Icône Mot-clefRussie

« Koltsov (1809-1842) »

dans « La Littérature russe : notices et extraits des principaux auteurs depuis les origines jusqu’à nos jours » (XIXᵉ siècle)

dans «La  : no­tices et ex­traits des prin­ci­paux au­teurs de­puis les jusqu’à nos jours» (XIXe siècle)

Il s’agit du «Fau­cheur» («Kos­sar» 1) et autres poèmes d’ 2, poète (XIXe siècle). Son père était mar­chand de bœufs; et sa mère, is­sue d’une qui se li­vrait au même né­goce, était illet­trée. Né au plein cœur de la steppe, qui lui ser­vit de pre­mière école, en même que de confi­dente des mou­ve­ments les plus in­times de son cœur, le fu­tur poète fut élevé à la , sans sur­veillance, jouant avec les ga­mins des rues et bar­bo­tant à son aise dans la boue. C’est bien à lui qu’on ap­pli­quera cette de La Bruyère : «L’on voit cer­tains fa­rouches, ré­pan­dus par la cam­pagne, , li­vides et tout brû­lés du , at­ta­chés à la qu’ils fouillent et qu’ils re­muent avec une opi­niâ­treté in­vin­cible; ils ont comme une ar­ti­cu­lée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face hu­maine; et en ef­fet, ils sont des hommes». Il avait déjà neuf ans lorsqu’on son­gea à l’envoyer à l’école. Il n’y resta même pas un an et demi. Dès qu’il sut écrire et comp­ter, son père le prit à la mai­son pour éco­no­mi­ser le trai­te­ment d’un com­mis. Le pe­tit Alexis connais­sait à peine l’orthographe et il resta pour tou­jours brouillé avec elle, ainsi qu’avec la ponc­tua­tion et par­fois même avec la . Mais la lec­ture était sa pas­sion, et le peu d’argent qu’on lui don­nait pour des frian­dises, il le consa­crait à ache­ter les vo­lumes des «Mille et une Nuits». Il avait quinze ans lorsqu’un ami, fau­ché par une pré­ma­tu­rée, eut l’idée de lui lé­guer toute sa bi­blio­thèque : soixante-dix vo­lumes. Quel tré­sor! Mais son père ne lui lais­sait guère le temps d’en jouir. Il fal­lait sans cesse l’accompagner dans les ba­zars pour ache­ter des bes­tiaux qu’ils en­grais­saient sur la steppe et qu’ils re­ven­daient à l’une des nom­breuses fon­de­ries de suif. «Je suis en­chaîné par ma si­tua­tion», dit Kolt­sov 3. «Mau­dit mé­tier! Que suis-je? Un sans , sans pa­role, sans rien. Une la­men­table créa­ture, un mi­sé­rable être qui n’est bon qu’à traî­ner de l’ et du bois, un mer­canti, un grippe-sou, un , un Tzi­gane, une ca­naille, voilà ce que je dois être.»

  1. En russe «Косарь». Icône Haut
  2. En russe Алексей Васильевич Кольцов. Par­fois trans­crit Alek­sej Vasil’evič Kol’cov, Alexei Was­sil­je­witsch Kol­zow, Alexis-Vas­si­lie­vitsch Kolt­zof, Alexis Vas­si­lié­vitch Kolt­zov ou Alek­sey Va­si­lye­vitch Kolt­soff. Icône Haut
  1. «Un Poète russe : Alexis Kolt­sov», p. 551. Icône Haut

Pissarev, « Notre Science universitaire : récit »

éd. Actes Sud, coll. Un Endroit où aller, Arles

éd. Actes Sud, coll. Un En­droit où al­ler, Arles

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de «Notre Science uni­ver­si­taire» («Na­cha ou­ni­ver­si­tets­kaïa naouka» 1) de Dmi­tri Iva­no­vitch Pis­sa­rev 2. «Crime et Châ­ti­ment» de Dos­toïevski, avant d’être l’une des œuvres les plus pro­fondes de cri­mi­nelle, au­tour des­quelles la hu­maine vient tour­ner sans cesse, a été un contre «l’égoïsme ra­tion­nel», un mou­ve­ment dé­fendu en dans les an­nées 1860 par le jour­nal «Rouss­koïé slovo» 3La ») de Pis­sa­rev. Dos­toïevski a vu le dan­ger; il a mis tout en œuvre pour dé­tour­ner d’un tel égoïsme en dé­cri­vant les tour­ments de l’ qui le suivent. Les faits lui don­nèrent . Pis­sa­rev se noya lors d’une bai­gnade — je veux dire noya dé­li­bé­ré­ment — à vingt-sept ans, seul, mé­lan­co­lique, dé­tra­qué par le ver­tige d’une crois­sance in­tel­lec­tuelle trop ra­pide. Mais re­pre­nons dans l’ordre! Issu d’une noble rui­née, Pis­sa­rev fai­sait en­core ses études à l’Université de Saint-Pé­ters­bourg, quand il dé­buta comme pu­bli­ciste lit­té­raire, chargé de ré­di­ger la ru­brique des comptes ren­dus bi­blio­gra­phiques dans la re­vue «Rass­vet» 4L’Aube»), qui por­tait le sous-titre «Re­vue des , des et des lettres pour jeunes adultes». Cette col­la­bo­ra­tion l’entraîna de force hors des murs cal­feu­trés des am­phi­théâtres, «à l’air libre», comme il le dit lui-même 5, et «ce pas­sage forcé me don­nait un plai­sir cou­pable, que je ne pus dis­si­mu­ler ni à -même ni aux autres…». La ques­tion de l’ de la femme étant en ce -là à l’ordre du jour dans «Rass­vet», Pis­sa­rev en vint tout na­tu­rel­le­ment au pro­blème plus large de la de la per­sonne hu­maine. Riche d’idées, il s’attendait à créer des mi­racles dans le do­maine de la pen­sée : «Ayant jeté à bas dans mon es­prit toutes sortes de Kaz­beks 6 et de monts Blancs, je m’apparaissais à moi-même comme une es­pèce de Ti­tan, de Pro­mé­thée qui s’était em­paré du ». Il mit ses idées, dès 1861, dans des ar­ticles re­mar­quables par leur har­diesse et leur bouillon­ne­ment in­tel­lec­tuel, qu’il pu­blia cette fois dans «Rouss­koïé slovo». Ce jour­nal n’était plus la ver­tueuse «Re­vue pour jeunes filles adultes» où il avait fait ses pre­miers , mais était, au contraire, rem­pli d’agitation phi­lo­so­phique et . Pis­sa­rev en de­vint, en quelques jours, le prin­ci­pal col­la­bo­ra­teur et membre de la ré­dac­tion; et quand, un an plus tard, guetté par la cen­sure, ce jour­nal fut pro­vi­soi­re­ment sus­pendu, Pis­sa­rev jeta sur le pa­pier un ap­pel fié­vreux de au «ren­ver­se­ment de la dy­nas­tie des Ro­ma­nov et de la bu­reau­cra­tie pé­ters­bour­geoise» et au «chan­ge­ment de ré­gime po­li­tique»; le len­de­main, il était ar­rêté et in­car­céré.

