Il s’agit de « Discussion sur la “révolution violente” à partir de ma prison » (« Gokuchû yori “bôryoku kakumei” wo ronzu » 1) et autres traités de Kôtoku Shûsui 2, intellectuel, père de l’anarchisme japonais, condamné à mort en 1910 pour attentat sur la personne de l’Empereur et exécuté en 1911. Disciple et biographe de Nakae Chômin, Kôtoku s’appuya, d’abord, sur les principes de la Révolution française avant de mettre toute sa foi dans le communisme libertaire et l’anarchie. En 1903, opposé fermement à la guerre russo-japonaise, il quitta avec quelques collègues la rédaction du « Yorozu Chôhô » 3 (« Les Dix mille Nouvelles du matin » 4) et il fonda le cercle Heiminsha 5 (Société du peuple) avec, pour organe, l’hebdomadaire « Heimin Shimbun » 6 (« Journal du peuple »), dont le numéro inaugural parut la même année. De nombreux autres numéros furent interdits. Kôtoku rêvait de citoyens libres, exerçant des droits souverains. En ce début de siècle où il n’y avait ni suffrage universel, ni assemblée représentative, où un abîme séparait le peuple de la politique, il proposa « l’action directe » (« chokusetsu kôdô » 7) comme moyen pour obtenir des droits ou simplement du pain. La répression d’État était très sévère, la conscience sociale — peu développée, l’union entre travailleurs — inexistante. D’autre part, une minorité dirigeante, constituée de militaristes et d’impérialistes, « entravait la vie de la majorité du peuple, faisait fondre toute son épargne, emportait des vies humaines pour bâtir un grand Empire » 8. Non seulement ce discours de « l’action directe » fut déformé par les dirigeants, qui l’identifièrent avec un prétendu complot pour assassiner l’Empereur, mais il donna lieu, à partir de 1910, à des rafles policières, aboutissant à plus d’une centaine d’arrestations parmi les militants de gauche. Les autorités dépensaient pour la surveillance du seul Kôtoku cent yens par mois ; deux-trois policiers étaient postés en faction devant chez lui et le surveillaient jour et nuit. Elles avaient tendu un filet ; il ne leur restait qu’à abattre les oiseaux qui s’y étaient pris. Elles avaient creusé une trappe ; il ne leur restait qu’à achever le gibier qui y était tombé. C’est ce qui arriva au plus fameux procès de l’histoire du Japon — le procès dit « Kôtoku jiken » 9 (« affaire Kôtoku ») ou « taigyaku jiken » 10 (« affaire du crime de lèse-majesté » 11).
démocratie
sujet
Kôtoku, « L’Impérialisme : le spectre du XXe siècle »
Il s’agit du traité « L’Impérialisme : le monstre du XXe siècle » (« Nijûseiki no kaibutsu : teikokushugi » 1) de Kôtoku Shûsui 2, intellectuel, père de l’anarchisme japonais, condamné à mort en 1910 pour attentat sur la personne de l’Empereur et exécuté en 1911. Disciple et biographe de Nakae Chômin, Kôtoku s’appuya, d’abord, sur les principes de la Révolution française avant de mettre toute sa foi dans le communisme libertaire et l’anarchie. En 1903, opposé fermement à la guerre russo-japonaise, il quitta avec quelques collègues la rédaction du « Yorozu Chôhô » 3 (« Les Dix mille Nouvelles du matin » 4) et il fonda le cercle Heiminsha 5 (Société du peuple) avec, pour organe, l’hebdomadaire « Heimin Shimbun » 6 (« Journal du peuple »), dont le numéro inaugural parut la même année. De nombreux autres numéros furent interdits. Kôtoku rêvait de citoyens libres, exerçant des droits souverains. En ce début de siècle où il n’y avait ni suffrage universel, ni assemblée représentative, où un abîme séparait le peuple de la politique, il proposa « l’action directe » (« chokusetsu kôdô » 7) comme moyen pour obtenir des droits ou simplement du pain. La répression d’État était très sévère, la conscience sociale — peu développée, l’union entre travailleurs — inexistante. D’autre part, une minorité dirigeante, constituée de militaristes et d’impérialistes, « entravait la vie de la majorité du peuple, faisait fondre toute son épargne, emportait des vies humaines pour bâtir un grand Empire » 8. Non seulement ce discours de « l’action directe » fut déformé par les dirigeants, qui l’identifièrent avec un prétendu complot pour assassiner l’Empereur, mais il donna lieu, à partir de 1910, à des rafles policières, aboutissant à plus d’une centaine d’arrestations parmi les militants de gauche. Les autorités dépensaient pour la surveillance du seul Kôtoku cent yens par mois ; deux-trois policiers étaient postés en faction devant chez lui et le surveillaient jour et nuit. Elles avaient tendu un filet ; il ne leur restait qu’à abattre les oiseaux qui s’y étaient pris. Elles avaient creusé une trappe ; il ne leur restait qu’à achever le gibier qui y était tombé. C’est ce qui arriva au plus fameux procès de l’histoire du Japon — le procès dit « Kôtoku jiken » 9 (« affaire Kôtoku ») ou « taigyaku jiken » 10 (« affaire du crime de lèse-majesté » 11).
