Il s’agit des « Mémoires et Voyages » de Maurice-Auguste Beniowski 1, homme dont la vie ne fut qu’un tissu d’aventures extraordinaires (XVIIIe siècle). Il naquit à Vrbové, dans la Haute-Hongrie (l’actuelle Slovaquie). Sa curiosité naturelle le porta, tout jeune, à voyager en Allemagne, en Hollande et en Angleterre, où il s’instruisit dans l’art de la navigation. Il passa ensuite en Pologne, où il prit part à la guerre d’indépendance contre la Russie ; il était colonel quand, deux fois de suite, il fut fait prisonnier. Les Russes le condamnèrent à l’exil au Kamtchatka, à l’extrémité la plus orientale de la Sibérie, pour être employé, avec les plus vils malfaiteurs, à faire du charbon de terre. Dans la traversée, le vaisseau qui le portait fut assailli par une furieuse tempête et endommagé ; le capitaine tomba malade. Dans cet état désespéré, sollicité par le capitaine, Beniowski sauva le vaisseau du naufrage. C’est à ces circonstances qu’il dut le bon accueil qu’on lui fit au Kamtchatka. Là, l’intrépide Beniowski, de concert avec cinquante-six compagnons d’exil, auxquels il sut inspirer son audace, forma une conjuration, dont la réussite le rendit maître de la citadelle russe. Malgré cela, voyant l’impossibilité de tenir très longtemps en pays ennemi, il décida de s’embarquer à bord d’une corvette, dont il s’empara de force avec sa troupe d’exilés. Son voyage d’évasion tourna en véritable expédition maritime. Parti du milieu des neiges sous lesquelles les Russes avait voulu l’ensevelir, il navigua sur les eaux pratiquement inexplorées de la mer de Béring et du Pacifique Nord. Puis, après avoir atterri sur la côte japonaise, il noua même avec les naturels des relations prouvées par ses « Mémoires ». De là, il toucha à l’île de Taïwan et à la Chine, d’où il fut ramené en Europe par un bâtiment français. La remise qu’il fit au cabinet de Versailles de papiers importants qu’il avait volés aux archives du Kamtchatka, et entre lesquels se trouvait un projet de conquête du Japon par les Russes et par les Anglais, suffit pour lui procurer de la part de la monarchie française, dont la confiance envers les aventuriers venus de loin fut toujours constante, les moyens d’établir un comptoir à Madagascar. Beniowski voulut, en même temps, publier ses « Mémoires », dont il espérait tirer beaucoup de bénéfices. Il trouva le secret d’en enthousiasmer Jean-Hyacinthe de Magellan, descendant du célèbre navigateur ; non seulement le Portugais s’en chargea, mais comptant lui-même sur des profits immenses, il perdit dans cette publication une bonne partie de son argent. L’ouvrage, rédigé en français, parut en 1790. « La véracité de la description de cette navigation sur la mer de Béring et à travers les eaux du Nord et du centre du Pacifique, présentée avec tant de détails dans [les “Mémoires”], suscite depuis deux cents ans de vives discussions… Et cela est compréhensible ; car s’il a réellement suivi l’itinéraire qu’il décrit, il devrait être reconnu pour avoir découvert avant Cook la mer de Béring ; si en revanche il a tout inventé, il mériterait d’être qualifié de plaisantin… et de charlatan », dit M. Edward Kajdański
voyages
Beniowski, « Mémoires et Voyages. Tome II. Voyage par mer, depuis la presqu’île de Kamtchatka jusqu’à Canton »
Il s’agit des « Mémoires et Voyages » de Maurice-Auguste Beniowski 1, homme dont la vie ne fut qu’un tissu d’aventures extraordinaires (XVIIIe siècle). Il naquit à Vrbové, dans la Haute-Hongrie (l’actuelle Slovaquie). Sa curiosité naturelle le porta, tout jeune, à voyager en Allemagne, en Hollande et en Angleterre, où il s’instruisit dans l’art de la navigation. Il passa ensuite en Pologne, où il prit part à la guerre d’indépendance contre la Russie ; il était colonel quand, deux fois de suite, il fut fait prisonnier. Les Russes le condamnèrent à l’exil au Kamtchatka, à l’extrémité la plus orientale de la Sibérie, pour être employé, avec les plus vils malfaiteurs, à faire du charbon de terre. Dans la traversée, le vaisseau qui le portait fut assailli par une furieuse tempête et endommagé ; le capitaine tomba malade. Dans cet état désespéré, sollicité par le capitaine, Beniowski