Mot-clefmémoire collective

su­jet

Chateaubriand, «Voyages en Amérique et en Italie. Tome II»

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Voyage en Ita­lie» et autres œuvres de Fran­çois René de Cha­teau­briand, au­teur et po­li­tique fran­çais, père du ro­man­tisme chré­tien. Le mal, le grand mal de Cha­teau­briand fut d’être né entre deux siècles, «comme au confluent de deux fleuves» 1, et de voir les ca­rac­tères op­po­sés de ces deux siècles se ren­con­trer dans ses opi­nions. Sorti des en­trailles de l’ancienne mo­nar­chie, de l’ancienne aris­to­cra­tie, il se plaça contre la Ré­vo­lu­tion fran­çaise, dès qu’il la vit dans ses pre­mières vio­lences, et il resta roya­liste, sou­vent contre son ins­tinct. Car au fond de lui-même, il était de la race, de la fa­mille de Na­po­léon Bo­na­parte. Même fougue, même éclat, même mé­lan­co­lie mo­derne. Si les Bour­bons avaient mieux ap­pré­cié Cha­teau­briand, il est pos­sible qu’il eût été moins vul­né­rable au sou­ve­nir de l’Empereur de­venu res­plen­dis­sant comme un «large so­leil». Le pa­ral­lèle qu’il fait dans ses «Mé­moires d’outre-tombe» entre l’Empire et la mo­nar­chie bour­bo­nienne, pour cruel qu’il soit, est l’expression sin­cère de la concep­tion de l’auteur, tel­le­ment plus vraie que celle du po­li­tique : «Re­tom­ber de Bo­na­parte et de l’Empire à ce qui les a sui­vis, c’est tom­ber de la réa­lité dans le néant; du som­met d’une mon­tagne dans un gouffre. Tout n’est-il pas ter­miné avec Na­po­léon?… Com­ment nom­mer Louis XVIII en place de l’Empereur? Je rou­gis en [y] pen­sant». Triste jusqu’au déses­poir, sans amis et sans es­pé­rance, il était ob­sédé par un passé à ja­mais éva­noui et tombé dans le néant. «Je n’ai plus qu’à m’asseoir sur des ruines et à mé­pri­ser cette vie», écri­vait-il 2 en son­geant qu’il était lui-même une ruine en­core plus chan­ce­lante. Au­cune pen­sée ne ve­nait le conso­ler ex­cepté la re­li­gion chré­tienne, à la­quelle il était re­venu avec cha­leur et avec vé­hé­mence. Sa mère et sa sœur avaient eu la plus grande part à cette conver­sion : «Ma mère, après avoir été je­tée à soixante-douze ans dans des ca­chots où elle vit pé­rir une par­tie de ses en­fants, ex­pira en­fin sur un gra­bat, où ses mal­heurs l’avaient re­lé­guée. Le sou­ve­nir de mes éga­re­ments [le scep­ti­cisme de mon “Es­sai sur les Ré­vo­lu­tions”] ré­pan­dit sur ses der­niers jours une grande amer­tume; elle char­gea, en mou­rant, une de mes sœurs de me rap­pe­ler à cette re­li­gion dans la­quelle j’avais été élevé. Ma sœur me manda le der­nier vœu de ma mère. Quand la lettre me par­vint au-delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus; elle était morte aussi des suites de son em­pri­son­ne­ment. Ces deux voix sor­ties du tom­beau, cette mort qui ser­vait d’interprète à la mort, m’ont frappé; je suis de­venu chré­tien»

  1. «Mé­moires d’outre-tombe», liv. XLIII, ch. VIII. Haut
  1. «Études his­to­riques». Haut

Chateaubriand, «Voyages en Amérique et en Italie. Tome I»

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Voyage en Amé­rique» et autres œuvres de Fran­çois René de Cha­teau­briand, au­teur et po­li­tique fran­çais, père du ro­man­tisme chré­tien. Le mal, le grand mal de Cha­teau­briand fut d’être né entre deux siècles, «comme au confluent de deux fleuves» 1, et de voir les ca­rac­tères op­po­sés de ces deux siècles se ren­con­trer dans ses opi­nions. Sorti des en­trailles de l’ancienne mo­nar­chie, de l’ancienne aris­to­cra­tie, il se plaça contre la Ré­vo­lu­tion fran­çaise, dès qu’il la vit dans ses pre­mières vio­lences, et il resta roya­liste, sou­vent contre son ins­tinct. Car au fond de lui-même, il était de la race, de la fa­mille de Na­po­léon Bo­na­parte. Même fougue, même éclat, même mé­lan­co­lie mo­derne. Si les Bour­bons avaient mieux ap­pré­cié Cha­teau­briand, il est pos­sible qu’il eût été moins vul­né­rable au sou­ve­nir de l’Empereur de­venu res­plen­dis­sant comme un «large so­leil». Le pa­ral­lèle qu’il fait dans ses «Mé­moires d’outre-tombe» entre l’Empire et la mo­nar­chie bour­bo­nienne, pour cruel qu’il soit, est l’expression sin­cère de la concep­tion de l’auteur, tel­le­ment plus vraie que celle du po­li­tique : «Re­tom­ber de Bo­na­parte et de l’Empire à ce qui les a sui­vis, c’est tom­ber de la réa­lité dans le néant; du som­met d’une mon­tagne dans un gouffre. Tout n’est-il pas ter­miné avec Na­po­léon?… Com­ment nom­mer Louis XVIII en place de l’Empereur? Je rou­gis en [y] pen­sant». Triste jusqu’au déses­poir, sans amis et sans es­pé­rance, il était ob­sédé par un passé à ja­mais éva­noui et tombé dans le néant. «Je n’ai plus qu’à m’asseoir sur des ruines et à mé­pri­ser cette vie», écri­vait-il 2 en son­geant qu’il était lui-même une ruine en­core plus chan­ce­lante. Au­cune pen­sée ne ve­nait le conso­ler ex­cepté la re­li­gion chré­tienne, à la­quelle il était re­venu avec cha­leur et avec vé­hé­mence. Sa mère et sa sœur avaient eu la plus grande part à cette conver­sion : «Ma mère, après avoir été je­tée à soixante-douze ans dans des ca­chots où elle vit pé­rir une par­tie de ses en­fants, ex­pira en­fin sur un gra­bat, où ses mal­heurs l’avaient re­lé­guée. Le sou­ve­nir de mes éga­re­ments [le scep­ti­cisme de mon “Es­sai sur les Ré­vo­lu­tions”] ré­pan­dit sur ses der­niers jours une grande amer­tume; elle char­gea, en mou­rant, une de mes sœurs de me rap­pe­ler à cette re­li­gion dans la­quelle j’avais été élevé. Ma sœur me manda le der­nier vœu de ma mère. Quand la lettre me par­vint au-delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus; elle était morte aussi des suites de son em­pri­son­ne­ment. Ces deux voix sor­ties du tom­beau, cette mort qui ser­vait d’interprète à la mort, m’ont frappé; je suis de­venu chré­tien»

