Nani, « Histoire de la République de Venise, [part. 1]. Tome I »

XVIIᵉ siècle

XVIIe siècle

Il s’agit de l’ouvrage « de la vé­ni­tienne» («Is­to­ria della Re­pub­blica ve­neta») de  1, dit Bap­tiste Nani 2, di­plo­mate de la Ré­pu­blique de Ve­nise, per­son­nage cé­lèbre par ses am­bas­sades et par son œuvre d’historiographe. Il na­quit à Ve­nise en 1616 et mou­rut dans cette même ville en 1678. Du­rant sa , il ac­com­pa­gna son père nommé à l’ambassade de ; ce der­nier l’initia aux mys­tères des né­go­cia­tions et le pré­senta au pape Ur­bain VIII. Le pon­tife, qui se connais­sait bien en gens, pré­dit que Nani de­vien­drait un ex­cellent ; les faits lui don­nèrent . Après avoir passé par les di­gni­tés pré­pa­ra­toires, Nani fut en­voyé en , en qua­lité d’ambassadeur, en 1643. Le car­di­nal Ma­za­rin, qui le prit en grande es­time, ai­mait à s’entretenir avec lui; on dit même qu’il en re­çut de très bons conseils pour la conclu­sion du de Müns­ter. De re­tour dans sa pa­trie, Nani fut nommé his­to­rio­graphe et sur­in­ten­dant des ar­chives et fut chargé d’écrire l’«His­toire de la Ré­pu­blique vé­ni­tienne» en com­men­çant de­puis le où An­drea Mo­ro­sini avait ter­miné la sienne, c’est-à-dire de­puis 1613. Il fit connaître, en cette oc­ca­sion, toute sa et tout son dés­in­té­res­se­ment. Car il re­fusa le sa­laire at­ta­ché à cet em­ploi, es­ti­mant qu’il ne pou­vait être qu’onéreux à la Ré­pu­blique de Ve­nise qui était cri­blée de dettes, à cause de la guerre de Can­die qu’elle avait à sou­te­nir contre les Turcs. On jeta, d’ailleurs, les yeux sur lui pour al­ler ré­cla­mer en France des se­cours pour cette au cours d’une se­conde am­bas­sade. Il ob­tint tout ce qu’il vou­lut. Pour le ré­com­pen­ser de son , on le nomma pro­cu­ra­teur de Saint-Marc; cette di­gnité, la plus éle­vée après celle de doge, n’empêcha pas qu’on ne le nom­mât, par la suite, à plu­sieurs autres moins consi­dé­rables, dont je crois in­utile de don­ner le dé­tail. Le ca­rac­tère de Nani se re­trouve dans l’«His­toire de la Ré­pu­blique vé­ni­tienne». On sent que l’auteur est sur son ter­rain; qu’il a pu ob­ser­ver de ses yeux les princes et les mi­nistres qu’il peint. Et quoique pa­triote, il té­moigne par­tout à la France la re­con­nais­sance qu’elle doit at­tendre d’un homme éclairé, qui a connu les in­trigues de ca­bi­net et qui a pris part aux af­faires les plus dé­li­cates. Car «il ne se contente pas de nous don­ner l’histoire de Ve­nise; et quoique son livre ne porte point d’autre titre, il ne laisse pas de nous rendre compte de toutes les choses aux­quelles les Vé­ni­tiens ont eu part… de sorte que, par la connais­sance de leurs af­faires, on par­vient à la connais­sance de toutes celles de l’» 3.

  1. On ren­contre aussi les gra­phies Giam­bat­tista Nani et Gio­vanni Bat­tista Nani. Icône Haut
  2. On ren­contre aussi les gra­phies Bap­tista Nani, Bat­tiste Nani et Ba­tiste Nani. Icône Haut
  1. l’abbé . Icône Haut

