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« Les Entretiens de Confucius »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit des «Dia­logues» ou « de » 1Lu­nyu» 2), la d’angle de la chi­noise, l’œuvre la plus si­gni­fi­ca­tive pour la connais­sance de Confu­cius (VIe-Ve siècle av. J.-C.). Com­pa­rée sous le rap­port mo­ral, et même , la doc­trine de Confu­cius se rap­proche de celle qui fut, presque à la même époque, en­sei­gnée par So­crate. Ja­mais, peut-être, l’esprit hu­main ne fut plus di­gne­ment re­pré­senté que par ces deux . En voici les prin­ci­pales rai­sons. La pre­mière est que Confu­cius et So­crate ont re­cueilli ce qu’il y a de meilleur dans la des An­ciens. La se­conde est qu’ils ont ajouté à cette mo­rale la sim­pli­cité, la clarté et l’évidence, qui doivent ré­gner par­tout et se faire sen­tir aux les plus gros­siers. En­fin, c’est parce que Confu­cius et So­crate poussent en avant leur , mais ne la poussent pas trop loin; leur leur fai­sant tou­jours connaître jusqu’où il faut al­ler et où il faut s’arrêter. En quoi ils ont un avan­tage consi­dé­rable non seule­ment sur un grand nombre d’Anciens, qui ont de tels su­jets, mais aussi sur la plu­part des Mo­dernes, qui ont tant de rai­son­ne­ments faux ou re­cher­chés, tant de traits d’esprit dé­pla­cés, tant de sub­ti­li­tés épou­van­tables. «La voie… n’est pas sui­vie, je le sais», dit ailleurs Confu­cius 3. «Les hommes in­tel­li­gents et éclai­rés vont au-delà, et les igno­rants res­tent en deçà.» «Le grand sa­vant Kô­jirô Yo­shi­kawa consi­dé­rait les “En­tre­tiens de Confu­cius” comme le plus beau livre du . J’ignore s’il mé­rite vrai­ment ce titre… mais il est cer­tain que, dans toute l’, nul écrit n’a exercé plus du­rable sur une plus grande par­tie de l’», dit très bien M. Pierre Ry­ck­mans 4. C’est dans ces «En­tre­tiens» que Confu­cius s’est ma­ni­festé comme le plus grand maître et le plus grand phi­lo­sophe du monde orien­tal. On y voit son ar­dent de l’humanité; sa mo­rale in­fi­ni­ment , mais en même pui­sée dans les plus pures du bon sens; son souci per­ma­nent de re­don­ner à la hu­maine ce pre­mier lustre, cette pre­mière beauté qu’elle avait re­çue du , et qui avait été obs­cur­cie par les té­nèbres de l’ignorance et par la conta­gion du . «Le Maître dit : “Ce n’est pas un mal­heur d’être mé­connu des hommes, mais c’est un mal­heur de les mé­con­naître”.» Où trou­ver une maxime plus belle, une in­dif­fé­rence plus grande à l’égard de la gloire et des gran­deurs? On ne doit pas être sur­pris si les eu­ro­péens, qui les pre­miers firent connaître «le vé­néré maître K’ong» ou K’ong-fou-tseu 5 sous le nom la­ti­nisé de Confu­cius, conçurent pour sa pen­sée un en­thou­siasme égal à ce­lui des .

  1. Par­fois tra­duit «Le Livre de la de Confu­cius», «Mor­ceaux de contro­verse de Confu­cius», «Le Livre des », «Dis­cus­sions et Al­lo­cu­tions», «Conver­sa­tions ou Ana­lectes de Confu­cius», «Dis­cours» ou «Les En­tre­tiens phi­lo­so­phiques». Icône Haut
  2. En chi­nois «論語». Au­tre­fois trans­crit «Lén-yù», «Luen yu», «Louen yu», «Loung yu», «Liun iu», «Loun-yu» ou «Lún-iù». Icône Haut
  3. «L’Invariable Mi­lieu». Icône Haut
  1. p. 7. Icône Haut
  2. En chi­nois 孔夫子. Par­fois trans­crit Cong fou tsëe, K’ong fou-tse, K’oung fou tseu, Khoung-fou-dze, Kung--dsü, Kung fu-tzu ou Kong­fuzi. Icône Haut