sauva le vaisseau du naufrage. C’est à ces circonstances qu’il dut le bon accueil qu’on lui fit au Kamtchatka. Là, l’intrépide Beniowski, de concert avec cinquante-six compagnons d’exil, auxquels il sut inspirer son audace, forma une conjuration, dont la réussite le rendit maître de la citadelle russe. Malgré cela, voyant l’impossibilité de tenir très longtemps en pays ennemi, il décida de s’embarquer à bord d’une corvette, dont il s’empara de force avec sa troupe d’exilés. Son voyage d’évasion tourna en véritable expédition maritime. Parti du milieu des neiges sous lesquelles les Russes avait voulu l’ensevelir, il navigua sur les eaux pratiquement inexplorées de la mer de Béring et du Pacifique Nord. Puis, après avoir atterri sur la côte japonaise, il noua même avec les naturels des relations prouvées par ses « Mémoires ». De là, il toucha à l’île de Taïwan et à la Chine, d’où il fut ramené en Europe par un bâtiment français. La remise qu’il fit au cabinet de Versailles de papiers importants qu’il avait volés aux archives du Kamtchatka, et entre lesquels se trouvait un projet de conquête du Japon par les Russes et par les Anglais, suffit pour lui procurer de la part de la monarchie française, dont la confiance envers les aventuriers venus de loin fut toujours constante, les moyens d’établir un comptoir à Madagascar. Beniowski voulut, en même temps, publier ses « Mémoires », dont il espérait tirer beaucoup de bénéfices. Il trouva le secret d’en enthousiasmer Jean-Hyacinthe de Magellan, descendant du célèbre navigateur ; non seulement le Portugais s’en chargea, mais comptant lui-même sur des profits immenses, il perdit dans cette publication une bonne partie de son argent. L’ouvrage, rédigé en français, parut en 1790. « La véracité de la description de cette navigation sur la mer de Béring et à travers les eaux du Nord et du centre du Pacifique, présentée avec tant de détails dans [les “Mémoires”], suscite depuis deux cents ans de vives discussions… Et cela est compréhensible ; car s’il a réellement suivi l’itinéraire qu’il décrit, il devrait être reconnu pour avoir découvert avant Cook la mer de Béring ; si en revanche il a tout inventé, il mériterait d’être qualifié de plaisantin… et de charlatan », dit M. Edward Kajdański
Beniowski, « Mémoires et Voyages. Tome I. Journal de voyage à travers la Sibérie »
Il s’agit des « Mémoires et Voyages » de Maurice-Auguste Beniowski 1, homme dont la vie ne fut qu’un tissu d’aventures extraordinaires (XVIIIe siècle). Il naquit à Vrbové, dans la Haute-Hongrie (l’actuelle Slovaquie). Sa curiosité naturelle le porta, tout jeune, à voyager en Allemagne, en Hollande et en Angleterre, où il s’instruisit dans l’art de la navigation. Il passa ensuite en Pologne, où il prit part à la guerre d’indépendance contre la Russie ; il était colonel quand, deux fois de suite, il fut fait prisonnier. Les Russes le condamnèrent à l’exil au Kamtchatka, à l’extrémité la plus orientale de la Sibérie, pour être employé, avec les plus vils malfaiteurs, à faire du charbon de terre. Dans la traversée, le vaisseau qui le portait fut assailli par une furieuse tempête et endommagé ; le capitaine tomba malade. Dans cet état désespéré, sollicité par le capitaine, Beniowski sauva le vaisseau du naufrage. C’est à ces circonstances qu’il dut le bon accueil qu’on lui fit au Kamtchatka. Là, l’intrépide Beniowski, de concert avec cinquante-six compagnons d’exil, auxquels il sut inspirer son audace, forma une conjuration, dont la réussite le rendit maître de la citadelle russe. Malgré cela, voyant l’impossibilité de tenir très longtemps en pays ennemi, il décida de s’embarquer à bord d’une corvette, dont il s’empara de force avec sa troupe d’exilés. Son voyage d’évasion tourna en véritable expédition maritime. Parti du milieu des neiges sous lesquelles les Russes avait voulu l’ensevelir, il navigua sur les eaux pratiquement inexplorées de la mer de Béring et du Pacifique Nord. Puis, après avoir atterri sur la côte japonaise, il noua même avec les naturels des relations prouvées par ses « Mémoires ». De là, il toucha à l’île de Taïwan et à la Chine, d’où il fut ramené en