- En japonais « 廿世紀之怪物:帝国主義 ». Parfois transcrit « Ni-jisseiki no kaibutsu » ou « Nijusseiki no kaibutsu ».
- En japonais 幸徳秋水.
- En japonais « 萬朝報 ».
- Parfois traduit « Le Journal du Matin » ou « Toutes les nouvelles du matin ».
- En japonais 平民社.
- En japonis « 平民新聞 ». Parfois transcrit « Heimin Shinbun ».
Chômin, « La Source des droits, “Kenri no minamoto” (1882) »
Il s’agit de « La Source des droits » (« Kenri no minamoto » 1) de Nakae Chômin 2, intellectuel japonais, chef de file des études françaises sous l’ère Meiji (XIXe siècle), surnommé « le Rousseau de l’Orient » 3. Il perdit son père, samouraï du plus bas rang, à l’âge de quinze ans. Envoyé à Nagasaki, il y fit la rencontre des pères Louis Furet et Bernard Petitjean, venus dispenser dans cette ville portuaire un enseignement étonnamment large, allant de la grammaire française à l’artillerie navale. Attiré par les idées de la Révolution, cette « grande œuvre inouïe dans l’Histoire qui fit briller avec éclat les causes de la liberté et de l’égalité, et qui… réussit, pour la première fois, à fonder la politique sur les principes de la philosophie » 4, Chômin devint leur élève pendant deux ans. C’est sans doute sur les recommandations des saints pères qu’il partit pour Yokohama servir d’interprète à l’ambassadeur de France, Léon Roches, avant de poursuivre ses études à Tôkyô, à Paris et à Lyon. À son retour au Japon, en 1874, il fut chargé de résumer des textes sur les institutions juridiques et politiques de la France, à l’heure où le jeune gouvernement japonais hésitait sur le modèle à suivre. Parallèlement à ce travail officiel, il traduisit pour le grand public le « Contrat social » de Rousseau, dont il fit même deux versions : l’une rédigée en japonais courant et destinée à être passée de main en main, et l’autre en chinois classique, langue des lettrés. Le « Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme… » de Rousseau devint le leitmotiv d’un journal inauguré en 1881, qui allait avoir une audience extrêmement importante auprès des anciens samouraïs : « Le Journal de la liberté en Orient » (« Tôyô jiyû shimbun » 5). Le futur premier ministre, Saionji Kinmochi, en était le fondateur, et Chômin — le rédacteur en chef. L’amitié des deux hommes remontait à leur séjour à Paris. Le journal s’ouvrait par un article remarquable, où Chômin comparait le citoyen non libre « au bonsaï ou à la fleur élevée sous serre qui perd son parfum et sa couleur naturelle, et ne peut arriver à développer pleinement toute la richesse de son feuillage » ; tandis que le citoyen libre, pareil à une fleur des champs, « embaume de tout son parfum et prend une couleur d’un vert sombre et profond ». Un mois après, la condamnation à des peines de prison de plusieurs journalistes accula le journal à cesser sa parution ; mais Chômin ne lâcha jamais le pinceau du combat.
