« Le Livre de la récompense des bienfaits secrets »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Livre de la ré­com­pense des bien­faits se­crets» («Yin zhi wen» 1), pe­tit édi­fiant, que les ïstes at­tri­buent à une de leurs di­vi­ni­tés nom­mée Wen­chang­di­jun 2. On n’y trouve au­cune ré­fé­rence réelle à la doc­trine du , mais un cer­tain nombre d’injonctions mo­rales et de ayant pour but d’enseigner au lec­teur ce qu’il doit faire pour at­teindre à la et ce qu’il doit évi­ter pour ne pas de­ve­nir cri­mi­nel. Le nom de l’auteur est in­connu. Le offre les plus grandes ana­lo­gies avec ce­lui du «Livre des ré­com­penses et des peines». «Aide le mal­heu­reux [comme on] se­court le pois­son aban­donné sur un che­min sec. Dé­livre ce­lui qui est en pé­ril [comme on] dé­livre l’oiseau pris dans un la­cet à mailles ser­rées. Aie pi­tié de l’orphelin; sois com­pa­tis­sant pour la veuve; ho­nore les vieillards; aie pi­tié des ; ap­porte des ha­bits et de la nour­ri­ture pour ceux qui, sur les routes, ont faim et » 3. Voilà quelques-unes des de cet opus­cule, où l’ du se fait sou­vent sen­tir. Non seule­ment le nom du y est pro­noncé une fois («pros­terne-toi de­vant Boud­dha et prie dans les » 4), mais on y re­con­naît plu­sieurs em­prunts évi­dents à la doc­trine du ré­for­ma­teur in­dien. C’est ainsi que l’auteur du «Livre» in­siste sur la , l’assistance au pro­chain, l’interdiction de faire su­bir au­cun mau­vais trai­te­ment à tout ce qui a dans la . Ce sont ces mêmes rai­sons qui l’ont porté à re­com­man­der non seule­ment d’aimer nos sem­blables, mais d’aimer les créa­tures ani­mées, les pois­sons, les in­sectes, les vers de — en un mot, tout ce qui res­pire, qui se meut ou qui croît : «En mar­chant, re­garde tou­jours s’il n’y a point, sous tes pas, des in­sectes et des four­mis, que par mé­garde tu pour­rais écra­ser» 5. Toutes ces créa­tures, mal­gré leur dif­fé­rence de gran­deur ou de forme, ont quelque chose en com­mun, qui est l’ de la vie, et que l’ ne peut contra­rier sans de­ve­nir mé­chant.

  1. En «陰騭文». Au­tre­fois trans­crit «In tchy̆ wen», «Yin-tchi-wen», «Yin chih wen» ou «Yin-chih-wăn». Icône Haut
  2. En chi­nois 文昌帝君. Au­tre­fois trans­crit Wen Tch­hang Ti Kiun, Wen-tchang Ti-kiun, Wen-chang Ti-kyüin, Wen Chang Ti Kun, Wen-chang-ti-chün, Wan-chang Te-cheun ou Wăn-chang Te-keun. Icône Haut
  3. p. 4. Icône Haut
  1. id. Icône Haut
  2. p. 5. Icône Haut

Rivarol, « De l’homme, de ses facultés intellectuelles et de ses idées premières et fondamentales »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «De l’, de ses fa­cul­tés in­tel­lec­tuelles et de ses idées pre­mières et fon­da­men­tales» 1 d’Antoine Ri­va­roli, dit de Ri­va­rol, im­pro­vi­sa­teur , un des plus éblouis­sants de la fin du XVIIIe siècle. «Il y a parmi les gens du cer­taines per­sonnes qui doivent tout [leur] à leur ré­pu­ta­tion de gens d’esprit, et toute leur ré­pu­ta­tion à leur pa­resse». En pla­çant ces mots en tête du «Pe­tit Al­ma­nach de nos grands hommes», Ri­va­rol pen­sait-il à lui-même? Pro­ba­ble­ment. Il était pa­res­seux et il le sa­vait; mais c’était le de la conver­sa­tion en cette fin de siècle où la conver­sa­tion était le su­prême plai­sir et la su­prême gloire, et il était chaque jour tra­versé d’ ful­gu­rantes. On rap­porte qu’il no­tait ses «Pen­sées di­verses» sur de pe­tites feuilles vo­lantes, sur des mor­ceaux de pa­pier, qu’il ran­geait en­suite dans des sacs po­sés sur sa table de . Avec ces sacs, qu’il ren­ver­sait pé­rio­di­que­ment, tel un cher­cheur d’ comp­tant ses pé­pites, il vi­sait au pre­mier rang dans les lettres et il était bien ca­pable d’y at­teindre; mais il fré­quen­tait trop une dis­si­pée, mon­daine, une so­ciété qui ne vou­lait qu’être amu­sée; et en quelques heures de conver­sa­tion, il gas­pillait avec éclat la de dix . «On n’avait qu’à le tou­cher sur un point, qu’à lui don­ner la note, et le cla­vier ré­pon­dait à l’instant par toute une so­nate», ex­plique un  2. Ces com­modes, qu’il rem­por­tait chaque soir en cau­sant sur n’importe quel su­jet, et qui n’avaient be­soin, pour être re­nou­ve­lés, que des im­pro­vi­sa­tions de son es­prit lé­gè­re­ment oc­cupé, lui ont ravi ses plus belles an­nées. «Sans cesse ar­ra­ché à lui-même, il a sa­cri­fié tan­tôt à la fri­vo­lité, tan­tôt à la fi­dé­lité, tan­tôt à la né­ces­sité, les heures sa­crées de l’. Il a per­pé­tuel­le­ment man­qué les oc­ca­sions de de­ve­nir un grand homme», ex­plique un autre cri­tique 3.

