Il s’agit de « Napoléon le Petit » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »
récits personnels
mère de Fujiwara no Michitsuna, « Mémoires d’une éphémère (954-974) »
éd. Collège de France-Institut des hautes études japonaises, coll. Bibliothèque de l’Institut des hautes études japonaises, Paris
Il s’agit du « Journal d’une éphémère ». Ce genre d’écrits intimes qui tient tant de place dans la littérature féminine du Japon, je veux dire le « nikki » (« journal »), fut inauguré (chose étrange !) par un homme, Ki no Tsurayuki 1, poète et critique, qui venait d’exercer, pendant cinq ans, les fonctions de préfet de la province de Tosa. Dans son « Tosa nikki » 2 (« Journal de Tosa »), rédigé en 935 apr. J.-C., il racontait dans une prose exquise, entremêlée de poésies, son voyage de retour à la capitale. Mais le principal intérêt de son journal était ailleurs : tout le secret en était, en effet, dans la première phrase, où l’auteur faisait le choix de l’écriture japonaise, qu’on appelait communément « onnade » 3 (« main de femme »), par opposition à l’écriture chinoise, qu’on appelait communément « otokode » 4 (« main d’homme »). C’est non seulement en « onnade » qu’il écrivit son journal, mais aussi dans la langue même que pratiquaient les femmes, démontrant de la sorte que cette langue parvenait à exprimer parfaitement, sinon les concepts abstraits de l’écriture chinoise, du moins les mouvements délicats du cœur, communs à toute l’humanité : « [D’un pays à l’autre], le langage certes diffère », dit le « Journal de Tosa » 5, « mais puisque pareil à coup sûr est le clair de lune, pourquoi n’en serait-il de même du cœur humain ? » Les dames de la Cour japonaise ne tardèrent pas à entendre cette leçon, et cloîtrées comme elles étaient dans leurs chambres, où elles avaient assez de loisir pour lire et pour songer à leurs malheurs, elles se mirent à noter leurs tristes pensées sous forme de journal. La violence des émotions dont elles étaient suffoquées, et qu’elles ne pouvaient pas dire à haute voix, éclata bientôt en un feu d’artifice comme on n’en vit jamais de semblable dans la littérature universelle. Se suivirent à quelques années d’intervalle : le « Kagerô (no) nikki » 6 (« Journal d’une éphémère ») ; le « Murasaki-shikibu nikki » 7 (« Journal de Murasaki-shikibu ») ; l’« Izumi-shikibu nikki » 8 (« Journal d’Izumi-shikibu ») ; le « Sarashina nikki » 9 (« Journal de Sarashina ») ; le « Jôjin-ajari (no) haha no shû » 10 (« Journal de la mère du révérend Jôjin ») ; enfin le « Sanuki no suke (no) nikki » 11 (« Journal de la dame d’honneur Sanuki »).
- En japonais 紀貫之. Autrefois transcrit Tsourayouki.
- En japonais « 土佐日記 ». Autrefois transcrit « Toça nikki » ou « Tossa nikki ».
- En japonais 女手. Parfois transcrit « wonnade ».
- En japonais 男手. Parfois transcrit « wotokode » ou « wotoko no te ».
- p. 36-37.
- En japonais « 蜻蛉日記 ». Autrefois transcrit « Kagherô nikki ».
- En japonais « 紫式部日記 ». Autrefois transcrit « Mouraçaki Shikibou niki » ou « Mourasaki Shikibou nikki ».
- En japonais « 和泉式部日記 ». Autrefois transcrit « Izoumi-shikibou nikki ».
- En japonais « 更級日記 ».
- En japonais « 成尋阿闍梨母集 ».
