Mot-clefgnosticisme

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«Hermès en Haute-Égypte : les textes hermétiques de Nag Hammadi. Tome II»

éd. Presses de l’Université Laval, coll. Bibliothèque copte de Nag Hammadi-Section Textes, Québec

éd. Presses de l’Université La­val, coll. Bi­blio­thèque copte de Nag Ham­madi-Sec­tion Textes, Qué­bec

Il s’agit des «Dé­fi­ni­tions d’Hermès Tris­mé­giste à As­clé­pius» («Her­mou Tris­me­gis­tou ho­roi pros Ask­lê­pion» 1) et autres trai­tés du «Cor­pus her­me­ti­cum», com­pi­la­tion éso­té­rique née de la ren­contre des idées re­li­gieuses de l’Égypte et des su­per­sti­tions sa­vantes de la Grèce (Ier-IIIe siècle apr. J.-C.). Au dé­but de notre ère, le ra­tio­na­lisme grec craque de toute part. La science hu­maine, ju­gée trop res­treinte et su­jette à l’erreur, cède la place aux ré­vé­la­tions qu’obtient l’art du mage, de l’alchimiste, du né­cro­man­cien. Chez l’élite in­tel­lec­tuelle se ré­pand le dé­sir des connais­sances im­mé­diates, ve­nues par voie sur­na­tu­relle; le goût de l’invisible, de l’initiation oc­culte; la cu­rio­sité pour l’au-delà. Les Grecs ont de plus en plus re­cours à un cer­tain nombre de «sa­gesses ré­vé­lées», qu’ils at­tri­buent soit à des sages perses (Zo­roastre, Os­ta­nès, Hys­taspe); soit à un dieu égyp­tien (Thoth-Her­mès); soit à des oracles de la Chal­dée («Oracles chal­daïques»). Parmi ces «sa­gesses ré­vé­lées», celle at­tri­buée au dieu Her­mès Tris­mé­giste 2Her­mès le trois fois très grand») est peut-être la plus im­por­tante — et par le grand nombre d’écrits qu’elle a lais­sés, et par sa pos­té­rité qui sur­vit dans les mots «her­mé­tisme», «her­mé­tique», etc. Mais qui est donc cet Her­mès? Il est à iden­ti­fier avec Thoth, le dieu-scribe qui donna l’écriture aux Égyp­tiens, les­quels, par l’intermédiaire des Phé­ni­ciens, la trans­mirent en­suite à la Grèce : «Thoth», ra­conte Pla­ton 3, «vint trou­ver le [pha­raon], lui mon­tra l’art [des lettres] qu’il avait in­venté, et lui dit qu’il fal­lait en faire part à tous les Égyp­tiens… “Cette science, ô roi”, lui dit Thoth, “ren­dra les Égyp­tiens plus sa­vants et sou­la­gera leur mé­moire; c’est un re­mède que j’ai trouvé contre la dif­fi­culté d’apprendre et de sa­voir”».

  1. En grec «Ἑρμοῦ Τρισμεγίστου ὅροι πρὸς Ἀσκληπιόν». Haut
  2. En grec Τρισμέγιστος Ἑρμῆς. Par­fois trans­crit Er­mès ou Mer­cure. Haut
  1. «Phèdre», 274d. Haut

«Hermès en Haute-Égypte : les textes hermétiques de Nag Hammadi. Tome I»

éd. Presses de l’Université Laval, coll. Bibliothèque copte de Nag Hammadi-Section Textes, Québec

éd. Presses de l’Université La­val, coll. Bi­blio­thèque copte de Nag Ham­madi-Sec­tion Textes, Qué­bec