  1. Éga­le­ment connu sous les titres de «Dis­cours pré­li­mi­naire du “Nou­veau Dic­tion­naire de la fran­çaise”» et de «Dis­cours sur l’homme in­tel­lec­tuel et mo­ral». Icône Haut
  2. Sainte-Beuve. Icône Haut
  1. Adolphe de Les­cure. Icône Haut

« Jean Tarin, recteur de l’Université de Paris (1590-1666) : notice biographique »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de Jean Ta­rin, hel­lé­niste , rec­teur de l’Université de Pa­ris, lec­teur royal en grecque et la­tine 1. Il a laissé une édi­tion et tra­duc­tion la­tine d’Iso­crate, si­gnées mo­des­te­ment «I. T. B. A.» («Jean Ta­rin de Beau­fort en An­jou») ou «I. T. A.» («Jean Ta­rin d’Anjou»), et qui sont res­tées, pour cette , in­con­nues des deux ou trois qui ont parlé de lui. Ta­rin était fils d’un meu­nier et na­quit en l’an 1590. Dès son en­fance, se sen­tant un goût très pro­noncé pour les études, il pressa vi­ve­ment sa de l’envoyer à l’école; mais il ne put rien ob­te­nir de ses pa­rents, qui y étaient op­po­sés. Ce­pen­dant, peu après la fon­da­tion d’un col­lège de à La Flèche, il vint s’y pré­sen­ter comme étu­diant, pieds nus, n’ayant autre chose qu’une che­mise sur les épaules et un sac plein de noix et de pièces de pain. Il fut mis, par , entre les ba­layeurs des classes du col­lège; de là, il fut mar­mi­ton des pen­sion­naires, puis la­quais d’un des . Fut-il mal­traité? En tout cas, il vouera par la suite à la Com­pa­gnie de Jé­sus une haine pro­fonde, que celle-ci lui ren­dra bien, si l’on en juge par le por­trait peu flat­teur qu’a tracé de lui le père Fran­çois Ga­rasse : «[C’est] un de néant, nommé Ta­rin», dit le père 2, «à demi géant, qui porte un vi­sage de cy­clope et une de tau­reau, par la­quelle il ton­nait contre nous…; il est de fort bas lieu, fils d’un meu­nier de Ro­che­fort [li­sez Beau­fort]». Son ache­vée avec tous les prix, Ta­rin s’en vint à Pa­ris, où il s’accosta d’un autre pa­ria de la Com­pa­gnie de Jé­sus, qui lui ou­vrit grand les portes du pro­fes­so­rat. N’ayant pas tardé à mon­trer l’excellence de son es­prit, il ac­quit la ré­pu­ta­tion d’«un abîme de science et un des hommes du » : «Plût à que je susse au­tant de et de que [lui]», dit un de ses contem­po­rains 3. Sa ré­pu­ta­tion fut por­tée jusqu’au roi Louis XIII, qui, l’ayant fait lec­teur royal, lui pro­posa plu­sieurs évê­chés; mais Ta­rin, qui ne se croyait pas ap­pelé à l’état ec­clé­sias­tique, re­fusa de se rendre à cette offre et il prit le parti du . Il fut plus d’une fois rec­teur de l’Université de Pa­ris, dont il dé­fen­dit tou­jours les avec force et fer­meté. Une anec­dote illustre ce que je viens de dire : Un jour, étant à un acte de , il avait, comme c’était son , pris la place d’, lorsque de hauts pré­lats ar­ri­vèrent et vou­lurent la lui faire quit­ter ou en prendre une au-des­sus de lui. «La que vous fou­lez ici aux pieds, ô illustres princes d’, est à , et je ne souf­fri­rai point que vous fou­liez aussi de la sorte ma di­gnité!» («Terra hæc, quam concul­ca­tis, o illus­tris­simi Ec­cle­siæ prin­cipes, mea est; nec pa­tiar meam di­gni­ta­tem sic a vo­bis conta­mi­nari!»), leur dit-il. Et il fit ces­ser l’acte.

  1. On ap­pe­lait «lec­teurs royaux» les pro­fes­seurs du Col­lège royal, l’actuel Col­lège de . Icône Haut
  2. «Mé­moires», p. 104. Icône Haut
  1. Guy Pa­tin. Icône Haut

« Un Opuscule de Khwāja ‘Abdallāh Anṣārī concernant les bienséances des soufis »

dans « Bulletin de l’Institut français d’archéologie orientale », vol. 59, p. 203-239