- En japonais « 讃岐典侍日記 », inédit en français. Autrefois transcrit « Sanouki no souké no nikki ».
mère du révérend Jôjin, « Un Malheur absolu »
Il s’agit du « Journal de la mère du révérend Jôjin ». Ce genre d’écrits intimes qui tient tant de place dans la littérature féminine du Japon, je veux dire le « nikki » (« journal »), fut inauguré (chose étrange !) par un homme, Ki no Tsurayuki 1, poète et critique, qui venait d’exercer, pendant cinq ans, les fonctions de préfet de la province de Tosa. Dans son « Tosa nikki » 2 (« Journal de Tosa »), rédigé en 935 apr. J.-C., il racontait dans une prose exquise, entremêlée de poésies, son voyage de retour à la capitale. Mais le principal intérêt de son journal était ailleurs : tout le secret en était, en effet, dans la première phrase, où l’auteur faisait le choix de l’écriture japonaise, qu’on appelait communément « onnade » 3 (« main de femme »), par opposition à l’écriture chinoise, qu’on appelait communément « otokode » 4 (« main d’homme »). C’est non seulement en « onnade » qu’il écrivit son journal, mais aussi dans la langue même que pratiquaient les femmes, démontrant de la sorte que cette langue parvenait à exprimer parfaitement, sinon les concepts abstraits de l’écriture chinoise, du moins les mouvements délicats du cœur, communs à toute l’humanité : « [D’un pays à l’autre], le langage certes diffère », dit le « Journal de Tosa » 5, « mais puisque pareil à coup sûr est le clair de lune, pourquoi n’en serait-il de même du cœur humain ? » Les dames de la Cour japonaise ne tardèrent pas à entendre cette leçon, et cloîtrées comme elles étaient dans leurs chambres, où elles avaient assez de loisir pour lire et pour songer à leurs malheurs, elles se mirent à noter leurs tristes pensées sous forme de journal. La violence des émotions dont elles étaient suffoquées, et qu’elles ne pouvaient pas dire à haute voix, éclata bientôt en un feu d’artifice comme on n’en vit jamais de semblable dans la littérature universelle. Se suivirent à quelques années d’intervalle : le « Kagerô (no) nikki » 6 (« Journal d’une éphémère ») ; le « Murasaki-shikibu nikki » 7 (« Journal de Murasaki-shikibu ») ; l’« Izumi-shikibu nikki » 8 (« Journal d’Izumi-shikibu ») ; le « Sarashina nikki » 9 (« Journal de Sarashina ») ; le « Jôjin-ajari (no) haha no shû » 10 (« Journal de la mère du révérend Jôjin ») ; enfin le « Sanuki no suke (no) nikki » 11 (« Journal de la dame d’honneur Sanuki »).
- En japonais 紀貫之. Autrefois transcrit Tsourayouki.
- En japonais « 土佐日記 ». Autrefois transcrit « Toça nikki » ou « Tossa nikki ».
- En japonais 女手. Parfois transcrit « wonnade ».
- En japonais 男手. Parfois transcrit « wotokode » ou « wotoko no te ».
- p. 36-37.
- En japonais « 蜻蛉日記 ». Autrefois transcrit « Kagherô nikki ».
- En japonais « 紫式部日記 ». Autrefois transcrit « Mouraçaki Shikibou niki » ou « Mourasaki Shikibou nikki ».
- En japonais « 和泉式部日記 ». Autrefois transcrit « Izoumi-shikibou nikki ».
- En japonais « 更級日記 ».
- En japonais « 成尋阿闍梨母集 ».
- En japonais « 讃岐典侍日記 », inédit en français. Autrefois transcrit « Sanouki no souké no nikki ».
