Mot-clefordres monastiques et religieux bouddhiques

su­jet

Faxian, « Mémoire sur les pays bouddhiques »

éd. Les Belles Lettres, coll. Bibliothèque chinoise, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Bi­blio­thèque chi­noise, Pa­ris

Il s’agit du « Mé­moire sur les pays boud­dhiques »1 (« Fo guo ji »2) de Faxian3. La vaste lit­té­ra­ture de la Chine contient une sé­rie de bio­gra­phies et de mé­moires où se trouvent re­la­tés les voyages d’éminents moines boud­dhistes qui — à des dates dif­fé­rentes, mais com­prises pour la plu­part entre le Ve et le VIIe siècle — sor­tirent de leur propre pa­trie (la Chine) pour se rendre dans celle de leur Dieu (l’Inde), en bra­vant des dif­fi­cul­tés in­sur­mon­tables : « Ils sont al­lés jusqu’aux li­mites du monde et ils ont vu là où toutes choses fi­nissent »4. L’immense en­tre­prise sino-in­dienne de ces pè­le­rins, qui s’en al­laient cher­cher une idée plus claire de leur foi, doit être sa­luée — au-delà de son sens re­li­gieux — comme l’une des ma­ni­fes­ta­tions les plus évi­dentes de l’humanisme. Non contents de re­mon­ter, sur les pas du Boud­dha, jusqu’aux lieux saints de l’Inde, ces hommes d’action et d’étude ap­pre­naient le sans­crit et se pro­cu­raient des masses de ma­nus­crits, qu’ils em­me­naient avec eux au re­tour et qu’ils consa­craient tout le reste de leur vie à tra­duire, en­tou­rés de dis­ciples. Leur im­por­tance dans l’histoire spi­ri­tuelle de l’Asie fut in­ouïe. N’eût été leur rôle de mé­dia­teurs, le sen­ti­ment boud­dhique ne se fût sans doute ja­mais per­pé­tué en Chine. Pour­tant, les pé­rils et les dan­gers que ren­con­traient ces voya­geurs, en s’aventurant par-delà l’Himalaya, au­raient pu dé­cou­ra­ger même les plus vaillants. Ceux qui pas­saient par terre de­vaient tra­ver­ser des dé­serts épou­van­tables où la route à suivre était mar­quée par les os­se­ments des bêtes et des gens qui y avaient trouvé la mort ; ceux qui, à l’inverse, choi­sis­saient la voie de mer ha­sar­daient leur vie sur de lourdes jonques qui som­braient corps et bien au pre­mier gros temps. L’un d’eux5 dé­clare en pré­am­bule de sa « Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest » : « Consi­dé­rons de­puis les temps an­ciens ceux qui [par­tis de Chine] ont été à l’étranger en fai­sant peu de cas de la vie et en se sa­cri­fiant pour la Loi… Tous comp­taient re­ve­nir, [et] ce­pen­dant, la voie triom­phante était se­mée de dif­fi­cul­tés ; les lieux saints étaient éloi­gnés et vastes. Pour des di­zaines qui ver­dirent et fleu­rirent, et pour plu­sieurs qui en­tre­prirent, il y en eut à peine un qui noua ses fruits et donna des ré­sul­tats vé­ri­tables, et il y en eut peu qui ache­vèrent leur œuvre. La vraie cause en fut les im­men­si­tés des dé­serts pier­reux du pays de l’éléphant [c’est-à-dire l’Inde] et l’éclat du so­leil qui crache son ar­deur ; ou les masses d’eau des vagues sou­le­vées par le pois­son gi­gan­tesque ».

  1. Au­tre­fois tra­duit « Re­la­tion des royaumes boud­dhiques ». Haut
  2. En chi­nois « 佛國記 ». Au­tre­fois trans­crit « Foĕ kouĕ ki », « Foe kue ki », « Fo kouo ki » ou « Fo kuo chi ». Éga­le­ment connu sous le titre de « 法顯傳 » (« Fa xian zhuan »), c’est-à-dire « Bio­gra­phie de Faxian ». Au­tre­fois trans­crit « Fa-hien-tch’ouen », « Fa-hien tchouan » ou « Fa-hsien chuan ». Haut
  3. En chi­nois 法顯. Par­fois trans­crit Fă Hian, Fah-hiyan, Fa-hein, Fa-hien ou Fa-hsien. Haut
  1. Dans Lévy, « Les Pè­le­rins chi­nois en Inde ». Haut
  2. Yi­jing. Haut

Huili et Yancong, « Histoire de la vie de Xuanzang et de ses voyages dans l’Inde, depuis l’an 629 jusqu’en 645 »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de la « Bio­gra­phie de Xuan­zang », ou lit­té­ra­le­ment « Bio­gra­phie du Maître des Trois Cor­beilles de la Loi du mo­nas­tère de la Grande Bien­veillance »1 (« Da ci en si san zang fa shi zhuan »2) de Huili3 et Yan­cong4. La vaste lit­té­ra­ture de la Chine contient une sé­rie de bio­gra­phies et de mé­moires où se trouvent re­la­tés les voyages d’éminents moines boud­dhistes qui — à des dates dif­fé­rentes, mais com­prises pour la plu­part entre le Ve et le VIIe siècle — sor­tirent de leur propre pa­trie (la Chine) pour se rendre dans celle de leur Dieu (l’Inde), en bra­vant des dif­fi­cul­tés in­sur­mon­tables : « Ils sont al­lés jusqu’aux li­mites du monde et ils ont vu là où toutes choses fi­nissent »5. L’immense en­tre­prise sino-in­dienne de ces pè­le­rins, qui s’en al­laient cher­cher une idée plus claire de leur foi, doit être sa­luée — au-delà de son sens re­li­gieux — comme l’une des ma­ni­fes­ta­tions les plus évi­dentes de l’humanisme. Non contents de re­mon­ter, sur les pas du Boud­dha, jusqu’aux lieux saints de l’Inde, ces hommes d’action et d’étude ap­pre­naient le sans­crit et se pro­cu­raient des masses de ma­nus­crits, qu’ils em­me­naient avec eux au re­tour et qu’ils consa­craient tout le reste de leur vie à tra­duire, en­tou­rés de dis­ciples. Leur im­por­tance dans l’histoire spi­ri­tuelle de l’Asie fut in­ouïe. N’eût été leur rôle de mé­dia­teurs, le sen­ti­ment boud­dhique ne se fût sans doute ja­mais per­pé­tué en Chine. Pour­tant, les pé­rils et les dan­gers que ren­con­traient ces voya­geurs, en s’aventurant par-delà l’Himalaya, au­raient pu dé­cou­ra­ger même les plus vaillants. Ceux qui pas­saient par terre de­vaient tra­ver­ser des dé­serts épou­van­tables où la route à suivre était mar­quée par les os­se­ments des bêtes et des gens qui y avaient trouvé la mort ; ceux qui, à l’inverse, choi­sis­saient la voie de mer ha­sar­daient leur vie sur de lourdes jonques qui som­braient corps et bien au pre­mier gros temps. L’un d’eux6 dé­clare en pré­am­bule de sa « Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest » : « Consi­dé­rons de­puis les temps an­ciens ceux qui [par­tis de Chine] ont été à l’étranger en fai­sant peu de cas de la vie et en se sa­cri­fiant pour la Loi… Tous comp­taient re­ve­nir, [et] ce­pen­dant, la voie triom­phante était se­mée de dif­fi­cul­tés ; les lieux saints étaient éloi­gnés et vastes. Pour des di­zaines qui ver­dirent et fleu­rirent, et pour plu­sieurs qui en­tre­prirent, il y en eut à peine un qui noua ses fruits et donna des ré­sul­tats vé­ri­tables, et il y en eut peu qui ache­vèrent leur œuvre. La vraie cause en fut les im­men­si­tés des dé­serts pier­reux du pays de l’éléphant [c’est-à-dire l’Inde] et l’éclat du so­leil qui crache son ar­deur ; ou les masses d’eau des vagues sou­le­vées par le pois­son gi­gan­tesque ».

