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Maïmonide, « Le Guide des égarés : traité de théologie et de philosophie. Tome II »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Guide des éga­rés» 1Da­la­lat al-hayi­rin» 2) de Rabbi Moïse ben Maï­mon 3, dit Maï­mo­nide. C’est l’un des les plus cé­lèbres qu’aient eus les Juifs, les­quels ont cou­tume de dire pour ex­pri­mer leur ad­mi­ra­tion en­vers lui : «De­puis Moïse (le pro­phète) jusqu’à Moïse (le phi­lo­sophe), il n’y a point eu d’autre Moïse» («Mi Mo­shé ad Mo­shé, lo kam ké Mo­shé» 4). Dans les hé­braïques, il est sou­vent dé­si­gné par le nom de Ram­bam 5 com­posé, se­lon l’usage , des lettres ini­tiales R. M. b. M. de son nom en­tier. Dans les livres la­tins, il est sou­vent cité sous les de Moïse le Cor­douan (Moses Cor­du­ben­sis), parce qu’il na­quit à Cor­doue, et de Moïse l’Égyptien (Moses Ægyp­tius), parce que, chassé par les re­li­gieuses des Al­mo­hades, il dut se ré­fu­gier en , où il de­vint pre­mier mé­de­cin du Sul­tan. On au­rait pu ajou­ter à ces noms ce­lui de Moïse le Pro­ven­çal, parce que la Pro­vence donna asile à la plus grande par­tie des Juifs ex­pul­sés du midi de l’; et que c’est à Lu­nel, et non au Caire, que «Le Guide des éga­rés» fut tra­duit de l’ en par Sa­muel ben Yé­huda ibn Ti­bon 6, le­quel en­tama sa tra­duc­tion du vi­vant même de Maï­mo­nide. Dans l’«Épître à Rabbi Sa­muel ibn Ti­bon sur la tra­duc­tion du “Guide des éga­rés”» et l’«Épître à la de Lu­nel», Maï­mo­nide fait de cette com­mu­nauté pro­ven­çale son hé­ri­tière spi­ri­tuelle : «Je suis», dit-il 7, «[un] au­teur en arabe, cette langue dont le dé­cline… [Mais] vous, maîtres et proches, af­fer­mis­sez-vous! For­ti­fiez vos cœurs; car je viens pro­cla­mer ceci : en ces d’affliction, nul n’est plus là pour bran­dir l’étendard de Moïse, ni pour ap­pro­fon­dir les pa­roles des maîtres du Tal­mud… à part vous-mêmes et ceux des ci­tés de vos ré­gions. Vous qui êtes conti­nuel­le­ment ab­sor­bés, comme je le sais, dans l’étude et l’ des textes; vous, dé­po­si­taires de l’intellect et du sa­voir! Sa­chez qu’en maints autres lieux, la Tora a été éga­rée par ses propres fils… Sur la d’ et à tra­vers toute la , un seul en­droit, je veux dire Alep, compte quelques qui mé­ditent la Tora… Pour ce qui est des ci­tés du Magh­reb, dans notre mal­heur, nous avons ap­pris quel dé­cret a été pro­noncé contre les Juifs qui s’y trouvent. Il n’est donc point de nulle part, si ce n’est au­près de vous, , fi­gures de notre .»

  1. Par­fois tra­duit «Guide pour ceux qui sont dans la per­plexité», «Guide des per­plexes», «Guide des che­mins tor­tueux», «Doc­teur de ceux qui chan­cellent», «Guide des in­dé­cis» ou «Guide des dé­voyés». Icône Haut
  2. Par­fois trans­crit «De­la­lat el­haï­rin», «Dalā­lat al-ḥā’irīn», «Da­la­lat al-ha­rin», «Delâletü’l-hairîn» ou «Da­la­la­tul hai­rin». Icône Haut
  3. En hé­breu רבי משה בן מימון. Par­fois trans­crit Moses ben Mei­mun, Mô­sheh ben May­mûn, Moïse ben Mai­moun, Moyses ben Mai­mon, Moyse ben Mai­mon, Moshe ben May­mon, Mosche ben Mai­mon, Moše ben Ma­j­mon ou Mo­ché ben Maï­mon. Icône Haut
  4. En hé­breu «ממשה עד משה לא קם כמשה». Par­fois trans­crit «Mi-Mo­sheh ‘ad Mo­sheh, lo qam ke-Mo­sheh», «Mi­mo­sché ad Mo­sché, lo kam ca Mo­sché», «Me­moshe ad Moshe, lo kam k’Moshe», «Mi-Moshe we-’ad Moshe, lo kom ke-Moshe» ou «Mi-Mošé we-‘ad Mošé, lo qam ke-Mošé». Icône Haut
  1. En hé­breu רמב״ם. Icône Haut
  2. En hé­breu שמואל בן יהודה אבן תיבון. Par­fois trans­crit Sa­muel ben Ju­dah ibn Tib­bon, Sa­muel ben Ye­houda ibn Tib­bon ou Sa­muel ben Je­huda ibn Tib­bon. Icône Haut
  3. «Lettres de Fo­stat • La par l’esprit», p. 45 & 47-48. Icône Haut

