Mot-clefcivilisation arabe

su­jet

Ibn Rushd (Averroès), «La Doctrine de l’intellect matériel dans le “Commentaire moyen au ‘De anima’ d’Aristote”»

dans « Langages et Philosophie : hommage à Jean Jolivet » (éd. J. Vrin, coll. Études de philosophie médiévale, Paris), p. 281-307

dans «Lan­gages et Phi­lo­so­phie : hom­mage à Jean Jo­li­vet» (éd. J. Vrin, coll. Études de phi­lo­so­phie mé­dié­vale, Pa­ris), p. 281-307

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Com­men­taire moyen sur le traité “De l’âme”» («Tal­khîs ki­tâb al-nafs» 1) d’Ibn Ru­shd 2 (XIIe siècle apr. J.-C.). De tous les phi­lo­sophes que l’islam donna à l’Espagne, ce­lui qui laissa le plus de traces dans la mé­moire des peuples, grâce à ses re­mar­quables com­men­taires sur les écrits d’Aris­tote, fut Ibn Ru­shd, éga­le­ment connu sous les noms cor­rom­pus d’Aben-Rost, Aver­roïs, Aver­rhoës ou Aver­roès 3. Dans son An­da­lou­sie na­tale, ce coin pri­vi­lé­gié du monde, le goût des sciences et des belles choses avait éta­bli au Xe siècle une to­lé­rance dont notre époque mo­derne peut à peine of­frir un exemple. «Chré­tiens, juifs, mu­sul­mans par­laient la même langue, chan­taient les mêmes poé­sies, par­ti­ci­paient aux mêmes études lit­té­raires et scien­ti­fiques. Toutes les bar­rières qui sé­parent les hommes étaient tom­bées; tous tra­vaillaient d’un même ac­cord à l’œuvre de la ci­vi­li­sa­tion com­mune», dit Re­nan. Abû Ya‘ḳûb Yû­suf 4, ca­life de l’Andalousie et contem­po­rain d’Ibn Ru­shd, fut le prince le plus let­tré de son temps. L’illustre phi­lo­sophe Ibn Tho­faïl ob­tint à sa Cour une grande in­fluence et en pro­fita pour y at­ti­rer les sa­vants de re­nom. Ce fut d’après le vœu ex­primé par Yû­suf et sur les ins­tances d’Ibn Tho­faïl qu’Ibn Ru­shd en­tre­prit de com­men­ter Aris­tote. Ja­mais ce der­nier n’avait reçu de soins aussi éten­dus, aussi sin­cères et dé­voués que ceux que lui pro­di­guera Ibn Ru­shd. L’aristotélisme ne sera plus grec; il sera arabe. «Mais la cause fa­tale qui a étouffé chez les mu­sul­mans les plus beaux germes de dé­ve­lop­pe­ment in­tel­lec­tuel, le fa­na­tisme re­li­gieux, pré­pa­rait déjà la ruine [de la phi­lo­so­phie]», dit Re­nan. Vers la fin du XIIe siècle, l’antipathie des imams et du peuple contre les études ra­tion­nelles se dé­chaîne sur toute la sur­face du monde mu­sul­man. Bien­tôt il suf­fira de dire d’un homme : «Un tel tra­vaille à la phi­lo­so­phie ou donne des le­çons d’astronomie», pour que les gens du peuple lui ap­pliquent im­mé­dia­te­ment le nom d’«im­pie», de «mé­créant», etc.; et que, si par mal­heur il per­sé­vère, ils le frappent dans la rue ou lui brûlent sa mai­son.

  1. En arabe «تلخيص كتاب النفس». Par­fois trans­crit «Tal­khiç», «Talḫīṣ» ou «Tel­khis». Haut
  2. En arabe ابن رشد. Au­tre­fois trans­crit Ibn-Ro­sched, Ebn-Roëch, Ebn Ro­schd, Ibn-Ro­shd, Ibn Ro­chd ou Ibn Rušd. Haut
  1. Par sub­sti­tu­tion d’Aven (Aben) à Ibn. Haut
  2. En arabe أبو يعقوب يوسف. Au­tre­fois trans­crit Abu Ya­qub Yu­suf, Abou Ya‘qoûb Yoû­çof ou Abou-Ya’coub You­souf. Haut

Ibn Rushd (Averroès), «L’Intelligence et la Pensée, [ou] Grand Commentaire du “De anima”, livre III»

éd. Flammarion, coll. GF, Paris

éd. Flam­ma­rion, coll. GF, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Grand Com­men­taire sur le traité “De l’âme”» («Sharḥ ki­tâb al-nafs» 1) d’Ibn Ru­shd 2 (XIIe siècle apr. J.-C.). De tous les phi­lo­sophes que l’islam donna à l’Espagne, ce­lui qui laissa le plus de traces dans la mé­moire des peuples, grâce à ses re­mar­quables com­men­taires sur les écrits d’Aris­tote, fut Ibn Ru­shd, éga­le­ment connu sous les noms cor­rom­pus d’Aben-Rost, Aver­roïs, Aver­rhoës ou Aver­roès 3. Dans son An­da­lou­sie na­tale, ce coin pri­vi­lé­gié du monde, le goût des sciences et des belles choses avait éta­bli au Xe siècle une to­lé­rance dont notre époque mo­derne peut à peine of­frir un exemple. «Chré­tiens, juifs, mu­sul­mans par­laient la même langue, chan­taient les mêmes poé­sies, par­ti­ci­paient aux mêmes études lit­té­raires et scien­ti­fiques. Toutes les bar­rières qui sé­parent les hommes étaient tom­bées; tous tra­vaillaient d’un même ac­cord à l’œuvre de la ci­vi­li­sa­tion com­mune», dit Re­nan. Abû Ya‘ḳûb Yû­suf 4, ca­life de l’Andalousie et contem­po­rain d’Ibn Ru­shd, fut le prince le plus let­tré de son temps. L’illustre phi­lo­sophe Ibn Tho­faïl ob­tint à sa Cour une grande in­fluence et en pro­fita pour y at­ti­rer les sa­vants de re­nom. Ce fut d’après le vœu ex­primé par Yû­suf et sur les ins­tances d’Ibn Tho­faïl qu’Ibn Ru­shd en­tre­prit de com­men­ter Aris­tote. Ja­mais ce der­nier n’avait reçu de soins aussi éten­dus, aussi sin­cères et dé­voués que ceux que lui pro­di­guera Ibn Ru­shd. L’aristotélisme ne sera plus grec; il sera arabe. «Mais la cause fa­tale qui a étouffé chez les mu­sul­mans les plus beaux germes de dé­ve­lop­pe­ment in­tel­lec­tuel, le fa­na­tisme re­li­gieux, pré­pa­rait déjà la ruine [de la phi­lo­so­phie]», dit Re­nan. Vers la fin du XIIe siècle, l’antipathie des imams et du peuple contre les études ra­tion­nelles se dé­chaîne sur toute la sur­face du monde mu­sul­man. Bien­tôt il suf­fira de dire d’un homme : «Un tel tra­vaille à la phi­lo­so­phie ou donne des le­çons d’astronomie», pour que les gens du peuple lui ap­pliquent im­mé­dia­te­ment le nom d’«im­pie», de «mé­créant», etc.; et que, si par mal­heur il per­sé­vère, ils le frappent dans la rue ou lui brûlent sa mai­son.

