Il s’agit des « Misérables » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »
roman
Hugo, « Les Misérables. Tome III »
Il s’agit des « Misérables » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »
Hugo, « Les Misérables. Tome II »
Il s’agit des « Misérables » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »
Hugo, « Les Misérables. Tome I »
Il s’agit des « Misérables » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »
Béliaev, « La Tête du professeur Dowell : roman »
Il s’agit du roman « La Tête du professeur Dowell » d’Alexandre Béliaev 1, un des seuls écrivains soviétiques à avoir consacré toute son œuvre à la science-fiction. Il y a un épisode tragique dans la vie de Béliaev sans lequel nous ne comprendrions jamais que la moitié de cet écrivain ; sans lequel un côté de cet homme nous échapperait toujours. Un après-midi, le garçon qui portait le prénom ordinaire d’Alexandre, eut le désir extraordinaire de s’envoler dans les airs. Aussitôt décidé, aussitôt fait. Il attacha des balais à ses bras, monta sur le toit de la grange, et presque sans hésitation… sauta en bas. Loin de trouver le saut désagréable, il en fit, tout excité, un second et un troisième ; mais au dernier, il se fractura la colonne vertébrale et fut cloué au lit. Il sembla en voie de guérison ; mais en 1916 se déclara une tuberculose osseuse — maladie grave, dont les attaques douloureuses l’obligèrent à porter un corset orthopédique jusqu’à la fin de sa vie. Rien ne put arrêter, cependant, l’envol de son imagination. Affranchir les hommes des limites que la nature leur a posées, dans l’espoir — illusoire sans doute — que cet affranchissement les rendrait maîtres de leur destin, telle fut l’ambition de Béliaev enfermé entre les quatre murs de sa chambre d’hôpital. Ainsi, « La Tête du professeur Dowell » (« Golova professora Doouélia » 2) débarrasse l’esprit humain du corps ; « L’Homme qui ne dort jamais » (« Tchélovek, kotoryi né spit » 3) le libère du sommeil ; « Le Maître du monde » (« Vlastéline mira » 4) envisage la brillante perspective de l’homme devenu télépathe ; « L’Homme amphibie » (« Tchélovek-amfibia » 5) décrit le premier poisson parmi les hommes ou le premier homme parmi les poissons : « L’idée est toujours la même », dit Béliaev dans ce roman, son plus important et son plus célèbre, « l’être humain n’est pas parfait. Tout en ayant acquis au cours de l’évolution bon nombre d’avantages en comparaison de ses prédateurs animaux, [il] a dans le même temps perdu beaucoup de ce qu’il possédait dans les stades plus anciens de son développement… Pourquoi ne pas rendre à l’être humain [ces] facultés ? »
Gorgâni, « Le Roman de “Wîs et Râmîn” »
éd. Les Belles Lettres, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Traduction de textes persans, Paris
Il s’agit du « Wîs et Râmîn » 1 de Fakhr-od-Dîn As’ad Gorgâni 2. Gorgâni est le créateur du roman courtois en langue persane. On doit reconnaître que souvent les préciosités et l’afféterie qui dominent son style l’ont desservi, mais il serait injuste de le confondre avec les auteurs à peu près oubliés. Il a beaucoup de leurs défauts, mais ils n’ont aucune de ses beautés. Le « Wîs et Râmîn » servit à embellir les œuvres de Nezâmî et de Roûmî. Peut-on douter qu’un homme qui rendit ce service n’eût quelque génie ? « Si tu es Râmîn », dit Roûmî 3, « ne cherche rien d’autre que ta Wîs ! C’est ton “moi” essentiel qui est ta Wîs et ta bien-aimée, et toutes ces choses extérieures