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su­jet

« L’Étonnante Aventure du pauvre musicien »

dans Antonin Artaud, « Œuvres complètes. Tome I » (éd. Gallimard, Paris), p. 206-210

dans An­to­nin Ar­taud, «Œuvres com­plètes. Tome I» (éd. Gal­li­mard, Pa­ris), p. 206-210

Il s’agit d’«Une mé­lo­die se­crète au “biwa” fait pleu­rer des » («Biwa no hi­kyoku yû­rei wo na­ka­shimu» 1), une des plus belles du , plus connue sous le titre de «Hôi­chi le Sans-oreilles» («Mimi-na­shi Hôi­chi» 2). Ti­rée d’un re­cueil d’histoires étranges pu­blié en 1782 à Kyôto 3, la lé­gende de «Hôi­chi le Sans-oreilles» n’est, de fa­çon pa­ra­doxale, fa­mi­lière aux Ja­po­nais que dans la ver­sion ré­di­gée en 1903 par un écri­vain étran­ger : Laf­ca­dio Hearn. Tra­duc­teur de Gau­tier, de Mau­pas­sant, de Bal­zac, de Mé­ri­mée, de Flau­bert, de Bau­de­laire, de Loti, Hearn na­quit dans les Io­niennes. Son père était un mé­de­cin ir­lan­dais dans l’armée bri­tan­nique, sa mère — une Grecque de très bonne . Ils avaient dû s’épouser en ca­chette. «Deux races, deux na­tions, deux re­li­gions mar­quèrent l’enfant de leur em­preinte et, très tôt, elles an­crèrent en lui ce cos­mo­po­li­tisme qui de­vait lui per­mettre de sub­sti­tuer un jour une d’élection à son pays d’origine» 4. Mais l’Angleterre ayant cédé les îles Io­niennes à la , son père re­ga­gna Du­blin avec femme et en­fant. La chose se passa . Sa mère, tran­sie par ce cli­mat gris et , si dif­fé­rent de la blan­cheur de sa Grèce na­tale, prit la fuite; son père fit an­nu­ler le , se re­ma­ria et par­tit en Inde. Hearn, aban­donné et sans pa­rents, fut adopté par une vieille tante ca­tho­lique, ex­trê­me­ment dé­vote, qui lui faire des études dans un mo­nas­tère en , puis l’envoya à dix-neuf ans en . On le vit sur­gir à Cin­cin­nati comme cor­rec­teur dans un jour­nal. On l’employa à des re­por­tages, où il se mon­tra d’une ha­bi­leté sur­pre­nante. Son ta­lent d’écrivain ayant en­fin percé, il prit le che­min de La Loui­siane. En 1878, celle-ci avait en­core un par­fum bien . On le voit dans les ar­ticles de Hearn, dont beau­coup parlent de la France, mais aussi de Mar­ti­nique, d’Haïti, de l’île Mau­rice, de Guyane. Et puis, comme tou­jours avec Hearn, il lui fal­lut des ho­ri­zons en­core plus loin­tains. La grande ex­po­si­tion ja­po­naise, qui eut lieu à La -Or­léans en 1885, lui ins­pira en pre­mier l’idée de s’embarquer pour le . Ce fut à qua­rante ans qu’il ar­riva au pays du , pauvre, apa­tride, pré­ci­pité là où la des­ti­née l’appelait, sans but dans l’. Il en com­mença une autre, en­tiè­re­ment nou­velle. Et d’abord, il se fit Ja­po­nais.

  1. En ja­po­nais «琵琶秘曲泣幽霊». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «耳なし芳一». Icône Haut
  1. Ce re­cueil s’intitule «Les His­toires étranges à sa­vou­rer chez », ou «Gayû ki­dan» («臥遊奇談»). Icône Haut
  2. Ste­fan Zweig, «Hommes et Des­tins». Icône Haut

Murasaki-shikibu, « Poèmes »

éd. Publications orientalistes de France, Paris

éd. Pu­bli­ca­tions de , Pa­ris

Il s’agit du «Re­cueil de » («Mu­ra­saki-shi­kibu shû» 1). Le chef-d’œuvre de la prose qu’est le «Dit du genji» fait par­fois ou­blier que son au­teur était aussi comp­tée parmi les trente-six «gé­nies de la », au­tant pour les sept cent quatre-vingt-qua­torze poèmes qu’elle at­tri­bue aux de son , que pour ceux, plus per­son­nels, que contient son «Re­cueil».

