Il s’agit de « De la colère » (« De ira ») de Sénèque le philosophe1, moraliste latin doublé d’un psychologue, dont les œuvres assez décousues, mais riches en remarques inestimables, sont « un trésor de morale et de bonne philosophie »2. Il naquit à Cordoue vers 4 av. J.-C. Il entra, par le conseil de son père, dans la carrière du barreau, et ses débuts eurent tant d’éclat que le prince Caligula, qui avait des prétentions à l’éloquence, jaloux du bruit de sa renommée, parla de le faire mourir. Sénèque ne dut son salut qu’à sa santé chancelante, minée par les veilles studieuses à la lueur de la lampe. On rapporta à Caligula que ce jeune phtisique avait à peine le souffle, que ce serait tuer un mourant. Et Caligula se rendit à ces raisons et se contenta d’adresser à son rival des critiques quelquefois fondées, mais toujours malveillantes, appelant son style « du sable sans chaux » (« arena sine calce »), et ses discours oratoires — « de pures tirades théâtrales ». Dès lors, Sénèque ne pensa qu’à se faire oublier ; il s’adonna tout entier à la philosophie et n’eut d’autres fréquentations que des stoïciens. Cependant, son père, craignant qu’il ne se fermât l’accès aux honneurs, l’exhorta de revenir à la carrière publique. Celle-ci mena Sénèque de compromis en compromis et d’épreuve en épreuve, dont la plus fatale survint lorsqu’il se vit confier par Agrippine l’éducation de Néron. On sait ce que fut Néron. Jamais Sénèque ne put faire un homme recommandable de ce sale garnement, de ce triste élève « mal élevé, vaniteux, insolent, sensuel, hypocrite, paresseux »3. Néron en revanche fit de notre auteur un « ami » forcé, un collaborateur involontaire, un conseiller malgré lui, le chargeant de rédiger ses allocutions au sénat, dont celle où il représentait le meurtre de sa mère Agrippine comme un bonheur inespéré pour Rome. En l’an 62 apr. J.-C., Sénèque chercha à échapper à ses hautes, mais déshonorantes fonctions. Il demanda de partir à la campagne en renonçant à tous ses biens qui, dit-il, l’exposaient à l’envie générale. Malgré les refus réitérés de Néron, qui se rendait compte que la retraite du précepteur serait interprétée comme un désaveu de la politique impériale, Sénèque ne recula pas. « En réalité, sa vertu lui faisait habiter une autre région de l’univers ; il n’avait [plus] rien de commun avec vous » (« At illum in aliis mundi finibus sua virtus collocavit, nihil vobiscum commune habentem »)4. Il se retira du monde et des affaires du monde avec sa femme, Pauline, et il prétexta quelque maladie pour ne point sortir de chez lui.
« des conseils d’hygiène morale, des formules », comme il dit, « de médication pratique »
Sénèque travailla désormais pour le compte de la postérité. Il songea à elle en composant des œuvres qu’il espérait profitables. Il y consigna des préceptes de sagesse humaine à l’usage des honnêtes gens, « des conseils d’hygiène morale, des formules », comme il dit5, « de médication pratique, non sans avoir éprouvé leur vertu sur ses propres plaies ». Jamais dans l’histoire romaine, le besoin de perfectionnement moral et personnel ne s’était fait plus vivement sentir qu’au temps de Sénèque. La République étant morte, il n’y avait plus de voie ouverte aux nobles ambitions et aux dévouements à la patrie ; il fallait flatter sans cesse, se prêter aux moindres caprices de maîtres débauchés et cruels. Où trouver, au milieu de cette corruption ambiante, une paix, une sérénité et un minimum d’idéal sans lesquels, pour l’âme bien née, la vie ne valait rien ? Sénèque lui-même, renfermé dans son refuge et éloigné des affaires publiques, put à peine trouver ces consolations, puisque, dès le moment où il manifesta à Néron son désir de s’en éloigner, il fut voué à la persécution et à la mort. Son suicide fut digne d’un philosophe, ou plutôt d’un directeur de conscience. Car examiner ce sage comme un philosophe qui aurait un système bien déterminé et suivi, ce serait se tromper. Les païens ont déjà remarqué son peu de goût pour la pure spéculation. Et si les chrétiens, frappés par ses écrits, ont voulu faire de lui un enfant de l’Église, c’est qu’il aspirait à donner aux âmes une discipline intérieure, et non des dogmes. « Lorsque le philosophe désespère de faire le bien », explique Diderot dans son magnifique « Essai sur les règnes de Claude et de Néron », « il renonce à la fonction inutile et périlleuse… pour s’occuper dans le silence et l’obscurité de la retraite… Il s’exhorte à la vertu et apprend à se raidir contre le torrent des mauvaises mœurs qui entraîne autour de lui la masse générale de la nation. [Ainsi] des hommes vertueux, reconnaissant la dépravation de notre âge, fuient le commerce de la multitude et le tourbillon des sociétés, avec autant de soin qu’ils en apporteraient à se mettre à couvert d’une tempête ; et la solitude est un port où ils se retirent. Ces sages auront beau se cacher loin de la foule des pervers, ils seront connus des dieux et des hommes qui aiment la vertu. De cet honorable exil où ils vivent… ils verront sans envie l’admiration du vulgaire prodiguée à des fourbes qui le séduisent, et les récompenses des grands versées sur des bouffons qui les flattent ou… amusent ».