  1. En arabe «شرح كتاب النفس». Par­fois trans­crit «Šarḥ» ou «Scharh». Ce com­men­taire, perdu en arabe, est conservé dans la tra­duc­tion la­tine de Mi­chel Scot. Haut
  2. En arabe ابن رشد. Au­tre­fois trans­crit Ibn-Ro­sched, Ebn-Roëch, Ebn Ro­schd, Ibn-Ro­shd, Ibn Ro­chd ou Ibn Rušd. Haut
  1. Par sub­sti­tu­tion d’Aven (Aben) à Ibn. Haut
  2. En arabe أبو يعقوب يوسف. Au­tre­fois trans­crit Abu Ya­qub Yu­suf, Abou Ya‘qoûb Yoû­çof ou Abou-Ya’coub You­souf. Haut

Ibn Rushd (Averroès), «L’Incohérence de “L’Incohérence”»

dans « L’Islam et la Raison : anthologie de textes juridiques, théologiques et polémiques » (éd. Flammarion, coll. GF, Paris)

dans «L’Islam et la Rai­son : an­tho­lo­gie de textes ju­ri­diques, théo­lo­giques et po­lé­miques» (éd. Flam­ma­rion, coll. GF, Pa­ris)

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de «L’Effondrement de “L’Effondrement”» 1Ta­hâ­fut al-Ta­hâ­fut» 2) d’Ibn Ru­shd 3 (XIIe siècle apr. J.-C.), ré­fu­ta­tion du livre de ré­fu­ta­tion de Ghazâli in­ti­tulé «L’Effondrement des phi­lo­sophes». De tous les phi­lo­sophes que l’islam donna à l’Espagne, ce­lui qui laissa le plus de traces dans la mé­moire des peuples, grâce à ses re­mar­quables com­men­taires sur les écrits d’Aris­tote, fut Ibn Ru­shd, éga­le­ment connu sous les noms cor­rom­pus d’Aben-Rost, Aver­roïs, Aver­rhoës ou Aver­roès 4. Dans son An­da­lou­sie na­tale, ce coin pri­vi­lé­gié du monde, le goût des sciences et des belles choses avait éta­bli au Xe siècle une to­lé­rance dont notre époque mo­derne peut à peine of­frir un exemple. «Chré­tiens, juifs, mu­sul­mans par­laient la même langue, chan­taient les mêmes poé­sies, par­ti­ci­paient aux mêmes études lit­té­raires et scien­ti­fiques. Toutes les bar­rières qui sé­parent les hommes étaient tom­bées; tous tra­vaillaient d’un même ac­cord à l’œuvre de la ci­vi­li­sa­tion com­mune», dit Re­nan. Abû Ya‘ḳûb Yû­suf 5, ca­life de l’Andalousie et contem­po­rain d’Ibn Ru­shd, fut le prince le plus let­tré de son temps. L’illustre phi­lo­sophe Ibn Tho­faïl ob­tint à sa Cour une grande in­fluence et en pro­fita pour y at­ti­rer les sa­vants de re­nom. Ce fut d’après le vœu ex­primé par Yû­suf et sur les ins­tances d’Ibn Tho­faïl qu’Ibn Ru­shd en­tre­prit de com­men­ter Aris­tote. Ja­mais ce der­nier n’avait reçu de soins aussi éten­dus, aussi sin­cères et dé­voués que ceux que lui pro­di­guera Ibn Ru­shd. L’aristotélisme ne sera plus grec; il sera arabe. «Mais la cause fa­tale qui a étouffé chez les mu­sul­mans les plus beaux germes de dé­ve­lop­pe­ment in­tel­lec­tuel, le fa­na­tisme re­li­gieux, pré­pa­rait déjà la ruine [de la phi­lo­so­phie]», dit Re­nan. Vers la fin du XIIe siècle, l’antipathie des imams et du peuple contre les études ra­tion­nelles se dé­chaîne sur toute la sur­face du monde mu­sul­man. Bien­tôt il suf­fira de dire d’un homme : «Un tel tra­vaille à la phi­lo­so­phie ou donne des le­çons d’astronomie», pour que les gens du peuple lui ap­pliquent im­mé­dia­te­ment le nom d’«im­pie», de «mé­créant», etc.; et que, si par mal­heur il per­sé­vère, ils le frappent dans la rue ou lui brûlent sa mai­son.

  1. Par­fois tra­duit «L’Écroulement de “L’Écroulement”», «Des­truc­tion de “La Des­truc­tion”», «La Ré­fu­ta­tion de “La Ré­fu­ta­tion”», «L’Inconsistance de “L’Inconsistance”» ou «L’Incohérence de “L’Incohérence”». Haut
  2. En arabe «تهافت التهافت». Au­tre­fois trans­crit «Ta­hâ­fute at-Ta­hâ­fute» ou «Ta­hâ­fot et-Ta­hâ­fot». Haut
  3. En arabe ابن رشد. Au­tre­fois trans­crit Ibn-Ro­sched, Ebn-Roëch, Ebn Ro­schd, Ibn-Ro­shd, Ibn Ro­chd ou Ibn Rušd. Haut
  1. Par sub­sti­tu­tion d’Aven (Aben) à Ibn. Haut
  2. En arabe أبو يعقوب يوسف. Au­tre­fois trans­crit Abu Ya­qub Yu­suf, Abou Ya‘qoûb Yoû­çof ou Abou-Ya’coub You­souf. Haut

Ibn Rushd (Averroès), «Dévoilement des méthodes de démonstration des dogmes de la religion musulmane»

dans « L’Islam et la Raison : anthologie de textes juridiques, théologiques et polémiques » (éd. Flammarion, coll. GF, Paris)

dans «L’Islam et la Rai­son : an­tho­lo­gie de textes ju­ri­diques, théo­lo­giques et po­lé­miques» (éd. Flam­ma­rion, coll. GF, Pa­ris)