dans «Bul­le­tin de l’Institut d’ orien­tale», vol. 59, p. 203-239

Il s’agit de l’«Abrégé concer­nant les bien­séances des et de ceux qui che­minent dans la voie de » («Mo­kh­ta­sar fî âdâb al-sû­fiyya wa-l-sâ­li­kîn li-ta­rîq al-Haqq» 1) de  2, mu­sul­man né en l’an 1006 apr. J.-C. dans la ville de Hé­rat, dans l’actuel ; sur­nommé pour cette Ha­rawî 3l’ de Hé­rat»). Peu connu en , n’ayant laissé chez les Arabes que le d’un po­lé­miste vi­ru­lent qui «pas­sait à l’injure dès qu’il consta­tait la moindre di­ver­gence de avec son in­ter­lo­cu­teur» (se­lon Ibn Ra­jab Bagh­dâdî 4), An­sârî n’a pas cessé pour­tant de rayon­ner sur les peuples de per­sane, pour les­quels il re­pré­sente l’un des plus an­ciens de leur prose. Pour le sur­tout qui sa et sa fi­nesse, en même que son tem­pé­ra­ment bouillant et al­tier, il de­meure un pro­tec­teur et un in­ter­ces­seur. Sa tombe à Hé­rat reste l’objet de , et les nap­pe­rons de soie rêche que l’on aime y of­frir aux hôtes , portent, en­ca­drés d’une mos­quée sty­li­sée, ses «Cris du cœur»; ce­lui-ci par exemple : «Mon Dieu! Tu es dans les sou­pirs des hommes gé­né­reux, et pré­sent dans les cœurs de ceux qui se sou­viennent. On dit que tu es près, et tu es bien plus que cela; on dit que tu es loin, et tu es plus proche que l’! Je ne sais si tu es dans l’âme, ou si l’âme même c’est toi. À vrai dire, tu n’es ni ceci ni cela. À l’âme il faut la , et cette vie c’est toi» 5. En­fant pro­dige qui ma­niait le et l’ avec une égale ai­sance, en une prose ryth­mée, An­sârî vi­vait dans un siècle ex­trê­me­ment agité, où s’écroulait l’Empire ghaz­né­vide et nais­sait l’Empire seld­jou­kide; où s’entrechoquaient les idées, sou­vent avec . Il s’engagea à fond dans les po­lé­miques de son temps, tout en étu­diant les re­li­gieuses. Une ren­contre bou­le­ver­sante avec Kha­ra­qânî, un vieux soufi illet­tré qui lira dans les lettres de son cœur, ré­veillera en lui une sans faille qui mo­ti­vera ses tra­vaux, qui four­nira la trame de son spi­ri­tuel et qui sou­tien­dra son dans toutes les me­nées par ses . De­venu aveugle sur la fin de sa vie, il dic­tera ses ou­vrages les plus im­po­sants à des dis­ciples jeunes et fer­vents au cours de pro­me­nades au mi­lieu de tu­lipes.

  1. En arabe «مختصرفى آداب الصوفية و السالكين الطريق الحق». Par­fois trans­crit «Mo­kh­taṣar fī ādāb aṣ-ṣū­fiyya wa-s-sā­likīn li-ṭarīq al-Ḥaqq». Icône Haut
  2. En per­san خواجه عبدالله انصاری. Au­tre­fois trans­crit Khawâdjâ ‘Abd Al­lâh An­sârî, Khwâja Ab­dal­lah An­çâri ou Kha­jeh Ab­dol­lah An­sari. Icône Haut
  3. En arabe هروي. Par­fois trans­crit He­ravī ou He­rawi. Icône Haut
  1. Dans «Khwādja ‘Ab­dullāh Anṣārī : mys­tique han­ba­lite», p. 130. Icône Haut
  2.  108. Icône Haut

« Khwādja ‘Abdullāh Anṣārī (1006-1089 apr. J.-C.) : mystique hanbalite »

éd. Imprimerie catholique, coll. Recherches publiées sous la direction de l’Institut de lettres orientales de Beyrouth, Beyrouth

éd. Im­pri­me­rie ca­tho­lique, coll. Re­cherches pu­bliées sous la di­rec­tion de l’Institut de lettres orien­tales de Bey­routh, Bey­routh

Il s’agit du Di­van (Re­cueil de poé­sies) et autres œuvres de  1, mu­sul­man né en l’an 1006 apr. J.-C. dans la ville de Hé­rat, dans l’actuel ; sur­nommé pour cette Ha­rawî 2l’ de Hé­rat»). Peu connu en , n’ayant laissé chez les Arabes que le d’un po­lé­miste vi­ru­lent qui «pas­sait à l’injure dès qu’il consta­tait la moindre di­ver­gence de avec son in­ter­lo­cu­teur» (se­lon Ibn Ra­jab Bagh­dâdî 3), An­sârî n’a pas cessé pour­tant de rayon­ner sur les peuples de per­sane, pour les­quels il re­pré­sente l’un des plus an­ciens de leur prose. Pour le sur­tout qui sa et sa fi­nesse, en même que son tem­pé­ra­ment bouillant et al­tier, il de­meure un pro­tec­teur et un in­ter­ces­seur. Sa tombe à Hé­rat reste l’objet de , et les nap­pe­rons de soie rêche que l’on aime y of­frir aux hôtes , portent, en­ca­drés d’une mos­quée sty­li­sée, ses «Cris du cœur»; ce­lui-ci par exemple : «Mon ! Tu es dans les sou­pirs des hommes gé­né­reux, et pré­sent dans les cœurs de ceux qui se sou­viennent. On dit que tu es près, et tu es bien plus que cela; on dit que tu es loin, et tu es plus proche que l’! Je ne sais si tu es dans l’âme, ou si l’âme même c’est toi. À vrai dire, tu n’es ni ceci ni cela. À l’âme il faut la , et cette vie c’est toi» 4. En­fant pro­dige qui ma­niait le et l’ avec une égale ai­sance, en une prose ryth­mée, An­sârî vi­vait dans un siècle ex­trê­me­ment agité, où s’écroulait l’Empire ghaz­né­vide et nais­sait l’Empire seld­jou­kide; où s’entrechoquaient les idées, sou­vent avec . Il s’engagea à fond dans les po­lé­miques de son temps, tout en étu­diant les re­li­gieuses. Une ren­contre bou­le­ver­sante avec Kha­ra­qânî, un vieux soufi illet­tré qui lira dans les lettres de son cœur, ré­veillera en lui une sans faille qui mo­ti­vera ses tra­vaux, qui four­nira la trame de son spi­ri­tuel et qui sou­tien­dra son dans toutes les me­nées par ses . De­venu aveugle sur la fin de sa vie, il dic­tera ses ou­vrages les plus im­po­sants à des dis­ciples jeunes et fer­vents au cours de pro­me­nades au mi­lieu de tu­lipes.

