Il s’agit de la « Saga de Þórir-aux-poules » (« Hœnsna-Þóris Saga » 1) et autres sagas islandaises. Durant le siècle et demi de leur rédaction, entre les années 1200 et 1350 apr. J.-C., les sagas s’imposent par leur intensité dramatique, par leur style ramassé et presque bourru, par leur réalisme dur, tempéré d’héroïsme et d’exemples de vertu, comme la lecture favorite des hommes du Nord et comme le fleuron de l’art narratif européen. Le mot « saga » vient du verbe « segja » (« dire », « raconter »), qu’on retrouve dans toutes les langues du Nord : danois, « sige » ; suédois, « säga » ; allemand, « sagen » ; néerlandais, « zeggen » ; anglais, « say ». On aurait tort cependant d’attribuer à la Scandinavie entière la paternité de ce genre qui, à une ou deux exceptions près, est typiquement et exclusivement islandais. Il faut avouer que l’Islande est peu connue, en dehors de quelques spécialistes. Il n’est donc pas étonnant que le vulgaire regarde les habitants de cette île lointaine presque avec dédain. Il les considère comme des demi-barbares habillés de peaux de bêtes. Et puis, lorsqu’on vient lui dire que ces misérables sauvages nous ont donné l’ensemble des sagas et tout ce que nous lisons de plus ancien sur les civilisations nordiques, à telle enseigne que la vieille langue de ces civilisations est surnommée « le vieil islandais », cela lui paraît un paradoxe. Mais essayons de rétablir la vérité ! En 874 apr. J.-C. les Norvégiens prirent pied en Islande, où ils ne tardèrent pas à établir une république aristocratique. Quel était le nombre des premiers colons ? C’est ce que rien n’indique. On sait seulement que, parmi ceux qui y construisirent leur demeure, on comptait une majorité de familles nobles fuyant le despote Harald Ier 2, trop lasses de sa domination ou trop fières pour l’accepter : « Vers la fin de la vie de Ketill », dit une saga 3, « s’éleva la puissance du roi Harald à la Belle Chevelure, si bien qu’aucun [seigneur], non plus qu’aucun autre homme d’importance, ne prospérait dans le pays si le roi ne disposait à lui seul de [toutes les] prérogatives… Lorsque Ketill apprit que le roi Harald lui destinait le même lot qu’aux autres puissants hommes, [il dit à ses proches] : “J’ai des informations véridiques sur la haine que nous voue le roi Harald… ; j’ai l’impression que l’on nous donne à choisir entre deux choses : fuir le pays ou être tués chacun chez soi” ». Tous ceux qui ne voulaient pas courber la tête sous le sceptre du roi, s’en allaient à travers les flots chercher une heureuse « terre de glace » où il n’y avait encore ni autorité ni monarque ; où chaque chef de famille pouvait régner en liberté dans sa demeure, sans avoir peur du roi : « Il y avait là de bonnes terres, et il n’y avait pas besoin d’argent pour les acheter… ; on y prenait du saumon et d’autres poissons à longueur d’année », ajoute la même saga. Les émigrations devinrent en peu de temps si fréquentes et si nombreuses, que Harald Ier, craignant de voir la Norvège se dépeupler, imposa un tribut à tous ceux qui la quitteraient et parfois s’empara de leurs biens.
fiction
« Saga d’Oddr aux Flèches • Saga de Ketill le Saumon • Saga de Grímr à la Joue velue »
Il s’agit de la « Saga d’Oddr aux Flèches » (« Örvar-Odds Saga ») et autres sagas islandaises. Durant le siècle et demi de leur rédaction, entre les années 1200 et 1350 apr. J.-C., les sagas s’imposent par leur intensité dramatique, par leur style ramassé et presque bourru, par leur réalisme dur, tempéré d’héroïsme et d’exemples de vertu, comme la lecture favorite des hommes du Nord et comme le fleuron de l’art narratif européen. Le mot « saga » vient du verbe « segja » (« dire », « raconter »), qu’on retrouve dans toutes les langues du Nord : danois, « sige » ; suédois, « säga » ; allemand, « sagen » ; néerlandais, « zeggen » ; anglais, « say ». On aurait tort cependant d’attribuer à la Scandinavie entière la paternité de ce genre qui, à une ou deux exceptions près, est typiquement et exclusivement islandais. Il faut avouer que l’Islande est peu connue, en dehors de quelques spécialistes. Il n’est donc pas étonnant que le vulgaire regarde les habitants de cette île lointaine presque avec dédain. Il les considère comme des demi-barbares habillés de peaux de bêtes. Et puis, lorsqu’on vient lui dire que ces misérables sauvages nous ont donné l’ensemble des sagas et tout ce que nous lisons de plus ancien sur les civilisations nordiques, à telle enseigne que la vieille langue de ces civilisations est surnommée « le vieil islandais », cela lui paraît un paradoxe. Mais essayons de rétablir la vérité ! En 874 apr. J.-C. les Norvégiens prirent pied en Islande, où ils ne tardèrent pas à établir une république aristocratique. Quel était le nombre des premiers colons ? C’est ce que rien n’indique. On sait seulement que, parmi ceux qui y construisirent leur demeure, on comptait une majorité de familles nobles fuyant le despote Harald Ier 1, trop lasses de sa domination ou trop fières pour l’accepter : « Vers la fin de la vie de Ketill », dit une saga 2, « s’éleva la puissance du roi Harald à la Belle Chevelure, si bien qu’aucun [seigneur], non plus qu’aucun autre homme d’importance, ne prospérait dans le pays si le roi ne disposait à lui seul de [toutes les] prérogatives… Lorsque Ketill apprit que le roi Harald lui destinait le même lot qu’aux autres puissants hommes, [il dit à ses proches] : “J’ai des informations véridiques sur la haine que nous voue le roi Harald… ; j’ai l’impression que l’on nous donne à choisir entre deux choses : fuir le pays ou être tués chacun chez soi” ». Tous ceux qui ne voulaient pas courber la tête sous le sceptre du roi, s’en allaient à travers les flots chercher une heureuse « terre de glace » où il n’y avait encore ni autorité ni monarque ; où chaque chef de famille pouvait régner en liberté dans sa demeure, sans avoir peur du roi : « Il y avait là de bonnes terres, et il n’y avait pas besoin d’argent pour les acheter… ; on y prenait du saumon et d’autres poissons à longueur d’année », ajoute la même saga. Les émigrations devinrent en peu de temps si fréquentes et si nombreuses, que Harald Ier, craignant de voir la Norvège se dépeupler, imposa un tribut à tous ceux qui la quitteraient et parfois s’empara de leurs biens.
« Sagas islandaises »
Il s’agit de la « Saga d’Eiríkr le Rouge » (« Eiríks Saga rauða ») et autres sagas islandaises. Durant le siècle et demi de leur rédaction, entre les années 1200 et 1350 apr. J.-C., les sagas s’imposent par leur intensité dramatique, par leur style ramassé et presque bourru, par leur réalisme dur, tempéré d’héroïsme et d’exemples de vertu, comme la lecture favorite des hommes du Nord et comme le fleuron de l’art narratif européen. Le mot « saga » vient du verbe « segja » (« dire », « raconter »), qu’on retrouve dans toutes les langues du Nord : danois, « sige » ; suédois, « säga » ; allemand, « sagen » ; néerlandais, « zeggen » ; anglais, « say ». On aurait tort cependant d’attribuer à la Scandinavie entière la paternité de ce genre qui, à une ou deux exceptions près, est typiquement et exclusivement islandais. Il faut avouer que l’Islande est peu connue, en dehors de quelques spécialistes. Il n’est donc pas étonnant que le vulgaire regarde les habitants de cette île lointaine presque avec dédain. Il les considère comme des demi-barbares habillés de peaux de bêtes. Et puis, lorsqu’on vient lui dire que ces misérables sauvages nous ont donné l’ensemble des sagas et tout ce que nous lisons de plus ancien sur les civilisations nordiques, à telle enseigne que la vieille langue de ces civilisations est surnommée « le vieil islandais », cela lui paraît un paradoxe. Mais essayons de rétablir la vérité ! En 874 apr. J.-C. les Norvégiens prirent pied en Islande, où ils ne tardèrent pas à établir une république aristocratique. Quel était le nombre des premiers colons ? C’est ce que rien n’indique. On sait seulement que, parmi ceux qui y construisirent leur demeure, on comptait une majorité de familles nobles fuyant le despote Harald Ier 1, trop lasses de sa domination ou trop fières pour l’accepter : « Vers la fin de la vie de Ketill », dit une saga 2, « s’éleva la puissance du roi Harald à la Belle Chevelure, si bien qu’aucun [seigneur], non plus qu’aucun autre homme d’importance, ne prospérait dans le pays si le roi ne disposait à lui seul de [toutes les] prérogatives… Lorsque Ketill apprit que le roi Harald lui destinait le même lot qu’aux autres puissants hommes, [il dit à ses proches] : “J’ai des informations véridiques sur la haine que nous voue le roi Harald… ; j’ai l’impression que l’on nous donne à choisir entre deux choses : fuir le pays ou être tués chacun chez soi” ». Tous ceux qui ne voulaient pas courber la tête sous le sceptre du roi, s’en allaient à travers les flots chercher une heureuse « terre de glace » où il n’y avait encore ni autorité ni monarque ; où chaque chef de famille pouvait régner en liberté dans sa demeure, sans avoir peur du roi : « Il y avait là de bonnes terres, et il n’y avait pas besoin d’argent pour les acheter… ; on y prenait du saumon et d’autres poissons à longueur d’année », ajoute la même saga. Les émigrations devinrent en peu de temps si fréquentes et si nombreuses, que Harald Ier, craignant de voir la Norvège se dépeupler, imposa un tribut à tous ceux qui la quitteraient et parfois s’empara de leurs biens.
Akutagawa, « Jambes de cheval »
Il s’agit de « Jambes de cheval » (« Uma no ashi » 1) et autres nouvelles d’Akutagawa Ryûnosuke 2. L’œuvre de cet écrivain, discrètement intellectuelle, teintée d’une ironie insouciante, cache assez mal, sous une apparence légère et élégante, quelque chose de nerveux, d’obsédant, un sourd malaise, une « vague inquiétude » (« bonyari-shita fuan » 3), selon les mots mêmes par lesquels Akutagawa tiendra à définir le motif de son suicide. Pourtant, de tous les écrivains japonais, nul n’était mieux disposé qu’Akutagawa à trouver refuge dans l’art. Il se décrivait comme avide de lecture, juché sur l’échelle d’une librairie, toisant de là-haut les passants qui lui paraissaient étrangement petits et aussi tellement misérables : « La vie humaine ne vaut pas même une ligne de Baudelaire ! », disait-il 4. Très tôt, il avait compris que rien de séduisant ne se fait sans qu’y collabore une douleur. L’œuvre d’art, plutôt qu’à la pierre précieuse, se compare à la flamme qui a besoin d’un aliment vivant. Et Akutagawa mit son honneur à s’en faire la victime volontaire. Comme il écrira dans la « Lettre adressée à un vieil ami » (« Aru kyûyû e okuru shuki » 5) immédiatement avant sa mort : « Dans cet état extrême où je suis, la nature me semble plus émouvante que jamais. Peut-être riras-tu de la contradiction dans laquelle je me trouve, moi qui, tout en aimant la beauté de la nature, décide de me supprimer. Mais la nature est belle parce qu’elle se reflète dans mon ultime regard… » Et Yasunari Kawabata de commenter : « Le plus souvent maladif et affaibli, [l’artiste] s’enflamme au dernier moment avant de s’éteindre tout à fait. C’est quelque chose de tragique en soi » 6. Le moins qu’on puisse en dire, c’est que c’est justement ce « quelque chose de tragique » qui exerce sa puissante fascination sur l’âme et sur l’imaginaire des lecteurs d’Akutagawa. « Ces derniers sentent que leurs préoccupations profondes — ou plutôt… “existentielles” — se trouvent saisies et partagées par l’auteur qui, en les précisant et en les amplifiant jusqu’à une sorte de hantise, les projette sur un fond imprégné d’un “spleen” qui lui est particulier », dit M. Arimasa Mori
- En japonais « 馬の脚 ».
- En japonais 芥川龍之介. Autrefois transcrit Riunoské Akutagawa, Akoutagawa Ryunosouké, Akoutagaoua Ryounosouké ou Akoutagava Ryounosouke.
- En japonais « ぼんやりした不安 ».
- En japonais « 人生は一行のボオドレエルにも若かない ».
- En japonais « 或旧友へ送る手記 ».
- « Romans et Nouvelles », p. 26.
Muqbal, « Hir et Ranjhan : légende du Penjab »
Il s’agit de l’« Histoire de Hîr et de Rânjhâ » (« Qissa Hîr-Rânjhâ » 1, ou plus simplement « Hîr-Rânjhâ » 2) dans la version de Muqbal 3. C’est pendant le siècle et demi entre la mort du dernier grand Moghol (en l’an 1707) et l’annexion du Pendjab à la couronne britannique (en l’an 1849) que le poème narratif pendjabi a atteint son apogée. L’on appelle ce genre de poème « qissa » (« histoire »). Tirée le plus souvent de quelque légende amoureuse et tragique, la « qissa » a résulté de la rencontre de deux traditions : l’une, celle purement indienne des légendes mythologiques ; l’autre, celle des romans en vers persans, dont l’influence sur la langue et la littérature pendjabis a été considérable. De toutes les « qissas », la plus chère au cœur des Pendjabis, c’est l’« Histoire de Hîr et de Rânjhâ ». La version de Waris Shah, qui se distingue de celles de Damodar et de Muqbal par ses nombreuses péripéties, peut être résumée ainsi : Il était une fois un chef de village qui avait huit fils, dont le cadet, Rânjhâ, était son préféré ; mais il n’avait pas encore rendu son dernier soupir, que ses fils s’arrangèrent pour dépouiller Rânjhâ de l’héritage et lui faire quitter le pays, avec sa seule flûte sous le bras. Le jeune homme se mit en route, le cœur affligé, et arriva à la rivière Chenab. Il y vit un bac et pria le passeur de bien vouloir le faire traverser. Séduites par sa beauté, les deux épouses du passeur convainquirent ce dernier de le laisser monter à bord. Rânjhâ y trouva un beau lit déjà fait, et s’étant couché, il sombra bientôt dans un profond sommeil. Il en fut tiré par un grand tumulte autour de lui : Hîr, la fille d’un riche propriétaire, arrivée au bac avec ses soixante compagnes, était en train de réprimander le nautonier pour avoir laissé un étranger souiller son lit ; mais à peine Rânjhâ eut-il ouvert les yeux, que la colère de Hîr s’évanouit, et qu’elle s’éprit éperdument de lui. Malgré l’interdiction du père de Hîr, les deux jeunes gens n’auront désormais rien en eux qui ne soit consacré à l’amour. L’« Histoire de Hîr et de Rânjhâ » continue d’être populaire jusqu’à nos jours dans les campagnes du Pendjab, qui ont à peine changé de visage. Les Mirasis ou les Bhats, races de colporteurs et de musiciens ambulants, chantent toujours ce poème familier, comme les rhapsodes de la Grèce chantaient « L’Iliade » : « Lorsque les laboureurs se rassemblent sur la “dara” (la “place du village”) à la fin d’une longue journée de travail, on est frappé de voir combien ils sont désireux d’entendre “Hîr et Rânjhâ” pour apaiser et délasser leur esprit fatigué. Un homme qui sait bien réciter cette histoire est toujours très demandé. La popularité de ce poème ne se borne pas aux villages. Les citadins [l’]écoutent avec un égal ravissement à la radio » 4.
Waris Shah, « Hīr : poème panjabi du XVIIIe siècle. Tome I »
Il s’agit de l’« Histoire de Hîr et de Rânjhâ » (« Qissa Hîr-Rânjhâ » 1, ou plus simplement « Hîr-Rânjhâ » 2) dans la version de Waris Shah 3. C’est pendant le siècle et demi entre la mort du dernier grand Moghol (en l’an 1707) et l’annexion du Pendjab à la couronne britannique (en l’an 1849) que le poème narratif pendjabi a atteint son apogée. L’on appelle ce genre de poème « qissa » (« histoire »). Tirée le plus souvent de quelque légende amoureuse et tragique, la « qissa » a résulté de la rencontre de deux traditions : l’une, celle purement indienne des légendes mythologiques ; l’autre, celle des romans en vers persans, dont l’influence sur la langue et la littérature pendjabis a été considérable. De toutes les « qissas », la plus chère au cœur des Pendjabis, c’est l’« Histoire de Hîr et de Rânjhâ ». La version de Waris Shah, qui se distingue de celles de Damodar et de Muqbal par ses nombreuses péripéties, peut être résumée ainsi : Il était une fois un chef de village qui avait huit fils, dont le cadet, Rânjhâ, était son préféré ; mais il n’avait pas encore rendu son dernier soupir, que ses fils s’arrangèrent pour dépouiller Rânjhâ de l’héritage et lui faire quitter le pays, avec sa seule flûte sous le bras. Le jeune homme se mit en route, le cœur affligé, et arriva à la rivière Chenab. Il y vit un bac et pria le passeur de bien vouloir le faire traverser. Séduites par sa beauté, les deux épouses du passeur convainquirent ce dernier de le laisser monter à bord. Rânjhâ y trouva un beau lit déjà fait, et s’étant couché, il sombra bientôt dans un profond sommeil. Il en fut tiré par un grand tumulte autour de lui : Hîr, la fille d’un riche propriétaire, arrivée au bac avec ses soixante compagnes, était en train de réprimander le nautonier pour avoir laissé un étranger souiller son lit ; mais à peine Rânjhâ eut-il ouvert les yeux, que la colère de Hîr s’évanouit, et qu’elle s’éprit éperdument de lui. Malgré l’interdiction du père de Hîr, les deux jeunes gens n’auront désormais rien en eux qui ne soit consacré à l’amour. L’« Histoire de Hîr et de Rânjhâ » continue d’être populaire jusqu’à nos jours dans les campagnes du Pendjab, qui ont à peine changé de visage. Les Mirasis ou les Bhats, races de colporteurs et de musiciens ambulants, chantent toujours ce poème familier, comme les rhapsodes de la Grèce chantaient « L’Iliade » : « Lorsque les laboureurs se rassemblent sur la “dara” (la “place du village”) à la fin d’une longue journée de travail, on est frappé de voir combien ils sont désireux d’entendre “Hîr et Rânjhâ” pour apaiser et délasser leur esprit fatigué. Un homme qui sait bien réciter cette histoire est toujours très demandé. La popularité de ce poème ne se borne pas aux villages. Les citadins [l’]écoutent avec un égal ravissement à la radio » 4.
Lucien, « Œuvres. Tome VI »
Il s’agit des « Dialogues des courtisanes » (« Hetairikoi Dialogoi » 1) et autres œuvres de Lucien de Samosate 2, auteur d’expression grecque qui n’épargna dans ses satires enjouées ni les dieux ni les hommes. « Je suis né en Syrie, sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays ? J’en sais, parmi mes adversaires, qui ne sont pas moins barbares que moi… Mon accent étranger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon droit de mon côté », dit-il dans « Les Philosophes ressuscités, ou le Pêcheur » 3. Les parents de Lucien étaient pauvres et d’humble condition. Ils le destinèrent dès le départ au métier de sculpteur et mirent en apprentissage chez son oncle, qui était statuaire. Mais son initiation ne fut pas heureuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dégrossir, et son oncle, homme d’un caractère emporté, l’en punit sévèrement. Il n’en fallut pas davantage pour dégoûter sans retour le jeune apprenti, dont le génie et les sentiments étaient au-dessus d’un métier manuel. Il prit dès lors la décision de ne plus remettre les pieds dans un atelier et se livra tout entier à l’étude des lettres. Il raconte lui-même cette anecdote de jeunesse, de la manière la plus sympathique, dans un écrit qu’il composa longtemps après et intitulé « Le Songe de Lucien » 4. Il y suppose qu’en rentrant à la maison, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, accablé de fatigue et de tristesse. Il voit dans son sommeil les divinités tutélaires de la Sculpture et de l’Instruction. Chacune d’elles fait l’éloge de son art : « Si tu veux me suivre, je te rendrai, pour ainsi dire, le contemporain de tous les génies sublimes qui ont existé… en te faisant connaître les immortels ouvrages des grands écrivains et les belles actions des anciens héros… Je te promets, [à toi] aussi, un rang distingué parmi ce petit nombre d’hommes fortunés qui ont obtenu l’immortalité. Et lors même que tu auras cessé de vivre, les savants aimeront encore s’entretenir avec toi dans tes écrits » 5. On devine quelle divinité plaide ainsi et finit par l’emporter. Aussi, dans « La Double Accusation », ce Syrien remercie-t-il l’Instruction de l’avoir « élevé » et « introduit parmi les Grecs », alors qu’« il n’était encore qu’un jeune étourdi [parlant] un langage barbare » et portant une vilaine robe orientale 6.
Lucien, « Œuvres. Tome V »
Il s’agit de l’« Apologie des portraits » (« Hyper tôn eikonôn » 1) et autres œuvres de Lucien de Samosate 2, auteur d’expression grecque qui n’épargna dans ses satires enjouées ni les dieux ni les hommes. « Je suis né en Syrie, sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays ? J’en sais, parmi mes adversaires, qui ne sont pas moins barbares que moi… Mon accent étranger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon droit de mon côté », dit-il dans « Les Philosophes ressuscités, ou le Pêcheur » 3. Les parents de Lucien étaient pauvres et d’humble condition. Ils le destinèrent dès le départ au métier de sculpteur et mirent en apprentissage chez son oncle, qui était statuaire. Mais son initiation ne fut pas heureuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dégrossir, et son oncle, homme d’un caractère emporté, l’en punit sévèrement. Il n’en fallut pas davantage pour dégoûter sans retour le jeune apprenti, dont le génie et les sentiments étaient au-dessus d’un métier manuel. Il prit dès lors la décision de ne plus remettre les pieds dans un atelier et se livra tout entier à l’étude des lettres. Il raconte lui-même cette anecdote de jeunesse, de la manière la plus sympathique, dans un écrit qu’il composa longtemps après et intitulé « Le Songe de Lucien » 4. Il y suppose qu’en rentrant à la maison, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, accablé de fatigue et de tristesse. Il voit dans son sommeil les divinités tutélaires de la Sculpture et de l’Instruction. Chacune d’elles fait l’éloge de son art : « Si tu veux me suivre, je te rendrai, pour ainsi dire, le contemporain de tous les génies sublimes qui ont existé… en te faisant connaître les immortels ouvrages des grands écrivains et les belles actions des anciens héros… Je te promets, [à toi] aussi, un rang distingué parmi ce petit nombre d’hommes fortunés qui ont obtenu l’immortalité. Et lors même que tu auras cessé de vivre, les savants aimeront encore s’entretenir avec toi dans tes écrits » 5. On devine quelle divinité plaide ainsi et finit par l’emporter. Aussi, dans « La Double Accusation », ce Syrien remercie-t-il l’Instruction de l’avoir « élevé » et « introduit parmi les Grecs », alors qu’« il n’était encore qu’un jeune étourdi [parlant] un langage barbare » et portant une vilaine robe orientale 6.
Lucien, « Œuvres. Tome IV »
Il s’agit d’« Alexandre, ou le Faux Prophète » (« Alexandros, ê Pseudomantis » 1) et autres œuvres de Lucien de Samosate 2, auteur d’expression grecque qui n’épargna dans ses satires enjouées ni les dieux ni les hommes. « Je suis né en Syrie, sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays ? J’en sais, parmi mes adversaires, qui ne sont pas moins barbares que moi… Mon accent étranger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon droit de mon côté », dit-il dans « Les Philosophes ressuscités, ou le Pêcheur » 3. Les parents de Lucien étaient pauvres et d’humble condition. Ils le destinèrent dès le départ au métier de sculpteur et mirent en apprentissage chez son oncle, qui était statuaire. Mais son initiation ne fut pas heureuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dégrossir, et son oncle, homme d’un caractère emporté, l’en punit sévèrement. Il n’en fallut pas davantage pour dégoûter sans retour le jeune apprenti, dont le génie et les sentiments étaient au-dessus d’un métier manuel. Il prit dès lors la décision de ne plus remettre les pieds dans un atelier et se livra tout entier à l’étude des lettres. Il raconte lui-même cette anecdote de jeunesse, de la manière la plus sympathique, dans un écrit qu’il composa longtemps après et intitulé « Le Songe de Lucien » 4. Il y suppose qu’en rentrant à la maison, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, accablé de fatigue et de tristesse. Il voit dans son sommeil les divinités tutélaires de la Sculpture et de l’Instruction. Chacune d’elles fait l’éloge de son art : « Si tu veux me suivre, je te rendrai, pour ainsi dire, le contemporain de tous les génies sublimes qui ont existé… en te faisant connaître les immortels ouvrages des grands écrivains et les belles actions des anciens héros… Je te promets, [à toi] aussi, un rang distingué parmi ce petit nombre d’hommes fortunés qui ont obtenu l’immortalité. Et lors même que tu auras cessé de vivre, les savants aimeront encore s’entretenir avec toi dans tes écrits » 5. On devine quelle divinité plaide ainsi et finit par l’emporter. Aussi, dans « La Double Accusation », ce Syrien remercie-t-il l’Instruction de l’avoir « élevé » et « introduit parmi les Grecs », alors qu’« il n’était encore qu’un jeune étourdi [parlant] un langage barbare » et portant une vilaine robe orientale 6.
Lucien, « Œuvres. Tome III »
Il s’agit de « Prométhée, ou le Caucase » (« Promêtheus, ê Kaukasos » 1) et autres œuvres de Lucien de Samosate 2, auteur d’expression grecque qui n’épargna dans ses satires enjouées ni les dieux ni les hommes. « Je suis né en Syrie, sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays ? J’en sais, parmi mes adversaires, qui ne sont pas moins barbares que moi… Mon accent étranger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon droit de mon côté », dit-il dans « Les Philosophes ressuscités, ou le Pêcheur » 3. Les parents de Lucien étaient pauvres et d’humble condition. Ils le destinèrent dès le départ au métier de sculpteur et mirent en apprentissage chez son oncle, qui était statuaire. Mais son initiation ne fut pas heureuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dégrossir, et son oncle, homme d’un caractère emporté, l’en punit sévèrement. Il n’en fallut pas davantage pour dégoûter sans retour le jeune apprenti, dont le génie et les sentiments étaient au-dessus d’un métier manuel. Il prit dès lors la décision de ne plus remettre les pieds dans un atelier et se livra tout entier à l’étude des lettres. Il raconte lui-même cette anecdote de jeunesse, de la manière la plus sympathique, dans un écrit qu’il composa longtemps après et intitulé « Le Songe de Lucien » 4. Il y suppose qu’en rentrant à la maison, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, accablé de fatigue et de tristesse. Il voit dans son sommeil les divinités tutélaires de la Sculpture et de l’Instruction. Chacune d’elles fait l’éloge de son art : « Si tu veux me suivre, je te rendrai, pour ainsi dire, le contemporain de tous les génies sublimes qui ont existé… en te faisant connaître les immortels ouvrages des grands écrivains et les belles actions des anciens héros… Je te promets, [à toi] aussi, un rang distingué parmi ce petit nombre d’hommes fortunés qui ont obtenu l’immortalité. Et lors même que tu auras cessé de vivre, les savants aimeront encore s’entretenir avec toi dans tes écrits » 5. On devine quelle divinité plaide ainsi et finit par l’emporter. Aussi, dans « La Double Accusation », ce Syrien remercie-t-il l’Instruction de l’avoir « élevé » et « introduit parmi les Grecs », alors qu’« il n’était encore qu’un jeune étourdi [parlant] un langage barbare » et portant une vilaine robe orientale 6.
Lucien, « Œuvres. Tome II »
Il s’agit des « Philosophes à l’encan » (« Biôn Prasis » 1, littéralement « La Vente des vies ») et autres œuvres de Lucien de Samosate 2, auteur d’expression grecque qui n’épargna dans ses satires enjouées ni les dieux ni les hommes. « Je suis né en Syrie, sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays ? J’en sais, parmi mes adversaires, qui ne sont pas moins barbares que moi… Mon accent étranger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon droit de mon côté », dit-il dans « Les Philosophes ressuscités, ou le Pêcheur » 3. Les parents de Lucien étaient pauvres et d’humble condition. Ils le destinèrent dès le départ au métier de sculpteur et mirent en apprentissage chez son oncle, qui était statuaire. Mais son initiation ne fut pas heureuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dégrossir, et son oncle, homme d’un caractère emporté, l’en punit sévèrement. Il n’en fallut pas davantage pour dégoûter sans retour le jeune apprenti, dont le génie et les sentiments étaient au-dessus d’un métier manuel. Il prit dès lors la décision de ne plus remettre les pieds dans un atelier et se livra tout entier à l’étude des lettres. Il raconte lui-même cette anecdote de jeunesse, de la manière la plus sympathique, dans un écrit qu’il composa longtemps après et intitulé « Le Songe de Lucien » 4. Il y suppose qu’en rentrant à la maison, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, accablé de fatigue et de tristesse. Il voit dans son sommeil les divinités tutélaires de la Sculpture et de l’Instruction. Chacune d’elles fait l’éloge de son art : « Si tu veux me suivre, je te rendrai, pour ainsi dire, le contemporain de tous les génies sublimes qui ont existé… en te faisant connaître les immortels ouvrages des grands écrivains et les belles actions des anciens héros… Je te promets, [à toi] aussi, un rang distingué parmi ce petit nombre d’hommes fortunés qui ont obtenu l’immortalité. Et lors même que tu auras cessé de vivre, les savants aimeront encore s’entretenir avec toi dans tes écrits » 5. On devine quelle divinité plaide ainsi et finit par l’emporter. Aussi, dans « La Double Accusation », ce Syrien remercie-t-il l’Instruction de l’avoir « élevé » et « introduit parmi les Grecs », alors qu’« il n’était encore qu’un jeune étourdi [parlant] un langage barbare » et portant une vilaine robe orientale 6.
Lucien, « Œuvres. Tome I »
Il s’agit du « Passage de la barque, ou le Tyran » (« Kataplous, ê Tyrannos » 1) et autres œuvres de Lucien de Samosate 2, auteur d’expression grecque qui n’épargna dans ses satires enjouées ni les dieux ni les hommes. « Je suis né en Syrie, sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays ? J’en sais, parmi mes adversaires, qui ne sont pas moins barbares que moi… Mon accent étranger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon droit de mon côté », dit-il dans « Les Philosophes ressuscités, ou le Pêcheur » 3. Les parents de Lucien étaient pauvres et d’humble condition. Ils le destinèrent dès le départ au métier de sculpteur et mirent en apprentissage chez son oncle, qui était statuaire. Mais son initiation ne fut pas heureuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dégrossir, et son oncle, homme d’un caractère emporté, l’en punit sévèrement. Il n’en fallut pas davantage pour dégoûter sans retour le jeune apprenti, dont le génie et les sentiments étaient au-dessus d’un métier manuel. Il prit dès lors la décision de ne plus remettre les pieds dans un atelier et se livra tout entier à l’étude des lettres. Il raconte lui-même cette anecdote de jeunesse, de la manière la plus sympathique, dans un écrit qu’il composa longtemps après et intitulé « Le Songe de Lucien » 4. Il y suppose qu’en rentrant à la maison, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, accablé de fatigue et de tristesse. Il voit dans son sommeil les divinités tutélaires de la Sculpture et de l’Instruction. Chacune d’elles fait l’éloge de son art : « Si tu veux me suivre, je te rendrai, pour ainsi dire, le contemporain de tous les génies sublimes qui ont existé… en te faisant connaître les immortels ouvrages des grands écrivains et les belles actions des anciens héros… Je te promets, [à toi] aussi, un rang distingué parmi ce petit nombre d’hommes fortunés qui ont obtenu l’immortalité. Et lors même que tu auras cessé de vivre, les savants aimeront encore s’entretenir avec toi dans tes écrits » 5. On devine quelle divinité plaide ainsi et finit par l’emporter. Aussi, dans « La Double Accusation », ce Syrien remercie-t-il l’Instruction de l’avoir « élevé » et « introduit parmi les Grecs », alors qu’« il n’était encore qu’un jeune étourdi [parlant] un langage barbare » et portant une vilaine robe orientale 6.
Parthénios, « Aventures d’amour »
Il s’agit des « Aventures d’amour » (« Peri erôtikôn pathêmatôn » 1) de Parthénios de Nicée 2, poète grec (Ier siècle av. J.-C.). Les guerres des Romains contre le roi Mithridate décidèrent de toute son existence. Il fut fait prisonnier, probablement en 73 av. J.-C. lorsque sa ville natale de Nicée tomba au pouvoir des lieutenants de Lucullus. Il fut amené à Rome, où il obtint finalement la liberté en considération de son talent et de son érudition. Il fut lié avec Cornélius Gallus et connut Virgile, qui traduisit un de ses vers dans les « Géorgiques ». Plusieurs de ses poésies, aujourd’hui perdues, portaient sur la mythologie : « Aphrodite », « Métamorphoses », etc. ; d’autres se rapportaient à sa vie privée. L’encyclopédie Souda mentionne un poème funèbre (« epikêdeion » 3) et trois livres d’élégies qu’il fit pour honorer la mémoire de sa femme Arété. « [Ce] nom d’Arété indique suffisamment l’origine grecque de celle qu’il avait épousée ; éloigné de sa patrie, il avait voulu du moins en retrouver les mœurs et le langage dans sa famille », explique Maurice Croiset 4. Il ne nous est parvenu qu’un seul de ses ouvrages : « Aventures d’amour ». C’est un mince volume en prose ; un résumé de trente-six légendes relatives à l’amour, qui aboutissent le plus souvent à des dénouements tragiques. Les trahisons, les passions incestueuses, les catastrophes sanglantes y abondent. À mesure que Parthénios rencontrait, dans ses lectures, quelque histoire qui lui paraissait convenir à son recueil, il la notait. Il voulait, ce faisant, fournir des sujets d’élégies à Cornélius Gallus : « J’ai pensé, mon cher Gallus », dit-il dans sa préface 5, « que les “Aventures d’amour” ne pouvaient manquer de vous plaire, et je vous les envoie réunies en extraits fort courts… C’est en quelque sorte une collection de souvenirs que j’ai formée, et j’espère qu’elle ne vous sera pas inutile. » Ce genre de service était, du reste, conforme aux usages du temps, comme l’explique Croiset 6 : « Les historiens et les poètes latins qui voulaient s’épargner de trop longues recherches empruntaient l’érudition d’un grammairien officieux ; celui-ci leur fournissait des notes qu’ils se réservaient de mettre en œuvre… Il n’est pas surprenant que Parthénios ait voulu rendre le même office à Cornélius Gallus, si l’on songe an caractère artificiel qu’avait alors la [poésie] latine et à la grande place qu’y occupait la mythologie ». Dans l’histoire d’un genre illustré par des noms célèbres, Parthénios servit ainsi d’intermédiaire entre la longue série des poètes élégiaques grecs qui se termina avec lui, et celle des poètes élégiaques de Rome qui ne fit que commencer avec Cornélius Gallus. Accordons-lui donc ce rôle, sans juger de son talent, puisque ses poésies nous font défaut.