  1. Au­tre­fois tra­duit « His­toire de la vie de Hiouen-thsang », « His­toire du Maître de la Loi des Trois Cor­beilles du couvent de la Grande Bien­fai­sance », « La Vie de Maître San­zang du mo­nas­tère de la Grande Bien­veillance », « Bio­gra­phie du Maître Tri­piṭaka du temple de la Grande Com­pas­sion » ou « Bio­gra­phie du Maître de la Loi des Trois Cor­beilles du mo­nas­tère de la Grande Com­pas­sion ». Haut
  2. En chi­nois « 大慈恩寺三藏法師傳 ». Au­tre­fois trans­crit « Ta-ts’e-’en-sse-san-thsang-fa-sse-tch’ouen », « Ta-ts’eu-ngen-sseu san-tsang fa-che tchouan », « Ta-tz’u-en-szu san-tsang fa-shih chuan » ou « Ta-tz’u-en-ssu san-tsang fa-shih chuan ». Éga­le­ment connu sous le titre al­longé de « 大唐大慈恩寺三藏法師傳 » (« Da Tang da ci en si san zang fa shi zhuan »), c’est-à-dire « Bio­gra­phie du Maître des Trois Cor­beilles de la Loi ré­si­dant au mo­nas­tère de la Grande Bien­veillance à l’époque des grands Tang ». Haut
  3. En chi­nois 慧立. Par­fois trans­crit Hoeï-li, Houei-li, Kwui Li ou Hwui-li. Haut
  1. En chi­nois 彥悰. Par­fois trans­crit Yen-thsang, Yen-thsong, Yen-ts’ong ou Yen Ts’ung. Haut
  2. Dans Lévy, « Les Pè­le­rins chi­nois en Inde ». Haut
  3. Yi­jing. Haut

Xuanzang, « Mémoires sur les contrées occidentales. Tome II. Livres IX à XII »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des « Mé­moires sur les contrées de l’Ouest1 à l’époque des grands Tang »2 (« Da Tang xi yu ji »3) de Xuan­zang4. La vaste lit­té­ra­ture de la Chine contient une sé­rie de bio­gra­phies et de mé­moires où se trouvent re­la­tés les voyages d’éminents moines boud­dhistes qui — à des dates dif­fé­rentes, mais com­prises pour la plu­part entre le Ve et le VIIe siècle — sor­tirent de leur propre pa­trie (la Chine) pour se rendre dans celle de leur Dieu (l’Inde), en bra­vant des dif­fi­cul­tés in­sur­mon­tables : « Ils sont al­lés jusqu’aux li­mites du monde et ils ont vu là où toutes choses fi­nissent »5. L’immense en­tre­prise sino-in­dienne de ces pè­le­rins, qui s’en al­laient cher­cher une idée plus claire de leur foi, doit être sa­luée — au-delà de son sens re­li­gieux — comme l’une des ma­ni­fes­ta­tions les plus évi­dentes de l’humanisme. Non contents de re­mon­ter, sur les pas du Boud­dha, jusqu’aux lieux saints de l’Inde, ces hommes d’action et d’étude ap­pre­naient le sans­crit et se pro­cu­raient des masses de ma­nus­crits, qu’ils em­me­naient avec eux au re­tour et qu’ils consa­craient tout le reste de leur vie à tra­duire, en­tou­rés de dis­ciples. Leur im­por­tance dans l’histoire spi­ri­tuelle de l’Asie fut in­ouïe. N’eût été leur rôle de mé­dia­teurs, le sen­ti­ment boud­dhique ne se fût sans doute ja­mais per­pé­tué en Chine. Pour­tant, les pé­rils et les dan­gers que ren­con­traient ces voya­geurs, en s’aventurant par-delà l’Himalaya, au­raient pu dé­cou­ra­ger même les plus vaillants. Ceux qui pas­saient par terre de­vaient tra­ver­ser des dé­serts épou­van­tables où la route à suivre était mar­quée par les os­se­ments des bêtes et des gens qui y avaient trouvé la mort ; ceux qui, à l’inverse, choi­sis­saient la voie de mer ha­sar­daient leur vie sur de lourdes jonques qui som­braient corps et bien au pre­mier gros temps. L’un d’eux6 dé­clare en pré­am­bule de sa « Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest » : « Consi­dé­rons de­puis les temps an­ciens ceux qui [par­tis de Chine] ont été à l’étranger en fai­sant peu de cas de la vie et en se sa­cri­fiant pour la Loi… Tous comp­taient re­ve­nir, [et] ce­pen­dant, la voie triom­phante était se­mée de dif­fi­cul­tés ; les lieux saints étaient éloi­gnés et vastes. Pour des di­zaines qui ver­dirent et fleu­rirent, et pour plu­sieurs qui en­tre­prirent, il y en eut à peine un qui noua ses fruits et donna des ré­sul­tats vé­ri­tables, et il y en eut peu qui ache­vèrent leur œuvre. La vraie cause en fut les im­men­si­tés des dé­serts pier­reux du pays de l’éléphant [c’est-à-dire l’Inde] et l’éclat du so­leil qui crache son ar­deur ; ou les masses d’eau des vagues sou­le­vées par le pois­son gi­gan­tesque ».

