Il s’agit d’une traduction partielle du « Livre des chants » (« Kitâb al-Aghâni » 1) d’Abû al-Faraj 2, chroniqueur et homme de lettres arabe, également connu sous le surnom d’al-Isfahânî 3. Il naquit, ainsi que son surnom l’indique, à Ispahan (en Iran), mais tout à fait par hasard, car il se rattachait à la lignée des Omeyyades, maîtres de l’Andalousie, et il était de pure race arabe. Transporté de bonne heure à Bagdad (en Irak), il s’attela à l’étude de la poésie, de la grammaire, de l’historiographie ; il se constitua, en outre, un solide bagage médical, astrologique, musical. Il devint, en un mot, un vrai homme d’« adab », c’est-à-dire un érudit touchant de près ou de loin à tous les domaines de la connaissance. À un âge avancé, il perdit peu à peu la raison et mourut en 967 apr. J.-C. Il laissa derrière lui plusieurs beaux ouvrages, entre autres celui intitulé « Le Livre des chants », auquel il consacra cinquante ans de sa vie, et qu’on s’accorde unanimement à regarder comme le meilleur qui ait paru sur ce sujet. Abû al-Faraj prit soin d’y réunir tout ce qu’il put trouver de chants arabes, tant anciens que modernes. Il s’appliqua, pour chacun de ces chants, à désigner l’auteur des vers et celui de la musique ; à indiquer, avec clarté et avec précision, l’occasion qui donna naissance au poème ou à l’air ; le tout avec des détails circonstanciés sur la langue, l’histoire, les généalogies, la succession des dynasties, etc. Au hasard des chapitres, nous accompagnons un poète à la Cour du calife Hâroun al-Rachîd, assistons à une querelle littéraire dans une taverne de Bagdad, pénétrons dans le salon d’une chanteuse de renom. C’est « une matière luxuriante, considérable par le volume, précieuse dans le détail ; une richesse profuse, un pêle-mêle papillotant, un gisement ouvert à quiconque veut s’instruire sur la culture, l’histoire et la vie des Arabes, de l’origine au Xe siècle apr. J.-C. ; un filon exploitable, et d’ailleurs exploité jusqu’à nos jours, par la science orientale et orientaliste », dit un traducteur 4. Bref, c’est une mine très riche et très complète sur tout ce qui concerne les Arabes, et c’est en mine que la postérité aura traité « Le Livre des chants » plutôt qu’en œuvre ayant une individualité propre. Car, tout en reconnaissant le mérite incontestable de cette collection de plus d’une vingtaine de volumes, et tout en admirant l’abondance et la variété des faits qu’Abû al-Faraj a accumulés en préparant son sujet, la postérité aura regretté que, dans bien des cas, il n’ait pas élagué tout ce qui est inutile ou superflu et uni ensemble tout ce qui ne diffère que par des différences assez légères.
femmes
Ichiyô, « Le Trente et un Décembre, “Ôtsugomori” »
dans « Anthologie de nouvelles japonaises contemporaines. [Tome I] » (éd. Gallimard, coll. Du monde entier, Paris)
Il s’agit du « Trente et un Décembre » (« Ôtsugomori » 1) de Higuchi Ichiyô 2, écrivaine japonaise, tombée à vingt-quatre ans comme la feuille au vent d’automne (son surnom Ichiyô signifie « Simple feuille ») et qui, malgré la brièveté de sa vie, fut un des auteurs les plus intéressants de sa génération, annonçant avec éclat le retour des femmes sur la scène littéraire de l’Empire du Soleil levant. De son vrai nom Higuchi Natsu 3 ou Higuchi Natsuko 4, elle montra un goût précoce pour la littérature et donnait déjà mieux que des espérances, lorsqu’en 1889, la mort de son père, suivie de celle de son frère, mit sa famille dans une misère extrême. Devenue l’unique soutien de sa mère et de sa sœur cadette, Ichiyô s’essaya, pour gagner de quoi vivre, à écrire sous forme de feuilletons dans la presse quotidienne. Son initiateur à ce genre assez nouveau au Japon fut un rédacteur de l’« Asahi Shimbun » 5 (« Le Journal du Soleil levant »), Nakarai Tôsui, qui devint son amant ; mais, trahie et abandonnée par ce dernier, elle songea un moment à renoncer à tout. Entre-temps, pour donner aux siens un peu de pain, elle vendait des cahiers dans les ruelles des universités, des balais aux portes du quartier mal famé du Yoshiwara. Elle fût morte de faim si, en 1893, les romantiques du « Bungakukai » 6 (« Le Monde littéraire ») ne s’étaient aperçus de son génie et ne lui avaient ouvert les colonnes de leur revue. Elle y publia, en l’espace de quatre ans, une quinzaine de récits et de romans, avant d’être emportée par la tuberculose. Ces œuvres, qui avaient pour caractéristique commune de traiter de la grande souffrance d’être née femme et sensible, furent chaleureusement accueillies, en particulier par Mori Ôgai : « On se moquera peut-être de moi », dit-il 7, « en disant que je suis un adorateur d’Ichiyô, peu importe, je ne crains pas d’attribuer à celle-ci le titre de vrai poète ». On peut dire, en effet, qu’Ichiyô était un poète en prose. Ses œuvres renvoient abondamment aux grandes anthologies d’autrefois, et quand elle écrit par exemple : « Durant l’hiver de ma quinzième année, alors que j’ignorais tout encore des choses de l’amour, les vents froids apportèrent avec eux une rumeur. Bientôt… on racontait ici et là que j’étais amoureuse… Les rumeurs nous brisent comme les vagues d’une rivière… et nous éclaboussent » ; elle transpose, en y ajoutant le frémissement d’un cœur féminin, affiné par les épreuves de l’existence, le poème suivant du « Kokin-shû » : « À travers le Michinoku coule la Rivière des Rumeurs ; moi, j’ai acquis la réputation de séducteur sans même avoir rencontré l’être aimé ; voilà qui m’est pénible ! »
- En japonais « 大つごもり ».