  1. En russe «Наша университетская наука». Par­fois trans­crit «Na­cha ou­ni­ver­si­tets­kaya naouka», «Na­sha uni­ver­si­tets­kaya nauka» ou «Naša uni­ver­si­tets­kaja nauka». Icône Haut
  2. En russe Дмитрий Иванович Писарев. Par­fois trans­crit Dmi­trij Iwa­no­witsch Pis­sa­rew, Dmi­try Iva­no­vich Pi­sa­rev, Dmi­triy Iva­no­vich Pi­sa­rev, Di­mi­tri Iva­no­vich Pi­sa­rev, Dmi­trii Iva­no­vich Pi­sa­rev ou Dmi­trij Iva­no­vič Pi­sa­rev. Icône Haut
  3. En russe «Русское слово». Par­fois trans­crit «Rouss­koé slovo», «Russ­koïé slovo» ou «Russ­koe slovo». Icône Haut
  1. En russe «Рассвет». Icône Haut
  2. «Notre Science uni­ver­si­taire», p. 132 & 135. Icône Haut
  3. Un des som­mets les plus é de la chaîne du . Icône Haut

Pissarev, « Essais critiques »

éd. du Progrès, Moscou

éd. du Pro­grès, Mos­cou

Il s’agit des «Réa­listes» («Rea­listy» 1) et autres ar­ticles de Dmi­tri Iva­no­vitch Pis­sa­rev 2. «Crime et Châ­ti­ment» de Dos­toïevski, avant d’être l’une des œuvres les plus pro­fondes de cri­mi­nelle, au­tour des­quelles la hu­maine vient tour­ner sans cesse, a été un contre «l’égoïsme ra­tion­nel», un mou­ve­ment dé­fendu en dans les an­nées 1860 par le jour­nal «Rouss­koïé slovo» 3La ») de Pis­sa­rev. Dos­toïevski a vu le dan­ger; il a mis tout en œuvre pour dé­tour­ner d’un tel égoïsme en dé­cri­vant les tour­ments de l’ qui le suivent. Les faits lui don­nèrent . Pis­sa­rev se noya lors d’une bai­gnade — je veux dire noya dé­li­bé­ré­ment — à vingt-sept ans, seul, mé­lan­co­lique, dé­tra­qué par le ver­tige d’une crois­sance in­tel­lec­tuelle trop ra­pide. Mais re­pre­nons dans l’ordre! Issu d’une noble rui­née, Pis­sa­rev fai­sait en­core ses études à l’Université de Saint-Pé­ters­bourg, quand il dé­buta comme pu­bli­ciste lit­té­raire, chargé de ré­di­ger la ru­brique des comptes ren­dus bi­blio­gra­phiques dans la re­vue «Rass­vet» 4L’Aube»), qui por­tait le sous-titre «Re­vue des , des et des lettres pour jeunes adultes». Cette col­la­bo­ra­tion l’entraîna de force hors des murs cal­feu­trés des am­phi­théâtres, «à l’air libre», comme il le dit lui-même 5, et «ce pas­sage forcé me don­nait un plai­sir cou­pable, que je ne pus dis­si­mu­ler ni à -même ni aux autres…». La ques­tion de l’ de la femme étant en ce -là à l’ordre du jour dans «Rass­vet», Pis­sa­rev en vint tout na­tu­rel­le­ment au pro­blème plus large de la de la per­sonne hu­maine. Riche d’idées, il s’attendait à créer des mi­racles dans le do­maine de la pen­sée : «Ayant jeté à bas dans mon es­prit toutes sortes de Kaz­beks 6 et de monts Blancs, je m’apparaissais à moi-même comme une es­pèce de Ti­tan, de Pro­mé­thée qui s’était em­paré du ». Il mit ses idées, dès 1861, dans des ar­ticles re­mar­quables par leur har­diesse et leur bouillon­ne­ment in­tel­lec­tuel, qu’il pu­blia cette fois dans «Rouss­koïé slovo». Ce jour­nal n’était plus la ver­tueuse «Re­vue pour jeunes filles adultes» où il avait fait ses pre­miers , mais était, au contraire, rem­pli d’agitation phi­lo­so­phique et . Pis­sa­rev en de­vint, en quelques jours, le prin­ci­pal col­la­bo­ra­teur et membre de la ré­dac­tion; et quand, un an plus tard, guetté par la cen­sure, ce jour­nal fut pro­vi­soi­re­ment sus­pendu, Pis­sa­rev jeta sur le pa­pier un ap­pel fié­vreux de au «ren­ver­se­ment de la dy­nas­tie des Ro­ma­nov et de la bu­reau­cra­tie pé­ters­bour­geoise» et au «chan­ge­ment de ré­gime po­li­tique»; le len­de­main, il était ar­rêté et in­car­céré.

