dans « Les Quatre Livres » (XIXe siècle), p. 27-67
Il s’agit de « L’Invariable Milieu » 1 (« Zhongyong » 2), ouvrage jadis attribué au petit-fils de Confucius, Zi Si 3. Sans aller jusqu’à considérer Zi Si comme l’auteur, ainsi que le voulait la tradition, les historiens actuels lui en attribuent le noyau. Le but de l’ouvrage est de prouver qu’il faut suivre en tout le « milieu » — terme par lequel on désigne, en chinois comme dans toutes les langues, la voie médiane, la tempérance, la modération. Ainsi le proverbe latin qui dit : « Medium tenuere beati » (« Les bienheureux ont tenu le milieu »). En effet, le caractère « zhong » signifie « milieu », et « yong » — « ordinaire, médiocre » ; c’est donc le juste milieu ou la médiocrité d’or, c’est-à-dire la persévérance dans une voie droite également éloignée des extrêmes. Quand il ne s’élève dans l’âme aucun excès de colère, de tristesse, de plaisir, on dit que cette âme a atteint l’invariable milieu, parce qu’elle est en équilibre et n’incline d’aucun côté. Quand ces passions s’expriment avec mesure, on dit qu’elles sont en harmonie. L’harmonie est le fondement de tout ce qui se fait dans l’univers. Chacun sait la trouver, mais il n’est donné qu’à un petit nombre d’y persévérer un long temps : « Les personnes les plus ignorantes, hommes ou femmes, peuvent arriver à la connaître », dit Confucius 4, « mais les plus grands sages eux-mêmes ne la connaissent pas dans toute son étendue. [Elle] se trouve, quant à ses premiers principes, dans le cœur des personnes les plus vulgaires. Ses limites extrêmes atteignent celles du ciel et de la terre ».
- Parfois traduit « L’Invariabilité dans le milieu », « La Régulation à usage ordinaire », « Le Juste Milieu, ou Le Milieu immuable » ou « La Doctrine du juste milieu ».
- En chinois « 中庸 ». Autrefois transcrit « Chum yum », « Chung yung », « Tsong-yong », « Tchong-yong », « Tchung-yung », « Tchoung-joung », « Tchoung ioung » ou « Tchoûng yoûng ».