Il s’agit des « Mémoires historiques » du marquis Joseph-Henri Costa de Beauregard, chef d’état-major et historien de la maison royale de Savoie, et surtout ami intime du comte Joseph de Maistre. L’amitié des deux hommes datait de très loin : ils s’étaient connus à Turin, où l’un était officier et l’autre étudiant. Chaque année, ils se voyaient au château de Beauregard, sur les bords du Léman, avec ses arbres séculaires se mirant dans les eaux du lac et avec ses promenades infinies. C’est là que Maistre venait goûter ses « plaisirs d’automne » 1. C’est là qu’il « verbait » avec le marquis et la marquise au sujet de la République française nouvellement décrétée, à l’heure où l’Europe entière, et le roi de Sardaigne tout le premier, tremblait devant ses soldats. Tous les deux étaient passionnés par cette funeste voisine, qui divisait les meilleurs esprits du temps ; et tout en se défendant d’aimer la France, ils ne savaient penser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre sujet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il appelait « les deux bras » de la nation française, c’est-à-dire « sa langue et l’esprit de prosélytisme qui forme l’essence de son caractère » 2, maintenait et proclamait la vocation de cette nation : être à la tête du monde. Au coin de la cheminée décorée de maximes, dont celle qui dit : « La vie, même en s’en allant, laisse derrière elle l’espérance pour fermer les portes » 3 — au coin de la cheminée, dis-je, il préparait ses « Considérations sur la France » et il jetait sur le papier les improvisations de son cerveau volcanique pour les soumettre au marquis. Et cet ami, doué d’un esprit peut-être inférieur par la force et l’étendue, mais plus sage et plus pondéré, tançait le grand homme sur sa tendance à l’emphase et sur ses emportements excessifs. Quant à la marquise, elle apportait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son babillage et de ses divinations politiques. « Quelles personnes, bon Dieu ! Quelles soirées ! Quelles conversations ! », se souviendra Maistre 4 avec nostalgie.
descriptions et voyages
le marquis Costa de Beauregard, « Mémoires historiques sur la maison royale de Savoie. Tome I »
Il s’agit des « Mémoires historiques » du marquis Joseph-Henri Costa de Beauregard, chef d’état-major et historien de la maison royale de Savoie, et surtout ami intime du comte Joseph de Maistre. L’amitié des deux hommes datait de très loin : ils s’étaient connus à Turin, où l’un était officier et l’autre étudiant. Chaque année, ils se voyaient au château de Beauregard, sur les bords du Léman, avec ses arbres séculaires se mirant dans les eaux du lac et avec ses promenades infinies. C’est là que Maistre venait goûter ses « plaisirs d’automne » 1. C’est là qu’il « verbait » avec le marquis et la marquise au sujet de la République française nouvellement décrétée, à l’heure où l’Europe entière, et le roi de Sardaigne tout le premier, tremblait devant ses soldats. Tous les deux étaient passionnés par cette funeste voisine, qui divisait les meilleurs esprits du temps ; et tout en se défendant d’aimer la France, ils ne savaient penser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre sujet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il appelait « les deux bras » de la nation française, c’est-à-dire « sa langue et l’esprit de prosélytisme qui forme l’essence de son caractère » 2, maintenait et proclamait la vocation de cette nation : être à la tête du monde. Au coin de la cheminée décorée de maximes, dont celle qui dit : « La vie, même en s’en allant, laisse derrière elle l’espérance pour fermer les portes » 3 — au coin de la cheminée, dis-je, il préparait ses « Considérations sur la France » et il jetait sur le papier les improvisations de son cerveau volcanique pour les soumettre au marquis. Et cet ami, doué d’un esprit peut-être inférieur par la force et l’étendue, mais plus sage et plus pondéré, tançait le grand homme sur sa tendance à l’emphase et sur ses emportements excessifs. Quant à la marquise, elle apportait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son babillage et de ses divinations politiques. « Quelles personnes, bon Dieu ! Quelles soirées ! Quelles conversations ! », se souviendra Maistre 4 avec nostalgie.
