Ôé, « Notes de Hiroshima »

éd. Gallimard, coll. Arcades, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Ar­cades, Pa­ris

Il s’agit de «Notes de Hi­ro­shima» («Hi­ro­shima nôto» 1) de M. . En 1963, le fils de M. Ôé, Hi­kari, nais­sait avec une im­por­tante mal­for­ma­tion crâ­nienne, et ses pers­pec­tives de étaient tout à fait im­pro­bables. D’autre part, un ami proche de M. Ôé, hanté par les d’une nu­cléaire qui mar­que­rait la fin du — vi­sions dont il rê­vait dans le som­meil comme il rai­son­nait dans la veille —, avait fini par se pendre à Pa­ris. L’écrivain était, en somme, com­plè­te­ment abattu. On lui de­manda alors un sur la Neu­vième Confé­rence mon­diale contre les , qui se dé­rou­lait à Hi­ro­shima. Il s’y ren­dit, mais se dés­in­té­ressa vite de , pré­fé­rant al­ler, chaque jour, dans l’hôpital où étaient soi­gnés les ir­ra­diés et s’entretenir avec leur mé­de­cin-chef, Fu­mio Shi­getô 2, lui-même ir­ra­dié. C’est chez ce mé­de­cin-chef qu’il trouva le mo­dèle du « le plus au­then­tique qu’ait connu notre pays de­puis le bom­bar­de­ment» 3, ce­lui de l’ qui pour­suit ses tâches quo­ti­diennes en se gar­dant à la fois du déses­poir et de l’excès d’espérance, sans ja­mais se dé­cla­rer vaincu. En quit­tant la ville mar­ty­ri­sée une se­maine plus tard, M. Ôé avait revu de fond en comble son at­ti­tude à l’égard de son fils han­di­capé, ce qui al­lait abou­tir éga­le­ment à une trans­for­ma­tion ra­di­cale de sa lit­té­ra­ture. Il sa­vait dé­sor­mais qu’il te­nait une prise très ferme qui al­lait lui per­mettre, en se his­sant hors du trou de la où il était tombé, de s’acheminer à coup sûr vers la gué­ri­son. Et cela, il le de­vait en­tiè­re­ment à ses ren­contres avec «l’esprit de Hi­ro­shima» : «Une se­maine avait donc suffi pour que se pro­duise ce re­vi­re­ment si dé­ci­sif qui re­pré­sente à mes yeux une vé­ri­table “conver­sion” — abs­trac­tion faite de la conno­ta­tion re­li­gieuse que l’on peut don­ner à ce terme. À pré­sent, trente-deux ans plus tard, je re­con­nais de nou­veau le poids et la pro­fon­deur de cette », dit-il 4.

ses ren­contres avec «l’esprit de Hi­ro­shima»

Voici un pas­sage qui don­nera une idée du de «Notes de Hi­ro­shima» : «Déjà, il y a cinq ans, dans un texte écrit lors de ma toute pre­mière vi­site dans cette ville, j’ai évo­qué l’effroi qui m’avait se­coué jusqu’au tré­fonds à la vue des échan­tillons de “Ve­ro­nica per­sica” et de mor­ge­line pré­sen­tés au Mu­sée com­mé­mo­ra­tif. L’impression de to­tale des­truc­tion qui émane de ces deux char­mantes bis­an­nuelles, sur­gies du sol de Hi­ro­shima après le bom­bar­de­ment, m’oppresse en­core même aujourd’hui. Il n’est plus pos­sible de ré­gé­né­rer com­plè­te­ment ce qui a connu une telle dé­vas­ta­tion. Que cette dé­vas­ta­tion gagne le et les cel­lules de l’homme, et ce sera la fin du monde. Si nous sommes ca­pables en de nous fi­gu­rer de fa­çon juste ce apo­ca­lyp­tique, alors [nous vi­vrons] en êtres sains d’esprit» 5.

Consultez cette bibliographie succincte en langue française

  • «Ôe Ken­za­burô, l’écrivain par lui-même : avec Ozaki Ma­riko» (éd. Ph. Pic­quier, Arles)
  • Phi­lippe Fo­rest, «Ôé Ken­za­burô : an­ciennes et nou­velles d’un ro­man­cier ja­po­nais • Deux En­tre­tiens avec Ôé Ken­za­burô» (éd. C. De­faut, Nantes)
  • Sté­phane Na­daud, «Les Ja­pons de Ken­za­burô Ôé» (éd. De­mo­po­lis, Pa­ris).
  1. En ja­po­nais «ヒロシマ・ノート». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 重藤文夫. Icône Haut
  3. p. 230. Icône Haut
  1. p. 12. Icône Haut
  2. p. 230. Icône Haut