ne sont pour toi que calamité. » Voici en quelle occasion Gorgâni composa ce roman qui offre de grandes analogies avec un autre roman que ses versions en diverses langues ont rendu célèbre en Occident : « Tristan et Iseut ». Entre les années 1049 et 1055, Gorgâni se rendit dans la ville d’Ispahan, à la requête d’Abou’l-Fath, gouverneur de cette ville 4. Abou’l-Fath adressa la parole au poète, qui s’en trouva très honoré, et il lui dit : « Reste avec nous cet hiver et ne pense pas au Kouhestân. Au printemps, quand l’univers se rénovera, quand l’atmosphère s’adoucira, tu t’en iras ; je te ferai cadeau du nécessaire, rien ne te manquera ». Un mois après, il lui dit : « Quel est ton avis sur la légende de “Wîs et Râmîn” ? On dit que c’est une fort belle chose ; dans ce pays, tous l’aiment ». Gorgâni répondit : « En effet, c’est une fort jolie légende, colligée par six érudits. Je ne connais pas meilleure histoire ; on dirait un charmant jardin. Mais elle est écrite en langue pehlvi 5, et ceux qui la lisent ne peuvent l’expliquer ; car un chacun ne lit pas bien cette langue, et si même il la lit bien, il n’en comprend pas le sens… Mais si un écrivain capable s’y appliquait, cette histoire serait aussi belle qu’un trésor plein de joyaux, car elle est renommée, possède originalités sans nombre en ses diverses parties ». Ayant entendu ce discours, Abou’l-Fath demanda au poète d’aller écrire cette légende avec la plume de l’éloquence, la faire vivre par son souffle, l’animer de métaphores enchâssées çà et là dans le récit « comme des perles dignes des rois enchâssées dans l’or »
- En persan « ویس و رامین ». Parfois traduit « Veïs et Ramin », « Veïçeh et Ramin », « Wéissé et Ramin », « Weise et Ramin », « Veisse et Ramin », « Viz et Ramin », « Vis et Raminn » ou « Wis et Râmmin ».
- En persan فخرالدین اسعد گرگانی. Parfois transcrit Faḵr al-Din As‘ad Gorgāni, Fachr-uddīn As’ad Dschurdschānī, Fakhr Eddin Essaad Djourdjani, Fakhr-uddin Asad Jurjani, Fakhroddin Asaad Gorgani, Fakhr ad-Din Asad Gurgāni ou Fakhré-aldin-assad Gorgâni.
- « Mathnawî », liv. III, v. 228-229.
- Le même que celui décrit dans le « Safar-nâmeh » : « Le sultan Togrul Beg le Seldjoukide (que Dieu lui fasse miséricorde !) avait établi comme gouverneur à Ispahan, après qu’il s’en fut rendu maître, un homme encore jeune, originaire de Nichapour et qui avait une grande habileté comme secrétaire et comme calligraphe ; son caractère était calme et sa physionomie agréable » (p. 253-254).
- Ancienne langue de l’Iran, formée par le mélange de l’idiome des Perses (peuple aryen) et des Babyloniens (peuple sémitique).
Ayyûqî, « Le Roman de “Varqe et Golšâh” »
dans « Arts asiatiques », vol. 22, p. 1-264
Il s’agit du « Varqe et Golšâh » (« Varqe va Golšâh » 1), le premier roman d’amour persan (XIe siècle apr. J.-C.). Jusqu’à récemment, les orientalistes se demandaient si le « Varqe et Golšâh » avait jamais été mis par écrit, ou s’il avait uniquement existé à l’état de tradition orale ; de l’auteur, ils ignoraient même le nom. Mais la découverte récente d’un manuscrit de l’ouvrage au Palais de Topkapı, à Istanbul, mit fin aux incertitudes et aux doutes. Il s’ouvre par le panégyrique d’un certain sultan Mahmûd, auquel il est dédié :
« Ô Ayyûqî, si tu as quelque intelligence et quelque entendement
Mets-les au service de l’art du panégyrique
Recherche de tout cœur la bienveillance [du] sultan [conquérant]
Chante de toute ton âme la louange de sultan Mahmûd » 2.