Il n’existe pas moins de treize traductions françaises de « De la colère », mais s’il fallait n’en choisir qu’une seule, je choisirais celle d’Abel Bourgery.
« Exegisti a me, Novate, ut scriberem quemadmodum posset ira leniri. Nec immerito mihi videris hunc præcipue affectum pertimuisse maxime ex omnibus tætrum ac rabidum. Ceteris enim aliquid quieti placidique inest, hic totus concitatus et in impetu est doloris, armorum sanguinis suppliciorum minime humana furens cupiditate, dum alteri noceat sui negligens, in ipsa irruens tela et ultionis secum ultorem tracturæ avidus. Quidam itaque e sapientibus viris iram dixerunt brevem insaniam ; æque enim impotens sui est, decoris oblita, necessitudinum immemor, in quod cœpit pertinax et intenta, rationi consiliisque præclusa, vanis agitata causis, ad dispectum æqui verique inhabilis, ruinis simillima quæ super id quod oppressere franguntur. »
— Début dans la langue originale
« Tu exiges de moi, Novatus, que je traite des moyens de calmer la colère. Et c’est à juste titre que tu me parais redouter cette passion qui est, plus que toute autre, affreuse et enragée. Les autres, en effet, ont en elles quelque chose de tranquille et de paisible ; celle-ci est toute excitation, toute à l’impétuosité de son ressentiment ; elle brûle d’un désir inhumain de combat, de sang, de supplices ; indifférente à elle-même, pourvu qu’elle nuise à autrui, elle se précipite sur ses propres armes, avide d’une vengeance qui entraînera avec elle le vengeur. C’est pourquoi certains sages ont dit que la colère était une courte folie6. Comme celle-ci, en effet, elle ne sait pas se maîtriser, perd la notion des convenances, oublie tous les liens sociaux, s’acharne et s’obstine dans ses entreprises, ferme l’oreille aux conseils de la raison, s’agite pour des causes futiles, incapable de discerner le juste et le vrai, et semblable aux ruines qui se brisent sur ce qu’elles écrasent. »
— Début dans la traduction de Bourgery
« Tu m’as réclamé, Novatus, un livre où j’enseignerai [à] apprivoiser la colère et tu as bien raison, je trouve, de la redouter plus que tout, cette championne de la laideur et de la rage. Car nos autres passions ont leurs côtés calmes, pacifiques ; mais elle, elle est en bloc branle-bas de combat, elle s’enrôle dans le grand assaut de la rancœur, elle veut furieusement de la guerre, du sang, des supplices, l’inhumaine ! Et elle se moque de ce qui peut lui arriver ; tout ce qui l’intéresse, c’est faire du mal à l’autre ; elle se rue sur ses propres lances tête baissée, assoiffée de vengeance… d’une vengeance qui emporte le vengeur avec elle. C’est pour cela que certains sages ont dit : “La colère est une courte folie.” Comme une folle, elle ne sait pas se dominer, oublie toute pudeur, ne connaît plus ni parents ni amis, ne veut pas démordre de sa lubie, se barricade à la raison et aux conseils, s’excite pour des futilités, est incapable de distinguer le vrai du faux, le juste de l’injuste ; elle est exactement comme un mur qui s’écroule, elle se fracasse par-dessus ce qu’elle écrase. »
— Début dans la traduction de M. Paul Chemla (éd. Arléa, coll. Retour aux grands textes, Paris)
« Tu m’as demandé, Novatus, d’écrire sur les moyens d’apaiser la colère, et tu as raison, me semble-t-il, de nourrir une crainte particulière pour cette passion, la plus hideuse, la plus furieuse de toutes. Les autres, en effet, ont quelque chose de calme et de paisible ; celle-ci n’est que violence, toute à l’élan de sa rancœur. Brûlant d’un désir inhumain de guerres, de sang, de supplices, s’oubliant elle-même, sans autre souci que de nuire à autrui, elle se jette sur ses propres armes, assoiffée d’une vengeance qui emportera le vengeur avec elle. C’est pourquoi certains sages ont dit que la colère est une courte folie. Car à l’instar de la démence, elle ne peut se maîtriser, elle bafoue les convenances, oublie les liens les plus étroits, s’obstine, s’acharne dans ce qu’elle entreprend, elle n’écoute ni les conseils ni la raison, s’embrase pour des motifs futiles, incapable de discerner le juste et le vrai, et ressemble à ces ruines qui se brisent sur ce qu’elles écrasent. »
