Icône Mot-clefDarius Iᵉʳ (roi de Perse)

su­jet

Tarsusi, « Alexandre le Grand en Iran : le “Dârâb Nâmeh” »

éd. de Boccard, coll. Persika, Paris

éd. de Boc­card, coll. Per­sika, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Livre de Dâ­râb» («Dâ­râb Nâ­meh» 1) d’Abu Tâ­her Tar­susi 2, col­lec­tion in­di­geste et confuse de per­sanes sur (XIe-XIIe siècle). Bien que le titre de cette col­lec­tion fasse ré­fé­rence au roi Dâ­râb (c’est-à-dire Da­rius), au­quel est consa­cré le pre­mier tiers du livre, il s’agit, pour les deux autres tiers, d’un d’Alexandre le Grand; car, dans le «Livre de Dâ­râb», ce vain­queur des na­tions est fils de Dâ­râb, et non de Phi­lippe II, ce qui fait de lui un hé­ri­tier lé­gi­time des rois perses. Par ailleurs, in­dé­pen­dam­ment des que le «Livre de Dâ­râb» lui prête, il est constam­ment éclipsé par sa femme, l’Iranienne Bu­rân­do­kht. «L’inclusion d’Alexandre dans la li­gnée lé­gi­time des rois perses a été ex­pli­quée comme une fa­çon de sau­ve­gar­der et de ma­gni­fier l’identité na­tio­nale, sous la », rap­pelle Mme Ève Feuille­bois-Pie­ru­nek 3. On ne pos­sède au­cun ren­sei­gne­ment sur l’auteur. Son nom de re­la­tion, Tar­susi, et sa va­riante, Tar­tusi, ont donné lieu à dif­fé­rentes conjec­tures. Cer­tains ont dit que ce com­pi­la­teur in­fa­ti­gable de lé­gendes au­rait émi­gré de la Perse au Proche-, à Tarse (dans l’actuelle ) ou alors à Tar­tous (dans l’actuelle ). D’autres ont dit qu’il au­rait fait le che­min in­verse. Le cadre de son «Livre de Dâ­râb» est em­prunté au cha­pitre consa­cré à Alexandre dans «Le Livre des rois» de Fir­dousi; mais il est rem­pli et en­flé par une masse énorme de tra­di­tions se­con­daires, qui nous trans­portent en pleine , et où le cé­lèbre conqué­rant est fi­guré tour à tour comme ins­truit ou igno­rant, brave ou pol­tron, pro­phète mu­sul­man ou fils . De toute évi­dence, ne pou­vant pas ou ne vou­lant pas consul­ter les his­to­rio­graphes grecs et la­tins, Tar­susi s’est borné à re­cueillir les fables in­di­gènes, sans se mettre en peine de re­cher­cher si elles of­fraient ou non un ca­rac­tère de et de co­hé­rence. Il n’a tenu au­cun compte de la . Des lam­beaux de po­pu­laires ont été réunis bout à bout, sans choix, sans exa­men. Des pays, sé­pa­rés dans la par de grandes aires géo­gra­phiques, ont été mê­lés en­semble d’une fa­çon ab­surde. Se­lon un pas­sage, Alexandre, aban­donné par sa mère, est re­cueilli par «Aris­tote le Ro­main» qui vit en sa­vant as­cète dans la mon­tagne d’Altın («» en ), au pied de la­quelle se trouve la ville d’Alexandrette qui donne son nom… à Alexandre. Se­lon un autre pas­sage, Alexandre fait un jour en­chaî­ner et en­fer­mer ; alors, une prière que ce­lui-ci adresse à Al­lah a pour ef­fet im­mé­diat de faire ou­blier à Alexandre toutes les connais­sances qu’il pos­sède, au point «qu’après cela, il ne put lire un seul mot sur une feuille de pa­pier ni in­ter­pré­ter un seul rêve» 4. Tels sont quelques-uns des contes de bas étage qui com­posent cet ou­vrage, et que l’ ne me per­met pas d’énumérer.

  1. En «داراب‌‌نامه». Par­fois trans­crit «Dārāb-nāme» ou «Da­rab-nama». Icône Haut
  2. En per­san ابوطاهر طرسوسی. Par­fois trans­crit Abū Ṭāhir Ṭarsūsī. Icône Haut
  1. «Les Fi­gures d’Alexandre dans la ». Icône Haut
  2. p. 132. Icône Haut

Hérodote, « L’Enquête. Tome II »

éd. Gallimard, coll. Folio-Classique, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Fo­lio-Clas­sique, Pa­ris

Il s’agit de l’«En­quête» («His­to­riê» 1) d’ d’Halicarnasse 2, le pre­mier des grecs dont on pos­sède les ou­vrages. Car bien qu’on sache qu’Hécatée de Mi­let, Cha­ron de Lamp­saque, etc. avaient écrit des his­to­rio­gra­phies avant lui, la sienne néan­moins est la plus an­cienne qui res­tait au de Ci­cé­ron, le­quel a re­connu Hé­ro­dote pour le «père de l’» 3, tout comme il l’a nommé ailleurs, à cause de sa pré­séance, le «prince» 4 des his­to­riens.

