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Abû al-Faraj, « La Femme arabe dans “Le Livre des chants” : une anthologie »

éd. Fayard, coll. Bibliothèque Maktaba, Paris

éd. Fayard, coll. Bi­blio­thèque Mak­taba, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Livre des chants» («Ki­tâb al-Ag­hâni» 1) d’Abû al-Fa­raj 2, chro­ni­queur et de lettres , éga­le­ment connu sous le sur­nom d’al-Isfahânî 3. Il na­quit, ainsi que son sur­nom l’indique, à Is­pa­han (en ), mais tout à fait par ha­sard, car il se rat­ta­chait à la li­gnée des Omeyyades, maîtres de l’, et il était de pure race arabe. Trans­porté de bonne heure à (en ), il s’attela à l’étude de la , de la , de l’; il se consti­tua, en outre, un so­lide ba­gage mé­di­cal, as­tro­lo­gique, mu­si­cal. Il de­vint, en un mot, un vrai homme d’«adab», c’est-à-dire un éru­dit tou­chant de près ou de loin à tous les do­maines de la connais­sance. À un âge avancé, il per­dit peu à peu la et mou­rut en 967 apr. J.-C. Il laissa der­rière lui plu­sieurs beaux ou­vrages, entre autres ce­lui in­ti­tulé «Le Livre des chants», au­quel il consa­cra cin­quante ans de sa , et qu’on s’accorde una­ni­me­ment à re­gar­der comme le meilleur qui ait paru sur ce su­jet. Abû al-Fa­raj prit soin d’y réunir tout ce qu’il put trou­ver de chants arabes, tant an­ciens que mo­dernes. Il s’appliqua, pour cha­cun de ces chants, à dé­si­gner l’auteur des vers et ce­lui de la ; à in­di­quer, avec clarté et avec pré­ci­sion, l’occasion qui donna nais­sance au poème ou à l’air; le tout avec des dé­tails cir­cons­tan­ciés sur la , l’, les gé­néa­lo­gies, la suc­ces­sion des dy­nas­ties, etc. Au ha­sard des cha­pitres, nous ac­com­pa­gnons un poète à la Cour du ca­life Hâ­roun al-Ra­chîd, as­sis­tons à une que­relle lit­té­raire dans une ta­verne de Bag­dad, pé­né­trons dans le sa­lon d’une chan­teuse de re­nom. C’est «une luxu­riante, consi­dé­rable par le vo­lume, pré­cieuse dans le dé­tail; une pro­fuse, un pêle-mêle pa­pillo­tant, un gi­se­ment ou­vert à qui­conque veut s’instruire sur la , l’histoire et la vie des Arabes, de l’origine au Xe siècle apr. J.-C.; un fi­lon ex­ploi­table, et d’ailleurs ex­ploité jusqu’à nos jours, par la science orien­tale et orien­ta­liste», dit un tra­duc­teur 4. Bref, c’est une mine très riche et très com­plète sur tout ce qui concerne les Arabes, et c’est en mine que la pos­té­rité aura «Le Livre des chants» plu­tôt qu’en œuvre ayant une propre. Car, tout en re­con­nais­sant le mé­rite in­con­tes­table de cette col­lec­tion de plus d’une ving­taine de vo­lumes, et tout en ad­mi­rant l’abondance et la va­riété des faits qu’Abû al-Fa­raj a ac­cu­mu­lés en pré­pa­rant son su­jet, la pos­té­rité aura re­gretté que, dans bien des cas, il n’ait pas éla­gué tout ce qui est in­utile ou su­per­flu et uni en­semble tout ce qui ne dif­fère que par des dif­fé­rences as­sez lé­gères.

  1. En arabe «كتاب الأغاني». Par­fois trans­crit «Kit­tab el Aghani», «Ki­tâb Ala­gâni», «Ki­tâb Alag­hâny», «Ki­tab el Ag­hâ­niy» ou «Ke­tab el Aghani». Icône Haut
  2. En arabe أبو الفرج. Au­tre­fois trans­crit Aboul­fa­rage, Abou el Fa­radj, Abou’l-Feredj, Abû’lfaraǵ, Aboul-Fa­radg ou Aboûl­fa­raj. Icône Haut
  1. En arabe الأصفهاني. Au­tre­fois trans­crit al As­fa­hânî, Alis­fa­hâny, el-Es­fa­hani, el-Iç­fa­hâni ou el-Is­pa­hani. On ren­contre aussi la gra­phie الأصبهاني (al-Is­ba­hânî). Au­tre­fois trans­crit el-Iç­ba­hâni. Icône Haut
  2. M. Jacques Berque. Icône Haut

