Icône Mot-clef20ᵉ siècle

Ôé, « Le Jeu du siècle »

éd. Gallimard, coll. Du monde entier, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Du en­tier, Pa­ris

Il s’agit du «Le Jeu du siècle» («Man’en gan­nen no fut­to­bôru» 1, lit­té­ra­le­ment «Foot­ball en l’an 1 de l’ère Man’en») de M.  2, un des der­niers re­pré­sen­tants de la lit­té­ra­ture d’après-. Il na­quit dans une pé­ri­phé­rie du monde ap­pe­lée , et qui plus est, dans un vil­lage pé­ri­phé­rique de ce pays. C’était un beau vil­lage perdu au cœur des grandes fo­rêts de l’île de Shi­koku, où sa ha­bi­tait de­puis des cen­taines d’années sans que per­sonne ne s’en fût ja­mais éloi­gné; son père ve­nait d’y mou­rir. «L’ de la et de la fo­lie m’avait saisi pour ne plus me lâ­cher, de­puis la mort sou­daine de mon père», dit-il 3. À dix-sept ans, dans un ou­vrage d’un pro­fes­seur de Tô­kyô in­ti­tulé «Fu­ransu ru­ne­sansu dan­shô» 4Frag­ments de la fran­çaise»), M. Ôé dé­cou­vrait, avec un en­thou­siasme dé­bor­dant, les et le com­bat qu’ils avaient mené pour ré­pandre leurs idées. Et c’est pour étu­dier ces idées-là — ca­pables, pen­sait-il, de le pro­té­ger des ten­ta­tions ni­hi­listes d’un Mi­shima — qu’il quitta les fo­rêts na­tales et qu’il se ren­dit en ville pour prendre un train de pour Tô­kyô. L’idée de de­ve­nir le dis­ciple de M. Ka­zuo Wa­ta­nabé 5, ce pro­fes­seur de dont il fai­sait d’ores et déjà son maître à pen­ser pour la , était là pour le sou­te­nir dans l’épreuve que re­pré­sen­tait ce voyage. Dans l’immense mé­tro­pole, M. Ôé se mon­tra un étu­diant brillant, mais ren­fermé, so­li­taire, et bé­gayant à cause de son ac­cent pro­vin­cial dont il avait . La nuit, l’ennui le dé­pri­mait, et tout en pre­nant des tran­quilli­sants avec du whisky, il fai­sait des es­quisses de ro­mans. «Quand j’ai com­mencé à écrire des ro­mans, je me suis dit qu’un jour ils se­raient pu­bliés en par les édi­tions Gal­li­mard et que j’offrirais ce­lui qui me sem­ble­rait le mieux tra­duit à mon pro­fes­seur. Tout en gar­dant cette idée à l’esprit, j’ai tenté di­verses d’ ro­ma­nesque… C’est ce que j’ai tou­jours tenté de faire, et je ne le re­grette pas, mais j’ai aussi tou­jours eu le sen­ti­ment en pa­ral­lèle de ne ja­mais [avoir écrit] un ro­man li­béré de cette ob­ses­sion, équi­li­bré, bien construit», dit-il

  1. En «万延元年のフットボール». Par­fois trans­crit «Man’en gan­nen no foot­ball». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 大江健三郎. Icône Haut
  3. «L’, être fra­gile» («壊れものとしての人間»), in­édit en fran­çais. Icône Haut
  1. En ja­po­nais «フランス・ルネサンス断章». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 渡辺一夫. Icône Haut

Ôé, « Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants : récit »

éd. Gallimard, coll. Haute Enfance, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Haute En­fance, Pa­ris

Il s’agit du «Ar­ra­chez les bour­geons, ti­rez sur les » («Me­mu­shiri ko.uchi» 1) de M.  2, un des der­niers re­pré­sen­tants de la lit­té­ra­ture d’après-. Il na­quit dans une pé­ri­phé­rie du ap­pe­lée , et qui plus est, dans un vil­lage pé­ri­phé­rique de ce pays. C’était un beau vil­lage perdu au cœur des grandes fo­rêts de l’île de Shi­koku, où sa ha­bi­tait de­puis des cen­taines d’années sans que per­sonne ne s’en fût ja­mais éloi­gné; son père ve­nait d’y mou­rir. «L’ de la et de la fo­lie m’avait saisi pour ne plus me lâ­cher, de­puis la mort sou­daine de mon père», dit-il 3. À dix-sept ans, dans un ou­vrage d’un pro­fes­seur de Tô­kyô in­ti­tulé «Fu­ransu ru­ne­sansu dan­shô» 4Frag­ments de la fran­çaise»), M. Ôé dé­cou­vrait, avec un en­thou­siasme dé­bor­dant, les et le com­bat qu’ils avaient mené pour ré­pandre leurs idées. Et c’est pour étu­dier ces idées-là — ca­pables, pen­sait-il, de le pro­té­ger des ten­ta­tions ni­hi­listes d’un Mi­shima — qu’il quitta les fo­rêts na­tales et qu’il se ren­dit en ville pour prendre un train de pour Tô­kyô. L’idée de de­ve­nir le dis­ciple de M. Ka­zuo Wa­ta­nabé 5, ce pro­fes­seur de dont il fai­sait d’ores et déjà son maître à pen­ser pour la , était là pour le sou­te­nir dans l’épreuve que re­pré­sen­tait ce voyage. Dans l’immense mé­tro­pole, M. Ôé se mon­tra un étu­diant brillant, mais ren­fermé, so­li­taire, et bé­gayant à cause de son ac­cent pro­vin­cial dont il avait . La nuit, l’ennui le dé­pri­mait, et tout en pre­nant des tran­quilli­sants avec du whisky, il fai­sait des es­quisses de ro­mans. «Quand j’ai com­mencé à écrire des ro­mans, je me suis dit qu’un jour ils se­raient pu­bliés en par les édi­tions Gal­li­mard et que j’offrirais ce­lui qui me sem­ble­rait le mieux tra­duit à mon pro­fes­seur. Tout en gar­dant cette idée à l’esprit, j’ai tenté di­verses d’ ro­ma­nesque… C’est ce que j’ai tou­jours tenté de faire, et je ne le re­grette pas, mais j’ai aussi tou­jours eu le sen­ti­ment en pa­ral­lèle de ne ja­mais [avoir écrit] un ro­man li­béré de cette ob­ses­sion, équi­li­bré, bien construit», dit-il