  1. En russe «Реалисты». Éga­le­ment connu sous le titre d’«Une Ques­tion non ré­so­lue» («Нерешенный вопрос»). Par­fois tra­duit «Une Ques­tion à ré­soudre». Icône Haut
  2. En russe Дмитрий Иванович Писарев. Par­fois trans­crit Dmi­trij Iwa­no­witsch Pis­sa­rew, Dmi­try Iva­no­vich Pi­sa­rev, Dmi­triy Iva­no­vich Pi­sa­rev, Di­mi­tri Iva­no­vich Pi­sa­rev, Dmi­trii Iva­no­vich Pi­sa­rev ou Dmi­trij Iva­no­vič Pi­sa­rev. Icône Haut
  3. En russe «Русское слово». Par­fois trans­crit «Rouss­koé slovo», «Russ­koïé slovo» ou «Russ­koe slovo». Icône Haut
  1. En russe «Рассвет». Icône Haut
  2. «Notre Science uni­ver­si­taire», p. 132 & 135. Icône Haut
  3. Un des som­mets les plus é de la chaîne du . Icône Haut

Pissarev, « Choix d’articles philosophiques et politiques »

éd. en Langues étrangères, Moscou

éd. en Langues étran­gères, Mos­cou

Il s’agit de «La du XIXe siècle» («Skho­las­tika XIX veka» 1) et autres ar­ticles de Dmi­tri Iva­no­vitch Pis­sa­rev 2. «Crime et Châ­ti­ment» de Dos­toïevski, avant d’être l’une des œuvres les plus pro­fondes de cri­mi­nelle, au­tour des­quelles la hu­maine vient tour­ner sans cesse, a été un contre «l’égoïsme ra­tion­nel», un mou­ve­ment dé­fendu en dans les an­nées 1860 par le jour­nal «Rouss­koïé slovo» 3La ») de Pis­sa­rev. Dos­toïevski a vu le dan­ger; il a mis tout en œuvre pour dé­tour­ner d’un tel égoïsme en dé­cri­vant les tour­ments de l’ qui le suivent. Les faits lui don­nèrent . Pis­sa­rev se noya lors d’une bai­gnade — je veux dire noya dé­li­bé­ré­ment — à vingt-sept ans, seul, mé­lan­co­lique, dé­tra­qué par le ver­tige d’une crois­sance in­tel­lec­tuelle trop ra­pide. Mais re­pre­nons dans l’ordre! Issu d’une noble rui­née, Pis­sa­rev fai­sait en­core ses études à l’Université de Saint-Pé­ters­bourg, quand il dé­buta comme pu­bli­ciste lit­té­raire, chargé de ré­di­ger la ru­brique des comptes ren­dus bi­blio­gra­phiques dans la re­vue «Rass­vet» 4L’Aube»), qui por­tait le sous-titre «Re­vue des , des et des lettres pour jeunes adultes». Cette col­la­bo­ra­tion l’entraîna de force hors des murs cal­feu­trés des am­phi­théâtres, «à l’air libre», comme il le dit lui-même 5, et «ce pas­sage forcé me don­nait un plai­sir cou­pable, que je ne pus dis­si­mu­ler ni à -même ni aux autres…». La ques­tion de l’ de la femme étant en ce -là à l’ordre du jour dans «Rass­vet», Pis­sa­rev en vint tout na­tu­rel­le­ment au pro­blème plus large de la de la per­sonne hu­maine. Riche d’idées, il s’attendait à créer des mi­racles dans le do­maine de la pen­sée : «Ayant jeté à bas dans mon es­prit toutes sortes de Kaz­beks 6 et de monts Blancs, je m’apparaissais à moi-même comme une es­pèce de Ti­tan, de Pro­mé­thée qui s’était em­paré du ». Il mit ses idées, dès 1861, dans des ar­ticles re­mar­quables par leur har­diesse et leur bouillon­ne­ment in­tel­lec­tuel, qu’il pu­blia cette fois dans «Rouss­koïé slovo». Ce jour­nal n’était plus la ver­tueuse «Re­vue pour jeunes filles adultes» où il avait fait ses pre­miers , mais était, au contraire, rem­pli d’agitation phi­lo­so­phique et . Pis­sa­rev en de­vint, en quelques jours, le prin­ci­pal col­la­bo­ra­teur et membre de la ré­dac­tion; et quand, un an plus tard, guetté par la cen­sure, ce jour­nal fut pro­vi­soi­re­ment sus­pendu, Pis­sa­rev jeta sur le pa­pier un ap­pel fié­vreux de au «ren­ver­se­ment de la dy­nas­tie des Ro­ma­nov et de la bu­reau­cra­tie pé­ters­bour­geoise» et au «chan­ge­ment de ré­gime po­li­tique»; le len­de­main, il était ar­rêté et in­car­céré.

  1. En russe «Схоластика XIX века». Par­fois trans­crit «Scho­las­tika XIX veka» ou «Sho­las­tika XIX veka». Icône Haut
  2. En russe Дмитрий Иванович Писарев. Par­fois trans­crit Dmi­trij Iwa­no­witsch Pis­sa­rew, Dmi­try Iva­no­vich Pi­sa­rev, Dmi­triy Iva­no­vich Pi­sa­rev, Di­mi­tri Iva­no­vich Pi­sa­rev, Dmi­trii Iva­no­vich Pi­sa­rev ou Dmi­trij Iva­no­vič Pi­sa­rev. Icône Haut
  3. En russe «Русское слово». Par­fois trans­crit «Rouss­koé slovo», «Russ­koïé slovo» ou «Russ­koe slovo». Icône Haut
  1. En russe «Рассвет». Icône Haut
  2. «Notre Science uni­ver­si­taire», p. 132 & 135. Icône Haut
  3. Un des som­mets les plus é de la chaîne du . Icône Haut

Gontcharov, « La Frégate “Pallas” »