  1. L’Asie cen­trale et l’Inde, si­tuées à l’Ouest de l’Empire chi­nois. Haut
  2. Au­tre­fois tra­duit « Mé­moires sur les contrées oc­ci­den­tales, com­po­sés sous la dy­nas­tie des grands Thang ». Haut
  3. En chi­nois « 大唐西域記 ». Au­tre­fois trans­crit « Ta-Thang-si-yu-ki », « Ta-Thang-hsi-yu-tchi » ou « Ta T’ang hsi-yü chi ». Éga­le­ment connu sous le titre abrégé de « 西域記 ». Au­tre­fois trans­crit « Hsi-yü-chih ». Haut
  1. En chi­nois 玄奘. Par­fois trans­crit Hiuen-tchoang, Hiuen Tsiang, Hiouen-thsang, Hiuan-tsang, Hsuang-tsang, Hsüan-tsang, Hwen Thsang, Hüan Chwang, Yuan Chwang ou Zuan­zang. Haut
  2. Dans Lévy, « Les Pè­le­rins chi­nois en Inde ». Haut
  3. Yi­jing. Haut

Xuanzang, « Mémoires sur les contrées occidentales. Tome I. Livres I à VIII »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des « Mé­moires sur les contrées de l’Ouest1 à l’époque des grands Tang »2 (« Da Tang xi yu ji »3) de Xuan­zang4. La vaste lit­té­ra­ture de la Chine contient une sé­rie de bio­gra­phies et de mé­moires où se trouvent re­la­tés les voyages d’éminents moines boud­dhistes qui — à des dates dif­fé­rentes, mais com­prises pour la plu­part entre le Ve et le VIIe siècle — sor­tirent de leur propre pa­trie (la Chine) pour se rendre dans celle de leur Dieu (l’Inde), en bra­vant des dif­fi­cul­tés in­sur­mon­tables : « Ils sont al­lés jusqu’aux li­mites du monde et ils ont vu là où toutes choses fi­nissent »5. L’immense en­tre­prise sino-in­dienne de ces pè­le­rins, qui s’en al­laient cher­cher une idée plus claire de leur foi, doit être sa­luée — au-delà de son sens re­li­gieux — comme l’une des ma­ni­fes­ta­tions les plus évi­dentes de l’humanisme. Non contents de re­mon­ter, sur les pas du Boud­dha, jusqu’aux lieux saints de l’Inde, ces hommes d’action et d’étude ap­pre­naient le sans­crit et se pro­cu­raient des masses de ma­nus­crits, qu’ils em­me­naient avec eux au re­tour et qu’ils consa­craient tout le reste de leur vie à tra­duire, en­tou­rés de dis­ciples. Leur im­por­tance dans l’histoire spi­ri­tuelle de l’Asie fut in­ouïe. N’eût été leur rôle de mé­dia­teurs, le sen­ti­ment boud­dhique ne se fût sans doute ja­mais per­pé­tué en Chine. Pour­tant, les pé­rils et les dan­gers que ren­con­traient ces voya­geurs, en s’aventurant par-delà l’Himalaya, au­raient pu dé­cou­ra­ger même les plus vaillants. Ceux qui pas­saient par terre de­vaient tra­ver­ser des dé­serts épou­van­tables où la route à suivre était mar­quée par les os­se­ments des bêtes et des gens qui y avaient trouvé la mort ; ceux qui, à l’inverse, choi­sis­saient la voie de mer ha­sar­daient leur vie sur de lourdes jonques qui som­braient corps et bien au pre­mier gros temps. L’un d’eux6 dé­clare en pré­am­bule de sa « Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest » : « Consi­dé­rons de­puis les temps an­ciens ceux qui [par­tis de Chine] ont été à l’étranger en fai­sant peu de cas de la vie et en se sa­cri­fiant pour la Loi… Tous comp­taient re­ve­nir, [et] ce­pen­dant, la voie triom­phante était se­mée de dif­fi­cul­tés ; les lieux saints étaient éloi­gnés et vastes. Pour des di­zaines qui ver­dirent et fleu­rirent, et pour plu­sieurs qui en­tre­prirent, il y en eut à peine un qui noua ses fruits et donna des ré­sul­tats vé­ri­tables, et il y en eut peu qui ache­vèrent leur œuvre. La vraie cause en fut les im­men­si­tés des dé­serts pier­reux du pays de l’éléphant [c’est-à-dire l’Inde] et l’éclat du so­leil qui crache son ar­deur ; ou les masses d’eau des vagues sou­le­vées par le pois­son gi­gan­tesque ».

  1. L’Asie cen­trale et l’Inde, si­tuées à l’Ouest de l’Empire chi­nois. Haut
  2. Au­tre­fois tra­duit « Mé­moires sur les contrées oc­ci­den­tales, com­po­sés sous la dy­nas­tie des grands Thang ». Haut
  3. En chi­nois « 大唐西域記 ». Au­tre­fois trans­crit « Ta-Thang-si-yu-ki », « Ta-Thang-hsi-yu-tchi » ou « Ta T’ang hsi-yü chi ». Éga­le­ment connu sous le titre abrégé de « 西域記 ». Au­tre­fois trans­crit « Hsi-yü-chih ». Haut
  1. En chi­nois 玄奘. Par­fois trans­crit Hiuen-tchoang, Hiuen Tsiang, Hiouen-thsang, Hiuan-tsang, Hsuang-tsang, Hsüan-tsang, Hwen Thsang, Hüan Chwang, Yuan Chwang ou Zuan­zang. Haut
  2. Dans Lévy, « Les Pè­le­rins chi­nois en Inde ». Haut
  3. Yi­jing. Haut