Abû al-Faraj, « Musiques sur le fleuve : les plus belles pages du “Kitâb al-Aghâni” »

éd. A. Michel, Paris

éd. A. Mi­chel, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Livre des chants» («Ki­tâb al-Ag­hâni» 1) d’Abû al-Fa­raj 2, chro­ni­queur et de lettres , éga­le­ment connu sous le sur­nom d’al-Isfahânî 3. Il na­quit, ainsi que son sur­nom l’indique, à Is­pa­han (en ), mais tout à fait par ha­sard, car il se rat­ta­chait à la li­gnée des Omeyyades, maîtres de l’, et il était de pure race arabe. Trans­porté de bonne heure à (en ), il s’attela à l’étude de la , de la , de l’; il se consti­tua, en outre, un so­lide ba­gage mé­di­cal, as­tro­lo­gique, mu­si­cal. Il de­vint, en un mot, un vrai homme d’«adab», c’est-à-dire un éru­dit tou­chant de près ou de loin à tous les do­maines de la connais­sance. À un âge avancé, il per­dit peu à peu la et mou­rut en 967 apr. J.-C. Il laissa der­rière lui plu­sieurs beaux ou­vrages, entre autres ce­lui in­ti­tulé «Le Livre des chants», au­quel il consa­cra cin­quante ans de sa , et qu’on s’accorde una­ni­me­ment à re­gar­der comme le meilleur qui ait paru sur ce su­jet. Abû al-Fa­raj prit soin d’y réunir tout ce qu’il put trou­ver de chants arabes, tant an­ciens que mo­dernes. Il s’appliqua, pour cha­cun de ces chants, à dé­si­gner l’auteur des vers et ce­lui de la ; à in­di­quer, avec clarté et avec pré­ci­sion, l’occasion qui donna nais­sance au poème ou à l’air; le tout avec des dé­tails cir­cons­tan­ciés sur la , l’, les gé­néa­lo­gies, la suc­ces­sion des dy­nas­ties, etc. Au ha­sard des cha­pitres, nous ac­com­pa­gnons un poète à la Cour du ca­life Hâ­roun al-Ra­chîd, as­sis­tons à une que­relle lit­té­raire dans une ta­verne de Bag­dad, pé­né­trons dans le sa­lon d’une chan­teuse de re­nom. C’est «une luxu­riante, consi­dé­rable par le vo­lume, pré­cieuse dans le dé­tail; une pro­fuse, un pêle-mêle pa­pillo­tant, un gi­se­ment ou­vert à qui­conque veut s’instruire sur la , l’histoire et la vie des Arabes, de l’origine au Xe siècle apr. J.-C.; un fi­lon ex­ploi­table, et d’ailleurs ex­ploité jusqu’à nos jours, par la science orien­tale et orien­ta­liste», dit un tra­duc­teur 4. Bref, c’est une mine très riche et très com­plète sur tout ce qui concerne les Arabes, et c’est en mine que la pos­té­rité aura «Le Livre des chants» plu­tôt qu’en œuvre ayant une propre. Car, tout en re­con­nais­sant le mé­rite in­con­tes­table de cette col­lec­tion de plus d’une ving­taine de vo­lumes, et tout en ad­mi­rant l’abondance et la va­riété des faits qu’Abû al-Fa­raj a ac­cu­mu­lés en pré­pa­rant son su­jet, la pos­té­rité aura re­gretté que, dans bien des cas, il n’ait pas éla­gué tout ce qui est in­utile ou su­per­flu et uni en­semble tout ce qui ne dif­fère que par des dif­fé­rences as­sez lé­gères.