- En japonais 樋口一葉. Parfois transcrit Higoutchi Itchiyo.
- En japonais 樋口奈津.
- En japonais 樋口夏子.
- En japonais 朝日新聞.
- En japonais 文學界.
- Dans Claire Dodane, « Postface à “La Treizième Nuit” ».
Ichiyô, « Qui est le plus grand ? : roman »
Il s’agit de « Qui est le plus grand ? » (« Takekurabe » 1) de Higuchi Ichiyô 2, écrivaine japonaise, tombée à vingt-quatre ans comme la feuille au vent d’automne (son surnom Ichiyô signifie « Simple feuille ») et qui, malgré la brièveté de sa vie, fut un des auteurs les plus intéressants de sa génération, annonçant avec éclat le retour des femmes sur la scène littéraire de l’Empire du Soleil levant. De son vrai nom Higuchi Natsu 3 ou Higuchi Natsuko 4, elle montra un goût précoce pour la littérature et donnait déjà mieux que des espérances, lorsqu’en 1889, la mort de son père, suivie de celle de son frère, mit sa famille dans une misère extrême. Devenue l’unique soutien de sa mère et de sa sœur cadette, Ichiyô s’essaya, pour gagner de quoi vivre, à écrire sous forme de feuilletons dans la presse quotidienne. Son initiateur à ce genre assez nouveau au Japon fut un rédacteur de l’« Asahi Shimbun » 5 (« Le Journal du Soleil levant »), Nakarai Tôsui, qui devint son amant ; mais, trahie et abandonnée par ce dernier, elle songea un moment à renoncer à tout. Entre-temps, pour donner aux siens un peu de pain, elle vendait des cahiers dans les ruelles des universités, des balais aux portes du quartier mal famé du Yoshiwara. Elle fût morte de faim si, en 1893, les romantiques du « Bungakukai » 6 (« Le Monde littéraire ») ne s’étaient aperçus de son génie et ne lui avaient ouvert les colonnes de leur revue. Elle y publia, en l’espace de quatre ans, une quinzaine de récits et de romans, avant d’être emportée par la tuberculose. Ces œuvres, qui avaient pour caractéristique commune de traiter de la grande souffrance d’être née femme et sensible, furent chaleureusement accueillies, en particulier par Mori Ôgai : « On se moquera peut-être de moi », dit-il 7, « en disant que je suis un adorateur d’Ichiyô, peu importe, je ne crains pas d’attribuer à celle-ci le titre de vrai poète ». On peut dire, en effet, qu’Ichiyô était un poète en prose. Ses œuvres renvoient abondamment aux grandes anthologies d’autrefois, et quand elle écrit par exemple : « Durant l’hiver de ma quinzième année, alors que j’ignorais tout encore des choses de l’amour, les vents froids apportèrent avec eux une rumeur. Bientôt… on racontait ici et là que j’étais amoureuse… Les rumeurs nous brisent comme les vagues d’une rivière… et nous éclaboussent » ; elle transpose, en y ajoutant le frémissement d’un cœur féminin, affiné par les épreuves de l’existence, le poème suivant du « Kokin-shû » : « À travers le Michinoku coule la Rivière des Rumeurs ; moi, j’ai acquis la réputation de séducteur sans même avoir rencontré l’être aimé ; voilà qui m’est pénible ! »
- En japonais « たけくらべ ».
- En japonais 樋口一葉. Parfois transcrit Higoutchi Itchiyo.
- En japonais 樋口奈津.
- En japonais 樋口夏子.
- En japonais 朝日新聞.
- En japonais 文學界.
- Dans Claire Dodane, « Postface à “La Treizième Nuit” ».