Le su­jet di­rect d’Hérodote est, comme il le dit dans sa pré­face, «les grands ex­ploits ac­com­plis soit par les Grecs, soit par les [Perses], et la du conflit qui mit ces deux peuples aux prises»; mais des cha­pitres en­tiers sont consa­crés aux di­verses na­tions qui, de près ou de loin, avaient été en contact avec ces deux peuples : les Ly­diens, les Mèdes, les Ba­by­lo­niens sou­mis par Cy­rus; puis les Égyp­tiens conquis par Cam­byse; puis les at­ta­qués par Da­rius; puis les In­diens. Leurs his­toires ac­ces­soires, leurs ré­cits la­té­raux viennent se fondre dans le foi­son­ne­ment de la prin­ci­pale, comme des cours d’ qui vien­draient gros­sir un tor­rent. Et ainsi, l’«En­quête» s’élargit, de proche en proche, et nous ouvre, pour la pre­mière fois, les an­nales de l’ensemble du ha­bité, en cher­chant à nous don­ner des le­çons in­di­rectes, quoique sen­sibles, sur notre condi­tion hu­maine. C’est dans ces le­çons; c’est dans l’habile pro­gres­sion des épi­sodes des­ti­née à te­nir notre at­ten­tion constam­ment en éveil; c’est dans la mo­ra­lité qui se fait sen­tir de toute part — et ce que j’entends par «mo­ra­lité», ce n’est pas seule­ment ce qui concerne la , mais ce qui est ca­pable de consa­crer la des morts et d’exciter l’émulation des vi­vants — c’est là, dis-je, qu’on voit la gran­deur d’Hérodote, mar­chant sur les traces d’Ho­mère

  1. En «Ἱστορίη». On ren­contre aussi la gra­phie «Ἱστορία» («His­to­ria»). Avant de de­ve­nir le nom d’un genre, l’«his­toire» dans son sens pri­mi­tif était une en­quête sé­rieuse et ap­pro­fon­die, une in­tel­li­gente de la . Icône Haut
  2. En grec Ἡρόδοτος ὁ Ἁλικαρνασσεύς. Icône Haut
  1. « des » («De le­gi­bus»), liv. I, sect. 5. Icône Haut
  2. «Dia­logues de l’orateur» («De ora­tore»), liv. II, sect. 55. Icône Haut

Hérodote, « L’Enquête. Tome I »

éd. Gallimard, coll. Folio-Classique, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Fo­lio-Clas­sique, Pa­ris

Il s’agit de l’«En­quête» («His­to­riê» 1) d’ d’Halicarnasse 2, le pre­mier des grecs dont on pos­sède les ou­vrages. Car bien qu’on sache qu’Hécatée de Mi­let, Cha­ron de Lamp­saque, etc. avaient écrit des his­to­rio­gra­phies avant lui, la sienne néan­moins est la plus an­cienne qui res­tait au de Ci­cé­ron, le­quel a re­connu Hé­ro­dote pour le «père de l’» 3, tout comme il l’a nommé ailleurs, à cause de sa pré­séance, le «prince» 4 des his­to­riens.

Le su­jet di­rect d’Hérodote est, comme il le dit dans sa pré­face, «les grands ex­ploits ac­com­plis soit par les Grecs, soit par les [Perses], et la du conflit qui mit ces deux peuples aux prises»; mais des cha­pitres en­tiers sont consa­crés aux di­verses na­tions qui, de près ou de loin, avaient été en contact avec ces deux peuples : les Ly­diens, les Mèdes, les Ba­by­lo­niens sou­mis par Cy­rus; puis les Égyp­tiens conquis par Cam­byse; puis les at­ta­qués par Da­rius; puis les In­diens. Leurs his­toires ac­ces­soires, leurs ré­cits la­té­raux viennent se fondre dans le foi­son­ne­ment de la prin­ci­pale, comme des cours d’ qui vien­draient gros­sir un tor­rent. Et ainsi, l’«En­quête» s’élargit, de proche en proche, et nous ouvre, pour la pre­mière fois, les an­nales de l’ensemble du ha­bité, en cher­chant à nous don­ner des le­çons in­di­rectes, quoique sen­sibles, sur notre condi­tion hu­maine. C’est dans ces le­çons; c’est dans l’habile pro­gres­sion des épi­sodes des­ti­née à te­nir notre at­ten­tion constam­ment en éveil; c’est dans la mo­ra­lité qui se fait sen­tir de toute part — et ce que j’entends par «mo­ra­lité», ce n’est pas seule­ment ce qui concerne la , mais ce qui est ca­pable de consa­crer la des morts et d’exciter l’émulation des vi­vants — c’est là, dis-je, qu’on voit la gran­deur d’Hérodote, mar­chant sur les traces d’Ho­mère

  1. En «Ἱστορίη». On ren­contre aussi la gra­phie «Ἱστορία» («His­to­ria»). Avant de de­ve­nir le nom d’un genre, l’«his­toire» dans son sens pri­mi­tif était une en­quête sé­rieuse et ap­pro­fon­die, une in­tel­li­gente de la . Icône Haut
  2. En grec Ἡρόδοτος ὁ Ἁλικαρνασσεύς. Icône Haut
  1. « des » («De le­gi­bus»), liv. I, sect. 5. Icône Haut
  2. «Dia­logues de l’orateur» («De ora­tore»), liv. II, sect. 55. Icône Haut