Il s’agit de «L’Ogdoade et l’Ennéade» («Og­doas kai En­neas» 1) et autres trai­tés du «Cor­pus her­me­ti­cum», com­pi­la­tion éso­té­rique née de la ren­contre des idées re­li­gieuses de l’Égypte et des su­per­sti­tions sa­vantes de la Grèce (Ier-IIIe siècle apr. J.-C.). Au dé­but de notre ère, le ra­tio­na­lisme grec craque de toute part. La science hu­maine, ju­gée trop res­treinte et su­jette à l’erreur, cède la place aux ré­vé­la­tions qu’obtient l’art du mage, de l’alchimiste, du né­cro­man­cien. Chez l’élite in­tel­lec­tuelle se ré­pand le dé­sir des connais­sances im­mé­diates, ve­nues par voie sur­na­tu­relle; le goût de l’invisible, de l’initiation oc­culte; la cu­rio­sité pour l’au-delà. Les Grecs ont de plus en plus re­cours à un cer­tain nombre de «sa­gesses ré­vé­lées», qu’ils at­tri­buent soit à des sages perses (Zo­roastre, Os­ta­nès, Hys­taspe); soit à un dieu égyp­tien (Thoth-Her­mès); soit à des oracles de la Chal­dée («Oracles chal­daïques»). Parmi ces «sa­gesses ré­vé­lées», celle at­tri­buée au dieu Her­mès Tris­mé­giste 2Her­mès le trois fois très grand») est peut-être la plus im­por­tante — et par le grand nombre d’écrits qu’elle a lais­sés, et par sa pos­té­rité qui sur­vit dans les mots «her­mé­tisme», «her­mé­tique», etc. Mais qui est donc cet Her­mès? Il est à iden­ti­fier avec Thoth, le dieu-scribe qui donna l’écriture aux Égyp­tiens, les­quels, par l’intermédiaire des Phé­ni­ciens, la trans­mirent en­suite à la Grèce : «Thoth», ra­conte Pla­ton 3, «vint trou­ver le [pha­raon], lui mon­tra l’art [des lettres] qu’il avait in­venté, et lui dit qu’il fal­lait en faire part à tous les Égyp­tiens… “Cette science, ô roi”, lui dit Thoth, “ren­dra les Égyp­tiens plus sa­vants et sou­la­gera leur mé­moire; c’est un re­mède que j’ai trouvé contre la dif­fi­culté d’apprendre et de sa­voir”».

  1. En grec «Ὀγδοὰς καὶ Ἐννεάς». Haut
  2. En grec Τρισμέγιστος Ἑρμῆς. Par­fois trans­crit Er­mès ou Mer­cure. Haut
  1. «Phèdre», 274d. Haut

Hermès Trismégiste, «“Corpus hermeticum”. Tome IV»

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit de la «Fille du monde» («Korê kos­mou» 1) et autres trai­tés du «Cor­pus her­me­ti­cum», com­pi­la­tion éso­té­rique née de la ren­contre des idées re­li­gieuses de l’Égypte et des su­per­sti­tions sa­vantes de la Grèce (Ier-IIIe siècle apr. J.-C.). Au dé­but de notre ère, le ra­tio­na­lisme grec craque de toute part. La science hu­maine, ju­gée trop res­treinte et su­jette à l’erreur, cède la place aux ré­vé­la­tions qu’obtient l’art du mage, de l’alchimiste, du né­cro­man­cien. Chez l’élite in­tel­lec­tuelle se ré­pand le dé­sir des connais­sances im­mé­diates, ve­nues par voie sur­na­tu­relle; le goût de l’invisible, de l’initiation oc­culte; la cu­rio­sité pour l’au-delà. Les Grecs ont de plus en plus re­cours à un cer­tain nombre de «sa­gesses ré­vé­lées», qu’ils at­tri­buent soit à des sages perses (Zo­roastre, Os­ta­nès, Hys­taspe); soit à un dieu égyp­tien (Thoth-Her­mès); soit à des oracles de la Chal­dée («Oracles chal­daïques»). Parmi ces «sa­gesses ré­vé­lées», celle at­tri­buée au dieu Her­mès Tris­mé­giste 2Her­mès le trois fois très grand») est peut-être la plus im­por­tante — et par le grand nombre d’écrits qu’elle a lais­sés, et par sa pos­té­rité qui sur­vit dans les mots «her­mé­tisme», «her­mé­tique», etc. Mais qui est donc cet Her­mès? Il est à iden­ti­fier avec Thoth, le dieu-scribe qui donna l’écriture aux Égyp­tiens, les­quels, par l’intermédiaire des Phé­ni­ciens, la trans­mirent en­suite à la Grèce : «Thoth», ra­conte Pla­ton 3, «vint trou­ver le [pha­raon], lui mon­tra l’art [des lettres] qu’il avait in­venté, et lui dit qu’il fal­lait en faire part à tous les Égyp­tiens… “Cette science, ô roi”, lui dit Thoth, “ren­dra les Égyp­tiens plus sa­vants et sou­la­gera leur mé­moire; c’est un re­mède que j’ai trouvé contre la dif­fi­culté d’apprendre et de sa­voir”».