  1. «Mé­moires d’outre-tombe», liv. XLIII, ch. VIII. Haut
  1. «Études his­to­riques». Haut

Chateaubriand, «Mémoires d’outre-tombe. Tome II»

éd. Gallimard, coll. Quarto, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Quarto, Pa­ris

Il s’agit des «Mé­moires d’outre-tombe» de Fran­çois René de Cha­teau­briand, au­teur et po­li­tique fran­çais, père du ro­man­tisme chré­tien. Le mal, le grand mal de Cha­teau­briand fut d’être né entre deux siècles, «comme au confluent de deux fleuves» 1, et de voir les ca­rac­tères op­po­sés de ces deux siècles se ren­con­trer dans ses opi­nions. Sorti des en­trailles de l’ancienne mo­nar­chie, de l’ancienne aris­to­cra­tie, il se plaça contre la Ré­vo­lu­tion fran­çaise, dès qu’il la vit dans ses pre­mières vio­lences, et il resta roya­liste, sou­vent contre son ins­tinct. Car au fond de lui-même, il était de la race, de la fa­mille de Na­po­léon Bo­na­parte. Même fougue, même éclat, même mé­lan­co­lie mo­derne. Si les Bour­bons avaient mieux ap­pré­cié Cha­teau­briand, il est pos­sible qu’il eût été moins vul­né­rable au sou­ve­nir de l’Empereur de­venu res­plen­dis­sant comme un «large so­leil». Le pa­ral­lèle qu’il fait dans ses «Mé­moires d’outre-tombe» entre l’Empire et la mo­nar­chie bour­bo­nienne, pour cruel qu’il soit, est l’expression sin­cère de la concep­tion de l’auteur, tel­le­ment plus vraie que celle du po­li­tique : «Re­tom­ber de Bo­na­parte et de l’Empire à ce qui les a sui­vis, c’est tom­ber de la réa­lité dans le néant; du som­met d’une mon­tagne dans un gouffre. Tout n’est-il pas ter­miné avec Na­po­léon?… Com­ment nom­mer Louis XVIII en place de l’Empereur? Je rou­gis en [y] pen­sant». Triste jusqu’au déses­poir, sans amis et sans es­pé­rance, il était ob­sédé par un passé à ja­mais éva­noui et tombé dans le néant. «Je n’ai plus qu’à m’asseoir sur des ruines et à mé­pri­ser cette vie», écri­vait-il 2 en son­geant qu’il était lui-même une ruine en­core plus chan­ce­lante. Au­cune pen­sée ne ve­nait le conso­ler ex­cepté la re­li­gion chré­tienne, à la­quelle il était re­venu avec cha­leur et avec vé­hé­mence. Sa mère et sa sœur avaient eu la plus grande part à cette conver­sion : «Ma mère, après avoir été je­tée à soixante-douze ans dans des ca­chots où elle vit pé­rir une par­tie de ses en­fants, ex­pira en­fin sur un gra­bat, où ses mal­heurs l’avaient re­lé­guée. Le sou­ve­nir de mes éga­re­ments [le scep­ti­cisme de mon “Es­sai sur les Ré­vo­lu­tions”] ré­pan­dit sur ses der­niers jours une grande amer­tume; elle char­gea, en mou­rant, une de mes sœurs de me rap­pe­ler à cette re­li­gion dans la­quelle j’avais été élevé. Ma sœur me manda le der­nier vœu de ma mère. Quand la lettre me par­vint au-delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus; elle était morte aussi des suites de son em­pri­son­ne­ment. Ces deux voix sor­ties du tom­beau, cette mort qui ser­vait d’interprète à la mort, m’ont frappé; je suis de­venu chré­tien»

  1. «Mé­moires d’outre-tombe», liv. XLIII, ch. VIII. Haut
  1. «Études his­to­riques». Haut

Chateaubriand, «Mémoires d’outre-tombe. Tome I»

éd. Gallimard, coll. Quarto, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Quarto, Pa­ris

Il s’agit des «Mé­moires d’outre-tombe» de Fran­çois René de Cha­teau­briand, au­teur et po­li­tique fran­çais, père du ro­man­tisme chré­tien. Le mal, le grand mal de Cha­teau­briand fut d’être né entre deux siècles, «comme au confluent de deux fleuves» 1, et de voir les ca­rac­tères op­po­sés de ces deux siècles se ren­con­trer dans ses opi­nions. Sorti des en­trailles de l’ancienne mo­nar­chie, de l’ancienne aris­to­cra­tie, il se plaça contre la Ré­vo­lu­tion fran­çaise, dès qu’il la vit dans ses pre­mières vio­lences, et il resta roya­liste, sou­vent contre son ins­tinct. Car au fond de lui-même, il était de la race, de la fa­mille de Na­po­léon Bo­na­parte. Même fougue, même éclat, même mé­lan­co­lie mo­derne. Si les Bour­bons avaient mieux ap­pré­cié Cha­teau­briand, il est pos­sible qu’il eût été moins vul­né­rable au sou­ve­nir de l’Empereur de­venu res­plen­dis­sant comme un «large so­leil». Le pa­ral­lèle qu’il fait dans ses «Mé­moires d’outre-tombe» entre l’Empire et la mo­nar­chie bour­bo­nienne, pour cruel qu’il soit, est l’expression sin­cère de la concep­tion de l’auteur, tel­le­ment plus vraie que celle du po­li­tique : «Re­tom­ber de Bo­na­parte et de l’Empire à ce qui les a sui­vis, c’est tom­ber de la réa­lité dans le néant; du som­met d’une mon­tagne dans un gouffre. Tout n’est-il pas ter­miné avec Na­po­léon?… Com­ment nom­mer Louis XVIII en place de l’Empereur? Je rou­gis en [y] pen­sant». Triste jusqu’au déses­poir, sans amis et sans es­pé­rance, il était ob­sédé par un passé à ja­mais éva­noui et tombé dans le néant. «Je n’ai plus qu’à m’asseoir sur des ruines et à mé­pri­ser cette vie», écri­vait-il 2 en son­geant qu’il était lui-même une ruine en­core plus chan­ce­lante. Au­cune pen­sée ne ve­nait le conso­ler ex­cepté la re­li­gion chré­tienne, à la­quelle il était re­venu avec cha­leur et avec vé­hé­mence. Sa mère et sa sœur avaient eu la plus grande part à cette conver­sion : «Ma mère, après avoir été je­tée à soixante-douze ans dans des ca­chots où elle vit pé­rir une par­tie de ses en­fants, ex­pira en­fin sur un gra­bat, où ses mal­heurs l’avaient re­lé­guée. Le sou­ve­nir de mes éga­re­ments [le scep­ti­cisme de mon “Es­sai sur les Ré­vo­lu­tions”] ré­pan­dit sur ses der­niers jours une grande amer­tume; elle char­gea, en mou­rant, une de mes sœurs de me rap­pe­ler à cette re­li­gion dans la­quelle j’avais été élevé. Ma sœur me manda le der­nier vœu de ma mère. Quand la lettre me par­vint au-delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus; elle était morte aussi des suites de son em­pri­son­ne­ment. Ces deux voix sor­ties du tom­beau, cette mort qui ser­vait d’interprète à la mort, m’ont frappé; je suis de­venu chré­tien»

