Il s’agit de « Démétrius » de Friedrich Schiller 1, poète et dramaturge allemand (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se reconnaît immédiatement comme sienne par un mélange particulier qui tient à la poésie par les passions et à la philosophie par le goût pour les réflexions — un mélange qui a tant imprégné l’art dramatique en Allemagne « que depuis lors il est difficile de parler, de s’exprimer au théâtre sans “faire du Schiller” » 2. L’inclination de Schiller pour le théâtre allait, pourtant, à l’encontre des lois de l’École militaire où il fut éduqué. Huit années durant, son enthousiasme lutta contre la discipline que lui imposaient ses instituteurs. La surveillance, l’uniformité répétée des mêmes gestes, les punitions corporelles qui suivaient de près les menaces, blessaient profondément un jeune homme qui sentait en lui-même des penchants plus élevés, plus purs et plus divins que la direction où il était poussé de force. Elles auraient dû étouffer sa passion pour le théâtre ; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. « Les Brigands » qu’il écrivit en cachette étant élève révélèrent au monde un poète universel à l’intelligence trop étendue pour voir les limites de l’humanité dans les frontières de sa patrie : « J’écris en citoyen du monde qui ne sert aucun prince. J’ai perdu, jeune, ma patrie pour l’échanger contre le vaste monde… », dit-il 3. Combien il est singulier, d’ailleurs, que les pièces de Schiller promènent aux quatre coins de l’Europe et se fassent toujours les interprètes du patriotisme d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Don Carlos », la France avec « La Pucelle d’Orléans », la Suisse avec « Guillaume Tell », l’Écosse avec « Marie Stuart ». Quand la mort vint le saisir, il travaillait encore à « Démétrius », dont il avait installé l’intrigue dans une Russie où il n’était pas davantage allé que dans les autres pays. Il n’y a que « Wallenstein » qui soit réellement allemand ; mais non pas l’Allemagne moderne, celle du Saint-Empire. « Citoyen de l’univers qui accueille dans sa famille tous les visages humains et embrasse avec fraternité l’intérêt collectif, je me sens appelé à poursuivre l’homme derrière tous les décors de la vie en société, à le rechercher dans tous les cercles, et si je puis employer cette image, à poser sur son cœur l’aiguille de la boussole », dit-il 4. On comprend pourquoi la République française nouvellement établie, qui appelait l’humanité à venir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les nations le titre de citoyen français par un décret signé par Danton en 1792.
homme
Schiller, « La Fiancée de Messine, ou les Frères ennemis : tragédie avec chœurs »
éd. Aubier-Montaigne, coll. bilingue des classiques étrangers, Paris
Il s’agit de « La Fiancée de Messine » (« Die Braut von Messina ») de Friedrich Schiller 1, poète et dramaturge allemand (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se reconnaît immédiatement comme sienne par un mélange particulier qui tient à la poésie par les passions et à la philosophie par le goût pour les réflexions — un mélange qui a tant imprégné l’art dramatique en Allemagne « que depuis lors il est difficile de parler, de s’exprimer au théâtre sans “faire du Schiller” » 2. L’inclination de Schiller pour le théâtre allait, pourtant, à l’encontre des lois de l’École militaire où il fut éduqué. Huit années durant, son enthousiasme lutta contre la discipline que lui imposaient ses instituteurs. La surveillance, l’uniformité répétée des mêmes gestes, les punitions corporelles qui suivaient de près les menaces, blessaient profondément un jeune homme qui sentait en lui-même des penchants plus élevés, plus purs et plus divins que la direction où il était poussé de force. Elles auraient dû étouffer sa passion pour le théâtre ; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. « Les Brigands » qu’il écrivit en cachette étant élève révélèrent au monde un poète universel à l’intelligence trop étendue pour voir les limites de l’humanité dans les frontières