  1. En arabe «كتاب الأغاني». Par­fois trans­crit «Kit­tab el Aghani», «Ki­tâb Ala­gâni», «Ki­tâb Alag­hâny», «Ki­tab el Ag­hâ­niy» ou «Ke­tab el Aghani». Icône Haut
  2. En arabe أبو الفرج. Au­tre­fois trans­crit Aboul­fa­rage, Abou el Fa­radj, Abou’l-Feredj, Abû’lfaraǵ, Aboul-Fa­radg ou Aboûl­fa­raj. Icône Haut
  1. En arabe الأصفهاني. Au­tre­fois trans­crit al As­fa­hânî, Alis­fa­hâny, el-Es­fa­hani, el-Iç­fa­hâni ou el-Is­pa­hani. On ren­contre aussi la gra­phie الأصبهاني (al-Is­ba­hânî). Au­tre­fois trans­crit el-Iç­ba­hâni. Icône Haut
  2. M. Jacques Berque. Icône Haut

Abû al-Faraj, « Notices anecdotiques sur les principaux musiciens arabes des trois premiers siècles de l’islamisme »

dans « Journal asiatique », sér. 7, vol. 2, p. 397-592

dans «Jour­nal asia­tique», sér. 7, vol. 2, p. 397-592

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Livre des chants» («Ki­tâb al-Ag­hâni» 1) d’Abû al-Fa­raj 2, chro­ni­queur et de lettres , éga­le­ment connu sous le sur­nom d’al-Isfahânî 3. Il na­quit, ainsi que son sur­nom l’indique, à Is­pa­han (en ), mais tout à fait par ha­sard, car il se rat­ta­chait à la li­gnée des Omeyyades, maîtres de l’, et il était de pure race arabe. Trans­porté de bonne heure à (en ), il s’attela à l’étude de la , de la , de l’; il se consti­tua, en outre, un so­lide ba­gage mé­di­cal, as­tro­lo­gique, mu­si­cal. Il de­vint, en un mot, un vrai homme d’«adab», c’est-à-dire un éru­dit tou­chant de près ou de loin à tous les do­maines de la connais­sance. À un âge avancé, il per­dit peu à peu la et mou­rut en 967 apr. J.-C. Il laissa der­rière lui plu­sieurs beaux ou­vrages, entre autres ce­lui in­ti­tulé «Le Livre des chants», au­quel il consa­cra cin­quante ans de sa , et qu’on s’accorde una­ni­me­ment à re­gar­der comme le meilleur qui ait paru sur ce su­jet. Abû al-Fa­raj prit soin d’y réunir tout ce qu’il put trou­ver de chants arabes, tant an­ciens que mo­dernes. Il s’appliqua, pour cha­cun de ces chants, à dé­si­gner l’auteur des vers et ce­lui de la ; à in­di­quer, avec clarté et avec pré­ci­sion, l’occasion qui donna nais­sance au poème ou à l’air; le tout avec des dé­tails cir­cons­tan­ciés sur la , l’, les gé­néa­lo­gies, la suc­ces­sion des dy­nas­ties, etc. Au ha­sard des cha­pitres, nous ac­com­pa­gnons un poète à la Cour du ca­life Hâ­roun al-Ra­chîd, as­sis­tons à une que­relle lit­té­raire dans une ta­verne de Bag­dad, pé­né­trons dans le sa­lon d’une chan­teuse de re­nom. C’est «une luxu­riante, consi­dé­rable par le vo­lume, pré­cieuse dans le dé­tail; une pro­fuse, un pêle-mêle pa­pillo­tant, un gi­se­ment ou­vert à qui­conque veut s’instruire sur la , l’histoire et la vie des Arabes, de l’origine au Xe siècle apr. J.-C.; un fi­lon ex­ploi­table, et d’ailleurs ex­ploité jusqu’à nos jours, par la science orien­tale et orien­ta­liste», dit un tra­duc­teur 4. Bref, c’est une mine très riche et très com­plète sur tout ce qui concerne les Arabes, et c’est en mine que la pos­té­rité aura «Le Livre des chants» plu­tôt qu’en œuvre ayant une propre. Car, tout en re­con­nais­sant le mé­rite in­con­tes­table de cette col­lec­tion de plus d’une ving­taine de vo­lumes, et tout en ad­mi­rant l’abondance et la va­riété des faits qu’Abû al-Fa­raj a ac­cu­mu­lés en pré­pa­rant son su­jet, la pos­té­rité aura re­gretté que, dans bien des cas, il n’ait pas éla­gué tout ce qui est in­utile ou su­per­flu et uni en­semble tout ce qui ne dif­fère que par des dif­fé­rences as­sez lé­gères.

