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Hugo, « Napoléon le Petit »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Na­po­léon le Pe­tit» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

mère de Fujiwara no Michitsuna, « Mémoires d’une éphémère (954-974) »

éd. Collège de France-Institut des hautes études japonaises, coll. Bibliothèque de l’Institut des hautes études japonaises, Paris

éd. Col­lège de -Ins­ti­tut des hautes études ja­po­naises, coll. Bi­blio­thèque de l’Institut des hautes études ja­po­naises, Pa­ris

Il s’agit du «Jour­nal d’une éphé­mère». Ce genre d’ in­times qui tient tant de place dans la lit­té­ra­ture fé­mi­nine du , je veux dire le «nikki» («jour­nal»), fut inau­guré (chose étrange!) par un , Ki no Tsu­rayuki 1, poète et , qui ve­nait d’exercer, pen­dant cinq ans, les fonc­tions de pré­fet de la pro­vince de Tosa. Dans son «Tosa nikki» 2Jour­nal de Tosa»), ré­digé en 935 apr. J.-C., il ra­con­tait dans une prose ex­quise, en­tre­mê­lée de poé­sies, son voyage de re­tour à la ca­pi­tale. Mais le prin­ci­pal in­té­rêt de son jour­nal était ailleurs : tout le se­cret en était, en ef­fet, dans la pre­mière phrase, où l’auteur fai­sait le choix de l’, qu’on ap­pe­lait com­mu­né­ment «on­nade» 3main de femme»), par op­po­si­tion à l’ chi­noise, qu’on ap­pe­lait com­mu­né­ment «oto­kode» 4main d’homme»). C’est non seule­ment en «on­nade» qu’il écri­vit son jour­nal, mais aussi dans la même que pra­ti­quaient les , dé­mon­trant de la sorte que cette langue par­ve­nait à ex­pri­mer par­fai­te­ment, si­non les concepts abs­traits de l’écriture chi­noise, du moins les mou­ve­ments dé­li­cats du cœur, com­muns à toute l’ : «[D’un pays à l’autre], le certes dif­fère», dit le «Jour­nal de Tosa» 5, «mais puisque pa­reil à coup sûr est le clair de lune, pour­quoi n’en se­rait-il de même du cœur hu­main?» Les dames de la Cour ja­po­naise ne tar­dèrent pas à en­tendre cette le­çon, et cloî­trées comme elles étaient dans leurs chambres, où elles avaient as­sez de loi­sir pour lire et pour son­ger à leurs mal­heurs, elles se mirent à no­ter leurs tristes pen­sées sous forme de jour­nal. La des dont elles étaient suf­fo­quées, et qu’elles ne pou­vaient pas dire à haute , éclata bien­tôt en un d’artifice comme on n’en vit ja­mais de sem­blable dans la lit­té­ra­ture uni­ver­selle. Se sui­virent à quelques an­nées d’intervalle : le «Ka­gerô (no) nikki» 6Jour­nal d’une éphé­mère»); le « nikki» 7Jour­nal de Mu­ra­saki-shi­kibu»); l’« nikki» 8Jour­nal d’Izumi-shikibu»); le «Sa­ra­shina nikki» 9Jour­nal de Sa­ra­shina»); le «Jô­jin-ajari (no) haha no shû» 10Jour­nal de la mère du ré­vé­rend Jô­jin»); en­fin le «Sa­nuki no suke (no) nikki» 11Jour­nal de la dame d’ Sa­nuki»).

  1. En 紀貫之. Au­tre­fois trans­crit Tsou­rayouki. Icône Haut
  2. En ja­po­nais «土佐日記». Au­tre­fois trans­crit «Toça nikki» ou «Tossa nikki». Icône Haut
  3. En ja­po­nais 女手. Par­fois trans­crit «won­nade». Icône Haut
  4. En ja­po­nais 男手. Par­fois trans­crit «wo­to­kode» ou «wo­toko no te». Icône Haut
  5. p. 36-37. Icône Haut
  6. En ja­po­nais «蜻蛉日記». Au­tre­fois trans­crit «Ka­gherô nikki». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «紫式部日記». Au­tre­fois trans­crit «Mou­ra­çaki Shi­ki­bou niki» ou «Mou­ra­saki Shi­ki­bou nikki». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «和泉式部日記». Au­tre­fois trans­crit «Izoumi-shi­ki­bou nikki». Icône Haut
  3. En ja­po­nais «更級日記». Icône Haut
  4. En ja­po­nais «成尋阿闍梨母集». Icône Haut
  5. En ja­po­nais «讃岐典侍日記», in­édit en . Au­tre­fois trans­crit «Sa­nouki no souké no nikki». Icône Haut

mère du révérend Jôjin, « Un Malheur absolu »

