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Beniowski, « Mémoires et Voyages. Tome III. Concernant l’expédition à Madagascar »

éd. Noir sur blanc, Paris

éd. Noir sur blanc, Pa­ris

Il s’agit des «Mé­moires et » de  1, dont la ne fut qu’un tissu d’ ex­tra­or­di­naires (XVIIIe siècle). Il na­quit à Vr­bové, dans la Haute- (l’actuelle Slo­va­quie). Sa na­tu­relle le porta, tout jeune, à voya­ger en , en Hol­lande et en An­gle­terre, où il s’instruisit dans l’art de la . Il passa en­suite en , où il prit part à la d’indépendance contre la ; il était co­lo­nel quand, deux fois de suite, il fut fait pri­son­nier. Les Russes le condam­nèrent à l’ au Kamt­chatka, à l’extrémité la plus orien­tale de la Si­bé­rie, pour être em­ployé, avec les plus vils mal­fai­teurs, à faire du char­bon de . Dans la tra­ver­sée, le vais­seau qui le por­tait fut as­sailli par une fu­rieuse tem­pête et en­dom­magé; le ca­pi­taine tomba ma­lade. Dans cet état déses­péré, sol­li­cité par le ca­pi­taine, Be­niowski sauva le vais­seau du nau­frage. C’est à ces cir­cons­tances qu’il dut le bon ac­cueil qu’on lui fit au Kamt­chatka. Là, l’intrépide Be­niowski, de concert avec cin­quante-six com­pa­gnons d’exil, aux­quels il sut ins­pi­rer son au­dace, forma une conju­ra­tion, dont la réus­site le ren­dit maître de la ci­ta­delle . Mal­gré cela, voyant l’impossibilité de te­nir très long­temps en pays en­nemi, il dé­cida de s’embarquer à bord d’une cor­vette, dont il s’empara de force avec sa troupe d’. Son voyage d’évasion tourna en vé­ri­table ex­pé­di­tion ma­ri­time. Parti du mi­lieu des neiges sous les­quelles les Russes avait voulu l’ensevelir, il na­vi­gua sur les eaux pra­ti­que­ment in­ex­plo­rées de la de Bé­ring et du Pa­ci­fique Nord. Puis, après avoir at­terri sur la côte ja­po­naise, il noua même avec les na­tu­rels des prou­vées par ses «Mé­moires». De là, il tou­cha à l’île de Taï­wan et à la , d’où il fut ra­mené en par un bâ­ti­ment . La re­mise qu’il fit au ca­bi­net de Ver­sailles de pa­piers im­por­tants qu’il avait vo­lés aux ar­chives du Kamt­chatka, et entre les­quels se trou­vait un pro­jet de conquête du par les Russes et par les , suf­fit pour lui pro­cu­rer de la part de la fran­çaise, dont la confiance en­vers les ve­nus de loin fut tou­jours constante, les moyens d’établir un comp­toir à Ma­da­gas­car. Be­niowski vou­lut, en même , pu­blier ses «Mé­moires», dont il es­pé­rait ti­rer beau­coup de bé­né­fices. Il trouva le se­cret d’en en­thou­sias­mer Jean-Hya­cinthe de Ma­gel­lan, des­cen­dant du cé­lèbre na­vi­ga­teur; non seule­ment le Por­tu­gais s’en char­gea, mais comp­tant lui-même sur des pro­fits im­menses, il per­dit dans cette pu­bli­ca­tion une bonne par­tie de son ar­gent. L’ouvrage, ré­digé en fran­çais, pa­rut en 1790. «La vé­ra­cité de la de cette na­vi­ga­tion sur la mer de Bé­ring et à tra­vers les eaux du Nord et du centre du Pa­ci­fique, pré­sen­tée avec tant de dé­tails dans [les “Mé­moires”], sus­cite de­puis deux cents ans de vives dis­cus­sions… Et cela est com­pré­hen­sible; car s’il a réel­le­ment suivi l’itinéraire qu’il dé­crit, il de­vrait être re­connu pour avoir dé­cou­vert avant Cook la mer de Bé­ring; si en re­vanche il a tout in­venté, il mé­ri­te­rait d’être qua­li­fié de plai­san­tin… et de char­la­tan», dit M. Ed­ward Ka­j­dański