Ichiyô, « La Treizième Nuit et Autres Récits »
éd. Les Belles Lettres, coll. Japon, Paris
Il s’agit de « La Treizième Nuit » (« Jûsan Ya » 1) et autres récits de Higuchi Ichiyô 2, écrivaine japonaise, tombée à vingt-quatre ans comme la feuille au vent d’automne (son surnom Ichiyô signifie « Simple feuille ») et qui, malgré la brièveté de sa vie, fut un des auteurs les plus intéressants de sa génération, annonçant avec éclat le retour des femmes sur la scène littéraire de l’Empire du Soleil levant. De son vrai nom Higuchi Natsu 3 ou Higuchi Natsuko 4, elle montra un goût précoce pour la littérature et donnait déjà mieux que des espérances, lorsqu’en 1889, la mort de son père, suivie de celle de son frère, mit sa famille dans une misère extrême. Devenue l’unique soutien de sa mère et de sa sœur cadette, Ichiyô s’essaya, pour gagner de quoi vivre, à écrire sous forme de feuilletons dans la presse quotidienne. Son initiateur à ce genre assez nouveau au Japon fut un rédacteur de l’« Asahi Shimbun » 5 (« Le Journal du Soleil levant »), Nakarai Tôsui, qui devint son amant ; mais, trahie et abandonnée par ce dernier, elle songea un moment à renoncer à tout. Entre-temps, pour donner aux siens un peu de pain, elle vendait des cahiers dans les ruelles des universités, des balais aux portes du quartier mal famé du Yoshiwara. Elle fût morte de faim si, en 1893, les romantiques du « Bungakukai » 6 (« Le Monde littéraire ») ne s’étaient aperçus de son génie et ne lui avaient ouvert les colonnes de leur revue. Elle y publia, en l’espace de quatre ans, une quinzaine de récits et de romans, avant d’être emportée par la tuberculose. Ces œuvres, qui avaient pour caractéristique commune de traiter de la grande souffrance d’être née femme et sensible, furent chaleureusement accueillies, en particulier par Mori Ôgai : « On se moquera peut-être de moi », dit-il 7, « en disant que je suis un adorateur d’Ichiyô, peu importe, je ne crains pas d’attribuer à celle-ci le titre de vrai poète ». On peut dire, en effet, qu’Ichiyô était un poète en prose. Ses œuvres renvoient abondamment aux grandes anthologies d’autrefois, et quand elle écrit par exemple : « Durant l’hiver de ma quinzième année, alors que j’ignorais tout encore des choses de l’amour, les vents froids apportèrent avec eux une rumeur. Bientôt… on racontait ici et là que j’étais amoureuse… Les rumeurs nous brisent comme les vagues d’une rivière… et nous éclaboussent » ; elle transpose, en y ajoutant le frémissement d’un cœur féminin, affiné par les épreuves de l’existence, le poème suivant du « Kokin-shû » : « À travers le Michinoku coule la Rivière des Rumeurs ; moi, j’ai acquis la réputation de séducteur sans même avoir rencontré l’être aimé ; voilà qui m’est pénible ! »
- En japonais « 十三夜 ».
- En japonais 樋口一葉. Parfois transcrit Higoutchi Itchiyo.
- En japonais 樋口奈津.
- En japonais 樋口夏子.
- En japonais 朝日新聞.
- En japonais 文學界.
- Dans Claire Dodane, « Postface à “La Treizième Nuit” ».
Firdousi, « Le Livre des rois. Tome VII »
Il s’agit du « Livre des rois » (« Schah-nameh » 1) d’Aboulkasim Firdousi 2 (X-XIe siècle apr. J.-C.). Cette vaste chanson de geste de soixante mille distiques relate l’histoire de la Perse (l’Iran), depuis ses origines jusqu’à l’époque où la puissance de ses monarques croula sous les armes des Arabes musulmans. La première partie, légendaire et pleine de merveilleux, est la seule véritablement épique ; la seconde, relative à la Perse sassanide, est une succession de règnes historiques, auxquels président des rois, des héros particuliers à chacun d’eux : plutôt qu’avec l’épopée, elle offre des analogies avec « quelques grands romans en vers du Moyen Âge, le “Roman de Brut”, celui de “Rou” ou certaines histoires de France », comme le dit Étienne Quatremère 3. Avec « Le Livre des rois », la vieille culture persane paraît au grand jour pour prendre sa revanche de la conquête arabe. Celle-ci avait refoulé, pour quelque temps, cette culture dans les villages, où elle s’était conservée avec tout un ensemble de traditions et de légendes tenant lieu de souvenirs nationaux. « L’islamisme… fut un rude coup pour le vieil esprit, mais ce ne fut pas un coup mortel. L’arabe ne réussit à être que la langue de la religion. Aussitôt que le califat s’affaiblit, une réaction persane — d’abord sourde, bientôt ouverte — se manifeste », explique Ernest Renan 4. Avec Firdousi, la Perse reprend sa complète indépendance dans l’islam. Mais ce qui fait surtout le caractère de cet auteur et qui n’appartient qu’à lui, ce sont les considérations politiques et morales par lesquelles il termine chaque catastrophe, chaque choc des peuples, chaque effondrement des royaumes. Il y a une belle mélancolie et une sorte de sagesse résignée dans ces réflexions par lesquelles il interrompt un moment la course des événements. « Ô monde ! », dit l’une d’elles 5, « n’élève personne si tu veux le moissonner après ! Si tu l’enlèves, pourquoi l’as-tu élevé ? Tu hausses un homme au-dessus du firmament, mais tout à coup tu le précipites sous la terre obscure. » « Kobad », dit une autre 6, « n’avait plus que sept mois à vivre ; appelle-le donc “roi” si tu veux, ou “rien” si tu aimes mieux. Telle est la coutume de ce monde oppresseur : il ne faut pas s’attendre à ce qu’il tienne ses promesses [de longévité]. »
- En persan « شاهنامه ». Parfois transcrit « Shah Namu », « Çahname », « Chahnamè », « Schehname », « Schah-namé », « Schahnama », « Schah-namah », « Shah-nameh », « Shah Name », « Shahnamah », « Shahnama », « Šāh-nāma », « Šāhnāmah », « Şehname », « Şāh-nāme » ou « Šah-nameh ».
- En persan ابوالقاسم فردوسی. Parfois transcrit Firdawsi, Firdausī, Firdavsi, Firdovsi, Firdouçy, Firdocy, Firdoosee, Firdousee, Ferdousee, Ferdosee, Ferdoucy, Ferdowsī, Firdewsi, Firdevsî, Firdusi, Firdussi, Ferdusi, Firdôsî, Ferdossi, Firdoussi, Ferdoussi, Firdoussy, Firdousy, Ferdousy ou Ferdoussy.
