Il s’agit de Li Shang yin1, de son vrai nom Yi shan2, poète symboliste de la fin des Tang (IXesiècle apr. J.-C.). «Aucun poème chinois, par définition, ne peut se réduire à son sens littéral.»3 Cette vérité ne s’est jamais mieux fait sentir que dans les poèmes de Li Shang yin. Le moindre de ses vers a besoin de commentaires pour être bien compris. Les personnages sont peu connus. L’action où ils sont engagés est aussi obscure pour les gens du monde que pour les érudits. L’intelligence du lecteur, au lieu de s’attacher tout entière aux idées qui animent le poète, cherche à deviner le sens des symboles. Que signifie, par exemple:
«Lorsque le cheval céleste des Han eut engendré Pushao, La luzerne et la grenade furent plantées partout dans les faubourgs. Les jardins du palais ne surent que conserver le bec du phénix; Les chars de la suite n’ont plus dressé les longues plumes du faisan… Qui avait prévu que Su Wu, devenu vieux, reviendrait au pays? À Mouling, sur les pins et les cyprès, la pluie tombe en sifflant, lugubre»4?
Il s’agit de Bai Juyi1, le poète le plus talentueux de la Chine, avec Li Po (IXesiècle apr. J.-C.). Au contraire de son pays, où sa popularité décrut au fil des siècles, le Viêt-nam et le Japon, sans doute grâce à leur lectorat féminin, le tinrent toujours pour un modèle suprême et allèrent jusqu’à en faire une sorte de dieu tutélaire. Déjà de son vivant, sa «Chanson des regrets éternels» («Chang hen ge»2) et sa «Ballade du luth» («Pi pa xing»3) jouissaient d’un prestige incomparable auprès des femmes: «Veuves et vierges ont souvent, à la bouche, un poème de moi… À ma vue, les chanteuses me désignent du doigt, en se disant entre elles: voici le maître de la “Chanson des regrets éternels”», dit-il dans une lettre4. «Le trait principal… de Bai Juyi, qui fait son mérite principal en tant que poète», dit un critique5, «c’est l’extrême simplicité de son élocution, le naturel de toute son œuvre». Bai Juyi renonçait au langage trop savant, trop froid, trop dense que ses prédécesseurs polissaient et ciselaient depuis des siècles jusqu’à être souvent un peu obscurs. On prétend qu’il lisait ses vers à une vieille dame illettrée et ne cessait de les changer jusqu’à ce que cette dernière lui fît entendre qu’elle avait tout compris. On compare son style simple, abondant, régulier à l’eau d’une fontaine qui coule nuit et jour sur la petite place du village, et où tout le monde s’abreuve:
«Danseuse tartare! Danseuse tartare! L’âme répond au son des cordes, Les mains répondent au tambour. La musique prélude, elle s’élance, manches hautes. Palpitante comme la neige, frémissante comme le roseau, À droite et à gauche, inlassable, elle pivote, Mille et mille tours se poursuivent sans trêve. Rien de ce monde ne pourrait l’égaler: Voiture, moins rapide; tourbillon, moins primesautier. La danse finie, à plusieurs reprises elle salue et remercie Le souverain qui sourit légèrement»
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« Ah ! la lumière ! la lumière toujours ! la lumière partout ! Le besoin de tout c’est la lumière. La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire. » — Victor Hugo
« Qui connaît les autres et lui-même doit aussi reconnaître que l’Orient et l’Occident sont désormais inséparables. J’admets que l’on se berce en rêvant entre les deux mondes : aller et venir du couchant au levant soit donc pour le mieux ! » — Johann Wolfgang von Gœthe
« Miracle du livre et de l’informatique. Dieu parle toutes les langues, chacun écrit la sienne. L’ordinateur rapproche, mélange, brouille les pistes. Et nous voici à l’aube d’un autre millénaire qui se moque des distances et se nourrit de tous les héritages. » — M. le père Guy-Aphraate Deleury
« Le mystère contenu dans ce proverbe : “Celui qui aime un peuple en fait partie” s’est réalisé pour moi… » — Chems-ed-dîn Aḥmed Aflâkî
« Une synthèse originale — vivante surtout — de deux humanités, de deux mondes : de l’Orient et de l’Occident, c’est ce que j’ai résolu d’être, c’est ce que je m’efforce d’être, c’est ce que je suis en train d’être. » — M. Hoàng Xuân Nhị