  1. «Mé­moires d’outre-tombe», liv. XLIII, ch. VIII. Haut
  1. «Études his­to­riques». Haut

Chateaubriand, «Mélanges littéraires»

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Mé­langes lit­té­raires» de Fran­çois René de Cha­teau­briand, au­teur et po­li­tique fran­çais, père du ro­man­tisme chré­tien. Le mal, le grand mal de Cha­teau­briand fut d’être né entre deux siècles, «comme au confluent de deux fleuves» 1, et de voir les ca­rac­tères op­po­sés de ces deux siècles se ren­con­trer dans ses opi­nions. Sorti des en­trailles de l’ancienne mo­nar­chie, de l’ancienne aris­to­cra­tie, il se plaça contre la Ré­vo­lu­tion fran­çaise, dès qu’il la vit dans ses pre­mières vio­lences, et il resta roya­liste, sou­vent contre son ins­tinct. Car au fond de lui-même, il était de la race, de la fa­mille de Na­po­léon Bo­na­parte. Même fougue, même éclat, même mé­lan­co­lie mo­derne. Si les Bour­bons avaient mieux ap­pré­cié Cha­teau­briand, il est pos­sible qu’il eût été moins vul­né­rable au sou­ve­nir de l’Empereur de­venu res­plen­dis­sant comme un «large so­leil». Le pa­ral­lèle qu’il fait dans ses «Mé­moires d’outre-tombe» entre l’Empire et la mo­nar­chie bour­bo­nienne, pour cruel qu’il soit, est l’expression sin­cère de la concep­tion de l’auteur, tel­le­ment plus vraie que celle du po­li­tique : «Re­tom­ber de Bo­na­parte et de l’Empire à ce qui les a sui­vis, c’est tom­ber de la réa­lité dans le néant; du som­met d’une mon­tagne dans un gouffre. Tout n’est-il pas ter­miné avec Na­po­léon?… Com­ment nom­mer Louis XVIII en place de l’Empereur? Je rou­gis en [y] pen­sant». Triste jusqu’au déses­poir, sans amis et sans es­pé­rance, il était ob­sédé par un passé à ja­mais éva­noui et tombé dans le néant. «Je n’ai plus qu’à m’asseoir sur des ruines et à mé­pri­ser cette vie», écri­vait-il 2 en son­geant qu’il était lui-même une ruine en­core plus chan­ce­lante. Au­cune pen­sée ne ve­nait le conso­ler ex­cepté la re­li­gion chré­tienne, à la­quelle il était re­venu avec cha­leur et avec vé­hé­mence. Sa mère et sa sœur avaient eu la plus grande part à cette conver­sion : «Ma mère, après avoir été je­tée à soixante-douze ans dans des ca­chots où elle vit pé­rir une par­tie de ses en­fants, ex­pira en­fin sur un gra­bat, où ses mal­heurs l’avaient re­lé­guée. Le sou­ve­nir de mes éga­re­ments [le scep­ti­cisme de mon “Es­sai sur les Ré­vo­lu­tions”] ré­pan­dit sur ses der­niers jours une grande amer­tume; elle char­gea, en mou­rant, une de mes sœurs de me rap­pe­ler à cette re­li­gion dans la­quelle j’avais été élevé. Ma sœur me manda le der­nier vœu de ma mère. Quand la lettre me par­vint au-delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus; elle était morte aussi des suites de son em­pri­son­ne­ment. Ces deux voix sor­ties du tom­beau, cette mort qui ser­vait d’interprète à la mort, m’ont frappé; je suis de­venu chré­tien»

  1. «Mé­moires d’outre-tombe», liv. XLIII, ch. VIII. Haut
  1. «Études his­to­riques». Haut

Josèphe, «Antiquités judaïques. Tome III. Livres XI à XV»