Maïmonide, « Le Guide des égarés : traité de théologie et de philosophie. Tome I »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Guide des éga­rés» 1Da­la­lat al-hayi­rin» 2) de Rabbi Moïse ben Maï­mon 3, dit Maï­mo­nide. C’est l’un des les plus cé­lèbres qu’aient eus les Juifs, les­quels ont cou­tume de dire pour ex­pri­mer leur ad­mi­ra­tion en­vers lui : «De­puis Moïse (le pro­phète) jusqu’à Moïse (le phi­lo­sophe), il n’y a point eu d’autre Moïse» («Mi Mo­shé ad Mo­shé, lo kam ké Mo­shé» 4). Dans les hé­braïques, il est sou­vent dé­si­gné par le nom de Ram­bam 5 com­posé, se­lon l’usage , des lettres ini­tiales R. M. b. M. de son nom en­tier. Dans les livres la­tins, il est sou­vent cité sous les de Moïse le Cor­douan (Moses Cor­du­ben­sis), parce qu’il na­quit à Cor­doue, et de Moïse l’Égyptien (Moses Ægyp­tius), parce que, chassé par les re­li­gieuses des Al­mo­hades, il dut se ré­fu­gier en , où il de­vint pre­mier mé­de­cin du Sul­tan. On au­rait pu ajou­ter à ces noms ce­lui de Moïse le Pro­ven­çal, parce que la Pro­vence donna asile à la plus grande par­tie des Juifs ex­pul­sés du midi de l’; et que c’est à Lu­nel, et non au Caire, que «Le Guide des éga­rés» fut tra­duit de l’ en par Sa­muel ben Yé­huda ibn Ti­bon 6, le­quel en­tama sa tra­duc­tion du vi­vant même de Maï­mo­nide. Dans l’«Épître à Rabbi Sa­muel ibn Ti­bon sur la tra­duc­tion du “Guide des éga­rés”» et l’«Épître à la de Lu­nel», Maï­mo­nide fait de cette com­mu­nauté pro­ven­çale son hé­ri­tière spi­ri­tuelle : «Je suis», dit-il 7, «[un] au­teur en arabe, cette langue dont le dé­cline… [Mais] vous, maîtres et proches, af­fer­mis­sez-vous! For­ti­fiez vos cœurs; car je viens pro­cla­mer ceci : en ces d’affliction, nul n’est plus là pour bran­dir l’étendard de Moïse, ni pour ap­pro­fon­dir les pa­roles des maîtres du Tal­mud… à part vous-mêmes et ceux des ci­tés de vos ré­gions. Vous qui êtes conti­nuel­le­ment ab­sor­bés, comme je le sais, dans l’étude et l’ des textes; vous, dé­po­si­taires de l’intellect et du sa­voir! Sa­chez qu’en maints autres lieux, la Tora a été éga­rée par ses propres fils… Sur la d’ et à tra­vers toute la , un seul en­droit, je veux dire Alep, compte quelques qui mé­ditent la Tora… Pour ce qui est des ci­tés du Magh­reb, dans notre mal­heur, nous avons ap­pris quel dé­cret a été pro­noncé contre les Juifs qui s’y trouvent. Il n’est donc point de nulle part, si ce n’est au­près de vous, , fi­gures de notre .»

