Icône Mot-clefbiographie

Quinte-Curce, « Œuvres complètes »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de l’« d’» («His­to­ria Alexan­dri Ma­gni») 1, l’unique œuvre de Quinte-Curce 2 (Ier siècle apr. J.-C.). On dit que la lec­ture de «L’Iliade» char­mait si fort Alexandre le Grand, qu’à peine ar­rivé en Mi­neure, il s’arrêta sur la tombe d’Achille et s’écria : «Heu­reux jeune qui as trouvé un pour chan­ter ta va­leur!» 3 Le cé­lèbre conqué­rant peut tou­te­fois se conso­ler de n’avoir pas eu, comme Achille, un Ho­mère pour chantre de ses ex­ploits, puisqu’il a trouvé, parmi les La­tins, un his­to­rien de sa tel que Quinte-Curce. Ce bio­graphe a l’avantage d’être un au­teur de pre­mier rang qui, in­dé­pen­dam­ment des mul­tiples dé­tails qu’il a pui­sés à des plus an­ciennes, nous montre une beauté de co­lo­ris, une d’ensemble, un re­lief que n’ont pas les autres de la la­ti­nité : «Une page de Quinte-Curce vaut mieux que trente de Ta­cite», dit un  4. «J’en puis ju­ger, car je l’ai au­tant ma­nié qu’[un] homme de ; j’en ai là-de­dans un [exem­plaire] où il n’y a ligne que je n’aie mar­quée… Quinte-Curce est le pre­mier de la la­ti­nité : si poli, si… clair et in­tel­li­gible.» J’ajouterai que Quinte-Curce est in­éga­lable dans toutes les ha­rangues et al­lo­cu­tions qu’il a prê­tées aux hé­ros de son ou­vrage. À peine peut-on s’imaginer qu’elles sont de sa propre in­ven­tion, et nous les trou­vons si ajus­tées aux per­sonnes qui les pro­noncent, qu’elles passent dans notre es­prit pour une co­pie exé­cu­tée sur le vé­ri­table ori­gi­nal de Cal­lis­thènes, d’Onésicrite, de Néarque ou de quelque autre parmi les chro­ni­queurs com­pa­gnons d’Alexandre. Celle-ci, par exemple :

«Alexandre fait as­seoir ses amis tout près de lui, pour évi­ter de rou­vrir, par quelque ef­fort de , sa bles­sure à peine ci­ca­tri­sée. Dans sa tente étaient Hé­phes­tion, Cra­tère et Éri­gyius, avec ses gardes… “Si nous pas­sons le Ta­naïs”, leur dit-il, “si… nous mon­trons que par­tout nous sommes in­vin­cibles, qui dou­tera alors que l’ même soit ou­verte à nos conquêtes? Ce se­rait se trom­per que de me­su­rer la gloire qui nous at­tend, à l’ que nous avons à fran­chir. Ce n’est qu’un fleuve; mais si nous le pas­sons, nous por­tons nos en Eu­rope. Et de quel prix n’est-il pas pour nous, pen­dant que nous conqué­rons l’Asie… de réunir entre elles tout d’un coup, par une seule vic­toire, des contrées que la semble avoir sé­pa­rées par de si loin­tains es­paces?”»

  1. Éga­le­ment connu sous le titre de «De la vie et des ac­tions d’Alexandre le Grand» («De re­bus ges­tis Alexan­dri Ma­gni»). Icône Haut
  2. En Quin­tus Cur­tius Ru­fus. Par­fois trans­crit Quinte Curse. Icône Haut
  1. Dans Ci­cé­ron, «Plai­doyer pour Ar­chias» («Pro Ar­chia»), sect. 24. Icône Haut
  2. Le car­di­nal Jacques Davy du Per­ron. Icône Haut

Rypka, « Dans l’intimité d’un mystique iranien »

dans « L’Âme de l’Iran » (coll. Spiritualités vivantes, éd. A. Michel, Paris), p. 105-131

dans «L’Âme de l’» (coll. Spi­ri­tua­li­tés vi­vantes, éd. A. Mi­chel, Pa­ris), p. 105-131

Il s’agit du ré­cit «Dans l’intimité d’un » du doc­teur Jan Rypka, pro­fes­seur ti­tu­laire de turque et ira­nienne à l’Université de Prague, doyen de la Fa­culté des lettres, membre fon­da­teur de l’Institut orien­tal tché­co­slo­vaque, of­fi­cier de la Lé­gion d’ (Pa­ris), lau­réat de la mé­daille Fir­dousi (Té­hé­ran), etc. C’est un fait constant à toutes les époques que les gens d’esprit, dé­si­reux de se faire com­prendre, in­ventent dans ce des­sein toutes sortes d’artifices et cherchent à mettre en œuvre toutes les res­sources dont ils dis­posent. Pa­reil souci a poussé le doc­teur Rypka à com­po­ser ce ré­cit où il offre, par la bouche d’un mys­tique ira­nien, une étude élo­quente et par­faite de l’ hu­maine. Deux rai­sons conju­guées ont in­cité ce sa­vant à faire par­ler un mys­tique ira­nien : il trou­vait là, en même qu’un moyen de s’exprimer en toute , un do­maine fa­mi­lier à ses re­cherches; quant au ré­cit lui-même, il joi­gnait l’agrément à la , celle-ci le fai­sant choi­sir par les , ce­lui-là — par les lé­gers. Le mys­tique en ques­tion est un vieillard frêle et mince, d’âge in­cer­tain. Sa de­meure, mi­nus­cule comme une cage d’oiseau, est tout à fait per­due dans le la­by­rinthe des pe­tites ruelles qui en­toure l’angle Nord-Est du ba­zar de Té­hé­ran. Il n’a ni of­fice ni pré­bende et il vit dans une ab­so­lue, presque au jour le jour, les dons de ses fi­dèles consti­tuant sa seule res­source ma­té­rielle. Et il donne en­core aux autres! Dans sa cham­brette bai­gnée de lu­mière, les hôtes s’installent gé­né­ra­le­ment au­tour d’une longue table, sur de larges di­vans lon­geant les murs, as­sis, et le dos ap­puyé sur des cous­sins. Dans un coin se trouve une autre table, plus pe­tite, cou­verte de et de per­sans et arabes. C’est là le vrai centre au­tour du­quel tourne la dans la mai­son­nette du maître. Lui-même aime à feuille­ter ces livres toutes les fois qu’il a un mo­ment de li­berté ou se les fait ré­ci­ter par d’excellents . Son poète fa­vori est Magh­ribi :

«Si je te sa­lue, c’est que toi-même, tu es le . Si je te bé­nis, c’est que tu es toi-même la béné.
Com­ment quelqu’un peut-il te don­ner à toi-même? Car tu es à la fois ton propre bien­fait et ton propre bien­fai­teur
»