le marquis Costa de Beauregard, « Journal de voyage d’un jeune noble savoyard à Paris en 1766-1767 »
éd. Presses universitaires du Septentrion, coll. Documents et témoignages, Villeneuve-d’Ascq
Il s’agit du « Journal de voyage à Paris en 1766-1767 » du marquis Joseph-Henri Costa de Beauregard, chef d’état-major et historien de la maison royale de Savoie, et surtout ami intime du comte Joseph de Maistre. L’amitié des deux hommes datait de très loin : ils s’étaient connus à Turin, où l’un était officier et l’autre étudiant. Chaque année, ils se voyaient au château de Beauregard, sur les bords du Léman, avec ses arbres séculaires se mirant dans les eaux du lac et avec ses promenades infinies. C’est là que Maistre venait goûter ses « plaisirs d’automne » 1. C’est là qu’il « verbait » avec le marquis et la marquise au sujet de la République française nouvellement décrétée, à l’heure où l’Europe entière, et le roi de Sardaigne tout le premier, tremblait devant ses soldats. Tous les deux étaient passionnés par cette funeste voisine, qui divisait les meilleurs esprits du temps ; et tout en se défendant d’aimer la France, ils ne savaient penser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre sujet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il appelait « les deux bras » de la nation française, c’est-à-dire « sa langue et l’esprit de prosélytisme qui forme l’essence de son caractère » 2, maintenait et proclamait la vocation de cette nation : être à la tête du monde. Au coin de la cheminée décorée de maximes, dont celle qui dit : « La vie, même en s’en allant, laisse derrière elle l’espérance pour fermer les portes » 3 — au coin de la cheminée, dis-je, il préparait ses « Considérations sur la France » et il jetait sur le papier les improvisations de son cerveau volcanique pour les soumettre au marquis. Et cet ami, doué d’un esprit peut-être inférieur par la force et l’étendue, mais plus sage et plus pondéré, tançait le grand homme sur sa tendance à l’emphase et sur ses emportements excessifs. Quant à la marquise, elle apportait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son babillage et de ses divinations politiques. « Quelles personnes, bon Dieu ! Quelles soirées ! Quelles conversations ! », se souviendra Maistre 4 avec nostalgie.
le marquis Costa de Beauregard, « Mélanges tirés d’un portefeuille militaire. Tome II »
Il s’agit de « Mélanges tirés d’un portefeuille militaire » du marquis Joseph-Henri Costa de Beauregard, chef d’état-major et historien de la maison royale de Savoie, et surtout ami intime du comte Joseph de Maistre. L’amitié des deux hommes datait de très loin : ils s’étaient connus à Turin, où l’un était officier et l’autre étudiant. Chaque année, ils se voyaient au château de Beauregard, sur les bords du Léman, avec ses arbres séculaires se mirant dans les eaux du lac et avec ses promenades infinies. C’est là que Maistre venait goûter ses « plaisirs d’automne » 1. C’est là qu’il « verbait » avec le marquis et la marquise au sujet de la République française nouvellement décrétée, à l’heure où l’Europe entière, et le roi de Sardaigne tout le premier, tremblait devant ses soldats. Tous les deux étaient passionnés par cette funeste voisine, qui divisait les meilleurs esprits du temps ; et tout en se défendant d’aimer la France, ils ne savaient penser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre sujet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il appelait « les deux bras » de la nation française, c’est-à-dire « sa langue et l’esprit de prosélytisme qui forme l’essence de son caractère » 2, maintenait et proclamait la vocation de cette nation : être à la tête du monde. Au coin de la cheminée décorée de maximes, dont celle qui dit : « La vie, même en s’en allant, laisse derrière elle l’espérance pour fermer les portes » 3 — au coin de la cheminée, dis-je, il préparait ses « Considérations sur la France » et il jetait sur le papier les improvisations de son cerveau volcanique pour les soumettre au marquis. Et cet ami, doué d’un esprit peut-être inférieur par la force et l’étendue, mais plus sage et plus pondéré, tançait le grand homme sur sa tendance à l’emphase et sur ses emportements excessifs. Quant à la marquise, elle apportait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son babillage et de ses divinations politiques. « Quelles personnes, bon Dieu ! Quelles soirées ! Quelles conversations ! », se souviendra Maistre 4 avec nostalgie.
