Icône Mot-clefhistoire et critique

Chateaubriand, « Les Natchez. Tome I »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Nat­chez» de , au­teur et , père du chré­tien. Le , le grand mal de Cha­teau­briand fut d’être né entre deux siècles, «comme au confluent de deux fleuves» 1, et de voir les ca­rac­tères op­po­sés de ces deux siècles se ren­con­trer dans ses opi­nions. Sorti des en­trailles de l’ancienne , de l’ancienne , il se plaça contre la , dès qu’il la vit dans ses pre­mières vio­lences, et il resta roya­liste, sou­vent contre son ins­tinct. Car au fond de lui-même, il était de la race, de la de Na­po­léon Bo­na­parte. Même fougue, même éclat, même mo­derne. Si les Bour­bons avaient mieux ap­pré­cié Cha­teau­briand, il est pos­sible qu’il eût été moins vul­né­rable au de l’Empereur de­venu res­plen­dis­sant comme un «large ». Le pa­ral­lèle qu’il fait dans ses «Mé­moires d’outre-tombe» entre l’Empire et la mo­nar­chie bour­bo­nienne, pour cruel qu’il soit, est l’expression sin­cère de la concep­tion de l’auteur, tel­le­ment plus vraie que celle du po­li­tique : «Re­tom­ber de Bo­na­parte et de l’Empire à ce qui les a sui­vis, c’est tom­ber de la dans le néant; du som­met d’une mon­tagne dans un gouffre. Tout n’est-il pas ter­miné avec Na­po­léon?… Com­ment nom­mer Louis XVIII en place de l’Empereur? Je rou­gis en [y] pen­sant». Triste jusqu’au déses­poir, sans amis et sans es­pé­rance, il était ob­sédé par un passé à ja­mais éva­noui et tombé dans le néant. «Je n’ai plus qu’à m’asseoir sur des ruines et à mé­pri­ser cette », écri­vait-il 2 en son­geant qu’il était lui-même une ruine en­core plus chan­ce­lante. Au­cune ne ve­nait le conso­ler ex­cepté la chré­tienne, à la­quelle il était re­venu avec et avec vé­hé­mence. Sa mère et sa sœur avaient eu la plus grande part à cette conver­sion : «Ma mère, après avoir été je­tée à soixante-douze ans dans des ca­chots où elle vit pé­rir une par­tie de ses , ex­pira en­fin sur un gra­bat, où ses mal­heurs l’avaient re­lé­guée. Le sou­ve­nir de mes éga­re­ments [le de mon “Es­sai sur les ”] ré­pan­dit sur ses der­niers jours une grande amer­tume; elle char­gea, en mou­rant, une de mes sœurs de me rap­pe­ler à cette re­li­gion dans la­quelle j’avais été élevé. Ma sœur me manda le der­nier vœu de ma mère. Quand la lettre me par­vint au-delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus; elle était morte aussi des suites de son . Ces deux sor­ties du tom­beau, cette qui ser­vait d’interprète à la mort, m’ont frappé; je suis de­venu chré­tien»

  1. «Mé­moires d’outre-tombe», liv. XLIII, ch. VIII. Icône Haut
  1. «Études his­to­riques». Icône Haut

