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su­jet

Jñân-dev, « L’Invocation, le “Haripāṭh” »

éd. École française d’Extrême-Orient, coll. Publications de l’École française d’Extrême-Orient, Paris

éd. École fran­çaise d’Extrême-, coll. Pu­bli­ca­tions de l’École fran­çaise d’Extrême-Orient, Pa­ris

Il s’agit de «L’Invocation» («Haripāṭh» 1) de Jñân-dev 2, le père de la (XIIIe siècle apr. J.-C.). On l’appelle aussi Jñân-eś­var 3, «eś­var» et «dev» étant des titres d’ presque sy­no­nymes et si­gni­fiant «di­vin». Le père de Jñân-dev s’était vu ex­com­mu­nié de la caste des brah­manes pour avoir adopté la as­cé­tique contre la vo­lonté des siens et sans avoir ac­com­pli ses . Rap­pelé dans le siècle, il eut quatre qui tous de­vaient hé­ri­ter de ses goûts mo­nas­tiques. La si­tua­tion d’excommunié, ce­pen­dant, lui pe­sait sur le cœur : aussi prit-il un jour, en com­pa­gnie de sa fi­dèle épouse, un rac­courci vers l’au-delà en se je­tant dans les eaux sa­crales du Gange. Aban­don­nés, les quatre en­fants ne per­dirent pas et ré­so­lurent même de re­con­qué­rir leur rang par la lit­té­ra­ture. Jñân-dev in­venta le genre de poèmes ap­pelé «Abhang» 4Psaumes») ser­vant à ex­pri­mer la pas­sion­née à . In­venta, c’est peut-être trop dire. Il lui donna ses lettres de créance et il en fit le genre par­ti­cu­lier de la ma­rathe. En choi­sis­sant cette langue orale, il per­mit à la hin­doue de pé­né­trer dans tous les foyers de ses conci­toyens : «Sans Jñân-dev», ex­plique le père  5, «l’ au­rait perdu le contact avec la grande masse du qui, en tous pays et à toutes les époques de l’, est le ré­ser­voir de la vie : il se­rait de­venu l’apanage d’une pe­tite secte de let­trés, l’ d’un pe­tit groupe d’initiés gar­dant ja­lou­se­ment pour eux un hé­ri­tage de­venu sté­rile». Les pè­le­rins ne tar­dèrent pas à adop­ter les «Abhang» pour ac­com­pa­gner leurs longues marches, et comme ils n’hésitaient pas à ajou­ter au ré­per­toire des vers de leur propre com­po­si­tion, c’est un im­mense tré­sor poé­tique qui se consti­tua ainsi de siècle en siècle, de Jñân-dev à Toukâ-râm, en pas­sant par Nâm-dev. Dans l’avant-dernier vers de chaque «Abhang» ap­pa­raît le nom de son au­teur; mais cela n’en ga­ran­tit pas l’authenticité, n’importe quel chantre pou­vant si­gner du nom de son au­teur fa­vori. Parmi les neuf cents «Abhang» qui sont at­tri­bués ex­pres­sé­ment à Jñân-dev, il y en a aussi cer­tai­ne­ment qui ne sont pas de sa main; mais ce n’est pas une pour sup­po­ser l’ de deux ou trois Jñân-dev por­tant le même nom, comme l’ont sup­posé quelques .

  1. En ma­rathe «हरिपाठ». Par­fois trans­crit «Ha­ri­pa­tha». Icône Haut
  2. En ma­rathe ज्ञानदेव. Par­fois trans­crit Jnan Déva, Jna­na­deva, Dñān­dev ou Dñyān­dev. Icône Haut
  3. En ma­rathe ज्ञानेश्वर. Par­fois trans­crit Jnan Is­war, Jna­ne­sh­war, Jna­ne­sh­wara, Jna­ne­sh­vara, Jna­ne­sh­var, Jna­nes­wara, Jna­nes­war, Jnâ­ne­ç­var, Jñâ­ne­ç­vara, Gya­nes­war, Gya­ne­sh­war, Gya­ne­sh­wara, Gya­ne­sh­vara, Dnyá­ne­sh­var, Dnya­ne­sh­wara, Dnyā­ne­sh­war, Dnyá­neś­vara ou Dñyā­neś­var. Icône Haut
  1. En ma­rathe «अभंग». Par­fois trans­crit «Abhanga» ou «Abhaṃg». Lit­té­ra­le­ment «Vers in­in­ter­rom­pus». Icône Haut
  2. «Pré­face aux “Psaumes du pè­le­rin” de Toukâ-râm», p. 21-22. Icône Haut