le marquis Costa de Beauregard, « Mélanges tirés d’un portefeuille militaire. Tome I »
Il s’agit de « Mélanges tirés d’un portefeuille militaire » du marquis Joseph-Henri Costa de Beauregard, chef d’état-major et historien de la maison royale de Savoie, et surtout ami intime du comte Joseph de Maistre. L’amitié des deux hommes datait de très loin : ils s’étaient connus à Turin, où l’un était officier et l’autre étudiant. Chaque année, ils se voyaient au château de Beauregard, sur les bords du Léman, avec ses arbres séculaires se mirant dans les eaux du lac et avec ses promenades infinies. C’est là que Maistre venait goûter ses « plaisirs d’automne » 1. C’est là qu’il « verbait » avec le marquis et la marquise au sujet de la République française nouvellement décrétée, à l’heure où l’Europe entière, et le roi de Sardaigne tout le premier, tremblait devant ses soldats. Tous les deux étaient passionnés par cette funeste voisine, qui divisait les meilleurs esprits du temps ; et tout en se défendant d’aimer la France, ils ne savaient penser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre sujet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il appelait « les deux bras » de la nation française, c’est-à-dire « sa langue et l’esprit de prosélytisme qui forme l’essence de son caractère » 2, maintenait et proclamait la vocation de cette nation : être à la tête du monde. Au coin de la cheminée décorée de maximes, dont celle qui dit : « La vie, même en s’en allant, laisse derrière elle l’espérance pour fermer les portes » 3 — au coin de la cheminée, dis-je, il préparait ses « Considérations sur la France » et il jetait sur le papier les improvisations de son cerveau volcanique pour les soumettre au marquis. Et cet ami, doué d’un esprit peut-être inférieur par la force et l’étendue, mais plus sage et plus pondéré, tançait le grand homme sur sa tendance à l’emphase et sur ses emportements excessifs. Quant à la marquise, elle apportait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son babillage et de ses divinations politiques. « Quelles personnes, bon Dieu ! Quelles soirées ! Quelles conversations ! », se souviendra Maistre 4 avec nostalgie.
le marquis Costa de Beauregard, « Un Homme d’autrefois : souvenirs recueillis par son arrière-petit-fils »
Il s’agit d’« Un Homme d’autrefois : souvenirs » du marquis Joseph-Henri Costa de Beauregard, chef d’état-major et historien de la maison royale de Savoie, et surtout ami intime du comte Joseph de Maistre. L’amitié des deux hommes datait de très loin : ils s’étaient connus à Turin, où l’un était officier et l’autre étudiant. Chaque année, ils se voyaient au château de Beauregard, sur les bords du Léman, avec ses arbres séculaires se mirant dans les eaux du lac et avec ses promenades infinies. C’est là que Maistre venait goûter ses « plaisirs d’automne » 1. C’est là qu’il « verbait » avec le marquis et la marquise au sujet de la République française nouvellement décrétée, à l’heure où l’Europe entière, et le roi de Sardaigne tout le premier, tremblait devant ses soldats. Tous les deux étaient passionnés par cette funeste voisine, qui divisait les meilleurs esprits du temps ; et tout en se défendant d’aimer la France, ils ne savaient penser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre sujet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il appelait « les deux bras » de la nation française, c’est-à-dire « sa langue et l’esprit de prosélytisme qui forme l’essence de son caractère » 2, maintenait et proclamait la vocation de cette nation : être à la tête du monde. Au coin de la cheminée décorée de maximes, dont celle qui dit : « La vie, même en s’en allant, laisse derrière elle l’espérance pour fermer les portes » 3 — au coin de la cheminée, dis-je, il préparait ses « Considérations sur la France » et il jetait sur le papier les improvisations de son cerveau volcanique pour les soumettre au marquis. Et cet ami, doué d’un esprit peut-être inférieur par la force et l’étendue, mais plus sage et plus pondéré, tançait le grand homme sur sa tendance à l’emphase et sur ses emportements excessifs. Quant à la marquise, elle apportait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son babillage et de ses divinations politiques. « Quelles personnes, bon Dieu ! Quelles soirées ! Quelles conversations ! », se souviendra Maistre 4 avec nostalgie.