éd. Le Promeneur-Gallimard, coll. Le Cabinet des lettrés, Paris

éd. Le Pro­me­neur-Gal­li­mard, coll. Le Ca­bi­net des let­trés, Pa­ris

Il s’agit du «Jour­nal de la mère du ré­vé­rend Jô­jin». Ce genre d’ in­times qui tient tant de place dans la lit­té­ra­ture fé­mi­nine du , je veux dire le «nikki» («jour­nal»), fut inau­guré (chose étrange!) par un , Ki no Tsu­rayuki 1, poète et , qui ve­nait d’exercer, pen­dant cinq ans, les fonc­tions de pré­fet de la pro­vince de Tosa. Dans son «Tosa nikki» 2Jour­nal de Tosa»), ré­digé en 935 apr. J.-C., il ra­con­tait dans une prose ex­quise, en­tre­mê­lée de poé­sies, son voyage de re­tour à la ca­pi­tale. Mais le prin­ci­pal in­té­rêt de son jour­nal était ailleurs : tout le se­cret en était, en ef­fet, dans la pre­mière phrase, où l’auteur fai­sait le choix de l’, qu’on ap­pe­lait com­mu­né­ment «on­nade» 3main de femme»), par op­po­si­tion à l’ chi­noise, qu’on ap­pe­lait com­mu­né­ment «oto­kode» 4main d’homme»). C’est non seule­ment en «on­nade» qu’il écri­vit son jour­nal, mais aussi dans la même que pra­ti­quaient les , dé­mon­trant de la sorte que cette langue par­ve­nait à ex­pri­mer par­fai­te­ment, si­non les concepts abs­traits de l’écriture chi­noise, du moins les mou­ve­ments dé­li­cats du cœur, com­muns à toute l’ : «[D’un pays à l’autre], le certes dif­fère», dit le «Jour­nal de Tosa» 5, «mais puisque pa­reil à coup sûr est le clair de lune, pour­quoi n’en se­rait-il de même du cœur hu­main?» Les dames de la Cour ja­po­naise ne tar­dèrent pas à en­tendre cette le­çon, et cloî­trées comme elles étaient dans leurs chambres, où elles avaient as­sez de loi­sir pour lire et pour son­ger à leurs mal­heurs, elles se mirent à no­ter leurs tristes pen­sées sous forme de jour­nal. La des dont elles étaient suf­fo­quées, et qu’elles ne pou­vaient pas dire à haute , éclata bien­tôt en un d’artifice comme on n’en vit ja­mais de sem­blable dans la lit­té­ra­ture uni­ver­selle. Se sui­virent à quelques an­nées d’intervalle : le «Ka­gerô (no) nikki» 6Jour­nal d’une éphé­mère»); le « nikki» 7Jour­nal de Mu­ra­saki-shi­kibu»); l’« nikki» 8Jour­nal d’Izumi-shikibu»); le «Sa­ra­shina nikki» 9Jour­nal de Sa­ra­shina»); le «Jô­jin-ajari (no) haha no shû» 10Jour­nal de la mère du ré­vé­rend Jô­jin»); en­fin le «Sa­nuki no suke (no) nikki» 11Jour­nal de la dame d’ Sa­nuki»).

  1. En 紀貫之. Au­tre­fois trans­crit Tsou­rayouki. Icône Haut
  2. En ja­po­nais «土佐日記». Au­tre­fois trans­crit «Toça nikki» ou «Tossa nikki». Icône Haut
  3. En ja­po­nais 女手. Par­fois trans­crit «won­nade». Icône Haut
  4. En ja­po­nais 男手. Par­fois trans­crit «wo­to­kode» ou «wo­toko no te». Icône Haut
  5. p. 36-37. Icône Haut
  6. En ja­po­nais «蜻蛉日記». Au­tre­fois trans­crit «Ka­gherô nikki». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «紫式部日記». Au­tre­fois trans­crit «Mou­ra­çaki Shi­ki­bou niki» ou «Mou­ra­saki Shi­ki­bou nikki». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «和泉式部日記». Au­tre­fois trans­crit «Izoumi-shi­ki­bou nikki». Icône Haut
  3. En ja­po­nais «更級日記». Icône Haut
  4. En ja­po­nais «成尋阿闍梨母集». Icône Haut
  5. En ja­po­nais «讃岐典侍日記», in­édit en . Au­tre­fois trans­crit «Sa­nouki no souké no nikki». Icône Haut