Ibn al-Moqaffa, « Le Livre de “Kalila et Dimna” »

éd. Klincksieck, Paris

éd. Klinck­sieck, Pa­ris

Il s’agit du «Ka­lila et Dimna» («Ka­lîla wa Dimna» 1), en­semble de qui font l’admiration de l’, et dont les sont les prin­ci­paux . Tous les élé­ments as­surent à l’Inde l’ d’avoir donné nais­sance à ces contes : l’ d’un re­cueil plus an­cien, le «Pañ­ca­tan­tra», ne laisse au­cun sur l’origine in­dienne; et Fir­dousi confirme cette même ori­gine dans son «Livre des rois», où il dit : «Il y a dans le tré­sor du radja un livre que les hommes de bien ap­pellent “Pañ­ca­tan­tra”, et quand les hommes sont en­gour­dis par l’ignorance, le “Pañ­ca­tan­tra” est comme l’herbe de leur … car il est le guide vers la []» 2. Ce fut au VIe siècle apr. J.-C. que Noû­chi­ré­vân le Juste 3, roi de , en­ga­gea un mé­de­cin cé­lèbre, Bar­zoui ou Bar­zouyèh 4, à rap­por­ter de l’Inde, outre le «Pañ­ca­tan­tra», di­vers autres ou­vrages du même genre. Après un long sé­jour dans l’Inde, Bar­zouyèh par­vint à force de ruses et d’adresse à s’en pro­cu­rer des exem­plaires. Son pre­mier soin fut aus­si­tôt d’en com­po­ser un re­cueil en pehlvi, au­quel il donna le nom de «Ka­lila et Dimna», parce que le ré­cit des de ces deux cha­cals en for­mait la prin­ci­pale par­tie. Cette ver­sion du «Ka­lila et Dimna» eut le sort de tout ce qui consti­tuait la au des Sas­sa­nides : elle fut dé­truite lors de la conquête de la Perse par les Arabes et sa­cri­fiée au zèle aveugle des pre­miers . Au VIIIe siècle apr. J.-C., le peu qui échappa à la des­truc­tion fut tra­duit en par un autre , Ibn al-Mo­qaffa 5, avec tant de mé­rite et tant d’élégance, que ces mêmes mu­sul­mans l’accusèrent d’avoir tra­vaillé, mais vai­ne­ment, à imi­ter et même à sur­pas­ser le du . «Alors, arabe vrai­ment, le “Ka­lila”, ou , in­dien même, en ses plus loin­tains re­fuges? La ré­ponse est à cher­cher dans l’ du livre. Et que nous dit-elle? Qu’il est de­venu, très vite, l’une des pièces es­sen­tielles d’un pa­tri­moine, un livre-clef», dit M. 

  1. En arabe «كليلة ودمنة». Par­fois trans­crit «Ko­laïla ou Dimna» ou «Kalī­lah wa Dim­nah». Icône Haut
  2. «Le Livre des rois; tra­duit et com­menté par Jules Mohl. Tome VI», p. 361. Icône Haut
  3. Sur­nom de Khos­row Ier, dit Chos­roès le Grand, qui ré­gna sur la Perse au VIe siècle apr. J.-C. Icône Haut
  1. En per­san برزوی ou برزویه. Par­fois trans­crit Burzōy, Bur­zoyé, Burzōē, Borzūya, Bur­zuyah, Bor­zoueh, Bor­zouyeh, Bor­ziyeh ou Ber­zouyèh. Icône Haut
  2. En arabe بن المقفع. Au­tre­fois trans­crit Ibn al-Mu­qaffa‘, Ibn Mu­qa­faa, Ibn Mo­qa­faa’, Ebn-al­mou­kaffa, Ibn al-Mu­kaffâ, Ibn al-Moḳaffa‘, Ibn al-Mou­qaffa’, Ibn al Mou­qa­faa, Aben Mo­chafa, Ebn-al­mo­caffa ou Ebn-al­mo­kaffa. Par suite d’une faute, بن المقنع, trans­crit Ebn-al­mo­canna, Ebn Mo­can­naa, Ben Mo­cannâ ou Ben Mo­can­naah. Icône Haut