  1. En grec «Κόρη κόσμου». Par­fois tra­duit «Vierge du monde», «Pru­nelle du monde» ou «Pu­pille du monde». Haut
  2. En grec Τρισμέγιστος Ἑρμῆς. Par­fois trans­crit Er­mès ou Mer­cure. Haut
  1. «Phèdre», 274d. Haut

Hermès Trismégiste, «“Corpus hermeticum”. Tome III»

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit du «Dis­cours à Tat» («Pros Tat» 1) et autres trai­tés du «Cor­pus her­me­ti­cum», com­pi­la­tion éso­té­rique née de la ren­contre des idées re­li­gieuses de l’Égypte et des su­per­sti­tions sa­vantes de la Grèce (Ier-IIIe siècle apr. J.-C.). Au dé­but de notre ère, le ra­tio­na­lisme grec craque de toute part. La science hu­maine, ju­gée trop res­treinte et su­jette à l’erreur, cède la place aux ré­vé­la­tions qu’obtient l’art du mage, de l’alchimiste, du né­cro­man­cien. Chez l’élite in­tel­lec­tuelle se ré­pand le dé­sir des connais­sances im­mé­diates, ve­nues par voie sur­na­tu­relle; le goût de l’invisible, de l’initiation oc­culte; la cu­rio­sité pour l’au-delà. Les Grecs ont de plus en plus re­cours à un cer­tain nombre de «sa­gesses ré­vé­lées», qu’ils at­tri­buent soit à des sages perses (Zo­roastre, Os­ta­nès, Hys­taspe); soit à un dieu égyp­tien (Thoth-Her­mès); soit à des oracles de la Chal­dée («Oracles chal­daïques»). Parmi ces «sa­gesses ré­vé­lées», celle at­tri­buée au dieu Her­mès Tris­mé­giste 2Her­mès le trois fois très grand») est peut-être la plus im­por­tante — et par le grand nombre d’écrits qu’elle a lais­sés, et par sa pos­té­rité qui sur­vit dans les mots «her­mé­tisme», «her­mé­tique», etc. Mais qui est donc cet Her­mès? Il est à iden­ti­fier avec Thoth, le dieu-scribe qui donna l’écriture aux Égyp­tiens, les­quels, par l’intermédiaire des Phé­ni­ciens, la trans­mirent en­suite à la Grèce : «Thoth», ra­conte Pla­ton 3, «vint trou­ver le [pha­raon], lui mon­tra l’art [des lettres] qu’il avait in­venté, et lui dit qu’il fal­lait en faire part à tous les Égyp­tiens… “Cette science, ô roi”, lui dit Thoth, “ren­dra les Égyp­tiens plus sa­vants et sou­la­gera leur mé­moire; c’est un re­mède que j’ai trouvé contre la dif­fi­culté d’apprendre et de sa­voir”».