de sa patrie : « J’écris en citoyen du monde qui ne sert aucun prince. J’ai perdu, jeune, ma patrie pour l’échanger contre le vaste monde… », dit-il 3. Combien il est singulier, d’ailleurs, que les pièces de Schiller promènent aux quatre coins de l’Europe et se fassent toujours les interprètes du patriotisme d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Don Carlos », la France avec « La Pucelle d’Orléans », la Suisse avec « Guillaume Tell », l’Écosse avec « Marie Stuart ». Quand la mort vint le saisir, il travaillait encore à « Démétrius », dont il avait installé l’intrigue dans une Russie où il n’était pas davantage allé que dans les autres pays. Il n’y a que « Wallenstein » qui soit réellement allemand ; mais non pas l’Allemagne moderne, celle du Saint-Empire. « Citoyen de l’univers qui accueille dans sa famille tous les visages humains et embrasse avec fraternité l’intérêt collectif, je me sens appelé à poursuivre l’homme derrière tous les décors de la vie en société, à le rechercher dans tous les cercles, et si je puis employer cette image, à poser sur son cœur l’aiguille de la boussole », dit-il 4. On comprend pourquoi la République française nouvellement établie, qui appelait l’humanité à venir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les nations le titre de citoyen français par un décret signé par Danton en 1792.
Schiller, « Guillaume Tell : tragédie en cinq actes »
Il s’agit de « Guillaume Tell » (« Wilhelm Tell ») de Friedrich Schiller 1, poète et dramaturge allemand (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se reconnaît immédiatement comme sienne par un mélange particulier qui tient à la poésie par les passions et à la philosophie par le goût pour les réflexions — un mélange qui a tant imprégné l’art dramatique en Allemagne « que depuis lors il est difficile de parler, de s’exprimer au théâtre sans “faire du Schiller” » 2. L’inclination de Schiller pour le théâtre allait, pourtant, à l’encontre des lois de l’École militaire où il fut éduqué. Huit années durant, son enthousiasme lutta contre la discipline que lui imposaient ses instituteurs. La surveillance, l’uniformité répétée des mêmes gestes, les punitions corporelles qui suivaient de près les menaces, blessaient profondément un jeune homme qui sentait en lui-même des penchants plus élevés, plus purs et plus divins que la direction où il était poussé de force. Elles auraient dû étouffer sa passion pour le théâtre ; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. « Les Brigands » qu’il écrivit en cachette étant élève révélèrent au monde un poète universel à l’intelligence trop étendue pour voir les limites de l’humanité dans les frontières de sa patrie : « J’écris en citoyen du monde qui ne sert aucun prince. J’ai perdu, jeune, ma patrie pour l’échanger contre le vaste monde… », dit-il 3. Combien il est singulier, d’ailleurs, que les pièces de Schiller promènent aux quatre coins de l’Europe et se fassent toujours les interprètes du patriotisme d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Don Carlos », la France avec « La Pucelle d’Orléans », la Suisse avec « Guillaume Tell », l’Écosse avec « Marie Stuart ». Quand la mort vint le saisir, il travaillait encore à « Démétrius », dont il avait installé l’intrigue dans une Russie où il n’était pas davantage allé que dans les autres pays. Il n’y a que « Wallenstein » qui soit réellement allemand ; mais non pas l’Allemagne moderne, celle du Saint-Empire. « Citoyen de l’univers qui accueille dans sa famille tous les visages humains et embrasse avec fraternité l’intérêt collectif, je me sens appelé à poursuivre l’homme derrière tous les décors de la vie en société, à le rechercher dans tous les cercles, et si je puis employer cette image, à poser sur son cœur l’aiguille de la boussole », dit-il 4. On comprend pourquoi la République française nouvellement établie, qui appelait l’humanité à venir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les nations le titre de citoyen français par un décret signé par Danton en 1792.
