Musée le Grammairien, « Les Amours de Léandre et de Héro : poème »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des « Amours de Léandre et de Héro » (« Ta kath’ Hêrô kai Lean­dron »1), poème de trois cent qua­rante vers, pe­tit chef-d’œuvre hel­lé­nis­tique qui se res­sent de l’époque de dé­ca­dence, et que Her­mann Kö­chly dé­fi­nit comme « la der­nière rose du jar­din dé­cli­nant des lettres grecques » (« ul­ti­mam emo­rien­tis Græ­ca­rum lit­te­ra­rum horti ro­sam »). En ef­fet, si quel­que­fois un ton simple, naïf et tou­chant élève ce poème jusqu’à ceux des an­ciens Grecs, ces peintres si vrais de la na­ture, quel­que­fois aussi des traces évi­dentes tra­hissent une ori­gine tar­dive du IVe-Ve siècle apr. J.-C. tant dans la teinte trop sen­ti­men­tale que dans les or­ne­ments trop re­cher­chés par les­quels l’auteur a peint les amours et la mort de ses deux hé­ros. Ima­gi­ne­rait-on qu’un poète du temps d’Ho­mère eût pu écrire comme Mu­sée : « Que de grâces brillent sur sa per­sonne ! Les An­ciens ont compté trois Grâces : quelle er­reur ! L’œil riant de Héro pé­tille de cent grâces »2. Mais à tra­vers ces ai­mables dé­fauts cir­cule une vague et ar­dente sen­si­bi­lité, une mé­lan­co­lie va­po­reuse qui an­nonce par avance le ro­man­tisme des an­nées 1800. Si By­ron a tra­versé l’Hellespont à la nage, c’est parce que Léandre l’avait fait pour les beaux yeux de celle qu’il ai­mait. Le lec­teur ne sait peut-être pas la lé­gende à l’origine des « Amours de Léandre et de Héro ». La voici : Héro était une prê­tresse à Ses­tos, et Léandre un jeune homme d’Abydos, deux villes si­tuées en face l’une de l’autre sur les bords de l’Hellespont, là où le ca­nal est le moins large. Pour al­ler voir Héro, Léandre tra­ver­sait tous les soirs l’Hellespont à la nage ; un flam­beau al­lumé par son amante sur une tour éle­vée lui ser­vait de phare. Hé­las ! Léandre se noya pen­dant une tem­pête et fut jeté par la mer au pied de la tour de Héro qui, le re­con­nais­sant le len­de­main ma­tin, se pré­ci­pita du haut de cet édi­fice et se tua ainsi au­près de son amant. Tel est, en sa pri­mi­tive sim­pli­cité, le fait di­vers sur le­quel un dé­nommé Mu­sée le Gram­mai­rien3 a fait son poème. Ce fait di­vers est an­cien. Vir­gile et Ovide le connais­saient ; Stra­bon, qui écri­vait sur la géo­gra­phie à la même époque où Vir­gile et Ovide se dis­tin­guaient par leurs vers — Stra­bon, dis-je, dans sa des­crip­tion d’Abydos et de Ses­tos, fait men­tion ex­presse de la tour de Héro ; en­fin, Mar­tial y puise le su­jet de deux de ses épi­grammes, dont l’une4 a été si bien tra­duite par Vol­taire :

« Léandre conduit par l’Amour
En na­geant di­sait aux orages :
“Lais­sez-moi ga­gner les ri­vages,
Ne me noyez qu’à mon re­tour”
 »5.

Il n’existe pas moins de treize tra­duc­tions fran­çaises des « Amours de Léandre et de Héro », mais s’il fal­lait n’en choi­sir qu’une seule, je choi­si­rais celle de Ga­briel de La Porte du Theil, re­vue par Jean-Bap­tiste Gail.