  1. En arabe «كتاب الأغاني». Par­fois trans­crit «Kit­tab el Aghani», «Ki­tâb Ala­gâni», «Ki­tâb Alag­hâny», «Ki­tab el Ag­hâ­niy» ou «Ke­tab el Aghani». Icône Haut
  2. En arabe أبو الفرج. Au­tre­fois trans­crit Aboul­fa­rage, Abou el Fa­radj, Abou’l-Feredj, Abû’lfaraǵ, Aboul-Fa­radg ou Aboûl­fa­raj. Icône Haut
  1. En arabe الأصفهاني. Au­tre­fois trans­crit al As­fa­hânî, Alis­fa­hâny, el-Es­fa­hani, el-Iç­fa­hâni ou el-Is­pa­hani. On ren­contre aussi la gra­phie الأصبهاني (al-Is­ba­hânî). Au­tre­fois trans­crit el-Iç­ba­hâni. Icône Haut
  2. M. Jacques Berque. Icône Haut

« Mémoire sur l’ouvrage intitulé “Kitâb Alagâni”, c’est-à-dire “Recueil de chansons”, [d’Abû al-Faraj] »

dans « Journal asiatique », sér. 2, vol. 16, p. 385-419 & 497-545 ; sér. 3, vol. 6, p. 465-526

dans «Jour­nal asia­tique», sér. 2, vol. 16, p. 385-419 & 497-545; sér. 3, vol. 6, p. 465-526

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Livre des chants» («Ki­tâb al-Ag­hâni» 1) d’Abû al-Fa­raj 2, chro­ni­queur et de lettres , éga­le­ment connu sous le sur­nom d’al-Isfahânî 3. Il na­quit, ainsi que son sur­nom l’indique, à Is­pa­han (en ), mais tout à fait par ha­sard, car il se rat­ta­chait à la li­gnée des Omeyyades, maîtres de l’, et il était de pure race arabe. Trans­porté de bonne heure à (en ), il s’attela à l’étude de la , de la , de l’; il se consti­tua, en outre, un so­lide ba­gage mé­di­cal, as­tro­lo­gique, mu­si­cal. Il de­vint, en un mot, un vrai homme d’«adab», c’est-à-dire un éru­dit tou­chant de près ou de loin à tous les do­maines de la connais­sance. À un âge avancé, il per­dit peu à peu la et mou­rut en 967 apr. J.-C. Il laissa der­rière lui plu­sieurs beaux ou­vrages, entre autres ce­lui in­ti­tulé «Le Livre des chants», au­quel il consa­cra cin­quante ans de sa , et qu’on s’accorde una­ni­me­ment à re­gar­der comme le meilleur qui ait paru sur ce su­jet. Abû al-Fa­raj prit soin d’y réunir tout ce qu’il put trou­ver de chants arabes, tant an­ciens que mo­dernes. Il s’appliqua, pour cha­cun de ces chants, à dé­si­gner l’auteur des vers et ce­lui de la ; à in­di­quer, avec clarté et avec pré­ci­sion, l’occasion qui donna nais­sance au poème ou à l’air; le tout avec des dé­tails cir­cons­tan­ciés sur la , l’, les gé­néa­lo­gies, la suc­ces­sion des dy­nas­ties, etc. Au ha­sard des cha­pitres, nous ac­com­pa­gnons un poète à la Cour du ca­life Hâ­roun al-Ra­chîd, as­sis­tons à une que­relle lit­té­raire dans une ta­verne de Bag­dad, pé­né­trons dans le sa­lon d’une chan­teuse de re­nom. C’est «une luxu­riante, consi­dé­rable par le vo­lume, pré­cieuse dans le dé­tail; une pro­fuse, un pêle-mêle pa­pillo­tant, un gi­se­ment ou­vert à qui­conque veut s’instruire sur la , l’histoire et la vie des Arabes, de l’origine au Xe siècle apr. J.-C.; un fi­lon ex­ploi­table, et d’ailleurs ex­ploité jusqu’à nos jours, par la science orien­tale et orien­ta­liste», dit un tra­duc­teur 4. Bref, c’est une mine très riche et très com­plète sur tout ce qui concerne les Arabes, et c’est en mine que la pos­té­rité aura «Le Livre des chants» plu­tôt qu’en œuvre ayant une propre. Car, tout en re­con­nais­sant le mé­rite in­con­tes­table de cette col­lec­tion de plus d’une ving­taine de vo­lumes, et tout en ad­mi­rant l’abondance et la va­riété des faits qu’Abû al-Fa­raj a ac­cu­mu­lés en pré­pa­rant son su­jet, la pos­té­rité aura re­gretté que, dans bien des cas, il n’ait pas éla­gué tout ce qui est in­utile ou su­per­flu et uni en­semble tout ce qui ne dif­fère que par des dif­fé­rences as­sez lé­gères.