  1. Par­fois trans­crit Be­nyovszki, Be­nyovszky, Be­nyowszky, Be­nyowszki, Be­nyowsky, Be­nyousky, Ben­jowski, Ben­jowsky, Ben­jovski, Be­nyowski, Beňowský ou Beňovský. Icône Haut

Beniowski, « Mémoires et Voyages. Tome II. Voyage par mer, depuis la presqu’île de Kamtchatka jusqu’à Canton »

éd. Noir sur blanc, Paris

éd. Noir sur blanc, Pa­ris

Il s’agit des «Mé­moires et » de  1, dont la ne fut qu’un tissu d’ ex­tra­or­di­naires (XVIIIe siècle). Il na­quit à Vr­bové, dans la Haute- (l’actuelle Slo­va­quie). Sa na­tu­relle le porta, tout jeune, à voya­ger en , en Hol­lande et en An­gle­terre, où il s’instruisit dans l’art de la . Il passa en­suite en , où il prit part à la d’indépendance contre la ; il était co­lo­nel quand, deux fois de suite, il fut fait pri­son­nier. Les Russes le condam­nèrent à l’ au Kamt­chatka, à l’extrémité la plus orien­tale de la Si­bé­rie, pour être em­ployé, avec les plus vils mal­fai­teurs, à faire du char­bon de . Dans la tra­ver­sée, le vais­seau qui le por­tait fut as­sailli par une fu­rieuse tem­pête et en­dom­magé; le ca­pi­taine tomba ma­lade. Dans cet état déses­péré, sol­li­cité par le ca­pi­taine, Be­niowski sauva le vais­seau du nau­frage. C’est à ces cir­cons­tances qu’il dut le bon ac­cueil qu’on lui fit au Kamt­chatka. Là, l’intrépide Be­niowski, de concert avec cin­quante-six com­pa­gnons d’exil, aux­quels il sut ins­pi­rer son au­dace, forma une conju­ra­tion, dont la réus­site le ren­dit maître de la ci­ta­delle . Mal­gré cela, voyant l’impossibilité de te­nir très long­temps en pays en­nemi, il dé­cida de s’embarquer à bord d’une cor­vette, dont il s’empara de force avec sa troupe d’. Son voyage d’évasion tourna en vé­ri­table ex­pé­di­tion ma­ri­time. Parti du mi­lieu des neiges sous les­quelles les Russes avait voulu l’ensevelir, il na­vi­gua sur les eaux pra­ti­que­ment in­ex­plo­rées de la de Bé­ring et du Pa­ci­fique Nord. Puis, après avoir at­terri sur la côte ja­po­naise, il noua même avec les na­tu­rels des prou­vées par ses «Mé­moires». De là, il tou­cha à l’île de Taï­wan et à la , d’où il fut ra­mené en par un bâ­ti­ment . La re­mise qu’il fit au ca­bi­net de Ver­sailles de pa­piers im­por­tants qu’il avait vo­lés aux ar­chives du Kamt­chatka, et entre les­quels se trou­vait un pro­jet de conquête du par les Russes et par les , suf­fit pour lui pro­cu­rer de la part de la fran­çaise, dont la confiance en­vers les ve­nus de loin fut tou­jours constante, les moyens d’établir un comp­toir à Ma­da­gas­car. Be­niowski vou­lut, en même , pu­blier ses «Mé­moires», dont il es­pé­rait ti­rer beau­coup de bé­né­fices. Il trouva le se­cret d’en en­thou­sias­mer Jean-Hya­cinthe de Ma­gel­lan, des­cen­dant du cé­lèbre na­vi­ga­teur; non seule­ment le Por­tu­gais s’en char­gea, mais comp­tant lui-même sur des pro­fits im­menses, il per­dit dans cette pu­bli­ca­tion une bonne par­tie de son ar­gent. L’ouvrage, ré­digé en fran­çais, pa­rut en 1790. «La vé­ra­cité de la de cette na­vi­ga­tion sur la mer de Bé­ring et à tra­vers les eaux du Nord et du centre du Pa­ci­fique, pré­sen­tée avec tant de dé­tails dans [les “Mé­moires”], sus­cite de­puis deux cents ans de vives dis­cus­sions… Et cela est com­pré­hen­sible; car s’il a réel­le­ment suivi l’itinéraire qu’il dé­crit, il de­vrait être re­connu pour avoir dé­cou­vert avant Cook la mer de Bé­ring; si en re­vanche il a tout in­venté, il mé­ri­te­rait d’être qua­li­fié de plai­san­tin… et de char­la­tan», dit M. Ed­ward Ka­j­dański