  1. En grec «Πρὸς Τάτ». Haut
  2. En grec Τρισμέγιστος Ἑρμῆς. Par­fois trans­crit Er­mès ou Mer­cure. Haut
  1. «Phèdre», 274d. Haut

Hermès Trismégiste, «“Corpus hermeticum”. Tome II»

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit du «Dis­cours par­fait, ou As­clé­pius» («Lo­gos te­leios, ê Ask­lê­pios» 1) et autres trai­tés du «Cor­pus her­me­ti­cum», com­pi­la­tion éso­té­rique née de la ren­contre des idées re­li­gieuses de l’Égypte et des su­per­sti­tions sa­vantes de la Grèce (Ier-IIIe siècle apr. J.-C.). Au dé­but de notre ère, le ra­tio­na­lisme grec craque de toute part. La science hu­maine, ju­gée trop res­treinte et su­jette à l’erreur, cède la place aux ré­vé­la­tions qu’obtient l’art du mage, de l’alchimiste, du né­cro­man­cien. Chez l’élite in­tel­lec­tuelle se ré­pand le dé­sir des connais­sances im­mé­diates, ve­nues par voie sur­na­tu­relle; le goût de l’invisible, de l’initiation oc­culte; la cu­rio­sité pour l’au-delà. Les Grecs ont de plus en plus re­cours à un cer­tain nombre de «sa­gesses ré­vé­lées», qu’ils at­tri­buent soit à des sages perses (Zo­roastre, Os­ta­nès, Hys­taspe); soit à un dieu égyp­tien (Thoth-Her­mès); soit à des oracles de la Chal­dée («Oracles chal­daïques»). Parmi ces «sa­gesses ré­vé­lées», celle at­tri­buée au dieu Her­mès Tris­mé­giste 2Her­mès le trois fois très grand») est peut-être la plus im­por­tante — et par le grand nombre d’écrits qu’elle a lais­sés, et par sa pos­té­rité qui sur­vit dans les mots «her­mé­tisme», «her­mé­tique», etc. Mais qui est donc cet Her­mès? Il est à iden­ti­fier avec Thoth, le dieu-scribe qui donna l’écriture aux Égyp­tiens, les­quels, par l’intermédiaire des Phé­ni­ciens, la trans­mirent en­suite à la Grèce : «Thoth», ra­conte Pla­ton 3, «vint trou­ver le [pha­raon], lui mon­tra l’art [des lettres] qu’il avait in­venté, et lui dit qu’il fal­lait en faire part à tous les Égyp­tiens… “Cette science, ô roi”, lui dit Thoth, “ren­dra les Égyp­tiens plus sa­vants et sou­la­gera leur mé­moire; c’est un re­mède que j’ai trouvé contre la dif­fi­culté d’apprendre et de sa­voir”».

  1. En grec «Λόγος τέλειος, ἢ Ἀσκληπιός». Par­fois tra­duit «Dis­cours d’initiation, ou As­clè­pios» ou «De la vo­lonté de Dieu, ou As­clèpe». Haut
  2. En grec Τρισμέγιστος Ἑρμῆς. Par­fois trans­crit Er­mès ou Mer­cure. Haut
  1. «Phèdre», 274d. Haut

Hermès Trismégiste, «“Corpus hermeticum”. Tome I»