  1. En arabe «كتاب الأغاني». Par­fois trans­crit «Kit­tab el Aghani», «Ki­tâb Ala­gâni», «Ki­tâb Alag­hâny», «Ki­tab el Ag­hâ­niy» ou «Ke­tab el Aghani». Icône Haut
  2. En arabe أبو الفرج. Au­tre­fois trans­crit Aboul­fa­rage, Abou el Fa­radj, Abou’l-Feredj, Abû’lfaraǵ, Aboul-Fa­radg ou Aboûl­fa­raj. Icône Haut
  1. En arabe الأصفهاني. Au­tre­fois trans­crit al As­fa­hânî, Alis­fa­hâny, el-Es­fa­hani, el-Iç­fa­hâni ou el-Is­pa­hani. On ren­contre aussi la gra­phie الأصبهاني (al-Is­ba­hânî). Au­tre­fois trans­crit el-Iç­ba­hâni. Icône Haut
  2. M. Jacques Berque. Icône Haut

Cioran, « Œuvres »

éd. Gallimard, coll. Quarto, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Quarto, Pa­ris

Il s’agit de M. Emil Cio­ran 1, in­tel­lec­tuel d’expression fran­çaise (XXe siècle). Com­ment peut-on être ? com­ment peut-on dis­po­ser d’une si sub­tile et ne pas réus­sir à ex­pri­mer les si­gni­fi­ca­tions de l’ d’aujourd’hui?, se de­man­dait M. Cio­ran. Il lui sem­blait que le ac­tuel était ter­ri­ble­ment in­té­res­sant, et son seul re­gret était de ne pas pou­voir y par­ti­ci­per da­van­tage — à cause de lui-même, ou plu­tôt de son des­tin d’intellectuel rou­main : «Qui­conque est doué du sens de l’», dit-il 2, «ad­met­tra que… les Rou­mains ont vécu dans une in­exis­tence per­ma­nente». Mais ar­rivé en , M. Cio­ran fut sur­pris de voir que la France même, au­tre­ment douée et pla­cée, ne par­ti­ci­pait plus aux choses, ni même ne leur as­si­gnait un nom. Il lui sem­blait pour­tant que la vo­ca­tion pre­mière de cette était de com­prendre les autres et de leur faire com­prendre. Mais de­puis des dé­cen­nies, la France cher­chait des au lieu d’en don­ner : «J’étais allé loin pour cher­cher le , et le so­leil, en­fin trouvé, m’était hos­tile. Et si j’allais me je­ter du haut de la fa­laise? Pen­dant que je fai­sais des consi­dé­ra­tions plu­tôt sombres, tout en re­gar­dant ces pins, ces ro­chers, ces vagues, je sen­tis sou­dain à quel point j’étais rivé à ce bel uni­vers mau­dit», dit-il 3. Si, dans son œuvre de langue rou­maine, M. Cio­ran ne ces­sait de dé­plo­rer la si­tua­tion des sans des­tin, des cultures mi­neures, tou­jours res­tées ano­nymes, ses ou­vrages de langue fran­çaise offrent une vi­sion tout aussi pes­si­miste des cultures ma­jeures ayant eu ja­dis une am­bi­tion et un de trans­for­mer le monde, ar­ri­vées dé­sor­mais à une phase de dé­clin, à la per­pé­tua­tion d’une «race de sous-hommes, res­quilleurs de l’» 4. Et les unes et les autres marchent — courent même — vers un dé­sastre réel, et non vers quelque idéale . Et M. Cio­ran de conclure : «Le “pro­grès” est l’équivalent mo­derne de la Chute, la ver­sion pro­fane de la dam­na­tion» 5.