  1. Par­fois tra­duit «Guide pour ceux qui sont dans la per­plexité», «Guide des per­plexes», «Guide des che­mins tor­tueux», «Doc­teur de ceux qui chan­cellent», «Guide des in­dé­cis» ou «Guide des dé­voyés». Icône Haut
  2. Par­fois trans­crit «De­la­lat el­haï­rin», «Dalā­lat al-ḥā’irīn», «Da­la­lat al-ha­rin», «Delâletü’l-hairîn» ou «Da­la­la­tul hai­rin». Icône Haut
  3. En hé­breu רבי משה בן מימון. Par­fois trans­crit Moses ben Mei­mun, Mô­sheh ben May­mûn, Moïse ben Mai­moun, Moyses ben Mai­mon, Moyse ben Mai­mon, Moshe ben May­mon, Mosche ben Mai­mon, Moše ben Ma­j­mon ou Mo­ché ben Maï­mon. Icône Haut
  4. En hé­breu «ממשה עד משה לא קם כמשה». Par­fois trans­crit «Mi-Mo­sheh ‘ad Mo­sheh, lo qam ke-Mo­sheh», «Mi­mo­sché ad Mo­sché, lo kam ca Mo­sché», «Me­moshe ad Moshe, lo kam k’Moshe», «Mi-Moshe we-’ad Moshe, lo kom ke-Moshe» ou «Mi-Mošé we-‘ad Mošé, lo qam ke-Mošé». Icône Haut
  1. En hé­breu רמב״ם. Icône Haut
  2. En hé­breu שמואל בן יהודה אבן תיבון. Par­fois trans­crit Sa­muel ben Ju­dah ibn Tib­bon, Sa­muel ben Ye­houda ibn Tib­bon ou Sa­muel ben Je­huda ibn Tib­bon. Icône Haut
  3. «Lettres de Fo­stat • La par l’esprit», p. 45 & 47-48. Icône Haut

Ibn Rushd (Averroès), « Traité décisif (“Façl el-maqâl”) sur l’accord de la religion et de la philosophie • L’Appendice (“Dhamîma”) »

éd. Carbonel, coll. Bibliothèque arabe-française, Alger

éd. Car­bo­nel, coll. Bi­blio­thèque -fran­çaise, Al­ger

Il s’agit de l’«Ac­cord de la et de la », ou lit­té­ra­le­ment «(Livre du) dé­ci­sif sur l’accord de la re­li­gion et de la phi­lo­so­phie» 1(K.) faṣl al-ma­qâl wa-ta­q­rîr mâ bayna l-sharî‘a wa-l-ḥikma min al-it­tiṣâl» 2), et de l’«Ap­pen­dice» («Ḍamîma» 3) d’Ibn Ru­shd 4 (XIIe siècle apr. J.-C.). De tous les que l’ donna à l’, ce­lui qui laissa le plus de traces dans la des peuples, grâce à ses re­mar­quables sur les d’Aris­tote, fut Ibn Ru­shd, éga­le­ment connu sous les cor­rom­pus d’Aben-Rost, Aver­roïs, Aver­rhoës ou Aver­roès 5. Dans son na­tale, ce coin pri­vi­lé­gié du , le goût des et des belles choses avait éta­bli au Xe siècle une dont notre époque mo­derne peut à peine of­frir un exemple. «Chré­tiens, juifs, par­laient la même , chan­taient les mêmes poé­sies, par­ti­ci­paient aux mêmes études lit­té­raires et . Toutes les bar­rières qui sé­parent les hommes étaient tom­bées; tous tra­vaillaient d’un même ac­cord à l’œuvre de la com­mune», dit Re­nan. Abû Ya‘ḳûb Yû­suf 6, ca­life de l’Andalousie et contem­po­rain d’Ibn Ru­shd, fut le prince le plus let­tré de son . L’illustre phi­lo­sophe Ibn Tho­faïl ob­tint à sa Cour une grande et en pro­fita pour y at­ti­rer les de re­nom. Ce fut d’après le vœu ex­primé par Yû­suf et sur les ins­tances d’Ibn Tho­faïl qu’Ibn Ru­shd en­tre­prit de com­men­ter . Ja­mais ce der­nier n’avait reçu de soins aussi éten­dus, aussi sin­cères et dé­voués que ceux que lui pro­di­guera Ibn Ru­shd. L’ ne sera plus ; il sera arabe. «Mais la cause fa­tale qui a étouffé chez les mu­sul­mans les plus beaux germes de dé­ve­lop­pe­ment in­tel­lec­tuel, le fa­na­tisme re­li­gieux, pré­pa­rait déjà la ruine [de la phi­lo­so­phie]», dit Re­nan. Vers la fin du XIIe siècle, l’antipathie des imams et du contre les études ra­tion­nelles se dé­chaîne sur toute la sur­face du monde mu­sul­man. Bien­tôt il suf­fira de dire d’un  : «Un tel tra­vaille à la phi­lo­so­phie ou donne des le­çons d’», pour que les gens du peuple lui ap­pliquent im­mé­dia­te­ment le nom d’«im­pie», de «mé­créant», etc.; et que, si par mal­heur il per­sé­vère, ils le frappent dans la rue ou lui brûlent sa mai­son.

