
Le ver tire la soie de son es­to­mac; l’abeille éla­bore le miel. L’homme qui n’étudie point ne vaut pas même un ani­mal.
Étu­diez pen­dant la jeu­nesse, agis­sez pen­dant l’âge mûr.»
— Pas­sage dans la tra­duc­tion d’Abel des Mi­chels («“Tam tu kinh”, ou le Livre des phrases de trois ca­rac­tères», XIXe siècle)

«Si vous n’étudiez pas, quel genre d’homme de­vien­drez-vous?
Le ver fa­brique la soie, l’abeille le miel. Si l’homme n’étudie pas, il n’égalera même pas ces in­sectes.
Jeune, étu­diez; plus âgé, met­tez en pra­tique (votre sa­voir)…»
— Pas­sage dans la tra­duc­tion de M. Mi­chel De­verge («Le Clas­sique des trois ca­rac­tères : un com­pen­dium du ru­di­ment», éd. élec­tro­nique)

«Si non stu­de­tis, quo­modo fie­tis ho­mines?
Bom­byx evo­mit fi­lum se­ri­cum, apis fin­git mel. Si ho­mines non student, non sunt si­cut hæc bes­tiolæ (sunt his bes­tio­lis in­fe­riores).
Cum in ju­ven­tute stu­due­ri­tis, natu gran­diores age­tis.»
— Pas­sage dans la tra­duc­tion la­tine de Ju­lien («Trium lit­te­ra­rum Li­ber, “San-tseu-king”», XIXe siècle)

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  1. Par­fois tra­duit «Clas­sique tri­mé­trique» ou «Le Livre clas­sique des trois ca­rac­tères». Haut
  2. En chi­nois «三字經». Au­tre­fois trans­crit «San tzu ching», «San-tsi-king», «San-tsze-king», «San-tse-king», «San-ze-king» ou «San-tseu-king». Haut
  3. À rap­pro­cher du grand prin­cipe de Rous­seau «que la na­ture a fait l’homme heu­reux et bon, mais que la so­ciété le dé­prave», etc. Haut
  1. Wang Jin­sheng (王晉升). Haut
  2. «L’Empire du Mi­lieu». Haut