« Ἡ δ’ ἔτι δηθύνοντος ἐπαγρύπνοισιν ὀπωπαῖς
Ἵστατο κυμαίνουσα πολυκλαύτοισι μερίμναις.
Ἤλυθε δ’ ἠριγένεια καὶ οὐκ ἴδε νυμφίον Ἡρώ.
Πάντοθι δ’ ὄμμα τίταινεν ἐς εὐρέα νῶτα θαλάσσης,
Εἴ που ἐσαθρήσειεν ἀλωόμενον παρακοίτην
Λύχνου σϐεννυμένοιο. παρὰ κρηπῖδα δὲ πύργου
Δρυπτόμενον σπιλάδεσσιν ὅτ’ ἔδρακε νεκρὸν ἀκοίτην,
Δαιδαλέον ῥήξασα περὶ στήθεσσι χιτῶνα
Ῥοιζηδὸν προκάρηνος ἀπ’ ἠλιϐάτου πέσε πύργου.
Κὰδ δ’ Ἡρὼ τέθνηκε σὺν ὀλλυμένῳ παρακοίτῃ.
Ἀλλήλων δ’ ἀπόναντο καὶ ἐν πυμάτῳ περ ὀλέθρῳ.
 »
— Fin dans la langue ori­gi­nale

« Héro dans l’attente, et l’œil ou­vert, rou­lait dans son cœur mille pen­sées fu­nestes. L’aurore vient, elle n’aperçoit pas son époux, elle pro­mène de tous cô­tés ses re­gards sur le vaste dos de la mer. Peut-être, le fa­nal éteint, son amant s’est-il égaré ; elle le voit au pied de sa tour, dé­chiré par les rocs. À cet as­pect, elle ar­rache le voile brillant qui couvre son sein, et la tête la pre­mière, se pré­ci­pite avec fra­cas du haut de la tour. Ainsi pé­rit Héro sur le corps de son amant : le tré­pas même ne put les sé­pa­rer. »
— Fin dans la tra­duc­tion de La Porte du Theil, re­vue par Gail (XVIIIe siècle)

« Héro, dans l’attente, l’œil tou­jours ou­vert, re­pas­sait en son cœur mille pen­sées ac­ca­blantes. Le jour vient, et son amant n’a point paru : elle pro­mène ses re­gards sur le vaste dos de la mer, croyant que peut-être, le fa­nal éteint, il s’est égaré ; elle le voit au bas de sa de­meure, tout dé­chiré par les rocs. À cet as­pect, elle ar­rache le voile dé­li­cat qui couvre son sein et se pré­ci­pite du haut de la tour. Ainsi mou­rut Héro sur le corps de son amant, et le tré­pas même ne put les sé­pa­rer. »
— Fin dans la tra­duc­tion de La Porte du Theil (XVIIIe siècle)

« Héro, les yeux fixés sur les flots, semble di­ri­ger en­core la course de son amant. Son âme in­quiète est en proie aux plus cruels soup­çons. L’aurore com­mence en­fin à pa­raître : Héro n’aperçoit point son époux. Elle porte çà et là ses re­gards avides sur la vaste éten­due de la mer pour dé­cou­vrir si Léandre, privé de la lu­mière du flam­beau, n’erre point sur les ondes. Ô spec­tacle dou­lou­reux ! Cette amante dé­so­lée voit au pied de la tour son cher époux in­animé et dé­chiré par les pointes des ro­chers. À cette vue, elle met en pièces le voile brillant qui couvre son sein d’albâtre, jette un cri aigu et se pré­ci­pite aus­si­tôt dans la mer. Ainsi pé­rit Héro après la mort dé­plo­rable de son époux ; et le plus grand des mal­heurs réunit en­fin pour tou­jours ces deux amants fi­dèles. »
— Fin dans la tra­duc­tion de Ju­lien-Jacques Mou­ton­net-Clair­fons (XVIIIe siècle)

« Héro, pen­dant qu’il tarde en­core, reste l’œil vi­gi­lant et l’âme aban­don­née aux in­quié­tudes les plus dé­chi­rantes. L’aurore est ve­nue ; Héro n’aperçoit point son époux, elle pro­mène çà et là ses re­gards sur le dos de la vaste mer, pour voir si Léandre, privé de la lu­mière du flam­beau, n’erre point sur les ondes. Elle aper­çoit au pied de la tour son époux sans vie, et dé­chiré par les pointes des rocs. À cet as­pect, elle ar­rache le beau vê­te­ment qui couvre son sein, jette un cri aigu et se pré­ci­pite du som­met de la tour. Ainsi pé­rit Héro sur le corps de son amant ; et ils furent unis jusque dans leur tré­pas. »
— Fin dans la tra­duc­tion de Jacques-Fran­çois Gré­goire et Fran­çois-Zé­non Col­lom­bet (XIXe siècle)