  1. En «芽むしり仔撃ち». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 大江健三郎. Icône Haut
  3. «L’, être fra­gile» («壊れものとしての人間»), in­édit en fran­çais. Icône Haut
  1. En ja­po­nais «フランス・ルネサンス断章». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 渡辺一夫. Icône Haut

Ôé, « Dites-nous comment survivre à notre folie »

éd. Gallimard, coll. Folio, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Fo­lio, Pa­ris

Il s’agit de «Dites-nous com­ment sur­vivre à notre fo­lie» («Wa­rera no kyôki wo iki­no­biru mi­chi wo oshie yo» 1) et autres nou­velles de M.  2, un des der­niers re­pré­sen­tants de la lit­té­ra­ture d’après-. Il na­quit dans une pé­ri­phé­rie du ap­pe­lée , et qui plus est, dans un vil­lage pé­ri­phé­rique de ce pays. C’était un beau vil­lage perdu au cœur des grandes fo­rêts de l’île de Shi­koku, où sa ha­bi­tait de­puis des cen­taines d’années sans que per­sonne ne s’en fût ja­mais éloi­gné; son père ve­nait d’y mou­rir. «L’ de la et de la fo­lie m’avait saisi pour ne plus me lâ­cher, de­puis la mort sou­daine de mon père», dit-il 3. À dix-sept ans, dans un ou­vrage d’un pro­fes­seur de Tô­kyô in­ti­tulé «Fu­ransu ru­ne­sansu dan­shô» 4Frag­ments de la fran­çaise»), M. Ôé dé­cou­vrait, avec un en­thou­siasme dé­bor­dant, les et le com­bat qu’ils avaient mené pour ré­pandre leurs idées. Et c’est pour étu­dier ces idées-là — ca­pables, pen­sait-il, de le pro­té­ger des ten­ta­tions ni­hi­listes d’un Mi­shima — qu’il quitta les fo­rêts na­tales et qu’il se ren­dit en ville pour prendre un train de pour Tô­kyô. L’idée de de­ve­nir le dis­ciple de M. Ka­zuo Wa­ta­nabé 5, ce pro­fes­seur de dont il fai­sait d’ores et déjà son maître à pen­ser pour la , était là pour le sou­te­nir dans l’épreuve que re­pré­sen­tait ce voyage. Dans l’immense mé­tro­pole, M. Ôé se mon­tra un étu­diant brillant, mais ren­fermé, so­li­taire, et bé­gayant à cause de son ac­cent pro­vin­cial dont il avait . La nuit, l’ennui le dé­pri­mait, et tout en pre­nant des tran­quilli­sants avec du whisky, il fai­sait des es­quisses de ro­mans. «Quand j’ai com­mencé à écrire des ro­mans, je me suis dit qu’un jour ils se­raient pu­bliés en par les édi­tions Gal­li­mard et que j’offrirais ce­lui qui me sem­ble­rait le mieux tra­duit à mon pro­fes­seur. Tout en gar­dant cette idée à l’esprit, j’ai tenté di­verses d’ ro­ma­nesque… C’est ce que j’ai tou­jours tenté de faire, et je ne le re­grette pas, mais j’ai aussi tou­jours eu le sen­ti­ment en pa­ral­lèle de ne ja­mais [avoir écrit] un li­béré de cette ob­ses­sion, équi­li­bré, bien construit», dit-il

  1. En «われらの狂気を生き延びる道を教えよ». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 大江健三郎. Icône Haut
  3. «L’, être fra­gile» («壊れものとしての人間»), in­édit en fran­çais. Icône Haut
  1. En ja­po­nais «フランス・ルネサンス断章». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 渡辺一夫. Icône Haut

Ôé, « Le Faste des morts : nouvelles »

éd. Gallimard, coll. Du monde entier, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Du en­tier, Pa­ris