Murasaki-shikibu, « Journal »

éd. Publications orientalistes de France, coll. Les Journaux poétiques de l’époque de Héian, Paris

éd. Pu­bli­ca­tions de , coll. Les Jour­naux poé­tiques de l’époque de Héian, Pa­ris

Il s’agit du «Jour­nal de ». Ce genre d’ in­times qui tient tant de place dans la lit­té­ra­ture fé­mi­nine du , je veux dire le «nikki» («jour­nal»), fut inau­guré (chose étrange!) par un , Ki no Tsu­rayuki 1, poète et , qui ve­nait d’exercer, pen­dant cinq ans, les fonc­tions de pré­fet de la pro­vince de Tosa. Dans son «Tosa nikki» 2Jour­nal de Tosa»), ré­digé en 935 apr. J.-C., il ra­con­tait dans une prose ex­quise, en­tre­mê­lée de poé­sies, son voyage de re­tour à la ca­pi­tale. Mais le prin­ci­pal in­té­rêt de son jour­nal était ailleurs : tout le se­cret en était, en ef­fet, dans la pre­mière phrase, où l’auteur fai­sait le choix de l’ ja­po­naise, qu’on ap­pe­lait com­mu­né­ment «on­nade» 3main de femme»), par op­po­si­tion à l’écriture chi­noise, qu’on ap­pe­lait com­mu­né­ment «oto­kode» 4main d’homme»). C’est non seule­ment en «on­nade» qu’il écri­vit son jour­nal, mais aussi dans la même que pra­ti­quaient les , dé­mon­trant de la sorte que cette langue par­ve­nait à ex­pri­mer par­fai­te­ment, si­non les concepts abs­traits de l’écriture chi­noise, du moins les mou­ve­ments dé­li­cats du cœur, com­muns à toute l’ : «[D’un pays à l’autre], le certes dif­fère», dit le «Jour­nal de Tosa» 5, «mais puisque pa­reil à coup sûr est le clair de lune, pour­quoi n’en se­rait-il de même du cœur hu­main?» Les dames de la Cour ja­po­naise ne tar­dèrent pas à en­tendre cette le­çon, et cloî­trées comme elles étaient dans leurs chambres, où elles avaient as­sez de loi­sir pour lire et pour son­ger à leurs mal­heurs, elles se mirent à no­ter leurs tristes pen­sées sous forme de jour­nal. La des dont elles étaient suf­fo­quées, et qu’elles ne pou­vaient pas dire à haute , éclata bien­tôt en un d’artifice comme on n’en vit ja­mais de sem­blable dans la lit­té­ra­ture uni­ver­selle. Se sui­virent à quelques an­nées d’intervalle : le «Ka­gerô (no) nikki» 6Jour­nal d’une éphé­mère»); le «Mu­ra­saki-shi­kibu nikki» 7Jour­nal de Mu­ra­saki-shi­kibu»); l’« nikki» 8Jour­nal d’Izumi-shikibu»); le «Sa­ra­shina nikki» 9Jour­nal de Sa­ra­shina»); le «Jô­jin-ajari (no) haha no shû» 10Jour­nal de la mère du ré­vé­rend Jô­jin»); en­fin le «Sa­nuki no suke (no) nikki» 11Jour­nal de la dame d’ Sa­nuki»).

  1. En 紀貫之. Au­tre­fois trans­crit Tsou­rayouki. Icône Haut
  2. En ja­po­nais «土佐日記». Au­tre­fois trans­crit «Toça nikki» ou «Tossa nikki». Icône Haut
  3. En ja­po­nais 女手. Par­fois trans­crit «won­nade». Icône Haut
  4. En ja­po­nais 男手. Par­fois trans­crit «wo­to­kode» ou «wo­toko no te». Icône Haut
  5. p. 36-37. Icône Haut
  6. En ja­po­nais «蜻蛉日記». Au­tre­fois trans­crit «Ka­gherô nikki». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «紫式部日記». Au­tre­fois trans­crit «Mou­ra­çaki Shi­ki­bou niki» ou «Mou­ra­saki Shi­ki­bou nikki». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «和泉式部日記». Au­tre­fois trans­crit «Izoumi-shi­ki­bou nikki». Icône Haut
  3. En ja­po­nais «更級日記». Icône Haut
  4. En ja­po­nais «成尋阿闍梨母集». Icône Haut
  5. En ja­po­nais «讃岐典侍日記», in­édit en . Au­tre­fois trans­crit «Sa­nouki no souké no nikki». Icône Haut

fille de Sugawara no Takasue, « Le Journal de Sarashina »

