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Rosny, « La Mort de la Terre et Autres Contes »

éd. Bibliothèque nationale de France, coll. Les Orpailleurs, Paris

éd. Bi­blio­thèque na­tio­nale de , coll. Les Or­pailleurs, Pa­ris

Il s’agit de «La de la » et autres œuvres de . Sous le pseu­do­nyme de Rosny se masque la col­la­bo­ra­tion lit­té­raire entre deux  : Jo­seph-Henri-Ho­noré Boëx et Sé­ra­phin-Jus­tin-Fran­çois Boëx. Ils na­quirent, l’aîné en 1856, le jeune en 1859, d’une fran­çaise, hol­lan­daise et es­pa­gnole ins­tal­lée en . Ces di­verses, leur ins­tinct de , un âpre de la lutte — les Rosny étaient d’une rare vi­gueur mus­cu­laire —, leur han­tise de la , et jusque la fas­ci­na­tion qu’exerçaient sur eux les terres in­hos­pi­ta­lières et sau­vages, firent naître chez eux le rêve de re­joindre les tri­bus in­diennes qui han­taient en­core les éten­dues loin­taines du . Londres d’abord et Pa­ris en­suite n’étaient dans leur tête qu’une es­cale; mais le des­tin les y fixa pour la et fit d’eux des pri­son­niers de ces ten­ta­cu­laires que les Rosny al­laient fouiller en pro­fon­deur, avec toute la pas­sion que sus­citent des contrées in­con­nues, des contrées hu­maines et bru­tales. Ils pé­né­trèrent dans les fau­bourgs sor­dides; ils connurent les four­naises, les usines, les fa­briques fa­rouches et re­pous­santes, cra­chant leurs noires fu­mées dans le , les dé­po­toirs à perte de vue, au­tour des­quels grouillaient des hommes de fer et de . Cette vi­sion exal­tait les Rosny jusqu’aux larmes : «Le front contre sa vitre, il contem­plait le fau­bourg si­nistre, les hautes che­mi­nées d’usine, avec l’impression d’une tue­rie lente et in­vin­cible. Au­rait-on le de sau­ver les hommes?… De vastes es­pé­rances ba­layaient cette crainte» 1. À ja­mais éga­rés des ho­ri­zons ca­na­diens, les Rosny se conso­lèrent en créant une des ban­lieues, à la­quelle on doit leurs meilleures pages. L’impression qu’un autre tire d’une fo­rêt vierge, d’une sa­vane, d’une jungle, d’un abîme d’herbes, de ra­mures et de fauves, ils la ti­rèrent, aussi vierge, de l’étrange re­mous de la in­dus­trielle. Le sif­fle­ment des , le re­ten­tis­se­ment des en­clumes, la des foules de­vint pour eux un bruit aussi re­li­gieux que l’appel des cloches. L’aspect fé­roce, puis­sant des tra­vailleurs, à la sor­tie des ate­liers, leur évo­qua les temps pri­mi­tifs où les pre­miers hommes se dé­bat­taient dans des com­bats vio­lents contre les forces élé­men­taires de la . Dans leurs ro­mans aux dé­cors sub­ur­bains, qui re­joignent d’ailleurs leurs ré­cits pré­his­to­riques et , puisqu’ils se penchent sur «tout l’antique mys­tère» 2 des de­ve­nirs de la vie — dans leurs ro­mans, dis-je, les Rosny font voir que «la fo­rêt vierge et les grandes in­dus­tries ne sont pas des choses op­po­sées, ce sont des choses ana­logues»; qu’un «mor­ceau de Pa­ris, où s’entasse la gran­deur de nos sem­blables, doit faire pal­pi­ter les au­tant que la chute du Rhin à Schaff­house» 3; que l’œuvre des hommes est non moins belle et mons­trueuse que celle de la na­ture — ou plu­tôt, il est im­pos­sible de sé­pa­rer l’une de l’autre.

  1. «La Vague rouge». Icône Haut
  2. «L’Aube du fu­tur». Icône Haut
  1. «La Vague rouge». Icône Haut

Hugo, « Les Chants du crépuscule • Les Voix intérieures • Les Rayons et les Ombres »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Rayons et les Ombres» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

Hugo, « Les Orientales • Les Feuilles d’automne »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Feuilles d’automne» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

Hugo, « Odes et Ballades »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des « et Bal­lades» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

Judith Gautier, « Œuvres complètes. Tome II »