— Début dans la traduction de M. Nicolas Waquet (éd. Payot & Rivages, coll. Rivages poche-Petite Bibliothèque, Paris)
« Tu exiges de moi, Novatus, un traité sur les moyens d’adoucir la colère et tu n’as pas tort, me semble-t-il, de redouter plus que toute autre cette passion, la plus horrible et la plus enragée. Toutes les autres ont quelque chose de calme, de tranquille ; elle, au contraire, n’est que violence et impétuosité dans le ressentiment ; elle n’a rien d’humain dans son désir furieux d’armes, de sang, de supplices ; pourvu qu’elle fasse tort à autrui, elle n’a d’elle aucun souci, se blesse elle-même de ses propres traits et a soif d’une vengeance qui avec elle entraînera le vengeur. Voilà pourquoi certains sages ont appelé la colère une courte folie. Pas plus que la folie, elle n’arrive à se dominer ; elle oublie les convenances, elle perd de vue les relations sociales, persiste avec acharnement dans ses entreprises, se ferme aux conseils de la raison, s’agite pour des motifs sans valeur, est inhabile à distinguer ce qui est équitable et vrai, ressemble tout à fait à ces ruines qui se brisent sur ce qu’elles viennent d’écraser. »
— Début dans la traduction de François Richard et Pierre Richard (éd. Garnier frères, coll. Classiques Garnier, Paris)
« Tu exiges de moi, Novatus, que j’écrive comment on peut dompter la colère. C’est à bon droit que tu me parais redouter principalement cette passion, de toutes la plus hideuse, la plus effrénée. Les autres, en effet, ont en elles quelque chose de calme et de paisible ; celle-ci est tout agitation, elle est toute à l’impétuosité de son ressentiment, ivre de guerre, de sang, de supplices, transportée de fureurs surhumaines, sans souci d’elle-même, pourvu qu’elle nuise à d’autres, s’élançant au milieu des glaives et avide de vengeances qui, à leur suite, entraînent un vengeur. Aussi, quelques sages ont-ils défini la colère une courte folie. Car non moins impuissante à se maîtriser, elle oublie toute bienséance, méconnaît toute affection ; elle est opiniâtre et acharnée à ce qu’elle poursuit, sourde aux conseils de la raison, s’emportant contre des fantômes, inhabile à reconnaître le juste et le vrai, semblable en tout à ces ruines qui se brisent sur ce qu’elles écrasent. »
— Début dans la traduction d’Elias Regnault (XIXe siècle)
« Tu as exigé de moi, Novatus, que je traitasse par écrit des moyens de dompter la colère. Et c’est avec raison, ce me semble, que tu as craint particulièrement cette passion, de toutes la plus horrible et la plus effrénée. Les autres, en effet, ont un reste de calme et de sang-froid ; celle-ci est tout emportée, tout à l’élan de son irritation ; armes, sang et supplices, voilà les vœux de son inhumaine frénésie ; sans souci d’elle-même, pourvu qu’elle nuise à son ennemi ; se ruant sur les épées nues ; avide de se venger, quand sa vengeance même doit la perdre. Aussi quelques sages l’ont-ils définie une courte démence. Car, comme la démence, elle ne se maîtrise point, oublie toute bienséance, méconnaît toute affection, opiniâtre, acharnée à son but, sourde aux conseils et à la raison, elle que de vains motifs soulèvent, incapable de discerner le juste et le vrai, exacte image de ces ruines croulantes qui n’écrasent qu’en se brisant. »
— Début dans la traduction de Joseph Baillard, 2e version (XIXe siècle)
