Il s’agit d’une anthologie de la littérature populaire du Viêt-nam. Longtemps dédaignée par les lettrés, parce qu’elle ne menait pas aux carrières mandarinales, cette littérature avait toujours été cultivée par l’effort anonyme du peuple. Ainsi donc, à côté de la littérature officielle, qui chantait en vers savants les hommes et les choses de la Chine, il existait une littérature populaire, en grande partie orale, qui exprimait sous une forme tantôt naïve et simple, tantôt narquoise et volontiers humoristique, l’âme populaire du Viêt-nam. « Tandis que les lettrés s’enfermaient dans leur tour d’ivoire et se plaisaient à composer des vers chinois qui, ici, ressemblent bien aux vers latins, ou à commenter les vieux classiques, le peuple travaillait à former la langue et à produire cette riche littérature populaire composée de dictons, de proverbes, de sentences, de distiques, de phrases, locutions et expressions plus ou moins assonancées portant des allusions aux faits du passé ou aux coutumes locales, et surtout de chansons, de ces belles et douces chansons qui s’élèvent les nuits d’été du fond des paillotes ou de l’immensité des rizières et des étangs et semblent se répercuter dans l’espace jusqu’à la cime frissonnante des bambous. Elles sont, ces chansons, d’un charme infini, d’une suavité profonde. Quiconque a entendu une fois chanter par des repiqueuses de riz du delta tonkinois ou des sampanières de la rivière de Huê des chansons comme celle-ci :
Montagne, ô montagne, pourquoi êtes-vous si haute ?
Vous cachez le soleil et vous me cachez le visage de mon bien-aimé !
n’oubliera jamais cet accent d’indéfinissable mélancolie lamartinienne qui révèle le fonds de poésie de la race, en même temps qu’il montre l’excellence de la langue capable d’exprimer de tels sentiments », dit très bien Phạm Quỳnh1.
« semblent se répercuter dans l’espace jusqu’à la cime frissonnante des bambous »
Voici un passage qui donnera une idée du style de la littérature populaire : « Dans la province de Hanoï, au “phủ” [c’est-à-dire préfecture] de Kiến xương, vivait une jeune fille qui avait perdu ses parents et qui exerçait, pour vivre, le métier de couturière. Un jour, en allant au marché, elle vit vendre des images de Quan Đế2. Comme elle était toute jeune, elle ne savait pas encore qui il était, mais elle n’en conçut pas moins pour le dieu une grande vénération et acheta une de ses images qu’elle rapporta chez elle. Chaque jour, elle lui faisait des offrandes de riz ; et si elle avait à son repas quelque chose de bon, elle lui en offrait aussi… »3
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- Traduction d’Antony Landes (1886) [Source : Canadiana]
- Traduction d’Antony Landes (1884-1886), part. 1 [Source : Google Livres]
- Traduction d’Antony Landes (1884-1886), part. 1 ; autre copie [Source : Google Livres]
- Traduction d’Antony Landes (1884-1886), part. 1 ; autre copie [Source : Bibliothèque nationale de France]
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- Traduction d’Antony Landes (1884-1886), part. 2 [Source : Bibliothèque nationale de France]
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- Traduction d’Antony Landes (1884-1886), part. 3 [Source : Bibliothèque nationale de France]
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- Traduction d’Antony Landes (1884-1886), part. 4 [Source : Bibliothèque nationale de France]
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- Traduction d’Antony Landes (1884-1886), part. 5 [Source : Bibliothèque nationale de France]
- Traduction d’Antony Landes (1884-1886), part. 5 ; autre copie [Source : Google Livres]
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- Traduction d’Antony Landes (1884-1886), part. 6 [Source : Google Livres]
- Traduction d’Antony Landes (1884-1886), part. 6 ; autre copie [Source : Google Livres].