« Deux Chapitres extraits des mémoires de Yijing sur son voyage dans l’Inde »

dans « Journal asiatique », sér. 8, vol. 12, p. 411-439

dans « Jour­nal asia­tique », sér. 8, vol. 12, p. 411-439

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de la « Re­la­tion sur le boud­dhisme, en­voyée des mers du Sud »1 (« Nan hai ji gui nei fa zhuan »2) de Yi­jing3. La vaste lit­té­ra­ture de la Chine contient une sé­rie de bio­gra­phies et de mé­moires où se trouvent re­la­tés les voyages d’éminents moines boud­dhistes qui — à des dates dif­fé­rentes, mais com­prises pour la plu­part entre le Ve et le VIIe siècle — sor­tirent de leur propre pa­trie (la Chine) pour se rendre dans celle de leur Dieu (l’Inde), en bra­vant des dif­fi­cul­tés in­sur­mon­tables : « Ils sont al­lés jusqu’aux li­mites du monde et ils ont vu là où toutes choses fi­nissent »4. L’immense en­tre­prise sino-in­dienne de ces pè­le­rins, qui s’en al­laient cher­cher une idée plus claire de leur foi, doit être sa­luée — au-delà de son sens re­li­gieux — comme l’une des ma­ni­fes­ta­tions les plus évi­dentes de l’humanisme. Non contents de re­mon­ter, sur les pas du Boud­dha, jusqu’aux lieux saints de l’Inde, ces hommes d’action et d’étude ap­pre­naient le sans­crit et se pro­cu­raient des masses de ma­nus­crits, qu’ils em­me­naient avec eux au re­tour et qu’ils consa­craient tout le reste de leur vie à tra­duire, en­tou­rés de dis­ciples. Leur im­por­tance dans l’histoire spi­ri­tuelle de l’Asie fut in­ouïe. N’eût été leur rôle de mé­dia­teurs, le sen­ti­ment boud­dhique ne se fût sans doute ja­mais per­pé­tué en Chine. Pour­tant, les pé­rils et les dan­gers que ren­con­traient ces voya­geurs, en s’aventurant par-delà l’Himalaya, au­raient pu dé­cou­ra­ger même les plus vaillants. Ceux qui pas­saient par terre de­vaient tra­ver­ser des dé­serts épou­van­tables où la route à suivre était mar­quée par les os­se­ments des bêtes et des gens qui y avaient trouvé la mort ; ceux qui, à l’inverse, choi­sis­saient la voie de mer ha­sar­daient leur vie sur de lourdes jonques qui som­braient corps et bien au pre­mier gros temps. L’un d’eux5 dé­clare en pré­am­bule de sa « Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest » : « Consi­dé­rons de­puis les temps an­ciens ceux qui [par­tis de Chine] ont été à l’étranger en fai­sant peu de cas de la vie et en se sa­cri­fiant pour la Loi… Tous comp­taient re­ve­nir, [et] ce­pen­dant, la voie triom­phante était se­mée de dif­fi­cul­tés ; les lieux saints étaient éloi­gnés et vastes. Pour des di­zaines qui ver­dirent et fleu­rirent, et pour plu­sieurs qui en­tre­prirent, il y en eut à peine un qui noua ses fruits et donna des ré­sul­tats vé­ri­tables, et il y en eut peu qui ache­vèrent leur œuvre. La vraie cause en fut les im­men­si­tés des dé­serts pier­reux du pays de l’éléphant [c’est-à-dire l’Inde] et l’éclat du so­leil qui crache son ar­deur ; ou les masses d’eau des vagues sou­le­vées par le pois­son gi­gan­tesque ».

  1. Au­tre­fois tra­duit « His­toire de la loi in­té­rieure, en­voyée de la mer du Sud » ou « Mé­moire sur la loi in­té­rieure, en­voyé des mers du Sud ». Haut
  2. En chi­nois « 南海寄歸內法傳 ». Au­tre­fois trans­crit « Nan-haï-khi-koueï-neï-fa-tch’ouen », « Nan hai ki kouei nei fa tchouan », « Nan-hai-ki-koei-nei-fa-tchoan » ou « Nan-hai-chi-kuei-nai-fa-ch’uan ». Haut
  3. En chi­nois 義淨. Par­fois trans­crit I-tsing, Yi-tsing, Y-tsing, I-tshing, Yi Ching ou I-ching. Haut
  1. Dans Lévy, « Les Pè­le­rins chi­nois en Inde ». Haut
  2. Yi­jing. Haut

Yijing, « Mémoire composé à l’époque de la grande dynastie T’ang sur les religieux éminents qui allèrent chercher la Loi dans les pays d’Occident »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de la « Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest1 à l’époque des grands Tang »2 (« Da Tang xi yu qiu fa gao seng zhuan »3) de Yi­jing4. La vaste lit­té­ra­ture de la Chine contient une sé­rie de bio­gra­phies et de mé­moires où se trouvent re­la­tés les voyages d’éminents moines boud­dhistes qui — à des dates dif­fé­rentes, mais com­prises pour la plu­part entre le Ve et le VIIe siècle — sor­tirent de leur propre pa­trie (la Chine) pour se rendre dans celle de leur Dieu (l’Inde), en bra­vant des dif­fi­cul­tés in­sur­mon­tables : « Ils sont al­lés jusqu’aux li­mites du monde et ils ont vu là où toutes choses fi­nissent »5. L’immense en­tre­prise sino-in­dienne de ces pè­le­rins, qui s’en al­laient cher­cher une idée plus claire de leur foi, doit être sa­luée — au-delà de son sens re­li­gieux — comme l’une des ma­ni­fes­ta­tions les plus évi­dentes de l’humanisme. Non contents de re­mon­ter, sur les pas du Boud­dha, jusqu’aux lieux saints de l’Inde, ces hommes d’action et d’étude ap­pre­naient le sans­crit et se pro­cu­raient des masses de ma­nus­crits, qu’ils em­me­naient avec eux au re­tour et qu’ils consa­craient tout le reste de leur vie à tra­duire, en­tou­rés de dis­ciples. Leur im­por­tance dans l’histoire spi­ri­tuelle de l’Asie fut in­ouïe. N’eût été leur rôle de mé­dia­teurs, le sen­ti­ment boud­dhique ne se fût sans doute ja­mais per­pé­tué en Chine. Pour­tant, les pé­rils et les dan­gers que ren­con­traient ces voya­geurs, en s’aventurant par-delà l’Himalaya, au­raient pu dé­cou­ra­ger même les plus vaillants. Ceux qui pas­saient par terre de­vaient tra­ver­ser des dé­serts épou­van­tables où la route à suivre était mar­quée par les os­se­ments des bêtes et des gens qui y avaient trouvé la mort ; ceux qui, à l’inverse, choi­sis­saient la voie de mer ha­sar­daient leur vie sur de lourdes jonques qui som­braient corps et bien au pre­mier gros temps. L’un d’eux6 dé­clare en pré­am­bule de sa « Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest » : « Consi­dé­rons de­puis les temps an­ciens ceux qui [par­tis de Chine] ont été à l’étranger en fai­sant peu de cas de la vie et en se sa­cri­fiant pour la Loi… Tous comp­taient re­ve­nir, [et] ce­pen­dant, la voie triom­phante était se­mée de dif­fi­cul­tés ; les lieux saints étaient éloi­gnés et vastes. Pour des di­zaines qui ver­dirent et fleu­rirent, et pour plu­sieurs qui en­tre­prirent, il y en eut à peine un qui noua ses fruits et donna des ré­sul­tats vé­ri­tables, et il y en eut peu qui ache­vèrent leur œuvre. La vraie cause en fut les im­men­si­tés des dé­serts pier­reux du pays de l’éléphant [c’est-à-dire l’Inde] et l’éclat du so­leil qui crache son ar­deur ; ou les masses d’eau des vagues sou­le­vées par le pois­son gi­gan­tesque ».

