« Dictionnaire des proverbes danois »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit d’un re­cueil de pro­verbes da­nois. Nul genre d’enseignement n’est plus an­cien que ce­lui des pro­verbes. Son ori­gine re­monte aux âges les plus re­cu­lés du globe. Dès que les hommes, mus par un ins­tinct ir­ré­sis­tible ou pous­sés par la vo­lonté di­vine, se furent réunis en so­ciété ; dès qu’ils eurent consti­tué un lan­gage suf­fi­sant à l’expression de leurs be­soins, les pro­verbes prirent nais­sance en tant que ré­sumé na­tu­rel des idées com­munes de l’humanité. « S’ils avaient pu se conser­ver, s’ils étaient par­ve­nus jusqu’à nous sous leur forme pri­mi­tive », dit Pierre-Ma­rie Qui­tard1, « ils se­raient le plus cu­rieux mo­nu­ment du pro­grès des pre­mières so­cié­tés ; ils jet­te­raient un jour mer­veilleux sur l’histoire de la ci­vi­li­sa­tion, dont ils mar­que­raient le point de dé­part avec une ir­ré­cu­sable fi­dé­lité. » La Bible, qui contient plu­sieurs livres de pro­verbes, dit : « Ce­lui qui ap­plique son âme à ré­flé­chir sur la Loi du Très-Haut… re­cherche le sens se­cret des pro­verbes et re­vient sans cesse sur les énigmes des maximes »2. Les sages de la Grèce eurent la même pen­sée que la Bible. Confu­cius imita les pro­verbes et fut à son tour imité par ses dis­ciples. De même que l’âge de l’arbre peut se ju­ger par le tronc ; de même, les pro­verbes nous ap­prennent le gé­nie ou l’esprit propre à chaque na­tion, et les dé­tails de sa vie pri­vée. On en te­nait cer­tains en telle es­time, qu’on les di­sait d’origine cé­leste : « C’est du ciel », dit Ju­vé­nal3, « que nous est ve­nue la maxime : “Connais-toi toi-même”. Il la fau­drait gra­ver dans son cœur et la mé­di­ter tou­jours. » C’est pour­quoi, d’ailleurs, on les gra­vait sur le de­vant des portes des temples, sur les co­lonnes et les marbres. Ces ins­crip­tions, très nom­breuses du temps de Pla­ton, fai­saient dire à ce phi­lo­sophe qu’on pou­vait faire un ex­cellent cours de mo­rale en voya­geant à pied, si l’on vou­lait les lire ; les pro­verbes étant « le fruit de l’expérience de tous les peuples et comme le bon sens de tous les siècles ré­duit en for­mules »4.

les pro­verbes prirent nais­sance en tant que ré­sumé na­tu­rel des idées com­munes de l’humanité

Voici un échan­tillon qui don­nera une idée du style des pro­verbes da­nois :
« C’est bien une pauvre rai­son que celle pour la­quelle le loup mange la bre­bis.
Ce­lui qui veut sai­gner, doit sa­voir aussi ban­der la plaie.
De grands hon­neurs, de grands cha­grins.
Ce­lui qui veut dé­fendre tout, ne re­met­tra ja­mais son épée dans le four­reau.
Il n’y avait que douze apôtres ; et ce­pen­dant, il se trou­vait un traître parmi eux.
Le tra­vail est la moi­tié de la santé.
L’héritage du sage se trouve par­tout : chaque pays est sa pa­trie, et chaque ville — son lieu de nais­sance.
Si l’on re­vêt un âne de la peau d’un lion, ses oreilles le dé­cè­le­ront.
L’épi vide se tient en l’air ; mais ce­lui qui est bien rem­pli baisse la tête.
Les grands pois­sons ne se prennent qu’avec de grands ha­me­çons.
Il vaut mieux se ser­vir de lu­nettes que de voir par les yeux d’autrui.
Plus une mon­tagne est éle­vée, plus pro­fonde est la val­lée5.
Bien des gens bâ­tissent des mai­sons et en sont les pre­miers chas­sés.
Le plus pe­sant far­deau en che­min est une bourse mal rem­plie.
Le pre­mier pas vers la vertu est d’aimer la vertu dans les autres.
La crainte est la com­pagne d’une mau­vaise conscience
 ».

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  1. « Études his­to­riques, lit­té­raires et mo­rales sur les pro­verbes fran­çais et le lan­gage pro­ver­bial », p. 2. Haut
  2. « Livre de l’Ecclésiastique », XXXIX, 1-3. Haut
  3. « Sa­tires », poème XI, v. 27-28. Haut
  1. An­toine de Ri­va­rol, « Dis­cours sur l’universalité de la langue fran­çaise ». Haut
  2. Plus un homme est élevé, plus grande est sa chute. Haut