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de France, Pa­ris

Il s’agit du «Poi­man­drès» 1 et autres trai­tés du «Cor­pus her­me­ti­cum», com­pi­la­tion éso­té­rique née de la ren­contre des idées re­li­gieuses de l’Égypte et des su­per­sti­tions sa­vantes de la Grèce (Ier-IIIe siècle apr. J.-C.). Au dé­but de notre ère, le ra­tio­na­lisme grec craque de toute part. La science hu­maine, ju­gée trop res­treinte et su­jette à l’erreur, cède la place aux ré­vé­la­tions qu’obtient l’art du mage, de l’alchimiste, du né­cro­man­cien. Chez l’élite in­tel­lec­tuelle se ré­pand le dé­sir des connais­sances im­mé­diates, ve­nues par voie sur­na­tu­relle; le goût de l’invisible, de l’initiation oc­culte; la cu­rio­sité pour l’au-delà. Les Grecs ont de plus en plus re­cours à un cer­tain nombre de «sa­gesses ré­vé­lées», qu’ils at­tri­buent soit à des sages perses (Zo­roastre, Os­ta­nès, Hys­taspe); soit à un dieu égyp­tien (Thoth-Her­mès); soit à des oracles de la Chal­dée («Oracles chal­daïques»). Parmi ces «sa­gesses ré­vé­lées», celle at­tri­buée au dieu Her­mès Tris­mé­giste 2Her­mès le trois fois très grand») est peut-être la plus im­por­tante — et par le grand nombre d’écrits qu’elle a lais­sés, et par sa pos­té­rité qui sur­vit dans les mots «her­mé­tisme», «her­mé­tique», etc. Mais qui est donc cet Her­mès? Il est à iden­ti­fier avec Thoth, le dieu-scribe qui donna l’écriture aux Égyp­tiens, les­quels, par l’intermédiaire des Phé­ni­ciens, la trans­mirent en­suite à la Grèce : «Thoth», ra­conte Pla­ton 3, «vint trou­ver le [pha­raon], lui mon­tra l’art [des lettres] qu’il avait in­venté, et lui dit qu’il fal­lait en faire part à tous les Égyp­tiens… “Cette science, ô roi”, lui dit Thoth, “ren­dra les Égyp­tiens plus sa­vants et sou­la­gera leur mé­moire; c’est un re­mède que j’ai trouvé contre la dif­fi­culté d’apprendre et de sa­voir”».

  1. En grec «Ποιμάνδρης». Au­tre­fois trans­crit «Py­man­der», «Py­mandre», «Pi­man­der», «Pi­mandre», «Pi­mandres», «Pi­men­der», «Pi­mendre», «Pœ­men­der», «Pœ­man­der», «Pœ­mandre», «Pœ­man­drès», «Poi­man­der» ou «Poi­mandre». Haut
  2. En grec Τρισμέγιστος Ἑρμῆς. Par­fois trans­crit Er­mès ou Mer­cure. Haut
  1. «Phèdre», 274d. Haut

Julien le Chaldéen et Julien le Théurge, «La Sagesse des Chaldéens : les “Oracles chaldaïques”»

éd. Les Belles Lettres, coll. Aux sources de la tradition, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Aux sources de la tra­di­tion, Pa­ris

Il s’agit des «Oracles chal­daïques» («Lo­gia chal­daïka» 1), un pot-pourri de toute es­pèce d’ésotérismes de l’Antiquité, un mé­lange de ma­gie oc­culte, de théo­so­phie mé­ta­phy­sique, d’imagination dé­li­rante, de ri­tuels théur­giques, de ré­vé­la­tions cen­sées pro­ve­nir de la bouche des dieux eux-mêmes. Pour­quoi ces «Oracles» s’appellent-ils donc «chal­daïques»? Les Chal­déens étaient consi­dé­rés comme les plus sages des Ba­by­lo­niens et for­maient, dans la di­vi­sion so­ciale de la Mé­so­po­ta­mie, une classe à peu près com­pa­rable à celle des prêtres. Choi­sis pour exer­cer les fonc­tions du culte pu­blic des dieux, ils pas­saient leur vie ap­pli­qués aux études as­tro­lo­giques. De par ces études et de par les coïn­ci­dences mer­veilleuses qu’ils croyaient re­con­naître entre, d’un côté, le mou­ve­ment si com­pli­qué et pour­tant si ré­gu­lier des astres, de l’autre côté, la des­ti­née hu­maine et les ac­ci­dents de l’Histoire, leur re­li­gion de­vint su­bor­don­née aux pré­sages et à la di­vi­na­tion. La pré­pon­dé­rance de ces pra­tiques frappa tant l’esprit des vi­si­teurs de Ba­by­lone que, dès avant notre ère, le mot «Chal­déen» per­dit son sens eth­nique et vint à si­gni­fier chez les Grecs et les Ro­mains «un mage, un de­vin». Puis, par une même confu­sion, il de­vint sy­no­nyme de «ma­gi­cien». De là, le titre tau­to­lo­gique d’«Oracles ma­giques des mages» («Ma­gika lo­gia tôn ma­gôn» 2) que porte une des édi­tions des «Oracles chal­daïques». On fait re­mon­ter l’origine de ce livre à deux Ju­liens — père et fils — qui vi­vaient au IIe siècle apr. J.-C., en Sy­rie. Le père, sur­nommé «le Chal­déen», était phi­lo­sophe pla­to­ni­cien en plus d’être mage; quant au fils, sur­nommé «le Théurge», il avait été fait mé­dium dans les cir­cons­tances ex­tra­or­di­naires que voici : «Son père, au mo­ment où il était sur le point de l’engendrer, de­manda au Dieu ras­sem­bleur de l’univers une âme ar­chan­gé­lique pour l’existence de son fils; et, une fois né, il le mit au contact de tous les dieux et de l’âme de Pla­ton… Par moyen de l’art hié­ra­tique, il l’éleva jusqu’à l’époptie [c’est-à-dire la vi­sion im­mé­diate] de cette âme de Pla­ton pour pou­voir l’interroger sur ce qu’il vou­lait» 3. Bref, Pla­ton et les dieux, in­ter­ro­gés par le père, ré­pon­daient par la bouche du fils, qui n’était plus lui-même quand il par­lait. Ils pro­non­çaient leurs pré­dic­tions et leurs avis, qu’ils psal­mo­diaient en vers; et ayant dit, ils s’en al­laient.