Narasiṃha, « Au point du jour : les “prabhātiyāṃ” »

éd. École française d’Extrême-Orient, coll. Publications de l’École française d’Extrême-Orient, Paris

éd. École fran­çaise d’Extrême-, coll. Pu­bli­ca­tions de l’École fran­çaise d’Extrême-Orient, Pa­ris

Il s’agit des « du ma­tin» («Prabhâ­tiyâṃ» 1) de Narasiṃha Ma­hetâ 2, poète et saint hin­dou (XVe siècle apr. J.-C.), éga­le­ment connu sous le nom sim­pli­fié de Narsi Mehta. L’État du Gu­ja­rat vé­nère en lui son plus grand écri­vain, son «âdi kavi» (son «pre­mier poète»). Narasiṃha ne fut pas, en , le pre­mier. Les dé­cou­vertes mo­dernes ont ré­vélé toute une lit­té­ra­ture gu­ja­ra­tie da­tant déjà du XIIe siècle. Mais il reste vrai que Narasiṃha est le pre­mier en im­por­tance, et le seul dont l’œuvre a été trans­mise de gé­né­ra­tion en gé­né­ra­tion, jouis­sant tou­jours d’une grande po­pu­la­rité. Gandhi, l’autre fils cé­lèbre du Gu­ja­rat, s’est ré­féré à lui à maintes re­prises et lui a em­prunté le terme «fi­dèles de » pour dé­si­gner les in­tou­chables. En ef­fet, dans un de ses poèmes au­to­bio­gra­phiques, Narasiṃha nous ra­conte com­ment les in­tou­chables le sup­plièrent, un jour, de ve­nir faire un ré­ci­tal chez eux, et com­ment il ac­cepta d’y al­ler, en fai­sant fi des in­ter­dits. Toute sa en­suite, il fut per­sé­cuté par les sar­casmes et le mé­pris des brah­manes nâ­gara, aux­quels il ap­par­te­nait, et qui for­maient la caste la plus éle­vée du Gu­ja­rat; une fois, il se vit forcé de leur ré­pondre dans une dis­cus­sion pu­blique : «Je suis ainsi, je suis tel que vous me dites! Le seul mau­vais, plus mau­vais que le plus mau­vais! Trai­tez- comme vous vou­drez, mais mon est en­core plus fort. Je suis ce Narasiṃha qui agit à la lé­gère, mais… tous ceux qui se croient su­pé­rieurs aux “fi­dèles de Dieu”, vai­ne­ment passent leur vie» 3. La lé­gende rap­porte qu’à ces mots, Viṣṇu Lui-même ap­pa­rut au mi­lieu du cé­nacle et, en guise d’approbation, jeta une guir­lande au­tour du cou de notre poète.

  1. En gu­ja­rati «પ્રભાતિયાં». Icône Haut
  2. En gu­ja­rati નરસિંહ મહેતા. Par­fois trans­crit Nar­sinh Mehta, Nar­singh Mehta, Nar­simha Mehta ou Na­ra­sinha Mehta. Lui-même a choisi, par hu­mi­lité, de ne don­ner le plus sou­vent que le di­mi­nu­tif de son nom : Narasaiṃyo (નરસૈંયો). Icône Haut
  1. p. 21. Icône Haut

Sûr-dâs, « Pastorales »