éd. E. Leroux, coll. Publications de la Société des études juives, Paris

éd. E. Le­roux, coll. Pu­bli­ca­tions de la So­ciété des études juives, Pa­ris

Il s’agit des «An­ti­qui­tés ju­daïques» («Iou­daïkê ar­chaio­lo­gia» 1) de Jo­sèphe ben Mat­thias, his­to­rien juif, plus connu sous le sur­nom de Fla­vius Jo­sèphe 2 (Ier siècle apr. J.-C.). Jo­sèphe était né pour de­ve­nir grand rab­bin ou roi; les cir­cons­tances en firent un his­to­rien. Et telle fut la des­ti­née sin­gu­lière de sa vie qu’il se trans­forma en ad­mi­ra­teur et en flat­teur d’une dy­nas­tie d’Empereurs ro­mains dont l’exploit fon­da­men­tal fut l’anéantissement de Jé­ru­sa­lem, et sur les mon­naies des­quels fi­gu­rait une femme as­sise, pleu­rant sous un pal­mier, avec la lé­gende «Judæa capta, Judæa de­victa» («la Ju­dée cap­tive, la Ju­dée vain­cue»). «Au lieu de la re­nom­mée qu’il am­bi­tion­nait… et que sem­blaient lui pro­mettre de pré­coces suc­cès, il ne s’attira guère que la haine et le mé­pris de la plu­part des siens, tan­dis que les Ro­mains, d’abord ses en­ne­mis, le com­blèrent fi­na­le­ment de biens et d’honneurs», dit le père Louis-Hugues Vincent 3. C’est que ce des­cen­dant de fa­mille illustre, ce pro­dige des écoles de Jé­ru­sa­lem, ce chef «des deux Ga­li­lées… et de Ga­mala» 4, ra­cheta sa vie en pac­ti­sant avec l’ennemi; aban­donna ses de­voirs de chef, d’homme d’honneur et de pa­triote; et fi­nit ses jours dans la dou­ceur d’une re­traite do­rée, après être de­venu ci­toyen de Rome et client de Ves­pa­sien. Il fei­gnit de voir dans ce gé­né­ral étran­ger, des­truc­teur de la Ville sainte et tueur d’un mil­lion de Juifs, le li­bé­ra­teur pro­mis à ses aïeux; il lui pré­dit, en se pros­ter­nant de­vant lui : «Tu se­ras maître, Cé­sar, non seule­ment de moi, mais de la terre, de la mer et de tout le genre hu­main» 5; et cette basse flat­te­rie, cette hon­teuse du­pli­cité, est une tache in­dé­lé­bile sur la vie d’un homme par ailleurs es­ti­mable. Ayant pris le sur­nom de Fla­vius pour mieux mon­trer sa sou­mis­sion, il consa­cra l’abondance de ses loi­sirs, la sou­plesse de son ta­lent et l’étendue de son éru­di­tion à re­le­ver les suc­cès des sol­dats qui dé­trui­sirent sa pa­trie et la rayèrent de la carte. «Il a dé­crit [cette des­truc­tion] tout en­tière; il en a re­cueilli les moindres dé­tails, et son exac­ti­tude scru­pu­leuse étonne en­core le lec­teur… L’israélite, ébloui de ces mer­veilles, ne se sou­vient pas que ce sont les dé­pouilles de ses conci­toyens; qu’il s’agit de la Ju­dée anéan­tie; que ce Dieu ou­tragé est son Dieu, et qu’il as­siste aux fu­né­railles de son pays», dit Phi­la­rète Chasles

  1. En grec «Ἰουδαϊκὴ ἀρχαιολογία». Haut
  2. En la­tin Fla­vius Jo­se­phus. Au­tre­fois trans­crit Flave Jo­sèphe ou Fla­vien Jo­seph. Haut
  3. «Chro­no­lo­gie des œuvres de Jo­sèphe», p. 366. Haut
  1. En grec «τῆς Γαλιλαίας ἑκατέρας… καὶ Γάμαλα». «Guerre des Juifs», liv. II, sect. 568. Haut
  2. En grec «Δεσπότης… οὐ μόνον ἐμοῦ σὺ Καῖσαρ, ἀλλὰ καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ παντὸς ἀνθρώπων γένους». «Guerre des Juifs», liv. III, sect. 402. Haut

Josèphe, «Antiquités judaïques. Tome II. Livres VI à X»

éd. E. Leroux, coll. Publications de la Société des études juives, Paris

éd. E. Le­roux, coll. Pu­bli­ca­tions de la So­ciété des études juives, Pa­ris

Il s’agit des «An­ti­qui­tés ju­daïques» («Iou­daïkê ar­chaio­lo­gia» 1) de Jo­sèphe ben Mat­thias, his­to­rien juif, plus connu sous le sur­nom de Fla­vius Jo­sèphe 2 (Ier siècle apr. J.-C.). Jo­sèphe était né pour de­ve­nir grand rab­bin ou roi; les cir­cons­tances en firent un his­to­rien. Et telle fut la des­ti­née sin­gu­lière de sa vie qu’il se trans­forma en ad­mi­ra­teur et en flat­teur d’une dy­nas­tie d’Empereurs ro­mains dont l’exploit fon­da­men­tal fut l’anéantissement de Jé­ru­sa­lem, et sur les mon­naies des­quels fi­gu­rait une femme as­sise, pleu­rant sous un pal­mier, avec la lé­gende «Judæa capta, Judæa de­victa» («la Ju­dée cap­tive, la Ju­dée vain­cue»). «Au lieu de la re­nom­mée qu’il am­bi­tion­nait… et que sem­blaient lui pro­mettre de pré­coces suc­cès, il ne s’attira guère que la haine et le mé­pris de la plu­part des siens, tan­dis que les Ro­mains, d’abord ses en­ne­mis, le com­blèrent fi­na­le­ment de biens et d’honneurs», dit le père Louis-Hugues Vincent 3. C’est que ce des­cen­dant de fa­mille illustre, ce pro­dige des écoles de Jé­ru­sa­lem, ce chef «des deux Ga­li­lées… et de Ga­mala» 4, ra­cheta sa vie en pac­ti­sant avec l’ennemi; aban­donna ses de­voirs de chef, d’homme d’honneur et de pa­triote; et fi­nit ses jours dans la dou­ceur d’une re­traite do­rée, après être de­venu ci­toyen de Rome et client de Ves­pa­sien. Il fei­gnit de voir dans ce gé­né­ral étran­ger, des­truc­teur de la Ville sainte et tueur d’un mil­lion de Juifs, le li­bé­ra­teur pro­mis à ses aïeux; il lui pré­dit, en se pros­ter­nant de­vant lui : «Tu se­ras maître, Cé­sar, non seule­ment de moi, mais de la terre, de la mer et de tout le genre hu­main» 5; et cette basse flat­te­rie, cette hon­teuse du­pli­cité, est une tache in­dé­lé­bile sur la vie d’un homme par ailleurs es­ti­mable. Ayant pris le sur­nom de Fla­vius pour mieux mon­trer sa sou­mis­sion, il consa­cra l’abondance de ses loi­sirs, la sou­plesse de son ta­lent et l’étendue de son éru­di­tion à re­le­ver les suc­cès des sol­dats qui dé­trui­sirent sa pa­trie et la rayèrent de la carte. «Il a dé­crit [cette des­truc­tion] tout en­tière; il en a re­cueilli les moindres dé­tails, et son exac­ti­tude scru­pu­leuse étonne en­core le lec­teur… L’israélite, ébloui de ces mer­veilles, ne se sou­vient pas que ce sont les dé­pouilles de ses conci­toyens; qu’il s’agit de la Ju­dée anéan­tie; que ce Dieu ou­tragé est son Dieu, et qu’il as­siste aux fu­né­railles de son pays», dit Phi­la­rète Chasles