« Héro, tan­dis qu’il tarde en­core, des yeux veille,
Et flotte dans la crainte et puis prête l’oreille.
L’aurore vient, Héro ne voit point son amant ;
Elle a beau pro­me­ner un re­gard dé­fiant,
Comme pour dé­cou­vrir un époux qui peut-être
N’est qu’égaré. Sou­dain, au bas de sa fe­nêtre,
Le voilà cet amant, dé­chiré, brisé, mort !
La­cé­rant aus­si­tôt sa robe aux fi­lets d’or,
Du som­met de la tour, elle se jette et crie,
Et sur son époux mort s’en va fi­nir sa vie.
Ainsi ces deux amants se pos­sé­daient en­cor. »
— Fin dans la tra­duc­tion de Paul Ris­tel­hu­ber (XIXe siècle)

« Le calme en­fin re­naît, ra­mené par l’aurore ;
Héro n’aperçoit pas cet amant qu’elle adore ;
Elle par­court des yeux le vaste dos des mers,
Et roule dans son cœur mille soup­çons di­vers.
Peut-être qu’égaré dans sa course in­utile,
De l’abri d’un ro­cher il s’est fait un asile ?
Peut-être en­core… ? Ô ciel ! San­glant, dé­fi­guré,
Aux pieds de sa pri­son, par les rocs dé­chiré,
Elle voit… Quel as­pect ! De dou­leur trans­por­tée,
Aus­si­tôt de la tour Héro, pré­ci­pi­tée,
Sur le corps d’un amant rend le der­nier sou­pir,
Et même le tré­pas ne peut les dés­unir. »
— Fin dans la tra­duc­tion d’Anne-Louis Gi­ro­det, dit Gi­ro­det-Trio­son (XIXe siècle)

« Parce qu’il tar­dait, elle res­tait là, de­bout, les yeux vi­gi­lants, agi­tée d’inquiétudes mê­lées de bien des larmes. L’aurore ar­riva ; Héro n’aperçut pas son jeune époux ; de tout côté, elle ten­dait son re­gard sur le vaste dos de la mer, pour voir si, d’aventure, elle n’apercevrait pas son com­pa­gnon er­rant, car la lampe s’était éteinte. Lorsque, près du sou­bas­se­ment de la tour, elle dis­tin­gua, brisé par les écueils, le ca­davre de son amant, elle dé­chira au­tour de sa poi­trine sa tu­nique bro­dée ; puis, en sif­flant, son corps s’abattit, la tête la pre­mière, du som­met de la tour. C’est ainsi que pé­rit Héro en même temps que son époux mou­rant. Et ils jouirent l’un de l’autre, éter­nel­le­ment, jusque dans l’abîme de la mort. »
— Fin dans la tra­duc­tion de M. Pierre Or­sini (éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris)

« Le cœur non moins trou­blé que la mer en cour­roux,
Héro veille, s’afflige, at­ten­dant son époux.
L’aurore luit ; Héro ne le voit point pa­raître :
Ses yeux dans le loin­tain l’apercevront peut-être…
S’il s’était égaré ! C’est tout ce qu’elle craint…
Dans l’ombre de la nuit, le flam­beau s’est éteint…
Mais si­tôt qu’elle voit sur ces roches fu­nestes
Flot­ter de son amant les dé­plo­rables restes,
Elle met en lam­beaux les voiles de son sein ;
Sur le corps de Léandre, elle se jette en­fin,
Ex­pire en l’embrassant. Ainsi la Mort ras­semble
Ces deux cœurs que l’Amour forma pour vivre en­semble ! »
— Fin dans la tra­duc­tion d’Antoine de Cour­nand (XIXe siècle)