  1. En per­san خواجه عبدالله انصاری. Au­tre­fois trans­crit Khawâdjâ ‘Abd Al­lâh An­sârî, Khwâja Ab­dal­lah An­çâri ou Kha­jeh Ab­dol­lah An­sari. Icône Haut
  2. En arabe هروي. Par­fois trans­crit He­ravī ou He­rawi. Icône Haut
  1. Dans «Khwādja ‘Ab­dullāh Anṣārī : mys­tique han­ba­lite», p. 130. Icône Haut
  2.  108. Icône Haut

Ansârî, « Chemin de Dieu : trois traités spirituels »

éd. Sindbad, coll. La Bibliothèque de l’islam, Paris

éd. Sind­bad, coll. La Bi­blio­thèque de l’, Pa­ris

Il s’agit des «Cent ter­rains» («Sad may­dân» 1), des «Étapes des iti­né­rants vers » («Ma­nâ­zil al-sâ’irîn» 2) et autres œuvres de  3, mu­sul­man né en l’an 1006 apr. J.-C. dans la ville de Hé­rat, dans l’actuel ; sur­nommé pour cette Ha­rawî 4l’ de Hé­rat»). Peu connu en , n’ayant laissé chez les Arabes que le d’un po­lé­miste vi­ru­lent qui «pas­sait à l’injure dès qu’il consta­tait la moindre di­ver­gence de avec son in­ter­lo­cu­teur» (se­lon Ibn Ra­jab Bagh­dâdî 5), An­sârî n’a pas cessé pour­tant de rayon­ner sur les peuples de per­sane, pour les­quels il re­pré­sente l’un des plus an­ciens de leur prose. Pour le sur­tout qui sa et sa fi­nesse, en même que son tem­pé­ra­ment bouillant et al­tier, il de­meure un pro­tec­teur et un in­ter­ces­seur. Sa tombe à Hé­rat reste l’objet de , et les nap­pe­rons de soie rêche que l’on aime y of­frir aux hôtes , portent, en­ca­drés d’une mos­quée sty­li­sée, ses «Cris du cœur»; ce­lui-ci par exemple : «Mon Dieu! Tu es dans les sou­pirs des hommes gé­né­reux, et pré­sent dans les cœurs de ceux qui se sou­viennent. On dit que tu es près, et tu es bien plus que cela; on dit que tu es loin, et tu es plus proche que l’! Je ne sais si tu es dans l’âme, ou si l’âme même c’est toi. À vrai dire, tu n’es ni ceci ni cela. À l’âme il faut la , et cette vie c’est toi» 6. En­fant pro­dige qui ma­niait le et l’ avec une égale ai­sance, en une prose ryth­mée, An­sârî vi­vait dans un siècle ex­trê­me­ment agité, où s’écroulait l’Empire ghaz­né­vide et nais­sait l’Empire seld­jou­kide; où s’entrechoquaient les idées, sou­vent avec . Il s’engagea à fond dans les po­lé­miques de son temps, tout en étu­diant les re­li­gieuses. Une ren­contre bou­le­ver­sante avec Kha­ra­qânî, un vieux soufi illet­tré qui lira dans les lettres de son cœur, ré­veillera en lui une sans faille qui mo­ti­vera ses tra­vaux, qui four­nira la trame de son spi­ri­tuel et qui sou­tien­dra son dans toutes les me­nées par ses . De­venu aveugle sur la fin de sa vie, il dic­tera ses ou­vrages les plus im­po­sants à des dis­ciples jeunes et fer­vents au cours de pro­me­nades au mi­lieu de tu­lipes.

  1. En per­san «صد میدان». Par­fois trans­crit «Ṣad maidān». Icône Haut
  2. En arabe «منازل السائرين». Par­fois trans­crit «Ma­nâ­ze­los­sâé­rin» ou «Ma­nâ­zel ussâ’erîn». Icône Haut
  3. En per­san خواجه عبدالله انصاری. Au­tre­fois trans­crit Khawâdjâ ‘Abd Al­lâh An­sârî, Khwâja Ab­dal­lah An­çâri ou Kha­jeh Ab­dol­lah An­sari. Icône Haut
  1. En arabe هروي. Par­fois trans­crit He­ravī ou He­rawi. Icône Haut
  2. Dans «Khwādja ‘Ab­dullāh Anṣārī : mys­tique han­ba­lite», p. 130. Icône Haut
  3.  108. Icône Haut