Europe par un bâtiment français. La remise qu’il fit au cabinet de Versailles de papiers importants qu’il avait volés aux archives du Kamtchatka, et entre lesquels se trouvait un projet de conquête du Japon par les Russes et par les Anglais, suffit pour lui procurer de la part de la monarchie française, dont la confiance envers les aventuriers venus de loin fut toujours constante, les moyens d’établir un comptoir à Madagascar. Beniowski voulut, en même temps, publier ses « Mémoires », dont il espérait tirer beaucoup de bénéfices. Il trouva le secret d’en enthousiasmer Jean-Hyacinthe de Magellan, descendant du célèbre navigateur ; non seulement le Portugais s’en chargea, mais comptant lui-même sur des profits immenses, il perdit dans cette publication une bonne partie de son argent. L’ouvrage, rédigé en français, parut en 1790. « La véracité de la description de cette navigation sur la mer de Béring et à travers les eaux du Nord et du centre du Pacifique, présentée avec tant de détails dans [les “Mémoires”], suscite depuis deux cents ans de vives discussions… Et cela est compréhensible ; car s’il a réellement suivi l’itinéraire qu’il décrit, il devrait être reconnu pour avoir découvert avant Cook la mer de Béring ; si en revanche il a tout inventé, il mériterait d’être qualifié de plaisantin… et de charlatan », dit M. Edward Kajdański
l’abbé Barthélemy, « Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, dans le milieu du IVᵉ siècle avant l’ère vulgaire. Tome III »
Il s’agit du « Voyage du jeune Anacharsis en Grèce » de l’abbé Jean-Jacques Barthélemy, roman publié en 1788, et qui regroupe, dans un résumé accessible, toujours élégant, quelquefois sublime, l’ensemble des connaissances acquises jusque-là sur la Grèce antique. Son auteur fut non seulement un abbé mondain et fort agréable, mais aussi un numismate de premier ordre, qui savait les langues anciennes — le grec, le latin, l’arabe, l’hébreu, le chaldéen —, qui créa les études du phénicien, et que plusieurs Académies comptaient parmi leurs membres. Il vint au monde à Cassis, petite ville et port peu éloignés de Marseille. Il eut, tout jeune, le malheur de perdre sa mère. Chaque matin et soir, son père inconsolable le prenait par la main et le menait dans un endroit solitaire ; là il le faisait asseoir auprès de lui, fondait en larmes et l’exhortait à pleurer la plus aimable des mères. « Ces scènes attendrissantes », dit Barthélemy, qui nous les rapporte dans ses « Mémoires », « firent sur mon cœur une impression profonde, qui ne s’en est jamais effacée. » Aussi est-il légitime de penser que la sensibilité répandue partout dans l’« Anacharsis », et dont l’excès pourrait sembler dû à une affectation ou à une influence littéraire, trouve son origine dans ses impressions personnelles et ses premières expériences. Toujours est-il que Barthélemy entra dans le clergé par obéissance pour son père ; mais quand il fut question d’exercer un ministère, il décida de ne prendre conseil que de son cœur ; et malgré les perspectives les plus brillantes, malgré les qualités les plus appropriées à ce genre de vie, il n’osa pas s’engager, « quoique pénétré des sentiments de la religion », dit-il. Remercions-le d’avoir cédé à son goût de la liberté et des études profanes ; l’« Anacharsis » nous prouve que c’était là sa véritable vocation. Désormais libre, sans situation, l’abbé vint à Paris, où il passait la plus grande partie de ses journées dans les bibliothèques et les musées, s’intéressant à tout ce qui touchait à l’archéologie, et acquérant cette merveilleuse connaissance des choses anciennes qui, plus tard, fit dire de lui « que sa mémoire tenait toute l’Antiquité » 1. Par un de ces hasards qui cachent la main de la Providence, il fut d’abord adressé à Claude Gros de Boze, garde du Cabinet des médailles. La froideur glaciale de l’un, la timidité embarrassée de l’autre firent bientôt place à la plus étroite amitié ; et le savant Gros de Boze, en demandant l’abbé pour successeur, montra qu’il n’était pas moins connaisseur en hommes qu’en médailles.
- Samuel Rocheblave, « Essai sur le comte de Caylus : l’homme • l’artiste • l’antiquaire ».