Il s’agit du «Faste des morts» («Shi­sha no ogori» 1) et autres nou­velles de M.  2, un des der­niers re­pré­sen­tants de la lit­té­ra­ture d’après-. Il na­quit dans une pé­ri­phé­rie du monde ap­pe­lée , et qui plus est, dans un vil­lage pé­ri­phé­rique de ce pays. C’était un beau vil­lage perdu au cœur des grandes fo­rêts de l’île de Shi­koku, où sa ha­bi­tait de­puis des cen­taines d’années sans que per­sonne ne s’en fût ja­mais éloi­gné; son père ve­nait d’y mou­rir. «L’ de la et de la fo­lie m’avait saisi pour ne plus me lâ­cher, de­puis la mort sou­daine de mon père», dit-il 3. À dix-sept ans, dans un ou­vrage d’un pro­fes­seur de Tô­kyô in­ti­tulé «Fu­ransu ru­ne­sansu dan­shô» 4Frag­ments de la fran­çaise»), M. Ôé dé­cou­vrait, avec un en­thou­siasme dé­bor­dant, les et le com­bat qu’ils avaient mené pour ré­pandre leurs idées. Et c’est pour étu­dier ces idées-là — ca­pables, pen­sait-il, de le pro­té­ger des ten­ta­tions ni­hi­listes d’un Mi­shima — qu’il quitta les fo­rêts na­tales et qu’il se ren­dit en ville pour prendre un train de pour Tô­kyô. L’idée de de­ve­nir le dis­ciple de M. Ka­zuo Wa­ta­nabé 5, ce pro­fes­seur de dont il fai­sait d’ores et déjà son maître à pen­ser pour la , était là pour le sou­te­nir dans l’épreuve que re­pré­sen­tait ce voyage. Dans l’immense mé­tro­pole, M. Ôé se mon­tra un étu­diant brillant, mais ren­fermé, so­li­taire, et bé­gayant à cause de son ac­cent pro­vin­cial dont il avait . La nuit, l’ennui le dé­pri­mait, et tout en pre­nant des tran­quilli­sants avec du whisky, il fai­sait des es­quisses de ro­mans. «Quand j’ai com­mencé à écrire des ro­mans, je me suis dit qu’un jour ils se­raient pu­bliés en par les édi­tions Gal­li­mard et que j’offrirais ce­lui qui me sem­ble­rait le mieux tra­duit à mon pro­fes­seur. Tout en gar­dant cette idée à l’esprit, j’ai tenté di­verses d’ ro­ma­nesque… C’est ce que j’ai tou­jours tenté de faire, et je ne le re­grette pas, mais j’ai aussi tou­jours eu le sen­ti­ment en pa­ral­lèle de ne ja­mais [avoir écrit] un li­béré de cette ob­ses­sion, équi­li­bré, bien construit», dit-il

  1. En «死者の奢り». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 大江健三郎. Icône Haut
  3. «L’, être fra­gile» («壊れものとしての人間»), in­édit en fran­çais. Icône Haut
  1. En ja­po­nais «フランス・ルネサンス断章». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 渡辺一夫. Icône Haut

Ôé, « Une Existence tranquille »

éd. Gallimard, coll. Folio, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Fo­lio, Pa­ris

Il s’agit d’«Une tran­quille» («Shi­zu­kana sei­katsu» 1) et autres nou­velles de M.  2, un des der­niers re­pré­sen­tants de la lit­té­ra­ture d’après-. Il na­quit dans une pé­ri­phé­rie du ap­pe­lée , et qui plus est, dans un vil­lage pé­ri­phé­rique de ce pays. C’était un beau vil­lage perdu au cœur des grandes fo­rêts de l’île de Shi­koku, où sa ha­bi­tait de­puis des cen­taines d’années sans que per­sonne ne s’en fût ja­mais éloi­gné; son père ve­nait d’y mou­rir. «L’ de la et de la fo­lie m’avait saisi pour ne plus me lâ­cher, de­puis la mort sou­daine de mon père», dit-il 3. À dix-sept ans, dans un ou­vrage d’un pro­fes­seur de Tô­kyô in­ti­tulé «Fu­ransu ru­ne­sansu dan­shô» 4Frag­ments de la fran­çaise»), M. Ôé dé­cou­vrait, avec un en­thou­siasme dé­bor­dant, les et le com­bat qu’ils avaient mené pour ré­pandre leurs idées. Et c’est pour étu­dier ces idées-là — ca­pables, pen­sait-il, de le pro­té­ger des ten­ta­tions ni­hi­listes d’un Mi­shima — qu’il quitta les fo­rêts na­tales et qu’il se ren­dit en ville pour prendre un train de pour Tô­kyô. L’idée de de­ve­nir le dis­ciple de M. Ka­zuo Wa­ta­nabé 5, ce pro­fes­seur de dont il fai­sait d’ores et déjà son maître à pen­ser pour la , était là pour le sou­te­nir dans l’épreuve que re­pré­sen­tait ce voyage. Dans l’immense mé­tro­pole, M. Ôé se mon­tra un étu­diant brillant, mais ren­fermé, so­li­taire, et bé­gayant à cause de son ac­cent pro­vin­cial dont il avait . La nuit, l’ennui le dé­pri­mait, et tout en pre­nant des tran­quilli­sants avec du whisky, il fai­sait des es­quisses de ro­mans. «Quand j’ai com­mencé à écrire des ro­mans, je me suis dit qu’un jour ils se­raient pu­bliés en par les édi­tions Gal­li­mard et que j’offrirais ce­lui qui me sem­ble­rait le mieux tra­duit à mon pro­fes­seur. Tout en gar­dant cette idée à l’esprit, j’ai tenté di­verses d’ ro­ma­nesque… C’est ce que j’ai tou­jours tenté de faire, et je ne le re­grette pas, mais j’ai aussi tou­jours eu le sen­ti­ment en pa­ral­lèle de ne ja­mais [avoir écrit] un li­béré de cette ob­ses­sion, équi­li­bré, bien construit», dit-il

  1. En «静かな生活». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 大江健三郎. Icône Haut
  3. «L’, être fra­gile» («壊れものとしての人間»), in­édit en fran­çais. Icône Haut
  1. En ja­po­nais «フランス・ルネサンス断章». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 渡辺一夫. Icône Haut

« Kôtoku Shûsui : socialiste et anarchiste japonais »