« L’Épopée de Gilgameš : le grand homme qui ne voulait pas mourir »

éd. Gallimard, coll. L’Aube des peuples, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. L’Aube des peuples, Pa­ris

Il s’agit de l’«Épo­pée de Gil­ga­meš», connue dans l’ par ses mots li­mi­naires «Ce­lui qui a tout vu…», qui, par son am­pleur, par sa force, par l’éminent et l’universel de ses thèmes, par la vogue per­sis­tante dont elle a joui pen­dant plus d’un mil­lé­naire, mé­rite as­su­ré­ment d’être consi­dé­rée comme l’œuvre la plus re­pré­sen­ta­tive de la an­cienne 1. Lit­té­rai­re­ment, elle contient la re­la­tion d’un , d’un Noé, d’un ser­pent per­ni­cieux, pa­reils à ceux qui sont ra­con­tés dans notre «»; elle an­nonce et pré­pare les épo­pées d’idéale , telles que «L’Iliade» et «Râmâyaṇa». Mais contrai­re­ment à ces œuvres, qu’elle pré­cède de nom­breux siècles, l’«Épo­pée de Gil­ga­meš» n’est pas le pro­duit d’une seule époque, ni même d’un seul . Exis­tant sous forme de poèmes sé­pa­rés dans la la plus re­cu­lée (IIIe mil­lé­naire av. J.-C.), elle prit dans une ré­dac­tion ak­ka­dienne (IIe mil­lé­naire av. J.-C.) et dé­borda lar­ge­ment les de la et l’, puisque, par de mys­té­rieuses in­fluences, elle fut co­piée et adap­tée de­puis la jusqu’au cœur de l’Anatolie, à la Cour des rois hit­tites. Sous sa forme dé­fi­ni­tive et la plus com­plète, celle sous la­quelle on l’a re­trou­vée à Ni­nive, dans les ves­tiges de la bi­blio­thèque d’Assurbanipal 2 (VIIe siècle av. J.-C.), elle comp­tait douze , de quelque trois cents vers cha­cune. À notre grand re­gret, «il ne nous en est par­venu, à ce jour, qu’un peu moins des deux tiers», ex­plique M. Jean Bot­téro 3. «Mais ces frag­ments, par pure , ont été si rai­son­na­ble­ment dis­tri­bués tout au long de sa trame que nous en dis­cer­nons en­core as­sez bien la sé­quence et la tra­jec­toire; et même ainsi en­tre­coupé, ce che­mi­ne­ment nous fas­cine.»

  1. Ce pays que les An­ciens nom­maient Mé­so­po­ta­mie («entre-fleuves») cor­res­pond à peu près à l’ ac­tuel. Icône Haut
  2. Par­fois trans­crit As­sour­ba­ni­pal, Ashur­ba­ni­pal, Aschur­ba­ni­pal, Achour-bani-pal ou Asur­ba­ni­pal. Icône Haut
  1. p. 17. Icône Haut