« Vous avez exigé de moi, Novatus, que je traitasse par écrit des moyens de guérir la colère. Et je vous applaudis d’avoir craint particulièrement cette passion, de toutes la plus barbare et la plus effrénée. Les autres, en effet, ont encore un reste de calme et de sang-froid ; celle-ci n’est qu’impétuosité ; toute à l’élan de son irritation, ivre de la soif inhumaine des armes, du sang, des supplices ; sans souci d’elle-même, pourvu qu’elle nuise à son ennemi ; se ruant sur les épées nues, et avide d’une vengeance qui sur elle appellera la vengeance. Aussi quelques sages l’ont-ils définie une folie passagère. Car, non plus que la démence, elle ne peut se maîtriser, elle oublie toute décence, méconnaît les nœuds les plus saints ; opiniâtre, acharnée à son but, sourde aux conseils et à la raison, elle s’emporte pour de vains motifs, incapable de discerner le juste et le vrai ; elle est enfin l’image de ces ruines croulantes qui se brisent sur ce qu’elles écrasent. »
— Début dans la traduction de Joseph Baillard, 1re version (XIXe siècle)
« Vous exigez de moi, Novatus, que je traite par écrit des moyens de guérir la colère. Et je vous applaudis d’avoir craint particulièrement cette passion, de toutes la plus hideuse et la plus effrénée. Les autres, en effet, ont encore un reste de calme et de sang-froid ; celle-ci n’est qu’impétuosité ; toute à l’élan de son irritation, ivre de guerre, de sang, de supplices ; sans souci d’elle-même, pourvu qu’elle nuise à son ennemi ; se ruant sur les épées nues, et avide de vengeances qui appelleront un vengeur. Aussi quelques sages l’ont-ils définie une courte folie. Car, non moins impuissante à se maîtriser, elle oublie toute décence, méconnaît les nœuds les plus saints ; opiniâtre, acharnée à son but, sourde aux conseils et à la raison, elle s’emporte pour de vains motifs, incapable de discerner le juste et le vrai ; semblable enfin à ces ruines qui se brisent sur ce qu’elles écrasent. »
— Début dans la traduction de Joseph Baillard, 1re version, revue par Jean-Pierre Charpentier (XIXe siècle)
« Vous avez exigé, Novatus, que je vous indiquasse les moyens de réprimer la colère. Ce n’est pas sans raison que vous craignez cette passion, plus cruelle et plus forcenée que toutes les autres. En effet, les autres ont au moins une sorte de calme et de sang-froid ; celle-ci est entièrement fougueuse ; c’est la crise du ressentiment ; sourde à la voix de l’humanité, elle ne respire que le sang, le meurtre et le carnage ; elle s’expose elle-même, pour nuire aux autres ; elle se jette au milieu des traits et poursuit sa vengeance, dût-elle y succomber. Aussi, quelques sages l’ont définie une folie passagère. En effet, elle ne se possède pas plus que la folie ; elle oublie, comme elle, toute décence et même les liens du sang ; uniquement acharnée sur son objet, elle n’écoute ni raison ni conseils ; elle s’emporte pour les moindres causes ; incapable de discerner le juste et le vrai, elle ressemble à ces ruines qui se brisent sur ce qu’elles écrasent. »
— Début dans la traduction de … Lagrange (XVIIIe siècle)
« Vous me demandez, mon cher Novatus, un remède pour modérer la colère. Vous avez raison de vous mettre en garde contre ce mouvement de l’âme qui dégénère en fureur. (lacune) »
— Début dans la traduction de Charles Sablier (XVIIIe siècle)
« Vous m’avez obligé de faire voir comment on pouvait apaiser la colère, et par quelles armes on peut aisément en triompher. Et certes, il me semble que ce n’est [pas] sans sujet que vous avez appréhendé principalement cette passion qui est sans doute la plus dangereuse et la plus cruelle qui puisse tourmenter les âmes. Les autres ont quelque sorte de repos et quelque espèce de tranquillité ; mais la colère toute seule est en un mouvement perpétuel, et la douleur qu’elle excite est toujours dans la violence. Elle ne respire que la guerre, que le sang, que les supplices et ne conçoit aucuns désirs qui tiennent quelque chose de l’humanité. Il ne lui importe pas de se