  1. Éga­le­ment connu sous le sur­nom d’E. M. Cio­ran. Fas­ciné par les ini­tiales d’E. M. Fors­ter, Cio­ran les adopta pour lui-même. Il di­sait qu’Emil tout court, c’était un pré­nom vul­gaire, un pré­nom de coif­feur. Icône Haut
  2. « et Des­tin». Icône Haut
  3. «Aveux et Ana­thèmes». Icône Haut
  1. «Pré­cis de dé­com­po­si­tion». Icône Haut
  2. «La Chute dans le ». Icône Haut

Ovide, « Les Élégies d’Ovide, pendant son exil. Tome II »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des «Pon­tiques» 1 d’ 2. En l’an 8 apr. J.-C., alors que sa pa­rais­sait plus as­su­rée et plus confor­table que ja­mais, Ovide fut é à Tomes 3, sur la Noire, à l’extrême li­mite de l’Empire. Quelle fut la cause de son exil, et quelle eut l’Empereur Au­guste de pri­ver et sa Cour d’un si grand poète, pour le confi­ner dans les terres ? C’est ce que l’on ignore, et ce qu’apparemment on igno­rera tou­jours. «Sa faute ca­pi­tale fut d’avoir été té­moin de quelque ac­tion se­crète qui in­té­res­sait la ré­pu­ta­tion de l’Empereur, ou plu­tôt de quelque per­sonne qui lui était bien chère : c’est… sur quoi nos … qui veulent à quelque prix que ce soit de­vi­ner une énigme de dix-sept siècles, se trouvent fort par­ta­gés», ex­plique le père  4. Mais lais­sons de côté les hy­po­thèses in­nom­brables et in­utiles. Il suf­fit de sa­voir que, dans ses mal­heurs, Ovide ne trouva pas d’autre res­source que sa , et qu’il l’employa tout en­tière à flé­chir la de l’Empereur : «On ne peut man­quer d’avoir de l’indulgence pour mes », écrit notre poète 5, «quand on saura que c’est pré­ci­sé­ment dans le de mon exil et au mi­lieu de la bar­ba­rie qu’ils ont été faits. L’on s’étonnera même que, parmi tant d’adversités, j’aie pu tra­cer un seul vers de ma main… Je n’ai point ici de qui puissent ra­ni­mer ma verve et me nour­rir au tra­vail : au lieu de livres, je ne vois que des arcs tou­jours ban­dés; et je n’entends que le bruit des qui re­ten­tit de toutes parts… Ô prince le plus doux et le plus hu­main qui soit au ! Sans le mal­heur qui m’est ar­rivé sur la fin de mes jours, l’ de votre es­time m’aurait mis à cou­vert de tous les mau­vais bruits. Oui, c’est la fin de ma qui m’a perdu; une seule bour­rasque a sub­mergé ma barque échap­pée tant de fois du nau­frage. Et ce n’est pas seule­ment quelques gouttes d’ qui ont re­jailli sur ; tous les flots de la mer et l’océan tout en­tier sont ve­nus fondre sur une seule tête et m’ont en­glouti». Il est éton­nant que les cri­tiques n’aient pas fait de ces pages poi­gnantes le cas qu’elles mé­ritent. Aux adres­sées à un pou­voir im­pla­cable, Ovide mêle la la­men­ta­tion d’un perdu loin des siens, loin d’une dont il était na­guère le plus brillant re­pré­sen­tant. Iti­né­raire du , de la , des heures vides, son che­mi­ne­ment tou­chera tous ceux que l’effet de la for­tune ou les vi­cis­si­tudes de la au­ront ar­ra­chés à leur pa­trie.

  1. En «Epis­tulæ ex Ponto» ou «Pon­ticæ Epis­tolæ». Icône Haut
  2. En la­tin Pu­blius Ovi­dius Naso. Icône Haut
  3. Aujourd’hui , en . Icône Haut
  1. «Tome I», p. X. Icône Haut
  2. id. p. 273-275 & 107 & 115. Icône Haut