éd. du Monde libertaire, coll. Graine d’ananar, Paris

éd. du li­ber­taire, coll. Graine d’ananar, Pa­ris

Il s’agit de «Dis­cus­sion sur la “ré­vo­lu­tion vio­lente” à par­tir de ma pri­son» («Go­ku­chû yori “bô­ryoku ka­ku­mei” wo ronzu» 1) et autres trai­tés de  2, in­tel­lec­tuel, père de l’ , condamné à en 1910 pour at­ten­tat sur la per­sonne de l’Empereur et exé­cuté en 1911. Dis­ciple et bio­graphe de Na­kae Chô­min, Kô­toku s’appuya, d’abord, sur les prin­cipes de la avant de mettre toute sa dans le li­ber­taire et l’anarchie. En 1903, op­posé fer­me­ment à la russo-ja­po­naise, il quitta avec quelques col­lègues la ré­dac­tion du «Yo­rozu Chôhô» 3Les Dix mille Nou­velles du ma­tin» 4) et il fonda le cercle  5 ( du ) avec, pour or­gane, l’hebdomadaire «Hei­min Shim­bun» 6Jour­nal du peuple»), dont le nu­méro inau­gu­ral pa­rut la même an­née. De nom­breux autres nu­mé­ros furent in­ter­dits. Kô­toku rê­vait de ci­toyens libres, exer­çant des sou­ve­rains. En ce dé­but de siècle où il n’y avait ni suf­frage uni­ver­sel, ni as­sem­blée re­pré­sen­ta­tive, où un abîme sé­pa­rait le peuple de la , il pro­posa «l’action di­recte» («cho­ku­setsu kôdô» 7) comme moyen pour ob­te­nir des droits ou sim­ple­ment du pain. La ré­pres­sion d’État était très sé­vère, la so­ciale — peu dé­ve­lop­pée, l’union entre tra­vailleurs — in­exis­tante. D’autre part, une mi­no­rité di­ri­geante, consti­tuée de mi­li­ta­ristes et d’impérialistes, «en­tra­vait la de la ma­jo­rité du peuple, fai­sait fondre toute son épargne, em­por­tait des vies hu­maines pour bâ­tir un grand Em­pire» 8. Non seule­ment ce dis­cours de «l’action di­recte» fut dé­formé par les di­ri­geants, qui l’identifièrent avec un pré­tendu com­plot pour as­sas­si­ner l’Empereur, mais il donna lieu, à par­tir de 1910, à des rafles po­li­cières, abou­tis­sant à plus d’une cen­taine d’arrestations parmi les mi­li­tants de gauche. Les au­to­ri­tés dé­pen­saient pour la sur­veillance du seul Kô­toku cent yens par mois; deux-trois po­li­ciers étaient pos­tés en fac­tion de­vant chez lui et le sur­veillaient jour et . Elles avaient tendu un fi­let; il ne leur res­tait qu’à abattre les qui s’y étaient pris. Elles avaient creusé une trappe; il ne leur res­tait qu’à ache­ver le gi­bier qui y était tombé. C’est ce qui ar­riva au plus fa­meux de l’ du — le pro­cès dit «Kô­toku ji­ken» 9af­faire Kô­toku») ou «tai­gyaku ji­ken» 10af­faire du crime de lèse-ma­jesté» 11).

  1. En ja­po­nais «獄中より暴力革命を論ず». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 幸徳秋水. Icône Haut
  3. En ja­po­nais «萬朝報». Icône Haut
  4. Par­fois tra­duit «Le Jour­nal du Ma­tin» ou «Toutes les nou­velles du ma­tin». Icône Haut
  5. En ja­po­nais 平民社. Icône Haut
  6. En ja­po­nis «平民新聞». Par­fois trans­crit «Hei­min Shin­bun». Icône Haut
  1. En ja­po­nais 直接行動. Icône Haut
  2. «L’ : le spectre du XXe siècle», p. 163. Icône Haut
  3. En ja­po­nais «幸徳事件». Icône Haut
  4. En ja­po­nais «大逆事件». Icône Haut
  5. Par­fois tra­duit «af­faire de la grande ré­bel­lion», «af­faire de haute tra­hi­son», «af­faire du com­plot de lèse-ma­jesté» ou «af­faire du grand sou­lè­ve­ment». Icône Haut

Kôtoku, « L’Impérialisme : le spectre du XXᵉ siècle »

éd. du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), coll. Réseau Asie, Paris

