Icône Mot-clefÉtienne Quatremère

tra­duc­teur ou tra­duc­trice

« Mémoire sur l’ouvrage intitulé “Kitâb Alagâni”, c’est-à-dire “Recueil de chansons”, [d’Abû al-Faraj] »

dans « Journal asiatique », sér. 2, vol. 16, p. 385-419 & 497-545 ; sér. 3, vol. 6, p. 465-526

dans «Jour­nal asia­tique», sér. 2, vol. 16, p. 385-419 & 497-545; sér. 3, vol. 6, p. 465-526

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Livre des chants» («Ki­tâb al-Ag­hâni» 1) d’Abû al-Fa­raj 2, chro­ni­queur et de lettres , éga­le­ment connu sous le sur­nom d’al-Isfahânî 3. Il na­quit, ainsi que son sur­nom l’indique, à Is­pa­han (en ), mais tout à fait par ha­sard, car il se rat­ta­chait à la li­gnée des Omeyyades, maîtres de l’, et il était de pure race arabe. Trans­porté de bonne heure à (en ), il s’attela à l’étude de la , de la , de l’; il se consti­tua, en outre, un so­lide ba­gage mé­di­cal, as­tro­lo­gique, mu­si­cal. Il de­vint, en un mot, un vrai homme d’«adab», c’est-à-dire un éru­dit tou­chant de près ou de loin à tous les do­maines de la connais­sance. À un âge avancé, il per­dit peu à peu la et mou­rut en 967 apr. J.-C. Il laissa der­rière lui plu­sieurs beaux ou­vrages, entre autres ce­lui in­ti­tulé «Le Livre des chants», au­quel il consa­cra cin­quante ans de sa , et qu’on s’accorde una­ni­me­ment à re­gar­der comme le meilleur qui ait paru sur ce su­jet. Abû al-Fa­raj prit soin d’y réunir tout ce qu’il put trou­ver de chants arabes, tant an­ciens que mo­dernes. Il s’appliqua, pour cha­cun de ces chants, à dé­si­gner l’auteur des vers et ce­lui de la ; à in­di­quer, avec clarté et avec pré­ci­sion, l’occasion qui donna nais­sance au poème ou à l’air; le tout avec des dé­tails cir­cons­tan­ciés sur la , l’, les gé­néa­lo­gies, la suc­ces­sion des dy­nas­ties, etc. Au ha­sard des cha­pitres, nous ac­com­pa­gnons un poète à la Cour du ca­life Hâ­roun al-Ra­chîd, as­sis­tons à une que­relle lit­té­raire dans une ta­verne de Bag­dad, pé­né­trons dans le sa­lon d’une chan­teuse de re­nom. C’est «une luxu­riante, consi­dé­rable par le vo­lume, pré­cieuse dans le dé­tail; une pro­fuse, un pêle-mêle pa­pillo­tant, un gi­se­ment ou­vert à qui­conque veut s’instruire sur la , l’histoire et la vie des Arabes, de l’origine au Xe siècle apr. J.-C.; un fi­lon ex­ploi­table, et d’ailleurs ex­ploité jusqu’à nos jours, par la science orien­tale et orien­ta­liste», dit un tra­duc­teur 4. Bref, c’est une mine très riche et très com­plète sur tout ce qui concerne les Arabes, et c’est en mine que la pos­té­rité aura «Le Livre des chants» plu­tôt qu’en œuvre ayant une propre. Car, tout en re­con­nais­sant le mé­rite in­con­tes­table de cette col­lec­tion de plus d’une ving­taine de vo­lumes, et tout en ad­mi­rant l’abondance et la va­riété des faits qu’Abû al-Fa­raj a ac­cu­mu­lés en pré­pa­rant son su­jet, la pos­té­rité aura re­gretté que, dans bien des cas, il n’ait pas éla­gué tout ce qui est in­utile ou su­per­flu et uni en­semble tout ce qui ne dif­fère que par des dif­fé­rences as­sez lé­gères.

  1. En arabe «كتاب الأغاني». Par­fois trans­crit «Kit­tab el Aghani», «Ki­tâb Ala­gâni», «Ki­tâb Alag­hâny», «Ki­tab el Ag­hâ­niy» ou «Ke­tab el Aghani». Icône Haut
  2. En arabe أبو الفرج. Au­tre­fois trans­crit Aboul­fa­rage, Abou el Fa­radj, Abou’l-Feredj, Abû’lfaraǵ, Aboul-Fa­radg ou Aboûl­fa­raj. Icône Haut
  1. En arabe الأصفهاني. Au­tre­fois trans­crit al As­fa­hânî, Alis­fa­hâny, el-Es­fa­hani, el-Iç­fa­hâni ou el-Is­pa­hani. On ren­contre aussi la gra­phie الأصبهاني (al-Is­ba­hânî). Au­tre­fois trans­crit el-Iç­ba­hâni. Icône Haut
  2. M. Jacques Berque. Icône Haut

« Proverbes arabes d’[Abou’l-fadl Ahmed] Meïdani »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit d’un re­cueil de arabes. Nul genre d’ n’est plus an­cien que ce­lui des pro­verbes. Son ori­gine re­monte aux âges les plus re­cu­lés du globe. Dès que les hommes, mus par un ins­tinct ir­ré­sis­tible ou pous­sés par la vo­lonté di­vine, se furent réunis en ; dès qu’ils eurent consti­tué un suf­fi­sant à l’expression de leurs be­soins, les pro­verbes prirent nais­sance en tant que ré­sumé na­tu­rel des idées com­munes de l’. «S’ils avaient pu se conser­ver, s’ils étaient jusqu’à nous sous leur forme pri­mi­tive», dit -Ma­rie Qui­tard 1, «ils se­raient le plus cu­rieux mo­nu­ment du pro­grès des pre­mières so­cié­tés; ils jet­te­raient un jour sur l’ de la , dont ils mar­que­raient le point de dé­part avec une ir­ré­cu­sable fi­dé­lité.» La , qui contient plu­sieurs de pro­verbes, dit : «Ce­lui qui ap­plique son à ré­flé­chir sur la Loi du Très-Haut… le sens se­cret des pro­verbes et re­vient sans cesse sur les des » 2. Les de la eurent la même que la Bible. Confu­cius imita les pro­verbes et fut à son tour imité par ses dis­ciples. De même que l’âge de l’arbre peut se ju­ger par le tronc; de même, les pro­verbes nous ap­prennent le ou l’esprit propre à chaque , et les dé­tails de sa pri­vée. On en te­nait cer­tains en telle es­time, qu’on les di­sait d’origine cé­leste : «C’est du », dit Ju­vé­nal 3, «que nous est ve­nue la maxime : “Connais-toi toi-même”. Il la fau­drait gra­ver dans son cœur et la mé­di­ter tou­jours.» C’est pour­quoi, d’ailleurs, on les gra­vait sur le de­vant des portes des temples, sur les co­lonnes et les marbres. Ces , très nom­breuses du de Pla­ton, fai­saient dire à ce phi­lo­sophe qu’on pou­vait faire un ex­cellent cours de en voya­geant à pied, si l’on vou­lait les lire; les pro­verbes étant «le fruit de l’ de tous les peuples et comme le bon sens de tous les siècles ré­duit en for­mules»

  1. «Études his­to­riques, lit­té­raires et mo­rales sur les et le lan­gage pro­ver­bial», p. 2. Icône Haut
  2. «Livre de l’Ecclésiastique», XXXIX, 1-3. Icône Haut
  1. «Sa­tires», poème XI, v. 27-28. Icône Haut