le marquis Costa de Beauregard, « Mémoires historiques sur la maison royale de Savoie. Tome IV »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Mé­moires his­to­riques» du mar­quis , chef d’état-major et his­to­rien de la mai­son royale de , et sur­tout ami in­time du comte Jo­seph de Maistre. L’ des deux hommes da­tait de très loin : ils s’étaient connus à Tu­rin, où l’un était of­fi­cier et l’autre étu­diant. Chaque an­née, ils se voyaient au châ­teau de Beau­re­gard, sur les bords du Lé­man, avec ses sé­cu­laires se mi­rant dans les eaux du lac et avec ses pro­me­nades in­fi­nies. C’est là que Maistre ve­nait goû­ter ses «plai­sirs d’automne» 1. C’est là qu’il «ver­bait» avec le mar­quis et la mar­quise au su­jet de la fran­çaise nou­vel­le­ment dé­cré­tée, à l’heure où l’ en­tière, et le roi de Sar­daigne tout le pre­mier, trem­blait de­vant ses . Tous les deux étaient pas­sion­nés par cette fu­neste voi­sine, qui di­vi­sait les meilleurs du ; et tout en se dé­fen­dant d’aimer la , ils ne sa­vaient pen­ser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre su­jet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il ap­pe­lait «les deux bras» de la fran­çaise, c’est-à-dire «sa et l’esprit de pro­sé­ly­tisme qui forme l’essence de son ca­rac­tère» 2, main­te­nait et pro­cla­mait la vo­ca­tion de cette na­tion : être à la tête du . Au coin de la che­mi­née dé de , dont celle qui dit : «La , même en s’en al­lant, laisse der­rière elle l’espérance pour fer­mer les portes» 3 — au coin de la che­mi­née, dis-je, il pré­pa­rait ses «Consi­dé­ra­tions sur la France» et il je­tait sur le pa­pier les im­pro­vi­sa­tions de son vol­ca­nique pour les sou­mettre au mar­quis. Et cet ami, doué d’un es­prit peut-être in­fé­rieur par la force et l’étendue, mais plus et plus pon­déré, tan­çait le grand sur sa ten­dance à l’emphase et sur ses em­por­te­ments ex­ces­sifs. Quant à la mar­quise, elle ap­por­tait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son ba­billage et de ses di­vi­na­tions po­li­tiques. «Quelles per­sonnes, bon ! Quelles soi­rées! Quelles conver­sa­tions!», se sou­vien­dra Maistre 4 avec .

  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 92. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome I», p. 24-25. Icône Haut
  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 311. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome XIII», p. 315. Icône Haut

le marquis Costa de Beauregard, « Mémoires historiques sur la maison royale de Savoie. Tome III »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Mé­moires his­to­riques» du mar­quis , chef d’état-major et his­to­rien de la mai­son royale de , et sur­tout ami in­time du comte Jo­seph de Maistre. L’ des deux hommes da­tait de très loin : ils s’étaient connus à Tu­rin, où l’un était of­fi­cier et l’autre étu­diant. Chaque an­née, ils se voyaient au châ­teau de Beau­re­gard, sur les bords du Lé­man, avec ses sé­cu­laires se mi­rant dans les eaux du lac et avec ses pro­me­nades in­fi­nies. C’est là que Maistre ve­nait goû­ter ses «plai­sirs d’automne» 1. C’est là qu’il «ver­bait» avec le mar­quis et la mar­quise au su­jet de la fran­çaise nou­vel­le­ment dé­cré­tée, à l’heure où l’ en­tière, et le roi de Sar­daigne tout le pre­mier, trem­blait de­vant ses . Tous les deux étaient pas­sion­nés par cette fu­neste voi­sine, qui di­vi­sait les meilleurs du ; et tout en se dé­fen­dant d’aimer la , ils ne sa­vaient pen­ser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre su­jet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il ap­pe­lait «les deux bras» de la fran­çaise, c’est-à-dire «sa et l’esprit de pro­sé­ly­tisme qui forme l’essence de son ca­rac­tère» 2, main­te­nait et pro­cla­mait la vo­ca­tion de cette na­tion : être à la tête du . Au coin de la che­mi­née dé de , dont celle qui dit : «La , même en s’en al­lant, laisse der­rière elle l’espérance pour fer­mer les portes» 3 — au coin de la che­mi­née, dis-je, il pré­pa­rait ses «Consi­dé­ra­tions sur la France» et il je­tait sur le pa­pier les im­pro­vi­sa­tions de son vol­ca­nique pour les sou­mettre au mar­quis. Et cet ami, doué d’un es­prit peut-être in­fé­rieur par la force et l’étendue, mais plus et plus pon­déré, tan­çait le grand sur sa ten­dance à l’emphase et sur ses em­por­te­ments ex­ces­sifs. Quant à la mar­quise, elle ap­por­tait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son ba­billage et de ses di­vi­na­tions po­li­tiques. «Quelles per­sonnes, bon ! Quelles soi­rées! Quelles conver­sa­tions!», se sou­vien­dra Maistre 4 avec .

  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 92. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome I», p. 24-25. Icône Haut
  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 311. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome XIII», p. 315. Icône Haut