  1. Par­fois trans­crit Be­nyovszki, Be­nyovszky, Be­nyowszky, Be­nyowszki, Be­nyowsky, Be­nyousky, Ben­jowski, Ben­jowsky, Ben­jovski, Be­nyowski, Beňowský ou Beňovský. Icône Haut

Beniowski, « Mémoires et Voyages. Tome I. Journal de voyage à travers la Sibérie »

éd. Noir sur blanc, Paris

éd. Noir sur blanc, Pa­ris

Il s’agit des «Mé­moires et » de  1, dont la ne fut qu’un tissu d’ ex­tra­or­di­naires (XVIIIe siècle). Il na­quit à Vr­bové, dans la Haute- (l’actuelle Slo­va­quie). Sa na­tu­relle le porta, tout jeune, à voya­ger en , en Hol­lande et en An­gle­terre, où il s’instruisit dans l’art de la . Il passa en­suite en , où il prit part à la d’indépendance contre la ; il était co­lo­nel quand, deux fois de suite, il fut fait pri­son­nier. Les Russes le condam­nèrent à l’ au Kamt­chatka, à l’extrémité la plus orien­tale de la Si­bé­rie, pour être em­ployé, avec les plus vils mal­fai­teurs, à faire du char­bon de . Dans la tra­ver­sée, le vais­seau qui le por­tait fut as­sailli par une fu­rieuse tem­pête et en­dom­magé; le ca­pi­taine tomba ma­lade. Dans cet état déses­péré, sol­li­cité par le ca­pi­taine, Be­niowski sauva le vais­seau du nau­frage. C’est à ces cir­cons­tances qu’il dut le bon ac­cueil qu’on lui fit au Kamt­chatka. Là, l’intrépide Be­niowski, de concert avec cin­quante-six com­pa­gnons d’exil, aux­quels il sut ins­pi­rer son au­dace, forma une conju­ra­tion, dont la réus­site le ren­dit maître de la ci­ta­delle . Mal­gré cela, voyant l’impossibilité de te­nir très long­temps en pays en­nemi, il dé­cida de s’embarquer à bord d’une cor­vette, dont il s’empara de force avec sa troupe d’. Son voyage d’évasion tourna en vé­ri­table ex­pé­di­tion ma­ri­time. Parti du mi­lieu des neiges sous les­quelles les Russes avait voulu l’ensevelir, il na­vi­gua sur les eaux pra­ti­que­ment in­ex­plo­rées de la de Bé­ring et du Pa­ci­fique Nord. Puis, après avoir at­terri sur la côte ja­po­naise, il noua même avec les na­tu­rels des prou­vées par ses «Mé­moires». De là, il tou­cha à l’île de Taï­wan et à la , d’où il fut ra­mené en par un bâ­ti­ment . La re­mise qu’il fit au ca­bi­net de Ver­sailles de pa­piers im­por­tants qu’il avait vo­lés aux ar­chives du Kamt­chatka, et entre les­quels se trou­vait un pro­jet de conquête du par les Russes et par les , suf­fit pour lui pro­cu­rer de la part de la fran­çaise, dont la confiance en­vers les ve­nus de loin fut tou­jours constante, les moyens d’établir un comp­toir à Ma­da­gas­car. Be­niowski vou­lut, en même , pu­blier ses «Mé­moires», dont il es­pé­rait ti­rer beau­coup de bé­né­fices. Il trouva le se­cret d’en en­thou­sias­mer Jean-Hya­cinthe de Ma­gel­lan, des­cen­dant du cé­lèbre na­vi­ga­teur; non seule­ment le Por­tu­gais s’en char­gea, mais comp­tant lui-même sur des pro­fits im­menses, il per­dit dans cette pu­bli­ca­tion une bonne par­tie de son ar­gent. L’ouvrage, ré­digé en fran­çais, pa­rut en 1790. «La vé­ra­cité de la de cette na­vi­ga­tion sur la mer de Bé­ring et à tra­vers les eaux du Nord et du centre du Pa­ci­fique, pré­sen­tée avec tant de dé­tails dans [les “Mé­moires”], sus­cite de­puis deux cents ans de vives dis­cus­sions… Et cela est com­pré­hen­sible; car s’il a réel­le­ment suivi l’itinéraire qu’il dé­crit, il de­vrait être re­connu pour avoir dé­cou­vert avant Cook la mer de Bé­ring; si en re­vanche il a tout in­venté, il mé­ri­te­rait d’être qua­li­fié de plai­san­tin… et de char­la­tan», dit M. Ed­ward Ka­j­dański