Schiller, « Wallenstein : poème dramatique »
éd. L. Mazenod, coll. Les Écrivains célèbres-Le Romantisme, Paris
Il s’agit de « Wallenstein » 1 de Friedrich Schiller 2, poète et dramaturge allemand (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se reconnaît immédiatement comme sienne par un mélange particulier qui tient à la poésie par les passions et à la philosophie par le goût pour les réflexions — un mélange qui a tant imprégné l’art dramatique en Allemagne « que depuis lors il est difficile de parler, de s’exprimer au théâtre sans “faire du Schiller” » 3. L’inclination de Schiller pour le théâtre allait, pourtant, à l’encontre des lois de l’École militaire où il fut éduqué. Huit années durant, son enthousiasme lutta contre la discipline que lui imposaient ses instituteurs. La surveillance, l’uniformité répétée des mêmes gestes, les punitions corporelles qui suivaient de près les menaces, blessaient profondément un jeune homme qui sentait en lui-même des penchants plus élevés, plus purs et plus divins que la direction où il était poussé de force. Elles auraient dû étouffer sa passion pour le théâtre ; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. « Les Brigands » qu’il écrivit en cachette étant élève révélèrent au monde un poète universel à l’intelligence trop étendue pour voir les limites de l’humanité dans les frontières de sa patrie : « J’écris en citoyen du monde qui ne sert aucun prince. J’ai perdu, jeune, ma patrie pour l’échanger contre le vaste monde… », dit-il 4. Combien il est singulier, d’ailleurs, que les pièces de Schiller promènent aux quatre coins de l’Europe et se fassent toujours les interprètes du patriotisme d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Don Carlos », la France avec « La Pucelle d’Orléans », la Suisse avec « Guillaume Tell », l’Écosse avec « Marie Stuart ». Quand la mort vint le saisir, il travaillait encore à « Démétrius », dont il avait installé l’intrigue dans une Russie où il n’était pas davantage allé que dans les autres pays. Il n’y a que « Wallenstein » qui soit réellement allemand ; mais non pas l’Allemagne moderne, celle du Saint-Empire. « Citoyen de l’univers qui accueille dans sa famille tous les visages humains et embrasse avec fraternité l’intérêt collectif, je me sens appelé à poursuivre l’homme derrière tous les décors de la vie en société, à le rechercher dans tous les cercles, et si je puis employer cette image, à poser sur son cœur l’aiguille de la boussole », dit-il 5. On comprend pourquoi la République française nouvellement établie, qui appelait l’humanité à venir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les nations le titre de citoyen français par un décret signé par Danton en 1792.
Schiller, « Don Carlos »
Il s’agit de « Don Carlos » (« Don Karlos ») de Friedrich Schiller 1, poète et dramaturge allemand (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se reconnaît immédiatement comme sienne par un mélange particulier qui tient à la poésie par les passions et à la philosophie par le goût pour les réflexions — un mélange qui a tant imprégné l’art dramatique en Allemagne « que depuis lors il est difficile de parler, de s’exprimer au théâtre sans “faire du Schiller” » 2. L’inclination de Schiller pour le théâtre allait, pourtant, à l’encontre des lois de l’École militaire où il fut éduqué. Huit années durant, son enthousiasme lutta contre la discipline que lui imposaient ses instituteurs. La surveillance, l’uniformité répétée des mêmes gestes, les punitions corporelles qui suivaient de près les menaces, blessaient profondément un jeune homme qui sentait en lui-même des penchants plus élevés, plus purs et plus divins que la direction où il était poussé de force. Elles auraient dû étouffer sa passion pour le théâtre ; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. « Les Brigands » qu’il écrivit en cachette étant élève révélèrent au monde un poète universel à l’intelligence trop étendue pour voir les limites de l’humanité dans les frontières de sa patrie : « J’écris en citoyen du monde qui ne sert aucun prince. J’ai perdu, jeune, ma patrie pour l’échanger contre le vaste monde… », dit-il 3. Combien il est singulier, d’ailleurs, que les pièces de Schiller promènent aux quatre coins de l’Europe et se fassent toujours les interprètes du patriotisme d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Don Carlos », la France avec « La Pucelle d’Orléans », la Suisse avec « Guillaume Tell », l’Écosse avec « Marie Stuart ». Quand la mort vint le saisir, il travaillait encore à « Démétrius », dont il avait installé l’intrigue dans une Russie où il n’était pas davantage allé que dans les autres pays. Il n’y a que « Wallenstein » qui soit réellement allemand ; mais non pas l’Allemagne moderne, celle du Saint-Empire. « Citoyen de l’univers qui accueille dans sa famille tous les visages humains et embrasse avec fraternité l’intérêt collectif, je me sens appelé à poursuivre l’homme derrière tous les décors de la vie en société, à le rechercher dans tous les cercles, et si je puis employer cette image, à poser sur son cœur l’aiguille de la boussole », dit-il 4. On comprend pourquoi la République française nouvellement établie, qui appelait l’humanité à venir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les nations le titre de citoyen français par un décret signé par Danton en 1792.