Chômin, « Idées sur la société, “Shasetsu” (1881) »
Il s’agit d’« Idées sur la société » (« Shasetsu » 1) de Nakae Chômin 2, intellectuel japonais, chef de file des études françaises sous l’ère Meiji (XIXe siècle), surnommé « le Rousseau de l’Orient » 3. Il perdit son père, samouraï du plus bas rang, à l’âge de quinze ans. Envoyé à Nagasaki, il y fit la rencontre des pères Louis Furet et Bernard Petitjean, venus dispenser dans cette ville portuaire un enseignement étonnamment large, allant de la grammaire française à l’artillerie navale. Attiré par les idées de la Révolution, cette « grande œuvre inouïe dans l’Histoire qui fit briller avec éclat les causes de la liberté et de l’égalité, et qui… réussit, pour la première fois, à fonder la politique sur les principes de la philosophie » 4, Chômin devint leur élève pendant deux ans. C’est sans doute sur les recommandations des saints pères qu’il partit pour Yokohama servir d’interprète à l’ambassadeur de France, Léon Roches, avant de poursuivre ses études à Tôkyô, à Paris et à Lyon. À son retour au Japon, en 1874, il fut chargé de résumer des textes sur les institutions juridiques et politiques de la France, à l’heure où le jeune gouvernement japonais hésitait sur le modèle à suivre. Parallèlement à ce travail officiel, il traduisit pour le grand public le « Contrat social » de Rousseau, dont il fit même deux versions : l’une rédigée en japonais courant et destinée à être passée de main en main, et l’autre en chinois classique, langue des lettrés. Le « Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme… » de Rousseau devint le leitmotiv d’un journal inauguré en 1881, qui allait avoir une audience extrêmement importante auprès des anciens samouraïs : « Le Journal de la liberté en Orient » (« Tôyô jiyû shimbun » 5). Le futur premier ministre, Saionji Kinmochi, en était le fondateur, et Chômin — le rédacteur en chef. L’amitié des deux hommes remontait à leur séjour à Paris. Le journal s’ouvrait par un article remarquable, où Chômin comparait le citoyen non libre « au bonsaï ou à la fleur élevée sous serre qui perd son parfum et sa couleur naturelle, et ne peut arriver à développer pleinement toute la richesse de son feuillage » ; tandis que le citoyen libre, pareil à une fleur des champs, « embaume de tout son parfum et prend une couleur d’un vert sombre et profond ». Un mois après, la condamnation à des peines de prison de plusieurs journalistes accula le journal à cesser sa parution ; mais Chômin ne lâcha jamais le pinceau du combat.
Chômin, « Écrits sur Rousseau et les droits du peuple »
Il s’agit de « Sur les droits du peuple » (« Minken-ron » 1) et autres œuvres de Nakae Chômin 2, intellectuel japonais, chef de file des études françaises sous l’ère Meiji (XIXe siècle), surnommé « le Rousseau de l’Orient » 3. Il perdit son père, samouraï du plus bas rang, à l’âge de quinze ans. Envoyé à Nagasaki, il y fit la rencontre des pères Louis Furet et Bernard Petitjean, venus dispenser dans cette ville portuaire un enseignement étonnamment large, allant de la grammaire française à l’artillerie navale. Attiré par les idées de la Révolution, cette « grande œuvre inouïe dans l’Histoire qui fit briller avec éclat les causes de la liberté et de l’égalité, et qui… réussit, pour la première fois, à fonder la politique sur les principes de la philosophie » 4, Chômin devint leur élève pendant deux ans. C’est sans doute sur les recommandations des saints pères qu’il partit pour Yokohama servir d’interprète à l’ambassadeur de France, Léon Roches, avant de poursuivre ses études à Tôkyô, à Paris et à Lyon. À son retour au Japon, en 1874, il fut chargé de résumer des textes sur les institutions juridiques et politiques de la France, à l’heure où le jeune gouvernement japonais hésitait sur le modèle à suivre. Parallèlement à ce travail officiel, il traduisit pour le grand public le « Contrat social » de Rousseau, dont il fit même deux versions : l’une rédigée en japonais courant et destinée à être passée de main en main, et l’autre en chinois classique, langue des lettrés. Le « Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme… » de Rousseau devint le leitmotiv d’un journal inauguré en 1881, qui allait avoir une audience extrêmement importante auprès des anciens samouraïs : « Le Journal de la liberté en Orient » (« Tôyô jiyû shimbun » 5). Le futur premier ministre, Saionji Kinmochi, en était le fondateur, et Chômin — le rédacteur en chef. L’amitié des deux hommes remontait à leur séjour à Paris. Le journal s’ouvrait par un article remarquable, où Chômin comparait le citoyen non libre « au bonsaï ou à la fleur élevée sous serre qui perd son parfum et sa couleur naturelle, et ne peut arriver à développer pleinement toute la richesse de son feuillage » ; tandis que le citoyen libre, pareil à une fleur des champs, « embaume de tout son parfum et prend une couleur d’un vert sombre et profond ». Un mois après, la condamnation à des peines de prison de plusieurs journalistes accula le journal à cesser sa parution ; mais Chômin ne lâcha jamais le pinceau du combat.