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «(Livre) du dé­voi­le­ment des mé­thodes de preuve tou­chant les dogmes de la re­li­gion» 1(K.) al-ka­shf ‘an ma­nâ­hij al-adilla fî ‘aqâ’id al-milla» 2) d’Ibn Ru­shd 3 (XIIe siècle apr. J.-C.). De tous les phi­lo­sophes que l’islam donna à l’Espagne, ce­lui qui laissa le plus de traces dans la mé­moire des peuples, grâce à ses re­mar­quables com­men­taires sur les écrits d’Aris­tote, fut Ibn Ru­shd, éga­le­ment connu sous les noms cor­rom­pus d’Aben-Rost, Aver­roïs, Aver­rhoës ou Aver­roès 4. Dans son An­da­lou­sie na­tale, ce coin pri­vi­lé­gié du monde, le goût des sciences et des belles choses avait éta­bli au Xe siècle une to­lé­rance dont notre époque mo­derne peut à peine of­frir un exemple. «Chré­tiens, juifs, mu­sul­mans par­laient la même langue, chan­taient les mêmes poé­sies, par­ti­ci­paient aux mêmes études lit­té­raires et scien­ti­fiques. Toutes les bar­rières qui sé­parent les hommes étaient tom­bées; tous tra­vaillaient d’un même ac­cord à l’œuvre de la ci­vi­li­sa­tion com­mune», dit Re­nan. Abû Ya‘ḳûb Yû­suf 5, ca­life de l’Andalousie et contem­po­rain d’Ibn Ru­shd, fut le prince le plus let­tré de son temps. L’illustre phi­lo­sophe Ibn Tho­faïl ob­tint à sa Cour une grande in­fluence et en pro­fita pour y at­ti­rer les sa­vants de re­nom. Ce fut d’après le vœu ex­primé par Yû­suf et sur les ins­tances d’Ibn Tho­faïl qu’Ibn Ru­shd en­tre­prit de com­men­ter Aris­tote. Ja­mais ce der­nier n’avait reçu de soins aussi éten­dus, aussi sin­cères et dé­voués que ceux que lui pro­di­guera Ibn Ru­shd. L’aristotélisme ne sera plus grec; il sera arabe. «Mais la cause fa­tale qui a étouffé chez les mu­sul­mans les plus beaux germes de dé­ve­lop­pe­ment in­tel­lec­tuel, le fa­na­tisme re­li­gieux, pré­pa­rait déjà la ruine [de la phi­lo­so­phie]», dit Re­nan. Vers la fin du XIIe siècle, l’antipathie des imams et du peuple contre les études ra­tion­nelles se dé­chaîne sur toute la sur­face du monde mu­sul­man. Bien­tôt il suf­fira de dire d’un homme : «Un tel tra­vaille à la phi­lo­so­phie ou donne des le­çons d’astronomie», pour que les gens du peuple lui ap­pliquent im­mé­dia­te­ment le nom d’«im­pie», de «mé­créant», etc.; et que, si par mal­heur il per­sé­vère, ils le frappent dans la rue ou lui brûlent sa mai­son.

  1. Par­fois tra­duit «(Le Livre) de l’exposition des mé­thodes dé­mons­tra­tives re­la­tives aux dogmes de la re­li­gion», «(Livre) de l’enlèvement du voile qui couvre les mé­thodes de preuve tou­chant les dogmes de la re­li­gion» ou «Dé­voi­le­ment des mé­thodes de dé­mons­tra­tion des dogmes de la re­li­gion mu­sul­mane». Haut
  2. En arabe «(كتاب) الكشف عن مناهج الأدلة في عقائد الملة». Au­tre­fois trans­crit «(K.) al-kašf ‘an manā­hiǧ al-adilla fī ‘aqā’id al-milla», «(K.) el ka­chf ‘an ma­nâ­hidj el adilla fy ‘aqâïd el milla» ou «(K.) el ka­chf ‘an ma­nâ­hidj el-adilla fî ‘aqâ’id el-milla». Haut
  3. En arabe ابن رشد. Au­tre­fois trans­crit Ibn-Ro­sched, Ebn-Roëch, Ebn Ro­schd, Ibn-Ro­shd, Ibn Ro­chd ou Ibn Rušd. Haut
  1. Par sub­sti­tu­tion d’Aven (Aben) à Ibn. Haut
  2. En arabe أبو يعقوب يوسف. Au­tre­fois trans­crit Abu Ya­qub Yu­suf, Abou Ya‘qoûb Yoû­çof ou Abou-Ya’coub You­souf. Haut

Ibn Rushd (Averroès), «Abrégé du “Mustaṣfā”»

éd. De Gruyter, coll. Corpus philosophorum Medii Ævi-Scientia græco-arabica, Berlin

éd. De Gruy­ter, coll. Cor­pus phi­lo­so­pho­rum Me­dii Ævi-Scien­tia græco-ara­bica, Ber­lin

Il s’agit du «Muḫtaṣar al-Mus­taṣ» 1 d’Ibn Ru­shd 2 (XIIe siècle apr. J.-C.), abrégé du livre de ju­ris­pru­dence de Ghazâli in­ti­tulé «Mus­taṣ». De tous les phi­lo­sophes que l’islam donna à l’Espagne, ce­lui qui laissa le plus de traces dans la mé­moire des peuples, grâce à ses re­mar­quables com­men­taires sur les écrits d’Aris­tote, fut Ibn Ru­shd, éga­le­ment connu sous les noms cor­rom­pus d’Aben-Rost, Aver­roïs, Aver­rhoës ou Aver­roès 3. Dans son An­da­lou­sie na­tale, ce coin pri­vi­lé­gié du monde, le goût des sciences et des belles choses avait éta­bli au Xe siècle une to­lé­rance dont notre époque mo­derne peut à peine of­frir un exemple. «Chré­tiens, juifs, mu­sul­mans par­laient la même langue, chan­taient les mêmes poé­sies, par­ti­ci­paient aux mêmes études lit­té­raires et scien­ti­fiques. Toutes les bar­rières qui sé­parent les hommes étaient tom­bées; tous tra­vaillaient d’un même ac­cord à l’œuvre de la ci­vi­li­sa­tion com­mune», dit Re­nan. Abû Ya‘ḳûb Yû­suf 4, ca­life de l’Andalousie et contem­po­rain d’Ibn Ru­shd, fut le prince le plus let­tré de son temps. L’illustre phi­lo­sophe Ibn Tho­faïl ob­tint à sa Cour une grande in­fluence et en pro­fita pour y at­ti­rer les sa­vants de re­nom. Ce fut d’après le vœu ex­primé par Yû­suf et sur les ins­tances d’Ibn Tho­faïl qu’Ibn Ru­shd en­tre­prit de com­men­ter Aris­tote. Ja­mais ce der­nier n’avait reçu de soins aussi éten­dus, aussi sin­cères et dé­voués que ceux que lui pro­di­guera Ibn Ru­shd. L’aristotélisme ne sera plus grec; il sera arabe. «Mais la cause fa­tale qui a étouffé chez les mu­sul­mans les plus beaux germes de dé­ve­lop­pe­ment in­tel­lec­tuel, le fa­na­tisme re­li­gieux, pré­pa­rait déjà la ruine [de la phi­lo­so­phie]», dit Re­nan. Vers la fin du XIIe siècle, l’antipathie des imams et du peuple contre les études ra­tion­nelles se dé­chaîne sur toute la sur­face du monde mu­sul­man. Bien­tôt il suf­fira de dire d’un homme : «Un tel tra­vaille à la phi­lo­so­phie ou donne des le­çons d’astronomie», pour que les gens du peuple lui ap­pliquent im­mé­dia­te­ment le nom d’«im­pie», de «mé­créant», etc.; et que, si par mal­heur il per­sé­vère, ils le frappent dans la rue ou lui brûlent sa mai­son.