Saadi, « Le “Boustan”, ou Verger : poème persan »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Bous­tan» 1Le Ver­ger») de  2, le prince des per­sans, l’écrivain de l’ qui s’accorde le mieux, je crois, avec les goûts de la vieille par son in­al­té­rable bon sens, par la fi­nesse et la fa­ci­lité élé­gante qui ca­rac­té­risent toute son œuvre, par la in­dul­gente avec la­quelle il raille les tra­vers des hommes et blâme dou­ce­ment leurs fo­lies. Saadi na­quit à Chi­raz l’an 1184 apr. J.-C. Il per­dit ses pa­rents de bonne heure et les pleura di­gne­ment, à en ju­ger par ce qu’il dit sur les , qui lui ins­pi­rèrent quelques-uns de ses ac­cents les plus émus : «Étends ton ombre tu­té­laire sur la tête de l’orphelin… ar­rache l’épine qui le blesse. Ne connais-tu pas l’étendue de son mal­heur? L’arbrisseau ar­ra­ché de ses ra­cines peut-il en­core se cou­vrir de feuillage? Quand tu vois un or­phe­lin bais­ser tris­te­ment la tête… ne laisse pas cou­ler ses larmes; ce sont des larmes qui font trem­bler le trône de . Sèche avec ses yeux hu­mides, es­suie pieu­se­ment la pous­sière qui ter­nit son vi­sage. Il a perdu l’ombre qui pro­té­geait sa tête» 3. L’orphelin Saadi par­tit pour , où il sui­vit les cours de Soh­ra­verdi, cheikh non moins cé­lèbre par ses ten­dances que par son éru­di­tion : «Ce cheikh vé­néré, mon guide spi­ri­tuel… pas­sait la en orai­son et dès l’aube il ser­rait soi­gneu­se­ment son de prière (sans l’étaler aux re­gards)… Je me sou­viens que la ter­ri­fiante de l’enfer avait tenu éveillé ce saint pen­dant une nuit en­tière; le jour venu, je l’entendis qui mur­mu­rait ces mots : “Que ne m’est-il per­mis d’occuper à seul tout l’enfer, afin qu’il n’y ait plus de place pour d’autres dam­nés que moi!”» 4 Ce fut peu de après avoir ter­miné ses études que Saadi com­mença cette de qui était une sorte d’initiation im­po­sée aux dis­ciples spi­ri­tuels du . La fa­ci­lité avec la­quelle les adeptes de cette doc­trine al­laient d’un bout à l’autre du mu­sul­man, la na­tu­relle à son jeune âge, le peu de sû­reté de son pays na­tal, toutes ces dé­ter­mi­nèrent Saadi à s’éloigner de la pen­dant de longues an­nées. Il par­cou­rut l’ Mi­neure, l’ et l’Inde; il éprouva les nom­breux avan­tages des voyages qui «ré­jouissent l’esprit, pro­curent des pro­fits, font voir des mer­veilles, en­tendre des choses sin­gu­lières, par­cou­rir du pays, conver­ser avec des amis, ac­qué­rir des di­gni­tés et de bonnes ma­nières… C’est ainsi que les ont dit : “Tant que tu restes comme un otage dans ta bou­tique ou ta mai­son, ja­mais, ô homme vain, tu ne se­ras un homme. Pars et par­cours le monde avant le jour fa­tal où tu le quit­te­ras”» 5.

  1. En «بوستان». Par­fois trans­crit «Boos­tan», «Bus­tân» ou «Bos­tan». Icône Haut
  2. En per­san سعدی. Par­fois trans­crit Sa’dy, Sahdy, Sadi ou Sa‘di. Icône Haut
  3. «Le “Bous­tan”, ou Ver­ger», p. 100. Icône Haut
  1. id. p. 107. Icône Haut
  2. «“Gu­lis­tan”, le Jar­din des roses», p. 81. Icône Haut

Saadi, « “Gulistan”, le Jardin des roses »