Sagard, « Histoire du Canada, [ou] Voyages que les frères mineurs récollets y ont faits depuis l’an 1615. Tome IV »
Il s’agit de la relation « Histoire du Canada » du frère Gabriel Sagard, missionnaire français, qui a fidèlement décrit le quotidien des Indiens parmi lesquels il vécut pendant près d’un an, ainsi que l’œuvre divine qu’il eut la conviction d’accomplir, lorsque, la croix sur le cœur, le regard au ciel, il vint s’enfoncer dans les solitudes du Canada. Il en a tiré deux relations : « Le Grand Voyage du pays des Hurons » et « Histoire du Canada », qui sont précieuses en ce qu’elles nous renseignent sur les mœurs et l’esprit de tribus aujourd’hui éteintes ou réduites à une poignée d’hommes. Ce fut le 18 mars 1623 que le frère Sagard partit de Paris, à pied et sans argent, voyageant « à l’apostolique » 1, pour se rendre à Dieppe, lieu de l’embarquement. La grande et épouvantable traversée de l’océan l’incommoda fort et le contraignit « de rendre le tribut à la mer [de vomir] » tout au long des trois mois et six jours de navigation qu’il lui fallut pour arriver à la ville de Québec. De là, « ayant traversé d’île en île » en petit canot, il prit terre au pays des Hurons tant désiré « par un jour de dimanche, fête de Saint-Bernard 2, environ midi, [alors] que le soleil donnait à plomb » 3. Tous les Indiens sortirent de leurs cabanes pour venir le voir et lui firent un fort bon accueil à leur façon ; et par des caresses extraordinaires, ils lui témoignèrent « l’aise et le contentement » qu’ils avaient de sa venue. Notre zélé religieux se mit aussitôt à l’étude de la langue huronne, dont il ne manqua pas de dresser un lexique : « J’écrivais, et observant soigneusement les mots de la langue… j’en dressais des mémoires que j’étudiais et répétais devant mes sauvages, lesquels y prenaient plaisir et m’aidaient à m’y perfectionner… ; m’[appelant] souvent “Aviel”, au lieu de “Gabriel” qu’ils ne pouvaient prononcer à cause de la lettre “b” qui ne se trouve point en toute leur langue… “Gabriel, prends ta plume et écris”, puis ils m’expliquaient au mieux qu’ils pouvaient ce que je désirais savoir » 4. Peu à peu, il parvint à s’habituer dans un lieu si misérable. Peu à peu, aussi, il apprit la langue des Indiens. Il s’entretint alors fraternellement avec eux ; il les attendrit par sa mansuétude et douceur ; et comme il se montrait toujours si bon envers eux, il les persuada aisément que le Dieu dont il leur prêchait la loi, était le bon Dieu. « Telle a été l’action bienfaisante de la France dans ses possessions d’Amérique. Au Sud, les Espagnols suppliciaient, massacraient la pauvre race indienne. Au Nord, les Anglais la refoulaient de zone en zone jusque dans les froids et arides déserts. Nos missionnaires l’adoucissaient et l’humanisaient », dit Xavier Marmier
Sagard, « Histoire du Canada, [ou] Voyages que les frères mineurs récollets y ont faits depuis l’an 1615. Tome III »