le marquis Costa de Beauregard, « Mémoires historiques sur la maison royale de Savoie. Tome II »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Mé­moires his­to­riques» du mar­quis , chef d’état-major et his­to­rien de la mai­son royale de , et sur­tout ami in­time du comte Jo­seph de Maistre. L’ des deux hommes da­tait de très loin : ils s’étaient connus à Tu­rin, où l’un était of­fi­cier et l’autre étu­diant. Chaque an­née, ils se voyaient au châ­teau de Beau­re­gard, sur les bords du Lé­man, avec ses sé­cu­laires se mi­rant dans les eaux du lac et avec ses pro­me­nades in­fi­nies. C’est là que Maistre ve­nait goû­ter ses «plai­sirs d’automne» 1. C’est là qu’il «ver­bait» avec le mar­quis et la mar­quise au su­jet de la fran­çaise nou­vel­le­ment dé­cré­tée, à l’heure où l’ en­tière, et le roi de Sar­daigne tout le pre­mier, trem­blait de­vant ses . Tous les deux étaient pas­sion­nés par cette fu­neste voi­sine, qui di­vi­sait les meilleurs du ; et tout en se dé­fen­dant d’aimer la , ils ne sa­vaient pen­ser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre su­jet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il ap­pe­lait «les deux bras» de la fran­çaise, c’est-à-dire «sa et l’esprit de pro­sé­ly­tisme qui forme l’essence de son ca­rac­tère» 2, main­te­nait et pro­cla­mait la vo­ca­tion de cette na­tion : être à la tête du . Au coin de la che­mi­née dé de , dont celle qui dit : «La , même en s’en al­lant, laisse der­rière elle l’espérance pour fer­mer les portes» 3 — au coin de la che­mi­née, dis-je, il pré­pa­rait ses «Consi­dé­ra­tions sur la France» et il je­tait sur le pa­pier les im­pro­vi­sa­tions de son vol­ca­nique pour les sou­mettre au mar­quis. Et cet ami, doué d’un es­prit peut-être in­fé­rieur par la force et l’étendue, mais plus et plus pon­déré, tan­çait le grand sur sa ten­dance à l’emphase et sur ses em­por­te­ments ex­ces­sifs. Quant à la mar­quise, elle ap­por­tait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son ba­billage et de ses di­vi­na­tions po­li­tiques. «Quelles per­sonnes, bon ! Quelles soi­rées! Quelles conver­sa­tions!», se sou­vien­dra Maistre 4 avec .

  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 92. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome I», p. 24-25. Icône Haut
  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 311. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome XIII», p. 315. Icône Haut

le marquis Costa de Beauregard, « Mémoires historiques sur la maison royale de Savoie. Tome I »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Mé­moires his­to­riques» du mar­quis , chef d’état-major et his­to­rien de la mai­son royale de , et sur­tout ami in­time du comte Jo­seph de Maistre. L’ des deux hommes da­tait de très loin : ils s’étaient connus à Tu­rin, où l’un était of­fi­cier et l’autre étu­diant. Chaque an­née, ils se voyaient au châ­teau de Beau­re­gard, sur les bords du Lé­man, avec ses sé­cu­laires se mi­rant dans les eaux du lac et avec ses pro­me­nades in­fi­nies. C’est là que Maistre ve­nait goû­ter ses «plai­sirs d’automne» 1. C’est là qu’il «ver­bait» avec le mar­quis et la mar­quise au su­jet de la fran­çaise nou­vel­le­ment dé­cré­tée, à l’heure où l’ en­tière, et le roi de Sar­daigne tout le pre­mier, trem­blait de­vant ses . Tous les deux étaient pas­sion­nés par cette fu­neste voi­sine, qui di­vi­sait les meilleurs du ; et tout en se dé­fen­dant d’aimer la , ils ne sa­vaient pen­ser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre su­jet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il ap­pe­lait «les deux bras» de la fran­çaise, c’est-à-dire «sa et l’esprit de pro­sé­ly­tisme qui forme l’essence de son ca­rac­tère» 2, main­te­nait et pro­cla­mait la vo­ca­tion de cette na­tion : être à la tête du . Au coin de la che­mi­née dé de , dont celle qui dit : «La , même en s’en al­lant, laisse der­rière elle l’espérance pour fer­mer les portes» 3 — au coin de la che­mi­née, dis-je, il pré­pa­rait ses «Consi­dé­ra­tions sur la France» et il je­tait sur le pa­pier les im­pro­vi­sa­tions de son vol­ca­nique pour les sou­mettre au mar­quis. Et cet ami, doué d’un es­prit peut-être in­fé­rieur par la force et l’étendue, mais plus et plus pon­déré, tan­çait le grand sur sa ten­dance à l’emphase et sur ses em­por­te­ments ex­ces­sifs. Quant à la mar­quise, elle ap­por­tait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son ba­billage et de ses di­vi­na­tions po­li­tiques. «Quelles per­sonnes, bon ! Quelles soi­rées! Quelles conver­sa­tions!», se sou­vien­dra Maistre 4 avec .