éd. Seghers, Paris

éd. Se­ghers, Pa­ris

Il s’agit du «Gu­lis­tan» 1Le Jar­din des roses») de  2, le prince des per­sans, l’écrivain de l’ qui s’accorde le mieux, je crois, avec les goûts de la vieille par son in­al­té­rable bon sens, par la fi­nesse et la fa­ci­lité élé­gante qui ca­rac­té­risent toute son œuvre, par la in­dul­gente avec la­quelle il raille les tra­vers des hommes et blâme dou­ce­ment leurs fo­lies. Saadi na­quit à Chi­raz l’an 1184 apr. J.-C. Il per­dit ses pa­rents de bonne heure et les pleura di­gne­ment, à en ju­ger par ce qu’il dit sur les , qui lui ins­pi­rèrent quelques-uns de ses ac­cents les plus émus : «Étends ton ombre tu­té­laire sur la tête de l’orphelin… ar­rache l’épine qui le blesse. Ne connais-tu pas l’étendue de son mal­heur? L’arbrisseau ar­ra­ché de ses ra­cines peut-il en­core se cou­vrir de feuillage? Quand tu vois un or­phe­lin bais­ser tris­te­ment la tête… ne laisse pas cou­ler ses larmes; ce sont des larmes qui font trem­bler le trône de . Sèche avec ses yeux hu­mides, es­suie pieu­se­ment la pous­sière qui ter­nit son vi­sage. Il a perdu l’ombre qui pro­té­geait sa tête» 3. L’orphelin Saadi par­tit pour , où il sui­vit les cours de Soh­ra­verdi, cheikh non moins cé­lèbre par ses ten­dances que par son éru­di­tion : «Ce cheikh vé­néré, mon guide spi­ri­tuel… pas­sait la en orai­son et dès l’aube il ser­rait soi­gneu­se­ment son de prière (sans l’étaler aux re­gards)… Je me sou­viens que la ter­ri­fiante de l’enfer avait tenu éveillé ce saint pen­dant une nuit en­tière; le jour venu, je l’entendis qui mur­mu­rait ces mots : “Que ne m’est-il per­mis d’occuper à seul tout l’enfer, afin qu’il n’y ait plus de place pour d’autres dam­nés que moi!”» 4 Ce fut peu de après avoir ter­miné ses études que Saadi com­mença cette de qui était une sorte d’initiation im­po­sée aux dis­ciples spi­ri­tuels du . La fa­ci­lité avec la­quelle les adeptes de cette doc­trine al­laient d’un bout à l’autre du mu­sul­man, la na­tu­relle à son jeune âge, le peu de sû­reté de son pays na­tal, toutes ces dé­ter­mi­nèrent Saadi à s’éloigner de la pen­dant de longues an­nées. Il par­cou­rut l’ Mi­neure, l’ et l’Inde; il éprouva les nom­breux avan­tages des voyages qui «ré­jouissent l’esprit, pro­curent des pro­fits, font voir des mer­veilles, en­tendre des choses sin­gu­lières, par­cou­rir du pays, conver­ser avec des amis, ac­qué­rir des di­gni­tés et de bonnes ma­nières… C’est ainsi que les ont dit : “Tant que tu restes comme un otage dans ta bou­tique ou ta mai­son, ja­mais, ô homme vain, tu ne se­ras un homme. Pars et par­cours le monde avant le jour fa­tal où tu le quit­te­ras”» 5.

  1. En «گلستان». Par­fois trans­crit «Go­lis­tan», «Gu­les­tan» ou «Go­les­tân». Icône Haut
  2. En per­san سعدی. Par­fois trans­crit Sa’dy, Sahdy, Sadi ou Sa‘di. Icône Haut
  3. «Le “Bous­tan”, ou Ver­ger», p. 100. Icône Haut
  1. id. p. 107. Icône Haut
  2. «“Gu­lis­tan”, le Jar­din des roses», p. 81. Icône Haut

Héraclite, « Fragments »