Ansârî, « Cris du cœur, “Munâjât” »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Islam, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit des «Cris du cœur» («Mo­nâ­jât» 1, lit­té­ra­le­ment «Orai­sons im­pro­vi­sées») de  2, mu­sul­man né en l’an 1006 apr. J.-C. dans la ville de Hé­rat, dans l’actuel ; sur­nommé pour cette Ha­rawî 3l’ de Hé­rat»). Peu connu en , n’ayant laissé chez les Arabes que le d’un po­lé­miste vi­ru­lent qui «pas­sait à l’injure dès qu’il consta­tait la moindre di­ver­gence de avec son in­ter­lo­cu­teur» (se­lon Ibn Ra­jab Bagh­dâdî 4), An­sârî n’a pas cessé pour­tant de rayon­ner sur les peuples de per­sane, pour les­quels il re­pré­sente l’un des plus an­ciens de leur prose. Pour le sur­tout qui sa et sa fi­nesse, en même que son tem­pé­ra­ment bouillant et al­tier, il de­meure un pro­tec­teur et un in­ter­ces­seur. Sa tombe à Hé­rat reste l’objet de , et les nap­pe­rons de soie rêche que l’on aime y of­frir aux hôtes , portent, en­ca­drés d’une mos­quée sty­li­sée, ses «Cris du cœur»; ce­lui-ci par exemple : «Mon ! Tu es dans les sou­pirs des hommes gé­né­reux, et pré­sent dans les cœurs de ceux qui se sou­viennent. On dit que tu es près, et tu es bien plus que cela; on dit que tu es loin, et tu es plus proche que l’! Je ne sais si tu es dans l’âme, ou si l’âme même c’est toi. À vrai dire, tu n’es ni ceci ni cela. À l’âme il faut la , et cette vie c’est toi» 5. En­fant pro­dige qui ma­niait le et l’ avec une égale ai­sance, en une prose ryth­mée, An­sârî vi­vait dans un siècle ex­trê­me­ment agité, où s’écroulait l’Empire ghaz­né­vide et nais­sait l’Empire seld­jou­kide; où s’entrechoquaient les idées, sou­vent avec . Il s’engagea à fond dans les po­lé­miques de son temps, tout en étu­diant les re­li­gieuses. Une ren­contre bou­le­ver­sante avec Kha­ra­qânî, un vieux soufi illet­tré qui lira dans les lettres de son cœur, ré­veillera en lui une sans faille qui mo­ti­vera ses tra­vaux, qui four­nira la trame de son spi­ri­tuel et qui sou­tien­dra son dans toutes les me­nées par ses . De­venu aveugle sur la fin de sa vie, il dic­tera ses ou­vrages les plus im­po­sants à des dis­ciples jeunes et fer­vents au cours de pro­me­nades au mi­lieu de tu­lipes.

  1. En per­san «مناجات». Au­tre­fois trans­crit «Mo­nâd­jât», «Munād­jāt» ou «Mu­nâ­jât». Icône Haut
  2. En per­san خواجه عبدالله انصاری. Au­tre­fois trans­crit Khawâdjâ ‘Abd Al­lâh An­sârî, Khwâja Ab­dal­lah An­çâri ou Kha­jeh Ab­dol­lah An­sari. Icône Haut
  3. En arabe هروي. Par­fois trans­crit He­ravī ou He­rawi. Icône Haut
  1. Dans «Khwādja ‘Ab­dullāh Anṣārī : mys­tique han­ba­lite», p. 130. Icône Haut
  2.  108. Icône Haut

le père de Beaurecueil, « Je crois en l’étoile du matin »

éd. du Cerf, coll. Épiphanie, Paris

éd. du Cerf, coll. Épi­pha­nie, Pa­ris

Il s’agit de «Je crois en l’étoile du ma­tin» du père , re­li­gieux , grand connais­seur de l’. En en­trant dans l’Ordre de saint Do­mi­nique en 1935 et en en­ten­dant pour la pre­mière fois le père Chenu lui par­ler de l’, où il par­tit en 1946, com­ment le père de Beau­re­cueil au­rait-il pu sup­po­ser que sa pa­trie spi­ri­tuelle, sa pro­mise se­rait beau­coup plus loin, dans les de l’? l’y condui­sit pas à pas et presque sans qu’il s’en aper­çût. La «ren­contre» for­tuite d’un du XIe siècle apr. J.-C., An­sârî, fut dé­ci­sive. Le père de Beau­re­cueil n’y vit au dé­but qu’un bon su­jet d’étude à pour­suivre au couvent du Caire. Il en­tre­prit d’éditer ri­gou­reu­se­ment, à par­tir de tous les exis­tants, les textes ori­gi­naux d’Ansârî, en et en , ce mys­tique ayant écrit dans les deux langues. Il en ap­prit même les plus beaux pas­sages par cœur pour nour­rir ses ; ce­lui-ci par exemple : «Com­ment au­rais-je su que la est mère de la , et que sous une dé­cep­tion se cachent mille ?» 1, qu’il rap­pro­chait du psaume bi­blique : «Ceux qui sèment dans les larmes, mois­sonnent avec des cris de joie» 2. Ses tra­vaux ma­gis­traux lui va­lurent d’être in­vité à Ka­boul pour un sé­mi­naire sur An­sârî, en 1962. On lui sug­géra de res­ter, ce qu’il fit une bonne ving­taine d’années. La ville de Ka­boul, ren­dez-vous de tant d’ethnies, in­vi­tées à se re­con­naître, à vivre en­semble, avec évi­dem­ment tous les heurts pos­sibles, le fas­cina : «Ka­boul, ma fian­cée, mon épouse, dont je porte la bague, don­née il y a bien long­temps par un pe­tit bon­homme épi­lep­tique que j’avais fait soi­gner!… Quel entre nous! Avec bien­tôt vingt ans de fi­dé­lité», écrit-il dans un hymne consa­cré à cette ville