l’abbé Barthélemy, « Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, dans le milieu du IVᵉ siècle avant l’ère vulgaire. Tome II »
Il s’agit du « Voyage du jeune Anacharsis en Grèce » de l’abbé Jean-Jacques Barthélemy, roman publié en 1788, et qui regroupe, dans un résumé accessible, toujours élégant, quelquefois sublime, l’ensemble des connaissances acquises jusque-là sur la Grèce antique. Son auteur fut non seulement un abbé mondain et fort agréable, mais aussi un numismate de premier ordre, qui savait les langues anciennes — le grec, le latin, l’arabe, l’hébreu, le chaldéen —, qui créa les études du phénicien, et que plusieurs Académies comptaient parmi leurs membres. Il vint au monde à Cassis, petite ville et port peu éloignés de Marseille. Il eut, tout jeune, le malheur de perdre sa mère. Chaque matin et soir, son père inconsolable le prenait par la main et le menait dans un endroit solitaire ; là il le faisait asseoir auprès de lui, fondait en larmes et l’exhortait à pleurer la plus aimable des mères. « Ces scènes attendrissantes », dit Barthélemy, qui nous les rapporte dans ses « Mémoires », « firent sur mon cœur une impression profonde, qui ne s’en est jamais effacée. » Aussi est-il légitime de penser que la sensibilité répandue partout dans l’« Anacharsis », et dont l’excès pourrait sembler dû à une affectation ou à une influence littéraire, trouve son origine dans ses impressions personnelles et ses premières expériences. Toujours est-il que Barthélemy entra dans le clergé par obéissance pour son père ; mais quand il fut question d’exercer un ministère, il décida de ne prendre conseil que de son cœur ; et malgré les perspectives les plus brillantes, malgré les qualités les plus appropriées à ce genre de vie, il n’osa pas s’engager, « quoique pénétré des sentiments de la religion », dit-il. Remercions-le d’avoir cédé à son goût de la liberté et des études profanes ; l’« Anacharsis » nous prouve que c’était là sa véritable vocation. Désormais libre, sans situation, l’abbé vint à Paris, où il passait la plus grande partie de ses journées dans les bibliothèques et les musées, s’intéressant à tout ce qui touchait à l’archéologie, et acquérant cette merveilleuse connaissance des choses anciennes qui, plus tard, fit dire de lui « que sa mémoire tenait toute l’Antiquité » 1. Par un de ces hasards qui cachent la main de la Providence, il fut d’abord adressé à Claude Gros de Boze, garde du Cabinet des médailles. La froideur glaciale de l’un, la timidité embarrassée de l’autre firent bientôt place à la plus étroite amitié ; et le savant Gros de Boze, en demandant l’abbé pour successeur, montra qu’il n’était pas moins connaisseur en hommes qu’en médailles.
- Samuel Rocheblave, « Essai sur le comte de Caylus : l’homme • l’artiste • l’antiquaire ».
l’abbé Barthélemy, « Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, dans le milieu du IVᵉ siècle avant l’ère vulgaire. Tome I »
Il s’agit du « Voyage du jeune Anacharsis en Grèce » de l’abbé Jean-Jacques Barthélemy, roman publié en 1788, et qui regroupe, dans un résumé accessible, toujours élégant, quelquefois sublime, l’ensemble des connaissances acquises jusque-là sur la Grèce antique. Son auteur fut non seulement un abbé mondain et fort agréable, mais aussi un numismate de premier ordre, qui savait les langues anciennes — le grec, le latin, l’arabe, l’hébreu, le chaldéen —, qui créa les études du phénicien, et que plusieurs Académies comptaient parmi leurs membres. Il vint au monde à Cassis, petite ville et port peu éloignés de Marseille. Il eut, tout jeune, le malheur de perdre sa mère. Chaque matin et soir, son père inconsolable le prenait par la main et le menait dans un endroit solitaire ; là il le faisait asseoir auprès de lui, fondait en larmes et l’exhortait à pleurer la plus aimable des mères. « Ces scènes attendrissantes », dit Barthélemy, qui nous les rapporte dans ses « Mémoires », « firent sur mon cœur une impression profonde, qui ne s’en est jamais effacée. » Aussi est-il légitime de penser que la sensibilité répandue partout dans l’« Anacharsis », et dont l’excès pourrait sembler dû à une affectation ou à une influence littéraire, trouve son origine dans ses impressions personnelles et ses premières expériences. Toujours est-il que Barthélemy entra dans le clergé par obéissance pour son père ; mais quand il fut question d’exercer un ministère, il décida de ne prendre conseil que de son cœur ; et malgré les perspectives les plus brillantes, malgré les qualités les plus appropriées à ce genre de vie, il n’osa pas s’engager, « quoique pénétré des sentiments de la religion », dit-il. Remercions-le d’avoir cédé à son goût de la liberté et des études profanes ; l’« Anacharsis » nous prouve que c’était là sa véritable vocation. Désormais libre, sans situation, l’abbé vint à Paris, où il passait la plus grande partie de ses journées dans les bibliothèques et les musées, s’intéressant à tout ce qui touchait à l’archéologie, et acquérant cette merveilleuse connaissance des choses anciennes qui, plus tard, fit dire de lui « que sa mémoire tenait toute l’Antiquité » 1. Par un de ces hasards qui cachent la main de la Providence, il fut d’abord adressé à Claude Gros de Boze, garde du Cabinet des médailles. La froideur glaciale de l’un, la timidité embarrassée de l’autre firent bientôt place à la plus étroite amitié ; et le savant Gros de Boze, en demandant l’abbé pour successeur, montra qu’il n’était pas moins connaisseur en hommes qu’en médailles.
- Samuel Rocheblave, « Essai sur le comte de Caylus : l’homme • l’artiste • l’antiquaire ».
Galland, « Les “Mille et une Nuits” : contes arabes. Tome III »
Il s’agit des « Mille et une Nuits » (« Alf layla wa-layla » 1), contes arabes. Rarement, la richesse de la narration et les trésors de l’imagination ont été dépensés dans une œuvre avec plus de prodigalité ; et rarement, une œuvre a eu une réussite plus éclatante que celle des « Mille et une Nuits » depuis qu’elle a été transportée en France par l’orientaliste Antoine Galland au commencement du XVIIIe siècle. De là, elle a immédiatement rempli le monde de sa renommée, et depuis, son succès n’a fait que croître de jour en jour, sans souffrir ni des caprices de la mode ni du changement des goûts. Quelle extraordinaire fécondité dans ces contes ! Quelle variété ! Avec quel inépuisable intérêt on suit les aventures enchanteresses de Sindbad le Marin ou les merveilles opérées par la lampe d’Aladdin : « C’est dans l’Orient même que l’enfance du genre humain se montre avec toute sa grâce et toute sa naïveté », dit Édouard Gauttier d’Arc 2. « On y chercherait en vain ou ces teintes mélancoliques du Nord, ou ces allusions sérieuses et profondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plaisirs… Ces génies qu’elle a produits, vont répandant partout les perles, l’or, les diamants ; ils élèvent en un instant des palais superbes ; ils livrent à celui qu’ils favorisent, des houris 3 enchanteresses ; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouissances, sans qu’il se donne aucune peine pour les acquérir. Il faut aux Orientaux un bonheur facile et complet ; ils le veulent sans nuages, comme le soleil qui les éclaire. »
Moténabbi, « Le Livre des sabres : choix de poèmes »
Il s’agit d’Abou’ltayyib 1, surnommé Moténabbi 2, orgueilleux poète de Cour, rendu célèbre en servant différents princes arabes, en chantant leurs hauts faits et leurs bienfaits, en se brouillant avec eux, en se vengeant par des satires des louanges qu’il leur avait données auparavant. Ses poèmes ont quelquefois de la beauté dans leur éloquence ; mais, plus souvent encore, ils ne brillent que par ce singulier mélange d’insolence et de politesse, de bassesse et d’orgueil qui distingue les courtisans ; cet art de plaire aux grands en se moquant d’eux. Si l’on en croit ses rivaux, ce poète était le fils d’un simple porteur d’eau dans la ville de Koufa (en Irak), quoiqu’il se vantât beaucoup de sa noblesse. Dès sa jeunesse, il fut tourmenté par une ambition incommensurable, réconfortée par les succès de sa poésie, qui était payée très chèrement par les princes auxquels il s’attachait. Bientôt, la tête lui tourna, et il crut pouvoir passer à un aussi juste titre pour prophète en vers, que Mahomet l’avait été en prose ; cela lui valut le surnom de Moténabbi (« celui qui se prétend prophète »). Mais, enfin, quand il se vit dans l’impossibilité de réaliser cet idéal ; quand le temps et les occasions le détrompèrent en le rappelant à une vie si brève, si ordinaire, si fatalement humaine ; quand il songea que des pans entiers de son ambitieuse nature resteraient à jamais ensevelis dans l’ombre, ce fut un débordement d’une amertume sans pareille. « De là, cet amour-propre qui, au lieu de rechercher à bien faire pour gagner l’estime d’autrui et devenir altruisme, se transforme en égoïsme haineux et malveillant à l’égard des autres [ou en] joie quand ils ont échoué », dit M. Joseph Daher 3. Témoin les vers suivants où il dit aux hommes tout le mépris et toute la haine qu’ils lui inspirent : « Je critique les petites gens de ce siècle, car le plus docte d’entre eux est un crétin, le plus énergique un lâche, le plus noble un chien, le plus clairvoyant un aveugle, le plus vigilant un loir, et le plus courageux un singe ».
- En arabe أبو الطيب. Parfois transcrit Abou’l Tayib, Abou ṭ-Ṭayyib, Aboul Thaïeb ou Abū al-Ṭaiyib.
- En arabe المتنبي. Parfois transcrit Motanabbî, Motanabby, Moténabby, Motenabi, Motenebbi, Moutanabbi, Moutanabi, Mutanabi ou Mutanabbī.
- « Essai sur le pessimisme chez le poète arabe al-Mutanabbī », p. 54.
García Márquez, « Cent Ans de solitude : roman »
Il s’agit de « Cent Ans de solitude » (« Cien Años de soledad ») de M. Gabriel García Márquez (XXe-XXIe siècle). Au point de départ des œuvres de M. García Márquez, il y a Macondo, ce village mythique de l’Amérique latine, qui ressemble bien à l’Aracataca réelle, sans l’être tout à fait — ce village qui, à l’origine, n’était qu’« une ruelle avec une rivière à l’une de ses extrémités » 1 et qui, suite à la fièvre bananière, aux puanteurs, à la voracité, à la corruption amenées par la United Fruit Company, se transforma en une de ces villes infâmes de Sodome et Gomorrhe « qui ont cessé de rendre service à la création » 2. Vers 1910, quand les Yankees y débarquèrent pour la première fois, avec leurs langoureuses épouses portant de grands chapeaux de gaze, nul ne savait encore ce que ces nouveaux venus venaient y chercher. Dotés de moyens autrefois réservés à Dieu, les Yankees modifièrent le régime des pluies, précipitèrent le cycle des récoltes et firent sortir la rivière du lit qu’elle occupait depuis toujours. Et pour qu’ils pussent trouver dans cet endroit toute la dignité due à de beaux et riches seigneurs, et qu’ils n’eussent pas à endurer la chaleur, l’insalubrité, les privations du village, ils s’en bâtirent un autre, avec des rues bordées de palmiers, avec des maisons aux fenêtres grillagées, aux piscines bleu-turquoise et aux pelouses pleines de cailles et de paons. Autour de ce paradis de rêve s’étendait, comme autour d’un poulailler, une clôture électrifiée, surprotégée par les rondes incessantes de Noirs armés de fusils et de chiens de garde. De l’autre côté, les campements où s’entassaient les milliers d’ouvriers de la compagnie bananière n’étaient que de minables abris à toit de palme, montés sur des pieux et sans murs où, la nuit, des nuées de moustiques achevaient la saignée des exploités. Pour ces ouvriers qui arrivaient sans maîtresses, les Yankees firent aménager des bordels encore plus vastes que le village, « et par un glorieux mercredi, ils firent venir tout un convoi d’inimaginables putains, femelles babyloniennes rompues à des procédés immémoriaux et pourvues de toutes sortes d’onguents et accessoires pour stimuler les désarmés, dégourdir les timides, assouvir les voraces » 3. La putasserie s’étendit à certaines familles natives, dont les filles finirent par se vendre au contremaître enjôleur pour quelques pesos.
- En espagnol « un callejón con un río en un extremo ».
- En espagnol « que han dejado de prestar servicio a la creación ».
- En espagnol « y un miércoles de gloria, llevaron un tren cargado de putas inverosímiles, hembras babilónicas adiestradas en recursos inmemoriales, y provistas de toda clase de ungüentos y dispositivos para estimular a los inermes, despabilar a los tímidos, saciar a los voraces ».
García Márquez, « Douze Contes vagabonds »
Il s’agit de « Douze Contes vagabonds » (« Doce Cuentos peregrinos ») de M. Gabriel García Márquez (XXe-XXIe siècle). Au point de départ des œuvres de M. García Márquez, il y a Macondo, ce village mythique de l’Amérique latine, qui ressemble bien à l’Aracataca réelle, sans l’être tout à fait — ce village qui, à l’origine, n’était qu’« une ruelle avec une rivière à l’une de ses extrémités » 1 et qui, suite à la fièvre bananière, aux puanteurs, à la voracité, à la corruption amenées par la United Fruit Company, se transforma en une de ces villes infâmes de Sodome et Gomorrhe « qui ont cessé de rendre service à la création » 2. Vers 1910, quand les Yankees y débarquèrent pour la première fois, avec leurs langoureuses épouses portant de grands chapeaux de gaze, nul ne savait encore ce que ces nouveaux venus venaient y chercher. Dotés de moyens autrefois réservés à Dieu, les Yankees modifièrent le régime des pluies, précipitèrent le cycle des récoltes et firent sortir la rivière du lit qu’elle occupait depuis toujours. Et pour qu’ils pussent trouver dans cet endroit toute la dignité due à de beaux et riches seigneurs, et qu’ils n’eussent pas à endurer la chaleur, l’insalubrité, les privations du village, ils s’en bâtirent un autre, avec des rues bordées de palmiers, avec des maisons aux fenêtres grillagées, aux piscines bleu-turquoise et aux pelouses pleines de cailles et de paons. Autour de ce paradis de rêve s’étendait, comme autour d’un poulailler, une clôture électrifiée, surprotégée par les rondes incessantes de Noirs armés de fusils et de chiens de garde. De l’autre côté, les campements où s’entassaient les milliers d’ouvriers de la compagnie bananière n’étaient que de minables abris à toit de palme, montés sur des pieux et sans murs où, la nuit, des nuées de moustiques achevaient la saignée des exploités. Pour ces ouvriers qui arrivaient sans maîtresses, les Yankees firent aménager des bordels encore plus vastes que le village, « et par un glorieux mercredi, ils firent venir tout un convoi d’inimaginables putains, femelles babyloniennes rompues à des procédés immémoriaux et pourvues de toutes sortes d’onguents et accessoires pour stimuler les désarmés, dégourdir les timides, assouvir les voraces » 3. La putasserie s’étendit à certaines familles natives, dont les filles finirent par se vendre au contremaître enjôleur pour quelques pesos.
- En espagnol « un callejón con un río en un extremo ».
- En espagnol « que han dejado de prestar servicio a la creación ».
- En espagnol « y un miércoles de gloria, llevaron un tren cargado de putas inverosímiles, hembras babilónicas adiestradas en recursos inmemoriales, y provistas de toda clase de ungüentos y dispositivos para estimular a los inermes, despabilar a los tímidos, saciar a los voraces ».
García Márquez, « Le Général dans son labyrinthe : roman »
Il s’agit du « Général dans son labyrinthe » (« El General en su laberinto ») de M. Gabriel García Márquez (XXe-XXIe siècle). Au point de départ des œuvres de M. García Márquez, il y a Macondo, ce village mythique de l’Amérique latine, qui ressemble bien à l’Aracataca réelle, sans l’être tout à fait — ce village qui, à l’origine, n’était qu’« une ruelle avec une rivière à l’une de ses extrémités » 1 et qui, suite à la fièvre bananière, aux puanteurs, à la voracité, à la corruption amenées par la United Fruit Company, se transforma en une de ces villes infâmes de Sodome et Gomorrhe « qui ont cessé de rendre service à la création » 2. Vers 1910, quand les Yankees y débarquèrent pour la première fois, avec leurs langoureuses épouses portant de grands chapeaux de gaze, nul ne savait encore ce que ces nouveaux venus venaient y chercher. Dotés de moyens autrefois réservés à Dieu, les Yankees modifièrent le régime des pluies, précipitèrent le cycle des récoltes et firent sortir la rivière du lit qu’elle occupait depuis toujours. Et pour qu’ils pussent trouver dans cet endroit toute la dignité due à de beaux et riches seigneurs, et qu’ils n’eussent pas à endurer la chaleur, l’insalubrité, les privations du village, ils s’en bâtirent un autre, avec des rues bordées de palmiers, avec des maisons aux fenêtres grillagées, aux piscines bleu-turquoise et aux pelouses pleines de cailles et de paons. Autour de ce paradis de rêve s’étendait, comme autour d’un poulailler, une clôture électrifiée, surprotégée par les rondes incessantes de Noirs armés de fusils et de chiens de garde. De l’autre côté, les campements où s’entassaient les milliers d’ouvriers de la compagnie bananière n’étaient que de minables abris à toit de palme, montés sur des pieux et sans murs où, la nuit, des nuées de moustiques achevaient la saignée des exploités. Pour ces ouvriers qui arrivaient sans maîtresses, les Yankees firent aménager des bordels encore plus vastes que le village, « et par un glorieux mercredi, ils firent venir tout un convoi d’inimaginables putains, femelles babyloniennes rompues à des procédés immémoriaux et pourvues de toutes sortes d’onguents et accessoires pour stimuler les désarmés, dégourdir les timides, assouvir les voraces » 3. La putasserie s’étendit à certaines familles natives, dont les filles finirent par se vendre au contremaître enjôleur pour quelques pesos.
- En espagnol « un callejón con un río en un extremo ».
- En espagnol « que han dejado de prestar servicio a la creación ».
- En espagnol « y un miércoles de gloria, llevaron un tren cargado de putas inverosímiles, hembras babilónicas adiestradas en recursos inmemoriales, y provistas de toda clase de ungüentos y dispositivos para estimular a los inermes, despabilar a los tímidos, saciar a los voraces ».
García Márquez, « La Mala Hora : roman »
Il s’agit de « La Mala Hora » de M. Gabriel García Márquez (XXe-XXIe siècle). Au point de départ des œuvres de M. García Márquez, il y a Macondo, ce village mythique de l’Amérique latine, qui ressemble bien à l’Aracataca réelle, sans l’être tout à fait — ce village qui, à l’origine, n’était qu’« une ruelle avec une rivière à l’une de ses extrémités » 1 et qui, suite à la fièvre bananière, aux puanteurs, à la voracité, à la corruption amenées par la United Fruit Company, se transforma en une de ces villes infâmes de Sodome et Gomorrhe « qui ont cessé de rendre service à la création » 2. Vers 1910, quand les Yankees y débarquèrent pour la première fois, avec leurs langoureuses épouses portant de grands chapeaux de gaze, nul ne savait encore ce que ces nouveaux venus venaient y chercher. Dotés de moyens autrefois réservés à Dieu, les Yankees modifièrent le régime des pluies, précipitèrent le cycle des récoltes et firent sortir la rivière du lit qu’elle occupait depuis toujours. Et pour qu’ils pussent trouver dans cet endroit toute la dignité due à de beaux et riches seigneurs, et qu’ils n’eussent pas à endurer la chaleur, l’insalubrité, les privations du village, ils s’en bâtirent un autre, avec des rues bordées de palmiers, avec des maisons aux fenêtres grillagées, aux piscines bleu-turquoise et aux pelouses pleines de cailles et de paons. Autour de ce paradis de rêve s’étendait, comme autour d’un poulailler, une clôture électrifiée, surprotégée par les rondes incessantes de Noirs armés de fusils et de chiens de garde. De l’autre côté, les campements où s’entassaient les milliers d’ouvriers de la compagnie bananière n’étaient que de minables abris à toit de palme, montés sur des pieux et sans murs où, la nuit, des nuées de moustiques achevaient la saignée des exploités. Pour ces ouvriers qui arrivaient sans maîtresses, les Yankees firent aménager des bordels encore plus vastes que le village, « et par un glorieux mercredi, ils firent venir tout un convoi d’inimaginables putains, femelles babyloniennes rompues à des procédés immémoriaux et pourvues de toutes sortes d’onguents et accessoires pour stimuler les désarmés, dégourdir les timides, assouvir les voraces » 3. La putasserie s’étendit à certaines familles natives, dont les filles finirent par se vendre au contremaître enjôleur pour quelques pesos.
- En espagnol « un callejón con un río en un extremo ».
- En espagnol « que han dejado de prestar servicio a la creación ».
- En espagnol « y un miércoles de gloria, llevaron un tren cargado de putas inverosímiles, hembras babilónicas adiestradas en recursos inmemoriales, y provistas de toda clase de ungüentos y dispositivos para estimular a los inermes, despabilar a los tímidos, saciar a los voraces ».
García Márquez, « L’Automne du patriarche : roman »
Il s’agit de « L’Automne du patriarche » (« El Otoño del patriarca ») de M. Gabriel García Márquez (XXe-XXIe siècle). Au point de départ des œuvres de M. García Márquez, il y a Macondo, ce village mythique de l’Amérique latine, qui ressemble bien à l’Aracataca réelle, sans l’être tout à fait — ce village qui, à l’origine, n’était qu’« une ruelle avec une rivière à l’une de ses extrémités » 1 et qui, suite à la fièvre bananière, aux puanteurs, à la voracité, à la corruption amenées par la United Fruit Company, se transforma en une de ces villes infâmes de Sodome et Gomorrhe « qui ont cessé de rendre service à la création » 2. Vers 1910, quand les Yankees y débarquèrent pour la première fois, avec leurs langoureuses épouses portant de grands chapeaux de gaze, nul ne savait encore ce que ces nouveaux venus venaient y chercher. Dotés de moyens autrefois réservés à Dieu, les Yankees modifièrent le régime des pluies, précipitèrent le cycle des récoltes et firent sortir la rivière du lit qu’elle occupait depuis toujours. Et pour qu’ils pussent trouver dans cet endroit toute la dignité due à de beaux et riches seigneurs, et qu’ils n’eussent pas à endurer la chaleur, l’insalubrité, les privations du village, ils s’en bâtirent un autre, avec des rues bordées de palmiers, avec des maisons aux fenêtres grillagées, aux piscines bleu-turquoise et aux pelouses pleines de cailles et de paons. Autour de ce paradis de rêve s’étendait, comme autour d’un poulailler, une clôture électrifiée, surprotégée par les rondes incessantes de Noirs armés de fusils et de chiens de garde. De l’autre côté, les campements où s’entassaient les milliers d’ouvriers de la compagnie bananière n’étaient que de minables abris à toit de palme, montés sur des pieux et sans murs où, la nuit, des nuées de moustiques achevaient la saignée des exploités. Pour ces ouvriers qui arrivaient sans maîtresses, les Yankees firent aménager des bordels encore plus vastes que le village, « et par un glorieux mercredi, ils firent venir tout un convoi d’inimaginables putains, femelles babyloniennes rompues à des procédés immémoriaux et pourvues de toutes sortes d’onguents et accessoires pour stimuler les désarmés, dégourdir les timides, assouvir les voraces » 3. La putasserie s’étendit à certaines familles natives, dont les filles finirent par se vendre au contremaître enjôleur pour quelques pesos.
- En espagnol « un callejón con un río en un extremo ».
- En espagnol « que han dejado de prestar servicio a la creación ».
- En espagnol « y un miércoles de gloria, llevaron un tren cargado de putas inverosímiles, hembras babilónicas adiestradas en recursos inmemoriales, y provistas de toda clase de ungüentos y dispositivos para estimular a los inermes, despabilar a los tímidos, saciar a los voraces ».