éd. L’Âge d’homme, coll. Classiques slaves, Lausanne

éd. L’Âge d’, coll. Clas­siques slaves, Lau­sanne

Il s’agit de «La Fré­gate “Pal­las”» («Fre­gat “Pal­lada”» 1), une sé­rie de lettres et d’impressions écrites par Ivan Gont­cha­rov pen­dant son voyage au­tour du (1852-1855). À la grande sur­prise de ses amis qui le sa­vaient le plus ca­sa­nier des hommes, Gont­cha­rov ac­cepta de fuir l’ gris et pous­sié­reux de Saint-Pé­ters­bourg, et de re­joindre un voyage di­plo­ma­tique vi­sant à de­van­cer les An­glo-Saxons en ou­vrant l’Extrême- au . Le père d’«Oblo­mov», le ro­man­cier de la pa­resse, de la non­cha­lance congé­ni­tale, le cam­pa­gnard «né au mi­lieu des terres et n’ayant ja­mais vu la » 2, le voilà donc à bord d’une fré­gate prête à le­ver l’ancre! Ce voyage in­at­tendu était en fait la réa­li­sa­tion d’un vieux rêve, ins­piré par les ré­cits de en­ten­dus dans son en­fance; c’était aussi une sorte de coup de tête, le pre­mier et le der­nier qu’on connaisse à l’actif de Gont­cha­rov. Lui-même, une fois que la fré­gate eut quitté le port, s’étonna de son au­dace et me­sura en­fin l’énormité de son en­tre­prise. Il se sen­tit fai­blir et pensa déjà au re­tour, as­sailli de mille ap­pré­hen­sions : le de mer, les cli­mats tro­pi­caux, les fièvres ma­lignes, les … Ah, les tem­pêtes! «Je me ré­veillais», dit-il 3, «trem­blant et en sueur; car un na­vire, après tout, aussi so­lide soit-il, aussi adapté à son élé­ment, qu’est-ce d’autre qu’un mor­ceau de bois, une cor­beille sur l’?» Puis, tant bien que mal, il put se per­sua­der que l’homme mo­derne avait di­mi­nué les in­cer­ti­tudes des et les dan­gers qui les ac­com­pa­gnaient. On n’était plus aux où Co­lomb et Vasco de Gama, du pont de leur na­vire, leur tour­née vers le large, ten­taient de son­der le mys­tère étendu de­vant leurs yeux. «L’homme de lettres qui voyage [aujourd’hui], bâille mol­le­ment; re­garde l’océan sans bornes avec in­do­lence; se de­mande s’il y a de bons hô­tels au Bré­sil, des blan­chis­seuses sur les Sand­wich, ou com­ment se rendre en Aus­tra­lie», dit Gont­cha­rov. Et il conclut : «Les par­ties du monde se rap­prochent : d’ en , il n’y a qu’un pas [grâce aux] pro­grès gi­gan­tesques de la . Pres­sons-nous donc de nous mettre en route; car la des loin­tains voyages dis­pa­raît non de jour en jour, mais d’heure en heure! Peut-être sommes-nous les der­niers grands au sens où l’étaient les Ar­go­nautes»

  1. En russe «Фрегат “Паллада”». Icône Haut
  2. p. 15. Icône Haut
  1. p. 17. Icône Haut

Krachéninnikov, « Voyage en Sibérie contenant la description du Kamtchatka »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit de la re­la­tion « de la du Kamt­chatka» («Opis­sa­nié zemli Kamt­chatki» 1) de Sté­phane Pé­tro­vitch Kra­ché­nin­ni­kov 2. En 1733, l’Impératrice Anne Ire de en­voya une ca­ra­vane scien­ti­fique avec pour mis­sion d’explorer la Si­bé­rie orien­tale et de pous­ser les re­cherches jusqu’à la pointe du Kamt­chatka, afin de le­ver des ; d’observer les for­ma­tions géo­lo­giques; d’inventorier la faune et la flore; d’étudier la et les mœurs des ha­bi­tants; en un mot, de ras­sem­bler tout ce qui pour­rait faire connaître ces contrées si mal­trai­tées par la . Pour rem­plir cette mis­sion, l’Académie des de Saint-Pé­ters­bourg, fon­dée moins d’une dé­cen­nie plus tôt, ne put faire ap­pel qu’à des . L’expédition fut confiée à deux Al­le­mands : Jo­hann Georg Gme­lin, na­tu­ra­liste, et Ge­rhard Frie­drich Mül­ler, his­to­rien. On leur ad­joi­gnit six jeunes étu­diants russes, ca­pables de les se­con­der, et qui, en se per­fec­tion­nant sous ces pro­fes­seurs, pour­raient les rem­pla­cer par la suite. Le brave Kra­ché­nin­ni­kov était du nombre. «Il avait fait avec beau­coup de le cours de ses études. Sa ca­pa­cité et son pour le tra­vail l’avaient tou­jours dis­tin­gué de tous ses condis­ciples; aux qua­li­tés de l’esprit, il joi­gnait des mœurs hon­nêtes et ver­tueuses», dit l’avis de l’éditeur 3. En , le gros de l’expédition ne s’aventura ja­mais à l’Est de Ya­koutsk, même si Mül­ler se fé­li­cita plus tard dans une lettre : «On trou­ve­rait dif­fi­ci­le­ment une ville ou un autre lieu peu connu de Si­bé­rie (“eine Stadt oder an­de­rer mer­ckwür­di­ger Ort in Si­bi­rien”) où je ne sois pas allé». C’est qu’étant à Ya­koutsk, les Al­le­mands ap­prirent que les pré­pa­ra­tifs pour la jusqu’au Kamt­chatka étaient peu avan­cés, et qu’à cette dis­tance im­mense de Saint-Pé­ters­bourg, les ordres du n’obtenaient pas tou­jours une obéis­sance par­faite. Comme ils avaient un cer­tain nombre d’observations à faire sur place, ils ju­gèrent à pro­pos de s’y ar­rê­ter, d’autant que le pé­nible et désa­gréable voyage leur avait ôté l’envie de se rendre chez les «sau­vages du bout du » et de pro­lon­ger une mis­sion qui, se plai­gnaient-ils 4, était «sem­blable à une dé­por­ta­tion».