éd. du Centre na­tio­nal de la scien­ti­fique (CNRS), coll. Ré­seau , Pa­ris

Il s’agit du «L’ : le monstre du XXe siècle» («Ni­jû­seiki no kai­butsu : tei­ko­ku­shugi» 1) de  2, in­tel­lec­tuel, père de l’ , condamné à en 1910 pour at­ten­tat sur la per­sonne de l’Empereur et exé­cuté en 1911. Dis­ciple et bio­graphe de Na­kae Chô­min, Kô­toku s’appuya, d’abord, sur les prin­cipes de la avant de mettre toute sa dans le li­ber­taire et l’anarchie. En 1903, op­posé fer­me­ment à la russo-ja­po­naise, il quitta avec quelques col­lègues la ré­dac­tion du «Yo­rozu Chôhô» 3Les Dix mille Nou­velles du ma­tin» 4) et il fonda le cercle  5 ( du ) avec, pour or­gane, l’hebdomadaire «Hei­min Shim­bun» 6Jour­nal du peuple»), dont le nu­méro inau­gu­ral pa­rut la même an­née. De nom­breux autres nu­mé­ros furent in­ter­dits. Kô­toku rê­vait de ci­toyens libres, exer­çant des sou­ve­rains. En ce dé­but de siècle où il n’y avait ni suf­frage uni­ver­sel, ni as­sem­blée re­pré­sen­ta­tive, où un abîme sé­pa­rait le peuple de la , il pro­posa «l’action di­recte» («cho­ku­setsu kôdô» 7) comme moyen pour ob­te­nir des droits ou sim­ple­ment du pain. La ré­pres­sion d’État était très sé­vère, la so­ciale — peu dé­ve­lop­pée, l’union entre tra­vailleurs — in­exis­tante. D’autre part, une mi­no­rité di­ri­geante, consti­tuée de mi­li­ta­ristes et d’impérialistes, «en­tra­vait la de la ma­jo­rité du peuple, fai­sait fondre toute son épargne, em­por­tait des vies hu­maines pour bâ­tir un grand Em­pire» 8. Non seule­ment ce dis­cours de «l’action di­recte» fut dé­formé par les di­ri­geants, qui l’identifièrent avec un pré­tendu com­plot pour as­sas­si­ner l’Empereur, mais il donna lieu, à par­tir de 1910, à des rafles po­li­cières, abou­tis­sant à plus d’une cen­taine d’arrestations parmi les mi­li­tants de gauche. Les au­to­ri­tés dé­pen­saient pour la sur­veillance du seul Kô­toku cent yens par mois; deux-trois po­li­ciers étaient pos­tés en fac­tion de­vant chez lui et le sur­veillaient jour et . Elles avaient tendu un fi­let; il ne leur res­tait qu’à abattre les qui s’y étaient pris. Elles avaient creusé une trappe; il ne leur res­tait qu’à ache­ver le gi­bier qui y était tombé. C’est ce qui ar­riva au plus fa­meux de l’ du — le pro­cès dit «Kô­toku ji­ken» 9af­faire Kô­toku») ou «tai­gyaku ji­ken» 10af­faire du crime de lèse-ma­jesté» 11).

  1. En ja­po­nais «廿世紀之怪物:帝国主義». Par­fois trans­crit «Ni-jis­seiki no kai­butsu» ou «Ni­jus­seiki no kai­butsu». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 幸徳秋水. Icône Haut
  3. En ja­po­nais «萬朝報». Icône Haut
  4. Par­fois tra­duit «Le Jour­nal du Ma­tin» ou «Toutes les nou­velles du ma­tin». Icône Haut
  5. En ja­po­nais 平民社. Icône Haut
  6. En ja­po­nis «平民新聞». Par­fois trans­crit «Hei­min Shin­bun». Icône Haut
  1. En ja­po­nais 直接行動. Icône Haut
  2. «L’Impérialisme : le spectre du XXe siècle», p. 163. Icône Haut
  3. En ja­po­nais «幸徳事件». Icône Haut
  4. En ja­po­nais «大逆事件». Icône Haut
  5. Par­fois tra­duit «af­faire de la grande ré­bel­lion», «af­faire de haute tra­hi­son», «af­faire du com­plot de lèse-ma­jesté» ou «af­faire du grand sou­lè­ve­ment». Icône Haut

Pham Duy Khiêm, « Nam et Sylvie : roman »

éd. Plon, Paris

éd. Plon, Pa­ris

Il s’agit de «Nam et Syl­vie» de M.  1, écri­vain d’expression fran­çaise. Né en 1908, or­phe­lin de bonne heure, M. Pham Duy Khiêm dut à ses ef­forts as­si­dus de rem­por­ter, au ly­cée Al­bert-Sar­raut de Ha­noï, tous les prix d’excellence. Après le bac­ca­lau­réat clas­sique, qu’il fut le pre­mier Viet­na­mien à pas­ser, il par­tit en ter­mi­ner ses études, en pauvre bour­sier. Sa si­tua­tion d’étudiant sans foyer, ori­gi­naire des , eut un contre­coup af­fec­tif à tra­vers un im­pos­sible avec une jeune Pa­ri­sienne nom­mée Syl­vie. Sous le pseu­do­nyme de Nam Kim, il évo­qua avec beau­coup de sen­si­bi­lité dans «Nam et Syl­vie» la nais­sance de cette pas­sion qui pa­rais­sait d’emblée vouée à l’. Cet amour dé­bou­cha sur­tout sur un at­ta­che­ment im­muable à la France, et M. Pham Duy Khiêm ne ren­tra au qu’avec une lourde ap­pré­hen­sion, presque une , qu’il faut être né sur un sol étran­ger pour com­prendre : «Au­cun », dit-il 2, «ne peut, sans une cer­taine , s’éloigner pour tou­jours peut-être d’un lieu où il a beau­coup vécu, qu’il s’agisse ou non d’un pays comme la France, d’une ville comme Pa­ris. Si par la même oc­ca­sion il se sé­pare de ses an­nées d’étudiant et de sa , ce n’est pas une tris­tesse vague qu’il res­sent, mais un dé­chi­re­ment se­cret». À la veille de la Se­conde , par un geste que plu­sieurs de ses com­pa­triotes prirent très et que peu d’entre eux imi­tèrent, M. Pham Duy Khiêm s’engagea dans l’armée fran­çaise. Ses amis lui écri­virent pour lui en de­man­der les rai­sons; il les ex­posa dans «La Place d’un homme : de Ha­noï à La Cour­tine» : «Il y a pé­ril, un homme se lève — pour­quoi lui de­man­der des rai­sons? C’est plu­tôt à ceux qui se tiennent cois à four­nir les rai­sons qu’ils au­raient pour s’abstenir», dit-il 3. «Je n’aime pas la guerre, je n’aime pas la mi­li­taire; mais nous sommes en guerre, et je ne sau­rais de­meu­rer ailleurs. Il ne s’agit point d’un choix entre France et An­nam. Il s’agit seule­ment de sa­voir la place d’un [homme] comme , en ce mo­ment. Elle est ici; et je dois l’occuper, quelque dan­ge­reuse qu’elle soit».