  1. «Cris du cœur, “Mu­nâ­jât”», nº 28. Icône Haut
  1. «Livre des psaumes», CXXVI, 5. Icône Haut

le père de Beaurecueil, « Un Chrétien en Afghanistan. Nous avons partagé le pain et le sel • Prêtre des non-chrétiens »

éd. du Cerf, coll. Foi vivante, Paris

éd. du Cerf, coll. vi­vante, Pa­ris

Il s’agit d’«Un Chré­tien en » du père , re­li­gieux , grand connais­seur de l’Afghanistan. En en­trant dans l’Ordre de saint Do­mi­nique en 1935 et en en­ten­dant pour la pre­mière fois le père Chenu lui par­ler de l’, où il par­tit en 1946, com­ment le père de Beau­re­cueil au­rait-il pu sup­po­ser que sa pa­trie spi­ri­tuelle, sa pro­mise se­rait beau­coup plus loin, dans les de l’ Cen­trale? l’y condui­sit pas à pas et presque sans qu’il s’en aper­çût. La «ren­contre» for­tuite d’un du XIe siècle apr. J.-C., An­sârî, fut dé­ci­sive. Le père de Beau­re­cueil n’y vit au dé­but qu’un bon su­jet d’étude à pour­suivre au couvent du Caire. Il en­tre­prit d’éditer ri­gou­reu­se­ment, à par­tir de tous les exis­tants, les textes ori­gi­naux d’Ansârî, en et en , ce mys­tique ayant écrit dans les deux langues. Il en ap­prit même les plus beaux pas­sages par cœur pour nour­rir ses ; ce­lui-ci par exemple : «Com­ment au­rais-je su que la est mère de la , et que sous une dé­cep­tion se cachent mille ?» 1, qu’il rap­pro­chait du psaume bi­blique : «Ceux qui sèment dans les larmes, mois­sonnent avec des cris de joie» 2. Ses tra­vaux ma­gis­traux lui va­lurent d’être in­vité à Ka­boul pour un sé­mi­naire sur An­sârî, en 1962. On lui sug­géra de res­ter, ce qu’il fit une bonne ving­taine d’années. La ville de Ka­boul, ren­dez-vous de tant d’ethnies, in­vi­tées à se re­con­naître, à vivre en­semble, avec évi­dem­ment tous les heurts pos­sibles, le fas­cina : «Ka­boul, ma fian­cée, mon épouse, dont je porte la bague, don­née il y a bien long­temps par un pe­tit bon­homme épi­lep­tique que j’avais fait soi­gner!… Quel entre nous! Avec bien­tôt vingt ans de fi­dé­lité», écrit-il dans un hymne consa­cré à cette ville

  1. «Cris du cœur, “Mu­nâ­jât”», nº 28. Icône Haut
  1. «Livre des psaumes», CXXVI, 5. Icône Haut

le père de Beaurecueil, « Mes enfants de Kaboul »

éd. du Cerf, Paris

éd. du Cerf, Pa­ris

Il s’agit de «Mes de Ka­boul» du père , re­li­gieux , grand connais­seur de l’. En en­trant dans l’Ordre de saint Do­mi­nique en 1935 et en en­ten­dant pour la pre­mière fois le père Chenu lui par­ler de l’, où il par­tit en 1946, com­ment le père de Beau­re­cueil au­rait-il pu sup­po­ser que sa pa­trie spi­ri­tuelle, sa pro­mise se­rait beau­coup plus loin, dans les de l’ Cen­trale? l’y condui­sit pas à pas et presque sans qu’il s’en aper­çût. La «ren­contre» for­tuite d’un du XIe siècle apr. J.-C., An­sârî, fut dé­ci­sive. Le père de Beau­re­cueil n’y vit au dé­but qu’un bon su­jet d’étude à pour­suivre au couvent du Caire. Il en­tre­prit d’éditer ri­gou­reu­se­ment, à par­tir de tous les exis­tants, les textes ori­gi­naux d’Ansârî, en et en , ce mys­tique ayant écrit dans les deux langues. Il en ap­prit même les plus beaux pas­sages par cœur pour nour­rir ses ; ce­lui-ci par exemple : «Com­ment au­rais-je su que la est mère de la , et que sous une dé­cep­tion se cachent mille ?» 1, qu’il rap­pro­chait du psaume bi­blique : «Ceux qui sèment dans les larmes, mois­sonnent avec des cris de joie» 2. Ses tra­vaux ma­gis­traux lui va­lurent d’être in­vité à Ka­boul pour un sé­mi­naire sur An­sârî, en 1962. On lui sug­géra de res­ter, ce qu’il fit une bonne ving­taine d’années. La ville de Ka­boul, ren­dez-vous de tant d’ethnies, in­vi­tées à se re­con­naître, à vivre en­semble, avec évi­dem­ment tous les heurts pos­sibles, le fas­cina : «Ka­boul, ma fian­cée, mon épouse, dont je porte la bague, don­née il y a bien long­temps par un pe­tit bon­homme épi­lep­tique que j’avais fait soi­gner!… Quel d’ entre nous! Avec bien­tôt vingt ans de fi­dé­lité», écrit-il dans un hymne consa­cré à cette ville

  1. «Cris du cœur, “Mu­nâ­jât”», nº 28. Icône Haut
  1. «Livre des psaumes», CXXVI, 5. Icône Haut

Roustavéli, « L’Homme à la peau de léopard »