éd. Presses universitaires de France, coll. Épiméthée, Paris

éd. Presses uni­ver­si­taires de , coll. Épi­mé­thée, Pa­ris

Il s’agit de frag­ments d’un rou­leau que le phi­lo­sophe Hé­ra­clite d’Éphèse 1 dé­posa, au Ve siècle av. J.-C., dans le d’Artémis. On dis­pute sur la ques­tion de sa­voir si ce rou­leau était un suivi, ou s’il consis­tait en pen­sées iso­lées, comme celles que le ha­sard des nous a conser­vées. Hé­ra­clite s’y ex­pri­mait, en tout cas, dans un condensé, propre à éton­ner; il pre­nait à la fois le ton d’un pro­phète et le d’un phi­lo­sophe; il ten­tait avec une rare au­dace de conci­lier l’tout est un» 2) et le chan­ge­ment («tout s’écoule» 3). De là, cette épi­thète d’«obs­cur» si sou­vent ac­co­lée à son nom, mais qui ne me pa­raît pas moins exa­gé­rée, car : «Certes, la lec­ture d’Héraclite est d’un abord rude et dif­fi­cile. La est sombre, les té­nèbres sont épaisses; mais si un ini­tié te guide, tu ver­ras clair dans ce livre plus qu’en plein » 4. À cette ap­pa­rente obs­cu­rité s’ajoutait chez Hé­ra­clite un fond de hau­teur et de fierté qui lui fai­sait mé­pri­ser presque tous les hommes. Il dé­dai­gnait même la des , et ce dé­dain était porté si loin, qu’il leur criait des . Pour au­tant, il n’était pas un in­sen­sible, et quand il s’affligeait des mal­heurs qui forment l’ hu­maine, les larmes lui mon­taient aux yeux. La tra­di­tion rap­porte qu’Héraclite mou­rut dans le temple d’Artémis où «il s’était re­tiré et jouait aux os­se­lets avec des » 5. Se­lon Frie­drich Nietzsche, s’il est vrai que l’on a vu ce par­ti­ci­per aux bruyants des en­fants, c’est qu’il pen­sait, en les ob­ser­vant, à ce que per­sonne n’a pensé à cette oc­ca­sion : il pen­sait au jeu du grand En­fant uni­ver­sel, c’est-à-dire  : «Hé­ra­clite», dit Nietzsche 6, «n’a pas eu be­soin des hommes, même pas pour ac­croître ses connais­sances. Tout ce qu’on pou­vait éven­tuel­le­ment ap­prendre en ques­tion­nant les hommes et tout ce que les autres s’étaient ef­for­cés d’obtenir… lui im­por­tait peu. Il par­lait sans en faire grand cas de ces hommes qui in­ter­rogent, qui col­lec­tionnent, bref, de ces “”. “Je me suis cher­ché” 7, di­sait-il de lui-même en em­ployant le mot qui dé­fi­nit l’ d’un oracle; comme s’il était le seul, lui et per­sonne d’autre, à vé­ri­ta­ble­ment réa­li­ser et ac­com­plir le pré­cepte del­phique “Connais-toi toi-même”.»

  1. En grec Ἡράκλειτος ὁ Ἐφέσιος. Icône Haut
  2. En grec «ἓν πάντα εἶναι». p. 23. Icône Haut
  3. En grec «πάντα ῥεῖ». p. 467. Icône Haut
  4. En grec «Μὴ ταχὺς Ἡρακλείτου ἐπ’ ὀμφαλὸν εἴλεε βίϐλον τοὐφεσίου· μάλα τοι δύσϐατος ἀτραπιτός. Ὄρφνη καὶ σκότος ἐστὶν ἀλάμπετον· ἢν δέ σε μύστης εἰσαγάγῃ, φανεροῦ λαμπρότερ’ ἠελίου». dans «An­tho­lo­gie grecque, d’après le ma­nus­crit pa­la­tin». Icône Haut
  1. Dio­gène Laërce, «Vies et Doc­trines des phi­lo­sophes illustres». Icône Haut
  2. «La à l’époque tra­gique des Grecs», p. 364. Icône Haut
  3. En grec «ἐδιζησάμην ἐμεωυτόν». p. 229. Icône Haut