Schiller, « Marie Stuart »
éd. Aubier, coll. bilingue des classiques étrangers, Paris
Il s’agit de « Marie Stuart » (« Maria Stuart ») de Friedrich Schiller 1, poète et dramaturge allemand (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se reconnaît immédiatement comme sienne par un mélange particulier qui tient à la poésie par les passions et à la philosophie par le goût pour les réflexions — un mélange qui a tant imprégné l’art dramatique en Allemagne « que depuis lors il est difficile de parler, de s’exprimer au théâtre sans “faire du Schiller” » 2. L’inclination de Schiller pour le théâtre allait, pourtant, à l’encontre des lois de l’École militaire où il fut éduqué. Huit années durant, son enthousiasme lutta contre la discipline que lui imposaient ses instituteurs. La surveillance, l’uniformité répétée des mêmes gestes, les punitions corporelles qui suivaient de près les menaces, blessaient profondément un jeune homme qui sentait en lui-même des penchants plus élevés, plus purs et plus divins que la direction où il était poussé de force. Elles auraient dû étouffer sa passion pour le théâtre ; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. « Les Brigands » qu’il écrivit en cachette étant élève révélèrent au monde un poète universel à l’intelligence trop étendue pour voir les limites de l’humanité dans les frontières de sa patrie : « J’écris en citoyen du monde qui ne sert aucun prince. J’ai perdu, jeune, ma patrie pour l’échanger contre le vaste monde… », dit-il 3. Combien il est singulier, d’ailleurs, que les pièces de Schiller promènent aux quatre coins de l’Europe et se fassent toujours les interprètes du patriotisme d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Don Carlos », la France avec « La Pucelle d’Orléans », la Suisse avec « Guillaume Tell », l’Écosse avec « Marie Stuart ». Quand la mort vint le saisir, il travaillait encore à « Démétrius », dont il avait installé l’intrigue dans une Russie où il n’était pas davantage allé que dans les autres pays. Il n’y a que « Wallenstein » qui soit réellement allemand ; mais non pas l’Allemagne moderne, celle du Saint-Empire. « Citoyen de l’univers qui accueille dans sa famille tous les visages humains et embrasse avec fraternité l’intérêt collectif, je me sens appelé à poursuivre l’homme derrière tous les décors de la vie en société, à le rechercher dans tous les cercles, et si je puis employer cette image, à poser sur son cœur l’aiguille de la boussole », dit-il 4. On comprend pourquoi la République française nouvellement établie, qui appelait l’humanité à venir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les nations le titre de citoyen français par un décret signé par Danton en 1792.