Chômin, « Un An et demi • Un An et demi, suite »
Il s’agit d’« Un An et demi » (« Ichinen yûhan » 1) et « Un An et demi, suite » (« Zoku ichinen yûhan » 2) de Nakae Chômin 3, intellectuel japonais, chef de file des études françaises sous l’ère Meiji (XIXe siècle), surnommé « le Rousseau de l’Orient » 4. Il perdit son père, samouraï du plus bas rang, à l’âge de quinze ans. Envoyé à Nagasaki, il y fit la rencontre des pères Louis Furet et Bernard Petitjean, venus dispenser dans cette ville portuaire un enseignement étonnamment large, allant de la grammaire française à l’artillerie navale. Attiré par les idées de la Révolution, cette « grande œuvre inouïe dans l’Histoire qui fit briller avec éclat les causes de la liberté et de l’égalité, et qui… réussit, pour la première fois, à fonder la politique sur les principes de la philosophie » 5, Chômin devint leur élève pendant deux ans. C’est sans doute sur les recommandations des saints pères qu’il partit pour Yokohama servir d’interprète à l’ambassadeur de France, Léon Roches, avant de poursuivre ses études à Tôkyô, à Paris et à Lyon. À son retour au Japon, en 1874, il fut chargé de résumer des textes sur les institutions juridiques et politiques de la France, à l’heure où le jeune gouvernement japonais hésitait sur le modèle à suivre. Parallèlement à ce travail officiel, il traduisit pour le grand public le « Contrat social » de Rousseau, dont il fit même deux versions : l’une rédigée en japonais courant et destinée à être passée de main en main, et l’autre en chinois classique, langue des lettrés. Le « Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme… » de Rousseau devint le leitmotiv d’un journal inauguré en 1881, qui allait avoir une audience extrêmement importante auprès des anciens samouraïs : « Le Journal de la liberté en Orient » (« Tôyô jiyû shimbun » 6). Le futur premier ministre, Saionji Kinmochi, en était le fondateur, et Chômin — le rédacteur en chef. L’amitié des deux hommes remontait à leur séjour à Paris. Le journal s’ouvrait par un article remarquable, où Chômin comparait le citoyen non libre « au bonsaï ou à la fleur élevée sous serre qui perd son parfum et sa couleur naturelle, et ne peut arriver à développer pleinement toute la richesse de son feuillage » ; tandis que le citoyen libre, pareil à une fleur des champs, « embaume de tout son parfum et prend une couleur d’un vert sombre et profond ». Un mois après, la condamnation à des peines de prison de plusieurs journalistes accula le journal à cesser sa parution ; mais Chômin ne lâcha jamais le pinceau du combat.