  1. Par­fois tra­duit «Exa­men et So­lu­tion de la ques­tion de l’accord entre la loi re­li­gieuse et la phi­lo­so­phie», «(Livre de la) dé­ci­sion de la ques­tion et de l’établissement de ce qui est entre la loi re­li­gieuse et la phi­lo­so­phie en fait d’accord», «(Livre du) dis­cours dé­ci­sif où l’on éta­blit la connexion exis­tant entre la et la phi­lo­so­phie», «La dé­ci­sive au su­jet du rap­port entre la phi­lo­so­phie et la re­li­gion» ou «(Le Livre du) dis­cours dé­ci­sif et de la dé­ter­mi­na­tion du rap­port entre la loi et la ». Icône Haut
  2. En arabe «(كتاب) فصل المقال وتقرير ما بين الشريعة والحكمة من الاتصال». Au­tre­fois trans­crit «(K.) faṣl al-maḳāl wa-taḳrīr mā bayna al-sharī‘a wa’l-ḥikma min al-it­tiṣāl», «(K.) fasl al-ma­qal wa-ta­q­rir ma baïna ‘ch-chari’a wa’l hikma min el-it­ti­çal», «(K.) faṣl el ma­qâl wa ta­q­rîr mâ baina’l šarî‘et wa’l ḥik­met min el it­tiṣâl» ou «(K.) façl el ma­qâl wa-ta­q­rîr ma baïn ech-charî‘a wa-l-hikma min el-it­ti­çâl». Icône Haut
  3. En arabe «ضميمة». Au­tre­fois trans­crit «Dha­mîma» ou «Dha­mî­mat». Icône Haut
  1. En arabe ابن رشد. Au­tre­fois trans­crit Ibn-Ro­sched, Ebn-Roëch, Ebn Ro­schd, Ibn-Ro­shd, Ibn Ro­chd ou Ibn Rušd. Icône Haut
  2. Par sub­sti­tu­tion d’Aven (Aben) à Ibn. Icône Haut
  3. En arabe أبو يعقوب يوسف. Au­tre­fois trans­crit Abu Ya­qub Yu­suf, Abou Ya‘qoûb Yoû­çof ou Abou-Ya’coub You­souf. Icône Haut

Ibn Thofaïl, « Hayy ben Yaqdhân : roman philosophique »

éd. Imprimerie catholique, coll. Institut d’études orientales de la Faculté des lettres d’Alger, Beyrouth

éd. Im­pri­me­rie ca­tho­lique, coll. Ins­ti­tut d’études orien­tales de la Fa­culté des lettres d’Alger, Bey­routh