  1. L’Asie cen­trale et l’Inde, si­tuées à l’Ouest de l’Empire chi­nois. Haut
  2. Au­tre­fois tra­duit « Ré­cit de l’éminent moine T’ang qui voya­gea vers la ré­gion oc­ci­den­tale en quête de la Loi » ou « Mé­moire com­posé à l’époque de la grande dy­nas­tie T’ang sur les re­li­gieux émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les pays d’Occident ». Haut
  3. En chi­nois « 大唐西域求法高僧傳 ». Au­tre­fois trans­crit « Ta-T’ang-si-yu-k’ieou-fa-kao-seng-tchoan », « Ta T’ang si yu k’ieou fa kao seng tchouan » ou « Ta T’ang hsi-yü ch’iu-fa kao-sêng ch’uan ». Éga­le­ment connu sous le titre abrégé de « 求法高僧傳 ». Au­tre­fois trans­crit « Khieou-fa-kao-seng-tch’ouen », « Kieou-fa-kao-seng-tchuen » ou « Kau-fa-kao-sang-chuen ». Haut
  1. En chi­nois 義淨. Par­fois trans­crit I-tsing, Yi-tsing, Y-tsing, I-tshing, Yi Ching ou I-ching. Haut
  2. Dans Lévy, « Les Pè­le­rins chi­nois en Inde ». Haut
  3. Yi­jing. Haut

« Un Moine de la secte Kegon à l’époque de Kamakura : Myōe (1173-1232) et le “Journal de ses rêves” »

éd. École française d’Extrême-Orient, coll. Publications de l’École française d’Extrême-Orient, Paris

éd. École fran­çaise d’Extrême-Orient, coll. Pu­bli­ca­tions de l’École fran­çaise d’Extrême-Orient, Pa­ris

Il s’agit du « Jour­nal des rêves » (« Yume no ki »1) que le moine boud­dhiste Myôe2 a tenu de­puis l’âge de dix-neuf ans jusqu’à sa mort, à l’âge de cin­quante-neuf ans. On pos­sède des frag­ments de ce « Jour­nal » sous forme de rou­leaux, de fas­ci­cules re­liés et de feuillets ; ils étaient en­tre­po­sés par Myôe lui-même dans un cof­fret en bois, qu’il por­tait tou­jours sur lui ; il n’y met­tait que des ob­jets pré­cieux qu’il ne vou­lait pas di­vul­guer au grand pu­blic. Sorte de chro­nique oni­rique, ce « Jour­nal » se com­pose de rêves (« yume »3), d’apparitions ou de vi­sions au cours d’exercices re­li­gieux (« kôsô »4), et de fan­tasmes ou d’hallucinations (« ma­bo­ro­shi »5) ; c’est le plus an­cien, si­non le seul, do­cu­ment de ce genre au Ja­pon (XIIe-XIIIe siècle). Écrit sans grande por­tée mé­ta­phy­sique ni vi­sée lit­té­raire, il contient plus de su­per­sti­tion que de foi ; plus de naï­veté que d’enseignement ; il fait sou­rire plus qu’il n’édifie. On y ap­prend, par exemple, que Myôe conçut par deux fois le pro­jet de se rendre dans la pa­trie du Boud­dha, aux Indes, et qu’il fit même ses ba­gages ; mais, à cause d’un rêve fu­neste qu’il eut au der­nier mo­ment, il y re­nonça par deux fois. Et heu­reu­se­ment ; si­non, il au­rait pu se faire dé­vo­rer par un tigre du Ben­gale. Pour cal­mer le dé­pit que lui cau­sèrent ces an­nu­la­tions, il pra­ti­qua la mé­di­ta­tion sur l’île de Taka-shima (« l’île aux Fau­cons »), en se di­sant que l’eau des Indes, par je ne sais quel mi­racle géo­gra­phique, de­vait ve­nir jusqu’à cette île. On cite ce mot de lui : « Il n’est pas une pierre [de cette île] sur la­quelle je ne me sois as­sis [pour mé­di­ter] »6. Il em­porta une de ces pierres dans ses ba­gages, et avant de mou­rir, il lui adressa un poème d’adieu :

« Quand je se­rai mort,
Si à per­sonne tu ne peux t’attacher,
En­vole-toi vite
Et re­tourne en ton pays,
Ô ! ma pierre de l’île aux Fau­cons
 »

  1. En ja­po­nais « 夢記 ». Haut
  2. En ja­po­nais 明恵. Haut
  3. En ja­po­nais . Haut
  1. En ja­po­nais 好相. Haut
  2. En ja­po­nais . Haut
  3. Dans Ni­no­miya Ma­sayuki, « La Pen­sée de Ko­baya­shi Hi­deo », p. 212. Haut

« Supplément aux “Contes d’Uji” »

éd. Publications orientalistes de France, coll. Contes et Romans du Moyen Âge-Les Œuvres capitales de la littérature japonaise, Paris