  1. En grec «Ἰουδαϊκὴ ἀρχαιολογία». Haut
  2. En la­tin Fla­vius Jo­se­phus. Au­tre­fois trans­crit Flave Jo­sèphe ou Fla­vien Jo­seph. Haut
  3. «Chro­no­lo­gie des œuvres de Jo­sèphe», p. 366. Haut
  1. En grec «τῆς Γαλιλαίας ἑκατέρας… καὶ Γάμαλα». «Guerre des Juifs», liv. II, sect. 568. Haut
  2. En grec «Δεσπότης… οὐ μόνον ἐμοῦ σὺ Καῖσαρ, ἀλλὰ καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ παντὸς ἀνθρώπων γένους». «Guerre des Juifs», liv. III, sect. 402. Haut

Josèphe, «Antiquités judaïques. Tome I. Livres I à V»

éd. E. Leroux, coll. Publications de la Société des études juives, Paris

éd. E. Le­roux, coll. Pu­bli­ca­tions de la So­ciété des études juives, Pa­ris

Il s’agit des «An­ti­qui­tés ju­daïques» («Iou­daïkê ar­chaio­lo­gia» 1) de Jo­sèphe ben Mat­thias, his­to­rien juif, plus connu sous le sur­nom de Fla­vius Jo­sèphe 2 (Ier siècle apr. J.-C.). Jo­sèphe était né pour de­ve­nir grand rab­bin ou roi; les cir­cons­tances en firent un his­to­rien. Et telle fut la des­ti­née sin­gu­lière de sa vie qu’il se trans­forma en ad­mi­ra­teur et en flat­teur d’une dy­nas­tie d’Empereurs ro­mains dont l’exploit fon­da­men­tal fut l’anéantissement de Jé­ru­sa­lem, et sur les mon­naies des­quels fi­gu­rait une femme as­sise, pleu­rant sous un pal­mier, avec la lé­gende «Judæa capta, Judæa de­victa» («la Ju­dée cap­tive, la Ju­dée vain­cue»). «Au lieu de la re­nom­mée qu’il am­bi­tion­nait… et que sem­blaient lui pro­mettre de pré­coces suc­cès, il ne s’attira guère que la haine et le mé­pris de la plu­part des siens, tan­dis que les Ro­mains, d’abord ses en­ne­mis, le com­blèrent fi­na­le­ment de biens et d’honneurs», dit le père Louis-Hugues Vincent 3. C’est que ce des­cen­dant de fa­mille illustre, ce pro­dige des écoles de Jé­ru­sa­lem, ce chef «des deux Ga­li­lées… et de Ga­mala» 4, ra­cheta sa vie en pac­ti­sant avec l’ennemi; aban­donna ses de­voirs de chef, d’homme d’honneur et de pa­triote; et fi­nit ses jours dans la dou­ceur d’une re­traite do­rée, après être de­venu ci­toyen de Rome et client de Ves­pa­sien. Il fei­gnit de voir dans ce gé­né­ral étran­ger, des­truc­teur de la Ville sainte et tueur d’un mil­lion de Juifs, le li­bé­ra­teur pro­mis à ses aïeux; il lui pré­dit, en se pros­ter­nant de­vant lui : «Tu se­ras maître, Cé­sar, non seule­ment de moi, mais de la terre, de la mer et de tout le genre hu­main» 5; et cette basse flat­te­rie, cette hon­teuse du­pli­cité, est une tache in­dé­lé­bile sur la vie d’un homme par ailleurs es­ti­mable. Ayant pris le sur­nom de Fla­vius pour mieux mon­trer sa sou­mis­sion, il consa­cra l’abondance de ses loi­sirs, la sou­plesse de son ta­lent et l’étendue de son éru­di­tion à re­le­ver les suc­cès des sol­dats qui dé­trui­sirent sa pa­trie et la rayèrent de la carte. «Il a dé­crit [cette des­truc­tion] tout en­tière; il en a re­cueilli les moindres dé­tails, et son exac­ti­tude scru­pu­leuse étonne en­core le lec­teur… L’israélite, ébloui de ces mer­veilles, ne se sou­vient pas que ce sont les dé­pouilles de ses conci­toyens; qu’il s’agit de la Ju­dée anéan­tie; que ce Dieu ou­tragé est son Dieu, et qu’il as­siste aux fu­né­railles de son pays», dit Phi­la­rète Chasles

  1. En grec «Ἰουδαϊκὴ ἀρχαιολογία». Haut
  2. En la­tin Fla­vius Jo­se­phus. Au­tre­fois trans­crit Flave Jo­sèphe ou Fla­vien Jo­seph. Haut
  3. «Chro­no­lo­gie des œuvres de Jo­sèphe», p. 366. Haut
  1. En grec «τῆς Γαλιλαίας ἑκατέρας… καὶ Γάμαλα». «Guerre des Juifs», liv. II, sect. 568. Haut
  2. En grec «Δεσπότης… οὐ μόνον ἐμοῦ σὺ Καῖσαρ, ἀλλὰ καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ παντὸς ἀνθρώπων γένους». «Guerre des Juifs», liv. III, sect. 402. Haut

Josèphe, «Contre Apion»

