Wang Su, « Les Entretiens familiers de Confucius, “Kong-tze Kia-yu” »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du « Kong-tze Kia-yu »1 (« En­tre­tiens fa­mi­liers de Confu­cius »2), es­pèce de sup­plé­ment aux « En­tre­tiens de Confu­cius ». Il n’est peut-être pas in­utile de rap­pe­ler que Confu­cius, sui­vant l’usage de son temps, avait tou­jours à sa suite quelques-uns de ses dis­ciples, même lorsqu’il était ad­mis en pré­sence d’un roi ou d’un prince. C’est au soin que ces dis­ciples ont eu de trans­mettre par écrit ce qu’ils avaient vu et en­tendu de la part de leur maître, qu’on est re­de­vable de ce que l’on sait de sa vie pri­vée. Le dé­tail en fut consi­gné, peu de temps après sa mort, dans le fa­meux livre des « En­tre­tiens de Confu­cius ». Mais comme ce livre ne ren­fer­mait pas tout, on y sup­pléa dans la suite en re­cueillant tout ce qui avait été re­jeté des grandes édi­tions et tout ce qu’on put trou­ver d’un peu in­té­res­sant dans les mé­moires des pre­miers dis­ciples ou leurs des­cen­dants. On donna à ce sup­plé­ment le titre de « Kia-yu ». Ce livre, comme tant d’autres, fut perdu dans l’incendie gé­né­ral des livres chi­nois or­donné en 213 av. J.-C par Tsin-chi-hoang-ti — acte de bar­ba­rie qui mé­rite une ma­lé­dic­tion aussi éter­nelle que la perte de la bi­blio­thèque d’Alexandrie. L’ordre fut exé­cuté avec la plus grande cruauté. Les la­men­ta­tions, les pleurs mêmes que cette des­truc­tion ar­ra­cha à de nom­breux let­trés, en firent pé­rir plus de quatre cents dans les flammes et at­ti­rèrent sur les autres une pros­crip­tion im­pé­riale. Avec le temps, le « Kia-yu » re­pa­rut, mais tron­qué, mu­tilé, presque in­forme. Ce ne fut que quatre siècles plus tard, vers 240 apr. J.-C., qu’un let­tré, Wang Su3, en re­pro­dui­sit une par­tie, tron­quée elle-même, et y amal­gama d’autres par­ties, pui­sées à d’autres sources. « Com­ment s’opéra cette trans­for­ma­tion ? On l’ignore. [Mais] comme le nou­veau texte [de Wang Su] était ac­com­pa­gné d’un com­men­taire, et que l’ancien n’existait pro­ba­ble­ment qu’en très pe­tit nombre d’exemplaires, le pre­mier eut bien­tôt sup­planté com­plè­te­ment l’autre qui tomba dans l’oubli », ex­plique mon­sei­gneur Charles de Har­lez4. Il ré­sulte de là que le « Kia-yu », dans l’état où il se trouve aujourd’hui, n’a pas l’autorité des autres écrits confu­céens, bien que le fond en soit bon.

es­pèce de sup­plé­ment aux « En­tre­tiens de Confu­cius »

Voici un pas­sage qui don­nera une idée du style du « Kia-yu » : « Confu­cius était allé vi­si­ter le temple an­ces­tral du duc Huan de Lou. Il y avait là des vases in­cli­nés… Confu­cius re­par­tit : “J’ai en­tendu dire de ces vases que, quand ils sont vides, ils s’inclinent ; quand ils sont à moi­tié rem­plis, ils se tiennent droit ; mais que, s’ils sont tout pleins, ils se ren­versent. Les princes sages es­timent cela comme une sorte de le­çon, c’est pour­quoi ils les font pla­cer près des per­sonnes as­sises”. Le Phi­lo­sophe se tour­nant alors vers ses dis­ciples leur fit ver­ser de l’eau me­su­ré­ment. Quand il fut à mi-plein, le vase se re­dressa ; quand il fut plein, il se ren­versa. “Hé­las ! hé­las !”, dit Confu­cius en gé­mis­sant, “les êtres se rem­plissent de mal et ne se ren­versent pas” »5.

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  1. En chi­nois « 孔子家語 ». Par­fois trans­crit « Koung-tsée Kia-yu », « K’ong-tseu Kia-yu », « Confu­cius Kia-iü », « K’ung tzŭ Chia yü », « Kung­futse Gia yü » ou « Kongzi Jiayu ». Haut
  2. Par­fois tra­duit « Pro­pos fa­mi­liers de Confu­cius ». Haut
  3. En chi­nois 王肅. Par­fois trans­crit Vang-sou ou Wang Sou. Haut
  1. p. 2. Haut
  2. p. 47. Haut