éd. électronique

éd. élec­tro­nique

Il s’agit de «L’ à la peau de léo­pard» 1Vep­khis-tkaos­sani» 2), fa­meuse géor­gienne du de la reine Tha­mar 3 (1184-1213 apr. J.-C.). Cette reine si belle, si sa­vante, si guer­rière dut lut­ter contre Georges Bo­go­lioubski, son pre­mier époux, pour im­po­ser Da­vid Sos­lane, son se­cond, ce qui n’empêcha pas son siècle de de­ve­nir le siècle d’ de la , qui s’étendit de la Noire à la Cas­pienne, des monts du aux de l’Euphrate. Au cours de cette pé­riode, la in­tel­lec­tuelle pros­péra, su­bis­sant l’ des ci­vi­li­sa­tions , per­sane et grecque. Une foule d’ cé­lèbres, qui en­tou­raient le trône, vinrent por­ter la de la à son apo­gée. Mais leur nom pâ­lit de­vant ce­lui de Chota Rous­ta­véli 4. Son épo­pée, «L’Homme à la peau de léo­pard», est vé­né­rée par tout le . Ses vers en sont les ac­cents de gloire; et ses pages, sui­vant une cou­tume, fai­saient une par­tie obli­gée de la cor­beille de de la fian­cée — heu­reux pays où l’on es­ti­mait le livre au même prix que les bi­joux! Une œuvre ori­gi­nale que cette épo­pée? Non point par son su­jet, en tout cas, et de l’aveu même de Rous­ta­véli : «Cette lé­gende per­sane tra­duite en géor­gien, telle une perle so­li­taire dans le creux de la main je l’ai trou­vée et mise en vers» 5. Ce su­jet? Le roi d’ cède son trône à sa fille Thi­mia­tine, ce qui ne peut al­ler sans de grandes chasses. Or, en cou­rant cerfs, biches, che­vreaux, ga­zelles, les chas­seurs dé­couvrent un étrange per­son­nage vêtu de la peau que vous sa­vez déjà, et qui réus­sit à se dé­ro­ber à leur . Ce n’est que grâce à l’astuce d’Avthandil qu’ils par­vien­dront à ap­prendre son nom : Ta­riel, prince in­dien, qui ne peut se conso­ler de la perte de la belle Nes­tane, re­te­nue par les Turcs. Mais ce ré­cit exo­tique est à clef. Thi­mia­tine mon­tée sur le trône, c’est Tha­mar en per­sonne, ce dont Rous­ta­véli ne fait point mys­tère : «Chan­tons la reine Tha­mar!», dit-il dans son pro­logue 6. «Mê­lant les larmes au , je lui ai dé­dié mes les plus choi­sies… Je suis fou de celle dont la vo­lonté su­prême com­mande les troupes… Je n’en peux plus, je suc­combe, il n’y a point de re­mède. Qu’elle me donne la ou la pour ma tombe!» Mais pour­quoi ces «larmes» et ce «sang»? C’est que Tha­mar, «im­pi­toyable comme un roc» 7, au­rait re­fusé de cou­ron­ner la flamme de notre poète. De là à pré­tendre que, de déses­poir, il en prit le froc de moine, il n’y a qu’un pas; le peuple le fran­chit al­lè­gre­ment. Il n’empêche que pour joindre la pe­tite à la grande, l’ au­rait dé­cou­vert dans le mo­nas­tère géor­gien de la Sainte-Croix, à , une fresque et une stèle au nom de Rous­ta­véli.

  1. Au­tre­fois tra­duit «Le Preux à la peau de tigre», «Le Hé­ros à la peau de léo­pard», «Le Che­va­lier à la peau de léo­pard» ou «Le Che­va­lier à la peau de tigre». Icône Haut
  2. En géor­gien «ვეფხისტყაოსანი». Par­fois trans­crit «Vepxis tqao­sani», «Wep­kis tkaos­sani», «We­ph­khis tqao­sani», «Ve­ph­khis tkao­sani», «Ve­ph­kh­vis-tkao­sani», «Vepxis t’q’aosani», «Vepx­vis t’q(’)aosani», «Vep­khiss-tkaos­sani» ou «Vepkhist’q’aosani». Icône Haut
  3. En géor­gien თამარი. Par­fois trans­crit Ta­mari, Ta­mar ou Ta­mara. Icône Haut
  4. En géor­gien შოთა რუსთაველი. Par­fois trans­crit Rous­tha­véli, Rous­thawéli, Rust’haveli, Rus­ta­veli, Rus­ta­velli, Ros­ta­veli ou Rous­tha­wel. On ren­contre aussi la gra­phie რუსთველი (Rous­th­véli). Par­fois trans­crit Rous­th­wel. Icône Haut
  1. p. 16. Icône Haut
  2. p. 14. Icône Haut
  3. p. 18. Icône Haut

