Il s’agit du « Livre de la piété filiale » (« Hiao King » 1), qui constitue avec « La Grande Étude », « la porte par où l’on accède au rayonnement » 2 de la morale chinoise. Un des disciples de Confucius, possiblement Tseng-tseu 3, a composé ces deux ouvrages. Il y traite de la persévérance dans le souverain bien, qui n’est autre chose que la conformité de nos actes avec les lois du ciel. En partant de notre amélioration personnelle et du bon ordre à établir dans notre famille, il en arrive progressivement aux moyens de pacifier et bien gouverner l’Empire. En effet, autrefois, les anciens princes qui désiraient développer et faire briller les lois du ciel, s’attachaient auparavant à bien gouverner leur royaume ; ceux qui désiraient bien gouverner leur royaume, s’attachaient auparavant à mettre le bon ordre dans leur famille ; ceux qui désiraient mettre le bon ordre dans leur famille, s’attachaient auparavant à se corriger eux-mêmes ; ceux qui désiraient se corriger eux-mêmes, s’attachaient auparavant à donner de la droiture à leur âme ; ceux enfin qui désiraient donner de la droiture à leur âme, s’attachaient auparavant à perfectionner leurs connaissances morales. Telle est la fin que se proposent « Le Livre de la piété filiale » et « La Grande Étude ». Soit préjugé ou raison, soit obstination ou justice, la Chine, pendant des millénaires, n’a jamais cessé de lire et d’admirer ces deux ouvrages : les révolutions du goût, les changements de régime, les dominations étrangères même n’ont pas entamé leur universalité originelle ni la solidité de leurs principes. « C’est dans la belle morale qu’ils enseignent, dans les vertus qu’ils commandent, et dans les sages règles de politique qu’ils tracent et qu’ils ont eu la gloire de persuader, que les philosophes d’au-delà des mers auraient dû chercher la solution [au] grand [mystère] de la durée de l’Empire chinois », dit le père Pierre-Martial Cibot.
Il n’existe pas moins de six traductions françaises du « Livre de la piété filiale », mais s’il fallait n’en choisir qu’une seule, je choisirais celle de M. Byun Kyu-yong.
「愛親者,不敢惡於人;敬親者,不敢慢於人;愛敬盡於事親,而德教加於百姓,刑於四海,蓋天子之孝也.」
— Passage dans la langue originale
« Celui qui aime ses parents n’ose pas haïr les autres ; celui qui respecte ses parents n’ose pas négliger les autres.
Celui qui donne tout son amour et tout son respect dans le service de ses parents, étend son exemple de la vertu parmi les gens du peuple ; et le répand entre quatre mers 4.
C’est là la piété filiale du Fils du ciel 5. »
— Passage dans la traduction de M. Byun Kyu-yong
« Qui aime ses parents n’osera haïr personne. Qui respecte ses parents n’ose mépriser autrui. L’amour et le respect épuisent les devoirs envers les parents. L’enseignement et la vertu accroissent la puissance des cent familles. Modèle entre les quatre mers, telle est la piété filiale des Fils du ciel. »
— Passage dans la traduction de M. Roger Pinto (éd. du Seuil, coll. Points-Sagesses, Paris)
« Celui qui aime ses parents se garde bien d’encourir la haine des autres ; celui qui respecte ses parents se garde bien de subir les affronts des autres. Son amour et son respect ayant atteint leur plénitude dans le service de ses parents, sa vertu et son enseignement se répandent parmi les cent noms et servent de modèle à l’intérieur des quatre mers. Telle est la piété du Fils du ciel. »
— Passage dans la traduction de M. Charles Le Blanc (éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris)
« Qui aime ses parents, n’oserait haïr personne ; qui les honore, n’oserait mépriser qui que ce soit. Si un souverain sert ses parents avec un respect et un amour sans bornes, la vertu et la sagesse des peuples croîtront du double, les barbares mêmes se soumettront à ses arrêts. Voilà sommairement ce qui concerne la piété filiale du souverain. »
— Passage dans la traduction du père Pierre-Martial Cibot (XVIIIe siècle)
« Celui qui aime ses parents, n’ose pas avoir-de-l’aversion pour les (autres) hommes.
Celui qui respecte ses parents, n’ose pas avoir-du-mépris pour les (autres) hommes.
(Quand) par l’amour et par le respect il s’épuise à servir ses parents, ensuite l’enseignement de la vertu est répandu dans les cent familles et (il devient) la règle-de-conduite entre les quatre mers.
Or telle est la piété filiale pour le Fils du ciel (l’Empereur). »
— Passage dans la traduction de Léon de Rosny (XIXe siècle)
« Dum Imperator ita et amat et veneratur suos parentes, ut neminem in toto Imperio aut oderit aut despiciat : tunc exhibito hoc et amoris et venerationis erga parentes excellenti specimine, ejus virtus et exemplum ita omnes populos commovet ; ut unusquisque suos parentes nec odisse nec despicere audeat. Commovere autem suo exemplo omnes populos, quatuor inter maria ubique dispersos, ad amandos et colendos suos parentes, profecto illa est, quæ Imperatorem decet, filialis observantia. »
— Passage dans la traduction latine du père François Noël (XVIIIe siècle)
« Lorsqu’un Empereur aime et respecte tellement ses parents qu’il ne hait ou ne méprise personne dans tout l’Empire, son exemple et sa vertu entraînent tous les peuples, et l’on ne voit personne qui ose haïr ou mépriser ses parents. Quoi de plus glorieux pour un Empereur que de porter par son exemple tous les peuples à aimer leurs parents, à les honorer, à s’occuper de leur bonheur ? »
— Passage dans la traduction indirecte de l’abbé François-André-Adrien Pluquet 6 (XVIIIe siècle)Cette traduction n’a pas été faite sur l’original.
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- le père Pierre-Martial Cibot, « Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts, les mœurs, les usages, etc. des Chinois. Tome I » (XVIIIe siècle) [Source : Bibliothèque nationale de France].
- En chinois « 孝經 ». Parfois transcrit « Hia-king », « Hiao Kim », « Heaou-king », « Hsiao Ching », « Syau Jing », « Xiao Qing » ou « Xiao Jing ».
- p. 49.
- En chinois 曾子. Parfois transcrit Tseng-tsée, Thsêng-tseu, Tseng-tzu ou Zeng Zi. De son vrai nom Tseng Chen (曾參). Parfois transcrit Tseng Ts’an, Zeng Can ou Zeng Shen.
- « Entre quatre mers » signifie « de l’Ouest à l’Est, du Sud au Nord ».
- « Fils du ciel » est un titre honorifique de l’Empereur, parce qu’il considère le ciel comme son père et qu’il accomplit ce que le ciel lui ordonne pour entretenir le bas peuple.
- Cette traduction a été faite sur la précédente.