  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 92. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome I», p. 24-25. Icône Haut
  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 311. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome XIII», p. 315. Icône Haut

« L’Histoire d’Aḥiqar en éthiopien »

dans « Annales d’Éthiopie », vol. 11, p. 141-152

dans «An­nales d’Éthiopie», vol. 11, p. 141-152

Il s’agit de la ver­sion éthio­pienne de l’« et d’Aḥikar l’Assyrien», un conte qui existe dans presque toutes les langues du an­tique (VIIe av. J.-C.). Voici le ré­sumé de ce conte : Aḥi­qar 1 était un ver­tueux et un conseiller des rois d’. N’ayant pas de fils, il adopta le fils de sa sœur, Na­dan. Il l’éleva et lui adressa une pre­mière sé­rie de le­çons, sous forme de et de . Plus tard, em­pê­ché par les in­fir­mi­tés de la de rem­plir ses fonc­tions, Aḥi­qar pré­senta Na­dan comme son suc­ces­seur. Com­blé d’honneurs, Na­dan ne tarda pas à faire preuve de la plus noire in­gra­ti­tude. Il tra­hit in­di­gne­ment son père adop­tif et bien­fai­teur : il le ca­lom­nia au­près du roi As­sa­rhad­don (de l’an 680 à l’an 669 av. J.-C.), le­quel or­donna sa . Ce­pen­dant, le bour­reau était un obligé d’Aḥiqar et ne rem­plit pas l’ordre donné. Il exé­cuta un autre cri­mi­nel, dont il ap­porta la tête au roi, et tint Aḥi­qar ca­ché. En­hardi par la de la mort du conseiller royal, le pha­raon d’ lança au roi le défi de ré­soudre plu­sieurs per­fides, sous peine d’avoir à lui payer un tri­but. Sorti de sa ca­chette, Aḥi­qar alla en Égypte, ré­pon­dit aux énigmes du pha­raon et, à son re­tour, de­manda que Na­dan lui fût li­vré. Il le frappa de mille coups, pour faire en­trer la sa­gesse «par der­rière son dos» 2 puisqu’elle n’avait pu en­trer par les oreilles, et lui adressa une deuxième sé­rie de le­çons, sous forme de fables, et des­ti­nées à prou­ver qu’il va­lait mieux vivre dans une hutte en homme juste que dans un en cri­mi­nel.

  1. En ara­méen אחיקר, en ܐܚܝܩܪ. Par­fois trans­crit Achi­char, Achi­qar, Achi­kar, Aḥi­car ou Aḥi­kar. On ren­contre aussi la gra­phie Ḥi­qar (ܚܝܩܪ). Par­fois trans­crit Hai­qâr, Haï­kar, Hey­car, Hi­car, Khi­kar ou Ḥi­kar. Icône Haut
  1. «His­toire et Sa­gesse d’Aḥikar l’Assyrien; tra­duc­tion des ver­sions sy­riaques par Fran­çois Nau», p. 236. Icône Haut

le marquis Costa de Beauregard, « Journal de voyage d’un jeune noble savoyard à Paris en 1766-1767 »

éd. Presses universitaires du Septentrion, coll. Documents et témoignages, Villeneuve-d’Ascq

éd. Presses uni­ver­si­taires du Sep­ten­trion, coll. Do­cu­ments et té­moi­gnages, Villeneuve-d’Ascq

Il s’agit du «Jour­nal de voyage à Pa­ris en 1766-1767» du mar­quis , chef d’état-major et his­to­rien de la mai­son royale de , et sur­tout ami in­time du comte Jo­seph de Maistre. L’ des deux hommes da­tait de très loin : ils s’étaient connus à Tu­rin, où l’un était of­fi­cier et l’autre étu­diant. Chaque an­née, ils se voyaient au châ­teau de Beau­re­gard, sur les bords du Lé­man, avec ses sé­cu­laires se mi­rant dans les eaux du lac et avec ses pro­me­nades in­fi­nies. C’est là que Maistre ve­nait goû­ter ses «plai­sirs d’automne» 1. C’est là qu’il «ver­bait» avec le mar­quis et la mar­quise au su­jet de la fran­çaise nou­vel­le­ment dé­cré­tée, à l’heure où l’ en­tière, et le roi de Sar­daigne tout le pre­mier, trem­blait de­vant ses . Tous les deux étaient pas­sion­nés par cette fu­neste voi­sine, qui di­vi­sait les meilleurs du ; et tout en se dé­fen­dant d’aimer la , ils ne sa­vaient pen­ser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre su­jet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il ap­pe­lait «les deux bras» de la fran­çaise, c’est-à-dire «sa et l’esprit de pro­sé­ly­tisme qui forme l’essence de son ca­rac­tère» 2, main­te­nait et pro­cla­mait la vo­ca­tion de cette na­tion : être à la tête du . Au coin de la che­mi­née dé de , dont celle qui dit : «La , même en s’en al­lant, laisse der­rière elle l’espérance pour fer­mer les portes» 3 — au coin de la che­mi­née, dis-je, il pré­pa­rait ses «Consi­dé­ra­tions sur la France» et il je­tait sur le pa­pier les im­pro­vi­sa­tions de son vol­ca­nique pour les sou­mettre au mar­quis. Et cet ami, doué d’un es­prit peut-être in­fé­rieur par la force et l’étendue, mais plus et plus pon­déré, tan­çait le grand sur sa ten­dance à l’emphase et sur ses em­por­te­ments ex­ces­sifs. Quant à la mar­quise, elle ap­por­tait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son ba­billage et de ses di­vi­na­tions po­li­tiques. «Quelles per­sonnes, bon ! Quelles soi­rées! Quelles conver­sa­tions!», se sou­vien­dra Maistre 4 avec .