« L’amante, l’œil ou­vert, sur les flots égaré,
Des plus cruels soup­çons tout le cœur dé­voré,
Im­mo­bile, at­ten­dant le re­tour de l’aurore,
D’un vain es­poir cher­chait à se flat­ter en­core.
Mais quel spec­tacle af­freux ! Ciel ! Au pied de la tour
Elle voit étendu l’objet de son amour.
C’est lui-même ! Grands dieux ! Sa dé­pouille flot­tante
Est le triste jouet de la vague in­cons­tante.
À cet hor­rible as­pect elle tombe, et sou­dain
Ar­rache sa pa­rure, en­san­glante son sein,
Morne, pâle, mou­rante, un mo­ment se ra­nime,
Pousse un grand cri, s’élance et tombe dans l’abîme.
Sur le sein de Léandre, elle vient ex­pi­rer,
Et même le tré­pas n’a pu les sé­pa­rer. »
— Fin dans la tra­duc­tion de Charles-Louis Mol­le­vaut (XIXe siècle)

« Héro veille. La nuit cède en­fin à l’aurore,
Et Léandre en ses bras n’arrive point en­core.
De prières sans nombre im­por­tu­nant les cieux,
Sur le vaste Hel­les­pont, elle jette les yeux ;
Sou­dain elle aper­çoit que la torche est éteinte.
De la ter­reur alors son cœur res­sent l’atteinte,
Elle baisse la vue et voit de son amant
Tout au­près de la tour le ca­davre san­glant.
Elle crie, et cé­dant à l’horreur qui l’agite,
En dé­chi­rant sa robe, elle se pré­ci­pite.
Ainsi mou­rut Héro près de son époux mort,
Tous deux res­tant unis même en leur triste sort. »
— Fin dans une tra­duc­tion ano­nyme (XIXe siècle)

« Elle, ne le voyant point ve­nir, se tint sur le haut de la tour, l’œil aux aguets, l’âme en proie à la ter­reur. L’aube ve­nue, elle pro­me­nait en­core an­xieu­se­ment ses re­gards sur la vaste éten­due des flots, pour y dé­cou­vrir son Léandre, égaré peut-être. Elle l’aperçut en­fin, au pied de la tour, mais mort et dé­chiré par les ré­cifs. Sou­dain elle pousse un cri de dou­leur, la­cère ses vê­te­ments sur sa poi­trine et se jette, la tête la pre­mière, au bas de la tour. Elle tomba et mou­rut sur le corps in­animé de Léandre : ainsi ces deux amants pa­rurent se pos­sé­der en­core après leur mort. »
— Fin dans la tra­duc­tion de Ben­ja­min Barbé (XIXe siècle)

« Tan­dis6, Héro avait ses beaux yeux verts
Tou­jours au guet, vi­gi­lants et ou­verts,
Et lors sur pieds pleu­rant, pen­sant, rê­vant,
La mi­sé­rable, en sa face le­vant,
Va voir du jour la claire étoile Au­rore,
Et ne voit point son cher époux en­core.
Par quoi, étant jà éteint le flam­beau,
Deçà, delà, jeta son œil tant beau
Sur le grand dos de la mer, pour sa­voir
Si son ami na­vi­gant pourra voir.
Mais las ! si­tôt qu’elle eut jeté sa vue
En contre­bas, la pauvre dé­pour­vue
Va voir au pied de la tour, dé­chiré
Contre les rocs, son ami dé­siré ;
Dont par fu­reur rom­pit son vê­te­ment
Au­tour du sein ; puis tout su­bi­te­ment,
Je­tant un cri de per­sonne in­sen­sée,
Du haut en bas de la tour s’est lan­cée.
Ainsi Héro mou­rut, le cœur marri
D’avoir vu mort Léan­der son mari,
Et après mort, qui amants désas­semble,
Se sont en­cor tous deux trou­vés en­semble. »
— Fin dans la tra­duc­tion de Clé­ment Ma­rot (XVIe siècle)

« Mau­dis­sant l’océan dé­bordé
Et l’orage, Héro, qui veut croire vi­vant,
Mal­gré les flots tem­pé­tueux, ce­lui qu’elle aime,
Cherche des yeux dans la nuit noire et dans le creux
Des lames son Léandre à ja­mais re­tardé
Par la mort, mais bien­tôt le jour point, et l’affreux
Spec­tacle se ré­vèle ; elle voit, étendu,
Brisé sur les écueils, l’ami qu’elle a perdu.
Alors, elle re­jette, en bri­sant d’un seul coup
Le fer­moir, la mante agra­fée à son cou
Et s’élance d’en haut sur les ro­chers hi­deux,
Et l’écume et les flots les re­couvrent tous deux. »
— Fin dans la tra­duc­tion de Mme Mar­gue­rite Your­ce­nar (dans « La Cou­ronne et la Lyre : poèmes », éd. Gal­li­mard, Pa­ris)