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit du «Contre Apion» («Kata Apiô­nos» 1) de Jo­sèphe ben Mat­thias, his­to­rien juif, plus connu sous le sur­nom de Fla­vius Jo­sèphe 2 (Ier siècle apr. J.-C.). Jo­sèphe était né pour de­ve­nir grand rab­bin ou roi; les cir­cons­tances en firent un his­to­rien. Et telle fut la des­ti­née sin­gu­lière de sa vie qu’il se trans­forma en ad­mi­ra­teur et en flat­teur d’une dy­nas­tie d’Empereurs ro­mains dont l’exploit fon­da­men­tal fut l’anéantissement de Jé­ru­sa­lem, et sur les mon­naies des­quels fi­gu­rait une femme as­sise, pleu­rant sous un pal­mier, avec la lé­gende «Judæa capta, Judæa de­victa» («la Ju­dée cap­tive, la Ju­dée vain­cue»). «Au lieu de la re­nom­mée qu’il am­bi­tion­nait… et que sem­blaient lui pro­mettre de pré­coces suc­cès, il ne s’attira guère que la haine et le mé­pris de la plu­part des siens, tan­dis que les Ro­mains, d’abord ses en­ne­mis, le com­blèrent fi­na­le­ment de biens et d’honneurs», dit le père Louis-Hugues Vincent 3. C’est que ce des­cen­dant de fa­mille illustre, ce pro­dige des écoles de Jé­ru­sa­lem, ce chef «des deux Ga­li­lées… et de Ga­mala» 4, ra­cheta sa vie en pac­ti­sant avec l’ennemi; aban­donna ses de­voirs de chef, d’homme d’honneur et de pa­triote; et fi­nit ses jours dans la dou­ceur d’une re­traite do­rée, après être de­venu ci­toyen de Rome et client de Ves­pa­sien. Il fei­gnit de voir dans ce gé­né­ral étran­ger, des­truc­teur de la Ville sainte et tueur d’un mil­lion de Juifs, le li­bé­ra­teur pro­mis à ses aïeux; il lui pré­dit, en se pros­ter­nant de­vant lui : «Tu se­ras maître, Cé­sar, non seule­ment de moi, mais de la terre, de la mer et de tout le genre hu­main» 5; et cette basse flat­te­rie, cette hon­teuse du­pli­cité, est une tache in­dé­lé­bile sur la vie d’un homme par ailleurs es­ti­mable. Ayant pris le sur­nom de Fla­vius pour mieux mon­trer sa sou­mis­sion, il consa­cra l’abondance de ses loi­sirs, la sou­plesse de son ta­lent et l’étendue de son éru­di­tion à re­le­ver les suc­cès des sol­dats qui dé­trui­sirent sa pa­trie et la rayèrent de la carte. «Il a dé­crit [cette des­truc­tion] tout en­tière; il en a re­cueilli les moindres dé­tails, et son exac­ti­tude scru­pu­leuse étonne en­core le lec­teur… L’israélite, ébloui de ces mer­veilles, ne se sou­vient pas que ce sont les dé­pouilles de ses conci­toyens; qu’il s’agit de la Ju­dée anéan­tie; que ce Dieu ou­tragé est son Dieu, et qu’il as­siste aux fu­né­railles de son pays», dit Phi­la­rète Chasles

  1. En grec «Κατὰ Ἀπίωνος». «Le “Contre Apion”, tel est le titre in­exact, mais com­mode, sous le­quel, s’inspirant de deux pas­sages de saint Jé­rôme, on a pris l’habitude de dé­si­gner le der­nier opus­cule de Fla­vius Jo­sèphe, dont le titre vé­ri­table pa­raît avoir été “De l’antiquité du peuple juif” (“Περὶ τῆς τῶν Ἰουδαίων ἀρχαιότητος”)», ex­plique Théo­dore Rei­nach. Haut
  2. En la­tin Fla­vius Jo­se­phus. Au­tre­fois trans­crit Flave Jo­sèphe ou Fla­vien Jo­seph. Haut
  3. «Chro­no­lo­gie des œuvres de Jo­sèphe», p. 366. Haut
  1. En grec «τῆς Γαλιλαίας ἑκατέρας… καὶ Γάμαλα». «Guerre des Juifs», liv. II, sect. 568. Haut
  2. En grec «Δεσπότης… οὐ μόνον ἐμοῦ σὺ Καῖσαρ, ἀλλὰ καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ παντὸς ἀνθρώπων γένους». «Guerre des Juifs», liv. III, sect. 402. Haut

Josèphe, «Guerre des Juifs. Tome III»

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit de la «Guerre des Juifs» («Peri tou Iou­daï­kou po­le­mou» 1) de Jo­sèphe ben Mat­thias, his­to­rien juif, plus connu sous le sur­nom de Fla­vius Jo­sèphe 2 (Ier siècle apr. J.-C.). Jo­sèphe était né pour de­ve­nir grand rab­bin ou roi; les cir­cons­tances en firent un his­to­rien. Et telle fut la des­ti­née sin­gu­lière de sa vie qu’il se trans­forma en ad­mi­ra­teur et en flat­teur d’une dy­nas­tie d’Empereurs ro­mains dont l’exploit fon­da­men­tal fut l’anéantissement de Jé­ru­sa­lem, et sur les mon­naies des­quels fi­gu­rait une femme as­sise, pleu­rant sous un pal­mier, avec la lé­gende «Judæa capta, Judæa de­victa» («la Ju­dée cap­tive, la Ju­dée vain­cue»). «Au lieu de la re­nom­mée qu’il am­bi­tion­nait… et que sem­blaient lui pro­mettre de pré­coces suc­cès, il ne s’attira guère que la haine et le mé­pris de la plu­part des siens, tan­dis que les Ro­mains, d’abord ses en­ne­mis, le com­blèrent fi­na­le­ment de biens et d’honneurs», dit le père Louis-Hugues Vincent 3. C’est que ce des­cen­dant de fa­mille illustre, ce pro­dige des écoles de Jé­ru­sa­lem, ce chef «des deux Ga­li­lées… et de Ga­mala» 4, ra­cheta sa vie en pac­ti­sant avec l’ennemi; aban­donna ses de­voirs de chef, d’homme d’honneur et de pa­triote; et fi­nit ses jours dans la dou­ceur d’une re­traite do­rée, après être de­venu ci­toyen de Rome et client de Ves­pa­sien. Il fei­gnit de voir dans ce gé­né­ral étran­ger, des­truc­teur de la Ville sainte et tueur d’un mil­lion de Juifs, le li­bé­ra­teur pro­mis à ses aïeux; il lui pré­dit, en se pros­ter­nant de­vant lui : «Tu se­ras maître, Cé­sar, non seule­ment de moi, mais de la terre, de la mer et de tout le genre hu­main» 5; et cette basse flat­te­rie, cette hon­teuse du­pli­cité, est une tache in­dé­lé­bile sur la vie d’un homme par ailleurs es­ti­mable. Ayant pris le sur­nom de Fla­vius pour mieux mon­trer sa sou­mis­sion, il consa­cra l’abondance de ses loi­sirs, la sou­plesse de son ta­lent et l’étendue de son éru­di­tion à re­le­ver les suc­cès des sol­dats qui dé­trui­sirent sa pa­trie et la rayèrent de la carte. «Il a dé­crit [cette des­truc­tion] tout en­tière; il en a re­cueilli les moindres dé­tails, et son exac­ti­tude scru­pu­leuse étonne en­core le lec­teur… L’israélite, ébloui de ces mer­veilles, ne se sou­vient pas que ce sont les dé­pouilles de ses conci­toyens; qu’il s’agit de la Ju­dée anéan­tie; que ce Dieu ou­tragé est son Dieu, et qu’il as­siste aux fu­né­railles de son pays», dit Phi­la­rète Chasles