nuire, pourvu qu’elle nuise à son ennemi ; elle se jette sur les épées que l’on présente devant elle ; elle ne médite que des vengeances et des ruines. C’est pourquoi il y a eu de grands hommes qui ont dit que la colère était une courte fureur. En effet, elle s’emporte avec le même aveuglement ; elle met en oubli l’honneur ; elle ne se souvient point des amitiés ni des alliances ; elle s’opiniâtre dans les desseins qu’elle a une fois commencés ; elle ferme éternellement l’oreille à la raison et aux conseils ; elle s’excite sans sujet ou par des causes vaines et légères ; elle est incapable de discerner la justice et la vérité ; elle ressemble aux ruines qui se rompent et qui se brisent sur les choses mêmes qu’elles accablent. »
— Début dans la traduction de Pierre Du Ryer (XVIIe siècle)
« Tu m’as souvent prié, Novatus, que j’écrivisse les remèdes qui pouvaient adoucir la colère. Ce n’est pas sans raison (ce me semble) que tu as eu principalement crainte de cette passion, comme de la plus pernicieuse et détestable qui soit. Toutes les autres reçoivent quelque repos et plaisir, mais cette-ci est toujours pleine d’émotion et d’impétuosité en sa douleur ; elle ne recherche que les armes, le sang, le supplice ; elle n’est jamais échauffée d’aucun humain désir ; elle abandonne sa propre vie pour nuire à celle d’autrui, se jette sur les armes qu’on lui présente et ne discourt que sur la vengeance. C’est pourquoi quelques-uns d’entre les sages l’ont appelée une courte fureur. Car elle met aussi bien son homme hors de soi comme fait la rage ; elle oublie l’honneur et le devoir, perd toute souvenance d’amitié, s’opiniâtre et s’arrête en ce qu’elle entreprend, ferme la porte au conseil et à la raison, s’émeut d’occasions vaines et de peu d’importance, ne pouvant faire aucun jugement de la vérité et de la raison, ressemblant aux ruines qui se rompent elles-mêmes sur ce qu’elles enfoncent. »
— Début dans la traduction de Mathieu de Chalvet (XVIIe siècle)
« Tu m’as requis, Novatus, que j’écrivisse touchant les moyens de refréner la colère. Et me semble que tu as raison de craindre entre les autres passions celle-ci qui est la plus cruelle et enragée de toutes. Car les autres ont je ne sais quoi de doux et de paisible ; cette-ci est furieuse et toute en feu, pleine de douleurs, d’armes, de sang, de supplices, abrutie, ne se souciant de soi pourvu qu’elle nuise à autrui, se jetant à tête baissée parmi les coups, et désireuse de vengeance, quoi qui en puisse advenir. Voilà pourquoi quelques sages ont appelé la colère une courte fureur. Car elle ne se peut maîtriser soi-même, elle oublie tout respect, met sous le pied les amitiés et alliances, demeure occupée et aheurtée à ce qu’elle a entrepris, fermant la porte à la raison et aux saines remontrances, agitée de prétextes vains, stupide en présence de l’équité et de la vérité, ressemblant proprement aux ruines d’édifices qui se brisent sur les pierres et matériaux sur quoi elles tombent. »
— Début dans la traduction de Simon Goulart (XVIe siècle)
Téléchargez ces œuvres imprimées au format PDF
- Édition et traduction d’Abel Bourgery et René Waltz. Tome I (1922) [Source : Google Livres]
- Édition et traduction d’Abel Bourgery et René Waltz. Tome I (1922) ; autre copie [Source : Google Livres]
- « Consolations • De la colère • De la Providence • De la brièveté de la vie • De la vie heureuse • De la constance du sage • De la tranquillité de l’âme • De l’oisiveté » dans l’édition et traduction de François Richard et Pierre Richard (1933). Tome I [Source : Google Livres]
- « Consolations • De la colère • De la Providence • De la brièveté de la vie • De la vie heureuse • De la constance du sage • De la tranquillité de l’âme • De l’oisiveté » dans l’édition et traduction de François Richard et Pierre Richard (1933). Tome II [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1885) [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1877) [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1877) ; autre copie [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1869) [Source : Bibliothèque nationale de France]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1863) [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1863) ; autre copie [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1863) ; autre copie [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1863) ; autre copie [Source : Canadiana]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1859) [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1859) ; autre copie [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1855) [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1851) [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1851) ; autre copie [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1851) ; autre copie [Source : Canadiana]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1850) [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1844) [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1844) ; autre copie [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1844) ; autre copie [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1844) ; autre copie [Source : Google Livres]
- « De la colère • Consolations • De la Providence • De la constance du sage • De la brièveté de la vie • De l’oisiveté • De la tranquillité de l’âme • De la vie heureuse » dans l’édition et traduction d’Elias Regnault (1844) ; autre copie [Source : Google Livres]…
Voyez la liste complète des téléchargements
Téléchargez ces enregistrements sonores au format M4A
- « De la constance du sage » dans la traduction de Joseph Baillard, 2e version ; lu par ~Domi [Source : Littérature audio]
- « De la brièveté de la vie » dans la traduction de Charles Du Rozoir, revue par Jean-Pierre Charpentier ; lu par ~Domi [Source : Littérature audio]
- « Consolation à Helvia • De la brièveté de la vie » dans la traduction de Charles Du Rozoir et … Cabaret-Dupaty, revue par Jean-Pierre Charpentier ; lu par René Depasse [Source : Littérature audio]
- Début de « De la tranquillité de l’âme » dans la traduction de M. Philippe Steinmann, lu par René Depasse [Source : Littérature audio]
- « De la vie heureuse » dans la traduction d’Antoine-Marie Héron de Villefosse, lu par Thomas de Châtillon [Source : Littérature audio]
- « De la colère • De la tranquillité de l’âme » dans la traduction de Joseph Baillard, 1re version, et Charles Du Rozoir, revue par Jean-Pierre Charpentier ; lu par ~Sophie-la-girafe [Source : Littérature audio]
- « De la Providence » dans la traduction de Joseph Baillard, 2e version ; lu par ~Sophie-la-girafe [Source : Littérature audio]
- Joseph Trinchiero évoquant « De la colère • De la brièveté de la vie • De la vie heureuse • De la constance du sage • De la tranquillité de l’âme • De l’oisiveté » [Source : YouTube]
- Valéry Laurand évoquant « De la vie heureuse » [Source : France Culture]
- Juliette Dross évoquant « De la tranquillité de l’âme » [Source : France Culture]
- Emmanuel Naya évoquant « De la brièveté de la vie » [Source : France Culture].
- En latin Lucius Annæus Seneca.
- le comte Joseph de Maistre, « Œuvres complètes. Tome V. Les Soirées de Saint-Pétersbourg (suite et fin) ».
- René Waltz, « Vie de Sénèque » (éd. Perrin, Paris), p. 160.
- « De la constance du sage », ch. XV, sect. 2.
- « Lettres à Lucilius », lettre VIII, sect. 2.
- Le poète Horace ne dit pas autre chose : « Retenez votre colère : une vengeance précipitée est ordinairement suivie de repentir. La colère est une courte frénésie. Soyez maître de ses mouvements impétueux : si cette passion n’obéit pas, elle règne en tyran » (« Épîtres », liv. I, poème 2).