Il s’agit de la relation « Histoire du Canada » du frère Gabriel Sagard, missionnaire français, qui a fidèlement décrit le quotidien des Indiens parmi lesquels il vécut pendant près d’un an, ainsi que l’œuvre divine qu’il eut la conviction d’accomplir, lorsque, la croix sur le cœur, le regard au ciel, il vint s’enfoncer dans les solitudes du Canada. Il en a tiré deux relations : « Le Grand Voyage du pays des Hurons » et « Histoire du Canada », qui sont précieuses en ce qu’elles nous renseignent sur les mœurs et l’esprit de tribus aujourd’hui éteintes ou réduites à une poignée d’hommes. Ce fut le 18 mars 1623 que le frère Sagard partit de Paris, à pied et sans argent, voyageant « à l’apostolique » 1, pour se rendre à Dieppe, lieu de l’embarquement. La grande et épouvantable traversée de l’océan l’incommoda fort et le contraignit « de rendre le tribut à la mer [de vomir] » tout au long des trois mois et six jours de navigation qu’il lui fallut pour arriver à la ville de Québec. De là, « ayant traversé d’île en île » en petit canot, il prit terre au pays des Hurons tant désiré « par un jour de dimanche, fête de Saint-Bernard 2, environ midi, [alors] que le soleil donnait à plomb » 3. Tous les Indiens sortirent de leurs cabanes pour venir le voir et lui firent un fort bon accueil à leur façon ; et par des caresses extraordinaires, ils lui témoignèrent « l’aise et le contentement » qu’ils avaient de sa venue. Notre zélé religieux se mit aussitôt à l’étude de la langue huronne, dont il ne manqua pas de dresser un lexique : « J’écrivais, et observant soigneusement les mots de la langue… j’en dressais des mémoires que j’étudiais et répétais devant mes sauvages, lesquels y prenaient plaisir et m’aidaient à m’y perfectionner… ; m’[appelant] souvent “Aviel”, au lieu de “Gabriel” qu’ils ne pouvaient prononcer à cause de la lettre “b” qui ne se trouve point en toute leur langue… “Gabriel, prends ta plume et écris”, puis ils m’expliquaient au mieux qu’ils pouvaient ce que je désirais savoir » 4. Peu à peu, il parvint à s’habituer dans un lieu si misérable. Peu à peu, aussi, il apprit la langue des Indiens. Il s’entretint alors fraternellement avec eux ; il les attendrit par sa mansuétude et douceur ; et comme il se montrait toujours si bon envers eux, il les persuada aisément que le Dieu dont il leur prêchait la loi, était le bon Dieu. « Telle a été l’action bienfaisante de la France dans ses possessions d’Amérique. Au Sud, les Espagnols suppliciaient, massacraient la pauvre race indienne. Au Nord, les Anglais la refoulaient de zone en zone jusque dans les froids et arides déserts. Nos missionnaires l’adoucissaient et l’humanisaient », dit Xavier Marmier
Sagard, « Histoire du Canada, [ou] Voyages que les frères mineurs récollets y ont faits depuis l’an 1615. Tome II »
Il s’agit de la relation « Histoire du Canada » du frère Gabriel Sagard, missionnaire français, qui a fidèlement décrit le quotidien des Indiens parmi lesquels il vécut pendant près d’un an, ainsi que l’œuvre divine qu’il eut la conviction d’accomplir, lorsque, la croix sur le cœur, le regard au ciel, il vint s’enfoncer dans les solitudes du Canada. Il en a tiré deux relations : « Le Grand Voyage du pays des Hurons » et « Histoire du Canada », qui sont précieuses en ce qu’elles nous renseignent sur les mœurs et l’esprit de tribus aujourd’hui éteintes ou réduites à une poignée d’hommes. Ce fut le 18 mars 1623 que le frère Sagard partit de Paris, à pied et sans argent, voyageant « à l’apostolique » 1, pour se rendre à Dieppe, lieu de l’embarquement. La grande et épouvantable traversée de l’océan l’incommoda fort et le contraignit « de rendre le tribut à la mer [de vomir] » tout au long des trois mois et six jours de navigation qu’il lui fallut pour arriver à la ville de Québec. De là, « ayant traversé d’île en île » en petit