  1. Par­fois trans­crit Be­nyovszki, Be­nyovszky, Be­nyowszky, Be­nyowszki, Be­nyowsky, Be­nyousky, Ben­jowski, Ben­jowsky, Ben­jovski, Be­nyowski, Beňowský ou Beňovský. Icône Haut

l’abbé Barthélemy, « Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, dans le milieu du IVᵉ siècle avant l’ère vulgaire. Tome III »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Voyage du jeune Ana­char­sis en » de l’abbé , pu­blié en 1788, et qui re­groupe, dans un ré­sumé ac­ces­sible, tou­jours élé­gant, quel­que­fois , l’ensemble des connais­sances ac­quises jusque-là sur la Grèce an­tique. Son au­teur fut non seule­ment un abbé mon­dain et fort agréable, mais aussi un nu­mis­mate de pre­mier ordre, qui sa­vait les langues an­ciennes — le , le , l’, l’, le chal­déen —, qui créa les études du phé­ni­cien, et que plu­sieurs Aca­dé­mies comp­taient parmi leurs membres. Il vint au à Cas­sis, pe­tite ville et port peu éloi­gnés de Mar­seille. Il eut, tout jeune, le mal­heur de perdre sa mère. Chaque ma­tin et soir, son père in­con­so­lable le pre­nait par la main et le me­nait dans un en­droit so­li­taire; là il le fai­sait as­seoir au­près de lui, fon­dait en larmes et l’exhortait à pleu­rer la plus ai­mable des . «Ces scènes at­ten­dris­santes», dit Bar­thé­lemy, qui nous les rap­porte dans ses «Mé­moires», «firent sur mon cœur une im­pres­sion pro­fonde, qui ne s’en est ja­mais ef­fa­cée.» Aussi est-il lé­gi­time de pen­ser que la sen­si­bi­lité ré­pan­due par­tout dans l’«Ana­char­sis», et dont l’excès pour­rait sem­bler dû à une af­fec­ta­tion ou à une lit­té­raire, trouve son ori­gine dans ses im­pres­sions per­son­nelles et ses pre­mières . Tou­jours est-il que Bar­thé­lemy en­tra dans le par obéis­sance pour son père; mais quand il fut ques­tion d’exercer un mi­nis­tère, il dé­cida de ne prendre conseil que de son cœur; et mal­gré les pers­pec­tives les plus brillantes, mal­gré les qua­li­tés les plus ap­pro­priées à ce genre de , il n’osa pas s’engager, «quoique pé­né­tré des de la », dit-il. Re­mer­cions-le d’avoir cédé à son goût de la et des études pro­fanes; l’«Ana­char­sis» nous prouve que c’était là sa vé­ri­table vo­ca­tion. Dé­sor­mais libre, sans si­tua­tion, l’abbé vint à Pa­ris, où il pas­sait la plus grande par­tie de ses jour­nées dans les et les mu­sées, s’intéressant à tout ce qui tou­chait à l’, et ac­qué­rant cette mer­veilleuse connais­sance des choses an­ciennes qui, plus tard, fit dire de lui «que sa te­nait toute l’» 1. Par un de ces ha­sards qui cachent la main de la Pro­vi­dence, il fut d’abord adressé à Claude Gros de Boze, garde du Ca­bi­net des mé­dailles. La froi­deur gla­ciale de l’un, la ti­mi­dité em­bar­ras­sée de l’autre firent bien­tôt place à la plus étroite ; et le sa­vant Gros de Boze, en de­man­dant l’abbé pour suc­ces­seur, mon­tra qu’il n’était pas moins connais­seur en hommes qu’en mé­dailles.