  1. En grec «Περὶ τοῦ Ἰουδαϊκοῦ πολέμου». Haut
  2. En la­tin Fla­vius Jo­se­phus. Au­tre­fois trans­crit Flave Jo­sèphe ou Fla­vien Jo­seph. Haut
  3. «Chro­no­lo­gie des œuvres de Jo­sèphe», p. 366. Haut
  1. En grec «τῆς Γαλιλαίας ἑκατέρας… καὶ Γάμαλα». «Guerre des Juifs», liv. II, sect. 568. Haut
  2. En grec «Δεσπότης… οὐ μόνον ἐμοῦ σὺ Καῖσαρ, ἀλλὰ καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ παντὸς ἀνθρώπων γένους». «Guerre des Juifs», liv. III, sect. 402. Haut

Josèphe, «Guerre des Juifs. Tome II»

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit de la «Guerre des Juifs» («Peri tou Iou­daï­kou po­le­mou» 1) de Jo­sèphe ben Mat­thias, his­to­rien juif, plus connu sous le sur­nom de Fla­vius Jo­sèphe 2 (Ier siècle apr. J.-C.). Jo­sèphe était né pour de­ve­nir grand rab­bin ou roi; les cir­cons­tances en firent un his­to­rien. Et telle fut la des­ti­née sin­gu­lière de sa vie qu’il se trans­forma en ad­mi­ra­teur et en flat­teur d’une dy­nas­tie d’Empereurs ro­mains dont l’exploit fon­da­men­tal fut l’anéantissement de Jé­ru­sa­lem, et sur les mon­naies des­quels fi­gu­rait une femme as­sise, pleu­rant sous un pal­mier, avec la lé­gende «Judæa capta, Judæa de­victa» («la Ju­dée cap­tive, la Ju­dée vain­cue»). «Au lieu de la re­nom­mée qu’il am­bi­tion­nait… et que sem­blaient lui pro­mettre de pré­coces suc­cès, il ne s’attira guère que la haine et le mé­pris de la plu­part des siens, tan­dis que les Ro­mains, d’abord ses en­ne­mis, le com­blèrent fi­na­le­ment de biens et d’honneurs», dit le père Louis-Hugues Vincent 3. C’est que ce des­cen­dant de fa­mille illustre, ce pro­dige des écoles de Jé­ru­sa­lem, ce chef «des deux Ga­li­lées… et de Ga­mala» 4, ra­cheta sa vie en pac­ti­sant avec l’ennemi; aban­donna ses de­voirs de chef, d’homme d’honneur et de pa­triote; et fi­nit ses jours dans la dou­ceur d’une re­traite do­rée, après être de­venu ci­toyen de Rome et client de Ves­pa­sien. Il fei­gnit de voir dans ce gé­né­ral étran­ger, des­truc­teur de la Ville sainte et tueur d’un mil­lion de Juifs, le li­bé­ra­teur pro­mis à ses aïeux; il lui pré­dit, en se pros­ter­nant de­vant lui : «Tu se­ras maître, Cé­sar, non seule­ment de moi, mais de la terre, de la mer et de tout le genre hu­main» 5; et cette basse flat­te­rie, cette hon­teuse du­pli­cité, est une tache in­dé­lé­bile sur la vie d’un homme par ailleurs es­ti­mable. Ayant pris le sur­nom de Fla­vius pour mieux mon­trer sa sou­mis­sion, il consa­cra l’abondance de ses loi­sirs, la sou­plesse de son ta­lent et l’étendue de son éru­di­tion à re­le­ver les suc­cès des sol­dats qui dé­trui­sirent sa pa­trie et la rayèrent de la carte. «Il a dé­crit [cette des­truc­tion] tout en­tière; il en a re­cueilli les moindres dé­tails, et son exac­ti­tude scru­pu­leuse étonne en­core le lec­teur… L’israélite, ébloui de ces mer­veilles, ne se sou­vient pas que ce sont les dé­pouilles de ses conci­toyens; qu’il s’agit de la Ju­dée anéan­tie; que ce Dieu ou­tragé est son Dieu, et qu’il as­siste aux fu­né­railles de son pays», dit Phi­la­rète Chasles

  1. En grec «Περὶ τοῦ Ἰουδαϊκοῦ πολέμου». Haut
  2. En la­tin Fla­vius Jo­se­phus. Au­tre­fois trans­crit Flave Jo­sèphe ou Fla­vien Jo­seph. Haut
  3. «Chro­no­lo­gie des œuvres de Jo­sèphe», p. 366. Haut
  1. En grec «τῆς Γαλιλαίας ἑκατέρας… καὶ Γάμαλα». «Guerre des Juifs», liv. II, sect. 568. Haut
  2. En grec «Δεσπότης… οὐ μόνον ἐμοῦ σὺ Καῖσαρ, ἀλλὰ καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ παντὸς ἀνθρώπων γένους». «Guerre des Juifs», liv. III, sect. 402. Haut

Josèphe, «Guerre des Juifs. Tome I»