Homère, « Odyssée »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «L’Odyssée» 1 d’ 2. «Le chantre des ex­ploits hé­roïques, l’interprète des , le se­cond dont s’éclairait la , la lu­mière des muses, la tou­jours jeune du en­tier, Ho­mère, il est là, étran­ger, sous le sable de ce ri­vage», dit une épi­gramme fu­né­raire 3. On sait qu’Alexandre de Ma­cé­doine por­tait tou­jours avec lui une co­pie des chants d’Homère, et qu’il consa­crait à la garde de ce tré­sor une cas­sette pré­cieuse, en­ri­chie d’ et de pier­re­ries, trou­vée parmi les ef­fets du roi Da­rius. Alexandre mou­rut; l’immense Em­pire qu’il avait ras­sem­blé pour un ins­tant tomba en ruines; mais par­tout où avaient volé les se­mences de la grecque, les chants d’Homère avaient fait le voyage mys­té­rieux. Par­tout, sur les bords de la Mé­di­ter­ra­née, on par­lait , on écri­vait avec les lettres grecques, et nulle part da­van­tage que dans cette ville à l’embouchure du Nil, qui por­tait le nom de son fon­da­teur : Alexan­drie. «C’est là que se fai­saient les pré­cieuses co­pies des chants, là que s’écrivaient ces , dont la plu­part ont péri six ou sept siècles plus tard avec la fa­meuse bi­blio­thèque d’Alexandrie, que fit brû­ler le ca­life Omar, ce bien­fai­teur des éco­liers», dit Frie­drich Spiel­ha­gen 4. Les Ro­mains re­cueillirent, au­tant qu’il était pos­sible à un guer­rier et igno­rant, l’héritage du grec. Et c’était Ho­mère qu’on met­tait entre les mains du jeune comme élé­ment de son , et dont il conti­nuait plus tard l’étude dans les hautes écoles d’Athènes. Si Es­chyle dit que ses tra­gé­dies ne sont que «les re­liefs des grands fes­tins d’Homère» 5, on peut le dire avec en­core plus de des Ro­mains, qui s’invitent chez Ho­mère et re­viennent avec quelque croûte à gru­ger, un mor­ceau de car­ti­lage des mets qu’on a ser­vis.

  1. En grec «Ὀδύσσεια». Icône Haut
  2. En grec Ὅμηρος. Icône Haut
  3. En grec «Ἡρώων κάρυκ’ ἀρετᾶς, μακάρων δὲ προφήταν, Ἑλλάνων βιοτᾷ δεύτερον ἀέλιον, Μουσῶν φέγγος Ὅμηρον, ἀγήραντον στόμα κόσμου παντός, ἁλιρροθία, ξεῖνε, κέκευθε κόνις». An­ti­pa­ter de Si­don dans «An­tho­lo­gie grecque, d’après le ma­nus­crit pa­la­tin». Icône Haut
  1. «Ho­mère», p. 513. Icône Haut
  2. En grec «τεμάχη τῶν Ὁμήρου μεγάλων δείπνων». Athé­née, «Ban­quet des sa­vants». Icône Haut

Homère, « Iliade »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «L’Iliade» 1 d’ 2. «Le chantre des ex­ploits hé­roïques, l’interprète des , le se­cond dont s’éclairait la , la lu­mière des muses, la tou­jours jeune du en­tier, Ho­mère, il est là, étran­ger, sous le sable de ce ri­vage», dit une épi­gramme fu­né­raire 3. On sait qu’Alexandre de Ma­cé­doine por­tait tou­jours avec lui une co­pie des chants d’Homère, et qu’il consa­crait à la garde de ce tré­sor une cas­sette pré­cieuse, en­ri­chie d’ et de pier­re­ries, trou­vée parmi les ef­fets du roi Da­rius. Alexandre mou­rut; l’immense Em­pire qu’il avait ras­sem­blé pour un ins­tant tomba en ruines; mais par­tout où avaient volé les se­mences de la grecque, les chants d’Homère avaient fait le voyage mys­té­rieux. Par­tout, sur les bords de la Mé­di­ter­ra­née, on par­lait , on écri­vait avec les lettres grecques, et nulle part da­van­tage que dans cette ville à l’embouchure du Nil, qui por­tait le nom de son fon­da­teur : Alexan­drie. «C’est là que se fai­saient les pré­cieuses co­pies des chants, là que s’écrivaient ces , dont la plu­part ont péri six ou sept siècles plus tard avec la fa­meuse bi­blio­thèque d’Alexandrie, que fit brû­ler le ca­life Omar, ce bien­fai­teur des éco­liers», dit Frie­drich Spiel­ha­gen 4. Les Ro­mains re­cueillirent, au­tant qu’il était pos­sible à un guer­rier et igno­rant, l’héritage du grec. Et c’était Ho­mère qu’on met­tait entre les mains du jeune comme élé­ment de son , et dont il conti­nuait plus tard l’étude dans les hautes écoles d’Athènes. Si Es­chyle dit que ses tra­gé­dies ne sont que «les re­liefs des grands fes­tins d’Homère» 5, on peut le dire avec en­core plus de des Ro­mains, qui s’invitent chez Ho­mère et re­viennent avec quelque croûte à gru­ger, un mor­ceau de car­ti­lage des mets qu’on a ser­vis.