canot, il prit terre au pays des Hurons tant désiré « par un jour de dimanche, fête de Saint-Bernard 2, environ midi, [alors] que le soleil donnait à plomb » 3. Tous les Indiens sortirent de leurs cabanes pour venir le voir et lui firent un fort bon accueil à leur façon ; et par des caresses extraordinaires, ils lui témoignèrent « l’aise et le contentement » qu’ils avaient de sa venue. Notre zélé religieux se mit aussitôt à l’étude de la langue huronne, dont il ne manqua pas de dresser un lexique : « J’écrivais, et observant soigneusement les mots de la langue… j’en dressais des mémoires que j’étudiais et répétais devant mes sauvages, lesquels y prenaient plaisir et m’aidaient à m’y perfectionner… ; m’[appelant] souvent “Aviel”, au lieu de “Gabriel” qu’ils ne pouvaient prononcer à cause de la lettre “b” qui ne se trouve point en toute leur langue… “Gabriel, prends ta plume et écris”, puis ils m’expliquaient au mieux qu’ils pouvaient ce que je désirais savoir » 4. Peu à peu, il parvint à s’habituer dans un lieu si misérable. Peu à peu, aussi, il apprit la langue des Indiens. Il s’entretint alors fraternellement avec eux ; il les attendrit par sa mansuétude et douceur ; et comme il se montrait toujours si bon envers eux, il les persuada aisément que le Dieu dont il leur prêchait la loi, était le bon Dieu. « Telle a été l’action bienfaisante de la France dans ses possessions d’Amérique. Au Sud, les Espagnols suppliciaient, massacraient la pauvre race indienne. Au Nord, les Anglais la refoulaient de zone en zone jusque dans les froids et arides déserts. Nos missionnaires l’adoucissaient et l’humanisaient », dit Xavier Marmier
Sagard, « Histoire du Canada, [ou] Voyages que les frères mineurs récollets y ont faits depuis l’an 1615. Tome I »
Il s’agit de la relation « Histoire du Canada » du frère Gabriel Sagard, missionnaire français, qui a fidèlement décrit le quotidien des Indiens parmi lesquels il vécut pendant près d’un an, ainsi que l’œuvre divine qu’il eut la conviction d’accomplir, lorsque, la croix sur le cœur, le regard au ciel, il vint s’enfoncer dans les solitudes du Canada. Il en a tiré deux relations : « Le Grand Voyage du pays des Hurons » et « Histoire du Canada », qui sont précieuses en ce qu’elles nous renseignent sur les mœurs et l’esprit de tribus aujourd’hui éteintes ou réduites à une poignée d’hommes. Ce fut le 18 mars 1623 que le frère Sagard partit de Paris, à pied et sans argent, voyageant « à l’apostolique » 1, pour se rendre à Dieppe, lieu de l’embarquement. La grande et épouvantable traversée de l’océan l’incommoda fort et le contraignit « de rendre le tribut à la mer [de vomir] » tout au long des trois mois et six jours de navigation qu’il lui fallut pour arriver à la ville de Québec. De là, « ayant traversé d’île en île » en petit canot, il prit terre au pays des Hurons tant désiré « par un jour de dimanche, fête de Saint-Bernard 2, environ midi, [alors] que le soleil donnait à plomb » 3. Tous les Indiens sortirent de leurs cabanes pour venir le voir et lui firent un fort bon accueil à leur façon ; et par des caresses extraordinaires, ils lui témoignèrent « l’aise et le contentement » qu’ils avaient de sa venue. Notre zélé religieux se mit aussitôt à l’étude de la langue huronne, dont il ne manqua pas de dresser un lexique : « J’écrivais, et observant soigneusement les mots de la langue… j’en dressais