éd. Classiques Garnier, coll. Bibliothèque du XIXᵉ siècle, Paris

éd. Clas­siques Gar­nier, coll. Bi­blio­thèque du XIXe siècle, Pa­ris

Il s’agit de « d’» et autres œuvres de  1, femme de lettres fran­çaise (XIXe-XXe siècle). Fille de Théo­phile Gau­tier, elle fut peut-être le chef-d’œuvre de son père. Ce der­nier fa­çonna cette d’enfant, comme on fa­çonne l’argile, et l’embellit de toute la pu­reté ro­ma­nesque et de toute la chas­teté fière dont il prô­nait le culte. De son sa­lon, qui réunis­sait tout ce que Pa­ris avait de et de , il lui fit une sorte de ber­ceau, au fond du­quel il se plut à la voir gran­dir. En­fin, il pré­dis­posa cette âme au rêve, en lui ou­vrant les de l’. En ce , l’Orient, soit comme soit comme , était de­venu une oc­cu­pa­tion gé­né­rale pour les au­tant que pour les , comme ex­plique Hugo 2 : «Les études orien­tales n’ont ja­mais été pous­sées si avant. Au siècle de Louis XIV, on était hel­lé­niste; main­te­nant on est orien­ta­liste. Il y a un pas de fait. Ja­mais tant d’intelligences n’ont fouillé à la fois ce grand abîme de l’». Très vite, Ju­dith re­con­nut l’Orient comme une se­conde pa­trie, dont les images, les cadres, la , la des vinrent em­preindre toutes ses pen­sées, toutes ses rê­ve­ries. Chez les poètes de la et chez les de l’Inde, elle dé­cou­vrait sa ca­chée, sa propre phi­lo­so­phie, qu’elle ne s’était pas dite en­core; et dans les ré­cits de voyage au , elle re­voyait ses et tout un déjà presque fa­mi­lier. Alors, elle peu­pla cet Éden d’amantes et d’amants aux cœurs aussi purs que le sien et de nobles fi­gures ir­réelles. Hugo, au­quel elle en­voya son pre­mier , écrit ceci de­puis l’ : «J’ai lu votre “Dra­gon im­pé­rial”. Quel art puis­sant et gra­cieux que le vôtre!… Al­ler en Chine, c’est presque al­ler dans la lune; vous nous faites faire ce voyage si­dé­ral. On vous suit avec ex­tase, et vous fuyez dans le pro­fond du rêve, ai­lée et étoi­lée». Elle vé­cut dans un tel étoilé, à me­sure qu’elle le créait. Du nôtre, elle ne connut rien ou n’en vou­lut rien connaître. «Pa­ris est pour elle une ca­pi­tale loin­taine qu’elle n’a même point le de vi­si­ter un jour. Les formes y manquent de splen­deur et de mys­tère; les mai­sons en sont grises; la foule en est terne… Elle ignore; mais par une in­tui­tive de pro­phé­tesse, elle de­vine des lai­deurs qu’elle veut igno­rer, et s’en dé­tourne comme d’un ruis­seau, pour évi­ter la boue… Elle est ja­lou­se­ment en­fer­mée dans une sorte de cloître qu’elle a for­ti­fié d’indifférence», ra­conte Ed­mond Ha­rau­court.

  1. Éga­le­ment connue sous le sur­nom de Ju­dith Wal­ter, ainsi que sous le nom de femme ma­riée de Ju­dith Men­dès (1866-1874). Icône Haut
  1. «Les Orien­tales». Icône Haut

Judith Gautier, « Œuvres complètes. Tome I »