  1. En arabe «مختصر المستصفى». Éga­le­ment connu sous le titre d’«Iḫtiṣâr al-Mus­taṣ» («اختصار المستصفى»). Haut
  2. En arabe ابن رشد. Au­tre­fois trans­crit Ibn-Ro­sched, Ebn-Roëch, Ebn Ro­schd, Ibn-Ro­shd, Ibn Ro­chd ou Ibn Rušd. Haut
  1. Par sub­sti­tu­tion d’Aven (Aben) à Ibn. Haut
  2. En arabe أبو يعقوب يوسف. Au­tre­fois trans­crit Abu Ya­qub Yu­suf, Abou Ya‘qoûb Yoû­çof ou Abou-Ya’coub You­souf. Haut

Abû al-Faraj, «La Femme arabe dans “Le Livre des chants” : une anthologie»

éd. Fayard, coll. Bibliothèque Maktaba, Paris

éd. Fayard, coll. Bi­blio­thèque Mak­taba, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Livre des chants» («Ki­tâb al-Ag­hâni» 1) d’Abû al-Fa­raj 2, chro­ni­queur et homme de lettres arabe, éga­le­ment connu sous le sur­nom d’al-Isfahânî 3. Il na­quit, ainsi que son sur­nom l’indique, à Is­pa­han (en Iran), mais tout à fait par ha­sard, car il se rat­ta­chait à la li­gnée des Omeyyades, maîtres de l’Andalousie, et il était de pure race arabe. Trans­porté de bonne heure à Bag­dad (en Irak), il s’attela à l’étude de la poé­sie, de la gram­maire, de l’historiographie; il se consti­tua, en outre, un so­lide ba­gage mé­di­cal, as­tro­lo­gique, mu­si­cal. Il de­vint, en un mot, un vrai homme d’«adab», c’est-à-dire un éru­dit tou­chant de près ou de loin à tous les do­maines de la connais­sance. À un âge avancé, il per­dit peu à peu la rai­son et mou­rut en 967 apr. J.-C. Il laissa der­rière lui plu­sieurs beaux ou­vrages, entre autres ce­lui in­ti­tulé «Le Livre des chants», au­quel il consa­cra cin­quante ans de sa vie, et qu’on s’accorde una­ni­me­ment à re­gar­der comme le meilleur qui ait paru sur ce su­jet. Abû al-Fa­raj prit soin d’y réunir tout ce qu’il put trou­ver de chants arabes, tant an­ciens que mo­dernes. Il s’appliqua, pour cha­cun de ces chants, à dé­si­gner l’auteur des vers et ce­lui de la mu­sique; à in­di­quer, avec clarté et avec pré­ci­sion, l’occasion qui donna nais­sance au poème ou à l’air; le tout avec des dé­tails cir­cons­tan­ciés sur la langue, l’histoire, les gé­néa­lo­gies, la suc­ces­sion des dy­nas­ties, etc. Au ha­sard des cha­pitres, nous ac­com­pa­gnons un poète à la Cour du ca­life Hâ­roun al-Ra­chîd, as­sis­tons à une que­relle lit­té­raire dans une ta­verne de Bag­dad, pé­né­trons dans le sa­lon d’une chan­teuse de re­nom. C’est «une ma­tière luxu­riante, consi­dé­rable par le vo­lume, pré­cieuse dans le dé­tail; une ri­chesse pro­fuse, un pêle-mêle pa­pillo­tant, un gi­se­ment ou­vert à qui­conque veut s’instruire sur la culture, l’histoire et la vie des Arabes, de l’origine au Xe siècle apr. J.-C.; un fi­lon ex­ploi­table, et d’ailleurs ex­ploité jusqu’à nos jours, par la science orien­tale et orien­ta­liste», dit un tra­duc­teur 4. Bref, c’est une mine très riche et très com­plète sur tout ce qui concerne les Arabes, et c’est en mine que la pos­té­rité aura traité «Le Livre des chants» plu­tôt qu’en œuvre ayant une in­di­vi­dua­lité propre. Car, tout en re­con­nais­sant le mé­rite in­con­tes­table de cette col­lec­tion de plus d’une ving­taine de vo­lumes, et tout en ad­mi­rant l’abondance et la va­riété des faits qu’Abû al-Fa­raj a ac­cu­mu­lés en pré­pa­rant son su­jet, la pos­té­rité aura re­gretté que, dans bien des cas, il n’ait pas éla­gué tout ce qui est in­utile ou su­per­flu et uni en­semble tout ce qui ne dif­fère que par des dif­fé­rences as­sez lé­gères.

  1. En arabe «كتاب الأغاني». Par­fois trans­crit «Kit­tab el Aghani», «Ki­tâb Ala­gâni», «Ki­tâb Alag­hâny», «Ki­tab el Ag­hâ­niy» ou «Ke­tab el Aghani». Haut
  2. En arabe أبو الفرج. Au­tre­fois trans­crit Aboul­fa­rage, Abou el Fa­radj, Abou’l-Feredj, Abû’lfaraǵ, Aboul-Fa­radg ou Aboûl­fa­raj. Haut
  1. En arabe الأصفهاني. Au­tre­fois trans­crit al As­fa­hânî, Alis­fa­hâny, el-Es­fa­hani, el-Iç­fa­hâni ou el-Is­pa­hani. On ren­contre aussi la gra­phie الأصبهاني (al-Is­ba­hânî). Au­tre­fois trans­crit el-Iç­ba­hâni. Haut
  2. M. Jacques Berque. Haut

Abû al-Faraj, «Musiques sur le fleuve : les plus belles pages du “Kitâb al-Aghâni”»