  1. En «Описание земли Камчатки». Par­fois trans­crit «Opi­sa­nije zemli Kamčatki», «Opi­sa­nie zemli Kamt­schatki» ou «Opi­sa­niye zemli Kam­chatki». Icône Haut
  2. En russe Степан Петрович Крашенинников. Par­fois trans­crit Kra­she­nin­ni­kov, Kra­sche­nin­ni­kof, Kra­ché­nin­ni­kof, Kra­she­ni­ni­koff, Kraše­nin­ni­kov, Kraše­ni­ni­kov, Kra­sche­nin­ni­kow ou Kra­che­nin­ni­kow. Icône Haut
  1. p. VI. Icône Haut
  2. Dans Yves Gau­thier et An­toine Gar­cia, «L’ de la Si­bé­rie», p. 240. Icône Haut

Ostrovski, « Et l’acier fut trempé : roman »

éd. Les Éditeurs français réunis, Paris

éd. Les Édi­teurs réunis, Pa­ris

Il s’agit d’«Et l’acier fut trempé» 1Kak za­ka­lia­las stal» 2), d’idéalisation so­vié­tique, écrit pour la par  3. La et la di­ver­sité de l’art ne purent sur­vivre à l’avènement du ré­gime com­mu­niste. L’éventail des points de vue et des tech­niques ar­tis­tiques se ré­tré­cit ra­pi­de­ment sous la pres­sion des groupes pro­lé­ta­riens, de­ve­nus de plus en plus in­flexibles à me­sure que l’appareil d’État lui-même de­ve­nait plus ri­gide et plus in­tran­si­geant. En avril 1932, par dé­cret du Co­mité cen­tral du Parti com­mu­niste, tous les cercles lit­té­raires de l’ furent dis­sous, et l’ensemble des in­vi­tés à re­joindre l’Union des (Soïouz pis­sa­té­leï S.S.S.R. 4). Sorte de Po­lit­buro lit­té­raire œu­vrant pour l’« fon­da­men­tale de la », cette Union était di­ri­gée par de hauts cadres qui re­ce­vaient leurs ordres du Parti et de Sta­line lui-même. On vit alors ap­pa­raître une concep­tion dic­ta­to­riale des , connue sous le nom de «soc-réa­lisme» («sots­rea­lizm» 5) ou «réa­lisme so­cia­liste», et des­ti­née à im­po­ser des titres pré­pa­rés à l’avance et des su­jets conve­nus : la du tra­vail et de l’effort; la nais­sance d’un ou­vrier ou d’une usine; l’avènement de l’ nou­veau dans une ; le rôle du Parti dans ce grand bou­le­ver­se­ment. Écrits dans un but de glo­ri­fi­ca­tion et pro­pa­gande, les ro­mans du «soc-réa­lisme» étaient im­pri­més à des cen­taines de mil­liers d’exemplaires et pro­po­sés comme ré­fé­rence aux jeunes gé­né­ra­tions. Au reste, c’étaient des ro­mans très fai­ble­ment et très dé­fec­tueu­se­ment construits, dé­pour­vus de tout , for­te­ment in­fluen­cés par la prose mé­diocre de Gorki. Quel­que­fois, il est vrai, des lueurs de sin­cé­rité ré­vo­lu­tion­naire et de pu­reté de convic­tion per­çaient mal­gré la mo­no­to­nie du su­jet et l’insuffisance du ta­lent : c’était le cas de l’œuvre d’Ostrovski qui, quoique li­mi­tée à deux ro­mans — «Et l’acier fut trempé» et «En­fan­tés par la tem­pête» (in­achevé du fait de la de l’auteur) — n’en a pas moins laissé un vif chez ses lec­teurs.

  1. Par­fois tra­duit «Com­ment l’acier fut trempé». Icône Haut
  2. En russe «Как закалялась сталь». Icône Haut
  3. En russe Николай Алексеевич Островский. Par­fois trans­crit Ni­ko­lai Os­trowski, Ni­ko­laj Os­trovs­kij, Ni­co­las Os­trovski ou Ni­ko­lay Os­trovsky. À ne pas confondre avec Alexandre Ni­ko­laïe­vitch Os­trovski, au­teur dra­ma­tique, qui vé­cut un siècle plus tôt. Icône Haut
  1. En russe Союз писателей С.С.С.Р. Icône Haut
  2. En russe «соцреализм». Icône Haut

Ostrovski, « Enfantés par la tempête : roman [inachevé] »

éd. Les Éditeurs français réunis, Paris

éd. Les Édi­teurs réunis, Pa­ris

Il s’agit d’«En­fan­tés par la tem­pête» («Ro­j­dion­nyïé bou­reï» 1), d’idéalisation so­vié­tique, écrit pour la par  2. La et la di­ver­sité de l’art ne purent sur­vivre à l’avènement du ré­gime com­mu­niste. L’éventail des points de vue et des tech­niques ar­tis­tiques se ré­tré­cit ra­pi­de­ment sous la pres­sion des groupes pro­lé­ta­riens, de­ve­nus de plus en plus in­flexibles à me­sure que l’appareil d’État lui-même de­ve­nait plus ri­gide et plus in­tran­si­geant. En avril 1932, par dé­cret du Co­mité cen­tral du Parti com­mu­niste, tous les cercles lit­té­raires de l’ furent dis­sous, et l’ensemble des in­vi­tés à re­joindre l’Union des (Soïouz pis­sa­té­leï S.S.S.R. 3). Sorte de Po­lit­buro lit­té­raire œu­vrant pour l’« fon­da­men­tale de la », cette Union était di­ri­gée par de hauts cadres qui re­ce­vaient leurs ordres du Parti et de Sta­line lui-même. On vit alors ap­pa­raître une concep­tion dic­ta­to­riale des , connue sous le nom de «soc-réa­lisme» («sots­rea­lizm» 4) ou «réa­lisme so­cia­liste», et des­ti­née à im­po­ser des titres pré­pa­rés à l’avance et des su­jets conve­nus : la du tra­vail et de l’effort; la nais­sance d’un ou­vrier ou d’une usine; l’avènement de l’ nou­veau dans une ; le rôle du Parti dans ce grand bou­le­ver­se­ment. Écrits dans un but de glo­ri­fi­ca­tion et pro­pa­gande, les ro­mans du «soc-réa­lisme» étaient im­pri­més à des cen­taines de mil­liers d’exemplaires et pro­po­sés comme ré­fé­rence aux jeunes gé­né­ra­tions. Au reste, c’étaient des ro­mans très fai­ble­ment et très dé­fec­tueu­se­ment construits, dé­pour­vus de tout , for­te­ment in­fluen­cés par la prose mé­diocre de Gorki. Quel­que­fois, il est vrai, des lueurs de sin­cé­rité ré­vo­lu­tion­naire et de pu­reté de convic­tion per­çaient mal­gré la mo­no­to­nie du su­jet et l’insuffisance du ta­lent : c’était le cas de l’œuvre d’Ostrovski qui, quoique li­mi­tée à deux ro­mans — «Et l’acier fut trempé» et «En­fan­tés par la tem­pête» (in­achevé du fait de la de l’auteur) — n’en a pas moins laissé un vif chez ses lec­teurs.