- « Compte rendu sur “Le Livre des rois” », 1841, p. 398-399.
Firdousi, « Le Livre des rois. Tome VI »
Il s’agit du « Livre des rois » (« Schah-nameh » 1) d’Aboulkasim Firdousi 2 (X-XIe siècle apr. J.-C.). Cette vaste chanson de geste de soixante mille distiques relate l’histoire de la Perse (l’Iran), depuis ses origines jusqu’à l’époque où la puissance de ses monarques croula sous les armes des Arabes musulmans. La première partie, légendaire et pleine de merveilleux, est la seule véritablement épique ; la seconde, relative à la Perse sassanide, est une succession de règnes historiques, auxquels président des rois, des héros particuliers à chacun d’eux : plutôt qu’avec l’épopée, elle offre des analogies avec « quelques grands romans en vers du Moyen Âge, le “Roman de Brut”, celui de “Rou” ou certaines histoires de France », comme le dit Étienne Quatremère 3. Avec « Le Livre des rois », la vieille culture persane paraît au grand jour pour prendre sa revanche de la conquête arabe. Celle-ci avait refoulé, pour quelque temps, cette culture dans les villages, où elle s’était conservée avec tout un ensemble de traditions et de légendes tenant lieu de souvenirs nationaux. « L’islamisme… fut un rude coup pour le vieil esprit, mais ce ne fut pas un coup mortel. L’arabe ne réussit à être que la langue de la religion. Aussitôt que le califat s’affaiblit, une réaction persane — d’abord sourde, bientôt ouverte — se manifeste », explique Ernest Renan 4. Avec Firdousi, la Perse reprend sa complète indépendance dans l’islam. Mais ce qui fait surtout le caractère de cet auteur et qui n’appartient qu’à lui, ce sont les considérations politiques et morales par lesquelles il termine chaque catastrophe, chaque choc des peuples, chaque effondrement des royaumes. Il y a une belle mélancolie et une sorte de sagesse résignée dans ces réflexions par lesquelles il interrompt un moment la course des événements. « Ô monde ! », dit l’une d’elles 5, « n’élève personne si tu veux le moissonner après ! Si tu l’enlèves, pourquoi l’as-tu élevé ? Tu hausses un homme au-dessus du firmament, mais tout à coup tu le précipites sous la terre obscure. » « Kobad », dit une autre 6, « n’avait plus que sept mois à vivre ; appelle-le donc “roi” si tu veux, ou “rien” si tu aimes mieux. Telle est la coutume de ce monde oppresseur : il ne faut pas s’attendre à ce qu’il tienne ses promesses [de longévité]. »
- En persan « شاهنامه ». Parfois transcrit « Shah Namu », « Çahname », « Chahnamè », « Schehname », « Schah-namé », « Schahnama », « Schah-namah », « Shah-nameh », « Shah Name », « Shahnamah », « Shahnama », « Šāh-nāma », « Šāhnāmah », « Şehname », « Şāh-nāme » ou « Šah-nameh ».
- En persan ابوالقاسم فردوسی. Parfois transcrit Firdawsi, Firdausī, Firdavsi, Firdovsi, Firdouçy, Firdocy, Firdoosee, Firdousee, Ferdousee, Ferdosee, Ferdoucy, Ferdowsī, Firdewsi, Firdevsî, Firdusi, Firdussi, Ferdusi, Firdôsî, Ferdossi, Firdoussi, Ferdoussi, Firdoussy, Firdousy, Ferdousy ou Ferdoussy.
- « Compte rendu sur “Le Livre des rois” », 1841, p. 398-399.
Firdousi, « Le Livre des rois. Tome V »
Il s’agit du « Livre des rois » (« Schah-nameh » 1) d’Aboulkasim Firdousi 2 (X-XIe siècle apr. J.-C.). Cette vaste chanson de geste de soixante mille distiques relate l’histoire de la Perse (l’Iran), depuis ses origines jusqu’à l’époque où la puissance de ses monarques croula sous les armes des Arabes musulmans. La première partie, légendaire et pleine de merveilleux, est la seule véritablement épique ; la seconde, relative à la Perse sassanide, est une succession de règnes historiques, auxquels président des rois, des héros particuliers à chacun d’eux : plutôt qu’avec l’épopée, elle offre des analogies avec « quelques grands romans en vers du Moyen Âge, le “Roman de Brut”, celui de “Rou” ou certaines histoires de France », comme le dit Étienne Quatremère 3. Avec « Le Livre des rois », la vieille culture persane paraît au grand jour pour prendre sa revanche de la conquête arabe. Celle-ci avait refoulé, pour quelque temps, cette culture dans les villages, où elle s’était conservée avec tout un ensemble de traditions et de légendes tenant lieu de souvenirs nationaux. « L’islamisme… fut un rude coup pour le vieil esprit, mais ce ne fut pas un coup mortel. L’arabe ne réussit à être que la langue de la religion. Aussitôt que le califat s’affaiblit, une réaction persane — d’abord sourde, bientôt ouverte — se manifeste », explique Ernest Renan 4. Avec Firdousi, la Perse reprend sa complète indépendance dans l’islam. Mais ce qui fait surtout le caractère de cet auteur et qui n’appartient qu’à lui, ce sont les considérations politiques et morales par lesquelles il termine chaque catastrophe, chaque choc des peuples, chaque effondrement des royaumes. Il y a une belle mélancolie et une sorte de sagesse résignée dans ces réflexions par lesquelles il interrompt un moment la course des événements. « Ô monde ! », dit l’une d’elles 5, « n’élève personne si tu veux le moissonner après ! Si tu l’enlèves, pourquoi l’as-tu élevé ? Tu hausses un homme au-dessus du firmament, mais tout à coup tu le précipites sous la terre obscure. » « Kobad », dit une autre 6, « n’avait plus que sept mois à vivre ; appelle-le donc “roi” si tu veux, ou “rien” si tu aimes mieux. Telle est la coutume de ce monde oppresseur : il ne faut pas s’attendre à ce qu’il tienne ses promesses [de longévité]. »
- En persan « شاهنامه ». Parfois transcrit « Shah Namu », « Çahname », « Chahnamè », « Schehname », « Schah-namé », « Schahnama », « Schah-namah », « Shah-nameh », « Shah Name », « Shahnamah », « Shahnama », « Šāh-nāma », « Šāhnāmah », « Şehname », « Şāh-nāme » ou « Šah-nameh ».