  1. En grec «Λόγια χαλδαϊκά». Haut
  2. En grec «Μαγικὰ λόγια τῶν μάγων». Haut
  1. Mi­chel Psel­los, «La Chaîne d’or chez Ho­mère» («Περὶ τῆς χρυσῆς ἁλύσεως τῆς παρ’ Ὁμήρῳ»). Haut

«Le Livre des lois des pays : un traité syriaque sur le destin de l’école de Bardesane»

éd. Les Belles Lettres, coll. Bibliothèque de l’Orient chrétien, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Bi­blio­thèque de l’Orient chré­tien, Pa­ris

Il s’agit du «Livre des lois des pays» 1Ke­thâbhâ dhe-Nâ­môsê dh’Athrawâthâ» 2), dia­logue met­tant en scène l’un des plus an­ciens phi­lo­sophes et sa­vants de langue sy­riaque. Son nom ou son sur­nom, Bar­de­sane 3, lui vient du fleuve Daiṣân bai­gnant les murs de la ville d’Édesse 4; il si­gni­fie «fils du Daiṣân» (Bar-Daiṣân 5). C’était un sa­vant «riche, ai­mable, li­bé­ral, ins­truit, bien posé à la Cour, versé à la fois dans la science chal­déenne et dans la culture hel­lé­nique» 6, qui tou­cha à toutes les phi­lo­so­phies et à toutes les écoles, sans s’attacher à au­cune en par­ti­cu­lier. Tout cela lui va­lut la ré­pu­ta­tion d’hérétique, bien qu’il fût sin­cè­re­ment chré­tien (IIe-IIIe siècle apr. J.-C.). On ne sait pas sur quel sol il est né pré­ci­sé­ment, car Hip­po­lyte de Rome l’appelle l’«Ar­mé­nien» 7; Ju­lius Afri­ca­nus l’appelle le «Parthe» et l’«ha­bile ar­cher» 8; Por­phyre et saint Jé­rôme le nomment le «Ba­by­lo­nien» 9; Épi­phane nous dit qu’«il était ori­gi­naire de Mé­so­po­ta­mie» 10; Eu­sèbe le qua­li­fie de «Sy­rien» 11; en­fin, les au­teurs sy­riaques le font naître dans la ville d’Édesse même. C’est dans cette ville, en tout cas, qu’il passa la plus grande par­tie de sa vie, après avoir fait son édu­ca­tion à Hié­ra­po­lis de Sy­rie, dans la mai­son d’un pon­tife dé­nommé Kou­douz 12. Ce­lui-ci l’adopta et lui en­sei­gna l’art de l’astronomie et l’astrologie qui était l’art par­ti­cu­lier des Chal­déens et qui était in­dis­pen­sable aux prêtres qui vou­laient en im­po­ser au peuple, en pré­di­sant les éclipses et leur du­rée, et en de­vi­nant l’action des pla­nètes sur la des­ti­née. L’esprit de Bar­de­sane se dé­ta­chera plus tard de ces spé­cu­la­tions : «au­tre­fois, je [les] af­fec­tion­nais», dira-t-il 13. Dans un cé­lèbre opus­cule phi­lo­so­phique, il fera la preuve que Dieu a doué les hommes du libre ar­bitre, et que les signes du zo­diaque et les ho­ro­scopes ne sont pas sur­puis­sants. Tout ce qu’on ap­pelle «dé­ter­mi­nisme» ou «fa­ta­lisme as­tral» n’a de prise sur les hommes que dans la me­sure où cela ré­vèle la sa­gesse et la bonté de Dieu. Le titre sy­riaque de cet opus­cule est in­connu. Eu­sèbe, Épi­phane, Théo­do­ret et Pho­tius l’ont lu dans une tra­duc­tion grecque in­ti­tu­lée «Sur le des­tin» («Peri hei­mar­me­nês» 14) ou bien «Contre le des­tin» («Kata hei­mar­me­nês» 15). Aujourd’hui, nous n’avons plus rien des opus­cules de Bar­de­sane, ex­cepté un té­moi­gnage post­hume, in­suf­fi­sant sans doute, mais qui re­pro­duit une par­tie de sa pen­sée : «Le Livre des lois des pays». Notre sa­vant y parle comme So­crate dans les dia­logues de Pla­ton, c’est-à-dire à la troi­sième per­sonne, tan­dis que ses dis­ciples s’y ex­priment à la pre­mière. On en a conclu que l’un d’eux, peut-être Phi­lippe, en est le ré­dac­teur. Bar­de­sane y four­nit de nom­breux dé­tails sur les lois et les mœurs des pays et dé­montre com­ment ces lois et ces mœurs l’emportent sur le des­tin : «Les hommes, en ef­fet, ont éta­bli des lois, pays par pays, dans la li­berté qui leur a été don­née par Dieu, car ce don est op­posé au des­tin des do­mi­na­teurs [c’est-à-dire des astres]» 16.

  1. Par­fois tra­duit «Livre des lois des ré­gions». Haut
  2. En sy­riaque «ܟܬܒܐ ܕܢܡܘܣܐ ܕܐܬܪܘܬܐ». Par­fois trans­crit «Ke­thaba dha-Na­mosa dh’Athrawatha», «Ktābā’ deNāmūse’ d’Atrawwātā’» ou «Kṯāḇā ḏ-Nāmōsē ḏ-Aṯrawāṯā». Haut
  3. En grec Βαρδησάνης. Par­fois trans­crit Bar­de­san, Bar­des­sane ou Bar­de­sanes. On ren­contre aussi les gra­phies Βαρδισάνης (Bar­di­sane) et Βαρδησιάνης (Bar­de­siane). Haut
  4. Aujourd’hui Urfa, en Tur­quie, près de la fron­tière sy­rienne. Haut
  5. En sy­riaque ܒܪܕܝܨܢ. Par­fois trans­crit Bar-Dais­san, Bar Dai­çân ou Bar Dayṣan. Haut
  6. Er­nest Re­nan, «Marc-Au­rèle». Haut
  7. En grec Ἀρμένιος. «“Phi­lo­so­phu­mena”, ou Ré­fu­ta­tion de toutes les hé­ré­sies», liv. VII, ch. XXXI, sect. 1. Haut
  8. En grec Πάρθος et σοφὸς τοξότης. «Les “Cestes”», liv. I, ch. XX. Haut
  1. En grec Βαϐυλώνιος. «De l’abstinence», liv. IV, sect. 17. En la­tin Ba­by­lo­nius. «Contre Jo­vi­nien», liv. II, ch. XIV. Haut
  2. En grec ἐκ Μεσοποταμίας τὸ γένος ἦν. «Pa­na­rion», in­édit en fran­çais. Haut
  3. En grec Σύρος. «La Pré­pa­ra­tion évan­gé­lique», liv. VI, ch. IX, sect. 32. Haut
  4. En sy­riaque ܟܘܕܘܙ. Haut
  5. «Le Livre des lois des pays», p. 92. Haut
  6. En grec «Περὶ εἱμαρμένης». Haut
  7. En grec «Κατὰ εἱμαρμένης». Haut
  8. p. 98. Haut

