« Anthologie persane (XIᵉ-XIXᵉ siècle) »

éd. Payot, coll. Bibliothèque historique, Paris

éd. Payot, coll. Bi­blio­thèque his­to­rique, Pa­ris

Il s’agit d’une per­sane (XIe-XIXe siècle). La est le ta­lent propre et par­ti­cu­lier des Per­sans, et la par­tie de leur lit­té­ra­ture où ils ex­cellent : la vi­va­cité de leur , la po­li­tesse de leurs mœurs, la dou­ceur de leur , telles sont peut-être les de leur fé­con­dité . Un qui ne sait pas un mot de ne lais­sera pas, en en­ten­dant ré­ci­ter des vers per­sans, d’être épris du son et de la ca­dence qui y est très sen­sible. Al­lez en , par­lez aux gens dans la rue, aux bou­chers, aux mar­chands; ils fe­ront en­trer dans leur ré­ponse des tour­nures qui suf­fi­ront à vous plon­ger dans une rê­ve­rie pro­fonde. Comme dit Hâ­fez :

«Le se­cret de que le gnos­tique pè­le­rin ne dit à per­sonne,
Je suis stu­pé­fait, ne sa­chant d’où le mar­chand de l’a en­tendu
» 1.

Si les belles-lettres de l’ comptent parmi les plus re­mar­quables du , c’est avant tout grâce au . Les pre­miers maîtres dans l’art de la étaient d’origine per­sane, même s’ils avaient passé leur dans la pra­tique de la langue . Tous les qui ont des prin­cipes fon­da­men­taux de la science, tous ceux qui se sont dis­tin­gués dans la , et la plu­part de ceux qui ont cultivé l’exégèse co­ra­nique, ap­par­te­naient à la race per­sane ou s’étaient as­si­mi­lés aux Per­sans par les ma­nières et par l’. Cela suf­fit pour dé­mon­trer la de la at­tri­buée au pro­phète Ma­ho­met : «Si la science était sus­pen­due au haut du , il y au­rait des gens parmi les Per­sans pour s’en em­pa­rer» 2. Comme dit Jan Rypka : «Les Ira­niens sont les de l’. Chez les uns comme chez les autres, la pro­duc­tion lit­té­raire et ar­tis­tique pré­sente une éten­due et une va­leur in­ap­pré­ciables… Mes propres m’en ont per­suadé… À Té­hé­ran… tous les jours, je pas­sais plu­sieurs fois de­vant une mai­son de thé; il eût été im­pos­sible de glis­ser le soir une pomme dans cette masse com­pacte des gens les plus , les plus mo­destes qui écou­taient avec pas­sion le dé­cla­ma­teur po­pu­laire du “Livre des rois” de Fir­dousi, ou en­ten­daient avec piété le chant des de Hâ­fez. À ces heures-là, ils ne son­geaient as­su­ré­ment pas à la ta­verne mal­odo­rante où ils se trou­vaient, mais… por­tés par les vers ly­riques que beau­coup ne com­pre­naient point, et qui pour­tant char­maient leur , ils s’envolaient dans les ré­gions du pa­ra­dis» 3.

La poé­sie est le ta­lent propre et par­ti­cu­lier des Per­sans, et la par­tie de leur lit­té­ra­ture où ils ex­cellent

Voici un pas­sage qui don­nera une idée du per­san : «Ô mon en­fant, tu es toute grâce et toute âme! Quoi de mieux que la ? Ô mon en­fant, c’est toi! De­vers toi, tous les cœurs se tournent; mais hé­las! tous les cœurs, tu les prends dou­ce­ment, mon en­fant! À tout mo­ment si tu ap­pa­rais à mes yeux, c’est que ta pu­reté illu­mine mon âme. Bien que tu sois grisé du vin de ta beauté, ne fais pas l’orgueilleux en­vers tes com­pa­gnons. L’espoir est tor­tueux en ses en­ga­ge­ments : et toi, tu n’es ja­mais à court de sub­ter­fuges… Nul n’est sem­blable à toi pour la dé­li­ca­tesse; aussi suis-je cer­tain que tu es pur es­prit. Dans mon cœur, à mes yeux, ta grâce et ta beauté se ma­ni­festent et se cachent à la fois! Et ja­mais, ici-bas, je n’ai réa­lisé mon de bai­ser ta lèvre, ô mon en­fant!» 4

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Consultez cette bibliographie succincte en langue française

  • Jan Rypka, «Les “Sept de Niz­hami» dans «L’Âme de l’Iran» (éd. A. Mi­chel, coll. Spi­ri­tua­li­tés vi­vantes, Pa­ris), p. 133-164
  • Ra­shid Yas­semi, «La contem­po­raine» dans id. p. 203-225.
  1. «Le Di­van : œuvre ly­rique d’un spi­ri­tuel en Perse au XIVe siècle», p. 639. Icône Haut
  2. Dans Ibn Khal­doun, «Pro­lé­go­mènes». Icône Haut
  1. «Les “Sept Prin­cesses” de Niz­hami», p. 101-102. Icône Haut
  2. p. 151. Icône Haut