éd. Pu­bli­ca­tions orien­ta­listes de France, coll. Contes et Ro­mans du Moyen Âge-Les Œuvres ca­pi­tales de la lit­té­ra­ture ja­po­naise, Pa­ris

Il s’agit du « Sup­plé­ment aux “His­toires d’Uji” » (« Uji shûi mo­no­ga­tari »1). Ce Grand Conseiller d’Uji, dont le nom était Mi­na­moto no Ta­ka­kuni2 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme qui sup­por­tait mal dans sa vieillesse les cha­leurs de l’été et qui se re­ti­rait chaque an­née, du cin­quième au hui­tième mois, à Uji, au Sud de Kyôto. Là, dans une te­nue né­gli­gée, se fai­sant éven­ter d’un grand éven­tail, il fai­sait ap­pe­ler à lui les pas­sants, sans se sou­cier de leur rang, et les priait de ra­con­ter des his­toires du passé, ce­pen­dant que lui-même, étendu à l’intérieur, no­tait leurs pa­roles dans un gros ca­hier : « Il y avait des ré­cits de l’Inde, des ré­cits de la Chine, et aussi des ré­cits du Ja­pon. Il en était d’édifiants, il en était de plai­sants, il en était de ter­ri­fiants, il en était d’émouvants, il en était de ré­pu­gnants. Quelques-uns étaient sans rime ni rai­son, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute es­pèce », dit le « Sup­plé­ment aux “His­toires d’Uji” »3. La par­tie des « His­toires qui sont main­te­nant du passé » re­la­tive au Ja­pon oc­cupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tan­dis que les par­ties consa­crées à l’Inde et à la Chine ne com­prennent cha­cune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui man­quants4 et deux autres5 ne nous sont par­ve­nus qu’en un état in­com­plet. Tel quel pour­tant, le re­cueil est en­core d’une éton­nante ri­chesse, et les mille cin­quante-neuf ré­cits qu’il contient font pen­ser à un ad­mi­rable ka­léi­do­scope qui nous pré­sente à chaque se­cousse, comme par un coup de ma­gie, des fi­gures in­at­ten­dues et sur­pre­nantes : « Un dé­filé de per­son­nages ap­par­te­nant à toutes les ca­té­go­ries de la so­ciété anime un monde d’une grande ri­chesse hu­maine, où les sen­ti­ments et les sou­cis des humbles n’ont pas une di­gnité moindre que ceux des grands… La va­riété des ré­cits, ba­dins ou bur­lesques, ins­truc­tifs ou édi­fiants, fan­tas­tiques ou tou­chants, donne la pos­si­bi­lité de s’exprimer à toutes les émo­tions, des plus nobles aux moins raf­fi­nées »6. Tous dé­butent par la for­mule « main­te­nant, c’est du passé » (pro­non­cée « ima wa mu­ka­shi » à la ja­po­naise, « kon­jaku » à la chi­noise) qui fut choi­sie par Ta­ka­kuni parce qu’elle ex­prime à mer­veille l’idée boud­dhique se­lon la­quelle le passé existe au même titre et avec la même réa­lité que le « main­te­nant ».

  1. En ja­po­nais « 宇治拾遺物語 ». Haut
  2. En ja­po­nais 源隆国. Au­tre­fois trans­crit Mi­na­moto no Ta­ka­kouni. Haut
  3. p. 7. Haut
  1. VIII, XVIII et XXXI. Haut
  2. XXII et XXIII. Haut
  3. Jean Guilla­maud, « His­toire de la lit­té­ra­ture ja­po­naise ». Haut

Takakuni, « Gouverneurs de province et Guerriers dans les “Histoires qui sont maintenant du passé” »

éd. Collège de France-Institut des hautes études japonaises, coll. Bibliothèque de l’Institut des hautes études japonaises, Paris

éd. Col­lège de France-Ins­ti­tut des hautes études ja­po­naises, coll. Bi­blio­thèque de l’Institut des hautes études ja­po­naises, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des « His­toires qui sont main­te­nant du passé » (« Kon­jaku mo­no­ga­tari »1) éga­le­ment connues sous le titre d’« His­toires du Grand Conseiller d’Uji » (« Uji dai­na­gon mo­no­ga­tari »2). Ce Grand Conseiller d’Uji, dont le nom était Mi­na­moto no Ta­ka­kuni3 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme qui sup­por­tait mal dans sa vieillesse les cha­leurs de l’été et qui se re­ti­rait chaque an­née, du cin­quième au hui­tième mois, à Uji, au Sud de Kyôto. Là, dans une te­nue né­gli­gée, se fai­sant éven­ter d’un grand éven­tail, il fai­sait ap­pe­ler à lui les pas­sants, sans se sou­cier de leur rang, et les priait de ra­con­ter des his­toires du passé, ce­pen­dant que lui-même, étendu à l’intérieur, no­tait leurs pa­roles dans un gros ca­hier : « Il y avait des ré­cits de l’Inde, des ré­cits de la Chine, et aussi des ré­cits du Ja­pon. Il en était d’édifiants, il en était de plai­sants, il en était de ter­ri­fiants, il en était d’émouvants, il en était de ré­pu­gnants. Quelques-uns étaient sans rime ni rai­son, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute es­pèce », dit le « Sup­plé­ment aux “His­toires d’Uji” »4. La par­tie des « His­toires qui sont main­te­nant du passé » re­la­tive au Ja­pon oc­cupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tan­dis que les par­ties consa­crées à l’Inde et à la Chine ne com­prennent cha­cune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui man­quants5 et deux autres6 ne nous sont par­ve­nus qu’en un état in­com­plet. Tel quel pour­tant, le re­cueil est en­core d’une éton­nante ri­chesse, et les mille cin­quante-neuf ré­cits qu’il contient font pen­ser à un ad­mi­rable ka­léi­do­scope qui nous pré­sente à chaque se­cousse, comme par un coup de ma­gie, des fi­gures in­at­ten­dues et sur­pre­nantes : « Un dé­filé de per­son­nages ap­par­te­nant à toutes les ca­té­go­ries de la so­ciété anime un monde d’une grande ri­chesse hu­maine, où les sen­ti­ments et les sou­cis des humbles n’ont pas une di­gnité moindre que ceux des grands… La va­riété des ré­cits, ba­dins ou bur­lesques, ins­truc­tifs ou édi­fiants, fan­tas­tiques ou tou­chants, donne la pos­si­bi­lité de s’exprimer à toutes les émo­tions, des plus nobles aux moins raf­fi­nées »7. Tous dé­butent par la for­mule « main­te­nant, c’est du passé » (pro­non­cée « ima wa mu­ka­shi » à la ja­po­naise, « kon­jaku » à la chi­noise) qui fut choi­sie par Ta­ka­kuni parce qu’elle ex­prime à mer­veille l’idée boud­dhique se­lon la­quelle le passé existe au même titre et avec la même réa­lité que le « main­te­nant ».