Chateaubriand, « Atala • René • Les Aventures du dernier Abencérage »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit d’«Atala» et autres œuvres de , au­teur et , père du chré­tien. Le , le grand mal de Cha­teau­briand fut d’être né entre deux siècles, «comme au confluent de deux fleuves» 1, et de voir les ca­rac­tères op­po­sés de ces deux siècles se ren­con­trer dans ses opi­nions. Sorti des en­trailles de l’ancienne , de l’ancienne , il se plaça contre la , dès qu’il la vit dans ses pre­mières vio­lences, et il resta roya­liste, sou­vent contre son ins­tinct. Car au fond de lui-même, il était de la race, de la de Na­po­léon Bo­na­parte. Même fougue, même éclat, même mo­derne. Si les Bour­bons avaient mieux ap­pré­cié Cha­teau­briand, il est pos­sible qu’il eût été moins vul­né­rable au de l’Empereur de­venu res­plen­dis­sant comme un «large ». Le pa­ral­lèle qu’il fait dans ses «Mé­moires d’outre-tombe» entre l’Empire et la mo­nar­chie bour­bo­nienne, pour cruel qu’il soit, est l’expression sin­cère de la concep­tion de l’auteur, tel­le­ment plus vraie que celle du po­li­tique : «Re­tom­ber de Bo­na­parte et de l’Empire à ce qui les a sui­vis, c’est tom­ber de la dans le néant; du som­met d’une mon­tagne dans un gouffre. Tout n’est-il pas ter­miné avec Na­po­léon?… Com­ment nom­mer Louis XVIII en place de l’Empereur? Je rou­gis en [y] pen­sant». Triste jusqu’au déses­poir, sans amis et sans es­pé­rance, il était ob­sédé par un passé à ja­mais éva­noui et tombé dans le néant. «Je n’ai plus qu’à m’asseoir sur des ruines et à mé­pri­ser cette », écri­vait-il 2 en son­geant qu’il était lui-même une ruine en­core plus chan­ce­lante. Au­cune ne ve­nait le conso­ler ex­cepté la chré­tienne, à la­quelle il était re­venu avec et avec vé­hé­mence. Sa mère et sa sœur avaient eu la plus grande part à cette conver­sion : «Ma mère, après avoir été je­tée à soixante-douze ans dans des ca­chots où elle vit pé­rir une par­tie de ses , ex­pira en­fin sur un gra­bat, où ses mal­heurs l’avaient re­lé­guée. Le sou­ve­nir de mes éga­re­ments [le de mon “Es­sai sur les ”] ré­pan­dit sur ses der­niers jours une grande amer­tume; elle char­gea, en mou­rant, une de mes sœurs de me rap­pe­ler à cette re­li­gion dans la­quelle j’avais été élevé. Ma sœur me manda le der­nier vœu de ma mère. Quand la lettre me par­vint au-delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus; elle était morte aussi des suites de son . Ces deux sor­ties du tom­beau, cette qui ser­vait d’interprète à la mort, m’ont frappé; je suis de­venu chré­tien»

  1. «Mé­moires d’outre-tombe», liv. XLIII, ch. VIII. Icône Haut
  1. «Études his­to­riques». Icône Haut

« Printemps et Automnes de Lü Buwei »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Confucianisme, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit des «Prin­temps et Au­tomnes du sieur Lü» 1Lü­shi chun­qiu» 2). Ce n’est pas un ou­vrage his­to­rique comme son titre pour­rait le faire croire («Prin­temps et Au­tomnes» si­gni­fiant «An­née» ou «An­nales» en ), mais une col­lec­tion d’ phi­lo­so­phiques ré­di­gés pour le compte du sieur Lü (IIIe siècle av. J.-C.) et clas­sés sous les ru­briques des douze mois de l’année. D’abord très riche mar­chand, puis pre­mier mi­nistre, le sieur Lü, de son nom com­plet Lü Bu­wei 3, est une sorte de Ma­za­rin chi­nois. Il exerça la ré­gence pen­dant la mi­no­rité du jeune prince qui de­vait être un jour Em­pe­reur; d’aucuns veulent même qu’il en ait été le père na­tu­rel, en de son rap­port in­time avec l’Impératrice. Sans être un lit­té­ra­teur, il sa­vait soi­gner sa ré­pu­ta­tion et il en­tre­te­nait au­tour de lui une Cour de trois mille et ha­biles; il leur fit mettre en ordre ce qu’ils avaient en­tendu dire ou di­saient eux-mêmes, et c’est là les «Prin­temps et Au­tomnes du sieur Lü». «La tra­di­tion veut que trois mille let­trés eussent ainsi été ras­sem­blés, hé­ber­gés, en­tre­te­nus [par lui], avec toutes les com­mo­di­tés de tra­vail que cela im­plique, plu­sieurs an­nées du­rant», ex­plique M. Ivan Ka­me­na­ro­vić 4. «Quand bien même ce chiffre se­rait fort exa­géré, il n’empêche que le ré­sul­tat éton­nant au­quel cette en­tre­prise a per­mis d’aboutir est à lui seul le sym­bole et l’expression d’un mo­ment ca­pi­tal de l’ de la chi­noise.» Une anec­dote cé­lèbre veut que, l’ouvrage ter­miné, le sieur Lü l’ait fait pla­cer à la porte du mar­ché de Xia­nyang 5, la ca­pi­tale des Qin, et sus­pendre au-des­sus une grosse somme d’, pro­mise à qui­conque trou­ve­rait un seul mot à chan­ger dans le texte; per­sonne n’osa se pré­sen­ter. Pour­tant, bien des dé­fauts au­raient pu être re­le­vés dans cette com­pi­la­tion éru­dite et terne.