Le poète, dont le nom ou le surnom est Ayyûqî 3, ainsi que le montre cet extrait, a mis en vers un récit pour le présenter au souverain. C’est celui de deux jeunes gens nés le même jour et élevés ensemble, qui s’éprennent l’un de l’autre, puis qui sont séparés par des différences de rang et de situation, et réunis après de terribles épreuves. Le poète dit lui-même que « cette histoire étonnante [est] prise des histoires en langue arabe et des livres arabes » ; et en effet, une histoire analogue, mais beaucoup moins développée, est rapportée dans le « Livre des chants » d’Abû al-Faraj. Le style du roman persan est coulant, marqué par les répétitions, émaillé d’expressions d’allure populaire ; c’est probablement la raison de son succès dans les pays turcophones, auquel il doit sa survie. « Une analyse rapide montre qu’Ayyûqî l’a… tissé de thèmes que l’on retrouve ailleurs, par exemple dans le… roman courtois le plus ancien, “Wîs et Râmîn”, composé par Gorgâni vers le milieu du XIe siècle. Les deux romans relatent l’aventure d’adolescents qui s’éprennent d’amour pour avoir été élevés ensemble. Chaque fois, la jeune fille est donnée en mariage à un prince qu’elle n’aime point, pour des raisons de convenance, et se soustrait à l’acte nuptial. On retrouve l’anecdote du souverain à qui on l’a refusée, et qui l’enlève. Celle du jeune amant qui part en quête de l’aimée et parvient au château où elle est retenue », dit M. Assadullah Souren Melikian-Chirvani
Malot, « La Petite Sœur »
Il s’agit de « La Petite Sœur » d’Hector Malot, romancier français (XIXe siècle), dont la grande malchance fut d’avoir surgi entre Balzac et Zola, deux génies qui firent de l’ombre au sien. « Mais par la puissance de son observation, par sa compréhension de la vie, ses lumineuses et fécondes idées d’équité, de vérité et d’humanité, par l’habile enchaînement de ses récits… il est leur égal à tous deux », dit une journaliste 1, « et la postérité — si elle est juste et si elle en a le loisir — le mettra à sa véritable place, sur le même sommet qu’occupent l’historien de la “Comédie humaine” et celui des “Rougon-Macquart”. Et puis, quel ferme et superbe caractère que Malot ! Quel désintéressement ! » Malot naquit en 1830 près de Rouen. Son père, qui était notaire, le destinait à la même carrière. C’est miracle que les manuels de jurisprudence qu’il faisait avaler à son fils ne l’aient pas à jamais dégoûté de la lecture. Heureusement, dans un grenier de la maison, jetés en tas, se trouvaient de vieux classiques, qu’avait relégués là leur couverture usée : le « Roland furieux » de l’Arioste ; le « Gil Blas » de Lesage ; un Molière complet ; un tome de Racine. Et ceux-là, un jour que Malot en avait ouvert un au hasard, l’empêchèrent de croire que tous les livres étaient des manuels de jurisprudence. « Combien d’heures », dit-il 2, « ils m’ont fait passer sous l’ardoise surchauffée ou glacée, charmé, ravi, l’esprit éveillé, l’imagination allumée par une étincelle qui ne s’est pas éteinte ! Sans eux, aurais-je jamais fait des romans ? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais bien, c’est qu’ils m’ont donné l’idée d’en écrire pour ceux qui pouvaient souffrir, comme je l’avais souffert moi-même, le supplice des livres ennuyeux. »
- « Le Roman de mes romans », p. 24-25.
Malot, « Un Curé de province »
Il s’agit d’« Un Curé de province » d’Hector Malot, romancier français (XIXe siècle), dont la grande malchance fut d’avoir surgi entre Balzac et Zola, deux génies qui firent de l’ombre au sien. « Mais par la puissance de son observation, par sa compréhension de la vie, ses lumineuses et fécondes idées d’équité, de vérité et d’humanité, par l’habile enchaînement de ses récits… il est leur égal à tous deux », dit une journaliste 1, « et la postérité — si elle est juste et si elle en a le loisir — le mettra à sa véritable place, sur le même sommet qu’occupent l’historien de la “Comédie humaine” et celui des “Rougon-Macquart”. Et puis, quel ferme et superbe caractère que Malot ! Quel désintéressement ! » Malot naquit en 1830 près de Rouen. Son père, qui était notaire, le destinait à la même carrière. C’est miracle que les manuels de jurisprudence qu’il faisait avaler à son fils ne l’aient pas à jamais dégoûté de la lecture. Heureusement, dans un grenier de la maison, jetés en tas, se trouvaient de vieux classiques, qu’avait relégués là leur couverture usée : le « Roland furieux » de l’Arioste ; le « Gil Blas » de Lesage ; un Molière complet ; un tome de Racine. Et ceux-là, un jour que Malot en avait ouvert un au hasard, l’empêchèrent de croire que tous les livres étaient des manuels de jurisprudence. « Combien d’heures », dit-il 2, « ils m’ont fait passer sous l’ardoise surchauffée ou glacée, charmé, ravi, l’esprit éveillé, l’imagination allumée par une étincelle qui ne s’est pas éteinte ! Sans eux, aurais-je jamais fait des romans ? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais bien, c’est qu’ils m’ont donné l’idée d’en écrire pour ceux qui pouvaient souffrir, comme je l’avais souffert moi-même, le supplice des livres ennuyeux. »
- « Le Roman de mes romans », p. 24-25.