  1. En ja­po­nais « 今昔物語 ». Au­tre­fois trans­crit « Kond­ja­kou mo­no­ga­tari » ou « Kon­ja­kou mo­no­ga­tari ». Haut
  2. En ja­po­nais « 宇治大納言物語 ». Haut
  3. En ja­po­nais 源隆国. Au­tre­fois trans­crit Mi­na­moto no Ta­ka­kouni. Haut
  4. p. 7. Haut
  1. VIII, XVIII et XXXI. Haut
  2. XXII et XXIII. Haut
  3. Jean Guilla­maud, « His­toire de la lit­té­ra­ture ja­po­naise ». Haut

Takakuni, « Histoires d’amour du temps jadis »

éd. Ph. Picquier, Arles

éd. Ph. Pic­quier, Arles

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des « His­toires qui sont main­te­nant du passé » (« Kon­jaku mo­no­ga­tari »1) éga­le­ment connues sous le titre d’« His­toires du Grand Conseiller d’Uji » (« Uji dai­na­gon mo­no­ga­tari »2). Ce Grand Conseiller d’Uji, dont le nom était Mi­na­moto no Ta­ka­kuni3 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme qui sup­por­tait mal dans sa vieillesse les cha­leurs de l’été et qui se re­ti­rait chaque an­née, du cin­quième au hui­tième mois, à Uji, au Sud de Kyôto. Là, dans une te­nue né­gli­gée, se fai­sant éven­ter d’un grand éven­tail, il fai­sait ap­pe­ler à lui les pas­sants, sans se sou­cier de leur rang, et les priait de ra­con­ter des his­toires du passé, ce­pen­dant que lui-même, étendu à l’intérieur, no­tait leurs pa­roles dans un gros ca­hier : « Il y avait des ré­cits de l’Inde, des ré­cits de la Chine, et aussi des ré­cits du Ja­pon. Il en était d’édifiants, il en était de plai­sants, il en était de ter­ri­fiants, il en était d’émouvants, il en était de ré­pu­gnants. Quelques-uns étaient sans rime ni rai­son, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute es­pèce », dit le « Sup­plé­ment aux “His­toires d’Uji” »4. La par­tie des « His­toires qui sont main­te­nant du passé » re­la­tive au Ja­pon oc­cupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tan­dis que les par­ties consa­crées à l’Inde et à la Chine ne com­prennent cha­cune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui man­quants5 et deux autres6 ne nous sont par­ve­nus qu’en un état in­com­plet. Tel quel pour­tant, le re­cueil est en­core d’une éton­nante ri­chesse, et les mille cin­quante-neuf ré­cits qu’il contient font pen­ser à un ad­mi­rable ka­léi­do­scope qui nous pré­sente à chaque se­cousse, comme par un coup de ma­gie, des fi­gures in­at­ten­dues et sur­pre­nantes : « Un dé­filé de per­son­nages ap­par­te­nant à toutes les ca­té­go­ries de la so­ciété anime un monde d’une grande ri­chesse hu­maine, où les sen­ti­ments et les sou­cis des humbles n’ont pas une di­gnité moindre que ceux des grands… La va­riété des ré­cits, ba­dins ou bur­lesques, ins­truc­tifs ou édi­fiants, fan­tas­tiques ou tou­chants, donne la pos­si­bi­lité de s’exprimer à toutes les émo­tions, des plus nobles aux moins raf­fi­nées »7. Tous dé­butent par la for­mule « main­te­nant, c’est du passé » (pro­non­cée « ima wa mu­ka­shi » à la ja­po­naise, « kon­jaku » à la chi­noise) qui fut choi­sie par Ta­ka­kuni parce qu’elle ex­prime à mer­veille l’idée boud­dhique se­lon la­quelle le passé existe au même titre et avec la même réa­lité que le « main­te­nant ».

  1. En ja­po­nais « 今昔物語 ». Au­tre­fois trans­crit « Kond­ja­kou mo­no­ga­tari » ou « Kon­ja­kou mo­no­ga­tari ». Haut
  2. En ja­po­nais « 宇治大納言物語 ». Haut
  3. En ja­po­nais 源隆国. Au­tre­fois trans­crit Mi­na­moto no Ta­ka­kouni. Haut
  4. p. 7. Haut
  1. VIII, XVIII et XXXI. Haut
  2. XXII et XXIII. Haut
  3. Jean Guilla­maud, « His­toire de la lit­té­ra­ture ja­po­naise ». Haut

Takakuni, « Histoires fantastiques du temps jadis »