éd. Gallimard, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Sûr-sâ­gar» 1L’Océan de Sûr-dâs»). C’est une es­pèce de Di­van formé d’un grand nombre de res­sem­blant à nos pas­to­rales, même si les Hin­dous leur donnent le titre d’« re­li­gieux» («bha­jans» 2), parce qu’elles roulent sur les de Kṛṣṇa et de ses épouses. Le su­jet est in­di­qué dans le pre­mier vers de ces chan­sons et se trouve ré­pété à la fin. Le nom de l’auteur, Sûr-dâs 3, ap­pa­raît à l’intérieur des vers, se­lon l’usage des our­dous. Ce Sûr-dâs na­quit dans le vil­lage de Sihi, près de Delhi, entre l’an 1478 et 1483 apr. J.-C. On dit qu’il était aveugle, mais doué d’une voyance si di­vine qu’elle lui fit, un jour, de­vi­ner le grain de beauté sur la cuisse de la prin­cesse royale de Delhi! On ra­conte aussi que lorsqu’il chan­tait, Kṛṣṇa ve­nait et s’asseyait au­près de lui pour l’écouter. Ce lui pro­posa de lui rendre la vue, mais Sûr-dâs re­fusa, di­sant : «Ce­lui qui T’a vu, ne veut plus voir ce » 4. Aujourd’hui en­core, c’est en chan­tant ses chan­sons que les aveugles en Inde font la quête, eux que le sur­nomme Sûr-dâs. Son œuvre est sou­vent com­pa­rée à celle de ses contem­po­rains, Tulsî-dâs et Keśav-dâs, quoiqu’elle n’égale ni la pro­fon­deur du pre­mier, ni la di­ver­sité du se­cond. «Le terme de “” ou de “ dé­vo­tion­nelle” ne me pa­raît pas [adapté] à la de Sûr-dâs», dit Mme Maya Bur­ger 5. «Je ne nie pas qu’il s’agisse d’une forme de re­li­gion… mais la no­tion de “jeu scé­nique” me pa­raît plus proche du monde de Sûr-dâs que ce­lui de “dé­vo­tion”. Le poète met en scène le di­vin en par­lant de la la plus ba­nale [et] la plus concrète… On peut s’amuser au quo­ti­dien avec les di­vi­ni­tés du monde dé­peint par Sûr-dâs [c’est-à-dire] le monde des ber­gers et pay­sans de la ré­gion de Ma­thura.»

  1. En «सूरसागर». Par­fois trans­crit «Sour-sâ­gar», «Sur­sa­gara», «Sū­rasā­gar» ou «Sū­rasā­gara». Icône Haut
  2. En hindi भजन. Icône Haut
  3. En hindi सूरदास. Par­fois trans­crit Soûr-dâs, Sū­radās ou Sū­radāsa. Icône Haut
  1. Dans Chan­dra Swami, «En quête de Dieu : aides et obs­tacles sur la voie spi­ri­tuelle». Icône Haut
  2. «Gé­rer la re­li­gion des autres en tra­dui­sant», p. 493 & 489. Icône Haut

Caṇḍî-dâs, « Les Amours de Radha et de Krichna »

éd. Stock, coll. Le Cabinet cosmopolite, Paris

éd. Stock, coll. Le Ca­bi­net cos­mo­po­lite, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Śrî Kṛṣṇa Kîr­tana» 1Les Amours de Râdhâ et de Kṛṣṇa») de Caṇḍî-dâs 2 (XVe siècle apr. J.-C.). On connaît le rôle im­por­tant que joue la lé­gende de Râdhâ et de Kṛṣṇa dans les œuvres des ben­ga­lis. Le plus an­cien fut Caṇḍî-dâs, prêtre du de Caṇḍî (d’où son nom), dans le vil­lage de Na­noor. Par sa nais­sance, Caṇḍî-dâs ap­par­te­nait à la caste des brah­manes, mais à cause de son pour Râmî, une blan­chis­seuse, il fut ex­clu de cette caste par ses pairs. Mal­gré sa dé­chéance, l’Inde en­tière ve­nait à lui, at­ti­rée par la ré­pu­ta­tion dont il jouis­sait en tant qu’amant et poète. Cette ré­pu­ta­tion per­dure en­core au , où l’on nomme avec ten­dresse «fou Caṇḍî» («pâ­gala Caṇḍî» 3) ce­lui qui s’abandonne comme lui, sans ré­serve, à l’amour et à la . On pré­tend que Caṇḍî-dâs mou­rut en chan­tant; car un toit s’écroula et l’ensevelit alors qu’il di­sait ses vers, ceux-ci peut-être : «Qu’il est mi­ra­cu­leux ton amour, ô Amour, et mi­ra­cu­leux son pou­voir; la du me semble le jour, ô Amour, et le plein jour du monde est ma nuit!» 4 Le «Śrî Kṛṣṇa Kîr­tana» est l’œuvre prin­ci­pale du poète; c’est une œuvre écrite pour le et par un du peuple : aussi pos­sède-t-elle toutes les qua­li­tés et tous les dé­fauts de ce genre de lit­té­ra­ture. On y trouve une char­mante naï­veté dans l’expression et une grande pro­fon­deur dans le sen­ti­ment, en même qu’une rus­ti­cité et une mo­no­to­nie déses­pé­rantes. «C’est un poème simple, pas­sionné, sen­suel», dit Mme Man’ha Gar­reau-Dom­basle 5. «J’ai eu la de l’entendre chan­ter au pays de Caṇḍî-dâs à la fin d’une écla­tante jour­née de prin­temps… Les , as­sis, te­naient leurs très simples ins­tru­ments : des cym­bales et le “mri­danga”, sorte de long tam­bour qu’on fait ré­son­ner en le frap­pant avec les doigts. Ils chan­tèrent. Les vi­bra­tions du tam­bour se fai­saient en­tendre, sourdes comme un gron­de­ment sou­ter­rain, écla­tantes comme l’orage, ryth­mées comme le cla­po­te­ment de la pluie sur les feuilles, mo­no­tones et douces comme la marche confuse d’un trou­peau.»