  1. En viet­na­mien Phạm Duy Khiêm. Icône Haut
  2. «Nam et Syl­vie», p. 3. Icône Haut
  1. «La Place d’un homme : de Ha­noï à La Cour­tine», p. 12 & 120. Icône Haut

Pham Duy Khiêm, « La Place d’un homme : de Hanoï à La Courtine »

éd. Plon, Paris

éd. Plon, Pa­ris

Il s’agit de «La Place d’un  : de Ha­noï à La Cour­tine» de M.  1, écri­vain d’expression fran­çaise. Né en 1908, or­phe­lin de bonne heure, M. Pham Duy Khiêm dut à ses ef­forts as­si­dus de rem­por­ter, au ly­cée Al­bert-Sar­raut de Ha­noï, tous les prix d’excellence. Après le bac­ca­lau­réat clas­sique, qu’il fut le pre­mier Viet­na­mien à pas­ser, il par­tit en ter­mi­ner ses études, en pauvre bour­sier. Sa si­tua­tion d’étudiant sans foyer, ori­gi­naire des , eut un contre­coup af­fec­tif à tra­vers un im­pos­sible avec une jeune Pa­ri­sienne nom­mée Syl­vie. Sous le pseu­do­nyme de Nam Kim, il évo­qua avec beau­coup de sen­si­bi­lité dans «Nam et Syl­vie» la nais­sance de cette pas­sion qui pa­rais­sait d’emblée vouée à l’. Cet amour dé­bou­cha sur­tout sur un at­ta­che­ment im­muable à la France, et M. Pham Duy Khiêm ne ren­tra au qu’avec une lourde ap­pré­hen­sion, presque une , qu’il faut être né sur un sol étran­ger pour com­prendre : «Au­cun homme», dit-il 2, «ne peut, sans une cer­taine , s’éloigner pour tou­jours peut-être d’un lieu où il a beau­coup vécu, qu’il s’agisse ou non d’un pays comme la France, d’une ville comme Pa­ris. Si par la même oc­ca­sion il se sé­pare de ses an­nées d’étudiant et de sa , ce n’est pas une tris­tesse vague qu’il res­sent, mais un dé­chi­re­ment se­cret». À la veille de la Se­conde , par un geste que plu­sieurs de ses com­pa­triotes prirent très et que peu d’entre eux imi­tèrent, M. Pham Duy Khiêm s’engagea dans l’armée fran­çaise. Ses amis lui écri­virent pour lui en de­man­der les rai­sons; il les ex­posa dans «La Place d’un homme : de Ha­noï à La Cour­tine» : «Il y a pé­ril, un homme se lève — pour­quoi lui de­man­der des rai­sons? C’est plu­tôt à ceux qui se tiennent cois à four­nir les rai­sons qu’ils au­raient pour s’abstenir», dit-il 3. «Je n’aime pas la guerre, je n’aime pas la mi­li­taire; mais nous sommes en guerre, et je ne sau­rais de­meu­rer ailleurs. Il ne s’agit point d’un choix entre France et An­nam. Il s’agit seule­ment de sa­voir la place d’un [homme] comme , en ce mo­ment. Elle est ici; et je dois l’occuper, quelque dan­ge­reuse qu’elle soit».

  1. En viet­na­mien Phạm Duy Khiêm. Icône Haut
  2. «Nam et Syl­vie», p. 3. Icône Haut
  1. «La Place d’un homme : de Ha­noï à La Cour­tine», p. 12 & 120. Icône Haut

Szymborska, « Je ne sais quelles gens »

éd. Fayard, coll. Poésie, Paris

éd. Fayard, coll. , Pa­ris

Il s’agit de «Je ne sais quelles gens» («Ja­cyś lud­zie») et autres œuvres de Mme , poé­tesse po­lo­naise, lau­réate du , mais aussi tra­duc­trice de la du XVIe-XVIIe siècle (celle de d’Aubigné et de Viau no­tam­ment). La bien-pen­sance, le «po­li­ti­que­ment cor­rect» veut que cette poé­tesse ait dé­buté sa deux fois : la pre­mière avec ses poèmes  : «Ré­jouis­sons-nous de la construc­tion d’une ville so­cia­liste» («Na po­wi­ta­nie bu­dowy soc­ja­lis­tycz­nego miasta»), «Notre ou­vrier parle des im­pé­ria­listes» («Ro­bot­nik nasz mówi o im­pe­ria­lis­tach»), «Lé­nine» («Le­nin»), etc.; la deuxième fois avec ses poèmes de la ma­tu­rité ar­tis­tique, ta­ci­turnes sur les grands su­jets de et à l’écart du dé­bat . Il est convenu de dire que la pre­mière Szym­borska n’est pas la Szym­borska réelle; que son en­trée com­mu­niste est une en­trée ra­tée, un «faux dé­part» sans rap­port avec «l’ que l’on se fait de la lau­réate du » 1; un «fruit d’étourdissements idéo­lo­giques» 2 aux­quels n’a pu ré­sis­ter la per­son­na­lité «jeune et ex­tra­or­di­nai­re­ment im­pres­sion­nable» 3 de notre poé­tesse. Cette fa­çon de scin­der une œuvre en deux en­sembles, dont l’un doit s’effacer de­vant l’autre, mé­rite d’être re­mise en cause, confron­tée aux faits et nuan­cée. Car il n’y a que les fa­na­tiques et dé­ma­gogues qui, forts de «quelques slo­gans hur­lés à tue-tête», sont per­sua­dés de «sa­voir», dit Mme Szym­borska 4; l’ du poète, elle, naît d’un éter­nel «je ne sais pas» et ne pro­cède d’aucune . Un poème comme «Le Bou­clier» («Tarcza»), que les cen­seurs disent ap­par­te­nir au pre­mier en­semble, est frappé pour cette d’un ana­thème in­juste et n’est plus pu­blié en ni à l’étranger. Pour­tant, il n’a rien d’une pro­pa­gande. Il fut écrit par Mme Szym­borska en l’ d’une jeune com­mu­niste fran­çaise, une jeune en­fant, qui s’était cou­chée sur les rails pour blo­quer un train trans­por­tant et chars à des­ti­na­tion d’. Et «le » de l’héroïne de­vint «un so­lide bou­clier pour les jeunes du », dit le poème 5.

