Il s’agit des « Châtiments » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »
violence
« Le Dit des Heiké : le cycle épique des Taïra et des Minamoto »
éd. Publications orientalistes de France, coll. Les Œuvres capitales de la littérature japonaise, Paris
Il s’agit du « Dit des Heiké » (« Heike monogatari » 1). Au XIIe siècle apr. J.-C., le Japon fut le théâtre de luttes intestines et de guerres acharnées qui culminèrent avec la bataille d’Ichi-no-Tani 2, dans laquelle les Taira, protecteurs du jeune Empereur et maîtres de Kyôto et du Japon de l’Ouest, furent vaincus par les Minamoto, tenants du Japon oriental. L’incidence de ce branle-bas fut sensible dans le domaine littéraire. Alors que l’époque précédente, relativement paisible, avait vu se développer le genre des dits courtois, ce furent les dits guerriers ou « gunki monogatari » 3 qui vinrent à éclosion dans ces années troublées. Rédigés d’après des traditions orales, ces dits guerriers furent récités sur les marchés et les places publiques, aux abords des ponts, aux croisements des chemins par des « biwa-hôshi » 4 — des aveugles qui portaient l’habit des moines (« hôshi ») et qui jouaient d’un luth à quatre cordes (« biwa » 5). Ces aveugles portaient la robe monacale, parce qu’ils étaient sans doute sous la protection des temples et des grandes bonzeries. Du reste, la chronique qu’ils récitaient avait pour but non pas tant de conserver le souvenir des héros, comme l’épopée européenne, mais d’exprimer la vanité des splendeurs terrestres et le néant de la gloire ; et au lieu de chanter « les armes et l’homme », elle rappelait dès la première ligne « l’impermanence de toutes choses ». « [Cette chronique a] pu jouer une fonction rituelle, celle d’apaiser les âmes [de ceux] ayant péri dans les combats. Mais il s’agit aussi de chercher un sens aux événements chaotiques qui ont mis fin à l’ordre ancien », disent des orientalistes
- En japonais « 平家物語 ».
- En japonais 一ノ谷の戦い.
- En japonais 軍記物語.
- En japonais 琵琶法師.
- « Né dans le royaume de Perse et ses régions limitrophes, le “biwa” s’est diffusé en Asie orientale le long de la Route de la soie. Perfectionné en Chine, il est parvenu dans l’archipel japonais vers le VIIIe siècle apr. J.-C. », dit M. Hyôdô Hiromi (dans « De l’épopée au Japon », p. 55-56).
« Le Dit de Hôgen • Le Dit de Heiji : le cycle épique des Taïra et des Minamoto »
éd. Publications orientalistes de France, coll. Les Œuvres capitales de la littérature japonaise, Paris
Il s’agit du « Dit de Hôgen » (« Hôgen monogatari » 1) et du « Dit de Heiji » (« Heiji monogatari » 2). Au XIIe siècle apr. J.-C., le Japon fut le théâtre de luttes intestines et de guerres acharnées qui culminèrent avec la bataille d’Ichi-no-Tani 3, dans laquelle les Taira, protecteurs du jeune Empereur et maîtres de Kyôto et du Japon de l’Ouest, furent vaincus par les Minamoto, tenants du Japon oriental. L’incidence de ce branle-bas fut sensible dans le domaine littéraire. Alors que l’époque précédente, relativement paisible, avait vu se développer le genre des dits courtois, ce furent les dits guerriers ou « gunki monogatari » 4 qui vinrent à éclosion dans ces années troublées. Rédigés d’après des traditions orales, ces dits guerriers furent récités sur les marchés et les places publiques, aux abords des ponts, aux croisements des chemins par des « biwa-hôshi » 5 — des aveugles qui portaient l’habit des moines (« hôshi ») et qui jouaient d’un luth à quatre cordes (« biwa » 6). Ces aveugles portaient la robe monacale, parce qu’ils étaient sans doute sous la protection des temples et des grandes bonzeries. Du reste, la chronique qu’ils récitaient avait pour but non pas tant de conserver le souvenir des héros, comme l’épopée européenne, mais d’exprimer la vanité des splendeurs terrestres et le néant de la gloire ; et au lieu de chanter « les armes et l’homme », elle rappelait dès la première ligne « l’impermanence de toutes choses ». « [Cette chronique a] pu jouer une fonction rituelle, celle d’apaiser les âmes [de ceux] ayant péri dans les combats. Mais il s’agit aussi de chercher un sens aux événements chaotiques qui ont mis fin à l’ordre ancien », disent des orientalistes
- En japonais « 保元物語 ». Autrefois transcrit « Hôghenn monogatari ».
- En japonais « 平治物語 ». Autrefois transcrit « Heïdji monogatari ».
- En japonais 一ノ谷の戦い.
- En japonais 軍記物語.
- En japonais 琵琶法師.
- « Né dans le royaume de Perse et ses régions limitrophes, le “biwa” s’est diffusé en Asie orientale le long de la Route de la soie. Perfectionné en Chine, il est parvenu dans l’archipel japonais vers le VIIIe siècle apr. J.-C. », dit M. Hyôdô Hiromi (dans « De l’épopée au Japon », p. 55-56).