  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 92. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome I», p. 24-25. Icône Haut
  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 311. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome XIII», p. 315. Icône Haut

le marquis Costa de Beauregard, « Mélanges tirés d’un portefeuille militaire. Tome II »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Mé­langes ti­rés d’un por­te­feuille mi­li­taire» du mar­quis , chef d’état-major et his­to­rien de la mai­son royale de , et sur­tout ami in­time du comte Jo­seph de Maistre. L’ des deux hommes da­tait de très loin : ils s’étaient connus à Tu­rin, où l’un était of­fi­cier et l’autre étu­diant. Chaque an­née, ils se voyaient au châ­teau de Beau­re­gard, sur les bords du Lé­man, avec ses sé­cu­laires se mi­rant dans les eaux du lac et avec ses pro­me­nades in­fi­nies. C’est là que Maistre ve­nait goû­ter ses «plai­sirs d’automne» 1. C’est là qu’il «ver­bait» avec le mar­quis et la mar­quise au su­jet de la fran­çaise nou­vel­le­ment dé­cré­tée, à l’heure où l’ en­tière, et le roi de Sar­daigne tout le pre­mier, trem­blait de­vant ses . Tous les deux étaient pas­sion­nés par cette fu­neste voi­sine, qui di­vi­sait les meilleurs du ; et tout en se dé­fen­dant d’aimer la , ils ne sa­vaient pen­ser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre su­jet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il ap­pe­lait «les deux bras» de la fran­çaise, c’est-à-dire «sa et l’esprit de pro­sé­ly­tisme qui forme l’essence de son ca­rac­tère» 2, main­te­nait et pro­cla­mait la vo­ca­tion de cette na­tion : être à la tête du . Au coin de la che­mi­née dé de , dont celle qui dit : «La , même en s’en al­lant, laisse der­rière elle l’espérance pour fer­mer les portes» 3 — au coin de la che­mi­née, dis-je, il pré­pa­rait ses «Consi­dé­ra­tions sur la France» et il je­tait sur le pa­pier les im­pro­vi­sa­tions de son vol­ca­nique pour les sou­mettre au mar­quis. Et cet ami, doué d’un es­prit peut-être in­fé­rieur par la force et l’étendue, mais plus et plus pon­déré, tan­çait le grand sur sa ten­dance à l’emphase et sur ses em­por­te­ments ex­ces­sifs. Quant à la mar­quise, elle ap­por­tait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son ba­billage et de ses di­vi­na­tions po­li­tiques. «Quelles per­sonnes, bon ! Quelles soi­rées! Quelles conver­sa­tions!», se sou­vien­dra Maistre 4 avec .

  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 92. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome I», p. 24-25. Icône Haut
  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 311. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome XIII», p. 315. Icône Haut

le marquis Costa de Beauregard, « Mélanges tirés d’un portefeuille militaire. Tome I »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Mé­langes ti­rés d’un por­te­feuille mi­li­taire» du mar­quis , chef d’état-major et his­to­rien de la mai­son royale de , et sur­tout ami in­time du comte Jo­seph de Maistre. L’ des deux hommes da­tait de très loin : ils s’étaient connus à Tu­rin, où l’un était of­fi­cier et l’autre étu­diant. Chaque an­née, ils se voyaient au châ­teau de Beau­re­gard, sur les bords du Lé­man, avec ses sé­cu­laires se mi­rant dans les eaux du lac et avec ses pro­me­nades in­fi­nies. C’est là que Maistre ve­nait goû­ter ses «plai­sirs d’automne» 1. C’est là qu’il «ver­bait» avec le mar­quis et la mar­quise au su­jet de la fran­çaise nou­vel­le­ment dé­cré­tée, à l’heure où l’ en­tière, et le roi de Sar­daigne tout le pre­mier, trem­blait de­vant ses . Tous les deux étaient pas­sion­nés par cette fu­neste voi­sine, qui di­vi­sait les meilleurs du ; et tout en se dé­fen­dant d’aimer la , ils ne sa­vaient pen­ser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre su­jet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il ap­pe­lait «les deux bras» de la fran­çaise, c’est-à-dire «sa et l’esprit de pro­sé­ly­tisme qui forme l’essence de son ca­rac­tère» 2, main­te­nait et pro­cla­mait la vo­ca­tion de cette na­tion : être à la tête du . Au coin de la che­mi­née dé de , dont celle qui dit : «La , même en s’en al­lant, laisse der­rière elle l’espérance pour fer­mer les portes» 3 — au coin de la che­mi­née, dis-je, il pré­pa­rait ses «Consi­dé­ra­tions sur la France» et il je­tait sur le pa­pier les im­pro­vi­sa­tions de son vol­ca­nique pour les sou­mettre au mar­quis. Et cet ami, doué d’un es­prit peut-être in­fé­rieur par la force et l’étendue, mais plus et plus pon­déré, tan­çait le grand sur sa ten­dance à l’emphase et sur ses em­por­te­ments ex­ces­sifs. Quant à la mar­quise, elle ap­por­tait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son ba­billage et de ses di­vi­na­tions po­li­tiques. «Quelles per­sonnes, bon ! Quelles soi­rées! Quelles conver­sa­tions!», se sou­vien­dra Maistre 4 avec .