des mémoires que j’étudiais et répétais devant mes sauvages, lesquels y prenaient plaisir et m’aidaient à m’y perfectionner… ; m’[appelant] souvent “Aviel”, au lieu de “Gabriel” qu’ils ne pouvaient prononcer à cause de la lettre “b” qui ne se trouve point en toute leur langue… “Gabriel, prends ta plume et écris”, puis ils m’expliquaient au mieux qu’ils pouvaient ce que je désirais savoir » 4. Peu à peu, il parvint à s’habituer dans un lieu si misérable. Peu à peu, aussi, il apprit la langue des Indiens. Il s’entretint alors fraternellement avec eux ; il les attendrit par sa mansuétude et douceur ; et comme il se montrait toujours si bon envers eux, il les persuada aisément que le Dieu dont il leur prêchait la loi, était le bon Dieu. « Telle a été l’action bienfaisante de la France dans ses possessions d’Amérique. Au Sud, les Espagnols suppliciaient, massacraient la pauvre race indienne. Au Nord, les Anglais la refoulaient de zone en zone jusque dans les froids et arides déserts. Nos missionnaires l’adoucissaient et l’humanisaient », dit Xavier Marmier
Volney, « La Loi naturelle, ou Principes physiques de la morale »
Il s’agit de « La Loi naturelle, ou Principes physiques de la morale » 1 de Constantin-François de Chassebœuf, voyageur et littérateur français, plus connu sous le surnom de Volney (XVIIIe-XIXe siècle). Il perdit sa mère à deux ans et fut laissé entre les mains d’une vieille parente, qui l’abandonna dans un petit collège d’Ancenis. Le régime de ce collège était fort mauvais, et la santé des enfants y était à peine soignée ; le directeur était un homme brutal, qui ne parlait qu’en grondant et ne grondait qu’en frappant. Volney souffrait d’autant plus que son père ne venait jamais le voir et ne paraissait jamais avoir pour lui cette sollicitude que témoigne un père envers son fils. L’enfant avançait pourtant dans ses études et était à la tête de ses classes. Soit par nature, soit par suite de l’abandon de son père, soit les deux, il se plaisait dans la méditation solitaire et taciturne, et son génie n’attendait que d’être libéré pour se développer et pour prendre un essor rapide. L’occasion ne tarda pas à se présenter : une modique somme d’argent lui échut. Il résolut de l’employer à acquérir, dans un grand voyage, un fonds de connaissances nouvelles. La Syrie et l’Égypte lui parurent les pays les plus propres aux observations historiques et morales dont il voulait s’occuper. « Je me séparerai », se promit-il 2, « des sociétés corrompues ; je m’éloignerai des palais où l’âme se déprave par la satiété, et des cabanes où elle s’avilit par la misère ; j’irai dans la solitude vivre parmi les ruines ; j’interrogerai les monuments anciens… par quels mobiles s’élèvent et s’abaissent les Empires ; de quelles causes naissent la prospérité et les malheurs des nations ; sur quels principes enfin doivent s’établir la paix des sociétés et le bonheur des hommes. » Mais pour visiter ces pays avec fruit, il fallait en connaître la langue : « Sans la langue, l’on ne saurait apprécier le génie et le caractère d’une nation : la traduction des interprètes n’a jamais l’effet d’un entretien direct », pensait-il 3. Cette difficulté ne rebuta point Volney. Au lieu d’apprendre l’arabe en Europe, il alla s’enfermer durant huit mois dans un couvent du Liban, jusqu’à ce qu’il fût en état de parler cette langue commune à tant d’Orientaux.