  1. Sa­muel Ro­che­blave, «Es­sai sur le comte de Cay­lus : l’ • l’artiste • l’antiquaire». Icône Haut

l’abbé Barthélemy, « Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, dans le milieu du IVᵉ siècle avant l’ère vulgaire. Tome II »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Voyage du jeune Ana­char­sis en » de l’abbé , pu­blié en 1788, et qui re­groupe, dans un ré­sumé ac­ces­sible, tou­jours élé­gant, quel­que­fois , l’ensemble des connais­sances ac­quises jusque-là sur la Grèce an­tique. Son au­teur fut non seule­ment un abbé mon­dain et fort agréable, mais aussi un nu­mis­mate de pre­mier ordre, qui sa­vait les langues an­ciennes — le , le , l’, l’, le chal­déen —, qui créa les études du phé­ni­cien, et que plu­sieurs Aca­dé­mies comp­taient parmi leurs membres. Il vint au à Cas­sis, pe­tite ville et port peu éloi­gnés de Mar­seille. Il eut, tout jeune, le mal­heur de perdre sa mère. Chaque ma­tin et soir, son père in­con­so­lable le pre­nait par la main et le me­nait dans un en­droit so­li­taire; là il le fai­sait as­seoir au­près de lui, fon­dait en larmes et l’exhortait à pleu­rer la plus ai­mable des . «Ces scènes at­ten­dris­santes», dit Bar­thé­lemy, qui nous les rap­porte dans ses «Mé­moires», «firent sur mon cœur une im­pres­sion pro­fonde, qui ne s’en est ja­mais ef­fa­cée.» Aussi est-il lé­gi­time de pen­ser que la sen­si­bi­lité ré­pan­due par­tout dans l’«Ana­char­sis», et dont l’excès pour­rait sem­bler dû à une af­fec­ta­tion ou à une lit­té­raire, trouve son ori­gine dans ses im­pres­sions per­son­nelles et ses pre­mières . Tou­jours est-il que Bar­thé­lemy en­tra dans le par obéis­sance pour son père; mais quand il fut ques­tion d’exercer un mi­nis­tère, il dé­cida de ne prendre conseil que de son cœur; et mal­gré les pers­pec­tives les plus brillantes, mal­gré les qua­li­tés les plus ap­pro­priées à ce genre de , il n’osa pas s’engager, «quoique pé­né­tré des de la », dit-il. Re­mer­cions-le d’avoir cédé à son goût de la et des études pro­fanes; l’«Ana­char­sis» nous prouve que c’était là sa vé­ri­table vo­ca­tion. Dé­sor­mais libre, sans si­tua­tion, l’abbé vint à Pa­ris, où il pas­sait la plus grande par­tie de ses jour­nées dans les et les mu­sées, s’intéressant à tout ce qui tou­chait à l’, et ac­qué­rant cette mer­veilleuse connais­sance des choses an­ciennes qui, plus tard, fit dire de lui «que sa te­nait toute l’» 1. Par un de ces ha­sards qui cachent la main de la Pro­vi­dence, il fut d’abord adressé à Claude Gros de Boze, garde du Ca­bi­net des mé­dailles. La froi­deur gla­ciale de l’un, la ti­mi­dité em­bar­ras­sée de l’autre firent bien­tôt place à la plus étroite ; et le sa­vant Gros de Boze, en de­man­dant l’abbé pour suc­ces­seur, mon­tra qu’il n’était pas moins connais­seur en hommes qu’en mé­dailles.