« Illa au­tem, mo­rante adhuc Lean­dro, vi­gi­li­bus ocu­lis
Sta­bat fluc­tuans luc­tuo­sis cu­ris.
Ve­nit au­tem au­rora, et non vi­dit spon­sum Hero,
Cir­cum­quaque ocu­los di­ri­ge­bat in lata dorsa ma­ris,
Si­cubi vi­de­ret er­ran­tem suum ma­ri­tum
Lychno exs­tincto. Apud fun­da­men­tum vero tur­ris
Di­la­nia­tum sco­pu­lis ut vi­dit mor­tuum ma­ri­tum,
Ar­ti­fi­cio­sam dis­rum­pens circa pec­tora ves­tem,
Cum stre­pitu præ­ceps ab alta ce­ci­dit turri.
Atque Hero mor­tua est su­per mor­tuo ma­rito,
Suique in­vi­cem po­titi sunt etiam in ul­tima per­ni­cie. »
— Fin dans la tra­duc­tion la­tine de Jo­hannes Schra­der (XVIIIe siècle)

« Illa au­tem, eo adhuc mo­rante, vi­gi­li­bus ocu­lis
Sta­bat fluc­tuans luc­tuo­sis cu­ris.
Ve­nit au­tem au­rora, et non vi­dit spon­sum Hero,
Ubique au­tem ocu­los di­ri­ge­bat in lata dorsa ma­ris,
Si­cubi conspi­ce­ret er­ran­tem suum ma­ri­tum
Lychno exs­tincto. Apud fun­da­men­tum vero tur­ris
Di­la­nia­tum sco­pu­lis ut vi­dit mor­tuum ma­ri­tum,
Ar­ti­fi­cio­sam dis­rum­pens circa pec­tora tu­ni­cam,
Vio­len­ter præ­ceps ab ex­celsa ce­ci­dit turri.
At Hero per­iit su­per mor­tuo ma­rito,
Se in­vi­cem vero fructi sunt etiam in ul­tima per­ni­cie. »
— Fin dans la tra­duc­tion la­tine de Jo­hannes Schra­der, re­vue par Franz Sieg­fried Lehrs (XIXe siècle)

« Illa vero, cunc­tante adhuc Lean­dro, vi­gi­li­bus ocu­lis
Sta­bat fluc­tuans per­luc­tuo­sis cu­ris.
Ve­nit au­tem ma­ne­ge­nita7 Au­rora, et non vi­dit spon­sum Hero
Un­de­quaque ocu­los cir­cum­vol­ve­bat pers­pe­cu­lans in lata dorsa ma­ris,
Si­cubi ins­pi­ce­ret er­ra­bun­dum suum ma­ri­tum,
Lychno exs­tincto. Apud ba­sem vero tur­ris
Di­la­nia­tum sco­pu­lis ut spec­ta­vit exa­ni­ma­tum vi­rum,
Af­fabre fac­tam dis­cin­dens circa pec­tora tu­ni­cam
Ma­gno cum stri­dore præ­ceps ab alta ruit turri.
Et sic Hero oc­cu­buit su­per in­digne de­per­dito conjuge,
Suique in­vi­cem fruiti sunt etiam in ex­tima per­ni­cie.
Ta­lia vero amore ve­sa­nos præ­mia manent ju­venes. »
— Fin dans la tra­duc­tion la­tine de Jo­hannes Schra­der, re­vue par Fran­cesco Maz­za­rella Fa­rao (XVIIIe siècle)