Murasaki-shikibu, « Journal »
éd. Publications orientalistes de France, coll. Les Journaux poétiques de l’époque de Héian, Paris
Il s’agit du « Journal de Murasaki-shikibu ». Ce genre d’écrits intimes qui tient tant de place dans la littérature féminine du Japon, je veux dire le « nikki » (« journal »), fut inauguré (chose étrange !) par un homme, Ki no Tsurayuki 1, poète et critique, qui venait d’exercer, pendant cinq ans, les fonctions de préfet de la province de Tosa. Dans son « Tosa nikki » 2 (« Journal de Tosa »), rédigé en 935 apr. J.-C., il racontait dans une prose exquise, entremêlée de poésies, son voyage de retour à la capitale. Mais le principal intérêt de son journal était ailleurs : tout le secret en était, en effet, dans la première phrase, où l’auteur faisait le choix de l’écriture japonaise, qu’on appelait communément « onnade » 3 (« main de femme »), par opposition à l’écriture chinoise, qu’on appelait communément « otokode » 4 (« main d’homme »). C’est non seulement en « onnade » qu’il écrivit son journal, mais aussi dans la langue même que pratiquaient les femmes, démontrant de la sorte que cette langue parvenait à exprimer parfaitement, sinon les concepts abstraits de l’écriture chinoise, du moins les mouvements délicats du cœur, communs à toute l’humanité : « [D’un pays à l’autre], le langage certes diffère », dit le « Journal de Tosa » 5, « mais puisque pareil à coup sûr est le clair de lune, pourquoi n’en serait-il de même du cœur humain ? » Les dames de la Cour japonaise ne tardèrent pas à entendre cette leçon, et cloîtrées comme elles étaient dans leurs chambres, où elles avaient assez de loisir pour lire et pour songer à leurs malheurs, elles se mirent à noter leurs tristes pensées sous forme de journal. La violence des émotions dont elles étaient suffoquées, et qu’elles ne pouvaient pas dire à haute voix, éclata bientôt en un feu d’artifice comme on n’en vit jamais de semblable dans la littérature universelle. Se suivirent à quelques années d’intervalle : le « Kagerô (no) nikki » 6 (« Journal d’une éphémère ») ; le « Murasaki-shikibu nikki » 7 (« Journal de Murasaki-shikibu ») ; l’« Izumi-shikibu nikki » 8 (« Journal d’Izumi-shikibu ») ; le « Sarashina nikki » 9 (« Journal de Sarashina ») ; le « Jôjin-ajari (no) haha no shû » 10 (« Journal de la mère du révérend Jôjin ») ; enfin le « Sanuki no suke (no) nikki » 11 (« Journal de la dame d’honneur Sanuki »).
- En japonais 紀貫之. Autrefois transcrit Tsourayouki.
- En japonais « 土佐日記 ». Autrefois transcrit « Toça nikki » ou « Tossa nikki ».
- En japonais 女手. Parfois transcrit « wonnade ».
- En japonais 男手. Parfois transcrit « wotokode » ou « wotoko no te ».
- p. 36-37.
- En japonais « 蜻蛉日記 ». Autrefois transcrit « Kagherô nikki ».
- En japonais « 紫式部日記 ». Autrefois transcrit « Mouraçaki Shikibou niki » ou « Mourasaki Shikibou nikki ».
- En japonais « 和泉式部日記 ». Autrefois transcrit « Izoumi-shikibou nikki ».
- En japonais « 更級日記 ».
- En japonais « 成尋阿闍梨母集 ».
- En japonais « 讃岐典侍日記 », inédit en français. Autrefois transcrit « Sanouki no souké no nikki ».
fille de Sugawara no Takasue, « Le Journal de Sarashina »
éd. Publications orientalistes de France, coll. Les Journaux poétiques de l’époque de Héian-Les Œuvres capitales de la littérature japonaise, Paris
Il s’agit du « Journal de Sarashina ». Ce genre d’écrits intimes qui tient tant de place dans la littérature féminine du Japon, je veux dire le « nikki » (« journal »), fut inauguré (chose étrange !) par un homme, Ki no Tsurayuki 1, poète et critique, qui venait d’exercer, pendant cinq ans, les fonctions de préfet de la province de Tosa. Dans son « Tosa nikki » 2 (« Journal de Tosa »), rédigé en 935 apr. J.