Schiller, « Les Brigands : drame en cinq actes »
Il s’agit des « Brigands » (« Die Räuber ») de Friedrich Schiller 1, poète et dramaturge allemand (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se reconnaît immédiatement comme sienne par un mélange particulier qui tient à la poésie par les passions et à la philosophie par le goût pour les réflexions — un mélange qui a tant imprégné l’art dramatique en Allemagne « que depuis lors il est difficile de parler, de s’exprimer au théâtre sans “faire du Schiller” » 2. L’inclination de Schiller pour le théâtre allait, pourtant, à l’encontre des lois de l’École militaire où il fut éduqué. Huit années durant, son enthousiasme lutta contre la discipline que lui imposaient ses instituteurs. La surveillance, l’uniformité répétée des mêmes gestes, les punitions corporelles qui suivaient de près les menaces, blessaient profondément un jeune homme qui sentait en lui-même des penchants plus élevés, plus purs et plus divins que la direction où il était poussé de force. Elles auraient dû étouffer sa passion pour le théâtre ; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. « Les Brigands » qu’il écrivit en cachette étant élève révélèrent au monde un poète universel à l’intelligence trop étendue pour voir les limites de l’humanité dans les frontières de sa patrie : « J’écris en citoyen du monde qui ne sert aucun prince. J’ai perdu, jeune, ma patrie pour l’échanger contre le vaste monde… », dit-il 3. Combien il est singulier, d’ailleurs, que les pièces de Schiller promènent aux quatre coins de l’Europe et se fassent toujours les interprètes du patriotisme d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Don Carlos », la France avec « La Pucelle d’Orléans », la Suisse avec « Guillaume Tell », l’Écosse avec « Marie Stuart ». Quand la mort vint le saisir, il travaillait encore à « Démétrius », dont il avait installé l’intrigue dans une Russie où il n’était pas davantage allé que dans les autres pays. Il n’y a que « Wallenstein » qui soit réellement allemand ; mais non pas l’Allemagne moderne, celle du Saint-Empire. « Citoyen de l’univers qui accueille dans sa famille tous les visages humains et embrasse avec fraternité l’intérêt collectif, je me sens appelé à poursuivre l’homme derrière tous les décors de la vie en société, à le rechercher dans tous les cercles, et si je puis employer cette image, à poser sur son cœur l’aiguille de la boussole », dit-il 4. On comprend pourquoi la République française nouvellement établie, qui appelait l’humanité à venir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les nations le titre de citoyen français par un décret signé par Danton en 1792.
Rosny, « Nell Horn de l’Armée du Salut »
Il s’agit de « Nell Horn de l’Armée du Salut » de Joseph-Henri Rosny. Sous le pseudonyme de Rosny se masque la collaboration littéraire entre deux frères : Joseph-Henri-Honoré Boëx et Séraphin-Justin-François Boëx. Ils naquirent, l’aîné en 1856, le jeune en 1859, d’une famille française, hollandaise et espagnole installée en Belgique. Ces origines diverses, leur instinct de curiosité, un âpre amour de la lutte — les Rosny étaient d’une rare vigueur musculaire —, leur hantise de la préhistoire, et jusque la fascination qu’exerçaient sur eux les terres inhospitalières et sauvages, firent naître chez eux le rêve de rejoindre les tribus indiennes qui hantaient encore les étendues lointaines du Canada. Londres d’abord et Paris ensuite n’étaient dans leur tête qu’une escale ; mais le destin les y fixa pour la vie et fit d’eux des prisonniers de ces villes tentaculaires que les Rosny allaient fouiller en profondeur, avec toute la passion que suscitent des contrées inconnues, des contrées humaines et brutales. Ils pénétrèrent dans les faubourgs sordides ; ils connurent les fournaises, les usines, les fabriques farouches et repoussantes, crachant leurs noires fumées dans le ciel, les dépotoirs à perte de vue, autour desquels grouillaient des hommes de fer et de feu. Cette vision exaltait les Rosny jusqu’aux larmes : « Le front contre sa vitre, il contemplait le faubourg sinistre, les hautes cheminées d’usine, avec l’impression d’une tuerie lente et invincible. Aurait-on le temps de sauver les hommes ?