- En persan ابوالقاسم فردوسی. Parfois transcrit Firdawsi, Firdausī, Firdavsi, Firdovsi, Firdouçy, Firdocy, Firdoosee, Firdousee, Ferdousee, Ferdosee, Ferdoucy, Ferdowsī, Firdewsi, Firdevsî, Firdusi, Firdussi, Ferdusi, Firdôsî, Ferdossi, Firdoussi, Ferdoussi, Firdoussy, Firdousy, Ferdousy ou Ferdoussy.
- « Compte rendu sur “Le Livre des rois” », 1841, p. 398-399.
Firdousi, « Le Livre des rois. Tome IV »
Il s’agit du « Livre des rois » (« Schah-nameh » 1) d’Aboulkasim Firdousi 2 (X-XIe siècle apr. J.-C.). Cette vaste chanson de geste de soixante mille distiques relate l’histoire de la Perse (l’Iran), depuis ses origines jusqu’à l’époque où la puissance de ses monarques croula sous les armes des Arabes musulmans. La première partie, légendaire et pleine de merveilleux, est la seule véritablement épique ; la seconde, relative à la Perse sassanide, est une succession de règnes historiques, auxquels président des rois, des héros particuliers à chacun d’eux : plutôt qu’avec l’épopée, elle offre des analogies avec « quelques grands romans en vers du Moyen Âge, le “Roman de Brut”, celui de “Rou” ou certaines histoires de France », comme le dit Étienne Quatremère 3. Avec « Le Livre des rois », la vieille culture persane paraît au grand jour pour prendre sa revanche de la conquête arabe. Celle-ci avait refoulé, pour quelque temps, cette culture dans les villages, où elle s’était conservée avec tout un ensemble de traditions et de légendes tenant lieu de souvenirs nationaux. « L’islamisme… fut un rude coup pour le vieil esprit, mais ce ne fut pas un coup mortel. L’arabe ne réussit à être que la langue de la religion. Aussitôt que le califat s’affaiblit, une réaction persane — d’abord sourde, bientôt ouverte — se manifeste », explique Ernest Renan 4. Avec Firdousi, la Perse reprend sa complète indépendance dans l’islam. Mais ce qui fait surtout le caractère de cet auteur et qui n’appartient qu’à lui, ce sont les considérations politiques et morales par lesquelles il termine chaque catastrophe, chaque choc des peuples, chaque effondrement des royaumes. Il y a une belle mélancolie et une sorte de sagesse résignée dans ces réflexions par lesquelles il interrompt un moment la course des événements. « Ô monde ! », dit l’une d’elles 5, « n’élève personne si tu veux le moissonner après ! Si tu l’enlèves, pourquoi l’as-tu élevé ? Tu hausses un homme au-dessus du firmament, mais tout à coup tu le précipites sous la terre obscure. » « Kobad », dit une autre 6, « n’avait plus que sept mois à vivre ; appelle-le donc “roi” si tu veux, ou “rien” si tu aimes mieux. Telle est la coutume de ce monde oppresseur : il ne faut pas s’attendre à ce qu’il tienne ses promesses [de longévité]. »
- En persan « شاهنامه ». Parfois transcrit « Shah Namu », « Çahname », « Chahnamè », « Schehname », « Schah-namé », « Schahnama », « Schah-namah », « Shah-nameh », « Shah Name », « Shahnamah », « Shahnama », « Šāh-nāma », « Šāhnāmah », « Şehname », « Şāh-nāme » ou « Šah-nameh ».
- En persan ابوالقاسم فردوسی. Parfois transcrit Firdawsi, Firdausī, Firdavsi, Firdovsi, Firdouçy, Firdocy, Firdoosee, Firdousee, Ferdousee, Ferdosee, Ferdoucy, Ferdowsī, Firdewsi, Firdevsî, Firdusi, Firdussi, Ferdusi, Firdôsî, Ferdossi, Firdoussi, Ferdoussi, Firdoussy, Firdousy, Ferdousy ou Ferdoussy.
- « Compte rendu sur “Le Livre des rois” », 1841, p. 398-399.