Lindgren, « Les Frères Cœur-de-lion »
éd. Le Livre de poche jeunesse, Paris
Il s’agit des « Frères Cœur-de-lion » (« Bröderna Lejonhjärta ») de Mme Astrid Lindgren, la grande dame de la littérature pour enfants, la créatrice de la gamine la plus effrontée sortie de l’imagination suédoise : Fifi Brindacier. Aucun auteur suédois n’a été traduit en autant de langues que Mme Lindgren. On raconte que M. Boris Pankine 1, ambassadeur d’U.R.S.S. à Stockholm, confia un jour à l’écrivaine que presque tous les foyers soviétiques comptaient deux livres : son « Karlsson sur le toit » et la Bible ; ce à quoi elle répliqua : « Comme c’est étrange ! J’ignorais totalement que la Bible était si populaire ! » 2 C’est en 1940 ou 1941 que Fifi Brindacier vit le jour comme personnage de fiction, au moment où l’Allemagne faisait main basse sur l’Europe, semblable à « un monstre maléfique qui, à intervalles réguliers, sort de son trou pour se précipiter sur une nouvelle victime » 3. Le sang coulait, les gens revenaient mutilés, tout n’était que malheur et désespoir. Et malgré les mille raisons d’être découragée face à l’avenir de notre humanité, Mme Lindgren ne pouvait s’empêcher d’éprouver un certain optimisme quand elle voyait les personnes de demain : les enfants, les gamins. Ils étaient « joyeux, sincères et sûrs d’eux, et ce, comme aucune génération précédente ne l’a été » 4. Mme Lindgren comprit, alors, que l’avenir du monde dormait dans les chambres des enfants. C’est là que tout se jouait pour que les hommes et les femmes de demain deviennent des esprits sains et bienveillants, qui voient le monde tel qu’il est, qui en connaissent la beauté. Le succès de Mme Lindgren tient à cette foi. L’amour qu’elle porte aux faibles et aux opprimés lui vaut également le respect des petits et des grands. Beaucoup de ses récits ont pour cadre des bourgades ressemblant à sa bourgade natale. Mais il ne s’agit là que du cadre. Car l’essence de ses récits réside dans l’imagination débordante de l’enfant solitaire — ce territoire intérieur où nul ne peut plus être traqué, où la liberté seule est possible. « Je veux écrire pour des lecteurs qui savent créer des miracles. Les enfants savent créer des miracles en lisant », dit-elle 5. De même que toute perfection, dans n’importe quel genre, dépasse les limites de ce genre et devient quelque chose d’incomparable ; de même, les ouvrages de Mme Lindgren dépassent les limites étroites de la littérature pour la jeunesse. Ce sont des leçons de liberté pour tous les âges et tous les siècles : « : Liberté ! Car sans liberté, la fleur du poème fanera où qu’elle pousse » 6.
- En russe Борис Дмитриевич Панкин.
- Dans « Dossier : Astrid Lindgren ».
- Dans Jens Andersen, « Astrid Lindgren ».