«Il m’est ar­rivé par­fois de res­ter as­sise parmi [les autres dames de la Cour], com­plè­te­ment désem­pa­rée. Ce n’est point tant que je crai­gnisse la mé­di­sance, mais ex­cé­dée, je fi­nis­sais par avoir l’air tout à fait éga­rée, ce qui fait que l’une après l’autre main­te­nant me dit : “Vous ca­chiez bien votre jeu! Quand tout le vous dé­tes­tait, di­sant et pen­sant que vous étiez ma­nié­rée, dis­tante, d’un abord peu amène, im­bue de vos dits, pré­ten­tieuse et fé­rue de poé­sie… voici qu’on vous trouve étran­ge­ment bonne per­sonne, à croire qu’il s’agit de quelqu’un d’autre!”» 2 Tel est l’un des seuls pas­sages de son «Jour­nal» où la dame Mu­ra­saki-shi­kibu rap­porte des pro­pos sur son propre compte. C’est un pas­sage ré­vé­la­teur. «Femme d’une ren­fer­mée» 3, elle était convain­cue que les gens ne la com­pre­naient pas. Elle pre­nait peu de plai­sir au de la et elle avait la ré­pu­ta­tion, as­sez ex­cep­tion­nelle dans son cercle, d’être prude.

  1. En «紫式部集». Icône Haut
  2. «Jour­nal; tra­duit du ja­po­nais par », p. 101. Icône Haut
  1. id. p. 93. Icône Haut

Murasaki-shikibu, « Le Dit du genji. Tome II. Impermanence »

éd. Publications orientalistes de France, coll. Les Œuvres capitales de la littérature japonaise, Paris

éd. Pu­bli­ca­tions de , coll. Les Œuvres ca­pi­tales de la , Pa­ris

Il s’agit du «Dit du genji» («Genji mo­no­ga­tari» 1) de la dame  2, qui marque le som­met le plus haut at­teint par la lit­té­ra­ture ja­po­naise. «De tous les du , le “Dit du genji” est de loin le plus pré­cieux.» 3 On sup­pose que ce ro­man mo­nu­men­tal fut com­posé vers 1004 apr. J.-C. Une jo­lie lé­gende as­so­cie sa com­po­si­tion au d’Ishiyama 4, à l’extrémité mé­ri­dio­nale du lac Biwa. En ce site di­vin, la dame Mu­ra­saki-shi­kibu se re­tira, dit-on, loin de la Cour : chaque , ac­cou­dée à sa table, elle contem­plait le lac Biwa dont la nappe ar­gen­tée ré­flé­chis­sait la lune étin­ce­lante et, la des choses en­trant dans son cœur, elle écri­vait, d’un pin­ceau tran­quille et ins­piré, ses plus belles pages. Aujourd’hui en­core, si vous vi­si­tez le temple d’Ishiyama, les bonzes vous mon­tre­ront la chambre où le «Dit du genji» fut écrit, et l’encrier même dont la ro­man­cière se ser­vit — preuves qui, si elles ne sa­tis­font pas les ri­gou­reux, sont bien suf­fi­santes pour convaincre les vi­si­teurs or­di­naires. «Le “Dit du genji” est une chose in­ex­pli­cable», dit un Em­pe­reur  5. «Il ne peut être l’ouvrage d’une per­sonne or­di­naire.» Com­ment, en ef­fet, ex­pli­quer ce chef-d’œuvre com­plexe où, sur un fond d’exquises ob­ser­va­tions em­prun­tées à tout ce que la ga­lante de la Cour, les brillantes du , les ren­contres in­times entre et dames, mais aussi les ri­vages de l’ ou la re­li­gieuse d’un er­mi­tage, peuvent of­frir de plus char­mant à une ro­man­cière, on voit se dé­ta­cher une constel­la­tion de quelque trois cents , dont l’ est as­su­rée par la pré­sence cen­trale d’un Juan au cœur sen­sible — le «genji» 6? Et que dire des quelque huit cents poèmes que ces per­son­nages s’envoient les uns aux autres sous forme de billets pour se confier mu­tuel­le­ment leurs ? Quoi qu’il en soit, conve­nons avec M.  7 «qu’il s’agit là… du ro­man psy­cho­lo­gique le plus éton­nant, par sa sub­ti­lité et sa pé­né­tra­tion, qui ait ja­mais été écrit dans au­cune ».