  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 92. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome I», p. 24-25. Icône Haut
  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 311. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome XIII», p. 315. Icône Haut

le marquis Costa de Beauregard, « Un Homme d’autrefois : souvenirs recueillis par son arrière-petit-fils »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit d’«Un d’autrefois : sou­ve­nirs» du mar­quis , chef d’état-major et his­to­rien de la mai­son royale de , et sur­tout ami in­time du comte Jo­seph de Maistre. L’ des deux hommes da­tait de très loin : ils s’étaient connus à Tu­rin, où l’un était of­fi­cier et l’autre étu­diant. Chaque an­née, ils se voyaient au châ­teau de Beau­re­gard, sur les bords du Lé­man, avec ses sé­cu­laires se mi­rant dans les eaux du lac et avec ses pro­me­nades in­fi­nies. C’est là que Maistre ve­nait goû­ter ses «plai­sirs d’automne» 1. C’est là qu’il «ver­bait» avec le mar­quis et la mar­quise au su­jet de la fran­çaise nou­vel­le­ment dé­cré­tée, à l’heure où l’ en­tière, et le roi de Sar­daigne tout le pre­mier, trem­blait de­vant ses . Tous les deux étaient pas­sion­nés par cette fu­neste voi­sine, qui di­vi­sait les meilleurs du ; et tout en se dé­fen­dant d’aimer la , ils ne sa­vaient pen­ser à un autre pays, ni s’entretenir sur un autre su­jet. Maistre, les yeux fixés sur ce qu’il ap­pe­lait «les deux bras» de la fran­çaise, c’est-à-dire «sa et l’esprit de pro­sé­ly­tisme qui forme l’essence de son ca­rac­tère» 2, main­te­nait et pro­cla­mait la vo­ca­tion de cette na­tion : être à la tête du . Au coin de la che­mi­née dé de , dont celle qui dit : «La , même en s’en al­lant, laisse der­rière elle l’espérance pour fer­mer les portes» 3 — au coin de la che­mi­née, dis-je, il pré­pa­rait ses «Consi­dé­ra­tions sur la France» et il je­tait sur le pa­pier les im­pro­vi­sa­tions de son vol­ca­nique pour les sou­mettre au mar­quis. Et cet ami, doué d’un es­prit peut-être in­fé­rieur par la force et l’étendue, mais plus et plus pon­déré, tan­çait le grand homme sur sa ten­dance à l’emphase et sur ses em­por­te­ments ex­ces­sifs. Quant à la mar­quise, elle ap­por­tait, au sein de ce duo d’inséparables, le charme de son ba­billage et de ses di­vi­na­tions po­li­tiques. «Quelles per­sonnes, bon ! Quelles soi­rées! Quelles conver­sa­tions!», se sou­vien­dra Maistre 4 avec .

  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 92. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome I», p. 24-25. Icône Haut
  1. «Un Homme d’autrefois : sou­ve­nirs», p. 311. Icône Haut
  2. «Œuvres com­plètes. Tome XIII», p. 315. Icône Haut

