« Sentences, Maximes et Proverbes mandchous et mongols »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit d’un re­cueil de mand­chous et mon­gols. Nul genre d’ n’est plus an­cien que ce­lui des pro­verbes. Son ori­gine re­monte aux âges les plus re­cu­lés du globe. Dès que les hommes, mus par un ins­tinct ir­ré­sis­tible ou pous­sés par la vo­lonté di­vine, se furent réunis en ; dès qu’ils eurent consti­tué un suf­fi­sant à l’expression de leurs be­soins, les pro­verbes prirent nais­sance en tant que ré­sumé na­tu­rel des idées com­munes de l’. «S’ils avaient pu se conser­ver, s’ils étaient jusqu’à nous sous leur forme pri­mi­tive», dit -Ma­rie Qui­tard 1, «ils se­raient le plus cu­rieux mo­nu­ment du pro­grès des pre­mières so­cié­tés; ils jet­te­raient un jour sur l’ de la , dont ils mar­que­raient le point de dé­part avec une ir­ré­cu­sable fi­dé­lité.» La , qui contient plu­sieurs de pro­verbes, dit : «Ce­lui qui ap­plique son à ré­flé­chir sur la Loi du Très-Haut… le sens se­cret des pro­verbes et re­vient sans cesse sur les des » 2. Les de la eurent la même que la Bible. Confu­cius imita les pro­verbes et fut à son tour imité par ses dis­ciples. De même que l’âge de l’arbre peut se ju­ger par le tronc; de même, les pro­verbes nous ap­prennent le ou l’esprit propre à chaque , et les dé­tails de sa pri­vée. On en te­nait cer­tains en telle es­time, qu’on les di­sait d’origine cé­leste : «C’est du », dit Ju­vé­nal 3, «que nous est ve­nue la maxime : “Connais-toi toi-même”. Il la fau­drait gra­ver dans son cœur et la mé­di­ter tou­jours.» C’est pour­quoi, d’ailleurs, on les gra­vait sur le de­vant des portes des temples, sur les co­lonnes et les marbres. Ces , très nom­breuses du de Pla­ton, fai­saient dire à ce phi­lo­sophe qu’on pou­vait faire un ex­cellent cours de en voya­geant à pied, si l’on vou­lait les lire; les pro­verbes étant «le fruit de l’ de tous les peuples et comme le bon sens de tous les siècles ré­duit en for­mules» 4.

les pro­verbes prirent nais­sance en tant que ré­sumé na­tu­rel des idées com­munes de l’humanité

Voici un échan­tillon qui don­nera une idée du des pro­verbes mand­chous et mon­gols :
«Si un com­mence, tous les autres l’imitent; si une fait quelque ac­tion, tous les gens du vil­lage la suivent.
Il est une sai­son où la fleur de nou­veau re­fleu­rira, mais l’homme ne pourra ja­mais re­de­ve­nir jeune.
Ce­lui qui sait les choses nou­velles, lorsqu’il a ap­pris les choses an­ciennes, peut alors de­ve­nir un maître.
Le , quoiqu’appauvri, reste fort; l’homme vul­gaire, s’il est ap­pau­vri, aus­si­tôt de­vient vi­cieux.
Avec beau­coup de pa­roles, on se trompe en par­lant; à beau­coup man­ger, on cha­grine son ventre.
La ré­mu­né­ra­tion suit, comme une ombre, les bonnes et les mau­vaises œuvres.
Si tu t’approches du , tu te brû­le­ras; si tu t’en éloignes, tu ne te ré­chauf­fe­ras pas.
L’homme qui a dit une fois une fausse , quoiqu’il dise une pa­role vraie, le naî­tra dans l’esprit
».

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  1. «Études his­to­riques, lit­té­raires et mo­rales sur les pro­verbes et le lan­gage pro­ver­bial», p. 2. Icône Haut
  2. «Livre de l’Ecclésiastique», XXXIX, 1-3. Icône Haut
  1. «Sa­tires», poème XI, v. 27-28. Icône Haut
  2. , «Dis­cours sur l’universalité de la langue fran­çaise». Icône Haut