  1. En russe «Рождённые бурей». Icône Haut
  2. En russe Николай Алексеевич Островский. Par­fois trans­crit Ni­ko­lai Os­trowski, Ni­ko­laj Os­trovs­kij, Ni­co­las Os­trovski ou Ni­ko­lay Os­trovsky. À ne pas confondre avec Alexandre Ni­ko­laïe­vitch Os­trovski, au­teur dra­ma­tique, qui vé­cut un siècle plus tôt. Icône Haut
  1. En russe Союз писателей С.С.С.Р. Icône Haut
  2. En russe «соцреализм». Icône Haut

Gontcharov, « La Falaise : roman »

éd. Julliard, coll. Parages, Paris

éd. Jul­liard, coll. Pa­rages, Pa­ris

Il s’agit de «La Fa­laise» («Obryv» 1), de mœurs d’Ivan Gont­cha­rov 2 (XIXe siècle). «Comme notre lit­té­ra­ture doit être forte», dit un  3, «si un écri­vain aussi su­perbe que Gont­cha­rov n’est placé dans l’opinion et le goût du lit­té­raire que tout juste en queue des dix pre­miers de son !» Moins po­pu­laire, en ef­fet, que les Tol­stoï et que les Dos­toïevski, Gont­cha­rov oc­cupe, tout juste der­rière eux, une place de pre­mier ordre dans la . Son est d’avoir cir­cons­crit d’une ma­nière ori­gi­nale et pré­cise, et au cœur même de la russe, un type d’ non ex­ploré par les autres, et d’en avoir donné, à tra­vers un per­son­nage tou­chant, une in­ou­bliable à force de jus­tesse : le type d’Oblomov. Cet Oblo­mov est un pa­res­seux en robe de chambre qui ne lit guère, qui n’écrit point, qui laisse er­rer ses pen­sées et qui sa terne et mé­diocre entre le som­meil et l’ennui. Ac­cou­tumé de­puis tou­jours à s’épargner tout ef­fort, toute ini­tia­tive, tout chan­ge­ment, sa vo­lonté s’est éteinte par manque d’impulsion. Même l’ — l’héroïque amour — d’Olga est de­venu pour lui une aven­ture si au­da­cieuse qu’il pré­fère y re­non­cer. Le plus sou­vent af­falé lour­de­ment sur son lit ou sur un di­van, n’ayant au­cun point de re­père, ne sa­chant s’il vit bien ou , ce qu’il pos­sède ou ce qu’il dé­pense, il n’a même plus la force de don­ner à ses serfs les ordres né­ces­saires. Il stagne, il moi­sit, il crou­pit dans une éter­nelle et muette apa­thie, ce­pen­dant qu’autour de lui, les soins d’un fi­dèle ser­vi­teur aux che­veux blancs en­tourent et pro­tègent ce pe­tit mon­sieur qui s’est seule­ment donné la peine de naître. «C’était là une pour la ; c’en au­rait été une aussi pour le reste du monde si l’œuvre eût été connue hors fron­tière. On connais­sait l’avare, le men­teur, le mi­san­thrope, le ja­loux, le pé­dant, le dis­trait, le joueur, etc.; on igno­rait le pa­res­seux. Gont­cha­rov pré­sen­tait ce type nou­veau dans toute sa plé­ni­tude et sa gran­deur, et non pas un type abs­trait… mais un type in­di­vi­dua­lisé, animé d’une vie mi­nu­tieuse et in­té­grale», ex­plique très bien un sla­viste 4.

  1. En russe «Обрыв». Par­fois trans­crit «Obriv». Icône Haut
  2. En russe Иван Александрович Гончаров. Par­fois trans­crit Gont­cha­roff, Gont­scha­row, Gonc­za­row, Gonča­rov, Gont­scha­roff, Gonts­ja­rov, Gonts­ja­row, Gon­cha­roff ou Gon­cha­rov. Icône Haut
  1. Iouri Olé­cha. Icône Haut
  2. An­dré Ma­zon. Icône Haut

Gontcharov, « Ivanovna Nymphodora »