Sagard, « Histoire du Canada, [ou] Voyages que les frères mineurs récollets y ont faits depuis l’an 1615. Tome IV »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de la re­la­tion « du » du frère , mis­sion­naire , qui a fi­dè­le­ment dé­crit le quo­ti­dien des In­diens parmi les­quels il vé­cut pen­dant près d’un an, ainsi que l’œuvre di­vine qu’il eut la convic­tion d’accomplir, lorsque, la croix sur le cœur, le au , il vint s’enfoncer dans les so­li­tudes du Ca­nada. Il en a tiré deux  : «Le Grand Voyage du pays des Hu­rons» et «His­toire du Ca­nada», qui sont pré­cieuses en ce qu’elles nous ren­seignent sur les mœurs et l’esprit de tri­bus aujourd’hui éteintes ou ré­duites à une poi­gnée d’hommes. Ce fut le 18 mars 1623 que le frère Sa­gard par­tit de Pa­ris, à pied et sans ar­gent, voya­geant «à l’apostolique» 1, pour se rendre à Dieppe, lieu de l’embarquement. La grande et épou­van­table tra­ver­sée de l’océan l’incommoda fort et le contrai­gnit «de rendre le tri­but à la [de vo­mir]» tout au long des trois mois et six jours de qu’il lui fal­lut pour ar­ri­ver à la ville de . De là, «ayant tra­versé d’île en île» en pe­tit ca­not, il prit au pays des Hu­rons tant é «par un jour de di­manche, fête de Saint-Ber­nard 2, en­vi­ron midi, [alors] que le don­nait à plomb» 3. Tous les In­diens sor­tirent de leurs ca­banes pour ve­nir le voir et lui firent un fort bon ac­cueil à leur fa­çon; et par des ca­resses ex­tra­or­di­naires, ils lui té­moi­gnèrent «l’aise et le conten­te­ment» qu’ils avaient de sa ve­nue. Notre zélé re­li­gieux se mit aus­si­tôt à l’étude de la hu­ronne, dont il ne man­qua pas de dres­ser un lexique : «J’écrivais, et ob­ser­vant soi­gneu­se­ment les mots de la langue… j’en dres­sais des mé­moires que j’étudiais et ré­pé­tais de­vant mes sau­vages, les­quels y pre­naient plai­sir et m’aidaient à m’y per­fec­tion­ner…; m’[appelant] sou­vent “Aviel”, au lieu de “Ga­briel” qu’ils ne pou­vaient pro­non­cer à cause de la lettre “b” qui ne se trouve point en toute leur langue… “Ga­briel, prends ta plume et écris”, puis ils m’expliquaient au mieux qu’ils pou­vaient ce que je dé­si­rais sa­voir» 4. Peu à peu, il par­vint à s’habituer dans un lieu si mi­sé­rable. Peu à peu, aussi, il ap­prit la langue des In­diens. Il s’entretint alors fra­ter­nel­le­ment avec eux; il les at­ten­drit par sa man­sué­tude et dou­ceur; et comme il se mon­trait tou­jours si bon en­vers eux, il les per­suada ai­sé­ment que le dont il leur prê­chait la loi, était le bon Dieu. «Telle a été l’action bien­fai­sante de la dans ses pos­ses­sions d’. Au Sud, les Es­pa­gnols sup­pli­ciaient, mas­sa­craient la pauvre race in­dienne. Au Nord, les la re­fou­laient de zone en zone jusque dans les froids et arides dé­serts. Nos l’adoucissaient et l’humanisaient», dit Xa­vier Mar­mier

  1. «Le Grand Voyage du pays des Hu­rons», p. 7. Icône Haut
  2. Le 20 août. Icône Haut
  1. id. p. 81. Icône Haut
  2. id. p. 87-88. Icône Haut

Sagard, « Histoire du Canada, [ou] Voyages que les frères mineurs récollets y ont faits depuis l’an 1615. Tome III »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de la re­la­tion « du » du frère , mis­sion­naire , qui a fi­dè­le­ment dé­crit le quo­ti­dien des In­diens parmi les­quels il vé­cut pen­dant près d’un an, ainsi que l’œuvre di­vine qu’il eut la convic­tion d’accomplir, lorsque, la croix sur le cœur, le au , il vint s’enfoncer dans les so­li­tudes du Ca­nada. Il en a tiré deux  : «Le Grand Voyage du pays des Hu­rons» et «His­toire du Ca­nada», qui sont pré­cieuses en ce qu’elles nous ren­seignent sur les mœurs et l’esprit de tri­bus aujourd’hui éteintes ou ré­duites à une poi­gnée d’hommes. Ce fut le 18 mars 1623 que le frère Sa­gard par­tit de Pa­ris, à pied et sans ar­gent, voya­geant «à l’apostolique» 1, pour se rendre à Dieppe, lieu de l’embarquement. La grande et épou­van­table tra­ver­sée de l’océan l’incommoda fort et le contrai­gnit «de rendre le tri­but à la [de vo­mir]» tout au long des trois mois et six jours de qu’il lui fal­lut pour ar­ri­ver à la ville de . De là, «ayant tra­versé d’île en île» en pe­tit ca­not, il prit au pays des Hu­rons tant é «par un jour de di­manche, fête de Saint-Ber­nard 2, en­vi­ron midi, [alors] que le don­nait à plomb» 3. Tous les In­diens sor­tirent de leurs ca­banes pour ve­nir le voir et lui firent un fort bon ac­cueil à leur fa­çon; et par des ca­resses ex­tra­or­di­naires, ils lui té­moi­gnèrent «l’aise et le conten­te­ment» qu’ils avaient de sa ve­nue. Notre zélé re­li­gieux se mit aus­si­tôt à l’étude de la hu­ronne, dont il ne man­qua pas de dres­ser un lexique : «J’écrivais, et ob­ser­vant soi­gneu­se­ment les mots de la langue… j’en dres­sais des mé­moires que j’étudiais et ré­pé­tais de­vant mes sau­vages, les­quels y pre­naient plai­sir et m’aidaient à m’y per­fec­tion­ner…; m’[appelant] sou­vent “Aviel”, au lieu de “Ga­briel” qu’ils ne pou­vaient pro­non­cer à cause de la lettre “b” qui ne se trouve point en toute leur langue… “Ga­briel, prends ta plume et écris”, puis ils m’expliquaient au mieux qu’ils pou­vaient ce que je dé­si­rais sa­voir» 4. Peu à peu, il par­vint à s’habituer dans un lieu si mi­sé­rable. Peu à peu, aussi, il ap­prit la langue des In­diens. Il s’entretint alors fra­ter­nel­le­ment avec eux; il les at­ten­drit par sa man­sué­tude et dou­ceur; et comme il se mon­trait tou­jours si bon en­vers eux, il les per­suada ai­sé­ment que le dont il leur prê­chait la loi, était le bon Dieu. «Telle a été l’action bien­fai­sante de la dans ses pos­ses­sions d’. Au Sud, les Es­pa­gnols sup­pli­ciaient, mas­sa­craient la pauvre race in­dienne. Au Nord, les la re­fou­laient de zone en zone jusque dans les froids et arides dé­serts. Nos l’adoucissaient et l’humanisaient», dit Xa­vier Mar­mier