-C., il racontait dans une prose exquise, entremêlée de poésies, son voyage de retour à la capitale. Mais le principal intérêt de son journal était ailleurs : tout le secret en était, en effet, dans la première phrase, où l’auteur faisait le choix de l’écriture japonaise, qu’on appelait communément « onnade » 3 (« main de femme »), par opposition à l’écriture chinoise, qu’on appelait communément « otokode » 4 (« main d’homme »). C’est non seulement en « onnade » qu’il écrivit son journal, mais aussi dans la langue même que pratiquaient les femmes, démontrant de la sorte que cette langue parvenait à exprimer parfaitement, sinon les concepts abstraits de l’écriture chinoise, du moins les mouvements délicats du cœur, communs à toute l’humanité : « [D’un pays à l’autre], le langage certes diffère », dit le « Journal de Tosa » 5, « mais puisque pareil à coup sûr est le clair de lune, pourquoi n’en serait-il de même du cœur humain ? » Les dames de la Cour japonaise ne tardèrent pas à entendre cette leçon, et cloîtrées comme elles étaient dans leurs chambres, où elles avaient assez de loisir pour lire et pour songer à leurs malheurs, elles se mirent à noter leurs tristes pensées sous forme de journal. La violence des émotions dont elles étaient suffoquées, et qu’elles ne pouvaient pas dire à haute voix, éclata bientôt en un feu d’artifice comme on n’en vit jamais de semblable dans la littérature universelle. Se suivirent à quelques années d’intervalle : le « Kagerô (no) nikki » 6 (« Journal d’une éphémère ») ; le « Murasaki-shikibu nikki » 7 (« Journal de Murasaki-shikibu ») ; l’« Izumi-shikibu nikki » 8 (« Journal d’Izumi-shikibu ») ; le « Sarashina nikki » 9 (« Journal de Sarashina ») ; le « Jôjin-ajari (no) haha no shû » 10 (« Journal de la mère du révérend Jôjin ») ; enfin le « Sanuki no suke (no) nikki » 11 (« Journal de la dame d’honneur Sanuki »).
- En japonais 紀貫之. Autrefois transcrit Tsourayouki.
- En japonais « 土佐日記 ». Autrefois transcrit « Toça nikki » ou « Tossa nikki ».
- En japonais 女手. Parfois transcrit « wonnade ».
- En japonais 男手. Parfois transcrit « wotokode » ou « wotoko no te ».
- p. 36-37.
- En japonais « 蜻蛉日記 ». Autrefois transcrit « Kagherô nikki ».
- En japonais « 紫式部日記 ». Autrefois transcrit « Mouraçaki Shikibou niki » ou « Mourasaki Shikibou nikki ».
- En japonais « 和泉式部日記 ». Autrefois transcrit « Izoumi-shikibou nikki ».
- En japonais « 更級日記 ».
- En japonais « 成尋阿闍梨母集 ».
- En japonais « 讃岐典侍日記 », inédit en français. Autrefois transcrit « Sanouki no souké no nikki ».
Izumi-shikibu, « Journal »
éd. Publications orientalistes de France, coll. Poètes du Japon-Les Œuvres capitales de la littérature japonaise, Paris
Il s’agit du « Journal d’Izumi-shikibu ». Ce genre d’écrits intimes qui tient tant de place dans la littérature féminine du Japon, je veux dire le « nikki » (« journal »), fut inauguré (chose étrange !) par un homme, Ki no Tsurayuki 1, poète et critique, qui venait d’exercer, pendant cinq ans, les fonctions de préfet de la province de Tosa. Dans son « Tosa nikki » 2 (« Journal de Tosa »), rédigé en 935 apr. J.-C., il racontait dans une prose exquise, entremêlée de poésies, son voyage de retour à la capitale. Mais le principal intérêt de son journal était ailleurs : tout le secret en était, en effet, dans la première phrase, où l’auteur faisait le choix de l’écriture japonaise, qu’on appelait communément « onnade » 3 (« main de femme »), par opposition à l’écriture chinoise, qu’on appelait communément « otokode » 4 (« main d’homme »). C’est non seulement en « onnade » qu’il écrivit son journal, mais aussi dans la langue même que pratiquaient les femmes, démontrant de la sorte que cette langue parvenait à exprimer parfaitement, sinon les concepts abstraits de l’écriture chinoise, du moins les mouvements délicats du cœur, communs à toute l’humanité : « [D’un pays à l’autre], le langage certes diffère », dit le « Journal de Tosa » 5, « mais puisque pareil à coup sûr est le clair de lune, pourquoi n’en serait-il de même du cœur humain ? » Les dames de la Cour japonaise ne tardèrent pas à entendre cette leçon, et cloîtrées comme elles étaient dans leurs chambres, où elles avaient assez de loisir pour lire et pour songer à leurs malheurs, elles se mirent à noter leurs tristes pensées sous forme de journal. La violence des émotions dont elles étaient suffoquées, et qu’elles ne pouvaient pas dire à haute voix, éclata bientôt en un feu d’artifice comme on n’en vit jamais de semblable dans la littérature universelle. Se suivirent à quelques années d’intervalle : le « Kagerô (no) nikki » 6 (« Journal d’une éphémère ») ; le « Murasaki-shikibu nikki » 7 (« Journal de Murasaki-shikibu ») ; l’« Izumi-shikibu nikki » 8 (« Journal d’Izumi-shikibu ») ; le « Sarashina nikki » 9 (« Journal de Sarashina ») ; le « Jôjin-ajari (no) haha no shû » 10 (« Journal de la mère du révérend Jôjin ») ; enfin le « Sanuki no suke (no) nikki » 11 (« Journal de la dame d’honneur Sanuki »).