éd. Publications orientalistes de France, coll. Les Journaux poétiques de l’époque de Héian-Les Œuvres capitales de la littérature japonaise, Paris

éd. Pu­bli­ca­tions de , coll. Les Jour­naux poé­tiques de l’époque de Héian-Les Œuvres ca­pi­tales de la , Pa­ris

Il s’agit du «Jour­nal de Sa­ra­shina». Ce genre d’ in­times qui tient tant de place dans la lit­té­ra­ture fé­mi­nine du , je veux dire le «nikki» («jour­nal»), fut inau­guré (chose étrange!) par un , Ki no Tsu­rayuki 1, poète et , qui ve­nait d’exercer, pen­dant cinq ans, les fonc­tions de pré­fet de la pro­vince de Tosa. Dans son «Tosa nikki» 2Jour­nal de Tosa»), ré­digé en 935 apr. J.-C., il ra­con­tait dans une prose ex­quise, en­tre­mê­lée de poé­sies, son voyage de re­tour à la ca­pi­tale. Mais le prin­ci­pal in­té­rêt de son jour­nal était ailleurs : tout le se­cret en était, en ef­fet, dans la pre­mière phrase, où l’auteur fai­sait le choix de l’, qu’on ap­pe­lait com­mu­né­ment «on­nade» 3main de femme»), par op­po­si­tion à l’ chi­noise, qu’on ap­pe­lait com­mu­né­ment «oto­kode» 4main d’homme»). C’est non seule­ment en «on­nade» qu’il écri­vit son jour­nal, mais aussi dans la même que pra­ti­quaient les , dé­mon­trant de la sorte que cette langue par­ve­nait à ex­pri­mer par­fai­te­ment, si­non les concepts abs­traits de l’écriture chi­noise, du moins les mou­ve­ments dé­li­cats du cœur, com­muns à toute l’ : «[D’un pays à l’autre], le certes dif­fère», dit le «Jour­nal de Tosa» 5, «mais puisque pa­reil à coup sûr est le clair de lune, pour­quoi n’en se­rait-il de même du cœur hu­main?» Les dames de la Cour ja­po­naise ne tar­dèrent pas à en­tendre cette le­çon, et cloî­trées comme elles étaient dans leurs chambres, où elles avaient as­sez de loi­sir pour lire et pour son­ger à leurs mal­heurs, elles se mirent à no­ter leurs tristes pen­sées sous forme de jour­nal. La des dont elles étaient suf­fo­quées, et qu’elles ne pou­vaient pas dire à haute , éclata bien­tôt en un d’artifice comme on n’en vit ja­mais de sem­blable dans la lit­té­ra­ture uni­ver­selle. Se sui­virent à quelques an­nées d’intervalle : le «Ka­gerô (no) nikki» 6Jour­nal d’une éphé­mère»); le « nikki» 7Jour­nal de Mu­ra­saki-shi­kibu»); l’« nikki» 8Jour­nal d’Izumi-shikibu»); le «Sa­ra­shina nikki» 9Jour­nal de Sa­ra­shina»); le «Jô­jin-ajari (no) haha no shû» 10Jour­nal de la mère du ré­vé­rend Jô­jin»); en­fin le «Sa­nuki no suke (no) nikki» 11Jour­nal de la dame d’ Sa­nuki»).

  1. En 紀貫之. Au­tre­fois trans­crit Tsou­rayouki. Icône Haut
  2. En ja­po­nais «土佐日記». Au­tre­fois trans­crit «Toça nikki» ou «Tossa nikki». Icône Haut
  3. En ja­po­nais 女手. Par­fois trans­crit «won­nade». Icône Haut
  4. En ja­po­nais 男手. Par­fois trans­crit «wo­to­kode» ou «wo­toko no te». Icône Haut
  5. p. 36-37. Icône Haut
  6. En ja­po­nais «蜻蛉日記». Au­tre­fois trans­crit «Ka­gherô nikki». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «紫式部日記». Au­tre­fois trans­crit «Mou­ra­çaki Shi­ki­bou niki» ou «Mou­ra­saki Shi­ki­bou nikki». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «和泉式部日記». Au­tre­fois trans­crit «Izoumi-shi­ki­bou nikki». Icône Haut
  3. En ja­po­nais «更級日記». Icône Haut
  4. En ja­po­nais «成尋阿闍梨母集». Icône Haut
  5. En ja­po­nais «讃岐典侍日記», in­édit en . Au­tre­fois trans­crit «Sa­nouki no souké no nikki». Icône Haut