« Vie de Jacques, comte de Vintimille, conseiller au Parlement de Bourgogne, littérateur et savant du XVIᵉ siècle »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de Jacques, comte de Vin­ti­mille, qui ne fut point comte, mais sa­vant et hel­lé­niste, et qu’on fe­rait mieux d’appeler du nom dont il si­gnait lui-même ses  : Jacques des Comtes de Vin­ti­mille 1 (XVIe-XVIIe siècle). Il na­quit dans l’île de Rhodes, en . Son père, Alexandre des Comtes de Vin­ti­mille, , s’étant fixé dans cette île, avait épousé une très noble et riche dame, des­cen­dante du des Pa­léo­logues, der­niers de , de la­quelle il avait eu plu­sieurs . Il croyait avoir ainsi éta­bli et as­suré son . «Mais lui mon­tra bien quelque après — comme il fait à tous — qu’il ne faut point prendre pied ès choses tem­po­relles, ni se fon­der ès biens [ter­restres] et fa­veurs de ce », com­mente Jacques 2. Car, en l’an 1522, les Turcs com­men­cèrent une fu­rieuse contre la chré­tienté, sous la conduite du sul­tan So­li­man; de sorte que l’île de Rhodes fut at­ta­quée par les Turcs; les biens et pillés; Alexandre en­cer­clé et griè­ve­ment blessé. Un che­va­lier chré­tien, George de Vau­zelles, , par­vint à le dé­ga­ger de la mê­lée, mais trop tard. Alexandre lui re­mit son épée et mou­rut dans ses bras, en mur­mu­rant : «Prends mon épée, je t’en conjure, je ne veux pas qu’un ou qu’un autre que toi la pos­sède» 3. Après la chute de Rhodes, la veuve du­dit Alexandre sor­tit dé­nuée de tout bien et fut contrainte de prendre la sans trou­ver de lieu où s’arrêter; et quand, mi­sé­rable, elle ne vou­lut plus ou ne put plus pour­voir à la nour­ri­ture de Jacques, son der­nier-né, le che­va­lier de Vau­zelles, par un mou­ve­ment de toute re­li­gieuse, dé­cida de prendre soin de l’enfant. Il l’emmena avec lui en et l’éleva comme son propre fils, en lui don­nant une conforme à sa haute nais­sance dans les écoles de Lyon, de Pa­ris et de Tou­louse. L’enfant pro­fita si heu­reu­se­ment, qu’il de­vint une des fortes têtes de son temps. Il tra­dui­sit de en fran­çais Xé­no­phon, Hé­ro­dien et Ly­sias. Son mé­rite re­connu lui ou­vrit l’entrée à la Cour de Fran­çois Ier et celle de son suc­ces­seur Henri II. «Voilà comme Dieu nous donne la et nous sauve des dan­gers, comme il lui plaît; et contre toute es­pé­rance nous mène et conduit en lieux où l’on n’a ja­mais pensé», com­mente Jacques

  1. On ren­contre aussi la gra­phie Vin­te­mille. Icône Haut
  2. «Dis­cours de l’estoc et des Comtes de Vin­ti­mille», p. 29. Icône Haut
  1. En «Sume en­sem, pre­cor, ipse meum : ne Turca, nec ul­lus quam tu ha­beat». Icône Haut

Nezâmî, « Layla et Majnûn »

éd. Fayard, Paris

éd. Fayard, Pa­ris

Il s’agit d’une ver­sion per­sane du « et Laylâ» 1, lé­gende de l’ im­pos­sible et par­fait, ou par­fait parce qu’impossible, et qui ne s’accomplit que dans la . Ré­pan­due en par les , cette lé­gende y conserve une cé­lé­brité égale à celle dont jouissent chez nous les amours de Ro­méo et Ju­liette, avec les­quelles elle pré­sente plus d’un trait de res­sem­blance. «Il n’est pas si in­dif­fé­rent, pour­tant, de pen­ser que l’amour, bien avant de trou­ver le che­min de notre , avait chanté si loin de nous, là-bas, sous le de l’, en son dé­sert, avec ses mots», ex­plique M. . Ma­j­nûn et Laylâ vi­vaient un peu après Ma­ho­met. La no­made des Arabes de ce -là, si propre à ali­men­ter l’amour, ainsi que la proxi­mité des camps, ag­glu­ti­nés dans les lieux de halte et au­tour des puits, de­vaient don­ner na­tu­rel­le­ment aux jeunes hommes et aux jeunes de tri­bus dif­fé­rentes l’occasion de se voir et faire naître les les plus vives. Mais, en même temps, la né­ces­sité de chan­ger fré­quem­ment de place, pour al­ler cher­cher au loin d’abondants pâ­tu­rages, de­vait contra­rier non moins sou­vent les amours nais­santes : «Déjà deux jeunes cœurs lan­guis­saient l’un pour l’autre; déjà leurs sou­pirs, aussi brû­lants que l’air en­flammé du dé­sert, al­laient se confondre, lorsqu’un chef donne l’ordre de le­ver les tentes; la jeune fille, ti­mide, s’éloigne len­te­ment en dé­vo­rant ses larmes, et son amant, resté seul en proie à sa , vient gé­mir sur les traces de l’habitation de sa bien-ai­mée; ou c’est l’ des qui s’oppose à leur al­liance, en les li­vrant au plus sombre déses­poir» 2. Tel fut le sort qu’éprouvèrent en Ara­bie Ma­j­nûn et Laylâ, mais aussi Ja­mîl et Bu­thayna, Ku­thayyir et ‘Azza, etc.

  1. Par­fois tra­duit «Mec­nun et Leylâ», «Me­gnoun et Leï­leh», «Ma­gnoun et Leïla», «Med­j­noun et Leïlé», «Med­jnūn et Leylā», «Mad­j­noûn et Leylî», «Mad­j­noune et Leily», «Mad­sch­nun et Leila», «Med­sch­nun et Leila», «Med­sch­noun et Leila», «Ma­j­noon et Leili», «Med­gnoun et Lei­leh», «Me­j­noûn et Laïla», «Mad­j­non et Lalé», «Ma­j­noune et Leyla», «Maǧnūn et Laylā», «Ma­j­noun et Laili», «Mu­j­noon et Laili» ou «May­nun et Layla». Icône Haut
  1. , «Pré­face au “Med­j­noun et Leïlâ” de Djâmî». Icône Haut