le père de Beaurecueil, « Je crois en l’étoile du matin »
Il s’agit de « Je crois en l’étoile du matin » du père Serge de Beaurecueil, religieux français, grand connaisseur de l’Afghanistan. En entrant dans l’Ordre de saint Dominique en 1935 et en entendant pour la première fois le père Chenu lui parler de l’Égypte, où il partit en 1946, comment le père de Beaurecueil aurait-il pu supposer que sa patrie spirituelle, sa terre promise serait beaucoup plus loin, dans les montagnes de l’Asie Centrale ? Dieu l’y conduisit pas à pas et presque sans qu’il s’en aperçût. La « rencontre » fortuite d’un mystique afghan du XIe siècle apr. J.-C., Ansârî, fut décisive. Le père de Beaurecueil n’y vit au début qu’un bon sujet d’étude à poursuivre au couvent du Caire. Il entreprit d’éditer rigoureusement, à partir de tous les manuscrits existants, les textes originaux d’Ansârî, en persan et en arabe, ce mystique ayant écrit dans les deux langues. Il en apprit même les plus beaux passages par cœur pour nourrir ses méditations ; celui-ci par exemple : « Comment aurais-je su que la souffrance est mère de la joie, et que sous une déception se cachent mille trésors ? » 1, qu’il rapprochait du psaume biblique : « Ceux qui sèment dans les larmes, moissonnent avec des cris de joie » 2. Ses travaux magistraux lui valurent d’être invité à Kaboul pour un séminaire sur Ansârî, en 1962. On lui suggéra de rester, ce qu’il fit une bonne vingtaine d’années. La ville de Kaboul, rendez-vous de tant d’ethnies, invitées à se reconnaître, à vivre ensemble, avec évidemment tous les heurts possibles, le fascina : « Kaboul, ma fiancée, mon épouse, dont je porte la bague, donnée il y a bien longtemps par un petit bonhomme épileptique que j’avais fait soigner !… Quel roman d’amour entre nous ! Avec bientôt vingt ans de fidélité », écrit-il dans un hymne consacré à cette ville
le père de Beaurecueil, « Un Chrétien en Afghanistan. Nous avons partagé le pain et le sel • Prêtre des non-chrétiens »
éd. du Cerf, coll. Foi vivante, Paris
Il s’agit d’« Un Chrétien en Afghanistan » du père Serge de Beaurecueil, religieux français, grand connaisseur de l’Afghanistan. En entrant dans l’Ordre de saint Dominique en 1935 et en entendant pour la première fois le père Chenu lui parler de l’Égypte, où il partit en 1946, comment le père de Beaurecueil aurait-il pu supposer que sa patrie spirituelle, sa terre promise serait beaucoup plus loin, dans les montagnes de l’Asie Centrale ? Dieu l’y conduisit pas à pas et presque sans qu’il s’en aperçût. La « rencontre » fortuite d’un mystique afghan du XIe siècle apr. J.-C., Ansârî, fut décisive. Le père de Beaurecueil n’y vit au début qu’un bon sujet d’étude à poursuivre au couvent du Caire. Il entreprit d’éditer rigoureusement, à partir de tous les manuscrits existants, les textes originaux d’Ansârî, en persan et en arabe, ce mystique ayant écrit dans les deux langues. Il en apprit même les plus beaux passages par cœur pour nourrir ses méditations ; celui-ci par exemple : « Comment aurais-je su que la souffrance est mère de la joie, et que sous une déception se cachent mille trésors ? » 1, qu’il rapprochait du psaume biblique : « Ceux qui sèment dans les larmes, moissonnent avec des cris de joie » 2. Ses travaux magistraux lui valurent d’être invité à Kaboul pour un séminaire sur Ansârî, en 1962. On lui suggéra de rester, ce qu’il fit une bonne vingtaine d’années. La ville de Kaboul, rendez-vous de tant d’ethnies, invitées à se reconnaître, à vivre ensemble, avec évidemment tous les heurts possibles, le fascina : « Kaboul, ma fiancée, mon épouse, dont je porte la bague, donnée il y a bien longtemps par un petit bonhomme épileptique que j’avais fait soigner !… Quel roman d’amour entre nous ! Avec bientôt vingt ans de fidélité », écrit-il dans un hymne consacré à cette ville