… De vastes espérances balayaient cette crainte » 1. À jamais égarés des horizons canadiens, les Rosny se consolèrent en créant une poétique des banlieues, à laquelle on doit leurs meilleures pages. L’impression qu’un autre tire d’une forêt vierge, d’une savane, d’une jungle, d’un abîme d’herbes, de ramures et de fauves, ils la tirèrent, aussi vierge, de l’étrange remous de la civilisation industrielle. Le sifflement des sirènes, le retentissement des enclumes, la rumeur des foules devint pour eux un bruit aussi religieux que l’appel des cloches. L’aspect féroce, puissant des travailleurs, à la sortie des ateliers, leur évoqua les temps primitifs où les premiers hommes se débattaient dans des combats violents contre les forces élémentaires de la nature. Dans leurs romans aux décors suburbains, qui rejoignent d’ailleurs leurs récits préhistoriques et scientifiques, puisqu’ils se penchent sur « tout l’antique mystère » 2 des devenirs de la vie — dans leurs romans, dis-je, les Rosny font voir que « la forêt vierge et les grandes industries ne sont pas des choses opposées, ce sont des choses analogues » ; qu’un « morceau de Paris, où s’entasse la grandeur de nos semblables, doit faire palpiter les artistes autant que la chute du Rhin à Schaffhouse » 3 ; que l’œuvre des hommes est non moins belle et monstrueuse que celle de la nature — ou plutôt, il est impossible de séparer l’une de l’autre.
Pindare, « Olympiques • Pythiques • Néméennes • Isthmiques • Fragments »
Il s’agit de Pindare 1, poète grec (Ve siècle av. J.-C.). Pausanias rapporte « qu’étant tout jeune et s’en allant à Thespies pendant les grandes chaleurs, Pindare fut surpris du sommeil vers le milieu de la journée, et que s’étant mis hors du chemin pour se reposer, des abeilles vinrent faire leur miel sur ses lèvres ; ce qui fut la première marque du génie que devait avoir Pindare à la poésie » 2. Car cette merveille, qu’on dit être aussi arrivée par la suite à Platon et à saint Ambroise, a toujours été regardée comme le présage d’une extraordinaire habileté dans le discours. Plutarque cite Pindare plus d’une fois, et toujours avec éloge. Horace le proclame le premier des poètes lyriques et se sert de cette comparaison énergique 3 : « Comme descend de la montagne la course d’un fleuve que les pluies ont enflé par-dessus ses rives familières ; ainsi bouillonne et se précipite, immense, Pindare à la bouche profonde ». On peut dire que Pindare était très dévot et très religieux envers les dieux, et l’on en voit des preuves dans plusieurs de ses fragments, comme quand il dit « que l’homme ne saurait, avec sa faible intelligence, pénétrer les desseins des dieux » 4. Et un peu plus loin : « Les âmes des impies volent sous le ciel, autour de la terre, en proie à de cruelles douleurs, sous le joug de maux inévitables. Mais au ciel habitent les âmes des justes dont la voix célèbre, dans des hymnes, la grande divinité » 5. Platon appelle Pindare « divin » (« theios » 6) et rapporte quantité de témoignages de ce poète sur la survivance de l’âme humaine après la mort : « Pindare dit que l’âme humaine est immortelle ; que tantôt elle s’éclipse (ce qu’il appelle mourir), tantôt elle reparaît, mais qu’elle ne périt jamais ; que pour cette raison, il faut mener la vie la plus sainte possible, car “les âmes qui ont payé à Proserpine la dette de leurs anciennes fautes, elle les rend au bout de neuf ans à la lumière du soleil” » 7. Hélas ! ce beau fragment appartient à quelque ode de Pindare que nous n’avons plus. De tant d’œuvres du fameux poète, il n’est resté, pour ainsi dire, que la portion la plus profane. Ses hymnes à Jupiter, ses péans ou chants à Apollon, ses dithyrambes, ses hymnes à Cérès et au dieu Pan, ses prosodies ou chants de procession, ses hymnes pour les vierges, ses hyporchèmes ou chants mêlés aux danses religieuses, ses enthronismes ou chants d’inauguration sacerdotale, toute sa liturgie poétique enfin s’est perdue dès longtemps, dans la ruine même de l’ancien culte. Il ne s’est conservé que ses odes célébrant les quatre jeux publics de la Grèce : les jeux pythiques ou de Delphes, les jeux isthmiques ou de Corinthe, ceux de Némée et ceux d’Olympie.