  1. À ne pas confondre avec la chro­nique des «Prin­temps et Au­tomnes» re­la­tant l’histoire de Lu, pa­trie de . Icône Haut
  2. En chi­nois «呂氏春秋». Au­tre­fois trans­crit «Lu-chi tchun-tsieou», «Liu-cheu tch’oen-ts’ieou», «Liu-che tch’ouen-ts’ieou» ou «Lü shih ch’un-ch’iu». Icône Haut
  3. En chi­nois 呂不韋. Au­tre­fois trans­crit Lu-pou-ouei, Lu-pou-ouey, Lu Pou-wei, Liu Pou-wei, Lü Pu-wei ou Lü Bu We. Icône Haut
  1. p. 24. Icône Haut
  2. En chi­nois 咸陽. Par­fois trans­crit Hian yang, Sie­nyang, Hien-yang ou Hsien-yang. Icône Haut

Tchouang-tseu, « L’Œuvre complète »

éd. Gallimard-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit de «L’Œuvre com­plète» de Tchouang-tseu 1, pen­seur ïste, un des plus grands maîtres de la prose chi­noise (IVe siècle av. J.-C.). Laissé pour compte du­rant des siècles, il exer­cera une tar­dive, mais sans cesse crois­sante, tant sur les que sur les , et en l’an 742 apr. J.-C. l’Empereur pro­mul­guera un édit pour ca­no­ni­ser son «Œuvre com­plète», dé­sor­mais un clas­sique, qui se verra at­tri­buer le titre post­hume de «Clas­sique au­then­tique de la splen­deur mé­ri­dio­nale» («Nan­hua zhen­jing» 2). En Tchouang-tseu, nous ren­con­trons un phi­lo­sophe ori­gi­nal dont le de poète, plein d’images har­dies, d’artifices lit­té­raires, pos­sède un at­trait in­connu aux autres pen­seurs de la . Son «Œuvre com­plète» prend l’aspect d’allégories ; de pen­sées non seule­ment ré­flé­chies et dé­mon­trées, mais res­sen­ties et pé­né­trant tout son être. Sa , c’est le quié­tisme na­tu­ra­liste. «Na­tu­ra­liste», car se­lon Tchouang-tseu, tout est bien à l’état na­tu­rel; tout dé­gé­nère entre les mains de l’. «Quié­tisme», car pour re­trou­ver en la splen­deur ori­gi­nelle de la , il faut une tran­quillité comme celle de l’ inerte; un calme comme ce­lui du  : «Si la tran­quillité de l’eau per­met de re­flé­ter les choses, que ne peut celle de l’esprit? Qu’il est tran­quille, l’esprit du saint! Il est le mi­roir de l’univers et de tous les êtres» 3. L’acte su­prême est de ne point in­ter­ve­nir, et la su­prême est de ne rien dire : «La nasse sert à prendre le pois­son; quand le pois­son est pris, ou­bliez la nasse. Le piège sert à cap­tu­rer le lièvre; quand le lièvre est pris, ou­bliez le piège. La pa­role sert à ex­pri­mer l’idée; quand l’idée est sai­sie, ou­bliez la pa­role. [Où] pour­rais-je ren­con­trer quelqu’un qui ou­blie la pa­role, et dia­lo­guer avec lui?» 4 La pa­role n’est pas sûre, car c’est d’elle que pro­viennent toutes les dis­tinc­tions éta­blies ar­ti­fi­ciel­le­ment par l’homme. , l’univers est in­dis­tinct, in­for­mel, et soi-même est aussi l’autre : «Ja­dis, Tchouang-tseu rêva qu’il était un pa­pillon vol­ti­geant et sa­tis­fait de son sort et igno­rant qu’il était Tchouang-tseu lui-même; brus­que­ment, il s’éveilla et s’aperçut avec éton­ne­ment qu’il était Tchouang-tseu. Il ne sut plus si c’était Tchouang-tseu rê­vant qu’il était un pa­pillon, ou un pa­pillon rê­vant qu’il était Tchouang-tseu»