éd. A. Michel, Paris

éd. A. Mi­chel, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Livre des chants» («Ki­tâb al-Ag­hâni» 1) d’Abû al-Fa­raj 2, chro­ni­queur et homme de lettres arabe, éga­le­ment connu sous le sur­nom d’al-Isfahânî 3. Il na­quit, ainsi que son sur­nom l’indique, à Is­pa­han (en Iran), mais tout à fait par ha­sard, car il se rat­ta­chait à la li­gnée des Omeyyades, maîtres de l’Andalousie, et il était de pure race arabe. Trans­porté de bonne heure à Bag­dad (en Irak), il s’attela à l’étude de la poé­sie, de la gram­maire, de l’historiographie; il se consti­tua, en outre, un so­lide ba­gage mé­di­cal, as­tro­lo­gique, mu­si­cal. Il de­vint, en un mot, un vrai homme d’«adab», c’est-à-dire un éru­dit tou­chant de près ou de loin à tous les do­maines de la connais­sance. À un âge avancé, il per­dit peu à peu la rai­son et mou­rut en 967 apr. J.-C. Il laissa der­rière lui plu­sieurs beaux ou­vrages, entre autres ce­lui in­ti­tulé «Le Livre des chants», au­quel il consa­cra cin­quante ans de sa vie, et qu’on s’accorde una­ni­me­ment à re­gar­der comme le meilleur qui ait paru sur ce su­jet. Abû al-Fa­raj prit soin d’y réunir tout ce qu’il put trou­ver de chants arabes, tant an­ciens que mo­dernes. Il s’appliqua, pour cha­cun de ces chants, à dé­si­gner l’auteur des vers et ce­lui de la mu­sique; à in­di­quer, avec clarté et avec pré­ci­sion, l’occasion qui donna nais­sance au poème ou à l’air; le tout avec des dé­tails cir­cons­tan­ciés sur la langue, l’histoire, les gé­néa­lo­gies, la suc­ces­sion des dy­nas­ties, etc. Au ha­sard des cha­pitres, nous ac­com­pa­gnons un poète à la Cour du ca­life Hâ­roun al-Ra­chîd, as­sis­tons à une que­relle lit­té­raire dans une ta­verne de Bag­dad, pé­né­trons dans le sa­lon d’une chan­teuse de re­nom. C’est «une ma­tière luxu­riante, consi­dé­rable par le vo­lume, pré­cieuse dans le dé­tail; une ri­chesse pro­fuse, un pêle-mêle pa­pillo­tant, un gi­se­ment ou­vert à qui­conque veut s’instruire sur la culture, l’histoire et la vie des Arabes, de l’origine au Xe siècle apr. J.-C.; un fi­lon ex­ploi­table, et d’ailleurs ex­ploité jusqu’à nos jours, par la science orien­tale et orien­ta­liste», dit un tra­duc­teur 4. Bref, c’est une mine très riche et très com­plète sur tout ce qui concerne les Arabes, et c’est en mine que la pos­té­rité aura traité «Le Livre des chants» plu­tôt qu’en œuvre ayant une in­di­vi­dua­lité propre. Car, tout en re­con­nais­sant le mé­rite in­con­tes­table de cette col­lec­tion de plus d’une ving­taine de vo­lumes, et tout en ad­mi­rant l’abondance et la va­riété des faits qu’Abû al-Fa­raj a ac­cu­mu­lés en pré­pa­rant son su­jet, la pos­té­rité aura re­gretté que, dans bien des cas, il n’ait pas éla­gué tout ce qui est in­utile ou su­per­flu et uni en­semble tout ce qui ne dif­fère que par des dif­fé­rences as­sez lé­gères.

  1. En arabe «كتاب الأغاني». Par­fois trans­crit «Kit­tab el Aghani», «Ki­tâb Ala­gâni», «Ki­tâb Alag­hâny», «Ki­tab el Ag­hâ­niy» ou «Ke­tab el Aghani». Haut
  2. En arabe أبو الفرج. Au­tre­fois trans­crit Aboul­fa­rage, Abou el Fa­radj, Abou’l-Feredj, Abû’lfaraǵ, Aboul-Fa­radg ou Aboûl­fa­raj. Haut
  1. En arabe الأصفهاني. Au­tre­fois trans­crit al As­fa­hânî, Alis­fa­hâny, el-Es­fa­hani, el-Iç­fa­hâni ou el-Is­pa­hani. On ren­contre aussi la gra­phie الأصبهاني (al-Is­ba­hânî). Au­tre­fois trans­crit el-Iç­ba­hâni. Haut
  2. M. Jacques Berque. Haut

Abû al-Faraj, «Notices anecdotiques sur les principaux musiciens arabes des trois premiers siècles de l’islamisme»

dans « Journal asiatique », sér. 7, vol. 2, p. 397-592

dans «Jour­nal asia­tique», sér. 7, vol. 2, p. 397-592

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Livre des chants» («Ki­tâb al-Ag­hâni» 1) d’Abû al-Fa­raj 2, chro­ni­queur et homme de lettres arabe, éga­le­ment connu sous le sur­nom d’al-Isfahânî 3. Il na­quit, ainsi que son sur­nom l’indique, à Is­pa­han (en Iran), mais tout à fait par ha­sard, car il se rat­ta­chait à la li­gnée des Omeyyades, maîtres de l’Andalousie, et il était de pure race arabe. Trans­porté de bonne heure à Bag­dad (en Irak), il s’attela à l’étude de la poé­sie, de la gram­maire, de l’historiographie; il se consti­tua, en outre, un so­lide ba­gage mé­di­cal, as­tro­lo­gique, mu­si­cal. Il de­vint, en un mot, un vrai homme d’«adab», c’est-à-dire un éru­dit tou­chant de près ou de loin à tous les do­maines de la connais­sance. À un âge avancé, il per­dit peu à peu la rai­son et mou­rut en 967 apr. J.-C. Il laissa der­rière lui plu­sieurs beaux ou­vrages, entre autres ce­lui in­ti­tulé «Le Livre des chants», au­quel il consa­cra cin­quante ans de sa vie, et qu’on s’accorde una­ni­me­ment à re­gar­der comme le meilleur qui ait paru sur ce su­jet. Abû al-Fa­raj prit soin d’y réunir tout ce qu’il put trou­ver de chants arabes, tant an­ciens que mo­dernes. Il s’appliqua, pour cha­cun de ces chants, à dé­si­gner l’auteur des vers et ce­lui de la mu­sique; à in­di­quer, avec clarté et avec pré­ci­sion, l’occasion qui donna nais­sance au poème ou à l’air; le tout avec des dé­tails cir­cons­tan­ciés sur la langue, l’histoire, les gé­néa­lo­gies, la suc­ces­sion des dy­nas­ties, etc. Au ha­sard des cha­pitres, nous ac­com­pa­gnons un poète à la Cour du ca­life Hâ­roun al-Ra­chîd, as­sis­tons à une que­relle lit­té­raire dans une ta­verne de Bag­dad, pé­né­trons dans le sa­lon d’une chan­teuse de re­nom. C’est «une ma­tière luxu­riante, consi­dé­rable par le vo­lume, pré­cieuse dans le dé­tail; une ri­chesse pro­fuse, un pêle-mêle pa­pillo­tant, un gi­se­ment ou­vert à qui­conque veut s’instruire sur la culture, l’histoire et la vie des Arabes, de l’origine au Xe siècle apr. J.-C.; un fi­lon ex­ploi­table, et d’ailleurs ex­ploité jusqu’à nos jours, par la science orien­tale et orien­ta­liste», dit un tra­duc­teur 4. Bref, c’est une mine très riche et très com­plète sur tout ce qui concerne les Arabes, et c’est en mine que la pos­té­rité aura traité «Le Livre des chants» plu­tôt qu’en œuvre ayant une in­di­vi­dua­lité propre. Car, tout en re­con­nais­sant le mé­rite in­con­tes­table de cette col­lec­tion de plus d’une ving­taine de vo­lumes, et tout en ad­mi­rant l’abondance et la va­riété des faits qu’Abû al-Fa­raj a ac­cu­mu­lés en pré­pa­rant son su­jet, la pos­té­rité aura re­gretté que, dans bien des cas, il n’ait pas éla­gué tout ce qui est in­utile ou su­per­flu et uni en­semble tout ce qui ne dif­fère que par des dif­fé­rences as­sez lé­gères.