  1. Dans Wo­j­ciech To­ma­sik, «Pour la dé­fense de “Tarcza”», p. 8. Icône Haut
  2. «De la sans exa­gé­rer», p. 7. Icône Haut
  3. Dans Wo­j­ciech To­ma­sik, «Pour la dé­fense de “Tarcza”», p. 8. Icône Haut
  1. «Le Poète et le », p. 287. Icône Haut
  2. En
    «Ciało mło­dej fran­cus­kiej dziewc­zyny —
    Silna tarcza dla dziewcząt Viet­namu». Icône Haut

Szymborska, « De la mort sans exagérer »

éd. Fayard, coll. Poésie, Paris

éd. Fayard, coll. , Pa­ris

Il s’agit de «De la sans exa­gé­rer» («O śmierci bez pr­ze­sady») et autres œuvres de Mme , poé­tesse po­lo­naise, lau­réate du , mais aussi tra­duc­trice de la du XVIe-XVIIe siècle (celle de d’Aubigné et de Viau no­tam­ment). La bien-pen­sance, le «po­li­ti­que­ment cor­rect» veut que cette poé­tesse ait dé­buté sa deux fois : la pre­mière avec ses poèmes  : «Ré­jouis­sons-nous de la construc­tion d’une ville so­cia­liste» («Na po­wi­ta­nie bu­dowy soc­ja­lis­tycz­nego miasta»), «Notre ou­vrier parle des im­pé­ria­listes» («Ro­bot­nik nasz mówi o im­pe­ria­lis­tach»), «Lé­nine» («Le­nin»), etc.; la deuxième fois avec ses poèmes de la ma­tu­rité ar­tis­tique, ta­ci­turnes sur les grands su­jets de et à l’écart du dé­bat . Il est convenu de dire que la pre­mière Szym­borska n’est pas la Szym­borska réelle; que son en­trée com­mu­niste est une en­trée ra­tée, un «faux dé­part» sans rap­port avec «l’ que l’on se fait de la lau­réate du » 1; un «fruit d’étourdissements idéo­lo­giques» 2 aux­quels n’a pu ré­sis­ter la per­son­na­lité «jeune et ex­tra­or­di­nai­re­ment im­pres­sion­nable» 3 de notre poé­tesse. Cette fa­çon de scin­der une œuvre en deux en­sembles, dont l’un doit s’effacer de­vant l’autre, mé­rite d’être re­mise en cause, confron­tée aux faits et nuan­cée. Car il n’y a que les fa­na­tiques et dé­ma­gogues qui, forts de «quelques slo­gans hur­lés à tue-tête», sont per­sua­dés de «sa­voir», dit Mme Szym­borska 4; l’ du poète, elle, naît d’un éter­nel «je ne sais pas» et ne pro­cède d’aucune . Un poème comme «Le Bou­clier» («Tarcza»), que les cen­seurs disent ap­par­te­nir au pre­mier en­semble, est frappé pour cette d’un ana­thème in­juste et n’est plus pu­blié en ni à l’étranger. Pour­tant, il n’a rien d’une pro­pa­gande. Il fut écrit par Mme Szym­borska en l’ d’une jeune com­mu­niste fran­çaise, une jeune en­fant, qui s’était cou­chée sur les rails pour blo­quer un train trans­por­tant et chars à des­ti­na­tion d’. Et «le » de l’héroïne de­vint «un so­lide bou­clier pour les jeunes du », dit le poème 5.