Firdousi, « Le Livre des rois. Tome III »
Il s’agit du « Livre des rois » (« Schah-nameh » 1) d’Aboulkasim Firdousi 2 (X-XIe siècle apr. J.-C.). Cette vaste chanson de geste de soixante mille distiques relate l’histoire de la Perse (l’Iran), depuis ses origines jusqu’à l’époque où la puissance de ses monarques croula sous les armes des Arabes musulmans. La première partie, légendaire et pleine de merveilleux, est la seule véritablement épique ; la seconde, relative à la Perse sassanide, est une succession de règnes historiques, auxquels président des rois, des héros particuliers à chacun d’eux : plutôt qu’avec l’épopée, elle offre des analogies avec « quelques grands romans en vers du Moyen Âge, le “Roman de Brut”, celui de “Rou” ou certaines histoires de France », comme le dit Étienne Quatremère 3. Avec « Le Livre des rois », la vieille culture persane paraît au grand jour pour prendre sa revanche de la conquête arabe. Celle-ci avait refoulé, pour quelque temps, cette culture dans les villages, où elle s’était conservée avec tout un ensemble de traditions et de légendes tenant lieu de souvenirs nationaux. « L’islamisme… fut un rude coup pour le vieil esprit, mais ce ne fut pas un coup mortel. L’arabe ne réussit à être que la langue de la religion. Aussitôt que le califat s’affaiblit, une réaction persane — d’abord sourde, bientôt ouverte — se manifeste », explique Ernest Renan 4. Avec Firdousi, la Perse reprend sa complète indépendance dans l’islam. Mais ce qui fait surtout le caractère de cet auteur et qui n’appartient qu’à lui, ce sont les considérations politiques et morales par lesquelles il termine chaque catastrophe, chaque choc des peuples, chaque effondrement des royaumes. Il y a une belle mélancolie et une sorte de sagesse résignée dans ces réflexions par lesquelles il interrompt un moment la course des événements. « Ô monde ! », dit l’une d’elles 5, « n’élève personne si tu veux le moissonner après ! Si tu l’enlèves, pourquoi l’as-tu élevé ? Tu hausses un homme au-dessus du firmament, mais tout à coup tu le précipites sous la terre obscure. » « Kobad », dit une autre 6, « n’avait plus que sept mois à vivre ; appelle-le donc “roi” si tu veux, ou “rien” si tu aimes mieux. Telle est la coutume de ce monde oppresseur : il ne faut pas s’attendre à ce qu’il tienne ses promesses [de longévité]. »
- En persan « شاهنامه ». Parfois transcrit « Shah Namu », « Çahname », « Chahnamè », « Schehname », « Schah-namé », « Schahnama », « Schah-namah », « Shah-nameh », « Shah Name », « Shahnamah », « Shahnama », « Šāh-nāma », « Šāhnāmah », « Şehname », « Şāh-nāme » ou « Šah-nameh ».
- En persan ابوالقاسم فردوسی. Parfois transcrit Firdawsi, Firdausī, Firdavsi, Firdovsi, Firdouçy, Firdocy, Firdoosee, Firdousee, Ferdousee, Ferdosee, Ferdoucy, Ferdowsī, Firdewsi, Firdevsî, Firdusi, Firdussi, Ferdusi, Firdôsî, Ferdossi, Firdoussi, Ferdoussi, Firdoussy, Firdousy, Ferdousy ou Ferdoussy.
- « Compte rendu sur “Le Livre des rois” », 1841, p. 398-399.
Firdousi, « Le Livre des rois. Tome II »
Il s’agit du « Livre des rois » (« Schah-nameh » 1) d’Aboulkasim Firdousi 2 (X-XIe siècle apr. J.-C.). Cette vaste chanson de geste de soixante mille distiques relate l’histoire de la Perse (l’Iran), depuis ses origines jusqu’à l’époque où la puissance de ses monarques croula sous les armes des Arabes musulmans. La première partie, légendaire et pleine de merveilleux, est la seule véritablement épique ; la seconde, relative à la Perse sassanide, est une succession de règnes historiques, auxquels président des rois, des héros particuliers à chacun d’eux : plutôt qu’avec l’épopée, elle offre des analogies avec « quelques grands romans en vers du Moyen Âge, le “Roman de Brut”, celui de “Rou” ou certaines histoires de France », comme le dit Étienne Quatremère 3. Avec « Le Livre des rois », la vieille culture persane paraît au grand jour pour prendre sa revanche de la conquête arabe. Celle-ci avait refoulé, pour quelque temps, cette culture dans les villages, où elle s’était conservée avec tout un ensemble de traditions et de légendes tenant lieu de souvenirs nationaux. « L’islamisme… fut un rude coup pour le vieil esprit, mais ce ne fut pas un coup mortel. L’arabe ne réussit à être que la langue de la religion. Aussitôt que le califat s’affaiblit, une réaction persane — d’abord sourde, bientôt ouverte — se manifeste », explique Ernest Renan 4. Avec Firdousi, la Perse reprend sa complète indépendance dans l’islam. Mais ce qui fait surtout le caractère de cet auteur et qui n’appartient qu’à lui, ce sont les considérations politiques et morales par lesquelles il termine chaque catastrophe, chaque choc des peuples, chaque effondrement des royaumes. Il y a une belle mélancolie et une sorte de sagesse résignée dans ces réflexions par lesquelles il interrompt un moment la course des événements. « Ô monde ! », dit l’une d’elles 5, « n’élève personne si tu veux le moissonner après ! Si tu l’enlèves, pourquoi l’as-tu élevé ? Tu hausses un homme au-dessus du firmament, mais tout à coup tu le précipites sous la terre obscure. » « Kobad », dit une autre 6, « n’avait plus que sept mois à vivre ; appelle-le donc “roi” si tu veux, ou “rien” si tu aimes mieux. Telle est la coutume de ce monde oppresseur : il ne faut pas s’attendre à ce qu’il tienne ses promesses [de longévité]. »
- En persan « شاهنامه ». Parfois transcrit « Shah Namu », « Çahname », « Chahnamè », « Schehname », « Schah-namé », « Schahnama », « Schah-namah », « Shah-nameh », « Shah Name », « Shahnamah », « Shahnama », « Šāh-nāma », « Šāhnāmah », « Şehname », « Şāh-nāme » ou « Šah-nameh ».
