«Menoutchehri : poète persan du XIe siècle de notre ère»

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du Di­van (Re­cueil de poé­sies) d’Abou-n-Nedjm Ah­med 1, plus connu sous le sur­nom de Me­nout­chehri 2. La rai­son de son sur­nom est qu’au dé­but de sa car­rière il com­po­sait des louanges en l’honneur de l’émir Me­nout­chehr. Cet émir mou­rut en l’an 1029 apr. J.-C. et Me­nout­chehri ajouta la lettre «i» pour in­di­quer le rap­port gram­ma­ti­cal entre sa per­sonne et celle de l’objet de ses louanges. Plus tard, il fut re­mar­qué par le sul­tan Mah­moud de Ghaznî et de­vint le poète fa­vori de son fils et suc­ces­seur Mas’oud. Ses poé­sies, qui ap­par­tiennent à l’aube de la lit­té­ra­ture per­sane, n’offrent au­cune trace de ce mys­ti­cisme des sou­fis qui va bien­tôt en­va­hir tout l’Orient. Il est même à re­mar­quer que Me­nout­chehri est exempt de toute teinte re­li­gieuse ou sec­taire, et qu’il n’a été l’imitateur de per­sonne : «En plu­sieurs points, il est ori­gi­nal et n’a suivi… la trace de ses pré­dé­ces­seurs en poé­sie, mais on trouve chez lui des re­flets d’Abou-Nowâs. Bien que ré­pé­tée plus d’une fois, l’allégorie sur la nais­sance du vin ne manque pas d’originalité. Une autre [poé­sie] sur la cam­pagne du [Prin­temps] contre l’Hiver doit être si­gna­lée comme conçue avec un cer­tain art, et la fin de cette pièce comme pleine d’élan et de brio», ex­plique Al­bert de Bi­ber­stein Ka­zi­mirski 3. Mais le plus beau mé­rite de Me­nout­chehri, la plus belle conquête qu’on lui doit, c’est d’avoir ins­piré à Omar Khayyam les vers fa­meux qui suivent :

«Quand je mour­rai, la­vez mon corps avec du vin
Pour prières, louez pour moi les coupes pleines
Au jour de la ré­sur­rec­tion, si vous dé­si­rez me re­voir
Ta­mi­sez la pous­sière du seuil de la ta­verne
» 4

et qui font écho aux siens :

«Ô mes nobles amis, lorsque je mour­rai, la­vez mon corps du plus rouge vin.
Com­po­sez-en les aro­mates des pé­pins de rai­sin et faites mon suaire des feuilles de la vigne.
Creu­sez pour moi une tombe à l’ombre de la vigne, afin que la meilleure des places soit ma de­meure.
Le jour où Dieu me por­tera au pa­ra­dis, je de­man­de­rai à mon bien­fai­teur un ruis­seau plein de vin
» 5.

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Consultez cette bibliographie succincte en langue française

  • Henri Massé, «Ma­nout­chehri» dans «An­nales de l’Institut d’études orien­tales de l’Université d’Alger», vol. 1, p. 213-232.
  1. En per­san ابوالنجم احمد. Par­fois trans­crit Ab’onnajm Ah­mad, Aboul Nedjm Ah­med, Abu al-Naim Ah­mad, Abou’n-Nadjm Ah­mad, Abun­najm Ah­mad ou Abu-Najm Ah­mad. Haut
  2. En per­san منوچهری. Par­fois trans­crit Me­nout­chehry, Ma­nut­schehri, Me­nu­chehri, Me­nu­çehrî, Ma­nut­chehri, Ma­noo­chehri, Ma­nu­cheri, Ma­nu­chehri, Ma­nučehri, Ma­nou­chehri, Ma­nout­cheri, Ma­nout­chehri, Mi­nout­chehri, Mi­nu­cheri, Minút­chehri, Manūčihrī, Ma­nu­chihri ou Minū­chihrī. Haut
  3. p. 147. Haut
  1. «Les “Rubâ’iyât”; ver­sion fran­çaise par Pierre Se­ghers», p. 42. Haut
  2. p. 222 & 373. Haut