Izumi-shikibu, « Journal »

éd. Publications orientalistes de France, coll. Poètes du Japon-Les Œuvres capitales de la littérature japonaise, Paris

éd. Pu­bli­ca­tions de , coll. du -Les Œuvres ca­pi­tales de la , Pa­ris

Il s’agit du «Jour­nal d’». Ce genre d’ in­times qui tient tant de place dans la lit­té­ra­ture fé­mi­nine du Ja­pon, je veux dire le «nikki» («jour­nal»), fut inau­guré (chose étrange!) par un , Ki no Tsu­rayuki 1, poète et , qui ve­nait d’exercer, pen­dant cinq ans, les fonc­tions de pré­fet de la pro­vince de Tosa. Dans son «Tosa nikki» 2Jour­nal de Tosa»), ré­digé en 935 apr. J.-C., il ra­con­tait dans une prose ex­quise, en­tre­mê­lée de poé­sies, son voyage de re­tour à la ca­pi­tale. Mais le prin­ci­pal in­té­rêt de son jour­nal était ailleurs : tout le se­cret en était, en ef­fet, dans la pre­mière phrase, où l’auteur fai­sait le choix de l’, qu’on ap­pe­lait com­mu­né­ment «on­nade» 3main de femme»), par op­po­si­tion à l’ chi­noise, qu’on ap­pe­lait com­mu­né­ment «oto­kode» 4main d’homme»). C’est non seule­ment en «on­nade» qu’il écri­vit son jour­nal, mais aussi dans la même que pra­ti­quaient les , dé­mon­trant de la sorte que cette langue par­ve­nait à ex­pri­mer par­fai­te­ment, si­non les concepts abs­traits de l’écriture chi­noise, du moins les mou­ve­ments dé­li­cats du cœur, com­muns à toute l’ : «[D’un pays à l’autre], le certes dif­fère», dit le «Jour­nal de Tosa» 5, «mais puisque pa­reil à coup sûr est le clair de lune, pour­quoi n’en se­rait-il de même du cœur hu­main?» Les dames de la Cour ja­po­naise ne tar­dèrent pas à en­tendre cette le­çon, et cloî­trées comme elles étaient dans leurs chambres, où elles avaient as­sez de loi­sir pour lire et pour son­ger à leurs mal­heurs, elles se mirent à no­ter leurs tristes pen­sées sous forme de jour­nal. La des dont elles étaient suf­fo­quées, et qu’elles ne pou­vaient pas dire à haute , éclata bien­tôt en un d’artifice comme on n’en vit ja­mais de sem­blable dans la lit­té­ra­ture uni­ver­selle. Se sui­virent à quelques an­nées d’intervalle : le «Ka­gerô (no) nikki» 6Jour­nal d’une éphé­mère»); le « nikki» 7Jour­nal de Mu­ra­saki-shi­kibu»); l’«Izumi-shi­kibu nikki» 8Jour­nal d’Izumi-shikibu»); le «Sa­ra­shina nikki» 9Jour­nal de Sa­ra­shina»); le «Jô­jin-ajari (no) haha no shû» 10Jour­nal de la mère du ré­vé­rend Jô­jin»); en­fin le «Sa­nuki no suke (no) nikki» 11Jour­nal de la dame d’ Sa­nuki»).

  1. En 紀貫之. Au­tre­fois trans­crit Tsou­rayouki. Icône Haut
  2. En ja­po­nais «土佐日記». Au­tre­fois trans­crit «Toça nikki» ou «Tossa nikki». Icône Haut
  3. En ja­po­nais 女手. Par­fois trans­crit «won­nade». Icône Haut
  4. En ja­po­nais 男手. Par­fois trans­crit «wo­to­kode» ou «wo­toko no te». Icône Haut
  5. p. 36-37. Icône Haut
  6. En ja­po­nais «蜻蛉日記». Au­tre­fois trans­crit «Ka­gherô nikki». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «紫式部日記». Au­tre­fois trans­crit «Mou­ra­çaki Shi­ki­bou niki» ou «Mou­ra­saki Shi­ki­bou nikki». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «和泉式部日記». Au­tre­fois trans­crit «Izoumi-shi­ki­bou nikki». Icône Haut
  3. En ja­po­nais «更級日記». Icône Haut
  4. En ja­po­nais «成尋阿闍梨母集». Icône Haut
  5. En ja­po­nais «讃岐典侍日記», in­édit en . Au­tre­fois trans­crit «Sa­nouki no souké no nikki». Icône Haut