- En persan ابوالقاسم فردوسی. Parfois transcrit Firdawsi, Firdausī, Firdavsi, Firdovsi, Firdouçy, Firdocy, Firdoosee, Firdousee, Ferdousee, Ferdosee, Ferdoucy, Ferdowsī, Firdewsi, Firdevsî, Firdusi, Firdussi, Ferdusi, Firdôsî, Ferdossi, Firdoussi, Ferdoussi, Firdoussy, Firdousy, Ferdousy ou Ferdoussy.
- « Compte rendu sur “Le Livre des rois” », 1841, p. 398-399.
« Alexandre, le Macédonien iranisé : l’exemple du récit par Nezâmî (XIIᵉ siècle) »
dans « Alexandre le Grand dans les littératures occidentales et proche-orientales » (éd. Université Paris X-Nanterre, coll. Littérales, Nanterre), p. 227-241
Il s’agit d’une traduction partielle du « Livre d’Alexandre le Grand » 1 (« Eskandar-nâmeh » 2) de Nezâmî de Gandjeh 3, le maître du roman en vers, l’un des plus grands poètes de langue persane (XIIe siècle apr. J.-C.). Nezâmî fut le premier qui remania dans un sens romanesque le vieux fonds des traditions persanes. Sans se soucier d’en préserver la pureté et la couleur, il les amalgama librement tantôt aux récits plus ou moins légendaires des compilateurs arabes, tantôt aux fictions des romanciers alexandrins. Par sa sophistication poétique, il dépassa les uns et les autres. Ses œuvres les plus importantes, au nombre de cinq, furent réunies, après sa mort, dans un recueil intitulé « Khamseh » 4 (« Les Cinq ») en arabe ou « Pandj Gandj » 5 (« Les Cinq Trésors ») en persan. Maintes fois copiées, elles étaient de celles que tout honnête homme devait connaître, au point d’en pouvoir réciter des passages entiers. Au sein de leur aire culturelle, à travers cette immensité qui s’étendait de la Perse jusqu’au cœur de l’Asie et qui débordait même sur l’Inde musulmane, elles occupaient une place équivalente à celle qu’eut « L’Énéide » en Europe occidentale. « Les mérites et perfections manifestes de Nezâmî — Allah lui soit miséricordieux ! — se passent de commentaires. Personne ne pourrait réunir autant d’élégances et de finesses qu’il en a réuni dans son recueil “Les Cinq Trésors” ; bien plus, cela échappe au pouvoir du genre humain », dira Djâmî 6 en choisissant de se faire peindre agenouillé devant son illustre prédécesseur.
- Parfois traduit « Histoire fabuleuse d’Alexandre le Grand » ou « Alexandréide ».
- En persan « اسکندرنامه ». Parfois transcrit « Secander-nameh », « Sekander Námah », « Sikander Nama », « Escander—namèh », « Eskander Nāmeh », « Iskander-namé », « Iskender-nâmè », « Iskandar Nāma » ou « Sekandar-nâmeh ».
- En persan نظامی گنجوی. Parfois transcrit Nadhami, Nidhami, Nizhâmî, Nizhamy, Nizamy, Nizami, Nishâmi, Nisamy, Nisami, Nezâmy ou Nezhami.
- En arabe « خمسة ». Parfois transcrit « Khamsè », « Khamsah », « Khamsa », « Hamsa », « Hamsah », « Hamse », « Chamseh » ou « Hamseh ».
- En persan « پنج گنج ». Parfois transcrit « Pendsch Kendj », « Pendch Kendj », « Pandsch Gandsch », « Pendj Guendj », « Penj Ghenj », « Pentch-Ghandj » ou « Panj Ganj ».
- « Le Béhâristân », p. 185-186.