- En grec Πίνδαρος.
- « Description de la Grèce », liv. IX, ch. XXIII.
- « Odes », liv. IV, poème 2.
- p. 299.
Tchouang-tseu, « L’Œuvre complète »
éd. Gallimard-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris
Il s’agit de « L’Œuvre complète » de Tchouang-tseu 1, penseur taoïste, un des plus grands maîtres de la prose chinoise (IVe siècle av. J.-C.). Laissé pour compte durant des siècles, il exercera une influence tardive, mais sans cesse croissante, tant sur les taoïstes que sur les bouddhistes, et en l’an 742 apr. J.-C. l’Empereur chinois promulguera un édit pour canoniser son « Œuvre complète », désormais un classique, qui se verra attribuer le titre posthume de « Classique authentique de la splendeur méridionale » (« Nanhua zhenjing » 2). En Tchouang-tseu, nous rencontrons un philosophe original dont le langage de poète, plein d’images hardies, d’artifices littéraires, possède un attrait inconnu aux autres penseurs de la Chine. Son « Œuvre complète » prend l’aspect d’allégories mystiques ; de pensées non seulement réfléchies et démontrées, mais ressenties et pénétrant tout son être. Sa philosophie, c’est le quiétisme naturaliste. « Naturaliste », car selon Tchouang-tseu, tout est bien à l’état naturel ; tout dégénère entre les mains de l’homme. « Quiétisme », car pour retrouver en soi la splendeur originelle de la nature, il faut une tranquillité comme celle de l’eau inerte ; un calme comme celui du miroir : « Si la tranquillité de l’eau permet de refléter les choses, que ne peut celle de l’esprit ? Qu’il est tranquille, l’esprit du saint ! Il est le miroir de l’univers et de tous les êtres » 3. L’acte suprême est de ne point intervenir, et la parole suprême est de ne rien dire : « La nasse sert à prendre le poisson ; quand le poisson est pris, oubliez la nasse. Le piège sert à capturer le lièvre ; quand le lièvre est pris, oubliez le piège. La parole sert à exprimer l’idée ; quand l’idée est saisie, oubliez la parole. [Où] pourrais-je rencontrer quelqu’un qui oublie la parole, et dialoguer avec lui ? » 4 La parole n’est pas sûre, car c’est d’elle que proviennent toutes les distinctions établies artificiellement par l’homme. Or, l’univers est indistinct, informel, et soi-même est aussi l’autre : « Jadis, Tchouang-tseu rêva qu’il était un papillon voltigeant et satisfait de son sort et ignorant qu’il était Tchouang-tseu lui-même ; brusquement, il s’éveilla et s’aperçut avec étonnement qu’il était Tchouang-tseu. Il ne sut plus si c’était Tchouang-tseu rêvant qu’il était un papillon, ou un papillon rêvant qu’il était Tchouang-tseu »
- En chinois 莊子. Parfois transcrit Tchouang-tsée, Tchoang-tseu, Tchoang-tzeu, Tchouang-tsze, Tchuang-tze, Chwang-tsze, Chuang-tze, Choang-tzu, Zhuang Si, Zhouangzi ou Zhuangzi. Également connu sous le nom de Tchouang Tcheou (莊周). Parfois transcrit Tchuang-tcheou, Chuang Chou, Zhouang Zhou ou Zhuang Zhou.