Il s’agit du «Hayy ben Ya­qd­hân» 1Le Vi­vant fils du Vi­gi­lant»), connu en sous le titre du «Phi­lo­so­phus au­to­di­dac­tus» («Le Phi­lo­sophe au­to­di­dacte»), du phi­lo­sophe Aboû Bekr Ibn Tho­faïl 2 (XIIe siècle apr. J.-C.). «De tous les de la », dit Er­nest Re­nan en par­lant du «Hayy ben Ya­qd­hân» 3, «c’est peut-être le seul qui puisse nous of­frir plus qu’un in­té­rêt his­to­rique». Cet ou­vrage, cu­rieux à plus d’un égard, offre six cents ans avant Da­niel De­foe un pro­to­type scien­ti­fique, phi­lo­so­phique et du «Ro­bin­son Cru­soé». Il s’ouvre par la sup­po­si­tion d’un en­fant qui naît sans père ni mère, dans une île dé­serte. Cet en­fant, c’est Hayy ben Ya­qd­hân. Il est adopté par une ga­zelle, qui l’allaite. Il gran­dit, ob­serve, ré­flé­chit. Doué d’une su­pé­rieure, non seule­ment il sait in­gé­nieu­se­ment pour­voir à tous ses be­soins, mais il ar­rive bien­tôt à dé­cou­vrir de lui-même, par les seules forces de son , les no­tions les plus éle­vées que la science hu­maine pos­sède sur l’univers. Avec le , il re­con­naît que les êtres qui l’entourent ren­ferment la mul­ti­pli­cité et l’, at­tendu que, s’ils sont mul­tiples du côté de leurs formes, ils sont une même chose quant à l’essence. En­fin, le sys­tème au­quel il abou­tit, le conduit à cher­cher dans l’extase mys­tique l’union in­time avec , qui consti­tue à la fois la plé­ni­tude de la science hu­maine et la fé­li­cité sou­ve­raine et ab­so­lue. «Seul parmi les d’allégories phi­lo­so­phiques, Ibn Tho­faïl a su gar­der la juste me­sure, te­nir la ba­lance égale entre les [dif­fé­rents] genres [lit­té­raires]», dit  4. «[Sa] phrase est courte, alerte, d’une cor­rec­tion ab­so­lue, d’une élé­gance par­faite, d’une lu­mi­neuse clarté… Si donc il fal­lait in­di­quer à des étu­diants un mo­dèle à imi­ter de phi­lo­so­phique arabe, nous dé­si­gne­rions sans hé­si­ter le style d’Ibn Tho­faïl, c’est-à-dire du “Hayy ben Ya­qd­hân”. S’il fal­lait leur choi­sir, en outre, le meilleur ou­vrage arabe à lire pour prendre, au prix d’un mi­ni­mum de temps et de peine, une idée d’ensemble de la phi­lo­so­phie mu­sul­mane, et de la science arabe dont elle fait la syn­thèse, nous leur nom­me­rions en­core, sans ba­lan­cer, le “Hayy ben Ya­qd­hân”… Di­sons, en un mot, qu’Ibn Tho­faïl est à tous égards, dans la pléiade des “fa­lâ­cifa” 5… le mo­dèle des vul­ga­ri­sa­teurs.»

  1. En arabe «حي بن يقظان». Par­fois trans­crit «Hay ben Yo­qth­sân», «Hai ebn Yokd­han», «Hay ibn-Iokd­han», «Hây ben Ya­qzân», «Ḥaij ibn Iaqẓân», «Hayy ibn Yag­zan», «Hayi ibn Iak­zan» ou «Ḥayy b. Yaḳẓān». À ne pas confondre avec le traité épo­nyme d’Avicenne, dont Ibn Tho­faïl n’a em­prunté que les de ses . Icône Haut
  2. En arabe أبو بكر بن طفيل. Par­fois trans­crit Ebn To­phail, Aben­to­fail, Ibn al-Tou­faïl, Ibn-To­faïl, Ibn To­feïl, Ibn Ṭufail ou Ibn Ṭufayl. Icône Haut
  3. «Aver­roès et l’Averroïsme», p. 99. Icône Haut
  1. «Ibn Tho­faïl : sa , ses œuvres», p. 93 & 95-96. Icône Haut
  2. Le mot «fa­lâ­cifa», plu­riel de «faï­la­çoûf» (فيلسوف), est une simple trans­crip­tion du mot «phi­lo­so­phos» (φιλόσοφος). Icône Haut

Ibn Bâǧǧa (Avempace), « La Conduite de l’isolé et Deux Autres Épîtres »