  1. Sa­muel Ro­che­blave, «Es­sai sur le comte de Cay­lus : l’ • l’artiste • l’antiquaire». Icône Haut

l’abbé Barthélemy, « Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, dans le milieu du IVᵉ siècle avant l’ère vulgaire. Tome I »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Voyage du jeune Ana­char­sis en » de l’abbé , pu­blié en 1788, et qui re­groupe, dans un ré­sumé ac­ces­sible, tou­jours élé­gant, quel­que­fois , l’ensemble des connais­sances ac­quises jusque-là sur la Grèce an­tique. Son au­teur fut non seule­ment un abbé mon­dain et fort agréable, mais aussi un nu­mis­mate de pre­mier ordre, qui sa­vait les langues an­ciennes — le , le , l’, l’, le chal­déen —, qui créa les études du phé­ni­cien, et que plu­sieurs Aca­dé­mies comp­taient parmi leurs membres. Il vint au à Cas­sis, pe­tite ville et port peu éloi­gnés de Mar­seille. Il eut, tout jeune, le mal­heur de perdre sa mère. Chaque ma­tin et soir, son père in­con­so­lable le pre­nait par la main et le me­nait dans un en­droit so­li­taire; là il le fai­sait as­seoir au­près de lui, fon­dait en larmes et l’exhortait à pleu­rer la plus ai­mable des . «Ces scènes at­ten­dris­santes», dit Bar­thé­lemy, qui nous les rap­porte dans ses «Mé­moires», «firent sur mon cœur une im­pres­sion pro­fonde, qui ne s’en est ja­mais ef­fa­cée.» Aussi est-il lé­gi­time de pen­ser que la sen­si­bi­lité ré­pan­due par­tout dans l’«Ana­char­sis», et dont l’excès pour­rait sem­bler dû à une af­fec­ta­tion ou à une lit­té­raire, trouve son ori­gine dans ses im­pres­sions per­son­nelles et ses pre­mières . Tou­jours est-il que Bar­thé­lemy en­tra dans le par obéis­sance pour son père; mais quand il fut ques­tion d’exercer un mi­nis­tère, il dé­cida de ne prendre conseil que de son cœur; et mal­gré les pers­pec­tives les plus brillantes, mal­gré les qua­li­tés les plus ap­pro­priées à ce genre de , il n’osa pas s’engager, «quoique pé­né­tré des de la », dit-il. Re­mer­cions-le d’avoir cédé à son goût de la et des études pro­fanes; l’«Ana­char­sis» nous prouve que c’était là sa vé­ri­table vo­ca­tion. Dé­sor­mais libre, sans si­tua­tion, l’abbé vint à Pa­ris, où il pas­sait la plus grande par­tie de ses jour­nées dans les et les mu­sées, s’intéressant à tout ce qui tou­chait à l’, et ac­qué­rant cette mer­veilleuse connais­sance des choses an­ciennes qui, plus tard, fit dire de lui «que sa te­nait toute l’» 1. Par un de ces ha­sards qui cachent la main de la Pro­vi­dence, il fut d’abord adressé à Claude Gros de Boze, garde du Ca­bi­net des mé­dailles. La froi­deur gla­ciale de l’un, la ti­mi­dité em­bar­ras­sée de l’autre firent bien­tôt place à la plus étroite ; et le sa­vant Gros de Boze, en de­man­dant l’abbé pour suc­ces­seur, mon­tra qu’il n’était pas moins connais­seur en hommes qu’en mé­dailles.