  1. En ja­po­nais «源氏物語». Au­tre­fois trans­crit «Gen-zi mono-ga­tari», «Ghenzi mo­no­ga­tari», «Guendji mo­no­ga­tari», «Ghenndji mo­no­gha­tari», «Guenji-mo­no­ga­tari», «Ghennji mo­no­ga­tari» ou «Ghén’ji-monogatari». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 紫式部. Au­tre­fois trans­crit Mou­ra­saki Chi­ki­bou, Mou­ra­çaki Shi­ki­bou ou Mou­ra­saki Si­ki­bou. Icône Haut
  3. Ichijô Ka­neyo­shi, «Ka­chô yo­sei» («Images de et d’»), in­édit en . Icône Haut
  4. En ja­po­nais 石山寺. Icône Haut
  1. L’Empereur Jun­toku. Icône Haut
  2. «Genji» est un titre ho­no­ri­fique ac­cordé à un fils ou à une fille d’Empereur à qui est re­fu­sée la qua­lité d’héritier ou d’héritière. Icône Haut
  3. Dans Phi­lippe Pons, «“Le Dit du genji”, un fleuve sans fin : un en­tre­tien». Icône Haut

Murasaki-shikibu, « Le Dit du genji. Tome I. Magnificence »

éd. Publications orientalistes de France, coll. Les Œuvres capitales de la littérature japonaise, Paris

éd. Pu­bli­ca­tions de , coll. Les Œuvres ca­pi­tales de la , Pa­ris

Il s’agit du «Dit du genji» («Genji mo­no­ga­tari» 1) de la dame  2, qui marque le som­met le plus haut at­teint par la lit­té­ra­ture ja­po­naise. «De tous les du , le “Dit du genji” est de loin le plus pré­cieux.» 3 On sup­pose que ce ro­man mo­nu­men­tal fut com­posé vers 1004 apr. J.-C. Une jo­lie lé­gende as­so­cie sa com­po­si­tion au d’Ishiyama 4, à l’extrémité mé­ri­dio­nale du lac Biwa. En ce site di­vin, la dame Mu­ra­saki-shi­kibu se re­tira, dit-on, loin de la Cour : chaque , ac­cou­dée à sa table, elle contem­plait le lac Biwa dont la nappe ar­gen­tée ré­flé­chis­sait la lune étin­ce­lante et, la des choses en­trant dans son cœur, elle écri­vait, d’un pin­ceau tran­quille et ins­piré, ses plus belles pages. Aujourd’hui en­core, si vous vi­si­tez le temple d’Ishiyama, les bonzes vous mon­tre­ront la chambre où le «Dit du genji» fut écrit, et l’encrier même dont la ro­man­cière se ser­vit — preuves qui, si elles ne sa­tis­font pas les ri­gou­reux, sont bien suf­fi­santes pour convaincre les vi­si­teurs or­di­naires. «Le “Dit du genji” est une chose in­ex­pli­cable», dit un Em­pe­reur  5. «Il ne peut être l’ouvrage d’une per­sonne or­di­naire.» Com­ment, en ef­fet, ex­pli­quer ce chef-d’œuvre com­plexe où, sur un fond d’exquises ob­ser­va­tions em­prun­tées à tout ce que la ga­lante de la Cour, les brillantes du , les ren­contres in­times entre et dames, mais aussi les ri­vages de l’ ou la re­li­gieuse d’un er­mi­tage, peuvent of­frir de plus char­mant à une ro­man­cière, on voit se dé­ta­cher une constel­la­tion de quelque trois cents , dont l’ est as­su­rée par la pré­sence cen­trale d’un Juan au cœur sen­sible — le «genji» 6? Et que dire des quelque huit cents poèmes que ces per­son­nages s’envoient les uns aux autres sous forme de billets pour se confier mu­tuel­le­ment leurs ? Quoi qu’il en soit, conve­nons avec M.  7 «qu’il s’agit là… du ro­man psy­cho­lo­gique le plus éton­nant, par sa sub­ti­lité et sa pé­né­tra­tion, qui ait ja­mais été écrit dans au­cune ».

  1. En ja­po­nais «源氏物語». Au­tre­fois trans­crit «Gen-zi mono-ga­tari», «Ghenzi mo­no­ga­tari», «Guendji mo­no­ga­tari», «Ghenndji mo­no­gha­tari», «Guenji-mo­no­ga­tari», «Ghennji mo­no­ga­tari» ou «Ghén’ji-monogatari». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 紫式部. Au­tre­fois trans­crit Mou­ra­saki Chi­ki­bou, Mou­ra­çaki Shi­ki­bou ou Mou­ra­saki Si­ki­bou. Icône Haut
  3. Ichijô Ka­neyo­shi, «Ka­chô yo­sei» («Images de et d’»), in­édit en . Icône Haut
  4. En ja­po­nais 石山寺. Icône Haut
  1. L’Empereur Jun­toku. Icône Haut
  2. «Genji» est un titre ho­no­ri­fique ac­cordé à un fils ou à une fille d’Empereur à qui est re­fu­sée la qua­lité d’héritier ou d’héritière. Icône Haut
  3. Dans Phi­lippe Pons, «“Le Dit du genji”, un fleuve sans fin : un en­tre­tien». Icône Haut