Tsurayuki, « Le Journal de Tosa »

éd. Publications orientalistes de France, coll. Tama, Cergy

éd. Pu­bli­ca­tions de , coll. Tama, Cergy

Il s’agit du «Jour­nal de Tosa». Ce genre d’ in­times qui tient tant de place dans la lit­té­ra­ture fé­mi­nine du , je veux dire le «nikki» («jour­nal»), fut inau­guré (chose étrange!) par un , Ki no Tsu­rayuki 1, poète et , qui ve­nait d’exercer, pen­dant cinq ans, les fonc­tions de pré­fet de la pro­vince de Tosa. Dans son «Tosa nikki» 2Jour­nal de Tosa»), ré­digé en 935 apr. J.-C., il ra­con­tait dans une prose ex­quise, en­tre­mê­lée de poé­sies, son voyage de re­tour à la ca­pi­tale. Mais le prin­ci­pal in­té­rêt de son jour­nal était ailleurs : tout le se­cret en était, en ef­fet, dans la pre­mière phrase, où l’auteur fai­sait le choix de l’ ja­po­naise, qu’on ap­pe­lait com­mu­né­ment «on­nade» 3main de femme»), par op­po­si­tion à l’écriture chi­noise, qu’on ap­pe­lait com­mu­né­ment «oto­kode» 4main d’homme»). C’est non seule­ment en «on­nade» qu’il écri­vit son jour­nal, mais aussi dans la même que pra­ti­quaient les , dé­mon­trant de la sorte que cette langue par­ve­nait à ex­pri­mer par­fai­te­ment, si­non les concepts abs­traits de l’écriture chi­noise, du moins les mou­ve­ments dé­li­cats du cœur, com­muns à toute l’ : «[D’un pays à l’autre], le certes dif­fère», dit le «Jour­nal de Tosa» 5, «mais puisque pa­reil à coup sûr est le clair de lune, pour­quoi n’en se­rait-il de même du cœur hu­main?» Les dames de la Cour ja­po­naise ne tar­dèrent pas à en­tendre cette le­çon, et cloî­trées comme elles étaient dans leurs chambres, où elles avaient as­sez de loi­sir pour lire et pour son­ger à leurs mal­heurs, elles se mirent à no­ter leurs tristes pen­sées sous forme de jour­nal. La des dont elles étaient suf­fo­quées, et qu’elles ne pou­vaient pas dire à haute , éclata bien­tôt en un d’artifice comme on n’en vit ja­mais de sem­blable dans la lit­té­ra­ture uni­ver­selle. Se sui­virent à quelques an­nées d’intervalle : le «Ka­gerô (no) nikki» 6Jour­nal d’une éphé­mère»); le « nikki» 7Jour­nal de Mu­ra­saki-shi­kibu»); l’« nikki» 8Jour­nal d’Izumi-shikibu»); le «Sa­ra­shina nikki» 9Jour­nal de Sa­ra­shina»); le «Jô­jin-ajari (no) haha no shû» 10Jour­nal de la mère du ré­vé­rend Jô­jin»); en­fin le «Sa­nuki no suke (no) nikki» 11Jour­nal de la dame d’ Sa­nuki»).

  1. En 紀貫之. Au­tre­fois trans­crit Tsou­rayouki. Icône Haut
  2. En ja­po­nais «土佐日記». Au­tre­fois trans­crit «Toça nikki» ou «Tossa nikki». Icône Haut
  3. En ja­po­nais 女手. Par­fois trans­crit «won­nade». Icône Haut
  4. En ja­po­nais 男手. Par­fois trans­crit «wo­to­kode» ou «wo­toko no te». Icône Haut
  5. p. 36-37. Icône Haut
  6. En ja­po­nais «蜻蛉日記». Au­tre­fois trans­crit «Ka­gherô nikki». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «紫式部日記». Au­tre­fois trans­crit «Mou­ra­çaki Shi­ki­bou niki» ou «Mou­ra­saki Shi­ki­bou nikki». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «和泉式部日記». Au­tre­fois trans­crit «Izoumi-shi­ki­bou nikki». Icône Haut
  3. En ja­po­nais «更級日記». Icône Haut
  4. En ja­po­nais «成尋阿闍梨母集». Icône Haut
  5. En ja­po­nais «讃岐典侍日記», in­édit en . Au­tre­fois trans­crit «Sa­nouki no souké no nikki». Icône Haut