  1. En arabe «كتاب الأغاني». Par­fois trans­crit «Kit­tab el Aghani», «Ki­tâb Ala­gâni», «Ki­tâb Alag­hâny», «Ki­tab el Ag­hâ­niy» ou «Ke­tab el Aghani». Haut
  2. En arabe أبو الفرج. Au­tre­fois trans­crit Aboul­fa­rage, Abou el Fa­radj, Abou’l-Feredj, Abû’lfaraǵ, Aboul-Fa­radg ou Aboûl­fa­raj. Haut
  1. En arabe الأصفهاني. Au­tre­fois trans­crit al As­fa­hânî, Alis­fa­hâny, el-Es­fa­hani, el-Iç­fa­hâni ou el-Is­pa­hani. On ren­contre aussi la gra­phie الأصبهاني (al-Is­ba­hânî). Au­tre­fois trans­crit el-Iç­ba­hâni. Haut
  2. M. Jacques Berque. Haut

«Mémoire sur l’ouvrage intitulé “Kitâb Alagâni”, c’est-à-dire “Recueil de chansons”, [d’Abû al-Faraj]»

dans « Journal asiatique », sér. 2, vol. 16, p. 385-419 & 497-545 ; sér. 3, vol. 6, p. 465-526

dans «Jour­nal asia­tique», sér. 2, vol. 16, p. 385-419 & 497-545; sér. 3, vol. 6, p. 465-526

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Livre des chants» («Ki­tâb al-Ag­hâni» 1) d’Abû al-Fa­raj 2, chro­ni­queur et homme de lettres arabe, éga­le­ment connu sous le sur­nom d’al-Isfahânî 3. Il na­quit, ainsi que son sur­nom l’indique, à Is­pa­han (en Iran), mais tout à fait par ha­sard, car il se rat­ta­chait à la li­gnée des Omeyyades, maîtres de l’Andalousie, et il était de pure race arabe. Trans­porté de bonne heure à Bag­dad (en Irak), il s’attela à l’étude de la poé­sie, de la gram­maire, de l’historiographie; il se consti­tua, en outre, un so­lide ba­gage mé­di­cal, as­tro­lo­gique, mu­si­cal. Il de­vint, en un mot, un vrai homme d’«adab», c’est-à-dire un éru­dit tou­chant de près ou de loin à tous les do­maines de la connais­sance. À un âge avancé, il per­dit peu à peu la rai­son et mou­rut en 967 apr. J.-C. Il laissa der­rière lui plu­sieurs beaux ou­vrages, entre autres ce­lui in­ti­tulé «Le Livre des chants», au­quel il consa­cra cin­quante ans de sa vie, et qu’on s’accorde una­ni­me­ment à re­gar­der comme le meilleur qui ait paru sur ce su­jet. Abû al-Fa­raj prit soin d’y réunir tout ce qu’il put trou­ver de chants arabes, tant an­ciens que mo­dernes. Il s’appliqua, pour cha­cun de ces chants, à dé­si­gner l’auteur des vers et ce­lui de la mu­sique; à in­di­quer, avec clarté et avec pré­ci­sion, l’occasion qui donna nais­sance au poème ou à l’air; le tout avec des dé­tails cir­cons­tan­ciés sur la langue, l’histoire, les gé­néa­lo­gies, la suc­ces­sion des dy­nas­ties, etc. Au ha­sard des cha­pitres, nous ac­com­pa­gnons un poète à la Cour du ca­life Hâ­roun al-Ra­chîd, as­sis­tons à une que­relle lit­té­raire dans une ta­verne de Bag­dad, pé­né­trons dans le sa­lon d’une chan­teuse de re­nom. C’est «une ma­tière luxu­riante, consi­dé­rable par le vo­lume, pré­cieuse dans le dé­tail; une ri­chesse pro­fuse, un pêle-mêle pa­pillo­tant, un gi­se­ment ou­vert à qui­conque veut s’instruire sur la culture, l’histoire et la vie des Arabes, de l’origine au Xe siècle apr. J.-C.; un fi­lon ex­ploi­table, et d’ailleurs ex­ploité jusqu’à nos jours, par la science orien­tale et orien­ta­liste», dit un tra­duc­teur 4. Bref, c’est une mine très riche et très com­plète sur tout ce qui concerne les Arabes, et c’est en mine que la pos­té­rité aura traité «Le Livre des chants» plu­tôt qu’en œuvre ayant une in­di­vi­dua­lité propre. Car, tout en re­con­nais­sant le mé­rite in­con­tes­table de cette col­lec­tion de plus d’une ving­taine de vo­lumes, et tout en ad­mi­rant l’abondance et la va­riété des faits qu’Abû al-Fa­raj a ac­cu­mu­lés en pré­pa­rant son su­jet, la pos­té­rité aura re­gretté que, dans bien des cas, il n’ait pas éla­gué tout ce qui est in­utile ou su­per­flu et uni en­semble tout ce qui ne dif­fère que par des dif­fé­rences as­sez lé­gères.

  1. En arabe «كتاب الأغاني». Par­fois trans­crit «Kit­tab el Aghani», «Ki­tâb Ala­gâni», «Ki­tâb Alag­hâny», «Ki­tab el Ag­hâ­niy» ou «Ke­tab el Aghani». Haut
  2. En arabe أبو الفرج. Au­tre­fois trans­crit Aboul­fa­rage, Abou el Fa­radj, Abou’l-Feredj, Abû’lfaraǵ, Aboul-Fa­radg ou Aboûl­fa­raj. Haut
  1. En arabe الأصفهاني. Au­tre­fois trans­crit al As­fa­hânî, Alis­fa­hâny, el-Es­fa­hani, el-Iç­fa­hâni ou el-Is­pa­hani. On ren­contre aussi la gra­phie الأصبهاني (al-Is­ba­hânî). Au­tre­fois trans­crit el-Iç­ba­hâni. Haut
  2. M. Jacques Berque. Haut

Galland, «Les “Mille et une Nuits” : contes arabes. Tome III»

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des «Mille et une Nuits» («Alf layla wa-layla» 1), contes arabes. Ra­re­ment, la ri­chesse de la nar­ra­tion et les tré­sors de l’imagination ont été dé­pen­sés dans une œuvre avec plus de pro­di­ga­lité; et ra­re­ment, une œuvre a eu une réus­site plus écla­tante que celle des «Mille et une Nuits» de­puis qu’elle a été trans­por­tée en France par l’orientaliste An­toine Gal­land au com­men­ce­ment du XVIIIe siècle. De là, elle a im­mé­dia­te­ment rem­pli le monde de sa re­nom­mée, et de­puis, son suc­cès n’a fait que croître de jour en jour, sans souf­frir ni des ca­prices de la mode ni du chan­ge­ment des goûts. Quelle ex­tra­or­di­naire fé­con­dité dans ces contes! Quelle va­riété! Avec quel in­épui­sable in­té­rêt on suit les aven­tures en­chan­te­resses de Sind­bad le Ma­rin ou les mer­veilles opé­rées par la lampe d’Aladdin : «C’est dans l’Orient même que l’enfance du genre hu­main se montre avec toute sa grâce et toute sa naï­veté», dit Édouard Gaut­tier d’Arc 2. «On y cher­che­rait en vain ou ces teintes mé­lan­co­liques du Nord, ou ces al­lu­sions sé­rieuses et pro­fondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plai­sirs… Ces gé­nies qu’elle a pro­duits, vont ré­pan­dant par­tout les perles, l’or, les dia­mants; ils élèvent en un ins­tant des pa­lais su­perbes; ils livrent à ce­lui qu’ils fa­vo­risent, des hou­ris 3 en­chan­te­resses; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouis­sances, sans qu’il se donne au­cune peine pour les ac­qué­rir. Il faut aux Orien­taux un bon­heur fa­cile et com­plet; ils le veulent sans nuages, comme le so­leil qui les éclaire.»