éd. Circé, coll. Poche, Strasbourg

éd. Circé, coll. Poche, Stras­bourg

Il s’agit de «Nym­pho­dora Iva­novna» 1, de mœurs d’Ivan Gont­cha­rov 2 (XIXe siècle). «Comme notre lit­té­ra­ture doit être forte», dit un  3, «si un écri­vain aussi su­perbe que Gont­cha­rov n’est placé dans l’opinion et le goût du lit­té­raire que tout juste en queue des dix pre­miers de son !» Moins po­pu­laire, en ef­fet, que les Tol­stoï et que les Dos­toïevski, Gont­cha­rov oc­cupe, tout juste der­rière eux, une place de pre­mier ordre dans la . Son est d’avoir cir­cons­crit d’une ma­nière ori­gi­nale et pré­cise, et au cœur même de la russe, un type d’ non ex­ploré par les autres, et d’en avoir donné, à tra­vers un per­son­nage tou­chant, une in­ou­bliable à force de jus­tesse : le type d’Oblomov. Cet Oblo­mov est un pa­res­seux en robe de chambre qui ne lit guère, qui n’écrit point, qui laisse er­rer ses pen­sées et qui sa terne et mé­diocre entre le som­meil et l’ennui. Ac­cou­tumé de­puis tou­jours à s’épargner tout ef­fort, toute ini­tia­tive, tout chan­ge­ment, sa vo­lonté s’est éteinte par manque d’impulsion. Même l’ — l’héroïque amour — d’Olga est de­venu pour lui une aven­ture si au­da­cieuse qu’il pré­fère y re­non­cer. Le plus sou­vent af­falé lour­de­ment sur son lit ou sur un di­van, n’ayant au­cun point de re­père, ne sa­chant s’il vit bien ou , ce qu’il pos­sède ou ce qu’il dé­pense, il n’a même plus la force de don­ner à ses serfs les ordres né­ces­saires. Il stagne, il moi­sit, il crou­pit dans une éter­nelle et muette apa­thie, ce­pen­dant qu’autour de lui, les soins d’un fi­dèle ser­vi­teur aux che­veux blancs en­tourent et pro­tègent ce pe­tit mon­sieur qui s’est seule­ment donné la peine de naître. «C’était là une pour la ; c’en au­rait été une aussi pour le reste du monde si l’œuvre eût été connue hors fron­tière. On connais­sait l’avare, le men­teur, le mi­san­thrope, le ja­loux, le pé­dant, le dis­trait, le joueur, etc.; on igno­rait le pa­res­seux. Gont­cha­rov pré­sen­tait ce type nou­veau dans toute sa plé­ni­tude et sa gran­deur, et non pas un type abs­trait… mais un type in­di­vi­dua­lisé, animé d’une vie mi­nu­tieuse et in­té­grale», ex­plique très bien un sla­viste 4.

  1. En russe «Нимфодора Ивановна». Icône Haut
  2. En russe Иван Александрович Гончаров. Par­fois trans­crit Gont­cha­roff, Gont­scha­row, Gonc­za­row, Gonča­rov, Gont­scha­roff, Gonts­ja­rov, Gonts­ja­row, Gon­cha­roff ou Gon­cha­rov. Icône Haut
  1. Iouri Olé­cha. Icône Haut
  2. An­dré Ma­zon. Icône Haut

Gontcharov, « La Terrible Maladie »

éd. Circé, Strasbourg

éd. Circé, Stras­bourg

Il s’agit de «La Ter­rible Ma­la­die» («Li­khaïa bo­lest» 1), de mœurs d’Ivan Gont­cha­rov 2 (XIXe siècle). «Comme notre lit­té­ra­ture doit être forte», dit un  3, «si un écri­vain aussi su­perbe que Gont­cha­rov n’est placé dans l’opinion et le goût du lit­té­raire que tout juste en queue des dix pre­miers de son !» Moins po­pu­laire, en ef­fet, que les Tol­stoï et que les Dos­toïevski, Gont­cha­rov oc­cupe, tout juste der­rière eux, une place de pre­mier ordre dans la . Son est d’avoir cir­cons­crit d’une ma­nière ori­gi­nale et pré­cise, et au cœur même de la russe, un type d’ non ex­ploré par les autres, et d’en avoir donné, à tra­vers un per­son­nage tou­chant, une in­ou­bliable à force de jus­tesse : le type d’Oblomov. Cet Oblo­mov est un pa­res­seux en robe de chambre qui ne lit guère, qui n’écrit point, qui laisse er­rer ses pen­sées et qui sa terne et mé­diocre entre le som­meil et l’ennui. Ac­cou­tumé de­puis tou­jours à s’épargner tout ef­fort, toute ini­tia­tive, tout chan­ge­ment, sa vo­lonté s’est éteinte par manque d’impulsion. Même l’ — l’héroïque amour — d’Olga est de­venu pour lui une aven­ture si au­da­cieuse qu’il pré­fère y re­non­cer. Le plus sou­vent af­falé lour­de­ment sur son lit ou sur un di­van, n’ayant au­cun point de re­père, ne sa­chant s’il vit bien ou , ce qu’il pos­sède ou ce qu’il dé­pense, il n’a même plus la force de don­ner à ses serfs les ordres né­ces­saires. Il stagne, il moi­sit, il crou­pit dans une éter­nelle et muette apa­thie, ce­pen­dant qu’autour de lui, les soins d’un fi­dèle ser­vi­teur aux che­veux blancs en­tourent et pro­tègent ce pe­tit mon­sieur qui s’est seule­ment donné la peine de naître. «C’était là une pour la ; c’en au­rait été une aussi pour le reste du monde si l’œuvre eût été connue hors fron­tière. On connais­sait l’avare, le men­teur, le mi­san­thrope, le ja­loux, le pé­dant, le dis­trait, le joueur, etc.; on igno­rait le pa­res­seux. Gont­cha­rov pré­sen­tait ce type nou­veau dans toute sa plé­ni­tude et sa gran­deur, et non pas un type abs­trait… mais un type in­di­vi­dua­lisé, animé d’une vie mi­nu­tieuse et in­té­grale», ex­plique très bien un sla­viste 4.