Lindgren, « Mio, mon Mio »
éd. Le Livre de poche jeunesse, Paris
Il s’agit de « Mio, mon Mio » (« Mio, min Mio ») de Mme Astrid Lindgren, la grande dame de la littérature pour enfants, la créatrice de la gamine la plus effrontée sortie de l’imagination suédoise : Fifi Brindacier. Aucun auteur suédois n’a été traduit en autant de langues que Mme Lindgren. On raconte que M. Boris Pankine 1, ambassadeur d’U.R.S.S. à Stockholm, confia un jour à l’écrivaine que presque tous les foyers soviétiques comptaient deux livres : son « Karlsson sur le toit » et la Bible ; ce à quoi elle répliqua : « Comme c’est étrange ! J’ignorais totalement que la Bible était si populaire ! » 2 C’est en 1940 ou 1941 que Fifi Brindacier vit le jour comme personnage de fiction, au moment où l’Allemagne faisait main basse sur l’Europe, semblable à « un monstre maléfique qui, à intervalles réguliers, sort de son trou pour se précipiter sur une nouvelle victime » 3. Le sang coulait, les gens revenaient mutilés, tout n’était que malheur et désespoir. Et malgré les mille raisons d’être découragée face à l’avenir de notre humanité, Mme Lindgren ne pouvait s’empêcher d’éprouver un certain optimisme quand elle voyait les personnes de demain : les enfants, les gamins. Ils étaient « joyeux, sincères et sûrs d’eux, et ce, comme aucune génération précédente ne l’a été » 4. Mme Lindgren comprit, alors, que l’avenir du monde dormait dans les chambres des enfants. C’est là que tout se jouait pour que les hommes et les femmes de demain deviennent des esprits sains et bienveillants, qui voient le monde tel qu’il est, qui en connaissent la beauté. Le succès de Mme Lindgren tient à cette foi. L’amour qu’elle porte aux faibles et aux opprimés lui vaut également le respect des petits et des grands. Beaucoup de ses récits ont pour cadre des bourgades ressemblant à sa bourgade natale. Mais il ne s’agit là que du cadre. Car l’essence de ses récits réside dans l’imagination débordante de l’enfant solitaire — ce territoire intérieur où nul ne peut plus être traqué, où la liberté seule est possible. « Je veux écrire pour des lecteurs qui savent créer des miracles. Les enfants savent créer des miracles en lisant », dit-elle 5. De même que toute perfection, dans n’importe quel genre, dépasse les limites de ce genre et devient quelque chose d’incomparable ; de même, les ouvrages de Mme Lindgren dépassent les limites étroites de la littérature pour la jeunesse. Ce sont des leçons de liberté pour tous les âges et tous les siècles : « : Liberté ! Car sans liberté, la fleur du poème fanera où qu’elle pousse » 6.
- En russe Борис Дмитриевич Панкин.
- Dans « Dossier : Astrid Lindgren ».
- Dans Jens Andersen, « Astrid Lindgren ».
Lindgren, « Ronya, fille de brigand »
éd. Hachette jeunesse, Paris
Il s’agit de « Ronya, fille de brigand » (« Ronja Rövardotter ») de Mme Astrid Lindgren, la grande dame de la littérature pour enfants, la créatrice de la gamine la plus effrontée sortie de l’imagination suédoise : Fifi Brindacier. Aucun auteur suédois n’a été traduit en autant de langues que Mme Lindgren. On raconte que M. Boris Pankine 1, ambassadeur d’U.R.S.S. à Stockholm, confia un jour à l’écrivaine que presque tous les foyers soviétiques comptaient deux livres : son « Karlsson sur le toit » et la Bible ; ce à quoi elle répliqua : « Comme c’est étrange ! J’ignorais totalement que la Bible était si populaire ! » 2 C’est en 1940 ou 1941 que Fifi Brindacier vit le jour comme personnage de fiction, au moment où l’Allemagne faisait main basse sur l’Europe, semblable à « un monstre maléfique qui, à intervalles réguliers, sort de son trou pour se précipiter sur une nouvelle victime » 3. Le sang coulait, les gens revenaient mutilés, tout n’était que malheur et désespoir. Et malgré les mille raisons d’être découragée face à l’avenir de notre humanité, Mme Lindgren ne pouvait s’empêcher d’éprouver un certain optimisme quand elle voyait les personnes de demain : les enfants, les gamins. Ils étaient « joyeux, sincères et sûrs d’eux, et ce, comme aucune génération précédente ne l’a été » 4. Mme Lindgren comprit, alors, que l’avenir du monde dormait dans les chambres des enfants. C’est là que tout se jouait pour que les hommes et les femmes de demain deviennent des esprits sains et bienveillants, qui voient le monde tel qu’il est, qui en connaissent la beauté. Le succès de Mme Lindgren tient à cette foi. L’amour qu’elle porte aux faibles et aux opprimés lui vaut également le respect des petits et des grands. Beaucoup de ses récits ont pour cadre des bourgades ressemblant à sa bourgade natale. Mais il ne s’agit là que du cadre. Car l’essence de ses récits réside dans l’imagination débordante de l’enfant solitaire — ce territoire intérieur où nul ne peut plus être traqué, où la liberté seule est possible. « Je veux écrire pour des lecteurs qui savent créer des miracles. Les enfants savent créer des miracles en lisant », dit-elle 5. De même que toute perfection, dans n’importe quel genre, dépasse les limites de ce genre et devient quelque chose d’incomparable ; de même, les ouvrages de Mme Lindgren dépassent les limites étroites de la littérature pour la jeunesse. Ce sont des leçons de liberté pour tous les âges et tous les siècles : « : Liberté ! Car sans liberté, la fleur du poème fanera où qu’elle pousse » 6.