Chômin, « Dialogues politiques entre trois ivrognes »
Il s’agit de « Dialogues politiques entre trois ivrognes » 1 (« Sansuijin keirin mondô » 2) de Nakae Chômin 3, intellectuel japonais, chef de file des études françaises sous l’ère Meiji (XIXe siècle), surnommé « le Rousseau de l’Orient » 4. Il perdit son père, samouraï du plus bas rang, à l’âge de quinze ans. Envoyé à Nagasaki, il y fit la rencontre des pères Louis Furet et Bernard Petitjean, venus dispenser dans cette ville portuaire un enseignement étonnamment large, allant de la grammaire française à l’artillerie navale. Attiré par les idées de la Révolution, cette « grande œuvre inouïe dans l’Histoire qui fit briller avec éclat les causes de la liberté et de l’égalité, et qui… réussit, pour la première fois, à fonder la politique sur les principes de la philosophie » 5, Chômin devint leur élève pendant deux ans. C’est sans doute sur les recommandations des saints pères qu’il partit pour Yokohama servir d’interprète à l’ambassadeur de France, Léon Roches, avant de poursuivre ses études à Tôkyô, à Paris et à Lyon. À son retour au Japon, en 1874, il fut chargé de résumer des textes sur les institutions juridiques et politiques de la France, à l’heure où le jeune gouvernement japonais hésitait sur le modèle à suivre. Parallèlement à ce travail officiel, il traduisit pour le grand public le « Contrat social » de Rousseau, dont il fit même deux versions : l’une rédigée en japonais courant et destinée à être passée de main en main, et l’autre en chinois classique, langue des lettrés. Le « Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme… » de Rousseau devint le leitmotiv d’un journal inauguré en 1881, qui allait avoir une audience extrêmement importante auprès des anciens samouraïs : « Le Journal de la liberté en Orient » (« Tôyô jiyû shimbun » 6). Le futur premier ministre, Saionji Kinmochi, en était le fondateur, et Chômin — le rédacteur en chef. L’amitié des deux hommes remontait à leur séjour à Paris. Le journal s’ouvrait par un article remarquable, où Chômin comparait le citoyen non libre « au bonsaï ou à la fleur élevée sous serre qui perd son parfum et sa couleur naturelle, et ne peut arriver à développer pleinement toute la richesse de son feuillage » ; tandis que le citoyen libre, pareil à une fleur des champs, « embaume de tout son parfum et prend une couleur d’un vert sombre et profond ». Un mois après, la condamnation à des peines de prison de plusieurs journalistes accula le journal à cesser sa parution ; mais Chômin ne lâcha jamais le pinceau du combat.
Isocrate, « Œuvres complètes. Tome III »
Il s’agit du « Discours sur la permutation » (« Peri tês antidoseôs » 1) et autres discours d’apparat d’Isocrate, célèbre professeur d’éloquence grecque (Ve-IVe siècle av. J.-C.). Son père, qui possédait une fabrique de flûtes, s’était suffisamment enrichi pour se procurer de quoi vivre dans l’abondance et se mettre en état de donner à ses enfants la meilleure éducation possible. Chez les Athéniens, la principale partie de l’éducation était alors l’étude de l’éloquence. C’était le don par lequel l’homme montrait sa supériorité et son mérite : « Grâce à [ce] don qui nous est accordé de nous persuader mutuellement et de nous rendre compte à nous-mêmes de nos volontés », dit Isocrate 2, « non seulement nous avons pu nous affranchir de la vie sauvage, mais nous nous sommes réunis, nous avons bâti des villes, établi des lois, inventé des arts ; et c’est ainsi que nous devons à la parole le bienfait de presque toutes les créations de notre esprit… Et s’il faut tout dire en un mot sur cette grande faculté de l’homme, rien n’est fait avec intelligence sans le secours de la parole ; elle est le guide de nos actions comme de nos pensées, et les hommes d’un esprit supérieur sont ceux qui s’en servent avec le plus d’avantages. » Ces réflexions et d’autres semblables déterminèrent Isocrate à consacrer sa carrière à l’éloquence. Mais sa timidité insurmontable et la faiblesse de sa voix ne lui permirent jamais de parler en public, du moins devant les grandes foules. Les assemblées publiques, composées quelquefois de six mille citoyens, exigeaient de l’orateur qui s’y présentait, non seulement de la hardiesse, mais une voix forte et sonore. Isocrate manquait de ces deux qualités. Ne pouvant parler lui-même, il décida de l’apprendre aux autres et ouvrit une école à Athènes. Sur la fin de sa vie, et dans le temps où sa réputation ne laissait plus rien à désirer, il disait avec un véritable regret : « Je prends dix mines pour mes leçons, mais j’en payerais volontiers dix mille à celui qui pourrait me donner de l’assurance et une bonne voix ». Et quand on lui demandait comment, n’étant pas capable de parler, il en rendait les autres capables : « Je suis », disait-il 3, « comme la pierre à rasoir, qui ne coupe pas elle-même, mais qui donne au fer la facilité de couper ».