  1. En russe «Лихая болесть». Par­fois trans­crit «Li­haya bo­lest». Icône Haut
  2. En russe Иван Александрович Гончаров. Par­fois trans­crit Gont­cha­roff, Gont­scha­row, Gonc­za­row, Gonča­rov, Gont­scha­roff, Gonts­ja­rov, Gonts­ja­row, Gon­cha­roff ou Gon­cha­rov. Icône Haut
  1. Iouri Olé­cha. Icône Haut
  2. An­dré Ma­zon. Icône Haut

Gontcharov, « Oblomov »

éd. L’Âge d’homme-Librairie générale française, coll. Le Livre de poche, Paris

éd. L’Âge d’-Li­brai­rie gé­né­rale fran­çaise, coll. Le Livre de poche, Pa­ris

Il s’agit d’«Oblo­mov» 1, de mœurs d’Ivan Gont­cha­rov 2 (XIXe siècle). «Comme notre lit­té­ra­ture doit être forte», dit un  3, «si un écri­vain aussi su­perbe que Gont­cha­rov n’est placé dans l’opinion et le goût du lit­té­raire que tout juste en queue des dix pre­miers de son !» Moins po­pu­laire, en ef­fet, que les Tol­stoï et que les Dos­toïevski, Gont­cha­rov oc­cupe, tout juste der­rière eux, une place de pre­mier ordre dans la . Son est d’avoir cir­cons­crit d’une ma­nière ori­gi­nale et pré­cise, et au cœur même de la russe, un type d’homme non ex­ploré par les autres, et d’en avoir donné, à tra­vers un per­son­nage tou­chant, une in­ou­bliable à force de jus­tesse : le type d’Oblomov. Cet Oblo­mov est un pa­res­seux en robe de chambre qui ne lit guère, qui n’écrit point, qui laisse er­rer ses pen­sées et qui sa terne et mé­diocre entre le som­meil et l’ennui. Ac­cou­tumé de­puis tou­jours à s’épargner tout ef­fort, toute ini­tia­tive, tout chan­ge­ment, sa vo­lonté s’est éteinte par manque d’impulsion. Même l’ — l’héroïque amour — d’Olga est de­venu pour lui une aven­ture si au­da­cieuse qu’il pré­fère y re­non­cer. Le plus sou­vent af­falé lour­de­ment sur son lit ou sur un di­van, n’ayant au­cun point de re­père, ne sa­chant s’il vit bien ou , ce qu’il pos­sède ou ce qu’il dé­pense, il n’a même plus la force de don­ner à ses serfs les ordres né­ces­saires. Il stagne, il moi­sit, il crou­pit dans une éter­nelle et muette apa­thie, ce­pen­dant qu’autour de lui, les soins d’un fi­dèle ser­vi­teur aux che­veux blancs en­tourent et pro­tègent ce pe­tit mon­sieur qui s’est seule­ment donné la peine de naître. «C’était là une pour la ; c’en au­rait été une aussi pour le reste du monde si l’œuvre eût été connue hors fron­tière. On connais­sait l’avare, le men­teur, le mi­san­thrope, le ja­loux, le pé­dant, le dis­trait, le joueur, etc.; on igno­rait le pa­res­seux. Gont­cha­rov pré­sen­tait ce type nou­veau dans toute sa plé­ni­tude et sa gran­deur, et non pas un type abs­trait… mais un type in­di­vi­dua­lisé, animé d’une vie mi­nu­tieuse et in­té­grale», ex­plique très bien un sla­viste 4.

  1. En russe «Обломов». Par­fois trans­crit «Oblo­moff». Icône Haut
  2. En russe Иван Александрович Гончаров. Par­fois trans­crit Gont­cha­roff, Gont­scha­row, Gonc­za­row, Gonča­rov, Gont­scha­roff, Gonts­ja­rov, Gonts­ja­row, Gon­cha­roff ou Gon­cha­rov. Icône Haut
  1. Iouri Olé­cha. Icône Haut
  2. An­dré Ma­zon. Icône Haut

Bestoujev, « Ammalat-beg : histoire caucasienne »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit d’«Am­ma­lat-beg» 1 d’ 2, nou­vel­liste au bouillant et ora­geux, créa­teur de la (XIXe siècle). Son père, qui pu­bliait la «Re­vue de Saint-Pé­ters­bourg» («Sankt-Pe­ter­bourg­ski jour­nal» 3), le fit en­trer tout jeune à l’école mi­li­taire. À cette époque se for­mait le cercle du mou­ve­ment ré­vo­lu­tion­naire les , et Bes­tou­jev en de­vint bien­tôt l’un des . L’ de la na­po­léo­nienne sur ce mou­ve­ment a été très bien ex­pli­ci­tée par Bes­tou­jev lui-même dans sa lettre au tsar Ni­co­las : «Na­po­léon en­va­hit la , et c’est alors que le russe sen­tit pour la pre­mière fois sa puis­sance; c’est alors que na­quit et s’éveilla dans tous les cœurs le sen­ti­ment de l’indépendance, d’abord et en­suite po­pu­laire. Voilà l’origine de la libre en Rus­sie!» 4 Les dé­cem­bristes étaient ceux qui, à la du tsar Alexandre, en dé­cembre 1825, crurent le mo­ment venu de pro­cla­mer la . Ils étaient trop en avance sur leur et sur leur mi­lieu pour être sui­vis; trop pour réus­sir. Le tsar Ni­co­las en vint à bout fa­ci­le­ment. Les uns furent pen­dus, les autres és. Bes­tou­jev fut dans ce der­nier cas. C’était un brillant ca­pi­taine de deuxième rang du ré­gi­ment de . Il avait vingt-sept ans et il ve­nait d’être condamné à vingt ans de tra­vaux for­cés au . Chez toute autre per­sonne dont les de avaient fait place à une mar­quée par les chaînes et la pri­son, on au­rait pu s’attendre à trou­ver un cer­tain déses­poir, ou pour le moins, un abat­te­ment. Ce fut le contraire chez Bes­tou­jev. Ses meilleures œuvres furent écrites dans la pé­riode très dure, mais ex­tra­or­di­nai­re­ment fé­conde qui sui­vit sa condam­na­tion.

  1. En russe «Аммалат-бек». Par­fois trans­crit «Am­ma­lat-bek». Icône Haut
  2. En russe Александр Бестужев. Par­fois trans­crit Bes­tou­jef, Bes­tou­chef, Bes­tu­schew, Bes­tuz­heff, Bes­tuz­hev ou Bes­tužev. Icône Haut
  1. En russe «Санкт-Петербургский журнал». Icône Haut
  2. Dans Ros­ti­slav Plet­nev, « sur la ; tra­duit par Mme Zé­naïde Trou­bets­koï» (éd. Presses de l’Université de Mont­réal, Mont­réal). Icône Haut