Marie de l’Incarnation, « Écrits spirituels et historiques. Tome II »

éd. D. de Brouwer-L’Action sociale, Paris-Québec

éd. D. de Brouwer-L’Action so­ciale, Pa­ris-

Il s’agit de la «Re­traite de 1634» et autres de la mère Ma­rie de l’Incarnation 1, la pre­mière en date, comme la pre­mière en , parmi les ve­nues évan­gé­li­ser le (XVIIe siècle apr. J.-C.). Certes, ses écrits furent com­po­sés sans souci d’agrément lit­té­raire. Mais ils viennent d’une femme de ca­rac­tère qui était, en , une d’exception et qui, en as­so­ciant son di­rec­te­ment à , fit l’économie d’une dé­pen­dance par rap­port aux hommes. Sa piété cou­ra­geuse et son saint en­thou­siasme étaient suf­fi­sam­ment connus pour que Bos­suet l’ait ap­pe­lée «la Thé­rèse de nos jours et du Nou­veau » 2. «Au Ca­nada, ses œuvres sont un tré­sor de », ex­plique dom Al­bert Ja­met. «Mais les de l’ancienne doivent sa­voir que ses œuvres sont toutes leurs aussi, et au même titre. Peut-être s’en sont-ils trop dés­in­té­res­sés. “En France”, no­tait Sainte-Beuve 3, “nous ne nous mon­trons pas tou­jours as­sez soi­gneux ou fiers de nos ri­chesses.” À Tours, où elle na­quit en 1599, Ma­rie de l’Incarnation fut éle­vée aux su­blimes états d’oraison qui la font al­ler de pair avec les plus hauts contem­pla­tifs de tous les et de tous les pays. À Qué­bec, où elle ar­riva en 1639, c’est une œuvre fran­çaise qu’elle fit du­rant les trente-deux an­nées qui lui res­taient en­core à vivre. Par là, ses écrits sont le bien et l’ in­di­vis des deux France.»

  1. À ne pas confondre avec Barbe Aca­rie, née Barbe Avrillot, qui en­tra éga­le­ment en sous le nom de Ma­rie de l’Incarnation. Elle vé­cut un siècle plus tôt. Icône Haut
  2. «Ins­truc­tion sur les états d’oraison», liv. IX. Bos­suet a écrit ailleurs à une cor­res­pon­dante : «J’ai vu, de­puis peu, la de la mère Ma­rie de l’Incarnation… Tout y est ad­mi­rable, et je vous ren­ver­rai bien­tôt [des] ex­traits pour vous en ser­vir» («Lettres à la sœur Cor­nuau», lettre CIII). Icône Haut
  1. «Port-Royal», liv. I. Icône Haut

Marie de l’Incarnation, « Écrits spirituels et historiques. Tome I »

éd. D. de Brouwer-L’Action sociale, Paris-Québec

éd. D. de Brouwer-L’Action so­ciale, Pa­ris-

Il s’agit de la «Re­la­tion de 1633» et autres de la mère Ma­rie de l’Incarnation 1, la pre­mière en date, comme la pre­mière en , parmi les ve­nues évan­gé­li­ser le (XVIIe siècle apr. J.-C.). Certes, ses écrits furent com­po­sés sans souci d’agrément lit­té­raire. Mais ils viennent d’une femme de ca­rac­tère qui était, en , une d’exception et qui, en as­so­ciant son di­rec­te­ment à , fit l’économie d’une dé­pen­dance par rap­port aux hommes. Sa piété cou­ra­geuse et son saint en­thou­siasme étaient suf­fi­sam­ment connus pour que Bos­suet l’ait ap­pe­lée «la Thé­rèse de nos jours et du Nou­veau » 2. «Au Ca­nada, ses œuvres sont un tré­sor de », ex­plique dom Al­bert Ja­met. «Mais les de l’ancienne doivent sa­voir que ses œuvres sont toutes leurs aussi, et au même titre. Peut-être s’en sont-ils trop dés­in­té­res­sés. “En France”, no­tait Sainte-Beuve 3, “nous ne nous mon­trons pas tou­jours as­sez soi­gneux ou fiers de nos ri­chesses.” À Tours, où elle na­quit en 1599, Ma­rie de l’Incarnation fut éle­vée aux su­blimes états d’oraison qui la font al­ler de pair avec les plus hauts contem­pla­tifs de tous les et de tous les pays. À Qué­bec, où elle ar­riva en 1639, c’est une œuvre fran­çaise qu’elle fit du­rant les trente-deux an­nées qui lui res­taient en­core à vivre. Par là, ses écrits sont le bien et l’ in­di­vis des deux France.»