« Pros­pi­ciens vi­gili sed aper­tum lu­mine pon­tum
Sta­bat adhuc du­biis Hero tris­tis­sima cu­ris,
At ju­bare exorto spon­sum non as­pi­cit us­quam.
Ergo ocu­los ce­leres cir­cum­fert æquore toto,
Fluc­ti­bus op­pres­sum tu­mi­dis si forte vi­de­ret
In­fida face de­cep­tum, ad fun­da­mina tur­ris
Ut la­ce­rum sco­pu­lis vi­dit mi­se­randa ma­ri­tum,
Di­ri­puit va­riam mo­ri­tura a pec­tore ves­tem.
Nec mora præ­ci­pi­tem turri se mi­sit ab alta,
Exa­ni­mem su­per ex­pi­rans illapsa ma­ri­tum,
Ul­tima nec mi­se­ros ne­cis hora di­re­mit amantes. »
— Fin dans la tra­duc­tion la­tine de Da­vid Whit­ford (XVIIe siècle)

« Dumque te­ne­ret adhuc iter hic, vi­gi­lan­ti­bus usque
Fluc­tuat illa ocu­lis, plan­gen­ti­bus in­cita cu­ris.
Jamque erat orta dies, neque spon­sum re­spi­cit Hero,
Lu­mi­naque in­ten­dens in lati ter­gora ponti,
Quæ­rit an er­ran­tem po­te­rit spec­tare ma­ri­tum,
Forte face exs­tincta : sed ubi in fun­da­mine tur­ris
A sco­pu­lis la­ce­rum consor­tis cor­pus amici
As­pexit, pic­tam scin­dens a pec­tore ves­tem,
Præ­ci­piti so­nitu de turri pro­ruit alta.
Sic Hero su­per in­ter­iit consorte per­empto ;
Seque ip­sis ambo su­premo in fine fruun­tur. »
— Fin dans la tra­duc­tion la­tine de Florent Chres­tien (XVIIe siècle)

« Illa mo­ranti ocu­lis sem­per vi­gi­lan­ti­bus ins­tans,
Sol­li­ci­tas anima vol­ve­bat sau­cia cu­ras.
Jamque Au­rora ade­rat : spon­sum nec vi­de­rat Hero.
Ergo ocu­los per terga ma­ris cir­cum­tu­lit am­pla,
Er­ran­tem si qua spec­ta­ret forte ma­ri­tum,
Ex­tincta face : quem turri conspexit ut ima
Col­lidi exa­ni­mem, jac­ta­tum fluc­ti­bus atris,
Conti­nuo pic­tam rum­pens a pec­tore ves­tem,
Præ­ci­pi­tem sese tur­ris de ver­tice je­cit.
Sic Hero exa­nimi su­per est ex­tincta ma­rito :
Seque illi summa quoque sunt in morte po­titi. »
— Fin dans la tra­duc­tion la­tine d’Andreas Pa­pius (XVIe siècle)

« Cum adhuc au­tem di­ri­ge­ret iter vi­gi­li­bus ocu­lis,
Sta­bat fluc­tuans mi­se­ris cu­ris.
Ve­nit au­tem au­rora, et non vi­dit spon­sum Hero,
Cir­cum­quaque ocu­lum di­ri­ge­bat in lata dorsa ma­ris,
Si­cubi vi­de­ret er­ran­tem suum ma­ri­tum
Lu­cerna exs­tincta. Apud fun­da­men­tum tur­ris
Di­la­nia­tum sco­pu­lis ut vi­dit mor­tuum ma­ri­tum,
Va­riam scin­dens circa pec­tora tu­ni­cam,
Cum stre­pitu præ­ceps ab alta de­tur­bata est turri.
Atque Hero mor­tua est ob mor­tuum ma­ri­tum,
Suique po­titi sunt et in ul­tima per­ni­cie. »
— Fin dans la tra­duc­tion la­tine de Mar­kos Mou­sou­ros (XVe siècle)

Téléchargez ces œuvres imprimées au format PDF

Voyez la liste com­plète des té­lé­char­ge­ments Voyez la liste complète

  1. En grec « Τὰ καθ’ Ἡρὼ καὶ Λέανδρον ». Haut
  2. p. 11. Haut
  3. En grec Μουσαῖος ὁ Γραμματικός. Haut
  4. « Épi­grammes », XXVb. Haut
  1. Dans « Dic­tion­naire phi­lo­so­phique », art. « épi­gramme ». Haut
  2. C’est-à-dire « pen­dant ce temps ». Haut
  3. Cal­qué sur le grec « êri­ge­neia » (ἠριγένεια), c’est-à-dire « née au ma­tin, fille du ma­tin ». Haut