  1. Sa­muel Ro­che­blave, «Es­sai sur le comte de Cay­lus : l’ • l’artiste • l’antiquaire». Icône Haut

Galland, « Les “Mille et une Nuits” : contes arabes. Tome III »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des «Mille et une Nuits» («Alf layla wa-layla» 1), . Ra­re­ment, la de la et les de l’ ont été dé­pen­sés dans une œuvre avec plus de pro­di­ga­lité; et ra­re­ment, une œuvre a eu une réus­site plus écla­tante que celle des «Mille et une Nuits» de­puis qu’elle a été trans­por­tée en par l’orientaliste An­toine Gal­land au com­men­ce­ment du XVIIIe siècle. De là, elle a im­mé­dia­te­ment rem­pli le de sa re­nom­mée, et de­puis, son n’a fait que croître de jour en jour, sans souf­frir ni des ca­prices de la ni du chan­ge­ment des goûts. Quelle ex­tra­or­di­naire fé­con­dité dans ces ! Quelle va­riété! Avec quel in­épui­sable in­té­rêt on suit les en­chan­te­resses de Sind­bad le Ma­rin ou les mer­veilles opé­rées par la lampe d’Aladdin : «C’est dans l’ même que l’enfance du genre hu­main se montre avec toute sa grâce et toute sa naï­veté», dit Édouard Gaut­tier d’Arc 2. «On y cher­che­rait en vain ou ces teintes mé­lan­co­liques du Nord, ou ces al­lu­sions sé­rieuses et pro­fondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plai­sirs… Ces gé­nies qu’elle a pro­duits, vont ré­pan­dant par­tout les perles, l’, les dia­mants; ils élèvent en un ins­tant des su­perbes; ils livrent à ce­lui qu’ils fa­vo­risent, des hou­ris 3 en­chan­te­resses; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouis­sances, sans qu’il se donne au­cune peine pour les ac­qué­rir. Il faut aux Orien­taux un fa­cile et com­plet; ils le veulent sans nuages, comme le qui les éclaire.»

  1. En «ألف ليلة وليلة». Au­tre­fois trans­crit «Alef léï­lét oué-léï­lét», «Alef lei­let we lei­let», «Alef leila wa leila» ou «Alf laila wa-laila». Icône Haut
  2. Pré­face à l’édition de 1822-1823. Icône Haut
  1. Beau­tés cé­lestes qui, se­lon le , se­ront les épouses des fi­dèles. Icône Haut

Hugo, « Notre-Dame de Paris. Tome II »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Notre-Dame de Pa­ris» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

Hugo, « Notre-Dame de Paris. Tome I »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Notre-Dame de Pa­ris» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

Hugo, « Han d’Islande »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Han d’» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

Hugo, « L’Art d’être grand-père »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «L’Art d’être grand-père» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

Hugo, « Bug-Jargal • Le Dernier Jour d’un condamné • Claude Gueux »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Der­nier Jour d’un condamné» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

Galland, « Les “Mille et une Nuits” : contes arabes. Tome II »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des «Mille et une Nuits» («Alf layla wa-layla» 1), . Ra­re­ment, la de la et les de l’ ont été dé­pen­sés dans une œuvre avec plus de pro­di­ga­lité; et ra­re­ment, une œuvre a eu une réus­site plus écla­tante que celle des «Mille et une Nuits» de­puis qu’elle a été trans­por­tée en par l’orientaliste An­toine Gal­land au com­men­ce­ment du XVIIIe siècle. De là, elle a im­mé­dia­te­ment rem­pli le de sa re­nom­mée, et de­puis, son n’a fait que croître de jour en jour, sans souf­frir ni des ca­prices de la ni du chan­ge­ment des goûts. Quelle ex­tra­or­di­naire fé­con­dité dans ces ! Quelle va­riété! Avec quel in­épui­sable in­té­rêt on suit les en­chan­te­resses de Sind­bad le Ma­rin ou les mer­veilles opé­rées par la lampe d’Aladdin : «C’est dans l’ même que l’enfance du genre hu­main se montre avec toute sa grâce et toute sa naï­veté», dit Édouard Gaut­tier d’Arc 2. «On y cher­che­rait en vain ou ces teintes mé­lan­co­liques du Nord, ou ces al­lu­sions sé­rieuses et pro­fondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plai­sirs… Ces gé­nies qu’elle a pro­duits, vont ré­pan­dant par­tout les perles, l’, les dia­mants; ils élèvent en un ins­tant des su­perbes; ils livrent à ce­lui qu’ils fa­vo­risent, des hou­ris 3 en­chan­te­resses; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouis­sances, sans qu’il se donne au­cune peine pour les ac­qué­rir. Il faut aux Orien­taux un fa­cile et com­plet; ils le veulent sans nuages, comme le qui les éclaire.»

  1. En «ألف ليلة وليلة». Au­tre­fois trans­crit «Alef léï­lét oué-léï­lét», «Alef lei­let we lei­let», «Alef leila wa leila» ou «Alf laila wa-laila». Icône Haut
  2. Pré­face à l’édition de 1822-1823. Icône Haut
  1. Beau­tés cé­lestes qui, se­lon le , se­ront les épouses des fi­dèles. Icône Haut