éd. Classiques Garnier, coll. Bibliothèque du XIXᵉ siècle, Paris

éd. Clas­siques Gar­nier, coll. Bi­blio­thèque du XIXe siècle, Pa­ris

Il s’agit du «Dra­gon im­pé­rial» et autres œuvres de  1, femme de lettres fran­çaise (XIXe-XXe siècle). Fille de Théo­phile Gau­tier, elle fut peut-être le chef-d’œuvre de son père. Ce der­nier fa­çonna cette d’enfant, comme on fa­çonne l’argile, et l’embellit de toute la pu­reté ro­ma­nesque et de toute la chas­teté fière dont il prô­nait le culte. De son sa­lon, qui réunis­sait tout ce que Pa­ris avait de et de , il lui fit une sorte de ber­ceau, au fond du­quel il se plut à la voir gran­dir. En­fin, il pré­dis­posa cette âme au rêve, en lui ou­vrant les de l’. En ce , l’, soit comme soit comme , était de­venu une oc­cu­pa­tion gé­né­rale pour les au­tant que pour les , comme ex­plique Hugo 2 : «Les études orien­tales n’ont ja­mais été pous­sées si avant. Au siècle de Louis XIV, on était hel­lé­niste; main­te­nant on est orien­ta­liste. Il y a un pas de fait. Ja­mais tant d’intelligences n’ont fouillé à la fois ce grand abîme de l’». Très vite, Ju­dith re­con­nut l’Orient comme une se­conde pa­trie, dont les images, les cadres, la , la des vinrent em­preindre toutes ses pen­sées, toutes ses rê­ve­ries. Chez les poètes de la et chez les de l’Inde, elle dé­cou­vrait sa ca­chée, sa propre phi­lo­so­phie, qu’elle ne s’était pas dite en­core; et dans les ré­cits de voyage au , elle re­voyait ses et tout un déjà presque fa­mi­lier. Alors, elle peu­pla cet Éden d’amantes et d’amants aux cœurs aussi purs que le sien et de nobles fi­gures ir­réelles. Hugo, au­quel elle en­voya son pre­mier , écrit ceci de­puis l’ : «J’ai lu votre “Dra­gon im­pé­rial”. Quel art puis­sant et gra­cieux que le vôtre!… Al­ler en Chine, c’est presque al­ler dans la lune; vous nous faites faire ce voyage si­dé­ral. On vous suit avec ex­tase, et vous fuyez dans le pro­fond du rêve, ai­lée et étoi­lée». Elle vé­cut dans un tel étoilé, à me­sure qu’elle le créait. Du nôtre, elle ne connut rien ou n’en vou­lut rien connaître. «Pa­ris est pour elle une ca­pi­tale loin­taine qu’elle n’a même point le de vi­si­ter un jour. Les formes y manquent de splen­deur et de mys­tère; les mai­sons en sont grises; la foule en est terne… Elle ignore; mais par une in­tui­tive de pro­phé­tesse, elle de­vine des lai­deurs qu’elle veut igno­rer, et s’en dé­tourne comme d’un ruis­seau, pour évi­ter la boue… Elle est ja­lou­se­ment en­fer­mée dans une sorte de cloître qu’elle a for­ti­fié d’indifférence», ra­conte Ed­mond Ha­rau­court.

  1. Éga­le­ment connue sous le sur­nom de Ju­dith Wal­ter, ainsi que sous le nom de femme ma­riée de Ju­dith Men­dès (1866-1874). Icône Haut
  1. «Les Orien­tales». Icône Haut

Volney, « La Loi naturelle, ou Principes physiques de la morale »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «La Loi na­tu­relle, ou Prin­cipes phy­siques de la » 1 de Constan­tin-Fran­çois de Chas­sebœuf, voya­geur et lit­té­ra­teur , plus connu sous le sur­nom de Vol­ney (XVIIIe-XIXe siècle). Il per­dit sa mère à deux ans et fut laissé entre les mains d’une vieille pa­rente, qui l’abandonna dans un pe­tit col­lège d’Ancenis. Le ré­gime de ce col­lège était fort mau­vais, et la des y était à peine soi­gnée; le di­rec­teur était un bru­tal, qui ne par­lait qu’en gron­dant et ne gron­dait qu’en frap­pant. Vol­ney souf­frait d’autant plus que son père ne ve­nait ja­mais le voir et ne pa­rais­sait ja­mais avoir pour lui cette sol­li­ci­tude que té­moigne un père en­vers son fils. L’enfant avan­çait pour­tant dans ses études et était à la tête de ses classes. Soit par , soit par suite de l’abandon de son père, soit les deux, il se plai­sait dans la so­li­taire et ta­ci­turne, et son n’attendait que d’être li­béré pour se dé­ve­lop­per et pour prendre un es­sor ra­pide. L’occasion ne tarda pas à se pré­sen­ter : une mo­dique somme d’argent lui échut. Il ré­so­lut de l’employer à ac­qué­rir, dans un grand voyage, un fonds de connais­sances nou­velles. La et l’ lui pa­rurent les pays les plus propres aux ob­ser­va­tions his­to­riques et mo­rales dont il vou­lait s’occuper. «Je me sé­pa­re­rai», se pro­mit-il 2, «des so­cié­tés cor­rom­pues; je m’éloignerai des où l’ se dé­prave par la sa­tiété, et des ca­banes où elle s’avilit par la mi­sère; j’irai dans la vivre parmi les ruines; j’interrogerai les an­ciens… par quels mo­biles s’élèvent et s’abaissent les Em­pires; de quelles naissent la pros­pé­rité et les mal­heurs des na­tions; sur quels prin­cipes en­fin doivent s’établir la des so­cié­tés et le des hommes.» Mais pour vi­si­ter ces pays avec fruit, il fal­lait en connaître la  : «Sans la langue, l’on ne sau­rait ap­pré­cier le gé­nie et le ca­rac­tère d’une  : la tra­duc­tion des in­ter­prètes n’a ja­mais l’effet d’un en­tre­tien di­rect», pen­sait-il 3. Cette dif­fi­culté ne re­buta point Vol­ney. Au lieu d’apprendre l’ en , il alla s’enfermer du­rant huit mois dans un couvent du Li­ban, jusqu’à ce qu’il fût en état de par­ler cette langue com­mune à tant d’Orientaux.

