Icône Mot-clefGrèce

Parthénios, « Aventures d’amour »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des « d’» («Peri erô­ti­kôn pa­thê­ma­tôn» 1) de Par­thé­nios de Ni­cée 2, poète (Ier siècle av. J.-C.). Les guerres des Ro­mains contre le roi Mi­thri­date dé­ci­dèrent de toute son . Il fut fait pri­son­nier, pro­ba­ble­ment en 73 av. J.-C. lorsque sa ville na­tale de Ni­cée tomba au pou­voir des lieu­te­nants de Lu­cul­lus. Il fut amené à , où il ob­tint fi­na­le­ment la en consi­dé­ra­tion de son ta­lent et de son éru­di­tion. Il fut lié avec Cor­né­lius Gal­lus et connut Vir­gile, qui tra­dui­sit un de ses vers dans les «Géor­giques». Plu­sieurs de ses poé­sies, aujourd’hui per­dues, por­taient sur la  : «Aphro­dite», «Mé­ta­mor­phoses», etc.; d’autres se rap­por­taient à sa pri­vée. L’encyclopédie Souda men­tionne un poème fu­nèbre («epi­kê­deion» 3) et trois d’ qu’il fit pour ho­no­rer la de sa femme Arété. «[Ce] nom d’Arété in­dique suf­fi­sam­ment l’origine grecque de celle qu’il avait épou­sée; éloi­gné de sa pa­trie, il avait voulu du moins en re­trou­ver les mœurs et le dans sa », ex­plique Mau­rice Croi­set 4. Il ne nous est par­venu qu’un seul de ses ou­vrages : «Aven­tures d’amour». C’est un mince vo­lume en prose; un ré­sumé de trente-six re­la­tives à l’amour, qui abou­tissent le plus sou­vent à des dé­noue­ments tra­giques. Les tra­hi­sons, les in­ces­tueuses, les ca­tas­trophes san­glantes y abondent. À me­sure que Par­thé­nios ren­con­trait, dans ses lec­tures, quelque qui lui pa­rais­sait conve­nir à son re­cueil, il la no­tait. Il vou­lait, ce fai­sant, four­nir des su­jets d’élégies à Cor­né­lius Gal­lus : «J’ai pensé, mon cher Gal­lus», dit-il dans sa pré­face 5, «que les “Aven­tures d’amour” ne pou­vaient man­quer de vous plaire, et je vous les en­voie réunies en ex­traits fort courts… C’est en quelque sorte une col­lec­tion de sou­ve­nirs que j’ai for­mée, et j’espère qu’elle ne vous sera pas in­utile.» Ce genre de ser­vice était, du reste, conforme aux usages du , comme l’explique Croi­set 6 : «Les et les la­tins qui vou­laient s’épargner de trop longues re­cherches em­prun­taient l’érudition d’un gram­mai­rien of­fi­cieux; ce­lui-ci leur four­nis­sait des notes qu’ils se ré­ser­vaient de mettre en œuvre… Il n’est pas sur­pre­nant que Par­thé­nios ait voulu rendre le même of­fice à Cor­né­lius Gal­lus, si l’on songe an ca­rac­tère ar­ti­fi­ciel qu’avait alors la [] la­tine et à la grande place qu’y oc­cu­pait la my­tho­lo­gie». Dans l’histoire d’un genre illus­tré par des cé­lèbres, Par­thé­nios ser­vit ainsi d’intermédiaire entre la longue sé­rie des poètes élé­giaques grecs qui se ter­mina avec lui, et celle des poètes élé­giaques de Rome qui ne fit que com­men­cer avec Cor­né­lius Gal­lus. Ac­cor­dons-lui donc ce rôle, sans ju­ger de son ta­lent, puisque ses poé­sies nous font dé­faut.

  1. En grec «Περὶ ἐρωτικῶν παθημάτων». Icône Haut
  2. En grec Παρθένιος ὁ Νικαεύς. Par­fois trans­crit Par­the­nius de Ni­cée. Icône Haut
  3. En grec ἐπικήδειον. Icône Haut
  1. «Par­the­nius de Ni­cée», p. 163. Icône Haut
  2. p. CIII-CIV. Icône Haut
  3. «Par­the­nius de Ni­cée», p. 165. Icône Haut