- En chinois « 南華真經 ». Parfois transcrit « Nan-houa tcheng-king », « Nan-hoà-cienn ching », « Nan hwa chin king », « Nan-hoa-tchenn king », « Nan-houa tchen-tsing » ou « Nan-hua chen ching ». Également connu sous le titre abrégé de « 南華經 » (« Nanhuajing »).
« Les Entretiens de Confucius »
éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris
Il s’agit des « Dialogues » ou « Entretiens de Confucius » 1 (« Lunyu » 2), la pierre d’angle de la pensée chinoise, l’œuvre la plus significative pour la connaissance de Confucius (VIe-Ve siècle av. J.-C.). Comparée sous le rapport moral, et même politique, la doctrine de Confucius se rapproche de celle qui fut, presque à la même époque, enseignée par Socrate. Jamais, peut-être, l’esprit humain ne fut plus dignement représenté que par ces deux philosophes. En voici les principales raisons. La première est que Confucius et Socrate ont recueilli ce qu’il y a de meilleur dans la morale des Anciens. La seconde est qu’ils ont ajouté à cette morale la simplicité, la clarté et l’évidence, qui doivent régner partout et se faire sentir aux esprits les plus grossiers. Enfin, c’est parce que Confucius et Socrate poussent en avant leur philosophie, mais ne la poussent pas trop loin ; leur jugement leur faisant toujours connaître jusqu’où il faut aller et où il faut s’arrêter. En quoi ils ont un avantage considérable non seulement sur un grand nombre d’Anciens, qui ont traité de tels sujets, mais aussi sur la plupart des Modernes, qui ont tant de raisonnements faux ou recherchés, tant de traits d’esprit déplacés, tant de subtilités épouvantables. « La voie… n’est pas suivie, je le sais », dit ailleurs Confucius 3. « Les hommes intelligents et éclairés vont au-delà, et les ignorants restent en deçà. » « Le grand savant japonais Kôjirô Yoshikawa considérait les “Entretiens de Confucius” comme le plus beau livre du monde. J’ignore s’il mérite vraiment ce titre… mais il est certain que, dans toute l’histoire, nul écrit n’a exercé plus durable influence sur une plus grande partie de l’humanité », dit très bien M. Pierre Ryckmans 4. C’est dans ces « Entretiens » que Confucius s’est manifesté comme le plus grand maître et le plus grand philosophe du monde oriental. On y voit son ardent amour de l’humanité ; sa morale infiniment sublime, mais en même temps puisée dans les plus pures sources du bon sens ; son souci permanent de redonner à la nature humaine ce premier lustre, cette première beauté qu’elle avait reçue du ciel, et qui avait été obscurcie par les ténèbres de l’ignorance et par la contagion du vice. « Le Maître dit : “Ce n’est pas un malheur d’être méconnu des hommes, mais c’est un malheur de les méconnaître”. » Où trouver une maxime plus belle, une indifférence plus grande à l’égard de la gloire et des grandeurs ? On ne doit pas être surpris si les missionnaires européens, qui les premiers firent connaître « le vénéré maître K’ong » ou K’ong-fou-tseu 5 sous le nom latinisé de Confucius, conçurent pour sa pensée un enthousiasme égal à celui des Chinois.
- Parfois traduit « Le Livre de la sagesse de Confucius », « Morceaux de controverse de Confucius », « Le Livre des sentences », « Discussions et Allocutions », « Conversations ou Analectes de Confucius », « Discours » ou « Les Entretiens philosophiques ».
- En chinois « 論語 ». Autrefois transcrit « Lén-yù », « Luen yu », « Louen yu », « Loung yu », « Liun iu », « Loun-yu » ou « Lún-iù ».
- « L’Invariable Milieu ».
- p. 7.
- En chinois 孔夫子. Parfois transcrit Cong fou tsëe, K’ong fou-tse, K’oung fou tseu, Khoung-fou-dze, Kung-fu-dsü, Kung fu-tzu ou Kongfuzi.