  1. «Le Grand Voyage du pays des Hu­rons», p. 7. Icône Haut
  2. Le 20 août. Icône Haut
  1. id. p. 81. Icône Haut
  2. id. p. 87-88. Icône Haut

Sagard, « Histoire du Canada, [ou] Voyages que les frères mineurs récollets y ont faits depuis l’an 1615. Tome II »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de la re­la­tion « du » du frère , mis­sion­naire , qui a fi­dè­le­ment dé­crit le quo­ti­dien des In­diens parmi les­quels il vé­cut pen­dant près d’un an, ainsi que l’œuvre di­vine qu’il eut la convic­tion d’accomplir, lorsque, la croix sur le cœur, le au , il vint s’enfoncer dans les so­li­tudes du Ca­nada. Il en a tiré deux  : «Le Grand Voyage du pays des Hu­rons» et «His­toire du Ca­nada», qui sont pré­cieuses en ce qu’elles nous ren­seignent sur les mœurs et l’esprit de tri­bus aujourd’hui éteintes ou ré­duites à une poi­gnée d’hommes. Ce fut le 18 mars 1623 que le frère Sa­gard par­tit de Pa­ris, à pied et sans ar­gent, voya­geant «à l’apostolique» 1, pour se rendre à Dieppe, lieu de l’embarquement. La grande et épou­van­table tra­ver­sée de l’océan l’incommoda fort et le contrai­gnit «de rendre le tri­but à la [de vo­mir]» tout au long des trois mois et six jours de qu’il lui fal­lut pour ar­ri­ver à la ville de . De là, «ayant tra­versé d’île en île» en pe­tit ca­not, il prit au pays des Hu­rons tant é «par un jour de di­manche, fête de Saint-Ber­nard 2, en­vi­ron midi, [alors] que le don­nait à plomb» 3. Tous les In­diens sor­tirent de leurs ca­banes pour ve­nir le voir et lui firent un fort bon ac­cueil à leur fa­çon; et par des ca­resses ex­tra­or­di­naires, ils lui té­moi­gnèrent «l’aise et le conten­te­ment» qu’ils avaient de sa ve­nue. Notre zélé re­li­gieux se mit aus­si­tôt à l’étude de la hu­ronne, dont il ne man­qua pas de dres­ser un lexique : «J’écrivais, et ob­ser­vant soi­gneu­se­ment les mots de la langue… j’en dres­sais des mé­moires que j’étudiais et ré­pé­tais de­vant mes sau­vages, les­quels y pre­naient plai­sir et m’aidaient à m’y per­fec­tion­ner…; m’[appelant] sou­vent “Aviel”, au lieu de “Ga­briel” qu’ils ne pou­vaient pro­non­cer à cause de la lettre “b” qui ne se trouve point en toute leur langue… “Ga­briel, prends ta plume et écris”, puis ils m’expliquaient au mieux qu’ils pou­vaient ce que je dé­si­rais sa­voir» 4. Peu à peu, il par­vint à s’habituer dans un lieu si mi­sé­rable. Peu à peu, aussi, il ap­prit la langue des In­diens. Il s’entretint alors fra­ter­nel­le­ment avec eux; il les at­ten­drit par sa man­sué­tude et dou­ceur; et comme il se mon­trait tou­jours si bon en­vers eux, il les per­suada ai­sé­ment que le dont il leur prê­chait la loi, était le bon Dieu. «Telle a été l’action bien­fai­sante de la dans ses pos­ses­sions d’. Au Sud, les Es­pa­gnols sup­pli­ciaient, mas­sa­craient la pauvre race in­dienne. Au Nord, les la re­fou­laient de zone en zone jusque dans les froids et arides dé­serts. Nos l’adoucissaient et l’humanisaient», dit Xa­vier Mar­mier

  1. «Le Grand Voyage du pays des Hu­rons», p. 7. Icône Haut
  2. Le 20 août. Icône Haut
  1. id. p. 81. Icône Haut
  2. id. p. 87-88. Icône Haut