- En russe Борис Дмитриевич Панкин.
- Dans « Dossier : Astrid Lindgren ».
- Dans Jens Andersen, « Astrid Lindgren ».
Lindgren, « Rasmus et le Vagabond »
Il s’agit de « Rasmus et le Vagabond » (« Rasmus på luffen ») de Mme Astrid Lindgren, la grande dame de la littérature pour enfants, la créatrice de la gamine la plus effrontée sortie de l’imagination suédoise : Fifi Brindacier. Aucun auteur suédois n’a été traduit en autant de langues que Mme Lindgren. On raconte que M. Boris Pankine 1, ambassadeur d’U.R.S.S. à Stockholm, confia un jour à l’écrivaine que presque tous les foyers soviétiques comptaient deux livres : son « Karlsson sur le toit » et la Bible ; ce à quoi elle répliqua : « Comme c’est étrange ! J’ignorais totalement que la Bible était si populaire ! » 2 C’est en 1940 ou 1941 que Fifi Brindacier vit le jour comme personnage de fiction, au moment où l’Allemagne faisait main basse sur l’Europe, semblable à « un monstre maléfique qui, à intervalles réguliers, sort de son trou pour se précipiter sur une nouvelle victime » 3. Le sang coulait, les gens revenaient mutilés, tout n’était que malheur et désespoir. Et malgré les mille raisons d’être découragée face à l’avenir de notre humanité, Mme Lindgren ne pouvait s’empêcher d’éprouver un certain optimisme quand elle voyait les personnes de demain : les enfants, les gamins. Ils étaient « joyeux, sincères et sûrs d’eux, et ce, comme aucune génération précédente ne l’a été » 4. Mme Lindgren comprit, alors, que l’avenir du monde dormait dans les chambres des enfants. C’est là que tout se jouait pour que les hommes et les femmes de demain deviennent des esprits sains et bienveillants, qui voient le monde tel qu’il est, qui en connaissent la beauté. Le succès de Mme Lindgren tient à cette foi. L’amour qu’elle porte aux faibles et aux opprimés lui vaut également le respect des petits et des grands. Beaucoup de ses récits ont pour cadre des bourgades ressemblant à sa bourgade natale. Mais il ne s’agit là que du cadre. Car l’essence de ses récits réside dans l’imagination débordante de l’enfant solitaire — ce territoire intérieur où nul ne peut plus être traqué, où la liberté seule est possible. « Je veux écrire pour des lecteurs qui savent créer des miracles. Les enfants savent créer des miracles en lisant », dit-elle 5. De même que toute perfection, dans n’importe quel genre, dépasse les limites de ce genre et devient quelque chose d’incomparable ; de même, les ouvrages de Mme Lindgren dépassent les limites étroites de la littérature pour la jeunesse. Ce sont des leçons de liberté pour tous les âges et tous les siècles : « : Liberté ! Car sans liberté, la fleur du poème fanera où qu’elle pousse » 6.
- En russe Борис Дмитриевич Панкин.
- Dans « Dossier : Astrid Lindgren ».
- Dans Jens Andersen, « Astrid Lindgren ».