  1. En arabe «ألف ليلة وليلة». Au­tre­fois trans­crit «Alef léï­lét oué-léï­lét», «Alef lei­let we lei­let», «Alef leila wa leila» ou «Alf laila wa-laila». Haut
  2. Pré­face à l’édition de 1822-1823. Haut
  1. Beau­tés cé­lestes qui, se­lon le Co­ran, se­ront les épouses des fi­dèles. Haut

Ibn Rushd (Averroès), «Traité décisif (“Façl el-maqâl”) sur l’accord de la religion et de la philosophie • L’Appendice (“Dhamîma”)»

éd. Carbonel, coll. Bibliothèque arabe-française, Alger

éd. Car­bo­nel, coll. Bi­blio­thèque arabe-fran­çaise, Al­ger

Il s’agit de l’«Ac­cord de la re­li­gion et de la phi­lo­so­phie», ou lit­té­ra­le­ment «(Livre du) traité dé­ci­sif sur l’accord de la re­li­gion et de la phi­lo­so­phie» 1(K.) faṣl al-ma­qâl wa-ta­q­rîr mâ bayna l-sharî‘a wa-l-ḥikma min al-it­tiṣâl» 2), et de l’«Ap­pen­dice» («Ḍamîma» 3) d’Ibn Ru­shd 4 (XIIe siècle apr. J.-C.). De tous les phi­lo­sophes que l’islam donna à l’Espagne, ce­lui qui laissa le plus de traces dans la mé­moire des peuples, grâce à ses re­mar­quables com­men­taires sur les écrits d’Aris­tote, fut Ibn Ru­shd, éga­le­ment connu sous les noms cor­rom­pus d’Aben-Rost, Aver­roïs, Aver­rhoës ou Aver­roès 5. Dans son An­da­lou­sie na­tale, ce coin pri­vi­lé­gié du monde, le goût des sciences et des belles choses avait éta­bli au Xe siècle une to­lé­rance dont notre époque mo­derne peut à peine of­frir un exemple. «Chré­tiens, juifs, mu­sul­mans par­laient la même langue, chan­taient les mêmes poé­sies, par­ti­ci­paient aux mêmes études lit­té­raires et scien­ti­fiques. Toutes les bar­rières qui sé­parent les hommes étaient tom­bées; tous tra­vaillaient d’un même ac­cord à l’œuvre de la ci­vi­li­sa­tion com­mune», dit Re­nan. Abû Ya‘ḳûb Yû­suf 6, ca­life de l’Andalousie et contem­po­rain d’Ibn Ru­shd, fut le prince le plus let­tré de son temps. L’illustre phi­lo­sophe Ibn Tho­faïl ob­tint à sa Cour une grande in­fluence et en pro­fita pour y at­ti­rer les sa­vants de re­nom. Ce fut d’après le vœu ex­primé par Yû­suf et sur les ins­tances d’Ibn Tho­faïl qu’Ibn Ru­shd en­tre­prit de com­men­ter Aris­tote. Ja­mais ce der­nier n’avait reçu de soins aussi éten­dus, aussi sin­cères et dé­voués que ceux que lui pro­di­guera Ibn Ru­shd. L’aristotélisme ne sera plus grec; il sera arabe. «Mais la cause fa­tale qui a étouffé chez les mu­sul­mans les plus beaux germes de dé­ve­lop­pe­ment in­tel­lec­tuel, le fa­na­tisme re­li­gieux, pré­pa­rait déjà la ruine [de la phi­lo­so­phie]», dit Re­nan. Vers la fin du XIIe siècle, l’antipathie des imams et du peuple contre les études ra­tion­nelles se dé­chaîne sur toute la sur­face du monde mu­sul­man. Bien­tôt il suf­fira de dire d’un homme : «Un tel tra­vaille à la phi­lo­so­phie ou donne des le­çons d’astronomie», pour que les gens du peuple lui ap­pliquent im­mé­dia­te­ment le nom d’«im­pie», de «mé­créant», etc.; et que, si par mal­heur il per­sé­vère, ils le frappent dans la rue ou lui brûlent sa mai­son.

  1. Par­fois tra­duit «Exa­men cri­tique et So­lu­tion de la ques­tion de l’accord entre la loi re­li­gieuse et la phi­lo­so­phie», «(Livre de la) dé­ci­sion de la ques­tion et de l’établissement de ce qui est entre la loi re­li­gieuse et la phi­lo­so­phie en fait d’accord», «(Livre du) dis­cours dé­ci­sif où l’on éta­blit la connexion exis­tant entre la ré­vé­la­tion et la phi­lo­so­phie», «La Pa­role dé­ci­sive au su­jet du rap­port entre la phi­lo­so­phie et la re­li­gion» ou «(Le Livre du) dis­cours dé­ci­sif et de la dé­ter­mi­na­tion du rap­port entre la loi et la sa­gesse». Haut
  2. En arabe «(كتاب) فصل المقال وتقرير ما بين الشريعة والحكمة من الاتصال». Au­tre­fois trans­crit «(K.) faṣl al-maḳāl wa-taḳrīr mā bayna al-sharī‘a wa’l-ḥikma min al-it­tiṣāl», «(K.) fasl al-ma­qal wa-ta­q­rir ma baïna ‘ch-chari’a wa’l hikma min el-it­ti­çal», «(K.) faṣl el ma­qâl wa ta­q­rîr mâ baina’l šarî‘et wa’l ḥik­met min el it­tiṣâl» ou «(K.) façl el ma­qâl wa-ta­q­rîr ma baïn ech-charî‘a wa-l-hikma min el-it­ti­çâl». Haut
  3. En arabe «ضميمة». Au­tre­fois trans­crit «Dha­mîma» ou «Dha­mî­mat». Haut
  1. En arabe ابن رشد. Au­tre­fois trans­crit Ibn-Ro­sched, Ebn-Roëch, Ebn Ro­schd, Ibn-Ro­shd, Ibn Ro­chd ou Ibn Rušd. Haut
  2. Par sub­sti­tu­tion d’Aven (Aben) à Ibn. Haut
  3. En arabe أبو يعقوب يوسف. Au­tre­fois trans­crit Abu Ya­qub Yu­suf, Abou Ya‘qoûb Yoû­çof ou Abou-Ya’coub You­souf. Haut