  1. En grec «Ἰλιάς». Icône Haut
  2. En grec Ὅμηρος. Icône Haut
  3. En grec «Ἡρώων κάρυκ’ ἀρετᾶς, μακάρων δὲ προφήταν, Ἑλλάνων βιοτᾷ δεύτερον ἀέλιον, Μουσῶν φέγγος Ὅμηρον, ἀγήραντον στόμα κόσμου παντός, ἁλιρροθία, ξεῖνε, κέκευθε κόνις». An­ti­pa­ter de Si­don dans «An­tho­lo­gie grecque, d’après le ma­nus­crit pa­la­tin». Icône Haut
  1. «Ho­mère», p. 513. Icône Haut
  2. En grec «τεμάχη τῶν Ὁμήρου μεγάλων δείπνων». Athé­née, «Ban­quet des sa­vants». Icône Haut

Ovide, « Les Élégies d’Ovide, pendant son exil. Tome I »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des «Tristes» 1 d’ 2. En l’an 8 apr. J.-C., alors que sa pa­rais­sait plus as­su­rée et plus confor­table que ja­mais, Ovide fut é à Tomes 3, sur la Noire, à l’extrême li­mite de l’Empire. Quelle fut la cause de son exil, et quelle eut l’Empereur Au­guste de pri­ver et sa Cour d’un si grand poète, pour le confi­ner dans les terres ? C’est ce que l’on ignore, et ce qu’apparemment on igno­rera tou­jours. «Sa faute ca­pi­tale fut d’avoir été té­moin de quelque ac­tion se­crète qui in­té­res­sait la ré­pu­ta­tion de l’Empereur, ou plu­tôt de quelque per­sonne qui lui était bien chère : c’est… sur quoi nos … qui veulent à quelque prix que ce soit de­vi­ner une énigme de dix-sept siècles, se trouvent fort par­ta­gés», ex­plique le père  4. Mais lais­sons de côté les hy­po­thèses in­nom­brables et in­utiles. Il suf­fit de sa­voir que, dans ses mal­heurs, Ovide ne trouva pas d’autre res­source que sa , et qu’il l’employa tout en­tière à flé­chir la de l’Empereur : «On ne peut man­quer d’avoir de l’indulgence pour mes », écrit notre poète 5, «quand on saura que c’est pré­ci­sé­ment dans le de mon exil et au mi­lieu de la bar­ba­rie qu’ils ont été faits. L’on s’étonnera même que, parmi tant d’adversités, j’aie pu tra­cer un seul vers de ma main… Je n’ai point ici de qui puissent ra­ni­mer ma verve et me nour­rir au tra­vail : au lieu de livres, je ne vois que des arcs tou­jours ban­dés; et je n’entends que le bruit des qui re­ten­tit de toutes parts… Ô prince le plus doux et le plus hu­main qui soit au ! Sans le mal­heur qui m’est ar­rivé sur la fin de mes jours, l’ de votre es­time m’aurait mis à cou­vert de tous les mau­vais bruits. Oui, c’est la fin de ma qui m’a perdu; une seule bour­rasque a sub­mergé ma barque échap­pée tant de fois du nau­frage. Et ce n’est pas seule­ment quelques gouttes d’ qui ont re­jailli sur ; tous les flots de la mer et l’océan tout en­tier sont ve­nus fondre sur une seule tête et m’ont en­glouti». Il est éton­nant que les cri­tiques n’aient pas fait de ces pages poi­gnantes le cas qu’elles mé­ritent. Aux adres­sées à un pou­voir im­pla­cable, Ovide mêle la la­men­ta­tion d’un perdu loin des siens, loin d’une dont il était na­guère le plus brillant re­pré­sen­tant. Iti­né­raire du , de la , des heures vides, son che­mi­ne­ment tou­chera tous ceux que l’effet de la for­tune ou les vi­cis­si­tudes de la au­ront ar­ra­chés à leur pa­trie.

  1. En «Tris­tia» ou «Tris­tium li­bri». Icône Haut
  2. En la­tin Pu­blius Ovi­dius Naso. Icône Haut
  3. Aujourd’hui , en . Icône Haut
  1. «Tome I», p. X. Icône Haut
  2. id. p. 273-275 & 107 & 115. Icône Haut