- En japonais 紀貫之. Autrefois transcrit Tsourayouki.
- En japonais « 土佐日記 ». Autrefois transcrit « Toça nikki » ou « Tossa nikki ».
- En japonais 女手. Parfois transcrit « wonnade ».
- En japonais 男手. Parfois transcrit « wotokode » ou « wotoko no te ».
- p. 36-37.
- En japonais « 蜻蛉日記 ». Autrefois transcrit « Kagherô nikki ».
- En japonais « 紫式部日記 ». Autrefois transcrit « Mouraçaki Shikibou niki » ou « Mourasaki Shikibou nikki ».
- En japonais « 和泉式部日記 ». Autrefois transcrit « Izoumi-shikibou nikki ».
- En japonais « 更級日記 ».
- En japonais « 成尋阿闍梨母集 ».
- En japonais « 讃岐典侍日記 », inédit en français. Autrefois transcrit « Sanouki no souké no nikki ».
Tsurayuki, « Le Journal de Tosa »
éd. Publications orientalistes de France, coll. Tama, Cergy
Il s’agit du « Journal de Tosa ». Ce genre d’écrits intimes qui tient tant de place dans la littérature féminine du Japon, je veux dire le « nikki » (« journal »), fut inauguré (chose étrange !) par un homme, Ki no Tsurayuki 1, poète et critique, qui venait d’exercer, pendant cinq ans, les fonctions de préfet de la province de Tosa. Dans son « Tosa nikki » 2 (« Journal de Tosa »), rédigé en 935 apr. J.-C., il racontait dans une prose exquise, entremêlée de poésies, son voyage de retour à la capitale. Mais le principal intérêt de son journal était ailleurs : tout le secret en était, en effet, dans la première phrase, où l’auteur faisait le choix de l’écriture japonaise, qu’on appelait communément « onnade » 3 (« main de femme »), par opposition à l’écriture chinoise, qu’on appelait communément « otokode » 4 (« main d’homme »). C’est non seulement en « onnade » qu’il écrivit son journal, mais aussi dans la langue même que pratiquaient les femmes, démontrant de la sorte que cette langue parvenait à exprimer parfaitement, sinon les concepts abstraits de l’écriture chinoise, du moins les mouvements délicats du cœur, communs à toute l’humanité : « [D’un pays à l’autre], le langage certes diffère », dit le « Journal de Tosa » 5, « mais puisque pareil à coup sûr est le clair de lune, pourquoi n’en serait-il de même du cœur humain ? » Les dames de la Cour japonaise ne tardèrent pas à entendre cette leçon, et cloîtrées comme elles étaient dans leurs chambres, où elles avaient assez de loisir pour lire et pour songer à leurs malheurs, elles se mirent à noter leurs tristes pensées sous forme de journal. La violence des émotions dont elles étaient suffoquées, et qu’elles ne pouvaient pas dire à haute voix, éclata bientôt en un feu d’artifice comme on n’en vit jamais de semblable dans la littérature universelle. Se suivirent à quelques années d’intervalle : le « Kagerô (no) nikki » 6 (« Journal d’une éphémère ») ; le « Murasaki-shikibu nikki » 7 (« Journal de Murasaki-shikibu ») ; l’« Izumi-shikibu nikki » 8 (« Journal d’Izumi-shikibu ») ; le « Sarashina nikki » 9 (« Journal de Sarashina ») ; le « Jôjin-ajari (no) haha no shû » 10 (« Journal de la mère du révérend Jôjin ») ; enfin le « Sanuki no suke (no) nikki » 11 (« Journal de la dame d’honneur Sanuki »).