éd. Ph. Picquier, Arles

éd. Ph. Pic­quier, Arles

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des « His­toires qui sont main­te­nant du passé » (« Kon­jaku mo­no­ga­tari »1) éga­le­ment connues sous le titre d’« His­toires du Grand Conseiller d’Uji » (« Uji dai­na­gon mo­no­ga­tari »2). Ce Grand Conseiller d’Uji, dont le nom était Mi­na­moto no Ta­ka­kuni3 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme qui sup­por­tait mal dans sa vieillesse les cha­leurs de l’été et qui se re­ti­rait chaque an­née, du cin­quième au hui­tième mois, à Uji, au Sud de Kyôto. Là, dans une te­nue né­gli­gée, se fai­sant éven­ter d’un grand éven­tail, il fai­sait ap­pe­ler à lui les pas­sants, sans se sou­cier de leur rang, et les priait de ra­con­ter des his­toires du passé, ce­pen­dant que lui-même, étendu à l’intérieur, no­tait leurs pa­roles dans un gros ca­hier : « Il y avait des ré­cits de l’Inde, des ré­cits de la Chine, et aussi des ré­cits du Ja­pon. Il en était d’édifiants, il en était de plai­sants, il en était de ter­ri­fiants, il en était d’émouvants, il en était de ré­pu­gnants. Quelques-uns étaient sans rime ni rai­son, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute es­pèce », dit le « Sup­plé­ment aux “His­toires d’Uji” »4. La par­tie des « His­toires qui sont main­te­nant du passé » re­la­tive au Ja­pon oc­cupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tan­dis que les par­ties consa­crées à l’Inde et à la Chine ne com­prennent cha­cune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui man­quants5 et deux autres6 ne nous sont par­ve­nus qu’en un état in­com­plet. Tel quel pour­tant, le re­cueil est en­core d’une éton­nante ri­chesse, et les mille cin­quante-neuf ré­cits qu’il contient font pen­ser à un ad­mi­rable ka­léi­do­scope qui nous pré­sente à chaque se­cousse, comme par un coup de ma­gie, des fi­gures in­at­ten­dues et sur­pre­nantes : « Un dé­filé de per­son­nages ap­par­te­nant à toutes les ca­té­go­ries de la so­ciété anime un monde d’une grande ri­chesse hu­maine, où les sen­ti­ments et les sou­cis des humbles n’ont pas une di­gnité moindre que ceux des grands… La va­riété des ré­cits, ba­dins ou bur­lesques, ins­truc­tifs ou édi­fiants, fan­tas­tiques ou tou­chants, donne la pos­si­bi­lité de s’exprimer à toutes les émo­tions, des plus nobles aux moins raf­fi­nées »7. Tous dé­butent par la for­mule « main­te­nant, c’est du passé » (pro­non­cée « ima wa mu­ka­shi » à la ja­po­naise, « kon­jaku » à la chi­noise) qui fut choi­sie par Ta­ka­kuni parce qu’elle ex­prime à mer­veille l’idée boud­dhique se­lon la­quelle le passé existe au même titre et avec la même réa­lité que le « main­te­nant ».

  1. En ja­po­nais « 今昔物語 ». Au­tre­fois trans­crit « Kond­ja­kou mo­no­ga­tari » ou « Kon­ja­kou mo­no­ga­tari ». Haut
  2. En ja­po­nais « 宇治大納言物語 ». Haut
  3. En ja­po­nais 源隆国. Au­tre­fois trans­crit Mi­na­moto no Ta­ka­kouni. Haut
  4. p. 7. Haut
  1. VIII, XVIII et XXXI. Haut
  2. XXII et XXIII. Haut
  3. Jean Guilla­maud, « His­toire de la lit­té­ra­ture ja­po­naise ». Haut

Takakuni, « Histoires qui sont maintenant du passé, “Konjaku-monogatari shû” »

éd. Gallimard, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’Orient, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des « His­toires qui sont main­te­nant du passé » (« Kon­jaku mo­no­ga­tari »1) éga­le­ment connues sous le titre d’« His­toires du Grand Conseiller d’Uji » (« Uji dai­na­gon mo­no­ga­tari »2). Ce Grand Conseiller d’Uji, dont le nom était Mi­na­moto no Ta­ka­kuni3 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme qui sup­por­tait mal dans sa vieillesse les cha­leurs de l’été et qui se re­ti­rait chaque an­née, du cin­quième au hui­tième mois, à Uji, au Sud de Kyôto. Là, dans une te­nue né­gli­gée, se fai­sant éven­ter d’un grand éven­tail, il fai­sait ap­pe­ler à lui les pas­sants, sans se sou­cier de leur rang, et les priait de ra­con­ter des his­toires du passé, ce­pen­dant que lui-même, étendu à l’intérieur, no­tait leurs pa­roles dans un gros ca­hier : « Il y avait des ré­cits de l’Inde, des ré­cits de la Chine, et aussi des ré­cits du Ja­pon. Il en était d’édifiants, il en était de plai­sants, il en était de ter­ri­fiants, il en était d’émouvants, il en était de ré­pu­gnants. Quelques-uns étaient sans rime ni rai­son, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute es­pèce », dit le « Sup­plé­ment aux “His­toires d’Uji” »4. La par­tie des « His­toires qui sont main­te­nant du passé » re­la­tive au Ja­pon oc­cupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tan­dis que les par­ties consa­crées à l’Inde et à la Chine ne com­prennent cha­cune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui man­quants5 et deux autres6 ne nous sont par­ve­nus qu’en un état in­com­plet. Tel quel pour­tant, le re­cueil est en­core d’une éton­nante ri­chesse, et les mille cin­quante-neuf ré­cits qu’il contient font pen­ser à un ad­mi­rable ka­léi­do­scope qui nous pré­sente à chaque se­cousse, comme par un coup de ma­gie, des fi­gures in­at­ten­dues et sur­pre­nantes : « Un dé­filé de per­son­nages ap­par­te­nant à toutes les ca­té­go­ries de la so­ciété anime un monde d’une grande ri­chesse hu­maine, où les sen­ti­ments et les sou­cis des humbles n’ont pas une di­gnité moindre que ceux des grands… La va­riété des ré­cits, ba­dins ou bur­lesques, ins­truc­tifs ou édi­fiants, fan­tas­tiques ou tou­chants, donne la pos­si­bi­lité de s’exprimer à toutes les émo­tions, des plus nobles aux moins raf­fi­nées »7. Tous dé­butent par la for­mule « main­te­nant, c’est du passé » (pro­non­cée « ima wa mu­ka­shi » à la ja­po­naise, « kon­jaku » à la chi­noise) qui fut choi­sie par Ta­ka­kuni parce qu’elle ex­prime à mer­veille l’idée boud­dhique se­lon la­quelle le passé existe au même titre et avec la même réa­lité que le « main­te­nant ».

  1. En ja­po­nais « 今昔物語 ». Au­tre­fois trans­crit « Kond­ja­kou mo­no­ga­tari » ou « Kon­ja­kou mo­no­ga­tari ». Haut
  2. En ja­po­nais « 宇治大納言物語 ». Haut
  3. En ja­po­nais 源隆国. Au­tre­fois trans­crit Mi­na­moto no Ta­ka­kouni. Haut
  4. p. 7. Haut
  1. VIII, XVIII et XXXI. Haut
  2. XXII et XXIII. Haut
  3. Jean Guilla­maud, « His­toire de la lit­té­ra­ture ja­po­naise ». Haut