Galland, «Les “Mille et une Nuits” : contes arabes. Tome II»

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des «Mille et une Nuits» («Alf layla wa-layla» 1), contes arabes. Ra­re­ment, la ri­chesse de la nar­ra­tion et les tré­sors de l’imagination ont été dé­pen­sés dans une œuvre avec plus de pro­di­ga­lité; et ra­re­ment, une œuvre a eu une réus­site plus écla­tante que celle des «Mille et une Nuits» de­puis qu’elle a été trans­por­tée en France par l’orientaliste An­toine Gal­land au com­men­ce­ment du XVIIIe siècle. De là, elle a im­mé­dia­te­ment rem­pli le monde de sa re­nom­mée, et de­puis, son suc­cès n’a fait que croître de jour en jour, sans souf­frir ni des ca­prices de la mode ni du chan­ge­ment des goûts. Quelle ex­tra­or­di­naire fé­con­dité dans ces contes! Quelle va­riété! Avec quel in­épui­sable in­té­rêt on suit les aven­tures en­chan­te­resses de Sind­bad le Ma­rin ou les mer­veilles opé­rées par la lampe d’Aladdin : «C’est dans l’Orient même que l’enfance du genre hu­main se montre avec toute sa grâce et toute sa naï­veté», dit Édouard Gaut­tier d’Arc 2. «On y cher­che­rait en vain ou ces teintes mé­lan­co­liques du Nord, ou ces al­lu­sions sé­rieuses et pro­fondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plai­sirs… Ces gé­nies qu’elle a pro­duits, vont ré­pan­dant par­tout les perles, l’or, les dia­mants; ils élèvent en un ins­tant des pa­lais su­perbes; ils livrent à ce­lui qu’ils fa­vo­risent, des hou­ris 3 en­chan­te­resses; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouis­sances, sans qu’il se donne au­cune peine pour les ac­qué­rir. Il faut aux Orien­taux un bon­heur fa­cile et com­plet; ils le veulent sans nuages, comme le so­leil qui les éclaire.»

  1. En arabe «ألف ليلة وليلة». Au­tre­fois trans­crit «Alef léï­lét oué-léï­lét», «Alef lei­let we lei­let», «Alef leila wa leila» ou «Alf laila wa-laila». Haut
  2. Pré­face à l’édition de 1822-1823. Haut
  1. Beau­tés cé­lestes qui, se­lon le Co­ran, se­ront les épouses des fi­dèles. Haut

Hamadhânî, «Le Livre des vagabonds : séances d’un beau parleur impénitent»

éd. Phébus, coll. Domaine arabe, Paris

éd. Phé­bus, coll. Do­maine arabe, Pa­ris

Il s’agit des «Ma­qâ­mât» 1Séances») de Ha­madhânî 2 (Xe siècle apr. J.-C.), lit­té­ra­teur per­san d’expression arabe, éga­le­ment connu sous le sur­nom de Badî‘ al-Za­mân 3le mi­racle de son siècle»). Les «Ma­qâ­mât» sont des al­lo­cu­tions d’apparat ou joutes d’éloquence, des acro­ba­ties poé­tiques ou pres­ti­di­gi­ta­tions lexi­co­gra­phiques, que pra­ti­quaient en­semble les gens de lettres. Cette ma­nière de briller, dans les cercles et les com­pa­gnies, par des pièces en vers et en prose était aussi fré­quente parmi les Orien­taux, qu’elle l’avait été au­tre­fois chez les Athé­niens, et qu’elle le sera plus tard dans les sa­lons mon­dains de Pa­ris. Les Orien­taux ont plu­sieurs de ces «Ma­qâ­mât», qui passent parmi eux pour des chefs-d’œuvre du bel es­prit et du beau style. Ha­madhânî a été le pre­mier à en pu­blier. Ha­rîrî l’a imité et, de l’avis gé­né­ral, sur­passé; en sorte que M. René Riz­qal­lah Kha­wam, tra­duc­teur arabe, dit que «le livre de Ha­rîrî est sans doute, aux cô­tés des “Mille et une Nuits”, la meilleure in­tro­duc­tion que nous sa­chions aux mys­tères de l’âme arabe, et aux se­crets de l’arme qu’elle a tou­jours pri­vi­lé­giée : la pa­role» 4. Il n’est pas pos­sible, en ef­fet, de pé­né­trer et d’approfondir les fi­nesses de la langue arabe sans l’étude préa­lable de ces «Ma­qâ­mât», sortes d’écrins mer­veilleux de la rhé­to­rique mu­sul­mane. Le ca­ne­vas sur le­quel Ha­madhânî et Ha­rîrî ont brodé ces com­po­si­tions est un des plus ori­gi­naux de la lit­té­ra­ture uni­ver­selle. C’est la sé­rie des mé­ta­mor­phoses et des tra­ves­tis­se­ments d’un men­diant let­tré, sorte de co­quin éhonté, aussi exercé en sub­ti­li­tés gram­ma­ti­cales qu’en es­cro­que­ries, ne fai­sant ser­vir sa science lit­té­raire qu’à ex­tor­quer quelque au­mône, et payant ses dî­ners en bons mots et en ti­rades dé­nuées de points dia­cri­tiques. Tour à tour imam ou pè­le­rin, mar­chand am­bu­lant ou faux mé­de­cin, aveugle ou pied-bot, ri­gide cen­seur ou vo­leur avide, il sait re­tour­ner sa veste et contre­faire sa voix, gri­mer sa fi­gure et far­der son es­prit, chan­ger ses mé­tiers et va­rier ses prin­cipes se­lon la cir­cons­tance. «Aujourd’hui ver­tueux et dé­vot, il édi­fie par son hu­mi­lité ceux que la veille il scan­da­li­sait par son cy­nisme ef­fronté», dit Au­guste Cher­bon­neau 5. «Tan­tôt re­vêtu de haillons, il vante la vie fru­gale et prêche la cha­rité; tan­tôt paré des ha­bits de l’opulence, il chante la bonne chère et les joyeux plai­sirs. Vi­vant d’artifices… il raille les sots, dupe les âmes cré­dules, et par­vient tou­jours à mettre les rieurs de son côté.»

  1. En arabe «مقامات». Par­fois trans­crit «Me­qâ­mât», «Mé­ka­mat», «Mé­ca­mat», «Mo­ca­mat», «Ma­qua­mates», «Ma­quâmes», «Ma­ca­mat» ou «Maḳāmāt». Haut
  2. En per­san همدانی. Par­fois trans­crit Ha­ma­dâny ou Ha­madānī. Haut
  3. En per­san بدیع‌الزمان. Par­fois trans­crit Bédi-al­zé­man, Badi uz-Za­man, Bady-l-ze­mân, Badī‘ az-Zamān ou Badî al-Za­mâne. Haut
  1. «Pré­face au “Livre des ma­lins : séances d’un va­ga­bond de gé­nie” de Ha­rîrî», p. 10. Haut
  2. «Pré­face à “Ex­trait des Mé­ka­mat de Ha­riri. XXXe séance : la noce des men­diants”», p. IV. Haut