Josèphe, « Antiquités judaïques. Tome III. Livres XI à XV »
éd. E. Leroux, coll. Publications de la Société des études juives, Paris
Il s’agit des « Antiquités judaïques » (« Ioudaïkê archaiologia » 1) de Josèphe ben Matthias, historien juif, plus connu sous le surnom de Flavius Josèphe 2 (Ier siècle apr. J.-C.). Josèphe était né pour devenir grand rabbin ou roi ; les circonstances en firent un historien. Et telle fut la destinée singulière de sa vie qu’il se transforma en admirateur et en flatteur d’une dynastie d’Empereurs romains dont l’exploit fondamental fut l’anéantissement de Jérusalem, et sur les monnaies desquels figurait une femme assise, pleurant sous un palmier, avec la légende « Judæa capta, Judæa devicta » (« la Judée captive, la Judée vaincue »). « Au lieu de la renommée qu’il ambitionnait… et que semblaient lui promettre de précoces succès, il ne s’attira guère que la haine et le mépris de la plupart des siens, tandis que les Romains, d’abord ses ennemis, le comblèrent finalement de biens et d’honneurs », dit le père Louis-Hugues Vincent 3. C’est que ce descendant de famille illustre, ce prodige des écoles de Jérusalem, ce chef « des deux Galilées… et de Gamala » 4, racheta sa vie en pactisant avec l’ennemi ; abandonna ses devoirs de chef, d’homme d’honneur et de patriote ; et finit ses jours dans la douceur d’une retraite dorée, après être devenu citoyen de Rome et client de Vespasien. Il feignit de voir dans ce général étranger, destructeur de la Ville sainte et tueur d’un million de Juifs, le libérateur promis à ses aïeux ; il lui prédit, en se prosternant devant lui : « Tu seras maître, César, non seulement de moi, mais de la terre, de la mer et de tout le genre humain » 5 ; et cette basse flatterie, cette honteuse duplicité, est une tache indélébile sur la vie d’un homme par ailleurs estimable. Ayant pris le surnom de Flavius pour mieux montrer sa soumission, il consacra l’abondance de ses loisirs, la souplesse de son talent et l’étendue de son érudition à relever les succès des soldats qui détruisirent sa patrie et la rayèrent de la carte. « Il a décrit [cette destruction] tout entière ; il en a recueilli les moindres détails, et son exactitude scrupuleuse étonne encore le lecteur… L’israélite, ébloui de ces merveilles, ne se souvient pas que ce sont les dépouilles de ses concitoyens ; qu’il s’agit de la Judée anéantie ; que ce Dieu outragé est son Dieu, et qu’il assiste aux funérailles de son pays », dit Philarète Chasles
- En grec « Ἰουδαϊκὴ ἀρχαιολογία ».
- En latin Flavius Josephus. Autrefois transcrit Flave Josèphe ou Flavien Joseph.
- « Chronologie des œuvres de Josèphe », p. 366.
- En grec « τῆς Γαλιλαίας ἑκατέρας… καὶ Γάμαλα ». « Guerre des Juifs », liv. II, sect. 568.
- En grec « Δεσπότης… οὐ μόνον ἐμοῦ σὺ Καῖσαρ, ἀλλὰ καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ παντὸς ἀνθρώπων γένους ». « Guerre des Juifs », liv. III, sect. 402.
Josèphe, « Antiquités judaïques. Tome II. Livres VI à X »
éd. E. Leroux, coll. Publications de la Société des études juives, Paris
Il s’agit des « Antiquités judaïques » (« Ioudaïkê archaiologia » 1) de Josèphe ben Matthias, historien juif, plus connu sous le surnom de Flavius Josèphe 2 (Ier siècle apr. J.-C.). Josèphe était né pour devenir grand rabbin ou roi ; les circonstances en firent un historien. Et telle fut la destinée singulière de sa vie qu’il se transforma en admirateur et en flatteur d’une dynastie d’Empereurs romains dont l’exploit fondamental fut l’anéantissement de Jérusalem, et sur les monnaies desquels figurait une femme assise, pleurant sous un palmier, avec la légende « Judæa capta, Judæa devicta » (« la Judée captive, la Judée vaincue »). « Au lieu de la renommée qu’il ambitionnait… et que semblaient lui promettre de précoces succès, il ne s’attira guère que la haine et le mépris de la plupart des siens, tandis que les Romains, d’abord ses ennemis, le comblèrent finalement de biens et d’honneurs », dit le père Louis-Hugues Vincent 3. C’est que ce descendant de famille illustre, ce prodige des écoles de Jérusalem, ce chef « des deux Galilées… et de Gamala » 4, racheta sa vie en pactisant avec l’ennemi ; abandonna ses devoirs de chef, d’homme d’honneur et de patriote ; et finit ses jours dans la douceur d’une retraite dorée, après être devenu citoyen de Rome et client de Vespasien. Il feignit de voir dans ce général étranger, destructeur de la Ville sainte et tueur d’un million de Juifs, le libérateur promis à ses aïeux ; il lui prédit, en se prosternant devant lui : « Tu seras maître, César, non seulement de moi, mais de la terre, de la mer et de tout le genre humain » 5 ; et cette basse flatterie, cette honteuse duplicité, est une tache indélébile sur la vie d’un homme par ailleurs estimable. Ayant pris le surnom de Flavius pour mieux montrer sa soumission, il consacra l’abondance de ses loisirs, la souplesse de son talent et l’étendue de son érudition à relever les succès des soldats qui détruisirent sa patrie et la rayèrent de la carte. « Il a décrit [cette destruction] tout entière ; il en a recueilli les moindres détails, et son exactitude scrupuleuse étonne encore le lecteur… L’israélite, ébloui de ces merveilles, ne se souvient pas que ce sont les dépouilles de ses concitoyens ; qu’il s’agit de la Judée anéantie ; que ce Dieu outragé est son Dieu, et qu’il assiste aux funérailles de son pays », dit Philarète Chasles
- En grec « Ἰουδαϊκὴ ἀρχαιολογία ».
- En latin Flavius Josephus. Autrefois transcrit Flave Josèphe ou Flavien Joseph.
- « Chronologie des œuvres de Josèphe », p. 366.
- En grec « τῆς Γαλιλαίας ἑκατέρας… καὶ Γάμαλα ». « Guerre des Juifs », liv. II, sect. 568.
- En grec « Δεσπότης… οὐ μόνον ἐμοῦ σὺ Καῖσαρ, ἀλλὰ καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ παντὸς ἀνθρώπων γένους ». « Guerre des Juifs », liv. III, sect. 402.