éd. J. Vrin, coll. Textes et Traditions, Paris

éd. J. Vrin, coll. Textes et Tra­di­tions, Pa­ris

Il s’agit de la «Conduite de l’isolé» 1Tad­bîr al-mu­ta­waḥḥid» 2), l’«Épître d’adieu» 3Ri­sâ­lat al-wadâ‘» 4) et la «Conjonc­tion de l’intellect avec l’» 5It­tiṣâl al-‘aql bi-al-in­sân» 6) d’Ibn Bâǧǧa 7. Cet d’, dont le nom sera plus ou moins cor­rompu en ce­lui d’Aben Bache, Avem­pache ou Avem­pace 8, fut le pre­mier à avoir cultivé avec les et les spé­cu­la­tions phi­lo­so­phiques qui seules, se­lon lui, pou­vaient ame­ner l’être hu­main à se connaître lui-même. Ses lui va­lurent d’être ac­cusé d’hérésie et jeté en pri­son, mais il fut fi­na­le­ment li­béré grâce à l’intervention du cadi Abû l-Wa­lîd ibn Ru­shd, grand-père d’Aver­roès. Il mou­rut em­poi­sonné en 1138 apr. J.-C. Son suc­ces­seur, Ibn Tho­faïl, lui ren­dra ce grand hom­mage d’avoir sur­passé tous «les hommes d’un es­prit su­pé­rieur qui ont vécu en »; mais, en même , il re­gret­tera que les af­faires de ce et une pré­ma­tu­rée ne lui aient pas per­mis de li­vrer à pleines mains les de son sa­voir; car, dira-t-il 9, «la plu­part des ou­vrages qu’on trouve de lui manquent de fini et sont tron­qués à la fin… Quant à ses écrits ache­vés, ce sont des abré­gés et de pe­tits trai­tés ré­di­gés à la hâte. Il en fait lui-même l’aveu : il dé­clare que la thèse dont il s’est pro­posé la dé­mons­tra­tion dans le pe­tit de la “Conjonc­tion de l’intellect avec l’homme”, ce traité n’en peut don­ner une idée claire qu’au prix de beau­coup de peine et de fa­tigue; que l’ordonnance de l’exposition, en cer­tains en­droits, n’est pas d’une par­faite; et que, s’il en pou­vait trou­ver le temps, il les re­ma­nie­rait vo­lon­tiers». Les ou­vrages phi­lo­so­phiques d’Ibn Bâǧǧa portent sur la fin ex­trême de l’ hu­maine, qui est d’entrer dans une union (une «conjonc­tion») de plus en plus étroite avec l’intellect et de se mettre ainsi en rap­port avec . En ef­fet, se­lon Ibn Bâǧǧa, l’intellect est l’essence et la de l’homme, comme le tran­chant est l’essence et la na­ture du cou­teau; et si c’est par les actes cor­po­rels que l’homme existe, c’est uni­que­ment par les actes qu’il est di­vin : «L’intellect est donc l’existant le plus cher à Dieu Très-Haut, et lorsque l’homme at­teint cet in­tel­lect lui-même… cet homme a at­teint la chose créée la plus chère à Dieu» 10. Cette théo­rie est em­prun­tée à l’«Éthique à Ni­co­maque»; mais ce qui im­porte ici, c’est qu’en im­pri­mant au culte de Dieu un mou­ve­ment vers la et la libre , elle trace la voie sur la­quelle mar­che­ront les illustres Aver­roès et Maï­mo­nide — et par-delà les Ju­déo-Arabes, Al­bert le Grand, saint Tho­mas et Jean de Jan­dun.

  1. Par­fois tra­duit «Livre du ré­gime du so­li­taire». Icône Haut
  2. En arabe «تدبير المتوحد». Au­tre­fois trans­crit «Tad­bîr el-mo­ta­wah­hid». Icône Haut
  3. Par­fois tra­duit «Lettre d’adieux» ou «Épître de l’adieu». Icône Haut
  4. En arabe «رسالة الوداع». Par­fois trans­crit «Ri­sâ­let al-widâ’». Icône Haut
  5. Par­fois tra­duit «De la jonc­tion de l’intellect avec l’homme», «La Connexion de l’intellect avec l’homme», «Lettre sur la conti­nuité entre l’homme et l’ ac­tive», «Dis­cours sur l’union de l’intellect agent et de l’homme», «“Ri­çâla” de la conjonc­tion de l’intellect hu­main avec l’intellect ac­tif» ou «L’Épître sur la conjonc­tion de l’intellect avec l’esprit hu­main». Icône Haut
  1. En arabe «اتصال العقل بالإنسان». Par­fois trans­crit «It­ti­çâl el-‘aql bi’l-insân» ou «It­tiṣāl al-‘aḳl bi-l-insān». Icône Haut
  2. En arabe ابن باجة. Au­tre­fois trans­crit Ebn Ba­giah, Ebn Ba­geh, Ibn Bâd­jeh, Ibn Ba­j­jah, Ebn-Ba­jah, Aben­beja, Ibn Bâ­jja, Ibn Bâyya, Ibn Bâddja, Ibn Bâdja ou Ibn Bād­jdja. Éga­le­ment connu sous le sur­nom d’Ibn al-Ṣā’iġ (ابن الصائغ), c’est-à-dire «Fils de l’Orfèvre». Par­fois trans­crit Ebn al-Saïegh, Ebn Al­saïeg, Ibn-al-Sayegh, Ben eç-Çâ’igh, Ben al Çâyeg, Ibn al Çâyig ou Ibn al-Sa’igh. Icône Haut
  3. On ren­contre aussi les gra­phies Aven­pace et Avem­peche. Icône Haut
  4. «Hayy ben Ya­qd­hân; tra­duc­tion par Léon Gau­thier», p. 11. Icône Haut
  5. p. 163. Icône Haut