Isocrate, « Œuvres complètes. Tome II »
Il s’agit de l’« Éloge d’Hélène » (« Helenês Enkômion » 1) et autres discours d’apparat d’Isocrate, célèbre professeur d’éloquence grecque (Ve-IVe siècle av. J.-C.). Son père, qui possédait une fabrique de flûtes, s’était suffisamment enrichi pour se procurer de quoi vivre dans l’abondance et se mettre en état de donner à ses enfants la meilleure éducation possible. Chez les Athéniens, la principale partie de l’éducation était alors l’étude de l’éloquence. C’était le don par lequel l’homme montrait sa supériorité et son mérite : « Grâce à [ce] don qui nous est accordé de nous persuader mutuellement et de nous rendre compte à nous-mêmes de nos volontés », dit Isocrate 2, « non seulement nous avons pu nous affranchir de la vie sauvage, mais nous nous sommes réunis, nous avons bâti des villes, établi des lois, inventé des arts ; et c’est ainsi que nous devons à la parole le bienfait de presque toutes les créations de notre esprit… Et s’il faut tout dire en un mot sur cette grande faculté de l’homme, rien n’est fait avec intelligence sans le secours de la parole ; elle est le guide de nos actions comme de nos pensées, et les hommes d’un esprit supérieur sont ceux qui s’en servent avec le plus d’avantages. » Ces réflexions et d’autres semblables déterminèrent Isocrate à consacrer sa carrière à l’éloquence. Mais sa timidité insurmontable et la faiblesse de sa voix ne lui permirent jamais de parler en public, du moins devant les grandes foules. Les assemblées publiques, composées quelquefois de six mille citoyens, exigeaient de l’orateur qui s’y présentait, non seulement de la hardiesse, mais une voix forte et sonore. Isocrate manquait de ces deux qualités. Ne pouvant parler lui-même, il décida de l’apprendre aux autres et ouvrit une école à Athènes. Sur la fin de sa vie, et dans le temps où sa réputation ne laissait plus rien à désirer, il disait avec un véritable regret : « Je prends dix mines pour mes leçons, mais j’en payerais volontiers dix mille à celui qui pourrait me donner de l’assurance et une bonne voix ». Et quand on lui demandait comment, n’étant pas capable de parler, il en rendait les autres capables : « Je suis », disait-il 3, « comme la pierre à rasoir, qui ne coupe pas elle-même, mais qui donne au fer la facilité de couper ».
Isocrate, « Œuvres complètes. Tome I »
Il s’agit d’« À Démonicus » (« Pros Dêmonikon » 1) et autres discours d’apparat d’Isocrate, célèbre professeur d’éloquence grecque (Ve-IVe siècle av. J.-C.). Son père, qui possédait une fabrique de flûtes, s’était suffisamment enrichi pour se procurer de quoi vivre dans l’abondance et se mettre en état de donner à ses enfants la meilleure éducation possible. Chez les Athéniens, la principale partie de l’éducation était alors l’étude de l’éloquence. C’était le don par lequel l’homme montrait sa supériorité et son mérite : « Grâce à [ce] don qui nous est accordé de nous persuader mutuellement et de nous rendre compte à nous-mêmes de nos volontés », dit Isocrate 2, « non seulement nous avons pu nous affranchir de la vie sauvage, mais nous nous sommes réunis, nous avons bâti des villes, établi des lois, inventé des arts ; et c’est ainsi que nous devons à la parole le bienfait de presque toutes les créations de notre esprit… Et s’il faut tout dire en un mot sur cette grande faculté de l’homme, rien n’est fait avec intelligence sans le secours de la parole ; elle est le guide de nos actions comme de nos pensées, et les hommes d’un esprit supérieur sont ceux qui s’en servent avec le plus d’avantages. » Ces réflexions et d’autres semblables déterminèrent Isocrate à consacrer sa carrière à l’éloquence. Mais sa timidité insurmontable et la faiblesse de sa voix ne lui permirent jamais de parler en public, du moins devant les grandes foules. Les assemblées publiques, composées quelquefois de six mille citoyens, exigeaient de l’orateur qui s’y présentait, non seulement de la hardiesse, mais une voix forte et sonore. Isocrate manquait de ces deux qualités. Ne pouvant parler lui-même, il décida de l’apprendre aux autres et ouvrit une école à Athènes. Sur la fin de sa vie, et dans le temps où sa réputation ne laissait plus rien à désirer, il disait avec un véritable regret : « Je prends dix mines pour mes leçons, mais j’en payerais volontiers dix mille à celui qui pourrait me donner de l’assurance et une bonne voix ». Et quand on lui demandait comment, n’étant pas capable de parler, il en rendait les autres capables : « Je suis », disait-il 3, « comme la pierre à rasoir, qui ne coupe pas elle-même, mais qui donne au fer la facilité de couper ».