  1. À ne pas confondre avec Barbe Aca­rie, née Barbe Avrillot, qui en­tra éga­le­ment en sous le nom de Ma­rie de l’Incarnation. Elle vé­cut un siècle plus tôt. Icône Haut
  2. «Ins­truc­tion sur les états d’oraison», liv. IX. Bos­suet a écrit ailleurs à une cor­res­pon­dante : «J’ai vu, de­puis peu, la de la mère Ma­rie de l’Incarnation… Tout y est ad­mi­rable, et je vous ren­ver­rai bien­tôt [des] ex­traits pour vous en ser­vir» («Lettres à la sœur Cor­nuau», lettre CIII). Icône Haut
  1. «Port-Royal», liv. I. Icône Haut

Hugo, « Le Rhin. Tome II »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Rhin» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

« Les Auteurs du printemps russe. Okoudjava • Vyssotski »

éd. Noir sur blanc, Montricher

éd. Noir sur blanc, Mon­tri­cher

Il s’agit de Bou­lat Okoud­java 1 et de Vla­di­mir Vys­sotski 2, les so­vié­tiques les plus émi­nents, mais aussi les plus per­sé­cu­tés par la haine et par la sot­tise du ré­gime. Ils res­tent à tout ja­mais comme un té­moi­gnage des hu­mi­lia­tions et du déses­poir in­fli­gés à tout un par une tribu de bu­reau­crates bor­nés, ef­frayés par l’ombre de la , ter­ro­ri­sés par la sin­cé­rité, trau­ma­ti­sés par le ta­lent. Toutes les de ces deux pa­ro­liers ont un point com­mun : elles ré­vèlent, avec , des pans en­tiers d’une «autre» , non pas l’histoire of­fi­cielle, écrite par le ré­gime, mais celle vé­cue par des mil­lions de gens — , avia­teurs, pay­sans, étu­diants, ou­vriers d’usine — et jusque-là en­tiè­re­ment pas­sée sous si­lence dans les pu­bli­ca­tions. «Mes pro­ta­go­nistes ne sont pas de ces hauts chers à l’histoire ro­man­cée, mais de pe­tites gens, des obs­curs, des mé­diocres. Ce type d’ me convient mieux», dit Okoud­java 3. «En règle gé­né­rale, les grands ont de leur gran­deur… et jouent les co­quettes pour la pos­té­rité… Les humbles, au contraire, conservent leur na­tu­rel et se tiennent sans af­fec­ta­tion. Avec eux, tout est simple, aisé. Ils n’en laissent pas moins leur trace dans les évé­ne­ments, peuvent nous ser­vir d’exemples, de mises en garde et de d’.» Un soir de tris­tesse et de , Okoud­java er­rait à tra­vers Mos­cou. Le ha­sard lui fit prendre le der­nier trol­ley­bus. Grâce à la pré­sence si­len­cieuse des autres , des gens simples, il trouva un re­mède aux tour­ments de son , à la «biéda» 4mal­heur») :

«Quand je suis im­puis­sant à vaincre le mal­heur,
Que le déses­poir me guette,
Je prends en marche le trol­ley ,
Le der­nier,
Au ha­sard.
Trol­ley de mi­nuit, file par les rues,
Fais ta ronde au long des bou­le­vards
Pour ra­mas­ser ceux qui, dans la , ont fait
Nau­frage,
Nau­frage
»

  1. En Булат Окуджава. Par­fois trans­crit Okudžava, Okudz­hava, Okud­schawa, Okud­java ou Okudz­sava. Icône Haut
  2. En russe Владимир Высоцкий. Par­fois trans­crit Vis­sotski, Vis­sotsky, Vys­sotsky, Vy­sotsky, Vı­sotski, Vı­sots­kiy, Vi­so­cki, Vy­so­ckij, Wys­sozki, Vy­sotski, Vis­zo­ckij ou Wy­so­cki. Icône Haut
  1. «L’-tou­jours, ou les Tri­bu­la­tions de Chi­pov : his­toire vraie ra­con­tée sur un air de vau­de­ville an­cien; pré­face in­édite de l’auteur pour l’édition fran­çaise; tra­duit du russe par Ma­rie- Tol­stoï», p. 5. Icône Haut
  2. En russe беда. Icône Haut

Hugo, « Le Rhin. Tome I »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Rhin» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

Hugo, « Quatre-vingt-treize »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Quatre-vingt-treize» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut