Il s’agit de Joseph Joubert, un des plus grands stylistes français (XVIIIe-XIXe siècle). Cet homme singulier ne publia rien de son vivant, tant il tenait peu à la gloire, et ne fit rien d’autre, littéralement parlant, pendant toute sa vie, que de travailler à ses « Pensées », écrivant, raturant, ajoutant, retranchant et n’en finissant jamais. À sa mort en 1824, il laissait derrière lui deux cent cinq carnets, complétés par soixante liasses de papiers où se mêlaient, dans une grande confusion, des notes, des bribes d’essais, des brouillons de lettres. Ce n’est que bien des années plus tard que Jean-Baptiste-Michel Duchesne, neveu de Joubert, en fit un mince recueil, qu’il remit à l’illustre Chateaubriand, lequel se chargea de le préfacer et d’y mettre un peu d’ordre. Duchesne fit donc seul le choix de cette première édition des « Pensées », écartant celles qui étaient difficilement déchiffrables, retouchant celles qui lui semblaient trop longues ou trop courtes. Bien qu’ami des lettres, il n’avait pas un esprit assez exercé pour que ce choix fût satisfaisant, et il est dommage que sur la recommandation du nom de Chateaubriand on se soit habitué, pendant longtemps, à juger Joubert sur une édition qui, étant incomplète et fautive, ne le montre pas dans toute sa splendeur littéraire et philosophique. Mais qui est donc Joubert ? Quel est cet inconnu, cet anonyme, cet inédit qui s’était fait de la perfection une certaine idée qui l’empêchait de rien achever ? Voici comment Sainte-Beuve répond à cette question : « Ce fut un de ces heureux esprits qui passent leur vie à penser ; à converser avec leurs amis ; à songer dans la solitude ; à méditer quelque grand ouvrage qu’ils n’accompliront jamais, et qui ne nous arrive qu’en fragments ». Sur l’un de ses carnets, Joubert écrivait 1 : « Je suis comme Montaigne impropre au discours continu ». On peut y lire un aveu d’impuissance ; on peut y lire aussi la marque d’une esthétique chez cet homme qui se disait avare « de [son] encre » 2, et qui ne voulait « [se] donner la peine d’exprimer, avec soin, que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain » 3. Pensant pour la seule volupté de penser, pensant patiemment, il attendait, pour coucher un mot, que la goutte d’encre qui devait tomber de sa plume se changeât en « goutte de lumière » 4, « tourmenté » qu’il était « par la maudite ambition de mettre toujours tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase et cette phrase dans un mot » 5.
19ᵉ siècle
Humbert, « Le Japon illustré. Tome II »
Il s’agit de la relation « Le Japon illustré » d’Aimé Humbert 1, diplomate francophone (XIXe siècle). Dès les premiers contacts qu’ils eurent avec les marchands ou missionnaires occidentaux, à partir de 1543 apr. J.-C., les Japonais s’intéressèrent à nos inventions et se mirent notamment à construire des « horloges mécaniques » (« wadokei » 2) qui, bien que procédant des mêmes principes que les nôtres, montraient une originalité indéniable. Après que l’Empire du Soleil levant se fut, à partir de 1641 apr. J.-C., fermé aux étrangers (période Sakoku), des objets d’horlogerie continuèrent cependant à être importés. Un certain nombre de montres suisses de luxe pénétrèrent au Japon par la Chine dès la fin du XVIIIe siècle, sinon avant. La preuve en est dans celles, signées de noms d’horlogers helvétiques, que l’on y a retrouvées plus tard. Ce n’est toutefois qu’aux derniers jours du shôgunat (période Bakumatsu) dans les années 1850 et 1860 que les importations de montres s’organisèrent vraiment. À la signature des premiers traités nippo-suisses, le Conseil fédéral de la Confédération désigna l’Allemand Rodolphe Lindau, agent de l’Union horlogère 3, et le Neuchâtelois, Aimé Humbert, président de cette Union, pour se rendre en mission au Japon ; et ce, dans le but de ne plus dépendre des compagnies intermédiaires qui contrôlaient les marchés de l’Asie. Les ambassades politiques et commerciales de ces deux hommes permirent de recueillir, sur une nation trop peu connue encore, mais de plus en plus mêlée aux intérêts mondiaux, de nombreux témoignages, estampes, photographies, encyclopédies illustrées, etc. Ce sont ces documents qui, joints à des souvenirs personnels, servirent de base aux relations de voyage que Lindau et Humbert firent paraître en 1864 et 1870.
Humbert, « Le Japon illustré. Tome I »
Il s’agit de la relation « Le Japon illustré » d’Aimé Humbert 1, diplomate francophone (XIXe siècle). Dès les premiers contacts qu’ils eurent avec les marchands ou missionnaires occidentaux, à partir de 1543 apr. J.-C., les Japonais s’intéressèrent à nos inventions et se mirent notamment à construire des « horloges mécaniques » (« wadokei » 2) qui, bien que procédant des mêmes principes que les nôtres, montraient une originalité indéniable. Après que l’Empire du Soleil levant se fut, à partir de 1641 apr. J.-C., fermé aux étrangers (période Sakoku), des objets d’horlogerie continuèrent cependant à être importés. Un certain nombre de montres suisses de luxe pénétrèrent au Japon par la Chine dès la fin du XVIIIe siècle, sinon avant. La preuve en est dans celles, signées de noms d’horlogers helvétiques, que l’on y a retrouvées plus tard. Ce n’est toutefois qu’aux derniers jours du shôgunat (période Bakumatsu) dans les années 1850 et 1860 que les importations de montres s’organisèrent vraiment. À la signature des premiers traités nippo-suisses, le Conseil fédéral de la Confédération désigna l’Allemand Rodolphe Lindau, agent de l’Union horlogère 3, et le Neuchâtelois, Aimé Humbert, président de cette Union, pour se rendre en mission au Japon ; et ce, dans le but de ne plus dépendre des compagnies intermédiaires qui contrôlaient les marchés de l’Asie. Les ambassades politiques et commerciales de ces deux hommes permirent de recueillir, sur une nation trop peu connue encore, mais de plus en plus mêlée aux intérêts mondiaux, de nombreux témoignages, estampes, photographies, encyclopédies illustrées, etc. Ce sont ces documents qui, joints à des souvenirs personnels, servirent de base aux relations de voyage que Lindau et Humbert firent paraître en 1864 et 1870.
Lindau, « Un Voyage autour du Japon »
Il s’agit de la relation « Un Voyage autour du Japon » de Rodolphe Lindau 1, diplomate francophone (XIXe siècle). Dès les premiers contacts qu’ils eurent avec les marchands ou missionnaires occidentaux, à partir de 1543 apr. J.-C., les Japonais s’intéressèrent à nos inventions et se mirent notamment à construire des « horloges mécaniques » (« wadokei » 2) qui, bien que procédant des mêmes principes que les nôtres, montraient une originalité indéniable. Après que l’Empire du Soleil levant se fut, à partir de 1641 apr. J.-C., fermé aux étrangers (période Sakoku), des objets d’horlogerie continuèrent cependant à être importés. Un certain nombre de montres suisses de luxe pénétrèrent au Japon par la Chine dès la fin du XVIIIe siècle, sinon avant. La preuve en est dans celles, signées de noms d’horlogers helvétiques, que l’on y a retrouvées plus tard. Ce n’est toutefois qu’aux derniers jours du shôgunat (période Bakumatsu) dans les années 1850 et 1860 que les importations de montres s’organisèrent vraiment. À la signature des premiers traités nippo-suisses, le Conseil fédéral de la Confédération désigna l’Allemand Rodolphe Lindau, agent de l’Union horlogère 3, et le Neuchâtelois, Aimé Humbert, président de cette Union, pour se rendre en mission au Japon ; et ce, dans le but de ne plus dépendre des compagnies intermédiaires qui contrôlaient les marchés de l’Asie. Les ambassades politiques et commerciales de ces deux hommes permirent de recueillir, sur une nation trop peu connue encore, mais de plus en plus mêlée aux intérêts mondiaux, de nombreux témoignages, estampes, photographies, encyclopédies illustrées, etc. Ce sont ces documents qui, joints à des souvenirs personnels, servirent de base aux relations de voyage que Lindau et Humbert firent paraître en 1864 et 1870.
« Révolté ou révolutionnaire ? Sándor Petőfi à travers son journal, ses lettres [et] écrits polémiques »
Il s’agit de la prose de Sandor Petœfi 1, le plus important des poètes hongrois, le chantre au tempérament militaire et à l’âme héroïque et passionnée, qui a exhalé, dans son œuvre comme dans sa vie, un amour effréné de la liberté (XIXe siècle). « Ce n’est pas seulement à une prédication », dit un critique 2, « que Petœfi a consacré son talent ; sa vie entière est la mise en œuvre de ce programme… Chacune de ses paroles est une action. Il ne dit pas : “Souffrez ! Espérez !”, mais il souffre et il espère. » Le jour, Petœfi appelle la lutte et engage la bataille ; la nuit, il écrit au bivouac, en face de l’ennemi, au bruit des avant-postes, aux hennissements des chevaux. Il est fougueux, brûlant, excessif même. Avec lui, on assiste à la saisissante vision de mêlées furieuses où le sang jaillit à flots au milieu « du bruit des épées, des clameurs des clairons et des foudres du bronze ». Tyrtée des temps modernes, il trouve, parmi les bouleversements, le secret des harangues qui entraînent à la victoire, font courir joyeusement vers la mort et décident les dévouements héroïques. Il prie Dieu ardemment de ne pas mourir dans un lit, calé entre des oreillers, mais sur le champ d’honneur, comme soldat anonyme de « la liberté du monde ». Il a tout pour lui : le génie, le moment historique, le destin hors série ; et quand à vingt-six ans seulement, il tombe dans cette sainte guerre, le peuple qui chante ses chansons, le peuple dont il est né et pour lequel il est mort, ne veut pas croire que la terre ait osé reprendre sa dépouille mortelle ; et si d’aventure, au milieu du silence, quelque berger entonne dans la lande : « Debout, Hongrois, contre la horde qui convoite nos biens, notre vie !… Mille ans nous observent, nous jugent, d’Attila jusqu’à Rákóczi ! », aussitôt le brave peuple de Hongrie s’écrie sous le chaume : « Vous voyez bien que Petœfi n’est pas mort ! Ne reconnaissez-vous pas sa voix ? »
Gontcharov, « La Frégate “Pallas” »
éd. L’Âge d’homme, coll. Classiques slaves, Lausanne
Il s’agit de « La Frégate “Pallas” » (« Fregat “Pallada” » 1), une série de lettres et d’impressions écrites par Ivan Gontcharov pendant son voyage autour du monde (1852-1855). À la grande surprise de ses amis qui le savaient le plus casanier des hommes, Gontcharov accepta de fuir l’horizon gris et poussiéreux de Saint-Pétersbourg, et de rejoindre un voyage diplomatique visant à devancer les Anglo-Saxons en ouvrant l’Extrême-Orient au commerce russe. Le père d’« Oblomov », le romancier de la paresse, de la nonchalance congénitale, le campagnard « né au milieu des terres et n’ayant jamais vu la mer » 2, le voilà donc à bord d’une frégate prête à lever l’ancre ! Ce voyage inattendu était en fait la réalisation d’un vieux rêve, inspiré par les récits de marins entendus dans son enfance ; c’était aussi une sorte de coup de tête, le premier et le dernier qu’on connaisse à l’actif de Gontcharov. Lui-même, une fois que la frégate eut quitté le port, s’étonna de son audace et mesura enfin l’énormité de son entreprise. Il se sentit faiblir et pensa déjà au retour, assailli de mille appréhensions : le mal de mer, les climats tropicaux, les fièvres malignes, les tempêtes… Ah, les tempêtes ! « Je me réveillais », dit-il 3, « tremblant et en sueur ; car un navire, après tout, aussi solide soit-il, aussi adapté à son élément, qu’est-ce d’autre qu’un morceau de bois, une corbeille sur l’eau… ? » Puis, tant bien que mal, il put se persuader que l’homme moderne avait diminué les incertitudes des voyages et les dangers qui les accompagnaient. On n’était plus aux temps où Colomb et Vasco de Gama, du pont de leur navire, leur figure tournée vers le large, tentaient de sonder le mystère étendu devant leurs yeux. « L’homme de lettres qui voyage [aujourd’hui], bâille mollement ; regarde l’océan sans bornes avec indolence ; se demande s’il y a de bons hôtels au Brésil, des blanchisseuses sur les îles Sandwich, ou comment se rendre en Australie », dit Gontcharov. Et il conclut : « Les parties du monde se rapprochent : d’Europe en Amérique, il n’y a qu’un pas [grâce aux] progrès gigantesques de la navigation. Pressons-nous donc de nous mettre en route ; car la poésie des lointains voyages disparaît non de jour en jour, mais d’heure en heure ! Peut-être sommes-nous les derniers grands voyageurs au sens où l’étaient les Argonautes »
« Mission Pavie. Géographie et Voyages. Tome VII. Journal de marche • Événements du Siam »
Il s’agit d’Auguste Pavie, explorateur français (XIXe-XXe siècle) qui, seul ou avec quelques compagnons fidèles, sillonna pendant des décennies le Cambodge et le Laos. La vocation d’explorateur de Pavie, timide et modeste sergent, fils de ses œuvres, ne se révéla que dans le petit port cambodgien de Kampot 1, où il débarqua en tant qu’agent du télégraphe. Dans un premier temps, il vécut isolé, seul Européen ; mais séduit par le charme du pays et des habitants, il chercha à connaître leur langue et leurs coutumes. Un bonze lettré lui servit d’initiateur. Pavie découvrit chez ce dernier « une sorte de coffre laqué rouge et noir, orné de dorures, et [contenant] plusieurs centaines de manuscrits sur feuilles de palmier… : livres sur l’astronomie, l’astrologie, la chiromancie et la divination… ; romans [relatant] les existences passées du Bouddha ; [manuels] sur les usages : éducation, codes, lois » 2. En même temps qu’il était charmé par les édifices de la bonzerie qui dormaient à l’ombre des figuiers, Pavie entrevoyait toute la richesse de cette antique civilisation khmère dont des « restes de littérature et de théâtre », de « vagues idées de dessin et de musique » conservaient pieusement « un souvenir nébuleux » 3. Pavie se mit à s’entretenir familièrement avec les habitants et acquit peu à peu une connaissance intime de l’âme indigène qui lui servit par la suite. De ses sorties au bord de la mer, il rapporta en outre une collection de mollusques et de coquilles, qu’il envoya à l’Exposition de Saïgon. Ces travaux retinrent l’attention de Le Myre de Vilers, gouverneur de Cochinchine. Chargé par ce dernier en 1880 d’une première et dure mission, Pavie parcourut la région inexplorée qui s’étendait du golfe de Siam au Mékong, en dressant une carte et une relation de voyage afin d’établir une ligne télégraphique. Ce fut chose faite en 1883 avec la ligne Saïgon-Bangkok de plus d’un millier de kilomètres. Pavie avait montré de telles dispositions, qu’on le chargea aussitôt d’une autre mission : celle d’explorer le Laos afin d’élaborer la première carte complète de l’Indochine. Pareilles missions étaient peut-être un honneur, mais combien les auraient refusées ! Si Pavie les accepta, c’est par crainte de se faire devancer ; car il voulait être le premier inventeur de ces forêts et de ces monts où même les indigènes ne s’aventuraient qu’à contrecœur. « Faites », dit-il, en avouant la pointe d’orgueil dans ses projets 4, « faites que je sois le premier ; que j’aille le plus loin ; que je parte tout de suite et tout seul ; et qu’on s’en rapporte à moi. La France et la République n’auront jamais été mieux servies, dites-le-leur. Le gouvernement de Cochinchine, m’ayant cru, m’a chargé d’unir Saïgon à Bangkok ; c’est fini. Je veux marcher en avant… ; chose naturelle, il me faut une tâche plus grande… Si vous voulez, je l’aurai. Donnez donc. Vive la République ! »
- En khmer កំពត.
- « Géographie et Voyages. Tome I », p. 14-15.
« Mission Pavie. Géographie et Voyages. Tome VI. Passage du Mékong au Tonkin »
Il s’agit d’Auguste Pavie, explorateur français (XIXe-XXe siècle) qui, seul ou avec quelques compagnons fidèles, sillonna pendant des décennies le Cambodge et le Laos. La vocation d’explorateur de Pavie, timide et modeste sergent, fils de ses œuvres, ne se révéla que dans le petit port cambodgien de Kampot 1, où il débarqua en tant qu’agent du télégraphe. Dans un premier temps, il vécut isolé, seul Européen ; mais séduit par le charme du pays et des habitants, il chercha à connaître leur langue et leurs coutumes. Un bonze lettré lui servit d’initiateur. Pavie découvrit chez ce dernier « une sorte de coffre laqué rouge et noir, orné de dorures, et [contenant] plusieurs centaines de manuscrits sur feuilles de palmier… : livres sur l’astronomie, l’astrologie, la chiromancie et la divination… ; romans [relatant] les existences passées du Bouddha ; [manuels] sur les usages : éducation, codes, lois » 2. En même temps qu’il était charmé par les édifices de la bonzerie qui dormaient à l’ombre des figuiers, Pavie entrevoyait toute la richesse de cette antique civilisation khmère dont des « restes de littérature et de théâtre », de « vagues idées de dessin et de musique » conservaient pieusement « un souvenir nébuleux » 3. Pavie se mit à s’entretenir familièrement avec les habitants et acquit peu à peu une connaissance intime de l’âme indigène qui lui servit par la suite. De ses sorties au bord de la mer, il rapporta en outre une collection de mollusques et de coquilles, qu’il envoya à l’Exposition de Saïgon. Ces travaux retinrent l’attention de Le Myre de Vilers, gouverneur de Cochinchine. Chargé par ce dernier en 1880 d’une première et dure mission, Pavie parcourut la région inexplorée qui s’étendait du golfe de Siam au Mékong, en dressant une carte et une relation de voyage afin d’établir une ligne télégraphique. Ce fut chose faite en 1883 avec la ligne Saïgon-Bangkok de plus d’un millier de kilomètres. Pavie avait montré de telles dispositions, qu’on le chargea aussitôt d’une autre mission : celle d’explorer le Laos afin d’élaborer la première carte complète de l’Indochine. Pareilles missions étaient peut-être un honneur, mais combien les auraient refusées ! Si Pavie les accepta, c’est par crainte de se faire devancer ; car il voulait être le premier inventeur de ces forêts et de ces monts où même les indigènes ne s’aventuraient qu’à contrecœur. « Faites », dit-il, en avouant la pointe d’orgueil dans ses projets 4, « faites que je sois le premier ; que j’aille le plus loin ; que je parte tout de suite et tout seul ; et qu’on s’en rapporte à moi. La France et la République n’auront jamais été mieux servies, dites-le-leur. Le gouvernement de Cochinchine, m’ayant cru, m’a chargé d’unir Saïgon à Bangkok ; c’est fini. Je veux marcher en avant… ; chose naturelle, il me faut une tâche plus grande… Si vous voulez, je l’aurai. Donnez donc. Vive la République ! »
- En khmer កំពត.
- « Géographie et Voyages. Tome I », p. 14-15.
« Mission Pavie. Géographie et Voyages. Tome V. Voyages dans le Haut-Laos et sur les frontières de Chine et de Birmanie »
Il s’agit d’Auguste Pavie, explorateur français (XIXe-XXe siècle) qui, seul ou avec quelques compagnons fidèles, sillonna pendant des décennies le Cambodge et le Laos. La vocation d’explorateur de Pavie, timide et modeste sergent, fils de ses œuvres, ne se révéla que dans le petit port cambodgien de Kampot 1, où il débarqua en tant qu’agent du télégraphe. Dans un premier temps, il vécut isolé, seul Européen ; mais séduit par le charme du pays et des habitants, il chercha à connaître leur langue et leurs coutumes. Un bonze lettré lui servit d’initiateur. Pavie découvrit chez ce dernier « une sorte de coffre laqué rouge et noir, orné de dorures, et [contenant] plusieurs centaines de manuscrits sur feuilles de palmier… : livres sur l’astronomie, l’astrologie, la chiromancie et la divination… ; romans [relatant] les existences passées du Bouddha ; [manuels] sur les usages : éducation, codes, lois » 2. En même temps qu’il était charmé par les édifices de la bonzerie qui dormaient à l’ombre des figuiers, Pavie entrevoyait toute la richesse de cette antique civilisation khmère dont des « restes de littérature et de théâtre », de « vagues idées de dessin et de musique » conservaient pieusement « un souvenir nébuleux » 3. Pavie se mit à s’entretenir familièrement avec les habitants et acquit peu à peu une connaissance intime de l’âme indigène qui lui servit par la suite. De ses sorties au bord de la mer, il rapporta en outre une collection de mollusques et de coquilles, qu’il envoya à l’Exposition de Saïgon. Ces travaux retinrent l’attention de Le Myre de Vilers, gouverneur de Cochinchine. Chargé par ce dernier en 1880 d’une première et dure mission, Pavie parcourut la région inexplorée qui s’étendait du golfe de Siam au Mékong, en dressant une carte et une relation de voyage afin d’établir une ligne télégraphique. Ce fut chose faite en 1883 avec la ligne Saïgon-Bangkok de plus d’un millier de kilomètres. Pavie avait montré de telles dispositions, qu’on le chargea aussitôt d’une autre mission : celle d’explorer le Laos afin d’élaborer la première carte complète de l’Indochine. Pareilles missions étaient peut-être un honneur, mais combien les auraient refusées ! Si Pavie les accepta, c’est par crainte de se faire devancer ; car il voulait être le premier inventeur de ces forêts et de ces monts où même les indigènes ne s’aventuraient qu’à contrecœur. « Faites », dit-il, en avouant la pointe d’orgueil dans ses projets 4, « faites que je sois le premier ; que j’aille le plus loin ; que je parte tout de suite et tout seul ; et qu’on s’en rapporte à moi. La France et la République n’auront jamais été mieux servies, dites-le-leur. Le gouvernement de Cochinchine, m’ayant cru, m’a chargé d’unir Saïgon à Bangkok ; c’est fini. Je veux marcher en avant… ; chose naturelle, il me faut une tâche plus grande… Si vous voulez, je l’aurai. Donnez donc. Vive la République ! »
- En khmer កំពត.
- « Géographie et Voyages. Tome I », p. 14-15.
« Mission Pavie. Géographie et Voyages. Tome IV. Voyages au centre de l’Annam et du Laos et dans les régions sauvages de l’Est de l’Indochine »
Il s’agit d’Auguste Pavie, explorateur français (XIXe-XXe siècle) qui, seul ou avec quelques compagnons fidèles, sillonna pendant des décennies le Cambodge et le Laos. La vocation d’explorateur de Pavie, timide et modeste sergent, fils de ses œuvres, ne se révéla que dans le petit port cambodgien de Kampot 1, où il débarqua en tant qu’agent du télégraphe. Dans un premier temps, il vécut isolé, seul Européen ; mais séduit par le charme du pays et des habitants, il chercha à connaître leur langue et leurs coutumes. Un bonze lettré lui servit d’initiateur. Pavie découvrit chez ce dernier « une sorte de coffre laqué rouge et noir, orné de dorures, et [contenant] plusieurs centaines de manuscrits sur feuilles de palmier… : livres sur l’astronomie, l’astrologie, la chiromancie et la divination… ; romans [relatant] les existences passées du Bouddha ; [manuels] sur les usages : éducation, codes, lois » 2. En même temps qu’il était charmé par les édifices de la bonzerie qui dormaient à l’ombre des figuiers, Pavie entrevoyait toute la richesse de cette antique civilisation khmère dont des « restes de littérature et de théâtre », de « vagues idées de dessin et de musique » conservaient pieusement « un souvenir nébuleux » 3. Pavie se mit à s’entretenir familièrement avec les habitants et acquit peu à peu une connaissance intime de l’âme indigène qui lui servit par la suite. De ses sorties au bord de la mer, il rapporta en outre une collection de mollusques et de coquilles, qu’il envoya à l’Exposition de Saïgon. Ces travaux retinrent l’attention de Le Myre de Vilers, gouverneur de Cochinchine. Chargé par ce dernier en 1880 d’une première et dure mission, Pavie parcourut la région inexplorée qui s’étendait du golfe de Siam au Mékong, en dressant une carte et une relation de voyage afin d’établir une ligne télégraphique. Ce fut chose faite en 1883 avec la ligne Saïgon-Bangkok de plus d’un millier de kilomètres. Pavie avait montré de telles dispositions, qu’on le chargea aussitôt d’une autre mission : celle d’explorer le Laos afin d’élaborer la première carte complète de l’Indochine. Pareilles missions étaient peut-être un honneur, mais combien les auraient refusées ! Si Pavie les accepta, c’est par crainte de se faire devancer ; car il voulait être le premier inventeur de ces forêts et de ces monts où même les indigènes ne s’aventuraient qu’à contrecœur. « Faites », dit-il, en avouant la pointe d’orgueil dans ses projets 4, « faites que je sois le premier ; que j’aille le plus loin ; que je parte tout de suite et tout seul ; et qu’on s’en rapporte à moi. La France et la République n’auront jamais été mieux servies, dites-le-leur. Le gouvernement de Cochinchine, m’ayant cru, m’a chargé d’unir Saïgon à Bangkok ; c’est fini. Je veux marcher en avant… ; chose naturelle, il me faut une tâche plus grande… Si vous voulez, je l’aurai. Donnez donc. Vive la République ! »
- En khmer កំពត.
- « Géographie et Voyages. Tome I », p. 14-15.
« Mission Pavie. Géographie et Voyages. Tome III. Voyages au Laos et chez les sauvages du Sud-Est de l’Indochine »
Il s’agit d’Auguste Pavie, explorateur français (XIXe-XXe siècle) qui, seul ou avec quelques compagnons fidèles, sillonna pendant des décennies le Cambodge et le Laos. La vocation d’explorateur de Pavie, timide et modeste sergent, fils de ses œuvres, ne se révéla que dans le petit port cambodgien de Kampot 1, où il débarqua en tant qu’agent du télégraphe. Dans un premier temps, il vécut isolé, seul Européen ; mais séduit par le charme du pays et des habitants, il chercha à connaître leur langue et leurs coutumes. Un bonze lettré lui servit d’initiateur. Pavie découvrit chez ce dernier « une sorte de coffre laqué rouge et noir, orné de dorures, et [contenant] plusieurs centaines de manuscrits sur feuilles de palmier… : livres sur l’astronomie, l’astrologie, la chiromancie et la divination… ; romans [relatant] les existences passées du Bouddha ; [manuels] sur les usages : éducation, codes, lois » 2. En même temps qu’il était charmé par les édifices de la bonzerie qui dormaient à l’ombre des figuiers, Pavie entrevoyait toute la richesse de cette antique civilisation khmère dont des « restes de littérature et de théâtre », de « vagues idées de dessin et de musique » conservaient pieusement « un souvenir nébuleux » 3. Pavie se mit à s’entretenir familièrement avec les habitants et acquit peu à peu une connaissance intime de l’âme indigène qui lui servit par la suite. De ses sorties au bord de la mer, il rapporta en outre une collection de mollusques et de coquilles, qu’il envoya à l’Exposition de Saïgon. Ces travaux retinrent l’attention de Le Myre de Vilers, gouverneur de Cochinchine. Chargé par ce dernier en 1880 d’une première et dure mission, Pavie parcourut la région inexplorée qui s’étendait du golfe de Siam au Mékong, en dressant une carte et une relation de voyage afin d’établir une ligne télégraphique. Ce fut chose faite en 1883 avec la ligne Saïgon-Bangkok de plus d’un millier de kilomètres. Pavie avait montré de telles dispositions, qu’on le chargea aussitôt d’une autre mission : celle d’explorer le Laos afin d’élaborer la première carte complète de l’Indochine. Pareilles missions étaient peut-être un honneur, mais combien les auraient refusées ! Si Pavie les accepta, c’est par crainte de se faire devancer ; car il voulait être le premier inventeur de ces forêts et de ces monts où même les indigènes ne s’aventuraient qu’à contrecœur. « Faites », dit-il, en avouant la pointe d’orgueil dans ses projets 4, « faites que je sois le premier ; que j’aille le plus loin ; que je parte tout de suite et tout seul ; et qu’on s’en rapporte à moi. La France et la République n’auront jamais été mieux servies, dites-le-leur. Le gouvernement de Cochinchine, m’ayant cru, m’a chargé d’unir Saïgon à Bangkok ; c’est fini. Je veux marcher en avant… ; chose naturelle, il me faut une tâche plus grande… Si vous voulez, je l’aurai. Donnez donc. Vive la République ! »
- En khmer កំពត.
- « Géographie et Voyages. Tome I », p. 14-15.
« Mission Pavie. Géographie et Voyages. Tome II. Exposé des travaux de la mission »
Il s’agit d’Auguste Pavie, explorateur français (XIXe-XXe siècle) qui, seul ou avec quelques compagnons fidèles, sillonna pendant des décennies le Cambodge et le Laos. La vocation d’explorateur de Pavie, timide et modeste sergent, fils de ses œuvres, ne se révéla que dans le petit port cambodgien de Kampot 1, où il débarqua en tant qu’agent du télégraphe. Dans un premier temps, il vécut isolé, seul Européen ; mais séduit par le charme du pays et des habitants, il chercha à connaître leur langue et leurs coutumes. Un bonze lettré lui servit d’initiateur. Pavie découvrit chez ce dernier « une sorte de coffre laqué rouge et noir, orné de dorures, et [contenant] plusieurs centaines de manuscrits sur feuilles de palmier… : livres sur l’astronomie, l’astrologie, la chiromancie et la divination… ; romans [relatant] les existences passées du Bouddha ; [manuels] sur les usages : éducation, codes, lois » 2. En même temps qu’il était charmé par les édifices de la bonzerie qui dormaient à l’ombre des figuiers, Pavie entrevoyait toute la richesse de cette antique civilisation khmère dont des « restes de littérature et de théâtre », de « vagues idées de dessin et de musique » conservaient pieusement « un souvenir nébuleux » 3. Pavie se mit à s’entretenir familièrement avec les habitants et acquit peu à peu une connaissance intime de l’âme indigène qui lui servit par la suite. De ses sorties au bord de la mer, il rapporta en outre une collection de mollusques et de coquilles, qu’il envoya à l’Exposition de Saïgon. Ces travaux retinrent l’attention de Le Myre de Vilers, gouverneur de Cochinchine. Chargé par ce dernier en 1880 d’une première et dure mission, Pavie parcourut la région inexplorée qui s’étendait du golfe de Siam au Mékong, en dressant une carte et une relation de voyage afin d’établir une ligne télégraphique. Ce fut chose faite en 1883 avec la ligne Saïgon-Bangkok de plus d’un millier de kilomètres. Pavie avait montré de telles dispositions, qu’on le chargea aussitôt d’une autre mission : celle d’explorer le Laos afin d’élaborer la première carte complète de l’Indochine. Pareilles missions étaient peut-être un honneur, mais combien les auraient refusées ! Si Pavie les accepta, c’est par crainte de se faire devancer ; car il voulait être le premier inventeur de ces forêts et de ces monts où même les indigènes ne s’aventuraient qu’à contrecœur. « Faites », dit-il, en avouant la pointe d’orgueil dans ses projets 4, « faites que je sois le premier ; que j’aille le plus loin ; que je parte tout de suite et tout seul ; et qu’on s’en rapporte à moi. La France et la République n’auront jamais été mieux servies, dites-le-leur. Le gouvernement de Cochinchine, m’ayant cru, m’a chargé d’unir Saïgon à Bangkok ; c’est fini. Je veux marcher en avant… ; chose naturelle, il me faut une tâche plus grande… Si vous voulez, je l’aurai. Donnez donc. Vive la République ! »
- En khmer កំពត.
- « Géographie et Voyages. Tome I », p. 14-15.
« Mission Pavie. Géographie et Voyages. Tome I. Exposé des travaux de la mission »
Il s’agit d’Auguste Pavie, explorateur français (XIXe-XXe siècle) qui, seul ou avec quelques compagnons fidèles, sillonna pendant des décennies le Cambodge et le Laos. La vocation d’explorateur de Pavie, timide et modeste sergent, fils de ses œuvres, ne se révéla que dans le petit port cambodgien de Kampot 1, où il débarqua en tant qu’agent du télégraphe. Dans un premier temps, il vécut isolé, seul Européen ; mais séduit par le charme du pays et des habitants, il chercha à connaître leur langue et leurs coutumes. Un bonze lettré lui servit d’initiateur. Pavie découvrit chez ce dernier « une sorte de coffre laqué rouge et noir, orné de dorures, et [contenant] plusieurs centaines de manuscrits sur feuilles de palmier… : livres sur l’astronomie, l’astrologie, la chiromancie et la divination… ; romans [relatant] les existences passées du Bouddha ; [manuels] sur les usages : éducation, codes, lois » 2. En même temps qu’il était charmé par les édifices de la bonzerie qui dormaient à l’ombre des figuiers, Pavie entrevoyait toute la richesse de cette antique civilisation khmère dont des « restes de littérature et de théâtre », de « vagues idées de dessin et de musique » conservaient pieusement « un souvenir nébuleux » 3. Pavie se mit à s’entretenir familièrement avec les habitants et acquit peu à peu une connaissance intime de l’âme indigène qui lui servit par la suite. De ses sorties au bord de la mer, il rapporta en outre une collection de mollusques et de coquilles, qu’il envoya à l’Exposition de Saïgon. Ces travaux retinrent l’attention de Le Myre de Vilers, gouverneur de Cochinchine. Chargé par ce dernier en 1880 d’une première et dure mission, Pavie parcourut la région inexplorée qui s’étendait du golfe de Siam au Mékong, en dressant une carte et une relation de voyage afin d’établir une ligne télégraphique. Ce fut chose faite en 1883 avec la ligne Saïgon-Bangkok de plus d’un millier de kilomètres. Pavie avait montré de telles dispositions, qu’on le chargea aussitôt d’une autre mission : celle d’explorer le Laos afin d’élaborer la première carte complète de l’Indochine. Pareilles missions étaient peut-être un honneur, mais combien les auraient refusées ! Si Pavie les accepta, c’est par crainte de se faire devancer ; car il voulait être le premier inventeur de ces forêts et de ces monts où même les indigènes ne s’aventuraient qu’à contrecœur. « Faites », dit-il, en avouant la pointe d’orgueil dans ses projets 4, « faites que je sois le premier ; que j’aille le plus loin ; que je parte tout de suite et tout seul ; et qu’on s’en rapporte à moi. La France et la République n’auront jamais été mieux servies, dites-le-leur. Le gouvernement de Cochinchine, m’ayant cru, m’a chargé d’unir Saïgon à Bangkok ; c’est fini. Je veux marcher en avant… ; chose naturelle, il me faut une tâche plus grande… Si vous voulez, je l’aurai. Donnez donc. Vive la République ! »
- En khmer កំពត.
- « Géographie et Voyages. Tome I », p. 14-15.