  1. En chi­nois 莊子. Par­fois trans­crit Tchouang-tsée, Tchoang-tseu, Tchoang-tzeu, Tchouang-tsze, Tchuang-tze, Chwang-tsze, Chuang-tze, Choang-tzu, Zhuang Si, Zhouangzi ou Zhuangzi. Éga­le­ment connu sous le nom de Tchouang Tcheou (莊周). Par­fois trans­crit Tchuang-tcheou, Chuang Chou, Zhouang Zhou ou Zhuang Zhou. Icône Haut
  2. En chi­nois «南華真經». Par­fois trans­crit «Nan-houa tcheng-king», «Nan-hoà-cienn ching», «Nan hwa chin king», «Nan-hoa-tchenn king», «Nan-houa tchen-tsing» ou «Nan-hua chen ching». Éga­le­ment connu sous le titre abrégé de «南華經» («Nan­hua­jing»). Icône Haut
  1. p. 111. Icône Haut
  2. p. 221. Icône Haut

« Mohammad Iqbal »

éd. Seghers, coll. Poètes d’aujourd’hui, Paris

éd. Se­ghers, coll. d’aujourd’hui, Pa­ris

Il s’agit de  1, chef spi­ri­tuel de l’Inde mu­sul­mane, pen­seur et pro­ta­go­niste d’un ré­nové. Son très di­vers s’exerça aussi bien dans la que dans la , et s’exprima avec une égale maî­trise en prose et en vers, en our­dou et en . On peut ju­ger de l’étendue de son d’après le grand nombre d’études consa­crées à son su­jet. Cette in­fluence, qui se concentre prin­ci­pa­le­ment au , dont il fa­vo­risa la créa­tion, et où il jouit d’un ex­tra­or­di­naire pres­tige, dé­borde ce­pen­dant sur tout le is­la­mique. Ra­bin­dra­nath Ta­gore connut fort bien ce com­pa­triote in­dien, porte- de la , sur qui, au len­de­main de sa , il pu­blia le mes­sage sui­vant : «La mort de M. Mo­ham­mad Iq­bal creuse dans la lit­té­ra­ture un vide qui, comme une bles­sure pro­fonde, met­tra long­temps à gué­rir. L’Inde, dont la place dans le monde est trop étroite, peut dif­fi­ci­le­ment se pas­ser d’un poète dont la poé­sie a une va­leur aussi uni­ver­selle». Quelle était la si­tua­tion quand Iq­bal, sa thèse de doc­to­rat «La en » 2 tout juste ter­mi­née, com­mença à ap­pro­fon­dir et tenta de ré­soudre les pro­blèmes des gou­ver­nés par l’islam, qui le tour­men­taient de­puis quelques an­nées déjà? Les ha­bi­tants de ces États, ou­blieux de leur gloire pas­sée, se trou­vaient plon­gés dans une sorte de som­no­lence morne, faite de las­si­tude et de dé­cou­ra­ge­ment :

«La qui ré­chauf­fait le cœur de l’assemblée
S’est tue, et le luth s’est brisé…
Le mu­sul­man se la­mente sous le porche de la mos­quée
»

  1. En our­dou محمد اقبال. Par­fois trans­crit Mo­ham­med Eq­bâl, Mo­ha­mad Egh­bal, Mou­ham­mad Iq­bâl ou Mu­ham­mad Ik­bal. Icône Haut
  1. En «The De­ve­lop­ment of Me­ta­phy­sics in Per­sia». Icône Haut

Phạm Quỳnh, « Le Paysan tonkinois à travers le parler populaire »