  1. Dans Wo­j­ciech To­ma­sik, «Pour la dé­fense de “Tarcza”», p. 8. Icône Haut
  2. «De la mort sans exa­gé­rer», p. 7. Icône Haut
  3. Dans Wo­j­ciech To­ma­sik, «Pour la dé­fense de “Tarcza”», p. 8. Icône Haut
  1. «Le Poète et le », p. 287. Icône Haut
  2. En
    «Ciało mło­dej fran­cus­kiej dziewc­zyny —
    Silna tarcza dla dziewcząt Viet­namu». Icône Haut

Attila József, « Aimez-moi : l’œuvre poétique »

éd. Phébus, coll. D’aujourd’hui-Étranger, Paris

éd. Phé­bus, coll. D’aujourd’hui-Étranger, Pa­ris

Il s’agit de «L’Œuvre » de M. At­tila Józ­sef, poète hon­grois, re­belle so­li­taire, n’acceptant pas le tel qu’il est, s’y at­ta­quant avec la seule arme des mots, en proie à l’obsession de la . La , les coups et la fuite d’un père in­ca­pable de par­ta­ger et de sou­la­ger les mi­sères de sa ont été pour quelque chose dans cette ob­ses­sion, ce goût qui han­tait M. At­tila Józ­sef et qui le pous­sera au bout du compte à se sui­ci­der à trente-deux ans. Y a été éga­le­ment pour quelque chose le cli­mat d’oppression ma­té­rielle et qui pe­sait sur la en­tière. Mais com­men­çons par le com­men­ce­ment! Notre poète na­quit en 1905 d’un père fa­bri­cant de sa­von et d’une mère blan­chis­seuse, sixième en­fant du couple. Son père ayant dis­paru un beau ma­tin (comme l’«écume de sa­von sur l’océan…», ra­conte un des poèmes 1), M. At­tila Józ­sef dut sé­cher ses cours pour al­ler ga­gner les de­niers dont sa mère et ses sœurs avaient le be­soin le plus in­dis­pen­sable. Il fut ré­duit, tour à tour, à gar­der des pour­ceaux, la­ver des chau­dières, trier des foins, vendre des jour­naux aux coins des rues, ba­layer des bu­reaux et cha­par­der du bois. Son atout, c’était la de ses vingt ans, et il s’en ser­vait : «Je n’ai rien que je rêve ou j’espère… Ma puis­sance, c’est [mes] vingt ans, et pour peu que nul n’en veuille, que le , lui, l’accueille! Je vo­le­rai, l’ pure», ra­conte un autre des poèmes 2. Ven­deur à la sau­vette, vo­leur au cœur étreint de , il re­dou­tait les agents, les contrô­leurs, et cette crainte de l’autorité, de l’ordre, qui le pour­sui­vra jusqu’à la fin de sa , s’étendait à tout ce qui por­tait l’uniforme, aux che­mi­nots et aux dé­bar­deurs :

«Est-ce vous, que j’ai craints, dé­bar­deurs in­tré­pides
Qui m’en im­po­siez tant, lan­ceurs de gros ron­dins?
Comme du bois volé, je vous em­porte vite
Dans ce monde sans [lu­mière] et rem­pli de gar­diens…
»

  1. Poème «Áron Józ­sef m’engendra». Icône Haut
  1. Poème «Cœur pur». Icône Haut

« Yosano Akiko (1878-1942) : le séjour à Paris d’une Japonaise en 1912 »

dans « Clio », vol. 28, p. 194-203

dans «Clio», vol. 28, p. 194-203

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de «De­puis Pa­ris» («Pa­rii yori» 1) de . En 1912, lorsqu’elle al­lait s’embarquer pour la , Akiko était déjà l’auteur de dix re­cueils de poé­sies, dont la li­bé­rée de tout be­soin de jus­ti­fi­ca­tion lui avait fait la ré­pu­ta­tion de pion­nière de l’identité fé­mi­nine au . Elle n’avait qu’une seule idée en tête : re­joindre à Pa­ris son époux, Yo­sano Tek­kan. Ce­lui-ci était parti quelques mois au­pa­ra­vant pour réa­li­ser un rêve de tou­jours et ten­ter de dis­si­per une dé­pres­sion ner­veuse qui le me­na­çait. Il avait di­rigé pen­dant huit ans une des re­vues lit­té­raires les plus pres­ti­gieuses de Tô­kyô, «Myôjô» 2L’Étoile du ber­ger» 3). Puis, il l’avait per­due; et de­puis ce jour, il er­rait dans la mai­son, tan­tôt mé­lan­co­lique, tan­tôt agres­sif. Akiko était per­sua­dée que ce n’était pas d’un mé­de­cin re­nommé que son mari avait be­soin pour gué­rir, mais d’un voyage en France; car il rê­vait de­puis long­temps déjà de sé­jour­ner dans ce pays, dont il avait pu­blié les toutes pre­mières tra­duc­tions en ja­po­naise. Le pro­jet était fi­nan­ciè­re­ment in­fai­sable, mais fut pour­tant dé­cidé. Pour réunir la somme né­ces­saire au voyage, Akiko cal­li­gra­phia cer­tains poèmes de son re­cueil «Che­veux em­mê­lés» sur une cen­taine de pa­ra­vents en , qu’elle ven­dit au prix fort. Le reste de l’argent fut fourni par des jour­naux, aux­quels Tek­kan et plus tard Akiko s’engagèrent d’envoyer ré­gu­liè­re­ment des pa­piers une fois sur place. Deux ou­vrages nous ren­seignent sur le sé­jour en France des deux époux : «De­puis Pa­ris», qui re­groupe leurs ar­ticles et leurs im­pres­sions de voyage en­voyés pour être pu­bliés dans les jour­naux; et «De l’été à l’automne» («Natsu yori aki e» 4), re­cueil de poèmes, où Akiko ra­conte son de vi­si­ter la France dans des vers qui mé­ri­te­raient d’être connus des  :

«Joli mois de mai
Dans les champs de blé fran­çais
Aux de
Co­que­li­cot mon amant,
Co­que­li­cot aussi!
»

  1. En «巴里より». Par­fois trans­crit «Pari yori». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «明星». Icône Haut
  1. Par­fois tra­duit «L’Étoile du ma­tin». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «夏より秋へ». Icône Haut