- En japonais 紀貫之. Autrefois transcrit Tsourayouki.
- En japonais « 土佐日記 ». Autrefois transcrit « Toça nikki » ou « Tossa nikki ».
- En japonais 女手. Parfois transcrit « wonnade ».
- En japonais 男手. Parfois transcrit « wotokode » ou « wotoko no te ».
- p. 36-37.
- En japonais « 蜻蛉日記 ». Autrefois transcrit « Kagherô nikki ».
- En japonais « 紫式部日記 ». Autrefois transcrit « Mouraçaki Shikibou niki » ou « Mourasaki Shikibou nikki ».
- En japonais « 和泉式部日記 ». Autrefois transcrit « Izoumi-shikibou nikki ».
- En japonais « 更級日記 ».
- En japonais « 成尋阿闍梨母集 ».
- En japonais « 讃岐典侍日記 », inédit en français. Autrefois transcrit « Sanouki no souké no nikki ».
Marie de l’Incarnation, « Écrits spirituels et historiques. Tome II »
éd. D. de Brouwer-L’Action sociale, Paris-Québec
Il s’agit de la « Retraite de 1634 » et autres écrits de la mère Marie de l’Incarnation 1, la première en date, comme la première en génie, parmi les femmes missionnaires venues évangéliser le Canada (XVIIe siècle apr. J.-C.). Certes, ses écrits furent composés sans souci d’agrément littéraire. Mais ils viennent d’une femme de caractère qui était, en vérité, une nature d’exception et qui, en associant son âme directement à Dieu, fit l’économie d’une dépendance par rapport aux hommes. Sa piété courageuse et son saint enthousiasme étaient suffisamment connus pour que Bossuet l’ait appelée « la Thérèse de nos jours et du Nouveau Monde » 2. « Au Canada, ses œuvres sont un trésor de famille », explique dom Albert Jamet. « Mais les Français de l’ancienne France doivent savoir que ses œuvres sont toutes leurs aussi, et au même titre. Peut-être s’en sont-ils trop désintéressés. “En France”, notait Sainte-Beuve 3, “nous ne nous montrons pas toujours assez soigneux ou fiers de nos richesses.” À Tours, où elle naquit en 1599, Marie de l’Incarnation fut élevée aux sublimes états d’oraison qui la font aller de pair avec les plus hauts contemplatifs de tous les temps et de tous les pays. À Québec, où elle arriva en 1639, c’est une œuvre française qu’elle fit durant les trente-deux années qui lui restaient encore à vivre. Par là, ses écrits sont le bien et l’honneur indivis des deux France. »
- À ne pas confondre avec Barbe Acarie, née Barbe Avrillot, qui entra également en religion sous le nom de Marie de l’Incarnation. Elle vécut un siècle plus tôt.
- « Instruction sur les états d’oraison », liv. IX. Bossuet a écrit ailleurs à une correspondante : « J’ai vu, depuis peu, la vie de la mère Marie de l’Incarnation… Tout y est admirable, et je vous renverrai bientôt [des] extraits pour vous en servir » (« Lettres à la sœur Cornuau », lettre CIII).