éd. Đông-Kinh, coll. Nam-Phong, Hanoï

éd. Đông-Kinh, coll. Nam-Phong, Ha­noï

Il s’agit d’une rai­son­née des chants et des du Ton­kin, par Phạm Quỳnh, le plus grand éru­dit et du siècle der­nier. Né à Ha­noï, le 17 dé­cembre 1892, il fut or­phe­lin très tôt : «En­fant, j’habitais avec ma grand-mère près de la ca­serne des , qui ne man­quaient pas d’exciter ma comme celle de mes ca­ma­rades de jeu. Un ser­gent-chef s’intéressa plus par­ti­cu­liè­re­ment à et me prit en af­fec­tion. Il m’enseigna les pre­mières no­tions de fran­çais et m’apprit à écrire» 1. In­tel­li­gent, ap­pli­qué, doué d’une éton­nante, Phạm Quỳnh sor­tit pre­mier du Col­lège du pro­tec­to­rat et n’eut qu’un seul plan : faire en sorte qu’il eût sa part dans l’éveil de la . «Sans lit­té­ra­ture na­tio­nale», di­sait-il 2, «il ne peut y avoir de na­tio­nale; sans culture na­tio­nale, il ne peut y avoir d’indépendance in­tel­lec­tuelle et spi­ri­tuelle; sans in­dé­pen­dance in­tel­lec­tuelle et spi­ri­tuelle, il ne peut y avoir d’indépendance ». Se­lon lui, cet éveil se fe­rait seule­ment lorsque la viet­na­mienne conti­nue­rait sa tra­di­tion chan­son­nière, et conso­li­de­rait di­gne­ment son hé­ri­tage confu­céen : «Je ne puis m’imaginer», di­sait-il 3, «que ces pré­ceptes si de Confu­cius; cette es­sence lé­gère et dis­crète dont sont im­pré­gnés les re­frains, les tra­di­tion­nelles de mon pays; cette sub­tile de l’ d’un [qui sait] res­pec­ter [à la fois] les réa­li­tés de l’ et le rêve, et qui, en pei­nant du­re­ment au fil des gé­né­ra­tions sur la [an­ces­trale], est ca­pable de s’émouvoir quand lui par­vient, ap­porté par la brise des champs, le cri de l’alouette — je ne puis m’imaginer que tout ceci vien­drait à dis­pa­raître pour s’assimiler dans les formes de la ci­vi­li­sa­tion». Ce fut sur­tout à par­tir de 1910 que, nommé se­cré­taire de l’École fran­çaise d’Extrême-, il se mit ré­so­lu­ment à toutes les études spé­ciales que sup­po­sait son plan. Ainsi pré­paré, il fonda la re­vue «Nam-Phong» («Vent du Sud» 4), et alors seule­ment il en­tra plei­ne­ment dans son su­jet. Ce que fit la re­vue «Nam-Phong», pen­dant dix-huit ans, en d’édition, com­men­taire, tra­duc­tion, dif­fu­sion du pa­tri­moine viet­na­mien, tient du pro­dige. Je n’exagère pas en di­sant que Phạm Quỳnh ne vé­cut plus que pour sa re­vue; il lui donna une âme, une , une di­gnité propres et lui as­sura un pres­tige qui ne fut ja­mais égalé par ce­lui d’aucune re­vue du .

  1. Dans «Hom­mage à Pham Quynh», p. 42. Icône Haut
  2. Phạm Quỳnh, «Quốc-học với quốc-văn» («Culture na­tio­nale et Lit­té­ra­ture na­tio­nale») dans «Nam-Phong», vol. 26, nº 164. Icône Haut
  1. Dans Dương Mỹ Loan, p. 1100. Icône Haut
  2. Titre em­prunté aux «En­tre­tiens fa­mi­liers de Confu­cius» : «Ja­dis Shun (), jouant du [luth] à cinq cordes, com­posa les chants du Nan-Feng (南風). Ces chants por­taient : “Oh! l’harmonie du Nan-Feng! On peut par lui dis­si­per les sou­cis de mon peuple. Oh! le du Nan-Feng! On peut par lui dé­ve­lop­per les ri­chesses de mon peuple”. C’est en agis­sant ainsi qu’il s’est élevé». Icône Haut