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit de la «Guerre des Juifs» («Peri tou Iou­daï­kou po­le­mou» 1) de Jo­sèphe ben Mat­thias, his­to­rien juif, plus connu sous le sur­nom de Fla­vius Jo­sèphe 2 (Ier siècle apr. J.-C.). Jo­sèphe était né pour de­ve­nir grand rab­bin ou roi; les cir­cons­tances en firent un his­to­rien. Et telle fut la des­ti­née sin­gu­lière de sa vie qu’il se trans­forma en ad­mi­ra­teur et en flat­teur d’une dy­nas­tie d’Empereurs ro­mains dont l’exploit fon­da­men­tal fut l’anéantissement de Jé­ru­sa­lem, et sur les mon­naies des­quels fi­gu­rait une femme as­sise, pleu­rant sous un pal­mier, avec la lé­gende «Judæa capta, Judæa de­victa» («la Ju­dée cap­tive, la Ju­dée vain­cue»). «Au lieu de la re­nom­mée qu’il am­bi­tion­nait… et que sem­blaient lui pro­mettre de pré­coces suc­cès, il ne s’attira guère que la haine et le mé­pris de la plu­part des siens, tan­dis que les Ro­mains, d’abord ses en­ne­mis, le com­blèrent fi­na­le­ment de biens et d’honneurs», dit le père Louis-Hugues Vincent 3. C’est que ce des­cen­dant de fa­mille illustre, ce pro­dige des écoles de Jé­ru­sa­lem, ce chef «des deux Ga­li­lées… et de Ga­mala» 4, ra­cheta sa vie en pac­ti­sant avec l’ennemi; aban­donna ses de­voirs de chef, d’homme d’honneur et de pa­triote; et fi­nit ses jours dans la dou­ceur d’une re­traite do­rée, après être de­venu ci­toyen de Rome et client de Ves­pa­sien. Il fei­gnit de voir dans ce gé­né­ral étran­ger, des­truc­teur de la Ville sainte et tueur d’un mil­lion de Juifs, le li­bé­ra­teur pro­mis à ses aïeux; il lui pré­dit, en se pros­ter­nant de­vant lui : «Tu se­ras maître, Cé­sar, non seule­ment de moi, mais de la terre, de la mer et de tout le genre hu­main» 5; et cette basse flat­te­rie, cette hon­teuse du­pli­cité, est une tache in­dé­lé­bile sur la vie d’un homme par ailleurs es­ti­mable. Ayant pris le sur­nom de Fla­vius pour mieux mon­trer sa sou­mis­sion, il consa­cra l’abondance de ses loi­sirs, la sou­plesse de son ta­lent et l’étendue de son éru­di­tion à re­le­ver les suc­cès des sol­dats qui dé­trui­sirent sa pa­trie et la rayèrent de la carte. «Il a dé­crit [cette des­truc­tion] tout en­tière; il en a re­cueilli les moindres dé­tails, et son exac­ti­tude scru­pu­leuse étonne en­core le lec­teur… L’israélite, ébloui de ces mer­veilles, ne se sou­vient pas que ce sont les dé­pouilles de ses conci­toyens; qu’il s’agit de la Ju­dée anéan­tie; que ce Dieu ou­tragé est son Dieu, et qu’il as­siste aux fu­né­railles de son pays», dit Phi­la­rète Chasles

  1. En grec «Περὶ τοῦ Ἰουδαϊκοῦ πολέμου». Haut
  2. En la­tin Fla­vius Jo­se­phus. Au­tre­fois trans­crit Flave Jo­sèphe ou Fla­vien Jo­seph. Haut
  3. «Chro­no­lo­gie des œuvres de Jo­sèphe», p. 366. Haut
  1. En grec «τῆς Γαλιλαίας ἑκατέρας… καὶ Γάμαλα». «Guerre des Juifs», liv. II, sect. 568. Haut
  2. En grec «Δεσπότης… οὐ μόνον ἐμοῦ σὺ Καῖσαρ, ἀλλὰ καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ παντὸς ἀνθρώπων γένους». «Guerre des Juifs», liv. III, sect. 402. Haut

Josèphe, «Autobiographie»

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit de l’«Au­to­bio­gra­phie» («Bios» 1) de Jo­sèphe ben Mat­thias, his­to­rien juif, plus connu sous le sur­nom de Fla­vius Jo­sèphe 2 (Ier siècle apr. J.-C.). Jo­sèphe était né pour de­ve­nir grand rab­bin ou roi; les cir­cons­tances en firent un his­to­rien. Et telle fut la des­ti­née sin­gu­lière de sa vie qu’il se trans­forma en ad­mi­ra­teur et en flat­teur d’une dy­nas­tie d’Empereurs ro­mains dont l’exploit fon­da­men­tal fut l’anéantissement de Jé­ru­sa­lem, et sur les mon­naies des­quels fi­gu­rait une femme as­sise, pleu­rant sous un pal­mier, avec la lé­gende «Judæa capta, Judæa de­victa» («la Ju­dée cap­tive, la Ju­dée vain­cue»). «Au lieu de la re­nom­mée qu’il am­bi­tion­nait… et que sem­blaient lui pro­mettre de pré­coces suc­cès, il ne s’attira guère que la haine et le mé­pris de la plu­part des siens, tan­dis que les Ro­mains, d’abord ses en­ne­mis, le com­blèrent fi­na­le­ment de biens et d’honneurs», dit le père Louis-Hugues Vincent 3. C’est que ce des­cen­dant de fa­mille illustre, ce pro­dige des écoles de Jé­ru­sa­lem, ce chef «des deux Ga­li­lées… et de Ga­mala» 4, ra­cheta sa vie en pac­ti­sant avec l’ennemi; aban­donna ses de­voirs de chef, d’homme d’honneur et de pa­triote; et fi­nit ses jours dans la dou­ceur d’une re­traite do­rée, après être de­venu ci­toyen de Rome et client de Ves­pa­sien. Il fei­gnit de voir dans ce gé­né­ral étran­ger, des­truc­teur de la Ville sainte et tueur d’un mil­lion de Juifs, le li­bé­ra­teur pro­mis à ses aïeux; il lui pré­dit, en se pros­ter­nant de­vant lui : «Tu se­ras maître, Cé­sar, non seule­ment de moi, mais de la terre, de la mer et de tout le genre hu­main» 5; et cette basse flat­te­rie, cette hon­teuse du­pli­cité, est une tache in­dé­lé­bile sur la vie d’un homme par ailleurs es­ti­mable. Ayant pris le sur­nom de Fla­vius pour mieux mon­trer sa sou­mis­sion, il consa­cra l’abondance de ses loi­sirs, la sou­plesse de son ta­lent et l’étendue de son éru­di­tion à re­le­ver les suc­cès des sol­dats qui dé­trui­sirent sa pa­trie et la rayèrent de la carte. «Il a dé­crit [cette des­truc­tion] tout en­tière; il en a re­cueilli les moindres dé­tails, et son exac­ti­tude scru­pu­leuse étonne en­core le lec­teur… L’israélite, ébloui de ces mer­veilles, ne se sou­vient pas que ce sont les dé­pouilles de ses conci­toyens; qu’il s’agit de la Ju­dée anéan­tie; que ce Dieu ou­tragé est son Dieu, et qu’il as­siste aux fu­né­railles de son pays», dit Phi­la­rète Chasles

  1. En grec «Βίος». Haut
  2. En la­tin Fla­vius Jo­se­phus. Au­tre­fois trans­crit Flave Jo­sèphe ou Fla­vien Jo­seph. Haut
  3. «Chro­no­lo­gie des œuvres de Jo­sèphe», p. 366. Haut
  1. En grec «τῆς Γαλιλαίας ἑκατέρας… καὶ Γάμαλα». «Guerre des Juifs», liv. II, sect. 568. Haut
  2. En grec «Δεσπότης… οὐ μόνον ἐμοῦ σὺ Καῖσαρ, ἀλλὰ καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ παντὸς ἀνθρώπων γένους». «Guerre des Juifs», liv. III, sect. 402. Haut