
éd. Publications orientalistes de France, coll. Poètes du Japon-Les Œuvres capitales de la littérature japonaise, Paris
Il s’agit d’Izumi-shikibu1, femme sensuelle, aussi volage que belle, et qui avait méprisé les convenances de la Cour japonaise, au point de choquer un entourage qui pourtant, en fait de libertinage, n’avait pas beaucoup à apprendre (Xe-XIe siècle). Nombreux étaient les contemporains qui la tenaient pour le meilleur poète du temps ; la mémoire de la postérité, elle, n’a retenu que la liste de ses esclandres amoureux. Le poème qui suit, le plus célèbre de tout le « Recueil d’Izumi-shikibu » (« Izumi-shikibu shû »2), n’a pas peu contribué à établir la fâcheuse réputation de son auteur par la violence de la passion qu’il trahit :
« Lorsque je pleurais
Indifférente au désordre
De mes noirs cheveux
Celui qui les démêlait
Ah ! combien je l’ai aimé »3.
Cependant, il n’y a dans le « Recueil d’Izumi-shikibu » ni ordure ni obscénité, non plus que, d’une façon générale, dans la littérature de l’époque de Heian. La langue est presque invariablement décente, voire raffinée, et on y rencontrerait difficilement un vers propre à faire monter le rouge au front d’une jeune fille. « L’égale de Murasaki et de Sei-shônagon par la science et le talent, Izumi est de plus une ardente, une passionnée ; elle n’écrit pas seulement pour médire ou pour conter, mais pour calmer son angoisse, distraire sa passion et conserver le souvenir d’un trop court bonheur », dit le marquis Antoine de La Mazelière4.
femme sensuelle, aussi volage que belle
Voici un passage qui donnera une idée du style du « Recueil d’Izumi-shikibu » :
« Plutôt qu’être seule
Avec mes pensées moroses
Ah ! que je voudrais
Fût-ce à un indifférent
Montrer la lune ce soir »5.
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- Traduction partielle de Michel Revon (1923) [Source : Google Livres]
- Traduction partielle de Michel Revon (1918) [Source : Google Livres]
- Traduction partielle de Michel Revon (1910) [Source : Bibliothèque nationale de France].
Consultez cette bibliographie succincte en langue française
- William George Aston, « Littérature japonaise » (éd. A. Colin, coll. Histoires des littératures, Paris) [Source : Colección digital de la Universidad Autónoma de Nuevo León (UANL)]
- René Sieffert, « Izumi-shikibu » dans « Dictionnaire universel des littératures » (éd. Presses universitaires de France, Paris).