Cioran, «Œuvres»

éd. Gallimard, coll. Quarto, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Quarto, Pa­ris

Il s’agit de M. Emil Cio­ran 1, in­tel­lec­tuel rou­main d’expression fran­çaise (XXe siècle). Com­ment peut-on être Fran­çais? com­ment peut-on dis­po­ser d’une langue si sub­tile et ne pas réus­sir à ex­pri­mer les si­gni­fi­ca­tions de l’homme d’aujourd’hui?, se de­man­dait M. Cio­ran. Il lui sem­blait que le monde ac­tuel était ter­ri­ble­ment in­té­res­sant, et son seul re­gret était de ne pas pou­voir y par­ti­ci­per da­van­tage — à cause de lui-même, ou plu­tôt de son des­tin d’intellectuel rou­main : «Qui­conque est doué du sens de l’histoire», dit-il 2, «ad­met­tra que… les Rou­mains ont vécu dans une in­exis­tence per­ma­nente». Mais ar­rivé en France, M. Cio­ran fut sur­pris de voir que la France même, au­tre­ment douée et pla­cée, ne par­ti­ci­pait plus aux choses, ni même ne leur as­si­gnait un nom. Il lui sem­blait pour­tant que la vo­ca­tion pre­mière de cette na­tion était de com­prendre les autres et de leur faire com­prendre. Mais de­puis des dé­cen­nies, la France cher­chait des lu­mières au lieu d’en don­ner : «J’étais allé loin pour cher­cher le so­leil, et le so­leil, en­fin trouvé, m’était hos­tile. Et si j’allais me je­ter du haut de la fa­laise? Pen­dant que je fai­sais des consi­dé­ra­tions plu­tôt sombres, tout en re­gar­dant ces pins, ces ro­chers, ces vagues, je sen­tis sou­dain à quel point j’étais rivé à ce bel uni­vers mau­dit», dit-il 3. Si, dans son œuvre de langue rou­maine, M. Cio­ran ne ces­sait de dé­plo­rer la si­tua­tion des cultures sans des­tin, des cultures mi­neures, tou­jours res­tées ano­nymes, ses ou­vrages de langue fran­çaise offrent une vi­sion tout aussi pes­si­miste des cultures ma­jeures ayant eu ja­dis une am­bi­tion mé­ta­phy­sique et un dé­sir de trans­for­mer le monde, ar­ri­vées dé­sor­mais à une phase de dé­clin, à la per­pé­tua­tion d’une «race de sous-hommes, res­quilleurs de l’apocalypse» 4. Et les unes et les autres marchent — courent même — vers un dé­sastre réel, et non vers quelque idéale per­fec­tion. Et M. Cio­ran de conclure : «Le “pro­grès” est l’équivalent mo­derne de la Chute, la ver­sion pro­fane de la dam­na­tion» 5.

  1. Éga­le­ment connu sous le sur­nom d’E. M. Cio­ran. Fas­ciné par les ini­tiales d’E. M. Fors­ter, Cio­ran les adopta pour lui-même. Il di­sait qu’Emil tout court, c’était un pré­nom vul­gaire, un pré­nom de coif­feur. Haut
  2. «So­li­tude et Des­tin». Haut
  3. «Aveux et Ana­thèmes». Haut
  1. «Pré­cis de dé­com­po­si­tion». Haut
  2. «La Chute dans le temps». Haut