  1. Éga­le­ment connu sous le titre de «Ca­té­chisme du ci­toyen fran­çais». Icône Haut
  2. «Les Ruines», p. 19. Icône Haut
  1. «Pré­face à “Voyage en Sy­rie et en Égypte”». Icône Haut

le père Porée, « Le Paresseux : comédie »

dans « Théâtre européen, nouvelle collection. Théâtre latin moderne » (XIXᵉ siècle), p. 1-42

dans « eu­ro­péen, col­lec­tion. mo­derne» (XIXe siècle), p. 1-42

Il s’agit de la «Le Pa­res­seux» («Otio­sus») du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

le père Porée, « Le Joueur : comédie »

dans « Théâtre européen, nouvelle collection. Théâtre latin moderne » (XIXᵉ siècle), p. 43-76

dans « eu­ro­péen, col­lec­tion. Théâtre mo­derne» (XIXe siècle), p. 43-76

Il s’agit de la «Le Joueur» («Alea­tor») du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

« Théâtre jésuite néo-latin et Antiquité : sur le “Brutus” de Charles Porée (1708) »

éd. École française de Rome, coll. de l’École française de Rome, Rome

éd. École fran­çaise de , coll. de l’École fran­çaise de Rome, Rome

Il s’agit de la «Bru­tus» du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

le père Porée, « “De theatro”, Discours sur les spectacles »

éd. Société de littératures classiques, coll. des Rééditions de textes du XVIIᵉ siècle, Toulouse

éd. de lit­té­ra­tures clas­siques, coll. des Ré­édi­tions de textes du XVIIe siècle, Tou­louse

Il s’agit du «Dis­cours sur les spec­tacles» («De thea­tro») du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la so­ciété qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

le père Porée, « Discours sur la satire »

éd. H. Champion, coll. L’Âge des lumières, Paris

éd. H. Cham­pion, coll. L’Âge des , Pa­ris

Il s’agit du «Dis­cours sur la » («De sa­tyra») du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

Malot, « Le Docteur Claude. Tome II »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Doc­teur Claude» d’, ro­man­cier (XIXe siècle), dont la grande mal­chance fut d’avoir surgi entre Bal­zac et Zola, deux gé­nies qui firent de l’ombre au sien. «Mais par la puis­sance de son ob­ser­va­tion, par sa com­pré­hen­sion de la , ses lu­mi­neuses et fé­condes idées d’équité, de et d’, par l’habile en­chaî­ne­ment de ses ré­cits… il est leur égal à tous deux», dit une jour­na­liste 1, «et la pos­té­rité — si elle est juste et si elle en a le loi­sir — le met­tra à sa vé­ri­table place, sur le même som­met qu’occupent l’historien de la “ hu­maine” et ce­lui des “Rou­gon-Mac­quart”. Et puis, quel ferme et su­perbe ca­rac­tère que Ma­lot! Quel dés­in­té­res­se­ment!» Ma­lot na­quit en 1830 près de Rouen. Son père, qui était no­taire, le des­ti­nait à la même . C’est mi­racle que les ma­nuels de qu’il fai­sait ava­ler à son fils ne l’aient pas à ja­mais dé­goûté de la lec­ture. Heu­reu­se­ment, dans un gre­nier de la mai­son, je­tés en tas, se trou­vaient de vieux clas­siques, qu’avait re­lé­gués là leur cou­ver­ture usée : le «Ro­land fu­rieux» de l’Arioste; le «Gil Blas» de Le­sage; un Mo­lière com­plet; un tome de Ra­cine. Et ceux-là, un jour que Ma­lot en avait ou­vert un au ha­sard, l’empêchèrent de croire que tous les étaient des ma­nuels de ju­ris­pru­dence. «Com­bien d’heures», dit-il 2, «ils m’ont fait pas­ser sous l’ardoise sur­chauf­fée ou gla­cée, charmé, ravi, l’esprit éveillé, l’ al­lu­mée par une étin­celle qui ne s’est pas éteinte! Sans eux, au­rais-je ja­mais fait des ro­mans? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais bien, c’est qu’ils m’ont donné l’idée d’en écrire pour ceux qui pou­vaient souf­frir, comme je l’avais souf­fert -même, le sup­plice des livres en­nuyeux.»

  1. Sé­ve­rine (pseu­do­nyme de Ca­ro­line Rémy) dans Cim, «Le Dî­ner des gens de lettres», p. 23. Icône Haut
  1. «Le de mes ro­mans», p. 24-25. Icône Haut