Isée, « Discours »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit des «Dis­cours» d’Isée de Chal­cis 1, ora­teur , ha­bile dia­lec­ti­cien (IVe siècle av. J.-C.). On ne sait de la d’Isée que ce qu’en rap­porte De­nys d’Halicarnasse, qui lui-même n’en sa­vait pas grand-chose. Chez les An­ciens, comme chez les Mo­dernes, l’attention s’est ra­re­ment tour­née vers cet ora­teur. Le seul titre sous le­quel il est connu, c’est qu’il fut le maître de Dé­mos­thène. De­nys com­mence de cette fa­çon le cha­pitre qu’il lui consacre : «Isée fut le maître de Dé­mos­thène et doit à ce titre la plus grande par­tie de sa cé­lé­brité» 2. Il semble, d’après De­nys, que le mé­rite qu’a eu Isée de for­mer Dé­mos­thène et d’être «la vé­ri­table source où ce der­nier a puisé sa vé­hé­mence» 3 — que ce mé­rite, dis-je, lui a été fu­neste. Le pro­di­gieux dis­ciple a fait ou­blier le maître, et la su­pé­rio­rité de l’un a éclipsé la gloire de l’autre. Il convient d’ajouter une deuxième à un ou­bli aussi to­tal. Isée, qui a peut-être été l’ qui a le mieux saisi l’esprit des d’Athènes, au­rait été écarté de la tri­bune par ces mêmes lois à cause de sa condi­tion de mé­tèque. Son père, qui por­tait un nom peu athé­nien, était, sui­vant quelques , un ha­bi­tant de Chal­cis (dans l’île d’Eubée). Cette cir­cons­tance ex­pli­que­rait pour­quoi Isée ne s’est ja­mais es­sayé dans le dis­cours . En ef­fet, parmi les trois genres qu’admettait l’école , il n’en a cultivé qu’un — le genre ju­di­ciaire. Comme on peut le voir par les cin­quante titres de «Dis­cours» qui nous ont été conser­vés, Isée s’est borné à écrire des plai­doyers pour les autres, por­tant sur des ques­tions d’affaires pri­vées; nous en pos­sé­dons onze en en­tier, tous ayant trait à des suc­ces­sions et à des cas­sa­tions de tes­ta­ment. Ce sont des plai­doyers vifs, sé­rieux, aus­tères, tou­jours syl­lo­gis­tiques, où en s’appuyant sur la loi et sur la rai­son, Isée ar­gu­mente tou­jours d’après l’une et l’autre, sans mettre un seul mot pour ré­jouir l’oreille ou pour plaire à l’; ce qui a fait dire à un  4 qu’Isée est «un de ces qu’on loue vo­lon­tiers pour être dis­pensé de les lire… On a beau van­ter sa vive et ser­rée, l’art avec le­quel il dis­pose ses preuves : si on trouve chez lui quelques , elles sont étouf­fées sous les épines du su­jet».

  1. En grec Ἰσαῖος Χαλκιδεύς. À ne pas confondre avec un autre Isée, As­sy­rien d’origine, dont il est parlé dans une lettre de Pline le Jeune et dans une de Ju­vé­nal. Icône Haut
  2. En grec «Ἰσαῖος δὲ ὁ Δημοσθένους καθηγησάμενος καὶ διὰ τοῦτο μάλιστα γενόμενος περιφανής». Icône Haut
  1. En grec «πηγή τις ὄντως ἐστὶ τῆς Δημοσθένους δυνάμεως». Icône Haut
  2. Gio­vanni Ferri, dit Jean Ferri. Icône Haut

Pseudo-Apollodore, « La Bibliothèque : un manuel antique de mythologie »

éd. de l’Aire, coll. Le Chant du monde, Vevey

éd. de l’Aire, coll. Le Chant du , Ve­vey

Il s’agit de la «Bi­blio­thèque» 1, le plus an­cien abrégé qui nous soit par­venu sur la de la , ses et ses hé­ros (Ie ou IIe siècle apr. J.-C.). C’est un ou­vrage re­la­ti­ve­ment court, même en te­nant compte de la perte d’une par­tie du troi­sième et der­nier livre, qu’on ne connaît que par des «épi­to­més» (des «abré­gés de l’abrégé»). Long­temps at­tri­bué au gram­mai­rien Apol­lo­dore d’Athènes, qui s’était oc­cupé de my­tho­lo­gie, on est aujourd’hui cer­tain qu’il n’est pas de lui. Il dé­bute par l’origine des dieux et du monde, et va jusqu’aux pé­ré­gri­na­tions des hé­ros re­ve­nant de Troie. Il se ter­mine donc par les évé­ne­ments qui forment la li­mite entre la et l’. Bien qu’il soit d’un grand se­cours pour l’ de cer­tains au­teurs an­ciens, cet ou­vrage de ne re­pro­duit pas le vrai es­prit des mythes et est même consi­déré par les cri­tiques comme mé­diocre, sans réel en­thou­siasme, sans . Pleines de , de sens, de pour les et les qui les avaient ani­mées de leur souffle, les fables my­tho­lo­giques ne sont plus, dans la «Bi­blio­thèque», que des lettres mortes, des ob­jets de sco­laire et non de . Il est évident que les Grecs ces­sèrent, dès cette époque, de croire en leurs dieux, et que les vé­né­rables nées de l’ pri­mi­tive per­dirent toute leur si­gni­fi­ca­tion. Il faut consi­dé­rer la «Bi­blio­thèque» comme un ca­ta­logue de lé­gendes des­sé­chées et conser­vées en her­bier, un in­ven­taire fos­si­lisé. Je ne veux pas nier ici l’utilité de ce genre d’ouvrage; mais quel sa­cri­lège, au point de vue re­li­gieux, de dé­pouiller de tous leurs or­ne­ments et de tout leur éclat les fables qui avaient ins­piré les pro­duc­tions im­mor­telles de la et de l’art, et de les ré­duire à de viles listes de faits, lieux, al­liances et fi­lia­tions, «qui res­semblent aux mythes pri­mi­tifs comme de vieilles en pa­pier, jau­nies et en­fu­mées, res­semblent aux fleurs des champs» 2.

  1. En «Βιϐλιοθήκη». Icône Haut
  1. Er­nest Re­nan, «Les Re­li­gions de l’». Icône Haut

Apollodore de Pergame, « Fragments et Témoignages »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit d’Apollodore, na­tif de Per­game (dans l’actuelle ), ex­cellent rhé­teur , pré­cep­teur de l’Empereur Au­guste (Ier siècle av. J.-C.). Il vé­cut quatre-vingt-deux ans et laissa à sa un «Art » (« rhê­to­rikê» 1) aujourd’hui perdu, et que Ta­cite qua­li­fiait de «livre très aride» («ari­dis­si­mus li­ber»). En quoi consis­tait sa doc­trine et en quoi elle dif­fé­rait de celle de son grand ri­val, Théo­dore de Ga­dara, c’est ce qu’il est as­sez dif­fi­cile de dé­ter­mi­ner. Mais si on laisse de côté les dé­tails tech­niques, que Stra­bon avouait déjà ne plus sai­sir («les dif­fé­ren­cier dé­passe ma com­pé­tence» 2), on peut in­di­quer les grandes lignes des deux . Apol­lo­dore s’occupa prin­ci­pa­le­ment de l’; Théo­dore eut plu­tôt en vue l’. Les pré­ceptes po­sés par Apol­lo­dore étaient plus concrets et plus pra­tiques, car il di­sait que le propre d’un dis­cours ju­di­ciaire était, d’abord et avant tout, de per­sua­der le juge, et de conduire le ver­dict là où il le vou­lait. Ainsi donc, il sou­met­tait l’orateur à la réus­site. En­fin, pour mieux pré­pa­rer l’esprit du juge, Apol­lo­dore pres­cri­vait de faire une «» (en «nar­ra­tio»), c’est-à-dire un ex­posé des faits réels ou sup­po­sés, ne né­gli­geant pas les dé­tails, et re­mon­tant aussi haut qu’il le fal­lait. On cite à ce pro­pos l’anecdote sui­vante : Dans une cer­taine plai­doi­rie, Brut­té­dius Ni­ger, dis­ciple d’Apollodore, re­pro­cha à Val­lius Sy­ria­cus de n’avoir pas ra­conté les faits et in­sista lon­gue­ment sur ce qu’on ne voyait pas com­ment l’esclave avait été pro­vo­qué à l’adultère, com­ment il avait été conduit dans la chambre à cou­cher, etc. Val­lius Sy­ria­cus lui ré­pon­dit en di­sant : «D’abord, nous n’avons pas étu­dié chez le même maître : toi, tu as suivi Apol­lo­dore, qui veut tou­jours des nar­ra­tions; , Théo­dore, qui n’en veut pas tou­jours. Et puisque tu me de­mandes, Ni­ger, pour­quoi je n’ai pas ra­conté les faits, c’est tout sim­ple­ment pour te lais­ser ce soin!»

  1. En grec «Τέχνη ῥητορική». Icône Haut
  1. p. 2. Icône Haut

Théodore de Gadara, « Fragments et Témoignages »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit de Théo­dore de Ga­dara 1, maître de l’art , qui se dis­tin­gua par l’éclectisme de ses re­cherches. Il na­quit à Ga­dara, dans l’actuelle Jor­da­nie; ses pa­rents étaient . Il émi­gra de bonne heure dans l’île de Rhodes; c’est sans pour cette qu’il pré­fé­rait se faire ap­pe­ler Rho­dien. Le fu­tur Em­pe­reur Ti­bère sui­vit at­ten­ti­ve­ment ses le­çons lorsqu’il sé­journa sur cette île (de l’an 5 av. J.-C. à l’an 2 apr. J.-C.). On dit que Théo­dore fut le pre­mier à avoir dé­celé la cruelle de son élève, et qu’il le gron­dait sou­vent en l’appelant «boue pé­trie de » (par al­lu­sion à Pla­ton qui avait dé­fini la «boue» comme une «pé­trie d’humide» 2). Outre Ti­bère, il eut pour élève le rhé­teur Her­ma­go­ras (ce­lui connu sous le nom de «dis­ciple de Théo­dore»). Il mou­rut vrai­sem­bla­ble­ment à Rhodes. Il écri­vit un grand nombre d’ouvrages, dont l’encyclopédie Souda a conservé les titres, et qui ne portent pas seule­ment sur la rhé­to­rique, mais aussi la — par exemple, «Sur la res­sem­blance des et sa dé­mons­tra­tion» («Peri dia­lek­tôn ho­moio­tê­tos kai apo­deixeôs» 3), la — par exemple, «Sur la consti­tu­tion» («Peri po­li­teias» 4), l’ — par exemple, «Sur l’histoire» («Peri his­to­rias» 5), et même la — par exemple, «Sur la Cœlé-» («Peri Koi­lês Sy­rias» 6). En tout cas, il semble avoir joui d’une haute ré­pu­ta­tion, et c’est son nom qui se pré­sente sous la plume de Ju­vé­nal lorsqu’il veut ci­ter le nom d’un in­tel­lec­tuel re­nommé. Il laissa der­rière lui une école, celle des Théo­do­riens, dont on ne sait à peu près rien, si­non qu’elle était la ri­vale de celle des Apol­lo­do­riens, fon­dée par Apol­lo­dore de Per­game. Il n’est pas ex­clu que le «Du su­blime» soit l’œuvre d’un Théo­do­rien, car se­lon ce traité, c’est Théo­dore qui dressa la liste de quelques-uns des vices op­po­sés au comme, par exemple, le «pa­ren­thyrse» 7en­thou­siasme hors de pro­pos»), c’est-à-dire le mau­vais usage du pa­thé­tique.

  1. En grec Θεόδωρος Γαδαρεύς, en Theo­do­rus Ga­da­reus. Icône Haut
  2. Pla­ton, «Théé­tète», 147c. Icône Haut
  3. En grec «Περὶ διαλέκτων ὁμοιότητος καὶ ἀποδείξεως». Icône Haut
  4. En grec «Περὶ πολιτείας». Icône Haut
  1. En grec «Περὶ ἱστορίας». Icône Haut
  2. En grec «Περὶ Κοίλης Συρίας». Icône Haut
  3. En grec παρένθυρσος. Icône Haut

Aristote, « Grande Morale »

dans « Revue de l’Institut catholique de Paris », nº 23, p. 3-90

dans «Re­vue de l’Institut ca­tho­lique de Pa­ris», nº 23, p. 3-90

Il s’agit de la «Grande » («Êthika me­gala» 1) d’. Il se trouve dans le cor­pus aris­to­té­li­cien, tel qu’il nous est par­venu, trois trai­tés d’ ou de mo­rale, in­ti­tu­lés res­pec­ti­ve­ment l’«Éthique à Ni­co­maque», l’«Éthique à Eu­dème» et la «Grande Mo­rale». Ces trai­tés ex­posent les mêmes ma­tières, avec des dé­ve­lop­pe­ments ana­logues, dans le même ordre; ce sont trois ré­dac­tions d’une seule . Qu’est-ce donc que ces trois ré­dac­tions? Quels rap­ports exacts ont-elles entre elles? Sont-elles des le­çons re­cueillies par des dis­ciples? Est-ce Aris­tote lui-même qui s’est re­pris jusqu’à trois fois pour ex­po­ser son sys­tème? Ce sont là des ques­tions dé­li­cates et très mal­ai­sées à ré­soudre. Les conjec­tures qu’ont sus­ci­tées les titres mêmes de ces trai­tés montrent, peut-être mieux que tout, l’incertitude où nous sommes sur leur sta­tut. L’«Éthique à Eu­dème» par exemple, est-elle une «Éthique pour Eu­dème», c’est-à-dire un qu’Aristote au­rait dé­dié à un de ses dis­ciples, nommé Eu­dème? Est-elle, au contraire, une «Éthique d’Eudème», c’est-à-dire un traité dont ce dis­ciple au­rait été l’éditeur, voire l’auteur? Rien de sûr. Pour l’«Éthique à Ni­co­maque», le plus soi­gné des trois trai­tés, le plus connu et le seul que saint Tho­mas d’Aquin ait com­menté, l’incertitude est presque iden­tique, à ceci près que Ni­co­maque se­rait, d’après Ci­cé­ron, le fils d’Aristote. Quant à la «Grande Mo­rale», qui ne mé­rite ce nom ni par sa lon­gueur ni par la dif­fi­culté de ses idées, elle sem­ble­rait, d’après Por­phyre et Da­vid l’, avoir été ap­pe­lée au­tre­fois la «Pe­tite Mo­rale à Ni­co­maque»; ce nom lui convient mieux. Mais lais­sons de côté ces ques­tions. Il n’est pas un seul traité d’Aristote qui ne soit en désordre : soit par la faute de l’auteur qui, sur­pris par la , n’y au­rait pas mis la der­nière main, soit par la faute de quelque co­piste peu avisé qui au­rait tout bou­le­versé. «C’est fort re­gret­table», ex­plique un tra­duc­teur 2, «mais si l’on de­vait condam­ner tout ou­vrage d’Aristote par cela seul qu’il est ir­ré­gu­lier, il faut re­con­naître qu’il ne nous en res­te­rait plus un seul : de­puis la “” jusqu’à la “!»

  1. En «Ἠθικὰ μεγάλα». Icône Haut
  1. Jules Bar­thé­lémy Saint-Hi­laire. Icône Haut

Aristote, « Éthique à Eudème »

éd. J. Vrin-Presses de l’Université de Montréal, coll. Bibliothèque des textes philosophiques, Paris-Montréal

éd. J. Vrin-Presses de l’Université de Mont­réal, coll. Bi­blio­thèque des textes phi­lo­so­phiques, Pa­ris-Mont­réal

Il s’agit de l’«Éthique à Eu­dème» («Êthika Eu­dê­mia» 1) d’. Il se trouve dans le cor­pus aris­to­té­li­cien, tel qu’il nous est par­venu, trois trai­tés d’ ou de , in­ti­tu­lés res­pec­ti­ve­ment l’«Éthique à Ni­co­maque», l’«Éthique à Eu­dème» et la «Grande Mo­rale». Ces trai­tés ex­posent les mêmes ma­tières, avec des dé­ve­lop­pe­ments ana­logues, dans le même ordre; ce sont trois ré­dac­tions d’une seule . Qu’est-ce donc que ces trois ré­dac­tions? Quels rap­ports exacts ont-elles entre elles? Sont-elles des le­çons re­cueillies par des dis­ciples? Est-ce Aris­tote lui-même qui s’est re­pris jusqu’à trois fois pour ex­po­ser son sys­tème? Ce sont là des ques­tions dé­li­cates et très mal­ai­sées à ré­soudre. Les conjec­tures qu’ont sus­ci­tées les titres mêmes de ces trai­tés montrent, peut-être mieux que tout, l’incertitude où nous sommes sur leur sta­tut. L’«Éthique à Eu­dème» par exemple, est-elle une «Éthique pour Eu­dème», c’est-à-dire un qu’Aristote au­rait dé­dié à un de ses dis­ciples, nommé Eu­dème? Est-elle, au contraire, une «Éthique d’Eudème», c’est-à-dire un traité dont ce dis­ciple au­rait été l’éditeur, voire l’auteur? Rien de sûr. Pour l’«Éthique à Ni­co­maque», le plus soi­gné des trois trai­tés, le plus connu et le seul que saint Tho­mas d’Aquin ait com­menté, l’incertitude est presque iden­tique, à ceci près que Ni­co­maque se­rait, d’après Ci­cé­ron, le fils d’Aristote. Quant à la «Grande Mo­rale», qui ne mé­rite ce nom ni par sa lon­gueur ni par la dif­fi­culté de ses idées, elle sem­ble­rait, d’après Por­phyre et Da­vid l’, avoir été ap­pe­lée au­tre­fois la «Pe­tite Mo­rale à Ni­co­maque»; ce nom lui convient mieux. Mais lais­sons de côté ces ques­tions. Il n’est pas un seul traité d’Aristote qui ne soit en désordre : soit par la faute de l’auteur qui, sur­pris par la , n’y au­rait pas mis la der­nière main, soit par la faute de quelque co­piste peu avisé qui au­rait tout bou­le­versé. «C’est fort re­gret­table», ex­plique un tra­duc­teur 2, «mais si l’on de­vait condam­ner tout ou­vrage d’Aristote par cela seul qu’il est ir­ré­gu­lier, il faut re­con­naître qu’il ne nous en res­te­rait plus un seul : de­puis la “” jusqu’à la “!»

  1. En «Ἠθικὰ Εὐδήμια». Icône Haut
  1. Jules Bar­thé­lémy Saint-Hi­laire. Icône Haut

Aristote, « Éthique de Nicomaque »

éd. Garnier frères, coll. Classiques Garnier, Paris

éd. Gar­nier , coll. Clas­siques Gar­nier, Pa­ris

Il s’agit de l’«Éthique à Ni­co­maque» («Êthika Ni­ko­ma­cheia» 1) d’. Il se trouve dans le cor­pus aris­to­té­li­cien, tel qu’il nous est par­venu, trois trai­tés d’ ou de , in­ti­tu­lés res­pec­ti­ve­ment l’«Éthique à Ni­co­maque», l’«Éthique à Eu­dème» et la «Grande Mo­rale». Ces trai­tés ex­posent les mêmes ma­tières, avec des dé­ve­lop­pe­ments ana­logues, dans le même ordre; ce sont trois ré­dac­tions d’une seule . Qu’est-ce donc que ces trois ré­dac­tions? Quels rap­ports exacts ont-elles entre elles? Sont-elles des le­çons re­cueillies par des dis­ciples? Est-ce Aris­tote lui-même qui s’est re­pris jusqu’à trois fois pour ex­po­ser son sys­tème? Ce sont là des ques­tions dé­li­cates et très mal­ai­sées à ré­soudre. Les conjec­tures qu’ont sus­ci­tées les titres mêmes de ces trai­tés montrent, peut-être mieux que tout, l’incertitude où nous sommes sur leur sta­tut. L’«Éthique à Eu­dème» par exemple, est-elle une «Éthique pour Eu­dème», c’est-à-dire un qu’Aristote au­rait dé­dié à un de ses dis­ciples, nommé Eu­dème? Est-elle, au contraire, une «Éthique d’Eudème», c’est-à-dire un traité dont ce dis­ciple au­rait été l’éditeur, voire l’auteur? Rien de sûr. Pour l’«Éthique à Ni­co­maque», le plus soi­gné des trois trai­tés, le plus connu et le seul que saint Tho­mas d’Aquin ait com­menté, l’incertitude est presque iden­tique, à ceci près que Ni­co­maque se­rait, d’après Ci­cé­ron, le fils d’Aristote. Quant à la «Grande Mo­rale», qui ne mé­rite ce nom ni par sa lon­gueur ni par la dif­fi­culté de ses idées, elle sem­ble­rait, d’après Por­phyre et Da­vid l’, avoir été ap­pe­lée au­tre­fois la «Pe­tite Mo­rale à Ni­co­maque»; ce nom lui convient mieux. Mais lais­sons de côté ces ques­tions. Il n’est pas un seul traité d’Aristote qui ne soit en désordre : soit par la faute de l’auteur qui, sur­pris par la , n’y au­rait pas mis la der­nière main, soit par la faute de quelque co­piste peu avisé qui au­rait tout bou­le­versé. «C’est fort re­gret­table», ex­plique un tra­duc­teur 2, «mais si l’on de­vait condam­ner tout ou­vrage d’Aristote par cela seul qu’il est ir­ré­gu­lier, il faut re­con­naître qu’il ne nous en res­te­rait plus un seul : de­puis la “” jusqu’à la “!»

  1. En «Ἠθικὰ Νικομάχεια». Icône Haut
  1. Jules Bar­thé­lémy Saint-Hi­laire. Icône Haut

Longin, « Fragments • Art rhétorique »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit du «Art » (« rhê­to­rikê» 1) et autres frag­ments de Cas­sius Lon­gin 2, éru­dit d’expression grecque, mêlé à presque toutes les dis­cus­sions lit­té­raires et phi­lo­lo­giques du IIIe siècle apr. J.-C. et de­venu dans sa le mi­nistre d’une reine. L’année de sa nais­sance n’est pas plus connue que sa pa­trie; sa mère, en tout cas, était Sy­rienne. Après avoir passé sa à en­sei­gner les belles-lettres à Athènes, il fut ap­pelé en , à la Cour de Pal­myre 3. La reine Zé­no­bie, qui le prit au­près d’elle pour s’instruire dans la grecque, en fit son prin­ci­pal mi­nistre et s’abandonna à ses conseils. C’est lui qui en­cou­ra­gea cette reine à dé­fendre son titre de reine contre les ar­mées d’Aurélien. On dit même qu’il lui dicta la ré­ponse noble et fière qu’elle écri­vit à cet Em­pe­reur qui la pres­sait de se rendre : «Ja­dis, Cléo­pâtre a pré­féré la au pom­peux que vous m’offrez. La m’envoie des auxi­liaires; les Arabes et les Ar­mé­niens mour­ront pour ma cause… Que sera-ce quand les troupes al­liées que j’attends se­ront ve­nues?» Cette ré­ponse hau­taine coûta la vie à Lon­gin; car de­venu, à la fin d’un long siège, le maître de Pal­myre et de Zé­no­bie, Au­ré­lien ré­serva cette reine pour son triomphe et en­voya Lon­gin au sup­plice (273 apr. J.-C.). Se­lon un his­to­rien, Lon­gin mon­tra dans sa mort le même qu’il sut ins­pi­rer au cours de sa vie; il souf­frit les plus cruels tour­ments «avec une telle fer­meté qu’il ré­con­forta même ceux qui s’affligeaient de son mal­heur»

  1. En «Τέχνη ῥητορική». Icône Haut
  2. En grec Κάσσιος Λογγῖνος, en Cas­sius Lon­gi­nus. Icône Haut
  1. Aujourd’hui Tad­mor (تدمر), en . Icône Haut

Pseudo-Longin, « Du sublime »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit du «Du » («Peri hyp­sous» 1). Ce pe­tit traité mys­té­rieux consti­tue le som­met de la lit­té­raire gréco-ro­maine. Nous ne sa­vons pas s’il a eu beau­coup de à l’époque de sa ré­dac­tion; mais de­puis sa tra­duc­tion par Boi­leau, il en a eu énor­mé­ment et qu’il mé­rite. Non seule­ment les des ont été char­més par les beaux frag­ments lit­té­raires qui y sont ci­tés; mais ils ont été sur­pris par la hau­teur, par la force, par la vé­hé­mence des qui y sont por­tés sur tous les grands de l’. L’auteur in­connu de ce traité, quel qu’il soit 2, ne s’amusait pas, comme les rhé­teurs de son (Ier siècle apr. J.-C.), à faire des di­vi­sions mi­nu­tieuses des par­ties du dis­cours; et il ne se conten­tait pas, comme Aris­tote ou comme Her­mo­gène, à nous énu­mé­rer des pré­ceptes tout secs et dé­pouillés d’ornements. Au contraire : en trai­tant des beau­tés lit­té­raires, il em­ployait toutes les fi­nesses lit­té­raires : «Sou­vent il fait la qu’il en­seigne, et en par­lant du su­blime, il est lui-même très su­blime», comme dit Boi­leau 3. Chez ce , point de pré­ju­gés na­tio­naux. Il li­sait les écri­vains la­tins et il sa­vait se pas­sion­ner pour eux : il com­pa­rait Ci­cé­ron à Dé­mos­thène et il sen­tait fort bien les qua­li­tés de l’un et de l’autre. Chose plus sur­pre­nante : il n’était pas étran­ger aux pre­miers ver­sets de la . En­fin, ad­mi­rons en lui l’honnête . Nul An­cien n’a mieux que lui com­pris et ex­primé à quel point la gran­deur lit­té­raire est liée à celle du cœur et de l’esprit. Et c’est un pour ce cri­tique in­gé­nieux de s’être ren­con­tré en cela avec Pla­ton, et d’avoir dé­fendu la et la pu­reté de l’, en com­men­çant par don­ner aux écri­vains la de leur de­voir hu­main et le de ce même de­voir.

  1. En grec «Περὶ ὕψους». Icône Haut
  2. Les plus an­ciens du traité «Du su­blime» n’en in­diquent pas l’auteur avec cer­ti­tude : ils nous laissent le choix entre «De­nys ou Lon­gin» (Διονυσίου ἢ Λογγίνου). Mais les pre­miers édi­teurs, n’ayant pas eu sous les yeux ces an­ciens ma­nus­crits, ont suivi aveu­glé­ment les ma­nus­crits où la par­ti­cule «ou» avait dis­paru par la né­gli­gence des co­pistes, et pen­dant trois cents ans, ce traité a été édité, tra­duit, com­menté comme l’œuvre de «De­nys Lon­gin». Icône Haut
  1. «Pré­face au “Traité du su­blime, ou Du dans le dis­cours”». Icône Haut

Hermagoras, « Fragments et Témoignages »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit d’Hermagoras de Tem­nos 1 et d’Hermagoras dis­ciple de Théo­dore 2, deux fi­gures ma­jeures de la grecque.

Le pre­mier Her­ma­go­ras, éga­le­ment connu sous le sur­nom d’Hermagoras l’Ancien 3, pro­fes­sait en pro­ba­ble­ment à l’époque où les rhé­teurs n’étaient pas en­core bien vus à , c’est-à-dire au IIe siècle av. J.-C. Isi­dore le cite, avec Gor­gias et Aris­tote, comme l’un des in­ven­teurs de la rhé­to­rique. Ci­cé­ron et Ælius Théon disent de lui qu’il pre­nait pour su­jets de contro­verse des ques­tions sans per­sonnes dé­fi­nies ni cir­cons­tances pré­cises, comme : «Y a-t-il un bien à part la ?», «Les sens sont-ils fiables?», «Quelle est la forme du ?», «Doit-on se ma­rier?», «Doit-on faire des ?», etc. ques­tions qu’il se­rait tout aussi fa­cile de ran­ger parmi les thèses d’un phi­lo­sophe que d’un rhé­teur. Ce même Her­ma­go­ras pu­blia un de rhé­to­rique que Ci­cé­ron de­vait avoir entre les mains, puisqu’il en parle maintes fois, et qui «n’était pas tout à fait sans mé­rite» («non men­do­sis­sime scripta»); c’était un abrégé des rhé­to­riques an­té­rieures où «l’ et le soin» («in­ge­niose et di­li­gen­ter») ne fai­saient pas dé­faut, et où, de plus, l’auteur «don­nait plus d’une preuve de nou­veauté» («non­ni­hil ipse quoque novi pro­tu­lisse»). Ailleurs, Ci­cé­ron parle de cet ou­vrage dans ces termes : «Il donne des règles et des pré­ceptes ora­toires pré­cis et sûrs qui, s’ils pré­sentent très peu d’apprêt — car le en est sec —, suivent mal­gré tout un ordre, et com­portent cer­taines mé­thodes qui ne per­mettent pas de se four­voyer quand on parle». Ce traité, en six vo­lumes, s’est mal­heu­reu­se­ment perdu as­sez vite; il nous est connu uni­que­ment sous la forme de té­moi­gnages, non de frag­ments.

  1. En grec Ἑρμαγόρας Τήμνου. Icône Haut
  2. En Her­ma­go­ras Theo­dori dis­ci­pu­lus. Icône Haut
  1. En la­tin Her­ma­go­ras Ma­jor. Icône Haut

Photius, « Bibliothèque. Tome VIII »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit de la «Bi­blio­thèque» («Bi­blio­thêkê» 1) ou la «My­riade de » («My­rio­bi­blon» ou «My­rio­bi­blos» 2) de  3, vé­né­rable pa­triarche de (IXe siècle apr. J.-C.). Ce pré­tendu hé­ré­tique, à qui l’ ro­maine at­tri­buera les aveu­gle­ments ayant mené au schisme des deux chré­tien­tés, celle d’ et celle d’, fai­sant men­tir son beau nom de Pho­tius («lu­mière») — ce pré­tendu hé­ré­tique, dis-je, était l’ le plus sa­vant de son . Doué d’une pro­di­gieuse et d’une grande ar­deur pour le tra­vail, il avait de l’érudition en tout genre. Ses connais­sances étaient uni­ver­selles; et contrai­re­ment à l’habitude de ceux qui s’appliquent à tant de choses, il sa­vait bien ap­pro­fon­dir les ques­tions par­ti­cu­lières quand il les trai­tait. Le re­cueil qui a mon­tré l’étendue de tout ce qu’il avait lu, de tout ce qu’il avait étu­dié, et qui a im­mor­ta­lisé son nom à titre de sa­vant, est sa «Bi­blio­thèque». Y sont ré­su­més deux cent quatre-vingts ou­vrages an­ciens, parmi les­quels il y a plus de cent trente qui n’existent plus en en­tier ou en par­tie, et dont les au­teurs nous sont à peine connus de nom. Pho­tius écri­vit ces ré­su­més avant son ac­ces­sion au siège pa­triar­cal, et dans le temps où, en­voyé en am­bas­sade au­près des As­sy­riens, il trou­vait as­sez de loi­sir pour s’occuper de lit­té­ra­ture. On ap­prend, par sa lettre à son frère Ta­ra­sius 4, qu’étant à Constan­ti­nople, les deux li­saient en­semble à haute ; mais que, ne pou­vant plus, à cause de leur éloi­gne­ment, faire ces sortes de lec­tures en com­mun, Ta­ra­sius pria son frère de lui en­voyer les ré­su­més ou les «ar­gu­ments» («hy­po­the­seis» 5) des livres à la lec­ture des­quels il n’avait pas pu par­ti­ci­per, pour se conso­ler un peu de cette longue et pé­nible sé­pa­ra­tion. Voilà le pré­texte et le mo­bile de la «Bi­blio­thèque».

  1. En «Βιϐλιοθήκη». Icône Haut
  2. En grec «Μυριόϐιϐλος». Ni le titre de «Bi­blio­thêkê» ni ce­lui de «My­rio­bi­blos» ne sont de l’auteur. Dans les , le titre est ce­lui qu’on lit en tête de la lettre de Pho­tius à Ta­ra­sius : «In­ven­taire et Énu­mé­ra­tion des livres que nous avons lus, et dont notre bien-aimé frère Ta­ra­sius nous a de­mandé d’avoir une idée som­maire» («Ἀπογραφή καὶ Συναρίθμησις τῶν ἀνεγνωσμένων ἡμῖν βιϐλίων, ὧν εἰς κεφαλαιώδη διάγνωσιν ὁ ἠγαπημένος ἡμῶν ἀδελφός Ταράσιος ἐξηιτήσατο»). Icône Haut
  3. En grec Φώτιος. Par­fois trans­crit Phô­tios. Icône Haut
  1. En grec Ταράσιος. Par­fois trans­crit Ta­raise ou Ta­ra­sios. Icône Haut
  2. En grec ὑποθέσεις. Icône Haut

Photius, « Bibliothèque. Tome VII »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit de la «Bi­blio­thèque» («Bi­blio­thêkê» 1) ou la «My­riade de » («My­rio­bi­blon» ou «My­rio­bi­blos» 2) de  3, vé­né­rable pa­triarche de (IXe siècle apr. J.-C.). Ce pré­tendu hé­ré­tique, à qui l’ ro­maine at­tri­buera les aveu­gle­ments ayant mené au schisme des deux chré­tien­tés, celle d’ et celle d’, fai­sant men­tir son beau nom de Pho­tius («lu­mière») — ce pré­tendu hé­ré­tique, dis-je, était l’ le plus sa­vant de son . Doué d’une pro­di­gieuse et d’une grande ar­deur pour le tra­vail, il avait de l’érudition en tout genre. Ses connais­sances étaient uni­ver­selles; et contrai­re­ment à l’habitude de ceux qui s’appliquent à tant de choses, il sa­vait bien ap­pro­fon­dir les ques­tions par­ti­cu­lières quand il les trai­tait. Le re­cueil qui a mon­tré l’étendue de tout ce qu’il avait lu, de tout ce qu’il avait étu­dié, et qui a im­mor­ta­lisé son nom à titre de sa­vant, est sa «Bi­blio­thèque». Y sont ré­su­més deux cent quatre-vingts ou­vrages an­ciens, parmi les­quels il y a plus de cent trente qui n’existent plus en en­tier ou en par­tie, et dont les au­teurs nous sont à peine connus de nom. Pho­tius écri­vit ces ré­su­més avant son ac­ces­sion au siège pa­triar­cal, et dans le temps où, en­voyé en am­bas­sade au­près des As­sy­riens, il trou­vait as­sez de loi­sir pour s’occuper de lit­té­ra­ture. On ap­prend, par sa lettre à son frère Ta­ra­sius 4, qu’étant à Constan­ti­nople, les deux li­saient en­semble à haute ; mais que, ne pou­vant plus, à cause de leur éloi­gne­ment, faire ces sortes de lec­tures en com­mun, Ta­ra­sius pria son frère de lui en­voyer les ré­su­més ou les «ar­gu­ments» («hy­po­the­seis» 5) des livres à la lec­ture des­quels il n’avait pas pu par­ti­ci­per, pour se conso­ler un peu de cette longue et pé­nible sé­pa­ra­tion. Voilà le pré­texte et le mo­bile de la «Bi­blio­thèque».

  1. En «Βιϐλιοθήκη». Icône Haut
  2. En grec «Μυριόϐιϐλος». Ni le titre de «Bi­blio­thêkê» ni ce­lui de «My­rio­bi­blos» ne sont de l’auteur. Dans les , le titre est ce­lui qu’on lit en tête de la lettre de Pho­tius à Ta­ra­sius : «In­ven­taire et Énu­mé­ra­tion des livres que nous avons lus, et dont notre bien-aimé frère Ta­ra­sius nous a de­mandé d’avoir une idée som­maire» («Ἀπογραφή καὶ Συναρίθμησις τῶν ἀνεγνωσμένων ἡμῖν βιϐλίων, ὧν εἰς κεφαλαιώδη διάγνωσιν ὁ ἠγαπημένος ἡμῶν ἀδελφός Ταράσιος ἐξηιτήσατο»). Icône Haut
  3. En grec Φώτιος. Par­fois trans­crit Phô­tios. Icône Haut
  1. En grec Ταράσιος. Par­fois trans­crit Ta­raise ou Ta­ra­sios. Icône Haut
  2. En grec ὑποθέσεις. Icône Haut