  1. En «শ্রীকৃষ্ণকীর্তন». Par­fois trans­crit «Çrî­kri­sh­na­kîr­tana», «Çrī Kṛṣṇa Kīr­tana», «Shri­kri­shna Kir­tana», «Shrî-kri­shna-kîrt­tana» ou «Shree Kri­shna Kir­tan». Icône Haut
  2. En ben­gali চণ্ডীদাস. Par­fois trans­crit Chan­di­dâs, Chan­di­dasa ou Caṇḍīdāsa. Icône Haut
  3. En ben­gali পাগল চণ্ডী. Icône Haut
  1. «Les Poèmes de Ka­bir, Chan­di­das, Ra­vi­das, etc.; tra­duits par Mmes [Mar­gue­rite] Ferté et [Hen­riette] Mi­ra­baud-Tho­rens» dans «Ca­hiers du Sud», nº 236, p. 49-55. Icône Haut
  2. p. 19-20. Icône Haut

Jayadeva, « “Gita govinda”, Le Chant du berger : poème »

dans « Théologie hindoue » (XIXᵉ siècle), p. 244-266

dans « hin­doue» (XIXe siècle), p. 244-266

Il s’agit du «Gîta go­vinda» 1Le Chant du bou­vier»), pièce à la fois chan­tée et dan­sée en l’ de Kṛṣṇa. Ce que l’on sait sur Jaya­deva 2, qui est l’auteur de cette pièce (XIIe siècle apr. J.-C.), se borne à des . On ra­conte qu’à la de ses pa­rents, le poète se mit en route vers le de Ja­gan­nâ­tha avec l’intention d’y ado­rer Kṛṣṇa. En che­min, ce­pen­dant, il tomba d’inanition, ac­ca­blé par la du . Un bou­vier, qui gar­dait son trou­peau aux alen­tours, l’aperçut et vint le se­cou­rir en lui of­frant du lait caillé. Lorsque Jaya­deva ar­riva en­fin au temple, quelle ne fut pas sa sur­prise quand il vit, à la place de la sta­tue de Ja­gan­nâ­tha, le jeune qu’il ve­nait de quit­ter! Com­pre­nant à l’instant que son sau­veur était en Kṛṣṇa, il en conçut l’idée du «Gîta go­vinda». On pré­tend éga­le­ment que le poète hé­si­tait un jour à écrire un vers sus­cep­tible de , et avant de prendre une dé­ci­sion, il pré­para la page, puis des­cen­dit se bai­gner à la ri­vière. Pen­dant ce , Kṛṣṇa lui-même ayant pris les traits de Jaya­deva, écri­vit sur la page le vers qui avait em­bar­rassé Jaya­deva, laissa le ou­vert et se re­tira. Lorsque Jaya­deva re­vint et qu’il vit cela, il fut étonné et in­ter­ro­gea sa femme à ce su­jet. Elle lui dit : «Vous êtes re­venu et avez écrit ce vers : quel autre que vous au­rait tou­ché à votre car­net?» 3 Jaya­deva, très tou­ché par cet évé­ne­ment, alla dans la fo­rêt, où il vit un arbre éton­nant : sur chaque feuille de cet arbre étaient des du «Gîta go­vinda».

  1. En «गीत गोविन्द». Au­tre­fois trans­crit «Geet go­vinda», «Geeta go­vinda», «Gi­ta­go­winda», «Ghita go­vinda» ou «Guîta go­vinda». Icône Haut
  2. En sans­crit जयदेव. Au­tre­fois trans­crit Jai­dev, Jaya­dev, Dscha­ja­de­vas ou Djaya­déva. Icône Haut
  1. Dans , « de la lit­té­ra­ture hin­doui et hin­dous­tani, 2e édi­tion. Tome II», p. 72. Icône Haut