Marie de l’Incarnation, « Écrits spirituels et historiques. Tome I »
éd. D. de Brouwer-L’Action sociale, Paris-Québec
Il s’agit de la « Relation de 1633 » et autres écrits de la mère Marie de l’Incarnation 1, la première en date, comme la première en génie, parmi les femmes missionnaires venues évangéliser le Canada (XVIIe siècle apr. J.-C.). Certes, ses écrits furent composés sans souci d’agrément littéraire. Mais ils viennent d’une femme de caractère qui était, en vérité, une nature d’exception et qui, en associant son âme directement à Dieu, fit l’économie d’une dépendance par rapport aux hommes. Sa piété courageuse et son saint enthousiasme étaient suffisamment connus pour que Bossuet l’ait appelée « la Thérèse de nos jours et du Nouveau Monde » 2. « Au Canada, ses œuvres sont un trésor de famille », explique dom Albert Jamet. « Mais les Français de l’ancienne France doivent savoir que ses œuvres sont toutes leurs aussi, et au même titre. Peut-être s’en sont-ils trop désintéressés. “En France”, notait Sainte-Beuve 3, “nous ne nous montrons pas toujours assez soigneux ou fiers de nos richesses.” À Tours, où elle naquit en 1599, Marie de l’Incarnation fut élevée aux sublimes états d’oraison qui la font aller de pair avec les plus hauts contemplatifs de tous les temps et de tous les pays. À Québec, où elle arriva en 1639, c’est une œuvre française qu’elle fit durant les trente-deux années qui lui restaient encore à vivre. Par là, ses écrits sont le bien et l’honneur indivis des deux France. »
- À ne pas confondre avec Barbe Acarie, née Barbe Avrillot, qui entra également en religion sous le nom de Marie de l’Incarnation. Elle vécut un siècle plus tôt.
- « Instruction sur les états d’oraison », liv. IX. Bossuet a écrit ailleurs à une correspondante : « J’ai vu, depuis peu, la vie de la mère Marie de l’Incarnation… Tout y est admirable, et je vous renverrai bientôt [des] extraits pour vous en servir » (« Lettres à la sœur Cornuau », lettre CIII).
Hugo, « Le Rhin. Tome II »
Il s’agit du « Rhin » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »
« Les Auteurs du printemps russe. Okoudjava • Vyssotski »
Il s’agit de Boulat Okoudjava 1 et de Vladimir Vyssotski 2, les chanteurs soviétiques les plus éminents, mais aussi les plus persécutés par la haine et par la sottise du régime. Ils restent à tout jamais comme un témoignage des humiliations et du désespoir infligés à tout un peuple par une tribu de bureaucrates bornés, effrayés par l’ombre de la vérité, terrorisés par la sincérité, traumatisés par le talent. Toutes les chansons de ces deux paroliers ont un point commun : elles révèlent, avec douleur, des pans entiers d’une « autre » histoire, non pas l’histoire officielle, écrite par le régime, mais celle vécue par des millions de gens — marins, aviateurs, paysans, étudiants, ouvriers d’usine — et jusque-là entièrement passée sous silence dans les publications. « Mes protagonistes ne sont pas de ces hauts personnages chers à l’histoire romancée, mais de petites gens, des obscurs, des médiocres. Ce type d’humanité me convient mieux », dit Okoudjava 3. « En règle générale, les grands ont conscience de leur grandeur… et jouent les coquettes pour la postérité… Les humbles, au contraire, conservent leur naturel et se tiennent sans affectation. Avec eux, tout est simple, aisé. Ils n’en laissent pas moins leur trace dans les événements, peuvent nous servir d’exemples, de mises en garde et de sources d’inspiration. » Un soir de tristesse et de solitude, Okoudjava errait à travers Moscou. Le hasard lui fit prendre le dernier trolleybus. Grâce à la présence silencieuse des autres voyageurs, des gens simples, il trouva un remède aux tourments de son âme, à la « biéda » 4 (« malheur ») :
« Quand je suis impuissant à vaincre le malheur,
Que le désespoir me guette,
Je prends en marche le trolley bleu,
Le dernier,
Au hasard.
Trolley de minuit, file par les rues,
Fais ta ronde au long des boulevards
Pour ramasser ceux qui, dans la nuit, ont fait
Naufrage,
Naufrage »
- En russe Булат Окуджава. Parfois transcrit Okudžava, Okudzhava, Okudschawa, Okudjava ou Okudzsava.
- En russe Владимир Высоцкий. Parfois transcrit Vissotski, Vissotsky, Vyssotsky, Vysotsky, Vısotski, Vısotskiy, Visocki, Vysockij, Wyssozki, Vysotski, Viszockij ou Wysocki.
Hugo, « Le Rhin. Tome I »
Il s’agit du « Rhin » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »
Hugo, « Quatre-vingt-treize »
Il s’agit de « Quatre-vingt-treize » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »